Les temps étaient bien sombres, bien trop sombres même et la bataille au dehors faisait rage. On entendait les cris de ceux qui combattaient pour leur vies, de ceux qui venaient de perdre un compagnon de combat ou encore, de ceux qui ne tarderaient pas à rejoindre leurs ancêtres. Dire que ce n'était que le début, que l'aube d'un jour qui scellerait le destin de tous … Dans cette atmosphère pesante et trop silencieuse, quatre ombres avançaient en silence. Elles avaient du contourner la scène, elles avaient du tuer les quelques gardes à l'entrée de la tour pour s'infiltrer discrètement et maintenant qu'elle se trouvaient à l'intérieur même de l'enceinte … elles ne savaient pas vraiment où aller.

De leur mission, Kiera, Siobhan et Thémis étaient revenues avec des certitudes et de nombreuses questions. Erathia, ancienne cité en ruines, s'était relevée de ses cendres avaient-elles annoncées. Jelenna, la petite princesse amazone, était retenue captive dans la tour, saine et sauve pour le moment avait ajouté l'élémentaire. Quant à l'armée Erathienne qui faisait trembler les murs de la cité renaissante, elle était impressionnante de force certes mais surtout, de part son nombre. Ces mauvaises nouvelles mêlées aux espoirs des bonnes avaient fait naitre nombre de questions. Les réponses étaient là, aujourd'hui. Les armées alliées enfonçaient les flanc de l'armée du Dieu Fou. Si tous avaient des espoirs et des objectifs différents, ils avaient laissé de côté leur inimitié pour se battre, ensemble. De nombreuses nuits étaient passées depuis le retour de leur mission et tout allait se jouer maintenant. Dans le fracas de la mort au delà des murs de la tour, les quatre ombres avançaient. Bientôt, elles seraient confrontées à bien pire que la bataille ... car Mort et Bête régnaient en maitres sur ces lieux.

Ilian, Eléa, Asora et Siobhan s'étaient retrouvés à l'intérieur, non loin de l'entrée, et ne tarderaient pas à passer à l'action. Si tant est que quelqu'un ai un plan et aussi peut-être, que quelqu'un sache où se trouvait la petite princesse !

[ Je vous laisse libre de décrire comment vous êtes entrés dans la tour, la seule chose étant que vous vous êtes retrouvés non loin de l'entrée de cette dernière. Il serait plus logique de dire qu'Ilian a tué les gardes le premier avant d'entrer, étant donné qu'il est le plus discret d'entre vous. Il n'y a pas d'ordre de passage mais les règles sont les mêmes que pour la bataille. ]
[ Bon jeu ! ]

Récupérer saine et sauve Jelenna.
Tels étaient les ordres de ma mère avant que je ne m'éclipse furtivement des positions tenues par les Amazones sur le champs de bataille. Il me fallait contourner le gros des armées pour parvenir à cette foutue tour qui trônait au fond de la zone de combats. Sympa la mission …

* Pour Jel * n'arrêtais-je pas de me répéter le cœur battant.

Et si je venais trop tard ?
Et si ... nan, elle était en vie, je ne devais pas en douter, même si pour le moment je ne pouvais pas en être sure et certaine.
J'avais vite fait le schéma du plan de bataille dans ma tête et il était évident que j'allais avoir des problèmes. De gros problèmes même pour rejoindre cette tour. Si seulement je pouvais contourner les armées amies comme adverses sans me faire voir. C'est maintenant que j'avais besoin d'un bon guide pour éviter de me faire trucider !
Haiiro était là.
Heureusement.
La louve au pelage cendré apparut alors et, sur ses traces, la boule de poils d'à peine une dizaine de mois que j'avais recueilli fin hiver (le RP va venir) la suivait, excité par le bruit de la bataille débutant. L'aube faisait briller le pelage de Haiiro tandis que les rayons de sang du soleil faisaient briller le visage d'Oni. Sa fourrure noir de geai avait tendance à se faire remarquer bien plus que celle de Haiiro et ce notamment à cause des innombrables poils roux qui poussaient ici et là sur son museau et autour de ses yeux. L'étrange couple de canidés s'approcha de moi et lorsqu'ils furent à ma portée, je les caressais. Sans attendre, je leur faisais signe de me suivre. Si Haiiro était libre de m'obéir ou non, et si elle s'exécutait toujours, Oni n'en faisait parfois qu'à sa tête alors qu'il me considérait visiblement comme sa mère. Le loup noir entama la marche aux côtés de la louve cendrée en silence pour une fois bien que ses oreilles trahissent son envie de se lancer sur le champs de bataille. Il ne fut pas difficile de contourner l'armée cydienne mais les derniers mètres me séparant de la terre promise furent un peu plus délicat. Si les Cydiens parvenaient à contenir l'armée Erathienne en tenaille avec les autres alliés, certains s'étaient glissés hors des rangs et me barraient la route …

« Haiiro ! » criais-je tandis que le premier se jetais sur moi.

Un éclair gris vola en direction de l'Erathien et se jeta sur sa gorge, Oni achevant de le déséquilibrer en s'attaquant à sa main qui tenait l'épée. L'homme mourut dans un immonde gargouillis. Pour ma part, je me jetais également dans la bataille contre celui qui m'empêchait de me diriger vers la tour en paix. Il portait une lourde hache et son armure paraissait dépareillée. L'image aurait pu faire sourire mais pour moi, il était surtout un gros lourdeau. Je dégainais le poignard que j'avais, il y a longtemps de cela, gagné lors d'une mission et esquivais son premier coup, plantant la lame dans sa jambe. Un râle se fit entendre tandis que je dégainais le poignard de Jelenna et lui enfonçais alors dans la gorge jusqu'à la garde, le retirant en vitesse. L'homme mourut dans le même gargouillis infâme que celui qui avait pris la vie du précédent. Sans même un remord, je retirais le deuxième poignard, nettoyais les lames et les remettais à leur place. Haiiro se léchait les babines pour faire disparaître un minimum les traces de sang. A présent, plus rien ne m'empêchait de rejoindre le donjon sur pattes.

Cachée dans les fougères, j'observais l'entrée. Nul doutes, quelqu'un avait du passer devant moi vu qu'aucun garde ne venait. Ou alors, Azael était trop occupé sur le champs de bataille mais comme l'avait dit un jour ma mère, il était peut-être fou mais suffisamment intelligent pour tout savoir et tout prévoir. Il avait du se douter que nous allions attaquer tout en allant chercher les otages pour éviter qu'ils ne soient exécutés à la hâte aussi, l'absence de gardes me surprenais. Bof après tout, ça faisait mon affaire. M'arrêtant prêt de l'entrée, je faisais signe à la louve d'aller voir à l'intérieur pour vérifier ce qu'il en était. Je faisais suffisamment confiance à ses réflexes pour savoir qu'elle serait capable de se défendre en cas de danger. Elle revint moins d'une minute plus tard, la queue et les oreilles dressées, signe que tout allait bien. J'entrais en compagnie de mes deux compagnons d'infortune. Oni, comme à son habitude, fut le premier à faire le fou. Il fila en direction d'un renfoncement et se mit à japper. Et bon on repasserait pour la discrétion !

« Oni ! » murmurais-je le ton pressant et plein de colère.

Le jeune loup se calma et Haiiro n'hésita pas à le mordre à l'oreille pour le rappeler à l'ordre. Intriguée tout de même par son comportement, je le rejoignais à mon tour et découvrais les corps sans vie des gardes. Quelqu'un était donc bien passé avant moi et à voir les blessures nettes et sans bavures, nul doutes qu'il s'agissait d'Ilian. Profitant de l'obscurité du renfoncement en question, je tentais de scanner les lieux par l'Esprit. Si je maitrisais à peu près mes émotions désormais, je ne parvenais pas encore à utiliser ce soit-disant donc correctement, mais là, je fus capable de sentir la présence de l'assassin. Les choses étaient plus faciles, déjà parce que je le connaissais et ensuite, parce qu'il n'était surement pas loin de moi.

« Ilian ? » appelais-je doucement, entendant du bruit près de l'entrée.

Oni et Haiiro se turent à leur tour et s'assirent à mes côtés, leur pelage sombres les rendant invisibles de l'entrée en question.

[Désolée Eléa, j'ai fait comme toi, à la fin, mais c'était le seul moyen. Si des choses ne vont pas, n'hésite pas]

J'avais vu juste, la personne qui avait tué puis caché les gardes était belle et bien le jeune assassin, que dis-je, l'homme à la tête de la guilde des assassins qui m'avait proposé son aide. Ilian était là, dans l'ombre, et sans l'Esprit, j'aurais surement hurlé de surprise tant il se mouvait en silence. Je préférais l'avoir dans mon camps plutôt que chez l'ennemi … Pas le temps de fêter les retrouvailles que déjà, une voix s'introduisait dans ma tête. Ce satané don de l'Esprit était vraiment une plaie ! Est-ce-qu'on allait enfin me laisser réfléchir en paix ?
C'était une voix de femme ou plutôt, de jeune adolescente. Une voix qu'il me semblait avoir déjà entendu sans en être certaine. Siobhan, ce nom me disait également quelque chose. Elle m'avait appelé princesse, c'était donc qu'elle me connaissait mais je ne me souvenais plus du tout de qui elle était. Il me fallut bien une minute pour comprendre et me souvenir. C'était le nom de la Templière qui avait aidé Kiera à retrouver Jelenna ici même. Il y avait la fille de l'autre Cydien dont j'avais complètement oublié le nom et cette Astorg ! J'ignorais qu'elle devait nous aider et si je l'avais su et bien je l'avais tout simplement occulté mais toute l'aide possible était la bienvenue !

** Par ici ** tentais-je de lui transmettre.

Incertaine que mon message soit passé, je préférais sortir de l'ombre, suivie de l'assassin (désolée de devoir te contrôler). La jeune Astorg devait à peine être plus âgée que moi et encore ! Et ben, on était bien sorties tiens ! Ils envoyaient trois gamines et un assassin pour sauver la princesse amazone. Tu parles … Une fois de plus, ce fut Asora qui cassa l'ambiance. Ces derniers temps, la pétasse blonde commençait à me taper vraiment sur le système, à croire que tout tournait autour d'elle et qu'elle ne vivait que pour le combat. C'était lassant ! Posant ma main sur son poignet qui tenait l'étrange épée nommée Glace, j'ajoutais, menaçante :

« Si ça t'embête pas, c'est de la vie de ma sœur dont tu parles alors tu calmes tes ardeurs et tu me laisses réfléchir deux secondes avant d'aller donner l'alerte sinon, c'est moi qui te tuerait. »

Je ne rigolais pas.
Derrière moi, Haiiro grogna tandis qu'Oni se plaçait instinctivement derrière elle.
Par le passé, j'avais déjà pris la décision de faire tout ce qui était en mon pouvoir pour sauver Jelenna, du jour même où elle avait disparu non.
Du jour où elle était née. Ou sa petite main potelée avait serré la mienne.
Ou son innocence d'enfant avait touché mon cœur et mon âme. De ce jour-là, j'avais décidé que j'étais prête à offrir ma vie pour qu'elle vive. A brûler Muria s'il le fallait pour qu'elle vive. J'étais prête à tuer père et mère si cela devait la sauver.
Je tuerais le moindre obstacle qui m'empêcherait de libérer ma jeune sœur et ce, même si cet obstacle était un de mes compagnons. Même si l'obstacle en question était l'élève de mon abruti de père. Ignorant la jeune femme, je cherchais à évaluer ce que nous avions en notre disposition et lorsque ce fut fait, je précisais à voix basse :

« Vous deux » disais-je en m'adressant aux deux Templières, « il faut que vous trouviez Jelenna par l'Esprit. Une fois qu'on saura où elle est, on avisera. »

Je m'en foutais totalement de savoir si elles allaient m'écouter mais je savais que j'avais dix fois plus de chance qu'elles de me faire repérer en utilisant l'Esprit. Une fois qu'on fut certains qu'elle était en vie et de l'endroit où il la retenait, je tentais de me souvenir de ce qu'avait vu la fille d'Anatoli. Rien en ce qui concernait la tour en tout cas. Bon, Jelenna était au troisième mais on ne savait même pas comment y aller ! Ben autant passer par les escaliers alors !

Ilian usa de son art d'assassin pour nous frayer un chemin et quand il ne parvenait pas à tuer tous nos adversaires, peu nombreux heureusement pour nous, Asora et Siobhan prenaient le relais. Pour ma part, je maintenais la flammèche qui dansait au bout de mes doigts en vie pour éclairer la scène et bruler au passage un garde un peu trop impulsif. Le chemin fut vite ouvert vers la cellule de ma cadette. Plus nous avancions, plus je me sentais stressée, je sentais mon cœur battre la chamade et je perdais mes moyens. Lorsque la porte promise se dressa devant moi, les autres n'existaient plus. Ils avaient disparus pour ne laisser qu'une chose dans ma tête : Jelenna.

« Jel ! » avais-je hurlé à moitié, les mains tendues à travers les barreaux.

La petite fille était là, fatiguée mais en vie. Seulement, ce n'était pas la scène que j'avais imaginé pour nos retrouvailles. Tant de mois sans elle, sans sa petite frimousse au sourire cicatriciel ! Ce ne fut pas la joie et le soulagement qui m'habitaient qui illuminèrent ses traits mais la peur et l'inquiétude. Sa voix pressée s'éleva :

« Eléa, tu dois partir ! Elle est là ! Vous devez partir ! »

Je me foutais de savoir de qui elle parlait et de toute façon, je n'eus pas le temps de vraiment comprendre ce qu'il se passait. Le destin était en marche et nous étions tous ses victimes.

[ Post suivant : Mort ]

La jeune femme était quelqu'un de spécial, d'étrangement spécial et extrêmement chanceuse également. Que pouvait-on dire d'autre d'un chat devenue femme puis d'une femme devenue Cavalier de la Bête ? Que pouvait-on dire d'autre d'une personne à la fois humaine et animal qui avait des rapports plus que particuliers avec un Dieu et ses Cavaliers ? Immunisée de tout et de tous, protégée par le Maitre en personne, comment croire ce que le destin lui réservait ? Car ce dernier avait été particulièrement généreux avec elle ! Il fut un temps où la Bête n'en était pas une, où la jeune femme n'en était pas encore une. Il fut un temps où Kiki n'était qu'une chatte sauvage de couleur sombre qui tentait de survivre dans les rues du monde …

De sa naissance, il était évident que Kiki ne se souvenait de rien tout comme elle n'avait surement pas mémoire de son passé. Quelques bribes lui restaient ici ou là sans qu'elle ne soit capable de savoir s'il s'agissait de la réalité ou du rêve. La jeune femme était née chaton, noir de jais avec une unique rayure blanche courant sur son dos ainsi qu'une chaussette de la même couleur sur la patte avant. Un chaton avec un tel pelage ne pouvait que s'attirer des ennuis et elle comprit bien vite qu'elle devrait survivre à l'instar de ses frères et sœurs qui n'avaient eut aucun mal à se faire adopter. Kiki ignorait sans doutes qu'elle avait vécu de belles aventures avant de devenir ce qu'elle était aujourd'hui, elle ignorait sans doutes également qu'elle était bien plus âgée que ce que son apparence physique laissait croire. Bien plus âgée oui car la dame n'avait pas loin de cent cinquante ans tout de même, un record pour un chat me direz-vous !
De ses souvenirs animal, Kiki n'avait plus grand chose, tout ce dont elle se rappelait était ce jour où hommes, femmes et enfants avaient semblé déserter la Lumineuse pour quelque chose qu'elle ne comprenait pas. En grimpant sur les remparts du village dans lequel elle avait élue domicile après avoir quitté Erathia, la chatte couleur noir de jais avait vu des troupes s'élancer les unes contre les autres. Incapable de comprendre qu'elles étaient les règles de ce nouveau jeu grandeur nature, elle les avait regardé se battre et mourir dans un ronronnement amusé. L'an moins cinq avant la chute d'Erathia était devenu célèbre pour les rudes combats qui s'y étaient déroulés mais aussi de part la mort d'un précieux Général nommé Bors. Ce qui l'histoire avait oublié de préciser était sans doutes que le général en question avait été tué certes par un ennemi, mais surtout par un sale chat qui l'avait distrait au moment crucial. Ce chat était Kiki.

L'histoire aurait pu se terminer là, alors que le monde s'embrasait et que la petite chatte vivait sa vie d'animal. Comme tout ceux de son espèce, Kiki aurait pu mourir à l'âge bien mérité d'une vingtaine d'années mais il n'en fut rien de tel. La jeune animal vaquait à ses occupations, principalement la chasse et la paresse, lorsque le destin frappa à sa porte. La frappa tout court. De sa vie de chatte, je vous l'ai dit, Kiki ne se souvenait pas de grand chose car lorsqu'elle s'éveilla ce jour-là, elle était devenue humaine. Quel était le prodige responsable de cette transformation ? Souvenez-vous, un Dieu maléfique cherchant à conquérir le cœur d'une déesse nommée Silmaria … l'histoire vous rappelle-t-elle quelque chose ? Azael avait été envoyé dans l'Outre Tombe mais avant cela, les Dieux étaient parvenus à fragmenter son âme … toute son âme ? Non. Le Dieu maléfique avait réussi l'exploit d'en préserver une et comme réceptacle, il n'avait eut d'autre choix que de choisir la chatte qui chassait une écureuil non loin de là. Qui serait aller chercher un fragment de lui dans ce vulgaire animal ? Personne. Et pendant cent cinquante ans, Kiki avait caché un secret dont elle ignorait tout. Elle, la chatte devenue humaine en absorbant bien malgré elle un fragment de l'âme de son Maitre. C'est ainsi que débuta l'histoire de celle qui était aujourd'hui devenue Cavalier de la Bête. Pourquoi gâcher un si beau destin pour la vie si fragile d'une humaine ?

Parce que Kiki n'avait rien.
Elle ne connaissait pas les sentiments tels que l'amour, l'amitié ou la haine. La vie qu'on lui avait offerte était pleine de jeux certes, de plaisirs charnels comme matériels, mais que connaissait-elle du destin humain qu'elle était censé partager ? Rien, absolument rien. On lui avait offert l'éternité sans lui permettre de la vivre pleinement ! Jelenna lui avait offert son amitié, sa confiance malgré la peur qu'elle lui inspirait mais plus que tout, la petite princesse captive lui avait offert son pardon. En voyant le matin-même cette elfe avoir pris autant de risques pour sauver son amant, pour sauver le père de ses enfants, et en voyant ces trois jeunes filles accompagnées de cet étrange homme à l'air sombre, la Cavalier avait compris une chose : elle n'avait jamais été heureuse. Jamais elle n'avait eut d'amis prêt à sacrifier sa vie pour lui venir en aide. Jamais elle n'avait vu briller autant d'amour et de compassion dans les yeux de ses victimes. Kiki en avait marre, si avoir autant de pouvoirs induisait une vie triste et sans personne tout autour d'elle, alors elle n'en voulait pas. Elle voulait redevenir celle que Bors préférait, celle que ses amis animaux entouraient sans crainte. Kiki rêvait d'une autre vie, que le destin ne semblait pas décider à lui offrir. Voilà pourquoi elle était venue en aide à la captive, non pas par altruisme mais par pur égoïsme, pour sentir ne serait-ce qu'une fois de l'amitié et non plus de la haine ….

« Il y a bien longtemps que je n'ai pas eu l'occasion de tuer, c'est gentil d'être venu. »

Les mots de Mort la tirèrent de ses pensées. Face à elle qui se tenait dans l'ombre d'un couloir adjacent se tenaient le groupe de quatre personnes venues sauver Jelenna et derrière eux, leur bloquant toute sortie, Mort se dressait telle une faux prête à s'abattre. En avançant vers la prison de l'amazone, Kiki savait très bien ce qu'elle risquait mais à vrai dire, elle en était inconsciente, persuadée que même si elle s'attirait la colère de Mort, le Maitre viendrait la sauver, ou Bors, ou ses pouvoirs la protégeraient.
Rien de tout cela ne se produisit. Alors que sa petite main ouvrait la cage, la Mort frappa la Bête dans un premier temps verbalement.

« Que fais-tu misérable mécréante ? »

La voix froide de son amie la fit sursauter. Alors que le verrou venait de sauter et que la princesse sortait timidement un pied de la prison, Kiki tourna la tête vers Mort, étonnée.

« Ben je la fais sortir ! »

Une réponse à la Kiki, une réponse toute simple mais pleine de bonne volonté seulement, Mort ne s'en satisferait pas. Elle tourna des yeux foudroyants de colère vers la Bête tandis que cette dernière commençait à comprendre. Mort n'était pas son amie, Jelenna le lui avait dit bon nombre de fois mais toujours Kiki l'avait-elle repris férocement en prétendant le contraire. La réalité venait de frapper la Cavalier mais contrairement à ce qu'on aurait pu penser, l'idée l'amusa. Comme toujours. Alors que Nessa s'approchait d'elle, Kiki commença sa transformation, rejetant Jelenna derrière elle, la gamine tombant lourdement contre le mur, à moitié assommée.

« Sale petite vermine … » murmura l'ancienne reine amazone dans un murmure fort proche du requiem.

La transformation prit fin. Brutalement.
Une douleur intense se propagea dans tous son corps tandis que Kiki reprenait forme humaine. Nulle blessure apparente, elle se sentait simplement percée de part en part, comme si quelque chose cherchait à la fuir et que son âme s'y accrochait avec l'énergie du désespoir. Ce fut la douleur, le sourire sadique de Nessa, le néant. La glas pour la Bête avait sonné et personne n'était venue l'aider. Ni la princesse amazone qu'elle avait pourtant protégé, ni le Maitre, ni même Bors. Kiki était seule pourtant, lorsqu'elle se réveilla, ouvrant les yeux sur un monde nouveau avant de les refermer de fatigue, elle sentit une main pleine de chaleur caresser son pelage.

[ La Bête n'est plus, par contre, Kiki survit sous sa forme de chatte ]

Ses victimes étaient là devant elle, et Mort se délectait déjà de leur peur ou de leur faux courage. Une par une, elle allait les briser, elle allait détruire leur rêves et les plonger dans le cauchemar éternel pour se repaitre de leur terreur, de leur tourmente et de leur haine envers elle et ce, éternellement. Quelque part, Nessa avait hâte de passer à l'action mais les petites souris qui s'étaient présentées à elle semblaient bien décidées à lui démontrer qu'elles débordaient de courage et de haine envers sa petite personne. Parfait, ça ne lui offrirait que plus d'énergie ! Tandis que Mort avançait d'un pas d'un seul, une des gamines du groupe se permit de lui adresser la parole. Nul doutes que cette demi-portion était amusante et Mort se fit un plaisir de lui répondre, le sourire aux lèvres :

« Pourquoi se contenter d'un simple bonjour quand « adieu » sied beaucoup mieux à la situation ? »

Mort allait prendre leur vie, pas trop rapidement toutefois pour préserver le plaisir mais voilà qu'un misérable insecte se permettait de mettre à mal ses plans. Trois femmes pour un homme, le compte n'était pas assez bon et visiblement, les trois idiotes avaient besoin d'un signe du destin pour comprendre qui était le plus puissant Cavalier d'Azael. Maudit soit le dieu mais bénis soient les pouvoirs qu'il lui avait accordé. Un regard en direction d'Ilian suffit à la belle dame pour le plonger dans son labyrinthe.


Plongé dans un rêve étrange sans en avoir conscience, l'assassin ouvrit les yeux sur une scène étrange. Son maitre nommé Léonard se tenait là. Il avait déjà vu la scène par le passé mais celle-ci avait comme un goût et une odeur différente. L'homme écrivait à sa table, comme la première fois que le jeune Nùa l'avait revu, une bougie se consumait à sa droite, n'éclairant que faiblement la scène. Le jeune homme ne put s'empêcher d'approcher comme il l'avait déjà fait cette nuit-là à la différence près qu'une odeur pestilentielle embaumait la pièce aujourd'hui. Lorsqu'il retourna le fauteuil sur lequel son maitre était assis, une large cicatrice trônait sur sa gorge, signature qu'il ne connaissait que trop bien. Ilian eut un mouvement de recul et c'est alors qu'il buta sur quelque chose. Un corps plus exactement. Dans la pénombre, il n'avait pas vu la masse étendue sur le sol et maintenant que ses yeux étaient habitués à l'obscurité de la pièce, il était à même de dévisager celle qui était étendue sur le sol, sans vie. Une même signature sur la gorge que sur celle de son père. Ilian commençait à comprendre, sans même y réfléchir, il se dirigea vers le berceau de l'enfant qui hurlait. Une ombre se tenait au dessus de lui. Une ombre qu'il connaissait plus que bien et qui d'un geste sec, s'apprêtait à ôter la vie de l'enfant.

« C'est de ta faute, je t'avais prévenu » soufflait la voix.


« Alors petite, on pense toujours à faire la maligne ? » ajouta la Mort à l'attention de Siobhan.

Cependant, avant même qu'elle ai pu répondre, Nessa se décida à la plonger à son tour dans son cauchemar personnalisé. Il ne lui avait pas fallu bien longtemps pour comprendre ce qui angoissait tant la gamine, il suffisait de voir les premières images qui se chamboulaient dans sa tête pour comprendre qu'elle n'avait rien à faire dans ce monde, qu'elle était profondément naïve et incapable de tuer.

« Pathétique » commenta l'ancienne reine.


Sous les pieds de la templière, le sang coulait à flots. A chaque pas, c'était comme si une fontaine de sang jaillissait sous ses pieds. Le ciel sombre présageait un orage imminent tandis que tout autour d'elle était signe de chaos. Les morts s'amoncelaient sur le sol, et la jeune femme avait beau tourner le regard d'un côté comme de l'autre, cela ne servait à rien.
Elle était seule.

« Tu as échoué » murmura à l'agonie une voix derrière elle.

Kyle se tenait juste derrière elle, ses yeux la fixant d'un regard dur. A côté de lui, le corps d'une enfant gisait, ses boucles blondes à jamais noyées dans son propre sang. Et son maitre la regardait, un regard plein de reproches, avant de lui aussi succomber. Siobhan avait échoué dans sa recherche de la paix et son regard avait beau chercher, il avait beau supplié, elle était seule.
Seule au monde.


La gamine n'allait pas s'en sortir. Son désir de paix et de justice succomberait lorsqu'elle se sentirait seule, sans plus personne pour l'aimer ou à aimer en retour. Mort se délectait déjà de la souffrance de l'assassin et de la templière lorsqu'elle posa son regard sur les deux qui restaient. L'une semblait animée uniquement par le désir de tuer pour tuer, chose que Nessa connaissait par cœur pour le vivre depuis son réveil et l'autre semblait simplement vouloir la tuer, elle et elle seule. Quel amusant petit tableau songea la belle amazone. Ce fut lorsque cette pensée traversa son esprit que la Bête se permit de contrarier ses plans. Médusée, Nessa la vit approcher de la cage de la gosse-clé prête à l'ouvrir.

« Que fais-tu misérable mécréante ? »

La voix de Mort s'éleva, caverneuse et pleine de haine tandis que celle de Kiki lui répondait avec un certain amusement. La colère envahit la Cavalier tandis que l'autre folle venait de faire sortir leur prisonnière de sa cage.

« Sale petite vermine … » murmura la Cavalier, sa voix résonnant tel un requiem.

Tout se joua en l'espace de quelques secondes. La Bête avait commencé sa transformation, projetant pour la protéger la petite Jelenna contre le mur derrière elle. Mort quant à elle s'était dirigée d'un pas vers Asora, la plongeant dans un sommeil forcé, lui volant au passage Glace. Sans doutes n'en avait-elle pas besoin pour tuer le Cavalier mais elle en avait marre de l'entendre jacqueter à longueur de journées, de la voir se trémousser devant Azael, d'obtenir des faveurs dont elle seule aurait du avoir la primeur. Un sourire froid se dessina sur les lèvres de la Mort tandis qu'elle enfonçait l'épée de l'ancien Cavalier de la Bête dans le corps du pseudo dragon aux écailles blanches. Nessa sentit alors les sentiments qui avait animé Kiki et en rit à gorge déployée avant d'ajouter :

« Meurt comme tu as vécu, seule ! »

Tandis qu'Eléa s'était dirigée vers sa cadette, Nessa observa d'un œil mauvais et satisfait celle qui avait été son compagnon d'arme s'éteindre, seulement elle dut bien l'avouer, voir un chat au lieu d'une humaine reprendre forme devant ses yeux ne faisait pas partie de ses plans.

« Sale petite immondice ! »

Alors qu'elle allait frapper une nouvelle fois, la clé le lui interdit violemment, se jetant en avant pour récupérer le chat tandis que l'ainée la menaçait de sa rapière. Pitoyable. Pathétique.

« Misérable mortelle, que crois-tu me faire au juste ? »

Un sourire se dessina sur les traits de l'ancienne amazone tandis qu'elle fouillait d'un regard la mémoire de la princesse en titre. Ainsi, elle était son arrière petite fille ? Le destin ne faisait-il pas bien les choses ?

« Misérable insecte, tu crois pouvoir t'élever au rang des dieux parce que mon sang coule dans tes veines ? Allons, disparais veux-tu ? »

Tandis que le corps de la jeune femme tombait sur le sol, inconscient, Nessa observait la petite Jelenna, un sourire bien trop sadique sur son visage pour lui vouloir du bien. Elle remarqua le frisson qui parcourait le corps de la gamine et ajouta avec un détachement prononcé :

« Ne t'en fais pas, je ne te tuerai pas, pas avant qu'ils soient tous morts pour toi. Je tiens à t'inviter au spectacle de leur lente agonie. »


Glace entre ses mains, la templière se sentait plus que jamais vivante. Ses pas laissèrent le corps sans vie d'Evenor pour se diriger vers la salle commune du Temple. Là, un petit garçon se cachait sous la table plongée dans les ténèbres. Seules quelques bougies éclairaient la scène et le souffle bruyant de l'enfant alimentait l'ambiance. Asora l'avait déjà vu, il s'agissait d'Aerin, le fil du directeur. Lorsqu'il vit la templière, l'enfant sembla sortir de sa tourmente tandis qu'il sortait de sa cachette.

« Asora ! » lança-t-il plein d'espoir.

Ce ne fut que lorsque la lame s'abattit sur lui qu'il comprit l'erreur qu'il avait fait. Avant même d'avoir touché le sol, le gamin était mort. Un cri retentit tandis qu'un homme se jetait sur la jeune Asora. La jeune femme n'eut aucun mal à le repousser de sa lame et bientôt, il tomba ainsi que son fils et son élève avant lui. Au fond de la salle, comme si le décor se mouvait sous sa volonté, Asora vit alors Jacen protégeant une petite fille aux boucles blondes. Son sabre runique dégainait, il avait les larmes aux yeux et tentait de raisonner la jeune femme. La lame se planta dans le corps de son maitre sous le regard dur de Jelenna, sa prochaine et dernière victime.


Assise sur le trône, la jeune femme donnait ses ordres. A ses pieds se prosternaient une dizaine d'amazones, le regard emprunt de terreur. La jeune femme se leva alors et sorti du palais constater le devenir de sa cité. Sur les murs d'enceinte trônaient les corps sans vies des Soumis pendus pour leur crimes. A leurs côtés, on retrouvait certaines amazones. La jeune femme se dirigea alors vers les prisons et ne s'arrêta pas avant la dernière cellule. Une femme à la tignasse blond sombre, redevenue presque brune avec le temps, la toisa malgré son regard fatigué.

« Qu'es-tu devenue ? » lui demanda la voix de sa mère tandis que la reine faisait signe aux autres de se saisir d'elle.

Les Sentinelles obéir sous le poids de la menace tandis que l'on menait Philéa au bucher. La jeune femme s'assit sur un trône improvisait, se délectant du spectacle à venir tandis qu'une voix lui susurrait à l'oreille :

« Vois mon enfant ce qui coule dans tes veines car voici mon héritage ».


Nessa avait gagné du moins le pensait-elle, ses ennemies étaient tombées. Ankha était à sa merci. Azael serait bientôt mort. Bientôt, elle aurait tous les pouvoirs. Dans l'ombre, la flèche du destin se préparait.

[ Je pense qu'on va clore le sujet après votre tour, du coup, vous pouvez aller jusqu'au moment où vous sortez du labyrinthe de Mort et où vous lancez votre attaque. Le but du jeu est de piéger Mort pour permettre à l'invité surprise de finir le travail (si vous avez besoin de précisions envoyez moi un MP) en sachant que vous pouvez manipuler Ilian puisqu'il est absent. Pour sortir du labyrinthe, vous pouvez utiliser Jelenna (elle sait comment sortir de ce dernier, cf, le post de Jacen à Silmarie lors de l'attaque de Mort) ]

Les choses étaient allées tellement vites. Nessa avait fait son apparition, froide et implacable tandis que Jelenna avait tenté de nous prévenir de partir.
Trop tard.
J'étais là, face à l'ennemi du peuple Amazone tout entier.
J'étais là face à mon ancêtre qui n'avait pas hésité à sacrifier sa descendance pour parvenir à ses fins. Dans la mort comme dans la vie, Nessa ne serait donc qu'une traitresse, une lâche incapable de prendre des décisions n'impliquant pas la vie des autres. Une reine déchue de son titre par son propre peuple, une garce que j'allais occire pour mon plus grand plaisir. Peut-être avais-je hérité de ses gênes de sadisme au fond mais peu m'importait. La Mort serait emportée, car tel était son destin à mes yeux. Cependant, je savais qu'il était inutile de foncer tête baissée vers Nessa pour l'attaquer. Si seule une femme pouvait la tuer, ce n'était pas pour autant la peine de risquer sa vie pour rien. Maladie devait être tué facilement lui aussi, avec l'aide de la bague de Silmaria et un soin et pourtant, nous avions perdu Lika dans le combat. Je n'étais pas prête à perdre quelqu'un aujourd'hui et je comptais bien faire en sorte que mes erreurs me servent à ne pas causer la perte d'un autre être cher. Même si en l'occurrence, je ne pouvais pas vraiment qualifier mes compagnons d'êtres chers. Asora était une peste que j'appréciais certes, mais j'étais encore incapable de savoir si nous étions amies ou non. Je ne connaissais Siobhan que depuis quelques minutes et par les récits que m'avait rapporté ma mère et pour finir, je n'étais qu'une simple connaissance d'Ilian bien que sa présence soit rassurante et que j'aime particulièrement nos discussions. Je tenais à eux d'une certaine manière et quand bien même n'aurait-ce pas été le cas, je ne comptais pas les perdre. Ils avaient comme tout le monde une vie, des êtres auxquels ils tenaient et qui tenaient à eux.

Ilian fut la première cible de Mort.
C'était peut-être égoïste de ma part, mais je préférais le savoir dans le labyrinthe d'où Jelenna pourrait le sortir plutôt qu'en plein combat contre Nessa, lui impuissant face à la Dame et elle, froide et implacable comme le destin. Le jeune assassin n'aurait eut aucune chance face à l'ancienne reine amazone et je préférais qu'il sombre dans l'inconscience. Toutefois, je n'avais pas l'intention de laisser Nessa s'en approcher aussi, je me plaçais devant lui, dégainant ma rapière tout en pointant sa lame en direction de la Cavalier. Si elle approchait, je n'hésiterais pas à lancer mes loups ou à user de mes dons pour la faire reculer.

Siobhan fut la deuxième victime de la dame aux cheveux bruns. La jeune templière avait eut l'audace de se moquer de Nessa et cela ne plaisait visiblement pas à sa majesté la Cavalier. Le corps de la jeune femme tomba sur le sol dans un bruit sourd, Asora ayant anticipé le mouvement et atténué la chute de la demoiselle. Si j'avais décidé de protéger l'assassin, elle avait visiblement l'intention d'en faire de même avec la jeune Siobhan. Seulement je savais que nous ne pouvions pas rester comme cela, passives en la regardant nous tuer à petit feu car, c'était évident que nous étions les prochaines victimes !

« Sale chienne, tu fais honte à l'espèce humaine ! » lançais-je histoire de détourner son attention de ses victimes.

Seulement, quelqu'un s'occupa de ce point avant moi, n'hésitant pas à libérer Jelenna sous les yeux d'une Nessa incrédule qui ne pouvait croire ce qu'elle voyait (et oui, j'aime me répéter XD). Un Cavalier trahissant un Cavalier. Mort était mal placée pour dire quoi que ce soit vu la trahison qu'elle avait fomentée dans la cité amazone du temps de son vivant mais sa colère fut néanmoins perceptible lorsqu'elle insulta Kiki.
La suite se passa trop vite pour que nous puissions comprendre réellement.
Défendre Kiki nous était impossible, elle était l'ennemie autant que Mort pouvait l'être et pourtant … pourtant, elle avait libérée sans hésiter Jelenna, sachant sans doutes pertinemment ce qui l'attendait en agissant de la sorte. Elle avait protégée d'instinct ma cadette en la projetant contre le mur pour lui éviter une attaque de Mort. Asora était tombée sur le sol et en un éclair, Nessa avait attrapé son arme. Je pensais que seuls les Templiers pouvaient activer ce genre d'arme mais j'avais oublié que toute personne capable d'invoquer les armes runiques pouvait s'en attribuer le pouvoir et visiblement, Mort était de celle qui maniait l'invocation à merveille. Sans hésiter, elle planta la lame aux reflets bleus dans le corps de Kiki.

Je n'avais pas réfléchi plus d'une seconde ou deux, j'étais directement allée protégée ma sœur, vérifiant si elle allait bien et si le choc ne l'avait pas sonné auquel cas j'aurais tout fait pour la protéger des griffes de Nessa. Sa colère était telle lorsqu'elle vit le chat à la place de l'humaine qu'avait été Kiki quelques secondes auparavant qu'elle manqua de la tuer et la chatte n'eut droit à son salut que grâce à l'intervention avisée de Jelenna.
Complètement folle plutôt !
Je n'avais pas pu retenir la gamine. Aussi incroyable que cela puisse me paraître, elle était attachée à ce chat, elle l'appréciait assez pour risquer sa vie en interdisant à Mort de l'achever. Comment pouvait-on apprécier ses geôliers ? C'était à ne rien comprendre et je n'avais pas le temps de demander des informations supplémentaires. J'étais seule.
Terriblement seule pour combattre la Cavalier.
J'étais seule et surtout, une proie facile qui ne manqua pas de sombrer dans l'inconscience.

Le soleil se levait, offrant ses rayons à la cité des femmes encore endormie en apparence du moins. Le sol se teintait de rouge sombre tandis qu'autour de moi, des Amazones tremblaient, attendant le courroux de leur maitre. Mon courroux. J'étais assise sur ce trône que j'avais si souvent eut l'occasion d'admirer ou plutôt, sur ce trône où j'avais admiré ma mère remplir sa fonction de Reine en espérant un jour lui arriver ne serait-ce qu'à la cheville. Seulement ce n'était pas Philéa sur ce trône mais moi. Habillée comme une Reine, coiffée et maquillée comme une souveraine. Donnant des ordres aux Amazones terrorisées à mes pieds.
J'aurais voulu hurler, mais j'étais condamnée à voir la scène et la subir.
Mon corps ne m'obéissait plus et ce fut malgré mes sourdes protestations qu'il se dirigea vers l'extérieur. Mon regard se posa malgré moi sur les corps sans vies des Soumis qui pendaient tristement sur les murailles de notre cité. Bien que je déteste la plupart des hommes pour leur traitrise, leur lâcheté et leur mensonges, je regrettais d'être celle à l'origine de leur mort. Lorsque mon regard croisa la fine silhouette caractéristique de femmes, je ne pus m'empêcher de pleurer. J'en étais incapable dans ce corps mais si l'on m'avait permis de le faire, j'aurais pleuré pour tant d'infamie. Mon corps ne s'arrêta pas sur ces menus détails, il passa outre le massacre qu'il engendrait pour se rendre vers les prisons. J'aurais voulu l'arrêter, j'aurais voulu tuer ce corps qui avançait malgré mes intonations. J'étais impuissante, constatant avec horreur ce que j'avais fait sans être capable de l'empêcher.

Une femme d'âge mur était plongée dans la pénombre de la dernière cellule. Une tignasse brune coulait le long de son corps sans que je ne parvienne à distinguer qui elle était. Ce ne fut que lorsqu'elle prononça ces quelques mots que je reconnus sa voix. Philéa, c'était Philéa avec cet air si fatigué, comme si le poids des années croulait sur elle. Ma si belle mère était devenue une poupée de chiffon qu'un enfant aurait brisé rien qu'en la tenant dans ses mains potelées ! Ce fut sans hésiter que mon corps fit signe aux Sentinelles autour de moi pour demander à ce qu'on la saisisse. J'aurais voulu hurler qu'on la laisse tranquille, je hurlais mais rien ne sortais d'autre de cette maudite bouche que des ordres à demi murmurés. Ce fut outrée et désespérée que je vis le corps de Philéa être installé sur un bucher. J'eus une envie de vomir lorsque la voix de Mort s'éleva dans mes oreilles.

Le feu allait être mis au bucher et le regard de Philéa, aussi fier que possible, me tordait l'estomac, moi l'âme prisonnière de ce corps, la jeune femme impuissante et incapable de sauver sa propre mère. Je hurlais comme un beau diable, me débattait, mais j'avais l'impression de ne pouvoir qu'être spectatrice et rien de plus. Les flammes léchèrent les pieds de ma mère tandis que de rage, je tentais de m'échapper.
Des murmures, des cris étouffés se faisaient entendre, semblables à ceux que je tentais de pousser mais qui restait bloqués inexorablement dans cette maudite gorge.

« Tu peux refuser cet héritage. » murmura une voix douce à mon oreille.

Je la reconnus aussitôt.
Jelenna.
La petite fille était là, comme si de rien n'était, et me souriait avec une force insoupçonnée dans le regard.

« Tu n'es pas Nessa. » poursuivit-elle de cette même voix douce.

Et à ces quelques mots, tandis que sa main se posait sur mon corps, je ressentais la chaleur, je retrouvais le contrôle sur mon corps. Je recouvrais la vue, l'odorat et tous ces sens qui m'avaient manqué. Et surtout, la parole. Le non qui sortit de ma gorge claqua aussi surement que le fouet de Philéa lorsqu'il était déchainé par sa maitresse. Le rêve se brouilla, ne restant que la chaleur inexorable de la main de ma cadette. Je reprenais vie.

La lumière me fit mal à la tête et je gardais cette impression de vomir pourtant, tous ces sentiments et ces impressions s'évanouirent lorsque les voix de mes compagnes atteignirent mes oreilles. Il me fallut un certain temps pour comprendre les paroles de la chanson et pour cause, parce qu'elle était en Astorg mais la force qu'elles transmettaient m'aida à me relever tandis que dans ma main s'était logée celle de Jelenna. Je n'avais pas tout rêvé visiblement. Retirant ma main de la sienne, je souriais, sereine.

« Merci ma puce. »

Je me relevais pour faire face à mon tour à Mort tandis que Jelenna préférait restée assise, caressant la chatte encore inconsciente. Haiiro et Oni agirent de concert, encadrant la petite fille de leur corps., montrant des crocs sans pour autant grogner. Ils avaient sans doutes compris qu'il ne fallait pas énerver Mort. Siobhan fut la première à attaquer, Asora ayant perdu son arme, elle ne pouvait que chanter cette incroyable sonorité qui nous insufflait courage et camaraderie. Joignant ma rapière aux katanas de la templière, nous tentions de mettre en échec Nessa. Ce n'était pas aussi difficile que je le pensais, la Cavalier ne se doutant pas que l'on puisse sortir si facilement de son labyrinthe. Toutefois, si nous parvenions à la faire reculer, nous n'étions pas capable encore de la mettre en échec ou de la blesser. J'avais du mal à m'adapter au rythme qu'imposait la templière, trop habituée que j'étais à combattre seule, mais je tentais néanmoins de ne pas constituer une gêne pour elle.

Siobhan parvint à toucher la Cavalier, aussi dément que cela soit-il, elle infligea une profonde estafilade sur le torse de notre adversaire tandis que pour ma part, je lui plantais ma rapière dans la jambe. Consciente que nous venions d'emporter une sacrée victoire sur la Nessa invincible que nous combattions, j'avais quelques espoirs que ce combat soit vite terminé pour le coup. Seulement Nessa n'était pas un adversaire comme les autres.
Les blessures saignèrent abondamment jusqu'au moment où le sang cessa, et où la peau se referma. Un sourire sadique s'abattit sur nous aussi surement que ses coups. Siobhan fut propulsée en arrière, non loin de Jelenna, tandis que pour ma part, je rencontrais le mur opposé. Nessa s'approcha d'abord de moi en s'adressant à Jelenna :

« Regarde petite humaine, l'agonie de ta sœur venue pour te sauver. »

Je vis Glace se lever au dessus de ma tête, Mort à un mètre à peine de moi. Ma main chercha nerveusement ma rapière mais je savais qu'il était trop tard. J'allais mourir. Malgré tous mes entrainements, j'allais mourir face à celle que je m'étais promis de tuer. Nessa.

« Salope ... » murmurais-je, pleine de rage, tandis que je dressais devant moi ma rapière, dernier rempart illusoire face au pouvoir de la Cavalier.

[ Prochain tour : Diane ]

Diane avait fait de nombreuses erreurs dont la pire était certainement d'avoir réveillé Nessa, le Cavalier de la Mort qui fut jadis sa précieuse reine qu'elle protégea de toute son âme. Mais Nessa avait changé, en quelques années, le pouvoir lui était monté à la tête et la belle reine était devenue une folle assoiffée de sang qui n'avait pas hésité à tuer Diane, de peur qu'elle ne lui vole sa place. De tout temps, la déesse avait pensé que cette histoire n'était que mensonges, que balivernes et contes pour enfants mais force avait été de constater qu'elle avait eut tord. En réveillant Mort pour avoir les réponses à ses questions, non seulement Diane avait-elle trahi le serment des divins mais aussi et surtout avait-elle lâché sur Azthia le pire fléau que cette noble terre ai connu. La déesse sylvestre avait été forcée de voir sa reine enlever la jeune Jelenna et c'était sans doutes du fait de son importance en tant que Clé comme du fait qu'elle l'ai protégée en tant que sa Championne. Diane avait commis des erreurs certes, mais à sa façon et avec ses propres pouvoirs, en enfreignant totalement la loi des dieux, elle avait essayé de réparer ces dernières …

La déesse amazone n'avait jamais quitté les songes de Jelenna, souvent, pour éviter d'effrayer l'enfant ou peut-être parce qu'elle avait peur de la réaction de cette dernière, de sa colère envers elle qui avait libéré son geôlier, Diane avait demandé à Imala, la louve au pelage immaculé, de prendre soin de la petite, de la guider sur le chemin du ritualisme comme sur le chemin de la paix. La louve, symbole esprit de la belle Diane pour le commun des mortels qui avait eut la chance de l'apercevoir, était en réalité un esprit fier et indomptable qui s'était pris d'affection pour la belle brune. Diane avait constaté avec tendresse que l'ancestrale Imala s'était également prise d'affection pour la petite princesse de Muria. Chaque nuit, elle l'avait éloigné des doutes et des peurs, sa présence l'avait réconforté là où Diane se sentait impuissante et coupable. C'était par le biais de la louve des neiges qu'elle avait compris ce que comptait faire le commun des mortels. Jelenna avait visiblement une mère et une famille prête à tout pour la récupérer. Outre que cette enfant ai un don pour rassembler les foules autour de sa douce aura, elle possédait également le don d'unir sa famille. Philéa, reine Amazone en titre, avait bafoué les règles de la cité des femmes ainsi que son honneur pour unir les cités entre elles et nul doutes qu'elle ne l'avait fait que dans le but de retrouver sa cadette. Jacen, son père dont Imala entendait si souvent parler, avait convaincu les Templiers et pour finir, Eléa, sa sœur ainée, avait été désignée pour combattre Mort.
Diane était étonnée de voir à quel point l'amour pouvait rendre fort et pouvait déplacer des montagnes pourtant, elle savait que la jeune Eléa, accompagnée par les deux templières comme par l'assassin, ne pourrait rien face à Nessa. La Clé était certes présente mais ces jeunes gens ne la connaissaient pas. L'amazone comme les templières pensaient qu'il suffisait d'une femme pour vaincre Mort, certes mais un détail leur avait échapper, outre la présence inespérée de Jelenna, il fallait aussi une flèche. Quelque chose qui ne permettrait pas à la Cavalier de se régénérer. Seulement, Diane était une déesse et la loi des dieux interdisait à ces derniers d'intervenir dans le monde des mortels.

Diane avait suivit le petit groupe en silence. Telle une ombre, elle s'était contentée de les suivre avec une certaine appréhension. De nombreuses fois, la belle dame avait été tentée d'intervenir mais elle était retenue par sa conscience qui lui soufflait qu'elle ne pourrait le faire sans perdre son statut de déesse et elle avait besoin de ce statut pour protéger son peuple qu'elle avait tant fait souffrir ! Alors la divinité s'était tut et avait attendu, priant pour que tout aille bien … bien qu'elle sache que ce ne serait pas le cas. Diane n'avait pas prévu l'intervention de la Bête tout comme elle n'avait pas prévu ce qui allait se passer. Le courage de ces jeunes gens était sans faille et toutes étaient prêtes à donner leur vie pour la petite Jelenna. Alors que Siobhan et Eléa allaient prendre le dessus sur Nessa, son pouvoir de régénération prit le pas sur l'issue du combat. La princesse amazone allait mourir si elle ne faisait rien.

** ELEA **

La voix mentale de Jelenna hurlait tandis que l'enfant n'osait esquisser un mouvement. Droit devant elle, les yeux affolés de la princesse bis ne quittaient plus la scène tandis que bientôt, Eléa ne serait plus. Diane hésita un dernier instant, consciente qu'elle avait beaucoup à perdre en agissant en faveur des humains néanmoins, si elle ne faisait rien … il était fort à parier que le monde ne s'en relèverait pas. Azael aurait la Clé et le monde serait perdu. Que valait sa vie de déesse face à celles de ses précieuses Amazones que le destin l'avait forcé à quitter prématurément ?

« Nessa ! »

La voix de Jelenna emplit la pièce tandis que l'enfant se levait. Diane n'avait eut qu'à s'accrocher au cri de la petite fille pour lui emprunter son corps. Tout son être hurlait sa douleur de voir la vie de son ainée s'envoler tandis qu'elle se devait de rester impuissante. Le son était celui de la petite fille mais l'intonation avait tout de celui d'une déesse. Diane n'avait fait qu'emprunter l'enveloppe charnelle de la petite fille et ce fut doucement qu'elle lui demanda si elle était d'accord. La peur et l'angoisse laissèrent place à une totale confiance et une approbation sourde. La déesse Amazone sourit et son arc apparu alors entre les mains de l'enfant.
Nessa avait été arrêtée net dans son geste, laissant tomber Glace à terre devant Eléa tant elle était surprise de ce qu'elle voyait. Le commun des mortels aurait vu Jelenna, ni plus ni moins mais elle était capable de voir l'âme de Diane au travers du corps de la gamine.

« Sale petite chienne » commença la Cavalier, délaissant totalement le reste de la troupe pour s'avancer dangereusement vers Jelenna, « combien de fois faudrait-il que je te tue pour que tu daigne enfin crever ?!? »

Sa fureur était palpable mais Diane rassura l'esprit du corps qu'elle avait emprunté. Elle avait commis une erreur et toutes les erreurs pouvaient être soignées. Celle-là plus que les autres.

« Je suis la déesse de la Mort, que me feras-tu sale petite déesse de bas étage ? Je vais arracher les entrailles de cette gamine jusqu'à ce que tu sortes de là ! »

Mort approcha encore une fois.
Une déesse ne pouvait pas la tuer mais une petite humaine le pouvait. Jelenna le pouvait. Une flèche fut armée sur l'arc aux allures gigantesques. Une enfant seule n'aurait pas pu le bander, mais une déesse … Nessa sourit avec dédain :

« Que comptes-tu faire ? Me tuer ? Pauvre conne, tu as déjà essayé à mon réveil et j'avais la moitié de mes pouvoirs ! Une déesse ne peut enfreindre les lois ! »

Son rire tonitruant s'éleva.
La flèche partit. Diane savait que Jelenna était la solution, c'était une femme et sa présence était nécessaire pour tuer le Cavalier de la Mort. En choisissant le corps de la petite fille, la déesse savait ce qu'elle faisait, en choisissant sa propre flèche, elle ajoutait au pouvoir de l'enfant le sien. Ce cocktail aurait raison de Nessa. Derrière Jelenna, le commun des mortels eut l'impression l'espace d'un instant de voir la silhouette d'une jeune femme aux cheveux aussi sombres que la nuit.
La flèche se ficha dans le cœur de Nessa et le transperça, l'arme finissant sa course dans le mur d'en face. Sans attendre, une deuxième flèche fut tirée, plus courte et plus épaisse. Elle se ficha avec une précision divine à l'endroit laissé béant de la première flèche. Du sang coulait abondamment de la plaie tandis que la petite Jelenna prononça :

« Les rivages de la mort t'attendent désormais, il est temps pour les vivants de reprendre le cours des choses. »

La silhouette de la déesse se fit plus floue jusqu'à disparaître dans un murmure tandis que Nessa tombait à genoux. Diane avait eut raison, sa régénération ne pouvait fonctionner face à Ankha et sa flèche. Avec douceur, tandis que la Cavalier rendait son dernier souffle dans un râle, la déesse se retira de l'esprit de la petite fille. Elle avait réparé sa faute mais il lui faudrait expier les siennes.

Nessa achevée, Kiki ayant perdu son âme de Cavalier, le temps était venu pour notre petit groupe de panser ses plaies et de ressortir. Dehors, le combat faisait encore rage et leur aide ne serait certainement pas du luxe !

[ ... ]

La loi des dieux était sans faille, sans exception possible.
Diane avait trahi une première fois en conservant ses sentiments, en s'attachant avec espoir au monde des humains. Ce que bon nombre de dieux faisaient. Elle avait trahi une deuxième fois en réveillant Nessa de son long sommeil forcé, et enfin, elle avait trahi une dernière fois en lui ôtant la vie par le biais de la princesse amazone. Les dieux ne pardonnaient pas, la mort, la vraie, attendait ceux qui trahissaient. Cependant, la jeune déesse avait eut l'audace de vouloir réparer sa faute et avait eut la chance de parvenir à ses fins. En tuant Mort, elle avait libéré d'un fléau Azthia et ses habitants aussi les dieux acceptèrent-ils de lui laisser le choix.
La réincarnation ou la mort. Si Diane avait toujours voulu mourir pour en finir une bonne fois pour toute, ne comprenant pas d'où lui venait son essence divine et pourquoi elle avait été choisie plutôt qu'une autre, elle choisit pourtant la seconde solution. La réincarnation lui permettrait d'octroyer suffisamment de force à l'enfant de Philéa pour lui permettre de protéger son peuple. Diane ne s'était accrochée à la vie divine que pour Travia et elle savait que cette dernière la suivrait dans la mort, c'était pour cela que la belle avait eut l'intention de rester malgré tout. En se réincarnant, Travia pourrait continuer à jouir de sa vie de déesse en paix.

« Vos lois sont miennes. Je me repantirais donc chez les vivants. »

[Désengagés : Ilian, Eléa, Siobhan, Jelenna, Asora ]
[ Je ne suis pas forcément satisfaite de ce post mais bon je n'avais pas le temps de faire mieux ... Si j'ai le temps, je l'éditerai. ]