Angèle n’aimait pas les gens, c’était un fait.

Le fait qu’elle se trouve à plusieurs kilomètres du moindre village pourrait donc être compréhensible de sa part. Qu’elle se trouve au milieu d’un désert de glace balayé par le vent pourrait même se révéler agréable si tant est qu’elle fut seule. Chose visiblement impossible à cette altitude vu que tout Azthia semblait s’être donné rendez-vous dans le coin. Un dieu là-haut avait du se dire qu’elle n’avait pas assez d’un elfe collant et d’une rousse hystérique et lui avait collé au basque un invité surprise. A croire que l’impossible traversée de ce foutu col n’était pas encore assez au goût des gigantesques et invisibles spectateurs qui planaient au dessus de leur tête. Ah ! Ils devaient bien se marrer là-haut, entre deux bouchées de pop-corn !

Angèle donna un coup de pied rageur dans la neige. Ou du moins en eu l’envie car cette action peut se révéler particulièrement difficile à réaliser quand on à de la neige jusqu’aux genoux (la hauteur de la neige avait augmentée à une vitesse folle !), voir carrément impossible. Elle du donc se contenter de se mordre la lèvre inférieur avec rage. Ce qu’elle regretta aussitôt que l’amer goût du sang glissa sur sa langue. Ses lèvres abimées par le froid n’avaient pas supportée le contact violent. Elle cracha (oui je sais, très élégant pour une demoiselle) et se tourna vers le nouveau venu. Visiblement le destin s’acharnait contre elle. Un jour, il allait vraiment falloir qu’elle ait une discussion entre quatre yeux avec le dieu qui la prenait pour un jouet vachement marrant. Enfin, si tant est que les dieux n’aient qu’une paire d’yeux, évidemment.

Donc, « vous là-bas » se tourna vers le nouveau venu et le toisa de toute sa hauteur. Enfin, vu qu’elle était située en amont de la pente par rapport à lui, c’était un peu de la triche. Mais passons ! (merci d’excuser cette brusque interruption mais la narratrice faisait face à une attaque terroriste de la part de son personnage). Cet homme (c’était visiblement une voix d’homme) l’énervait déjà. Il allait falloir qu’elle se débarrasse vite de lui avant qu’il ne se joigne aux deux autres pour lui casser les… Lui écrase les orteils.

« Dégagez ! C’est dangereux par ici ! »

Mais l’homme continuait d’avancer. Le vent qui venait de la vallée empêchait tout son de revenir vers elle. Ah quelle mer*e ! Elle fit demi-tour et marcha d’un bon pas vers les deux zigotos qui semblaient en pleine ballade rafraîchissante juste devant. Ca, pour être rafraîchissante, elle l’était, et Angèle ne souhaitait pas vraiment savoir jusqu’à quel point elle pouvait l’être. Tout ce qu’elle voulait, c’était mettre un maximum de distance entre elle et le nouveau venu. Pourquoi est-ce qu’il n’allait pas parler avec les deux autres ? Hein ? Z’étaient quand plus ouvert qu’elle mince !

Simplement, en se précipitant ainsi, Angèle butta contre une pierre cachée sous la neige et s’étala littéralement sur le sol, laissant une emprunte assez gracieuse sur la surface neigeuse. Ah ah ah… Elle qui espérait ne pas tester le « gélomètre » de la région, c’était plutôt loupé. Après ça, elle allait greloter pendant toute la traverse et peut-être même attraper la crève. Merci très chère bonne étoile de veiller sur moi ! Quelle douce attention de m’envoyer tous ces instants de bonheur afin de ne pas oublier que cette terre n’est qu’un amas de désespoir glacé et blanc. Youpi ! Et sa lèvre qui n’arrêtait pas de saigner. A croire que son corps lançait les paris pour savoir s’il allait mourir gelé ou d’hémorragie !

Elle s’aida de ses bras pour détacher son torse de la fine pellicule de glace qui s’était formée entre elle et le sol. Elle allait se relevée quand une main gantée apparue dans son champ de vision. Vu qu’aucun troll friant d’habit hivernaux n’habitaient dans le coin (ou du moins, personne n’était jamais revenu pour en parler), Angèle en déduit que cette main devait appartenir à l’homme qui l’avait héler un peu plus tôt. Celui qu’elle s’était décidée de semer. Loupé. Avant qu’elle ait eu le tant de protester, la main s’était glissée sous son bras et l’aidait à reprendre une position verticale. Non mais pour qui il se prenait l’autre ? Elle était parfaitement capable de se relever toute seule, comme une grande !

Une fois debout, elle repoussa d’un geste du bras la main de l’homme sui visiblement s’inquiétait assez. Vu qu’il la fixait intensément, elle en vint à se demander si un aigle du coin ne venait pas de lui déféquer sur la tête. Elle passa la main sur son visage. Son gant revint tâché de sang. Ah… Sa lèvre et son menton devaient en être couvert. Ceci explique cela.

« Ca va, rien de grave. Je me suis mordu la lèvre. »

Elle ramassa une poignée de neige et se frictionna le menton avec. Quand elle estima avoir retrouvé forme humaine, elle se remit en marche vers l’elfe et la rousse qui continuaient leur bonhomme de chemin.

« Qu’est-ce que vous fichez ici ? »

Oui, il y a des manières plus agréables d’adresser la parole à l’âme charitable qui vient de vous aider à vous relever, certes. Mais comme d’habitude, Angèle s’en fichait. Il faut dire qu’elle venait tout juste de faire le dur effort de commencer une conversation ce qui n’était déjà pas donné avec elle.

Cheveux au vent, chevaux en veine, les comparses et leur expédition courageuse se remit en marche sur la neige gelée. Attention à ne pas glisser, car bientôt il leur faudrait affronter les crevasses, les geysers, les trous et les avalanches. Entre autres.
Ainsi, le bonheur communicatif de Damatit ne serait pas de trop pour leur permettre de supporter le froid mordant qui allait s'installer. Car si personne n'était jamais passé à travers ce passage, c'est qu'il y avait bien une raison. Qu'allaient-ils découvrir derrière ces montagnes et ses pics? Allaient-ils survivre au froid? Allaient-ils garder le courage jusqu'au bout de ne pas faire demi-tour?
Rien ne s'obtient sans sacrifice, et croyez-moi, bientôt ils le découvriraient vraiment.

[Terminé, la suite va arriver!]