[151][DP] Comme on ne l'a jamais fait. (fini)

Quelques lanternes multicolores mêlaient leurs pâles lueurs aux lumières mourantes du jour. Le vent surgissait par moment, avec fougue, couchant les herbes, riant jusqu’à l’essoufflement ; il semblait jubiler de voir la jeune elfe si mal en point. Le souffle court, hébétée, Sheireen tomba au sol, une dixième fois. Ou une vingtième. Elle ne se souvenait plus.
-Debout Shei, criait une voix. Tu peux le faire !
La jeune fille leva un œil, jetant à la personne qu’elle était seule à voir, un regard noir. Depuis que son père était mort, elle avait souvent ce genre d’hallucinations. Son paternel qui l’encourageait …
-Shei ! reprit la voix.
-Oui papa, murmura-t-elle.
Tremblante, elle se releva. Elle chancela jusqu’à l’arbre et commença à l’escalader. Bientôt, ses gestes lents devinrent fébriles. Sa respiration hachée devint fluide. Elle se rapprochait du ciel.
-Bien Sheireen, refit le père d’en bas.
Mais sa fille ne l’écoutait plus. Les yeux fermés, elle savoura un instant l’odeur de la nuit et le bruit du vent. Le monde n’était que silence. Un silence étrange en son sens, car la forêt l’entourait de ses chants et de ses cris. Elle rouvrit les yeux et reporta son attention sur l’arbre quelques mètres plus loin. Elle pouvait le faire. Elle se releva, les dents serrées, et prit une grande inspiration.
-Un …
Elle se mit en position sur la plus haute branche de son appui.
-Deux ….
Elle fit ses prières.
-Trois !
Elle ne réfléchit pas d’avantage, elle poussa sur ses jambes fines qui la projetèrent loin, si loin … La jeune elfe ne comprit pas grand-chose, elle ne réalisait pas vraiment ; elle se sentait juste voler, survoler le champ vert, sentir le vent rieur fouetter ses joues rougies par le froid. Et au bout de seulement quelques secondes, elle ressentit la gravité l’attirer. Elle retomba. Mais au lieu de toucher le sol, son dos se cabra au dernier moment, la redressant dans sa chute. Avec une incroyable agilité, elle atterrit souplement sur ses pieds.
-Wow, fit-elle. Merci papa.
Mais l’illusion avait disparue. Qu’importe, elle sentait en elle quelque chose qu’elle n’avait jamais senti auparavant. Elle n’eut pas le temps de savourer plus longtemps ce moment considérable, un bruit attira son attention. Elle se retourna, les sens en alerte. Des bandits. Et elle les reconnaissait. C'était 3 gaillards, dont elle avait quelques semaines plus tôt, tué le frère. Ce dernier avait tenté de lui faucher maladroitement quelques pièces. Mais il n'avait que 13 ans; et ces trois bandits là semblaient avoir plus de 20ans d'expérience. Sheireen sentit la panique la saisir. Elle n'eut que le temps de se retourner, déjà une flèche fila vers elle. N'écoutant que son instinct, elle roula sur le sol, échappant par miracle au projectile. Elle esquiva encore miraculeusement quelques flèches, n'obtenant qu'une simple égratignure sur l'avant bras. Hébétée par sa soudaine efficacité, elle fila droit sur ses agresseurs, sortant son poignard par la même occasion. L'archer n'avait plus de flèches. Elle virevolta autour des bandits, le souffle court, pour tenter de parer les lames ennemies. Elle ne comprenait pas tellement ce qu'il se passait, juste que son corps se mouvait soudainement si souplement qu'elle même avait du mal à suivre. Du sang; elle en avait tué un. Complétement ahurie, elle plongea sur le sol pour éviter un coup d'épée. Les deux colosses la toisèrent du regard. Sheireen n'attendit pas, elle esquiva d'un bond quelques coups donnés maladroitement, et roula sur la droite. Elle se releva d'une contorsion et sauta sur la première branche d'un arbre. Essouflée, elle arriva bientôt au sommet, et jetant un dernier coup d'oeil aux bandits hébétés, elle sauta à terre (de l'autre côté evidemment), et s'enfuit comme ne l'avait jamais fait. Rapidement, à en perde l'haleine.

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