Azthia

Ô, petite flamme qui guide chaque cité d'Azthia, surtout ne vacille pas. Car les temps sont bien embrumés et un vent d'inquiétude souffle... Laissez vous tenter par un univers poétique et fantastique, créez un personnage haut en couleurs...
 
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 [151][DP] Un nouveau jour se lèvera sur Muria (pv Ashrand) (fini)

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Reine Amazone
Eléa
Eléa
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   [151][DP] Un nouveau jour se lèvera sur Muria (pv Ashrand) (fini) EmptyJeu 30 Juin - 13:23

La bataille finale approchait à grand pas et je n'étais plus tellement sure qu'elle soit une bonne idée. N'allions-nous pas plutôt au massacre contre cette armée massive rassemblées entre les portes de la cité des ruines ? Je ne doutais ni de mes Sentinelles ni de la stratégie mise en place par ma mère et à laquelle j'avais participé en revanche, je me demandais ce que nous réservait ce taré qui avait osé enlever ma Jelenna. J'étais agacée à l'idée qu'on aille au bain de sang pour rien et le pire dans tout ça était sans doutes que je craignais pour la vie de mes amazones. Etais-je une souveraine en devenir ou une égoïste qui ne pouvait se croire forte qu'avec une puissante armée à ses côtés, incapable d'assumer seule ses conneries.
Les deux.
J'étais une enfant, une adolescente qui avait voulu jouer aux grandes filles dans un monde ou cruauté et vices rimaient à merveille. J'avais voulu jouer les princesses, les reines en devenir quant tout allait déjà de travers. Avec mes soit-disant titres, j'avais pensé changer le monde et les gens à ma façon.
Je m'étais trompée.
Le monde tournerait même sans moi.
Le monde tournerait même sans Muria. Car ainsi était le monde. Il tournait sans nous et je m'en étais rendue compte à l'âge de seize ans, en posant les pieds hors de ma cité. J'avais côtoyé la cruauté des hommes, leur égoïsme, leurs espoirs et leurs peurs. J'avais vu dans leur yeux et leur comportement mes propres agissements et c'était alors que je m'étais rendue compte de la piètre princesse que j'étais. Jouant sur mon titre quand les choses n'allaient pas à ma sauce auprès de Lika, préférant la compagnie du palais à celle de mes sœurs amazones. J'avais vécu dans un cocon tissé avec soin par Philéa qui s'était brisé si violemment que j'en avais été perdue.
Jiven m'avait sauvé.
Feanaro aussi.
Jacen, mon père, avait tenté de ramasser ce qu'il restait de moi.
Tous avaient montré une affection sans borne à mon égard là où je leur envoyais ma propre colère, ma propre haine. Mes peurs et mes doutes. Ils s'étaient tout pris sans broncher, même ma mère avait accepté ma colère et pourtant, je la savais justifiée certes, mais stérile. J'étais la plus à même de comprendre que les choix dans la vie n'étaient pas toujours facile et amenaient parfois des tragédies qu'on voulait à tout prix éviter. Mais j'avais été idiote, je n'avais pas compris tout ça. J'avais mené ma sœur à sa perte, j'avais fait des choix que je reprochais aux autres. Comme si rien ne pouvait être de ma faute. Connerie oui !

Ce matin-là, je m'étais levée en repensant aux derniers mois, me demandant une fois encore ce qu'aurait été ma vie si je n'avais pas choisi d'emprunter ce chemin-là. Si j'avais choisi une autre voie, si j'étais restée à Muria. Si je n'avais pas achevé ce Soumis aux portes de la cité. Je m'étais demandée également ce qui se serait passé si je n'avais pas été dans le désert, si je n'avais pas accepté de me marier avec Feanaro pour le punir de son comportement outrancier envers moi. Mais ces questions tournaient en rond sans réponse. Il était évident que Mort serait venue jusqu'à Muria pour venir prendre Jelenna, que je n'aurais rien pu faire pour la sauver et que sans doutes beaucoup de vie auraient été pulvérisées par le Cavalier … Pour le reste, les choix n'auraient pas changé grand chose, la vie était la vie, point final. Je n'avais pas à me plaindre mais il me fallait me défouler sans quoi, j'allais devenir folle.

Prenant ma rapière préférée, celle offerte par la petite princesse bis avant son enlèvement, je me dirigeais seule vers le terrain d'entrainement. Le soir tombait doucement, dans deux heures tout au plus, il ferait nuit et la cité prendrait un sommeil mérité. Pour le moment, je savais surtout qu'il n'y aurait presque personne voire personne qui s'entrainerait et c'était le principal à mes yeux. Personne ne me gênerait, personne ne subirait ma colère ou encore, personne ne serait blessé si je me plantais en manipulant le feu. Ayant vérifié que personne n'était là, une chance en fin de journée, je commençais à faire quelques étirements pour m'échauffer. Ceci fait, je me décidais à délaisser ma rapière sur le côté, posée contre le mur au dessus duquel se trouvaient les gradins, puis commençais à me concentrer. Faire le calme dans ma tête et faire taire mes sentiments n'était pas toujours facile, du moins pas autant que voulait bien le faire croire Jiven mais avec la pratique quotidienne que je m'imposais, je commençais à voir mes efforts porter leur fruits ou presque. Pour le coup, il me fallut quand même quelques minutes, cinq sans doutes, je ne savais pas vraiment, pour arriver à ne plus entendre mes questions sans réponse et le reste. Lorsque le calme fut dominant dans ma petite tête, je tentais alors d'élargir mon Esprit aux autres. J'y parvins avec difficulté, mais j'arrivais à percevoir la Sentinelle qui gardait les portes de l'arène, son aura se frottait à mon Esprit sans haine et je passais à une autre, un peu plus loin. Il était sans doutes amusant de voir que je n'avais pas senti la présence du Soumis, alors qu'il était beaucoup plus proche que les personnes que je tentais de percevoir …


Dernière édition par Eléa le Lun 1 Aoû - 7:40, édité 1 fois
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Ashrand
Ashrand
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   [151][DP] Un nouveau jour se lèvera sur Muria (pv Ashrand) (fini) EmptySam 2 Juil - 5:30

« C’est bon, vous pouvez y aller les enfants. » lâcha la vieille aigrie.

« On reviendra demain dans l’après-midi. On devrait normalement avoir fini »

« J’espère bien ! Avec l’hiver auquel nous avons eut droit, mon toit est une véritable éponge. Vous feriez mieux de vous y mettre au lieu de tirer au flanc ! »

C’était possible d’être aussi désagréable avec les gens qui venaient faire des réparations chez vous !? Même s’ils étaient des Soumis, ils devraient avoir droit à un minimum de respect plutôt que d’être toujours rabaissé dès que l’occasion se présentait.
Et puis, franchement, comment avait-elle tiré son plan pour avoir un toit en aussi mauvais état ? Le Soumis aurait juré que cette dégradation avait été volontaire si cela n’aurait pas relevé de la mauvaise foi de penser ça.

Soit, cette mauvaise humeur fut très passagère car rapidement, il se mit à penser à autre chose et retrouva ainsi son insouciance habituelle. Seules les ampoules qu’il avait sur les mains pouvaient encore lui rappeler cette journée fort déplaisante. Il s’arrêta près d’une fontaine se trouvant sur la route vers son « chez-lui » et plongea ses mains dans l’eau fraîche qui fit disparaître cette sensation de chaleur lorsqu’on en a trop fait.

Ce serait bientôt l’heure du couvre-feu, aussi devait-il penser à terminer son chemin pour rentrer avant d’être pris en faute malgré lui, ce à quoi il ne tenait pas le moins du monde. Soupirant, il se leva et fit méticuleusement craquer chacun de ses doigts trop longtemps restés enlacés autour du manche d’un quelconque outil. Ensuite seulement il se remit en marche tout en laissant se yeux vagabonder aux alentours. Il n’aurait d’autre choix que de couper à travers le terrain d’entraînement pour arriver à temps. Le terrain d’entraînement était un lieu que le Cydien préférait éviter, habituellement il faisait un détour pour ne pas passer par cet endroit, car souvent voire tout le temps des Amazones s’y entraînaient et qui dit regroupement de personne dit aussi qu’il y aura bien souvent quelques personnes pour jouer les grandes gueules et ainsi railler tous les hommes qui passaient. Enfin peut-être n’y aurait-il personne cette fois-ci … Etant donné l’heure relativement avancée, la majorité des femelles étaient soit chez elles soit de garde. Leurs journées semblaient déjà suffisamment éprouvantes pour qu’en plus elles ne s’exercent plus que nécessaire.

Le village, quoique nous pourrions parler de ville tant elle s’est étendue ces dernières années, se préparait à passer la nuit. Rares, les quelques personnes qu’Ashrand croisât ne retinrent pas sont attention, la plupart étant des femmes en route pour leur domicile. Il rencontra une fois un groupe de quelques sentinelles qui allait commencer à patrouiller pour prévenir tous problèmes et s’assurer qu’aucun Soumis n’essaie de se faire la belle une fois le soleil couché.
Il bifurqua ensuite pour prendre la bonne route où plutôt devrait-il parler de la plus courte, bonne n’étant pas un adjectif qu’il mettrait volontiers là-dessus, et arriva peu à peu à hauteur du terrain d’exercice. Personne. Soulagé de savoir qu’il n’aurait pas à subir les quolibets d’une femme faisant un complexe de supériorité, il s’avança et foula le sol de l’endroit désert, du moins le croyait-il désert.

Il y avait là-bas plus loin, à une quinzaine de mètre grand maximum, une jeune femme, non une adolescente en fait, dissimulée par son immobilité totale et son calme. Le Soumis n’aurait pas tourné la tête qu’il ne l’aurait pas vue et serait passé à côté sans jamais se rendre compte qu’il n’était pas seul. Cela n’aurait en temps normal pas posé aucun problème d’ignorer une Amazone sauf que celle-ci n’était pas une jeune fille commune : même s’il ne faisait plus aussi clair que durant l’après-midi il pouvait aisément reconnaître que la personne qu’il avait en face de lui n’était autre qu’Eléa, fille de la Reine Philéa et de ce fait la jeune princesse héritière du trône de Muria. Obligation était d’au moins la saluer, même s’il y avait de grandes chances que la jeune fille se fiche royalement d’être saluée par un homme.
Elle était occupée à … à quoi au juste ? Sans mouvement, elle restait là, les yeux clos, à faire les dieux ne savaient quoi. Peut-être méditait-elle mais ça aurait été dommage de se déplacer du palais jusqu’ici alors qu’au palais elle pouvait avoir la tranquillité qu’elle souhaitait juste en claquant des doigts.
Visiblement, elle avait l’air très concentrée mais sa curiosité piquée, le Soumis se tut et regarda, guettant le moindre indice prouvant qu’elle ne s’était pas endormie dans cette position. Adossé contre les gradins, il attendait mais n’en pouvant plus au bout d’un moment, se risqua à demander

« Heu … Excusez-moi, mais pourrais-je savoir ce que vous faîtes Princesse ? »


Cependant dans sa grande distraction, il avait oublié de la saluer…


[Désolé, c'est tout pourri ^^']
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Reine Amazone
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Re: [151][DP] Un nouveau jour se lèvera sur Muria (pv Ashrand) (fini)
   [151][DP] Un nouveau jour se lèvera sur Muria (pv Ashrand) (fini) EmptyDim 3 Juil - 14:01

Des exercices quotidiens, des séances d'entrainement à en tomber raide morte si je n'avais pas eu d'aussi bons médecins au palais tout ça pour finalement me rendre compte qu'à quelques lunes de la bataille qui scellerait notre destin à tous, je n'étais même pas fichue de me rendre compte de la présence d'un Soumis ! J'avais certes senti la Sentinelle aux portes de l'arène, j'avais même était capable de ressentir la présence de bon nombres d'amazones dans le coin mais même pas celle d'un homme !
Peut-être parce que je n'accordais pas d'importance aux hommes.
Cette remarque aurait été vraie il y avait de cela encore quelques mois mais aujourd'hui, ce n'était pas exactement cela. J'avais appris à rencontrer des hommes, à leur offrir ma confiance sans qu'ils ne la trahissent totalement, j'avais également appris certaines vérités qui m'avaient montré qu'une femme, poussée dans ses retranchements, pouvait être pire qu'un homme. Nous n'étions pas aussi différent que je l'avais cru et si je ne copinais pas avec les hommes de manière générale, j'acceptais déjà un peu mieux leur présence et leur existence. Mais ne pas l'avoir senti me mit dans une colère noire contre moi-même.

Il y avait pire en fait.
Je ne l'avais pas senti, passait encore même si j'aurais du être capable de sentir beaucoup plus de choses maintenant qu'à mes débuts, mais pire que tout, il m'avait fait peur. Il m'avait surprise et ma concentration si durement conquise venait de voler en éclats pour une simple phrase prononcée par cet idiot !

Ce que je faisais ?
Ca le regardais peut-être ? Sale petit Soumis de bas étage, qu'est ce que ça pouvait bien te faire ce que je faisais ? J'étais en colère certes, mais j'avais appris que la plupart de mes colères, dirigées vers les autres, n'étaient en réalité que la conséquence de mes propres échecs. Je n'étais pas en colère qu'il m'ait interrompue, j'étais énervée à l'idée de ne pas l'avoir senti, d'avoir paru aussi vulnérable aux yeux d'un homme dont j'ignorais tout de surcroit, et j'étais agacée de sa curiosité. La curiosité était quelque chose de détestable du moins, lorsqu'on cherchait à savoir absolument tout sur les gens. Pour ma part, j'avais eut mon lot de satisfaction à toujours tout vouloir savoir sur mon passé. Résultat ? Je me retrouvais avec ce don pourri qui me prenait la tête, avec un père sur les bras qui n'était pas le salaud que ma mère avait décrit dans mon enfance, avec une sœur et non une demie sœur et avec des mouflets qui ne tarderaient pas à se pointer !
Je m'égarais.
Ouvrant les yeux, la connexion définitivement rompue avec mon soit disant don, je cherchais du regard l'homme qui m'avait parlé. Il ne me fut pas trop difficile de le trouver mais avec le soir qui tombait, je ne parvenais pas à le distinguer du moins, pas plus qu'une silhouette. Je soupirais.


« Je tentais de percevoir la présence des gens qui m'entouraient, visiblement, j'ai échoué. A qui ai-je l'honneur ? » demandais-je avec un énervement contenu mais qui perlait dans ma voix malgré tout.

Je devais me montrer aimable, je ne devais pas attaquer sans raison les gens, c'était mal. Ouais, je me souvenais vaguement d'avoir appris ça dans le protocole ou alors dans un bouquin de l'école, peu importait. Je n'aimais pas vraiment que l'on se cache pour me parler, aussi, je me dirigeais avec calme vers ma rapière et la rattachais à ma taille, une main posée dessus, au cas où. On était jamais trop prudent non ? Même si techniquement, les Soumis n'avaient pas d'armes, mais ils avaient toujours leur poings et leur haine envers nous, ça suffisait parfois à causer quelques incidents.


« Et bien j'attends, quel est ton nom, et que fais-tu ici ? »

Le couvre feu allait bientôt sonner non ? J'avais presque eu envie de lui demander s'il savait qui j'étais pour me parler avec autant de familiarité ou tout du moins, pour marquer aussi peu de respect envers moi mais en réalité, je m'en foutais, pour l'heure, ce genre d'idioties ne m'amusaient plus.
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Ashrand
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   [151][DP] Un nouveau jour se lèvera sur Muria (pv Ashrand) (fini) EmptyLun 4 Juil - 16:46

Donc elle ne dormait pas. C’était une chose que le Soumis fut soulagé de constater : à une heure un tout petit peu plus tardive, qui sait ce qui aurait pu lui arriver. Des hommes parvenaient toujours à s’arranger pour transgresser le couvre-feu. Un jeu dangereux et risqué mais qui en plus n’en valait pas la chandelle. Enfin la plupart de ceux qui le faisaient n’avaient pas des intentions très louables et lorsqu’ils étaient pris, ils pouvaient être sûrs qu’une sanction sévère serait appliquée.
Ce n’était pas qu’il croyait les femmes faibles, loin de là ! Une des preuves était que Muria avait pu être érigée, mais surtout avait pu survivre si longtemps et vu la situation actuelle, ça n’était pas prêt de s’arrêter. Sous le règne de Philéa la cité n’avait cessé de prospérer au point qu’à présent la ville puisse se vanter d’être une des puissances d’Azthia. De même il suffisait de regarder Storghein, dirigée par l’Oblat Kriisten pour comprendre que le « sexe faible » ne l’était pas autant que certains semblaient le croire.
Mais s’interroger sur ces questions qu’il s’était déjà maintes fois posées ne servirait à rien, d’autant plus qu’il en avait tiré ses conclusions depuis fort longtemps : les femmes n’avaient plus rien à prouver à la gente masculine, quoique puisse en dire celle-ci.

« Oui, c’est sûr que votre méthode n’a pas l’air de marcher du tonnerre. Vous savez, garder les yeux ouverts marche tout aussi bien »
avait-il répondu, amusé, lorsque la Princesse avoua son échec.

Elle paraissait contrariée. Ashrand avait ouï de nombreuses fois par le passé qu’Eléa faisait partie de celles qui ne portaient pas les hommes dans leur cœur -un peu comme la plupart des Amazones en fait- mais quand même pas au point d’être agacée dès que l’un d’entre eux lui adressait la parole, si ?
D’un côté le Cydien ne pouvait pas réellement lui en vouloir car depuis toute petites, on inculquait aux enfants à détester les hommes et à ne s’en servir que pour les tâches ingrates et pour assurer la continuité du nom. On ne leur laissait que rarement l’occasion de se forger elles-mêmes une opinion mais certaines, comme Kiera, parvenaient à voir au-delà des apparences et de ce qu’on leur avait appris pour se rendre compte que tous les hommes n’étaient pas des animaux fourbes, guettant la moindre occasion de leur planter un couteau dans le dos comme on le leur avait décrit.

Il avait failli omettre de se présenter lorsqu’elle lui posât la question, c’était pourtant la deuxième fois qu’elle lui demandait son nom. Il s’empressa de réparer la faute

« Ah. … Heu … Oui, désolé. Je me nomme Ashrand et je suis dans ce village en tant que Soumis. Enfin je me doute bien que vous ne m’ayez pas pris pour un touriste »


Il termina sur un rire un peu gêné. Il s’était permis de tenter de faire de l’humour pour calmer les tensions.

« En fait je rentrais du travail et en passant par ici je vous ai vue. Je croyais que vous dormiez alors j'ai voulu savoir si oui ou non vous vous étiez assoupie ici. Je m’excuse de vous avoir interrompue, je ne savais pas que vous étiez occupée à cela. Je pense ne pas me tromper en disant que si vous vous vous exercez à percevoir les personnes vous entourant, vous possédez la même faculté que les Templiers, le don de l’Esprit n’est-ce pas ? »

Il en avait entendu parler ici et de maigres souvenirs du temps où il se rendait encore à l’école lui revenaient. Puisant de ce passé pas si lointain Ashrand se rappelait les tensions qui opposaient les Crépusculaires aux Zélotes du monastère, mais il devait bien avouer ne pas pouvoir déterminer exactement où se délimitaient leur Don. Le Soumis les savait capables de sentir la vie autour d’eux, comment avait tenté la fille de Philéa même si ça avait échoué, ainsi que de faire apparaître des lames dès qu’ils possédaient un manche incrusté de pierres runiques. De même ils savaient capter et envoyer les émotions des gens, employer la télépathie et des tas d’autres choses sur lesquelles le Soumis ne s’était jamais réellement intéressé jusqu’à ce soir en se posant la question.

« Vous savez faire comme les vrais Templiers ? Enfin je veux dire par là êtes-vous capable d’utiliser l’Esprit tout aussi bien qu’eux ? Par exemple : là, vous savez ce qui se passe dans ma tête ? » demanda-t-il, ne pouvant s’empêcher de poser ses questions.

La pauvre qui ne supportait pas les gens curieux allait être servie.
En plus, elle se méfiait de lui !? Apparemment oui, à en juger qu’elle avait immédiatement été chercher son arme et qu’à présent, elle gardait tout le temps la main dessus, prête à s’en servir comme si lui, gentil qu’il était, aurait été dangereux. Voulant à tout prix arranger ce malentendu, le Cydien se leva et s’approcha assez près de la Princesse de sorte qu’elle puisse aisément distinguer chacun de ses mouvements.

« J’ai l’air si agressif que ça ? » la questionna-t-il en riant franchement, « Détendez-vous, je n’ai pas d’armes sur moi. »

Il avait relevé un pan de sa chemise autrefois blanche mais rendue grise avec le temps, révélant ainsi une ceinture dépourvue de tout. Ni armes, ni bourse, rien. Il n’aimait pas vraiment être considéré comme une menace quand il agissait spontanément. Quiconque le regardait ne pouvait que s’apercevoir que les paroles de jeune homme transpiraient la sincérité, qu’il représentait tout sauf un danger.
A présent il attendait la réponse de l’Amazone, la fixant tant bien que mal dans les yeux car si elle pouvait effectivement lire dans ses pensées comme il le croyait, elle risquait de ne pas être fort enchantée de l’image qui lui avait traversé l’esprit lorsqu’il s’était déplacé jusqu’à pouvoir plus ou moins la détailler dans son ensemble.

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   [151][DP] Un nouveau jour se lèvera sur Muria (pv Ashrand) (fini) EmptyMer 6 Juil - 11:17

Agacée, j'attendais que le jeune homme me réponde pour autant, je ne le pressais pas plus que ça de me répondre. Pas que j'étais vraiment intéressée par ce qu'il me dirait, quoi que, en fait, je crois que je n'étais ni intéressée ni rien d'autre. J'attendais simplement, comme pour passer le temps faute de pouvoir faire mieux. Il prit enfin la parole pour finalement se moquer quelque peu de moi. De mon sale caractère, l'un des points les plus connus à Muria était surement le fait que je déteste la moquerie, surtout si elle était dirigée envers moi. Pourtant, je me forçais là encore à garder mon calme. Qu'avait dit Jiven déjà à ce sujet ? Un truc du genre que la colère ne résolvait rien ou encore, que savoir accepter ses erreurs permettait d'avancer.
J'allais faire comme si j'y croyais pour cette fois, histoire de changer un peu.
Je gardais mon calme, cherchant quelque chose, une pensée n'importe quoi qui m'éviterait de passer mes nerfs sur le pauvre Soumis qui sans doutes n'avait pas cherché à me vexer. Quoi que, avec eux, on pouvait presque en douter. Au final, je trouvais sa remarque plutôt amusante à bien y réfléchir … il ne devait pas connaître l'Esprit et encore moins savoir ce que sa maitrise impliquait !


« En général j'arrive à percevoir les personnes immobiles … je n'arrive à percevoir celles en mouvement que lorsqu'elles entrent dans un périmètre d'un mètre autour de moi. Je manque d'expérience en somme. »

Lorsque j'aurais compris le truc, je comptais bien que cet incident ne se reproduise jamais. Ce n'était pas tellement honteux, après tout, je n'avais rien à lui prouver et je n'en avais surtout nullement envie, mais c'était plutôt dangereux. Pour peu qu'il ai réussit à se procurer une arme, je venais de lui offrir sans le vouloir l'occasion idéale de sortir de Muria, otage en poche. Enfin bref, j'avais de quoi me défendre maintenant et s'il me voulait de mauvaises choses, et bien, autant dire qu'il venait de laisser filer sa chance !
Au moins, il n'était pas aussi bête que la plupart des Soumis que j'avais rencontré. Entre ceux que ma mère m'envoyait chercher dans la forêt, heureusement peu nombreux, et qui revenaient toujours en un seul morceau, ou presque, ceux qui squattaient son lit sur ordre de sa mère, bien que heureusement cette foutue manie ai disparu ces derniers temps, et ceux que je croisais comme ça et bien … c'étaient vraiment pas tous des lumières ! Bref, je m'égarais.

Le Soumis, du nom d'Ashrand donc, était quelqu'un de drôle finalement. Un touriste à Muria, si un jour cela arrivait, autant que dire que je me suicidais tout de suite ! L'intérêt d'une cité cachée si elle était visitée ? Pas terrible hein ? Pas très crédible en tout cas mais la remarque me tira un sourire. La suite en revanche me surpris.
Dans un premier temps, son récit me sembla être une confirmation de ce que je pensais, à savoir que ce Soumis en voulait à ma vie. En fait, même pas, et c'en était presque vexant, il était simplement en train de se demander si je ne dormais pas. L'idée me fit sourire d'autant plus ! Comme si on pouvait s'endormir debout … Remarque, cela aurait le mérite de faire gagner de la place dans les chambres ! Ensuite, ce qui m'étonnait le plus était surement qu'il connaisse le don de l'Esprit. Avait-il été un Templier par le passé ?


« Je dois avouer que je ne pensais pas qu'un Soumis puisse connaître l'Esprit ! » me contentais-je de répondre à sa première question.

Il parla si vite ensuite qu'il me fut impossible de répondre avant qu'il se soit tut. Finalement, il était plutôt sympa dans son genre non ?


« Et pour être honnête, je ne suis pas Templière. »

J'hésitais à en dire plus sur moi, après tout, je ne pouvais être sure de rien. Sa dernière réplique du jouer un rôle quelque part pour que j'accepte de lui répondre. C'est vrai qu'il n'avait pas d'armes, contrairement à moi et dans cette cité, nul besoin d'être princesse pour avoir le droit de vie ou de mort sur les Soumis, enfin à peu de choses près. Disons qu'être princesse aidait bien quand même. Et puis il n'avait pas l'air bien dangereux maintenant qu'il était aussi près de moi. Bah au pire, je pourrais toujours m'en débarrasser s'il devenait gênant !

« J'ai reçu ce fichu don par mon père qui lui, est Templier. Je ne sais pas ce qu'on vous raconte sur la famille royale mais en gros, j'ai revu mon père il y a peu et j'ai commencé par la même occasion mon apprentissage auprès du directeur du Temple. Il paraît que maitriser l'Esprit m'éviterait de tuer mon père alors pourquoi pas ? Je suis capable de lire les sentiments, pas aussi bien qu'eux évidemment, mais j'y arrive. J'arrive également à refluer mes propres sentiments, pas toujours certes mais je les contrôle et je suis capable en tout cas de les laisser se déchainer sur les autres. Pour ce qui est de lire dans tes pensées, je n'ai jamais essayé en fait. »

Pourquoi j'étais aussi honnête ?
En fait, je me disais simplement que je n'avais rien à perdre.
Rien à gagner non plus, mais pourquoi pas ? Après tout, je n'étais pas non plus ce qu'on pouvait appeler quelqu'un de dangereux, du moins pas toujours.


« Ca m'étonne qu'un Soumis sache autant de choses sur l'Esprit. Tu as été Templier avant de venir ici ? » demandais-je avec curiosité.

« Si t'as envie que je lise tes pensées, on peut toujours essayer mais je ne peux pas te dire ce qu'il adviendra, je n'ai jamais essayé ! » m'amusais-je, ma main délaissant le pommeau de ma rapière.
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Ashrand
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   [151][DP] Un nouveau jour se lèvera sur Muria (pv Ashrand) (fini) EmptyJeu 7 Juil - 5:46

Etonnée que les Soumis puissent avoir connaissance de l’existence de l’Esprit ? Les prenait-elle pour des idiots finis ? Les Soumis nés d’une mère Amazone, qui n’étaient donc jamais sortis de l’enceinte de la ville, ne savait peut-être rien là-dessus mais ceux venant de l’extérieur … quand même ! Ashrand ne savait si la princesse le charriait ou si elle les considérait réellement comme des ignorants.

« Vous savez, avant d’arriver à Muria nous vivions tous normalement dehors. On n’habitait pas dans des grottes, tout le monde sait que l’Esprit existe. Avec les Templiers qui constituent un ordre bien connu, ce n’est plus un secret pour personne. »
répliqua-t-il doucement

C’était vrai. Chaque homme de cette ville avait une vie, une maison, un travail, une famille, … et pour avoir été au mauvais endroit au mauvais moment, tout leur a été enlevé pour une très longue période. De plus, aucun d’eux ne pourrait reprendre son existence là où il l’avait laissé, après avoir vécu en marge de la société pendant six interminables années c’était juste impossible que tout redevienne comme avant. Tout aurait changé, tout.

*Et moi ?*


Cette pensée était omniprésente dans sa tête. Habituellement il parvenait à la faire taire en s’occupant, histoire d’éviter de ruminer pour rien, mais cette fois-ci le fil de ses pensées l’avait amené à y repenser.
Y aurait-il seulement quelqu’un pour l’accueillir quand il rentrerait chez lui ? Sa pauvre mère ne se serait-elle pas laissée mourir de chagrin après avoir perdu son mari et son fils ? Tant de question auxquelles le Soumis ne pouvait répondre. Il soupira.

Le Cydien avait amené sans le vouloir la jeune Princesse héritière à lui parler d’elle. Elle lui raconta qu’elle avait reçu ce don de son paternel, ce qu’elle n’avait apparemment pas l’air d’apprécier ainsi que de son apprentissage. Le directeur s’était donc occupé lui-même de lui apprendre à contrôler l’Esprit mais quoi de plus normal étant donné son rang ?

« Vous n’avez pas l’air de beaucoup aimer votre père »
dit-il le sourire aux lèvres.

D’un côté il était amusant de constater que les Amazones n’appréciaient même pas leur père. Pourtant les liens du sang et tout cela devraient jouer là-dedans enfin par cela était entendu que justement du fait qu’il y ait cette relation père-fille, ils devraient justement pouvoir s’entendre un peu mieux. Franchement, quel fils ou quelle fille arrive à détester sincèrement un de ses parents ? Oui, le jeune homme raisonnait parfois un peu simplement. Il n’envisageait pas les situations complexes où un enfant était amené à haïr ses géniteurs.

« Ca doit être … étrange de savoir ce que les autres ressentent, non ? L’avantage c’est que vous trouvez les hypocrites tout de suite, ce sera pratique quand vous devrez gouverner. »


Elle avoua une nouvelle fois être surprise qu’Ashrand ait eu vent de ce qu’était le don de l’Esprit, elle avait vraiment l’air de tomber des nues. Aussi lui demanda-t-elle s’il avait été Templier auparavant, avant de tomber sur les mauvaises personnes, ce qui suscita son hilarité

« Trouvez-vous que j’ai l’air d’un Templier ? C’est flatteur, merci, mais au risque de vous décevoir, je n’étais qu’un adolescent à l’époque, ça m’était impossible de rejoindre l’Ordre. De toute façon, je ne suis pas sensible à l’Esprit mais vous aviez déjà remarqué tout cela : si j’ai bonne mémoire, les Sensibles sont capables de se reconnaître entre eux, n’est-ce pas ? »
Il ne riait pas d’elle, qu’elle se rassure, seulement s’imaginer au Temple, quoique c’était une image plaisante, l’avait empêché de garder son sérieux. De même que d’après lui, il était vraiment loin d’avoir le profil d’un Templier.
L’adolescente lui proposa ensuite de lire dans ses pensées. Tentant, il fallait bien l’avouer.

« Oui, pourquoi pas. »
répondit-il intéressé, « Quant aux risques, je ne pense pas que je risque grand-chose. Enfin n’allez pas fouiller n’importe où dans ma tête non plus. Je dois faire quelque chose en particulier pour vous faciliter la tâche ? »

Sans savoir vraiment pourquoi, il avait le sentiment que le pire était passé et qu’à présent elle ne s’en prendrait pas à lui, sauf grosse bourde de la part d’Ashrand. Peut-être était-ce parce qu’elle avait arrêté de tenir son arme. D’autant plus que si elle avait vraiment voulu lui faire du mal, elle avait déjà eu tout le temps de le faire.
Prêt à se faire sonder, le Soumis se mit à penser très fort pour rendre l’effort moins difficile. Sans raison particulière, sa pensée s’était arrêtée sur l’arène car elle n’était pas vraiment loin mais aussi parce que c’était le seul endroit où il pouvait se défouler librement. Soit, les raisons importaient peu et à présent, il visualisait parfaitement les grilles et les épais murs de pierres de l’arène.

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Eléa
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   [151][DP] Un nouveau jour se lèvera sur Muria (pv Ashrand) (fini) EmptyJeu 7 Juil - 9:16

La question était stupide.
Il était évident bien sur que les Soumis n'étaient pas tous nés ici, encore heureux d'ailleurs, et il était encore plus évident en plus que ma question était méchante aux yeux du Soumis. Je venais de le prendre ouvertement pour un idiot ! Bon il fallait admettre que la plupart de ceux qui se retrouvaient ici n'étaient pas éclairés à tous les étages mais je ne pouvais pas non plus faire une généralité quand même ! Et puis, surement que certains avaient du suivre des cours à l'école ou se rendre à Tamawa et j'en passe ! Il était peut-être temps de réfléchir avant de parler, quoi que c'était plutôt amusant en fait ! A prendre les Soumis pour des idiots, les Amazones allaient surement s'en mordre les doigts un jour quoi que … que l'un d'entre eux tente quoi que ce soit contre nous et je l'écartelais dans l'arène devant tous les autres pour leur faire comprendre leur rang !
Je m'égarais.
J'avais eut tord de le sous-estimer et cela ne se reproduirait plus. A vrai dire, je devais bien avouer que je ne connaissais pas grand chose des Soumis qui vivaient dans la cité. Tout au plus en connaissais-je certains du palais et encore, il y en avait tellement peu qui passaient au palais … les Soumis étaient les Soumis, les choses s'arrêtaient là. On nous bourrait le crâne gamines pour nous apprendre l'infériorité des hommes sans nous expliquer qui ils étaient et quelque part, ça nous arrangeaient bien de nous en tenir là. Je préférais du coup ne pas lui répondre, il était évident que ce qui pouvait passer pour de la moquerie passerait pour de l'ignorance si j'ajoutais quoi que ce soit et cela, je ne pouvais pas le tolérer.

La remarque du Soumis me fit faire un raté.
Perdue dans mes pensées, je venais de me prendre une claque qui me ramena sur terre illico presto. Cela se voyait tant que ça ? Oh et puis ce n'était pas vraiment que je ne l'aimais pas juste que … je ne savais pas trop en fait. J'avais passé des années à m'imaginer un monstre d'égoïsme qui n'avait pas hésité à nous abandonner ma mère et moi et finalement, les rôles s'étaient inversés. Le méchant n'en était pas un et celle en qui j'avais toujours cru m'avait menti durant seize longues années. Ca faisait réfléchir quand même.


« Ce n'est pas que je ne l'aime pas, mais on efface pas seize ans d'absence d'un coup d'un seul. Je ne suis plus une enfant, grandir sans mon père était une évidence, qu'il revienne dans ma vie était impossible comme quoi, je me trompais. »

Pour une fois, la colère, même si elle était présente, était minime.
Jacen était quelqu'un de bien.
Comme disait le dicton, il était même « trop bon trop con » mais il avait passé bien trop de temps en dehors de ma vie pour réapparaitre comme si de rien n'était et ce, même si ce n'était pas de sa faute, même s'il avait été forcé de me quitter enfant par ma mère. Cela le Soumis ne devait pas le savoir et je ne comptais pas m'épancher sur le sujet. Nos secrets ne regardaient que nous. Et de toute façon, il avait déjà changé de sujet.


« On a l'impression de ne plus être soi-même. » répondis-je du tac au tac.

C'était plus ou moins vrai en fait, c'était même trop vrai.
Les premières fois, j'avais eut l'impression que des dizaines de personnes s'étaient glissées dans ma tête. Leurs émotions, leurs sentiments parfois même leurs pensées me tuaient le cerveau sans que je ne puisse me défendre contre eux. J'avais détesté ce soit disant don tellement de fois qu'aujourd'hui encore, je me demandais pourquoi ça tombait sur moi …


« En fait, c'est désagréable, tu as l'impression de violer leur intimité en permanence, de ne jamais être seul, de ne jamais retrouver le calme. Au fond, c'est comme si tu étais un relai d'informations sans le vouloir. »

Je souriais avant d'ajouter :

« Et puis, si un jour je suis reine, j'espère ne pas avoir besoin d'utiliser ce don car cela voudrait dire que je ne peux pas faire confiance à ceux qui m'entourent ! »

L'idée ne m'avait jamais traversé l'esprit.
Être reine comme utiliser l'Esprit pour vérifier si les gens étaient dignes de confiance ou pas.

Le jeune Soumis continua son discours sur les Templiers. Maintenant, il était évident qu'il me prenait pour une inculte et il n'avait pas tout à fait tord de le penser. J'avais été bête de lui poser la question de la sorte enfin bon, ce qui était fait était fait non ?


« Y a-t-il un air à avoir pour être Templier ? »
lui retournais-je, avec amusement, « Oui, les Sensibles sont capables de se sentir entre eux du moins c'est ce qu'on m'a appris. Pour les plus jeunes, comme c'est mon cas, on ne peut sentir quelqu'un ayant l'Esprit que si ce dernier ne le maitrise pas, si comme moi, il ne parvient pas à se limiter. Ma petite sœur Jelenna est plus douée que moi pour trouver les Sensibles, peut-être parce qu'elle accepte plus l'Esprit comme un don et non une charge ! »

Quant à ma dernière proposition, il semblait visiblement tenté.

« J'ignore ce que tu dois faire, je te l'ai dit, je n'ai jamais essayé ça avant. Disons que tu n'as qu'à penser à quelque chose en particulier, ça devrait m'éviter un bon mal de crâne ! »
précisais-je, toujours amusée par la situation.

Je m'approchais de lui de sorte à être à moins d'un mètre. Comme me l'avait appris maitre Jiven, j'élargissais mon Esprit de façon à percevoir Ashrand. Lorsque ce fut fait, un flot étrange d'émotions me parvint du jeune homme mais elles étaient tellement enchevêtrées que je ne parvenais pas à distinguer les unes des autres. Essayant de trouver une pensée dans le tout, je vis surtout le moment où ses émotions allaient me trouer la tête.
Rien.
Je ne parvenais pas à voir quoi que ce soit dans ce cafouillis.


« Je n'y arrive pas ... » lançais-je, toujours concentrée pour éviter que ma propre déception n'interfère.

C'est alors que je me souvins de quelque chose que j'avais vu au Temple. Un jeune gamin avait saisi la main d'un autre et ils s'étaient mis à rire peu de temps après, comme s'ils avaient partagés quelque chose en secret.
Et oh, j'allais pas prendre la main d'un Soumis là !
Non, mais en revanche, le poignet serait pas mal.


« Bouge pas » ordonnais-je d'un ton dur.

J'étais stressée, si je me plantais, je passerais pour une idiote et même sans ça, je m'en voudrais !
Le contact fit cesser les émotions dans ma tête, comme s'il avait rompu quelque chose alors que je pensais sincèrement qu'il amplifierait au contraire la cacophonie. Au lieu de ça, une image nette se présenta dans ma tête. L'arène. Les murs. Les grilles.

L'image, aussi nette soit-elle, se détruisit en même temps que je perdais le fil de ma concentration. Visiblement, je m'étais surestimée car un bon mal de tête commençais déjà à pointer le bout de son nez mais j'étais trop contente pour m'en préoccuper !

« Ca marche ! » précisais-je, excitée à cette idée, lâchant son poignet, « tu pensais à l'arène pas vrai ? »

En fait, ce côté là de l'Esprit était vraiment génial ! On refait ?
Ouais, sauf que je n'allais pas lui demander quand même.


« Je n'avais jamais essayé, c'est vraiment super ! »

Excitée, j'étais quand même déçue de ce que j'avais découvert. L'arène ouais c'était bien beau mais je la connaissais. Moi qui pensais en apprendre un peu plus sur lui, juste comme ça, pour m'amuser, c'était un peu maigre ce que je venais de voir.

« Par contre je suis déçue, je pensais en apprendre plus sur toi. Puisque tu viens de m'aider, j'ai bien envie d'en apprendre plus sur toi,comme par exemple savoir d'où tu viens, depuis combien de temps tu es là enfin tout ces trucs sans importance. Je dois t'avouer quelque chose, je ne connais rien des Soumis, peut-être que ça ne m'intéressais pas mais tu es quelqu'un d'appréciable, autant que ce soit toi qui réponde à mes questions. »


[ Désolée, j'ai un peu « contrôlé » Ash, si tu n'es pas d'accord, j'éditerai t'inquiète x) ]
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Ashrand
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   [151][DP] Un nouveau jour se lèvera sur Muria (pv Ashrand) (fini) EmptyVen 8 Juil - 17:28

Elle lui confia l'absence de son père mais également son récent retour. Enfin c'était que le Soumis l'avait compris. Apparemment son paternel, Templier, avait fini par revenir à Muria après seize années loin de sa famille royale. S'il voulait nouer une relation normale avec sa fille, ce n'était pas tant d'années après qu'il lui fallait revenir. Logique que la Princesse, qui n'avait jamais aimé les hommes, ne puisse que reste perplexe là-dessus. Mais pourquoi tout devait toujours être compliqué ici ? Le Cydien mourait d'envie de la questionner sur son père mais l'expression indéchiffrable qu'elle arborait à ce moment lui fit taire sa curiosité, de peur de raviver son animosité.

Elle avait rapidement répondu à sa question sur ce qu'on ressentait lorsqu'on avait accès aux sentiments d'autrui. Ashrand avait toujours vu l'Esprit comme un cadeau du ciel, une bénédiction mais en entendant l'avis de son interlocutrice, il dût revoir sa position.

« Vu sous cet angle, ça à l'air moins drôle d'y être sensible en effet. Mais après un certain temps et de l'entraînement, vous parviendrez à contrôler vos intrusions dans l'esprit des gens, non ? Je l'espère pour vous parce que ça doit être à en devenir fou à la longue. Je pense que l'Esprit a ses avantages c'est sûr, mais tant que ça dépend de la volonté de l'utilisateur alors »

Ressentir en permanence les émotions de ceux étant autour de nous avait quelque chose de ... flippant. Moins de plaisir aux relations sociales qui devait se muer en une véritable peur du monde environnant au fil du temps. Jusqu'à ce que l'on maîtrise l'Esprit du moins.
Eléa semblait répondre honnêtement à tout ce que lui posait le Soumis, de toute façon il n'était pas vraiment du genre à se montrer méfiant et à douter des gens surtout s'ils avaient l'air aussi sincère qu'elle. Forcé de réfléchir après sa question sur le profil que devait avoir un Templier, le jeune homme mit quelque secondes avant de répondre

« Heu ... en fait j'ai toujours imaginé les Templiers comme des hommes, enfin des hommes et des femmes braves et forts. Je vois mal un gringalet pouvoir devenir Templier. D'autant plus que j'imagine que plusieurs personnes ne se rendent au Temple d'Ankdor seulement le temps d'apprendre à maîtriser l'Esprit. Ils n'obligent quand même pas tous les Sensibles à les rejoindre ? »

Ashrand s'empressa de relancer sur le fait que la petite Jelenna s'en sortait mieux que ça soeur.

« La jeune Princesse est plus douée que vous, alors qu'elle n'a que la moitié de votre âge !? »


Il eut du mal à garder son sérieux et ne tarda pas à éclater de rire. Rien de méchant là-dedans, il ne se moquait pas vraiment d'elle bien que ce soit comme cela qu'on puisse le percevoir. Enfin, cette tendance à mettre le doigt sur les points faibles, sans méchanceté voulue, allait probablement finir par lui jouer un tour un jour ou l'autre ...

Comme prévu, elle allait tenter de lire dans ses pensées, s'approchant de lui pour cela. Même totalement concentré sur une image qu'il tentait de rendre aussi nette que possible, il ne sentit absolument rien. En réalité, il s'attendait à des picotements, des maux de tête ou il ne savait quoi qui lui indiquerait qu'on farfouillait en lui mais rien ne se produisit. Il finit d'ailleurs par se demander si ce n'était pas voué à l'échec, d'ailleurs l'Amazone le dit elle-même : elle n'y parvenait pas.
Elle se rapprocha un peu plus de lui, la distance devant jouer sur la qualité de la perception, et leva les bras pour être en contact avec celui qu'elle avait qualifié de sale petit Soumis de bas étage quelques instants auparavant. Ce Soumis avait d'ailleurs tendu son bras mais elle hésita à le toucher. Allez quoi, ce n'était pas un pestiféré ! Elle finit par se décider et posa ses doigts froids sur les poignets fins de l'homme.
Toujours aucune sensation. Étrange.
Elle lui demanda, non lui ordonna plutôt, de ne pas bouger.

« Mais je n'ai pas encore bougé, je vous jure. Vous êtes sûre de pouvoir y arriver ? »
répondit-il, les yeux mi-clos.

Elle avait sûrement réussi, à en juger par sa réaction. Ashrand était persuadé que s'il n'avait pas été là, l'adolescente aurait sautillé de joie, ce qui aurait casser le mythe de la Princesse barbare et insensible, rôle qu'on lui prêtait souvent quoiqu'il n'y croyait déjà plus. Sale manie que de faire confiance aux gens si facilement.

« Oh ? Ça n'avait pas l'air si difficile mais félicitations si c'est une première pour vous. Effectivement je pensais à l'arène, désolé de ne pas faire dans l'originalité. Ce n'était pas trop flou ? »

Elle y était finalement arrivée, et le Cydien était content pour elle. D'un autre côté, il était aussi satisfait d'avoir découvert la face cachée de l'héritière et ignorée de beaucoup d'hommes, celle capable de sourire et de se montrer assez agréable au final.

« Déçue ? Je m'en excuse, je ne tenais pas à vous embêter avec ce que j'ai vécu. J'ai préféré faire simple pour ne pas vous donner trop de mal. »


Le Soumis réfléchit ensuite à la façon dont il allait exposer les choses qui lui avaient été demandée.
Quel intérêt de lui faire part de choses qui, comme elle l'avait dit, ne l'intéresseraient peut-être pas.

« Vous ne savez vraiment rien des hommes ? »
s'exclama-t-il d'abord, un peu choqué, « C'est bizarre de la part d'une futur souveraine. Je pensais qu'une dirigeante devait tout connaître de son peuple. Ah oui c'est vrai, nous ne comptons pas mais je parie que vous et la Reine connaissez tout des Amazones résidant à Muria, pas vrai ?

Ashrand avait déjà retrouvé son air amusé, trouvant drôle le fait que même en vivant parmi eux, les femmes ignoraient beaucoup de choses à propos de ceux sur qui elles avaient tous les droits.

« Je ne peux m'empêcher de m'étonner quand même. Je veux dire par là que ça ne date pas d'hier que les hommes soient asservis ici et même si vous ne nous parlez jamais, vous devriez quand même avoir une idée globale de nous. Du coup ça m'inquiète un peu de savoir que vous forgerez votre opinion en vous basant sur moi, je ne crois pas être la meilleure référence. »

Modeste, n'est-ce pas ? Après tout il était sans aucun doute un des meilleurs Soumis de la cité mais il ne se considérait pas comme tel, loin de là.

« Quant à mon histoire ... par où commencer ? Par le début ce ne serait pas mal mais bon ...»

Il frappa dans ses mains comme s'il venait d'avoir l'idée du siècle

« Je sais ! Puisque vous êtes parvenue à lire dans mes pensées, si je me remémore tout ce qui a précédé mon arrivée à Muria et pourquoi par sa suite, vous devriez être capable de voir ça comme si vous le viviez vous-même, non ? Mais si vous ne vous en sentez pas capable dans le cas où l'exercice serait trop dur, ce ne sera pas grave. Vous ne maîtriser pas totalement l'Esprit après tout. C'est comme vous le sentez. »

Sa proposition était tout à fait sérieuse : il était prêt à livrer en direct une partie de sa vie privée. De même qu'il ne lui en voudrait pas si elle refusait. Le jeune homme ignorait que cela pouvait lui occasionner des maux de tête mais il ne savait pas si elle parviendrait à faire quelque chose d'aussi complexe. Enfin elle pouvait toujours se défiler mais sa fierté en prendrait un coup malgré tout...


[Je te laisse accepter ou non. Dans le premier cas, n'hésite pas à me mp si tu ne sais pas trop ce que doit voir Eléa ^^]
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« C'est plutôt l'esprit des gens qui entrent dans le mien. Leurs pensées, leurs émotions, mais ça va de mieux en mieux depuis que Jiven m'explique comment m'en protéger. »

J'ignorais pourquoi je lui parlais, pourquoi je voulais à tout prix lui répondre alors qu'il y avait si peu de temps encore, je l'aurais ignoré avec superbe comme s'il n'avait jamais fait partie du même monde que moi. Finalement, j'avais peut-être un peu plus changé que je ne voulais bien l'admettre. En bien ou en mal ? Je l'ignorais, mais j'avais changé. J'étais devenue quelqu'un d'autre, de plus mature pour certains, de plus guerrière pour d'autres, de plus inconnue pour moi-même. J'aimais l'ancienne Eléa, libre de toute contrainte, se jouant des autres, libérée de toute responsabilité, désormais, les choses avaient changé, cette princesse là n'existerait plus que dans mes souvenirs et si ce n'était peut-être pas un mal pour les autres … elle me manquait. La remarque sur les Templiers du jeune homme me força à revenir à l'instant présent. De toute façon, tergiverser sur celle que j'étais ou que j'aurai pu être ne changeais rien à la situation.

« Si tu voyais mon père, tu ne dirais sans doutes pas cela je crois ! Il y a de nombreux hommes et de nombreuses femmes au Temple et tous ne sont pas braves ou forts, ils partagent simplement une chose en commun en dehors de leur Sensibilité bien sur, leur amour de la paix. Leur foi en un avenir sans ombre. Je crois qu'au fond, c'est ce qui fait la force des Templiers, cette croyance en un monde que a cessé d'exister depuis bien longtemps. »

J'avais vu les Templiers, j'avais la chance d'être sous les ailes protectrices de leur directeur et je savais que, si l'on pouvait le qualifier de brave, c'était surtout sa sagesse d'esprit qu'il fallait louer. Ils aimaient le monde et voulaient le protéger, voilà qu'elle était ma vision personnelle du Temple de Tamawa. Peu leur importaient d'être forts, ils devaient l'être uniquement pour venir au secours de la paix qui, il fallait bien l'avouer, avait tendance à partir en cacahouète ces derniers temps ! Ils ne s'entrainaient pas comme les soldats, pour être les plus forts, mais pour être les plus à même de défendre leur idéal. C'était ma vision des choses certes, mais j'espérais ne pas être trop loin de la vérité.
L'exclamation du Soumis me fit sursauter ou pas loin. Oui, Jelenna était bien meilleure que moi pour tout ce qui touchait l'Esprit et le tir à l'arc, peut être aussi dans d'autres domaines mais elle devait soit le cacher, soit l'ignorer.


« Je pense que tu avais raison tout à l'heure, tout dépend de comment on voit les choses. Jelenna voit l'Esprit comme un don merveilleux lui permettant de rester en contact permanent avec ceux qu'elle aime. Elle le voit comme un lien avec notre père qu'elle n'a jamais connu tandis que moi, je le vois comme une malédiction qui me pourrie la vie. Sans doutes est-ce ma faute si elle le maitrise mieux que moi, mais je préfère que les choses soient ainsi, que j'en souffre pour qu'elle l'apprécie. »

J'aimais Jelenna et si les rôles avaient été inversés, je ne l'aurais pas supporté. Jamais.
Le jeune Soumis se mit à rire, j'ignorais pourquoi, mais je n'aimais pas cela. Surtout si ça touchait à Jelenna. Une once de colère parcourue ma tête mais je la repoussais, j'avais promis à Jiven de ne plus m'énerver sans raison, je lui avais dit que je serais « sage » alors je devais m'y tenir. Sinon à quoi bon avoir donné ma parole ? Je tentais de paraître calme mais au fond, je bouillais et cela se sentait dans chacun de mes mots.


« Fais attention, tu ris de ma sœur et je ne suis pas très tolérante envers les personnes qui se moquent d'elle. »

J'avais eut du mal à choisir mes mots, je voulais lui faire comprendre que je n'appréciais pas tout en gardant mon calme. Si l'effet sonnait à peu près bien à mes oreilles, il ne devait pas en être de même aux siennes. Je m'en foutais, le tout était qu'il comprenne.

L'expérience avait été étrange, j'avais cru ne jamais y arriver, ne jamais parvenir à lire quoi que ce soit mais j'avais clairement vu l'arène, les murs, les gradins. L'image, nette et claire, avait subitement disparu au fil de ma déconcentration. J'étais ravie de l'expérience et j'en avais oublié qu'il n'était qu'un Soumis. Il restait un être humain.


« J'ai vu l'image comme si je la voyais de mes propres yeux, c'était vraiment étrange mais elle a disparu aussitôt. » je marquais une pause avant de sourire finalement, « je crois que je n'étais pas assez concentrée pour la maintenir ! »

J'avais été tellement surprise que cela fonctionne qu'au final, j'avais perdu le lien infime mais étrange qui me liait à lui.
Il était gentil et attentionné. Il savait que c'était pour moi la première fois que je m'introduisais dans les pensées de quelqu'un et c'était la raison pour laquelle il avait pensé à quelque de simple, de grand et de présent autour de nous. Il était bien loin de ce que je pensais de lui, et je devais bien admettre que j'avais eut tord de croire que tous les hommes étaient tels qu'on les décrivait. Tels qu'on les croyaient. Sa réaction ne me surpris pas, il devait sans doutes me trouver idiote de le lui avoir avouer et je me sentais en tout cas bien honteuse d'avoir avoué ce détail. Ils comptaient bien sur, mais c'était juste que ….


« Vous comptez tu sais, et détrompe-toi, je ne connais pas toutes les Amazones de Muria, bien loin de là. Mère connait chacun d'entre vous, elle connait vos noms, peut-être vos histoires ainsi que celles de chaque Amazone, elle a une bonne mémoire mais moi … j'ai passé seize années de ma vie à croire que mon père nous avait abandonné, à le haïr pour cela. J'ai cru que tous les hommes étaient les mêmes, traitres, égoïstes … au final, je me disais que les Soumis ne servaient à rien d'autre qu'à nous permettre de faire justice. Finalement, j'avais tords. »

C'était assez difficile à reconnaître mais après tout, c'était mon erreur et plus personne ne devrait en pâtir.

« Oh je ne dis pas que je vous aime bien, au contraire, je reste persuadée que la plupart des hommes sont comme je l'ai décris, mais j'ai appris qu'il existait des exceptions et qu'elles valaient la peine de ne pas vous ranger tous dans le même sac. »

Oui, j'avais vraiment changé, ça n'allait pas trop là ! Où était passée celle qui l'aurait découpé en morceaux pour avoir ri de sa cadette ? Pour lui avoir fait dire trop de choses sur elle-même ? Cette Eléa était bien loin visiblement …

« Je suis surement un cas isolé tu sais ! Je sors rarement du palais au point même que je n'ai jamais suivi un seul entrainement avec des Sentinelles alors de là à dire que j'ai parlé aux Soumis … la plupart des Amazones n'ont pas mon statut et elles, vous connaissent. »

Je souriais en pensant à ma bêtise. Toutes ces années passées à croire que j'étais supérieure aux hommes, peut-être même aux femmes. J'avais fait tellement de mauvais choix, de mauvaises rencontres et pris de mauvaises décisions. Une vie suffirait-elle à effacer tout cela ? Je crois que je n'en étais pas sure et qu'au fond, je m'en foutais royalement.
Ashrand était quelqu'un de modeste non ? Un peu trop à mon goût mais je ne relevais pas ce qu'il venait de me dire. Il avait raison sur un point, si je devais devenir Reine un jour, je devais apprendre à les connaître, un minimum, pour savoir comment me comporter avec eux et quoi penser d'eux. Je commencerais donc par lui. Il me proposa une chose très alléchante certes mais irréalisable. Ma fierté venait d'en prendre un gros coup … Même s'il pensait à son passé, il était sans doutes trop lointain pour que je parvienne à le saisir et l'expérience de tout à l'heure combinée à mon entrainement .. j'étais fatiguée.
J'avais envie de tenter pourtant, de savoir mais je savais que je n'obtiendrais rien. Devais-je passer pour une idiote une nouvelle fois en acceptant mes faiblesses ou tenter au risque de … de quoi d'ailleurs ? Je ne savais même pas de quoi j'étais capable si je venais à pénétrer ses pensées dans cet état. Pour la première fois de ma vie, je pensais à la vie de quelqu'un d'autre ….


« Crois-moi, ta proposition me fait vraiment envie, mais... je suis fatiguée et j'ignore les conséquences que cela pourrait avoir sur toi si je me plantais. Je ne préfère pas ... »

Je détestais avoir à l'admettre, je me sentais faible, les choses m'échappaient une nouvelle fois …

« Si je te tuais pas inadvertance, car je ne connais pas cette partie du don de l'Esprit, je me sentirais coupable d'avoir pris une nouvelle fois la mauvaise décision. Si je dois apprendre quelque chose de toi, ce sera à toi de me le dire … »

J'enrageais intérieurement contre moi-même d'être aussi faible et de me sentir si peu utile. Si seulement j'avais été plus douée avec l'Esprit, j'aurais pu apprendre tout cela facilement au Temple la dernière fois mais non évidemment !

« Faisons un échange » tentais-je pour me redonner un peu le moral, « tu ne sembles pas connaître grand chose de la famille royale ou des femmes qui t'entourent, et moi, je ne connais rien de vous, les Soumis. Alors disons que je répondrais à tes questions si tu en as en échange … »

Ca dépendrait des questions mais j'étais prête à faire un certain sacrifice pour en apprendre plus. La vie n'était pas toujours simple, il fallait parfois accepter de se sacrifier … Philéa l'avait fait pour les Cydiens et à mon échelle, je venais de sacrifier ma fierté pour lui proposer ça et admettre mes faiblesses. C'était déjà un exploit.

[ Aaaah j'étais trop tentée d'accepter mais en fait, je me suis dit que vu qu'elle est fatiguée et qu'elle ne maitrise pas ce côté de l'Esprit ce n'était pas possible, dégoutée XD ]
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Ashrand
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   [151][DP] Un nouveau jour se lèvera sur Muria (pv Ashrand) (fini) EmptyMar 12 Juil - 13:07

Elle ne voulait donc pas accéder à ses souvenirs, ou plutôt ne s'en sentait pas capable. C'était logique d'un côté. Étant donné que la Princesse ne semblait avoir qu'une maîtrise partielle de l'Esprit, accomplir quelque chose d'aussi complexe relèverait de la chance. Autant dire que le résultat serait plus qu'incertain. Le Soumis ne pouvait pas lui en vouloir car après tout elle avait aussi argumenté sa décision en avançant qu'elle ne souhaitait pas attenter à sa vie. Touchant.

« Depuis quand vous préoccupez-vous de la vie d'un Soumis ? »
plaisanta-t-il, tout sourire.

Les Amazones avaient parfaitement le droit de vie ou de mort sur lui alors qu'une d'entre elles, l'héritière de surcroît, ne veuille pas prendre de risque pour lui... C'était étrange: même si c'était peu de chose, il était touché que la Princesse réagisse ainsi, un peu gêné aussi du coup.
Certes, toutes les Amazones n'étaient pas des barbares prête à tuer mais le Cydien ne doutait pas un seul instant que ça ne les arrêterait pas s'il leur proposait de faire quelque chose où il mettrait sa vie en danger.

« Soit, votre proposition me convient. Que voulez-vous savoir à propos de moi ? J'imagine que je vais commencer par la vie que je menais avant d'arriver ici, comme vous me l'aviez demandé. Cependant je dois vous avertir : ça risque d'être ennuyeux car, contrairement à vous, mon histoire est très banale. »

Il n'avait pas tort. Lui ne pouvait se vanter d'être l'héritier du trône, d'être le meilleur gladiateur de la cité ni même d'avoir abattu un Cavalier de l'Apocalypse. Non, il ne pouvait rien dire de tout cela. Il vivotait paisiblement dans une famille cydienne et c'était tout. Rien de vraiment hors-du-commun donc. Il risquait fort de la déranger avec son histoire plus que commune, par conséquent il ne lui fit qu'un bref exposé de ce qu'étais l'existence qu'il avait avant de rencontrer les Sentinelles dans la forêt.

« Je ne sais pas vraiment pas où commencer. Bah je me lance, dites-moi s'il vous faut plus de détail.
Je suis né et j'ai vécu à Cydonia pendant une grande partie de ma vie. Ma mère était une alchimiste reconnue et mon père un marchand itinérant, voyageant de villes en villes pour vendre ses produits. Nous ne roulions pas sur l'or mais je crois pouvoir dire que nous avions une situation assez aisée comparée à d'autres. Grâce à cela, j'ai pu jouir d'une éducation correcte mais l'école m'intéressait peu voire pas du tout. En vérité je rêvais d'être soldat, de pouvoir porter l'étendard de Cydonia jusqu'au cœur d'une bataille. »


Ah, quel rêve de gosse. Le Soumis avait rapidement abandonné cet objectif après avoir été traîné à Muria. Sortir d'ici et retrouver la liberté lui suffisaient amplement à présent quoiqu'il mentirait s'il disait qu'il était malheureux dans la cité Amazone.

«  Bref, ça et ce que j'oserais appeler ma « crise d'adolescence » ont fait que mes relations avec ma mère étaient plus que tendues. On se disputait pour un rien et je m'emportais pour des broutilles, juste pour le plaisir de la contredire. Puéril n'est-ce pas ? Enfin j'imagine que tout le monde est un peu rebelle durant cette période, pas vous ? Par la suite j'ai accompagné mon père durant ses voyages. Une longue année à faire du commerce. Faute de suivre un entraînement de soldat, mon père m’exerçait à l'épée et était beaucoup plus agréable à vivre que ma mère. Finalement il me transmit son goût pour le voyage, la nature et tout cela. »


Il arrivait peu à peu à la partie la plus dure à expliquer de son récit. Eléa s'en fichait plus que probablement mais s'il voulait expliquer comme il était arrivé à Muria, nul autre choix que de conter les événements de cette nuit.

« Un jour, nous nous sommes arrêtés pour la nuit dans la forêt, la forêt amazone j'entends, et je devais prendre mon tour de garde. Vous savez, on n'est jamais sûr de rien. J'étais persuadé du contraire, que tout se passerait bien. Si seulement j'avais su ... »

Il passa sa langue sur ses lèvres rendues sèches et poussa un long soupir empreint de tristesse avant de continuer

« J'avais tord. Oh oui, j'étais loin de la vérité. On s'est fait attaqué par des bandits ou je ne sais quoi et la plupart des gens avec nous se sont fait tués, mon père aussi. Moi, j'ai fuis comme un lâche ...
Ils voulaient vraisemblablement nos richesses et tout le reste mais était-ce nécessaire de faire un tel massacre ? Par la suite j'ai erré pendant plusieurs jours, blessé et affamé, dans la forêt jusqu'à ce que je tombe sur une patrouille de Sentinelles et que j'aie le génie de m'attaquer à elles. Je crois que je ne me suis jamais fait étalé aussi facilement de toute ma vie. »


Il partit d'un rire un peu forcé pour se remonter le moral tout seul. Peu importe le nombre de fois qu'il en parlait, il se sentait toujours aussi coupable de cette tragédie. Nouveau soupir.

« La suite vous la connaissez vu qu'elle est la même pour chacun d'entre nous : on m'a amené ici et depuis je sers Muria. Palpitant hein ? »

Une petite pointe d'ironie pour finir. Voilà, il avait livré cette part de sa vie que peu connaissaient car les femmes s'intéressaient rarement à la vie des Soumis de la cité.

« Ca s'est passé il y a trois ans. » précisa-t-il, se rendant compte qu'il n'avait pas donné de repère temporel et que cela aurait tout aussi bien pu se passer hier.

A son tour, qu'allait-il demander ? Il avait bien plusieurs question qui lui trottaient dans la tête mais vu qu'elle concernaient la famille royale, il ne lui était pas aisé de savoir s'il pouvait ou non les poser.

« Ahem, j'ai moi plusieurs question du coup. Maintenant que je vous ai raconté tout cela, parlez-moi un peu de vous, Princesse, sinon j'aurais vraiment l'impression que c'est un interrogatoire où il n'y à que moi qui passe aux aveux, enfin si vous n'y voyez rien d'indiscret bien sûr. »

La passé de la fille aînée de Philéa l'intéressait, mine de rien. Elle vivait ici depuis toujours et dans la plus haute classe sociale, le Soumis tenait de ce fait à en savoir un peu plus sur celles qui regardaient les hommes de haut.

« On m'a dit qu'avant, avant le règne de la Reine Philéa, le régime des Soumis était plus strict, c'est vrai ? Enfin je n'insinue pas par là que vous êtes suffisamment vieille pour avoir connu ça, juste que vous devez peut-être en savoir plus que moi sur vos prédécesseurs. »

Combien de centaines d'hommes avaient résidé ici ? Beaucoup, oui mais combien avaient eu à faire à des femmes moins « gentilles » ? Ashrand imaginait bien qu'au début, à la fondation du village, les blessures de ces femmes étaient si profondes que les hommes devaient tout simplement être maltraités.

« Rassurez moi, la Reine n'a tout de même pas l'intention de prolonger la peine, n'est-ce pas ? C'est juste qu'après en avoir purgé la moitié, ça ne me plairait pas vraiment de voir celle-ci s'allonger encore. »

Il ne savait pas s'il allait trop loin. Le fil de ses pensées l'avait conduit jusque là mais à présent, il critiquait presque le système mis en place par la mère de son interlocutrice. Peut-être que son air pur et innocent aiderait à faire passer cela un peu mieux... Et puis ce n'était pas vraiment une critique, il s'inquiétait simplement de son sort et de ce que lui réservaient les Amazones à l'avenir.



[Voilà, désolé c'est très bof. J'ai du bidouillé ça en quatrième vitesse pour ne pas bloquer ça pendant cinq jours. ^^']


Dernière édition par Ashrand le Lun 18 Juil - 18:18, édité 1 fois
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Re: [151][DP] Un nouveau jour se lèvera sur Muria (pv Ashrand) (fini)
   [151][DP] Un nouveau jour se lèvera sur Muria (pv Ashrand) (fini) EmptyDim 17 Juil - 2:25

L'humour du jeune Soumis ne parvint pas à mes oreilles de la même façon qu'il avait du le formuler. Je me sentais suffisamment stupide d'avoir admis mes faiblesses devant lui pour qu'il n'ai pas besoin de se sentir obligé de se moquer de moi. La fatigue devait jouer beaucoup sur mon humeur certes mais il avait touché un point sensible. Pourquoi me souciais-je de lui après tout ? Il avait raison sur ce point. Pourquoi me préoccuper de la vie d'un simple Soumis ?

« Mieux vaut connaître ses amis comme ses ennemis. » répondis-je d'un ton détaché.

S'il m'intéressait, c'était avant tout parce que je ne savais rien des Soumis. J'étais curieuse, je l'avais toujours été au grand damne de ma mère par le passé, et savoir par quoi ils étaient passés et ce qu'ils ressentaient me permettrait sans doutes de déterminer si je devais me méfier d'eux ou pas. En réalité, je savais qu'il fallait me méfier d'eux, j'en avais eut la preuve en début d'année dernière lorsque l'un d'entre eux, qui avait fui la cité, avait attenté à la vie de Jelenna et à la mienne. Ces bâtards n'avaient même pas la gentillesse de nous remercier de les laisser en vie, pire que tout, ils n'étaient que des chiens n'hésitant pas à se retourner contre leur maitres pour sauver leur misérable vie … il avait été prêt à tuer une gamine de sept ans pour parvenir à ses fins ! Ce souvenir m'énervait toujours autant certes mais j'avais appris en chemin qu'il ne fallait pas mettre tout le monde dans le même sac. Si l'un d'entre eux avait été assez stupide pour croire qu'il obtiendrait le pardon du peuple amazone après avoir essayé d'en tuer ses princesses, il se fourvoyait ! Toutefois, les autres n'étaient peut-être pas aussi stupides. Je devais savoir à qui j'avais à faire pour que le moment venu, je ne sois pas prise au dépourvu.

J'écoutais avec attention ce que le jeune homme avait à me dire. Dans un premier temps pour les raisons que j'avais déjà exposées, dans un second, par simple curiosité. Parce que finalement, il était plutôt gentil et que je voulais connaître son histoire. Peut-être avais-je aussi une vision erronée du peuple amazone. En apprendre davantage sur lui me dirait si oui ou non mes sœurs étaient aussi redoutables envers les hommes que je n'avais pu l'être durant cette mission ou que la légende urbaine ne le disait.

Le début du récit n'était pas bien différent de celui de la plupart des enfants. Un père, une mère, une vie tranquille sans encombre. Comment une vie si simple avait-elle pu le conduire à l'état de Soumis ne pus-je m'empêcher de me demander. Son adolescence ressemblait fortement à la mienne et je me contentais de sourire lorsqu'il me demanda mon avis sur la question. Il était fort à parier que la plupart des enfants passaient par une période relationnelle difficile avec leur parents, même si dans le cas d'Ashrand, il s'agissait seulement de sa mère. Dans tous les cas, j'étais mal placée pour le contredire vu l'état de mes relations que ce soit avec ma mère ou avec mon père. Si j'avais souri lorsqu'il avait évoqué la facilité de vivre avec son père plus qu'avec sa mère, je devais me contenter de l'écouter quand il annonça la suite des évènements.

Des brigands dans la forêt de Muria ? Sans doutes une troupe de Sentinelles avait du s'en charger car la forêt était des plus sures en règle générale. De toute façon, il fallait bien avouer que si danger il y avait, nous n'avions pas trop de mal à le faire disparaître à notre façon ! Le jeune Soumis n'avait pas eut de chance et je ne pouvais que compatir. Seul un cœur de pierre n'aurait pas compatis à la perte d'un être cher. Cependant, la fin de son récit me fit sourire.


« Quelle idée en effet de s'attaquer seul à nos Sentinelles ! »
riais-je avec lui même si je savais qu'il se forçait.

La suite oui, je la connaissais.
Les hommes étaient conduis dans la cité pour la servir durant un certain nombre d'années, dont j'avais oublié le nombre d'ailleurs parce que ça ne m'intéressait pas. Certains restaient dans la cité une fois leur peine purgée parce qu'ils avaient trouvé une femme suffisamment bête pour les garder, mais la plupart rentraient chez eux sans demander son reste. Beaucoup devaient nous haïr mais ça n'avait pas l'air d'être le cas du Soumis, du moins pas totalement.


« En d'autres termes, tu as été quelque part sauvé par nos Sentinelles. Seul, tu serais mort. » avais-je lâché avec une certaine hésitation.

Pouvait-on vraiment voir cela comme un sauvetage ? Si c'était son cas, ce ne devait pas être celui de la plupart des autres Soumis. Le système amazone était cruel certes mais c'était une vengeance pour ce que les hommes leur avait fait subir non ? Un juste retour des choses en somme. Vraiment ?


« Tu regrettes ta vie d'avant ? Tu aimerais retrouver ta mère ? »

Les questions étaient venues malgré moi. Quelque part, qu'est ce que j'en avais à faire de sa vie ? De ses réponses et de son mal être ? Qui se préoccupait du mien ? Je laissais de côté cela faute de pouvoir trouver les réponses à mes questions muettes.

Sa demande me fit sourire.
S'il le voulait, il pouvait en apprendre plus sur moi, je m'en moquais. Les informations sur mon passé ne risquaient pas de devenir un jour des armes à retourner contre moi alors à quoi bon jouer la carte de la princesse inaccessible. Je l'avais dit, c'était du donnant-donnant et je tenais parole, toujours. Sa première question était étrange à mes yeux, s'il estimait notre régime moins strict, pourquoi vouloir connaître le passé qu'il estimait être pire ?


« Ma grand-mère était quelqu'un de bien, autant que je me souvienne du moins. Je ne pense pas que ma mère ait été bien différente. En revanche, le règne de la première reine fut plus chaotique. Nessa était une reine assoiffée de pouvoir qui n'hésitait pas à faire souffrir les Soumis comme ses propres sœurs. Peu de Soumis le savent, mais elle n'hésita pas à saigner nos propres rangs pour assoir son pouvoir. Elle torturait, violentait, manipulait, tuait. Nessa est une folle sanguinaire … »

Rien que de repenser à cette « femme » me mettait hors de moi. Qu'elle ai pu un jour diriger notre cité me mettait hors de moi. Comment tant de cruauté avait pu se retrouver un jour à la tête de la cité des femmes libres ?

« Je pense que les premiers jours de Muria ont été rougis par le sang des hommes morts torturés ou exploités. La plupart des femmes ici ont été maltraitées, violées ou pire. Il est normal qu'à l'époque du premier exode, elles se soient vengées tu ne penses pas ? »

Je partageais la souffrance de ces femmes tout comme je partageais le fait qu'elles se soient vengées même si quelque part, elles s'étaient montrées aussi cruelles que ce qu'on leur avait fait subir. Les agneaux s'étaient retournées contre leur berger et le monde n'avait pas pu le supporter tandis qu'il supportait bien leur souffrance.


« Je comprends leur choix même si je ne les cautionne pas forcément mais après tout, qui a un jour été choqué par le sort des femmes torturées, violées, violentées ou encore exploitées ? Personne. Alors pourquoi nous préoccuper du votre ? »

On y était, l'éternelle question du qui avait commencé le premier. Eux, c'était évident.

« Pourquoi nous en vouloir de vous faire subir ce que bon nombre de femmes ici ont subi en silence avant de recouvrer leur liberté ? »


C'était quelque chose que je ne comprenais pas. Il n'y avait pas de colère dans ma voix, simplement une incompréhension flagrante.

La dernière question me surprit … quelque part, elle me fit de la peine. Nous pensait-il suffisamment cruelles pour faire ça ?


« Mère est une femme de parole, pourquoi craint-tu qu'elle augmente votre peine ? »

Finalement, je répondais à ses questions ...

[ Désolée du temps de réponse =x ]
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Ashrand
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Re: [151][DP] Un nouveau jour se lèvera sur Muria (pv Ashrand) (fini)
   [151][DP] Un nouveau jour se lèvera sur Muria (pv Ashrand) (fini) EmptyMar 19 Juil - 11:20

Voilà, Ashrand avait livré ce qu'on lui avait demandé, à savoir conter sa vie lorsqu'il était encore un homme libre. A présent il attendait le réaction et les éventuels commentaires de la jeune Princesse. Que cette dernière s'intéresse à son histoire le laissait ... perplexe : qu'avait-elle à y gagner ? Connaître la vie d'un Soumis changerait quelque chose à la sienne ? Non, bien sûr que non. Sitôt qu'il s'en serait allé qu'elle oublierait et son visage et cette discussion, quoique plutôt agréable. Pour une fois qu'il avait un échange avec un femme qui ne se limitait pas à un ordre ou à une réflexions désobligeante, autant en profiter. Pouvoir parler normalement avec un membre du sexe opposé lui faisait du bien même s'il ne s'en rendait pas forcément compte.
L'une des seules femmes avec qui il pouvait avoir une conversation constructive était Kiera mais la pauvre était bien trop occupée par son poste de chef des Sentinelles pour que le Soumis n'aille l'importuner, la déranger trop souvent. Sans aucun doute avait-elle autre chose à faire que de perdre son temps avec l'un des innombrables serviteurs masculins qui peuplaient la cité. Lui ne s'en plaignait pas car c'était un véritable plaisir que de passer du temps avec elle, bien que cela soit rare et bien souvent de courte durée. Peut-être que cette tendance à toujours chercher un contact avec les autres cachait un réel manque d'affection, qui sait ... ?
Certes il y avait aussi les autres hommes de la cité mais ils étaient en quelque sorte des compagnons d'infortune. De vrais liens naissaient rarement et ceux-ci se faisaient souvent plus par la force des choses que par la volonté.

La première réflexion d' Eléa eut pour effet de peindre un sourire légèrement plus sincère sur son visage.

« Dois-je comprendre par là que vous me voyez comme un ennemis potentiel ? »

Cette idée l'amusait. Lui, l'homme le plus inoffensif de Muria, un ennemi !? D'autant plus qu'il avait l'air de tout sauf de quelqu'un de dangereux. Le Cydien se demanda comment elle était parvenue à se méfier de lui. C'est vrai, il avait une bonne bouille et cet air sympathique et ce, à tel point qu'il faudrait être sacrément paranoïaque pour voir en lui un danger.

« En réalité vous voyez tous les hommes comme de possibles menaces, je me trompe ? »


C'était une conclusion plausible. Pour vivre parmi eux, Ashrand savait que même si la plupart des hommes présents ici n'étaient pas foncièrement mauvais, certains vouaient une haine farouche à l'égard de la gente féminine à cause de ce qu'elle leur avait fait. Ceux-ci même et d'autres encore n'hésiteraient sans doute pas longtemps à se montrer violent envers elles si l'occasion se présentait ou si la nécessité le voulait. Les fous qui osaient lever la main sur une Amazone connaissaient un sort que personne ne voudrait. D'autres, plus fourbes, se servaient des femmes à leur manière. Ils trouvaient une personne assez naïve et lui promettaient monts et merveilles et cette pauvre femme était utilisée par son amant pour qu'il puisse avoir une vie plus confortable.
Quelle méthode méprisable !
Se jouer ainsi des sentiments de quelqu'un était une façon d'agir que le jeune homme détestait, peu importe la raison.

Son deuxième commentaire lui arracha un rire discret : qu'elle pointe ainsi sa bêtise avait un côté drôle. Et puis, lui aussi s'amusait à cela alors pourquoi pas elle ?

« Que voulez-vous que je vous dise ? J'étais seul et terrifié alors quand j'ai vu des Sentinelles débarquer en criant de me capturer, j'ai paniqué. Je reconnais volontiers que ce n'était pas la façon la plus judicieuse d'agir mais peu importe quels auraient été mes actes, j'aurais inévitablement fini ici. Je ne pense pas qu'elle m'auraient laissé repartir si je le leur avait demandé, à moins qu'un jeune adolescent apeuré ait pu ébranler leurs convictions mais ça, j'en doute vraiment. »


Que dire d'autre ? Dès le moment où les guerrières l'avaient aperçus, il avait déjà un pied à l'intérieur de Muria tant ses chance de s'en sortir libre étaient nulles. S'enfuir était impensable étant donné l'état dans lequel il se trouvait à ce moment-là et puis même s'il aurait été au mieux de sa forme, elles auraient bien fini par le rattraper dans la forêt. Aussi, comme elle venait de le dire à l'instant, ces femmes aussi violentes se soient-elles montrées l'avaient soigné et remis sur pieds -pour le faire travailler ensuite mais passons ce détail- alors que rien ne les incitait à faire cela.

« Oui, c'est ainsi que je vois les choses. J'ai eu la chance et la malchance de tomber sur une patrouille d'Amazones. Sans elles, je ne serais sûrement plus là pour en parler et pour cela je les remercie. J'avoue quand même que six ans est une lourde dette dont je dois m'acquitter en échange. »

Simple constatation de sa part. D'un côté il leur était reconnaissant de lui avoir ainsi permis de continuer à vivre mais d'un autre, c'était sa liberté qui était partie en fumée.

« Mais je ne devrais pas m'en plaindre, quel prix est assez élevé pour les remercier ? »

Aucun. Rien ne valait une vie. Ashrand le savait et cela l'avait convaincu de finalement se tenir tranquille durant sa période de Soumission.

L'héritière lui demanda si son ancienne vie lui manquait, s'il désirait mener sa vie comme autrefois. La question ne se posait même pas. Évidemment qu'il souhaitait rentrer chez lui !

« Ça se voit tant que ça, que j'ai hâte de partir ? Pour tout vous dire, oui, je regrette ma vie d'avant. J'imagine que j'étais trop jeune à l'époque pour me rendre compte de la chance que j'avais de pouvoir vivre comme les autres, libre. D'autre part, je sais que tout aura changé car rien ne reste jamais pareil, d'autant plus si je prends en compte le temps qui se sera écoulé depuis ma dernière visite à Cydonia. En fait, je serais déjà content d'avoir juste des nouvelles de ma mère. Vous savez, avec la guerre qui s'est portée jusqu'aux portes de la ville, je suis un peu inquiet pour elle. »

Menées par le Cavalier de la Guerre, les hordes erathiennes s'étaient heurtées à l'armée cydienne et avait été repoussées mais le Soumis ne savait absolument pas si les citoyens avaient subi quelconque dommage. Ça ne l'arrangeait vraiment pas d'être ainsi désinformé dans le village Amazone. Ici, il apprenait toujours tout avec une longueur de retard et ça ne lui plaisait pas vraiment d'ignorer ce qu'il se passait à l'extérieur.

Le jeune Soumis écouta alors Eléa lui parler de son ancêtre. Apparemment ce devait être une bonne personne, enfin du point de vue d'une femme. Sans doute ne devait-on pas la trouver aussi géniale quand on faisait partie de la plus basse classe sociale. Cependant il ne l'interrompit pas et la laissa continuer jusqu'à ce qu'elle lui révèle comment était la toute première souveraine de Muria. Il en avait vaguement entendu parler. Nessa, première Reine de la cité, n'avait pas hésité à écraser quiconque menaçait sa position, homme ou femme. C'était dirigée par un tyran que Muria avait été érigée et ce fut ainsi jusqu'à ce que la dictatrice s’éteigne. Comme quoi les femmes aussi avaient pris cher.
Comment pouvait-il formuler sa prochaine réponse sans offenser la Princesse ? Difficilement, pour sûr. Il serait subjectif même sans le vouloir.

« Si vous vous attendiez à ce que je vous dise que je trouve ça totalement juste de s'être vengée de la sorte, vous risquez d'être déçue. La violence est rarement la meilleure solution vous savez. Je vais être franc avec vous : même si je n'approuve pas ce qui a été fait, je peux comprendre les motivations de ces actes. »


Dans se paroles ne sonnait aucun reproche. Essayant d'adopter un ton aussi neutre que possible, Ashrand lui exposait du mieux possible la façon dont il voyait les choses.

« Seulement depuis soixante ans, les Amazones originelles ont été remplacées par leur descendance et je pense qu'actuellement, les femmes ont de moins bonnes raisons de détester les hommes. C'est vrai, la plupart des Amazones ne sont jamais sorties de Muria et ne connaissent de l'autre sexe que ce qu'on leur en a dit. Éduquées par celles qui vouaient une haine sans borne aux hommes, je crois que la majorité des femmes n'ait pas pu se faire sa propre opinions à notre sujet. Je sais que le fait que ce soit un Soumis qui vous dise ça me discrédite totalement mais c'est vraiment comme ça que je ressens ce qui se passe ici. Les plus jeune Amazones ne savent même pas pourquoi elles détestent les hommes et le font juste parce qu'on leur a dit de le faire. »

Voilà, c'était dit. Le Cydien était persuadé qu'il allait s'attirer les foudres de la fille aînée de Philéa mais c'était rarement dans ses habitudes de se montrer hypocrite. Kiera le lui avait déjà dit, sans doute ne devrait-il pas se montrer aussi franc car toutes ne se montreraient pas aussi clémentes que la Chef des Sentinelles. Mais bon, c'était dans sa nature et cela, il ne pouvait le changer.

« Par contre vous marquez un point. C'est vrai qu'à l'extérieur, il y a une certaine discrimination des femmes, dans certaines régions du moins. Mais vous généralisez beaucoup en disant que personne n'y prêtait attention. Et puis, franchement, vous vous sentez plus heureuse de faire subir la même chose aux hommes ? Est-ce que ça vous a réellement apporté quelque chose de nous torturer, violer, violenter et exploiter ? »

Ce n'était pas un hasard s'il avait cité mot pour mot les paroles d'Eléa, juste que ça donnait plus d'impact. Il n'étaient certes pas violentés et exploités à tout-va mais étant donné qu'elles avaient tous les droits sur eux, il n'aurait pas été étonnant que ce soit le cas pour certains Soumis peu dociles. Ashrand, lui, ne se plaignait pas vraiment de la façon dont il était traité. Plutôt obéissant, il pouvait même jouir de quelques avantages comme pouvoir sortir de la cité à quelques rares occasions.

« Je vous en ai voulu au début car je ne comprenais absolument pas pourquoi nous étions traité ainsi. Même quand je l'ai su, j'avais du mal à accepter les manières employées mais peu à peu, j'ai compris que ça ne servait à rien de continuer ce petit jeu. C'est un cycle sans fin, chacun en veux à l'autre et à l'allure où vont les choses, ce n'est pas prêt de s'arrêter. »

Oui, longtemps il avait détesté ces femmes si cruelles envers eux pourtant, au fil du temps, il s'était rendu compte qu'une certaine cohabitation était possible tant que les deux côtés montraient un tant soit peu de bonne volonté. Au final, il suffisait leur montrer que les hommes n'étaient pas tous des Croque-mitaines pour qu'elles aussi révèlent ne pas être d'aussi impitoyables maîtresses qu'on le disait, même si ça restait quelques cas isolés. Pour une Amazone, accepter qu'un homme était lui aussi un être humain et qu'il méritait de vivre dignement revenait à renier tout ce qu'on lui avait inculqué dès son plus jeune âge.

« Pourquoi ? Et bien tout simplement parce que ça ne m'arrange pas vraiment. Mettez-vous à ma place, que penseriez-vous si on vous promettais la liberté après six ans de servitude pour enfin vous dire que c'était une blague et qu'il vous faudra vivre en captivité pour quelques années encore. Enfin si vous me dîtes que votre mère la Reine tiendra parole, je ne mettrais pas vos dires en doute une seule seconde. »


Tout en parlant, il s'était hissé sur le rebord en pierre des gradins afin d'être mieux installé. Non pas que rester debout le fatiguait mais après une journée de travail il était bien content de pouvoir s'asseoir quelque part. Et puis c'était plus simple de réfléchir posément en étant à l'aise.

« Si ce n'est pas indiscret, j'aimerais vous poser cette question : J'ai eu vent que Sa Majesté était enceinte mais que fera-t-elle si jamais elle enfante d'un garçon ? Cela ne risque-t-il pas de poser quelques problèmes ? Enfin je veux dire, va-t-elle le renier même si c'est son enfant ? »


Le Soumis c'était déjà posé cette question par le passé mais il ne savait pas vraiment qui interroger. Les membres de la famille royale étant les mieux placés et maintenant qu'il en avait un sous la main, autant en profiter pour assouvir sa curiosité.

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Reine Amazone
Eléa
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   [151][DP] Un nouveau jour se lèvera sur Muria (pv Ashrand) (fini) EmptyJeu 21 Juil - 4:26

Je n'étais pas du genre patiente et pourtant, cela faisait un bout de temps maintenant que je discutais avec le Soumis dont j'avais du mal à me souvenir du nom. Ashrand, c'était un nom peu commun et s'il avait pour moi plus de sonorité Astorg que Cydienne, j'avais retenu de son histoire qu'il aimait particulièrement sa cité d'origine ou plutôt, les gens qui y vivaient. Je ne pouvais nier que la discussion était des plus intéressante et des plus apaisantes malgré les sujets qu'il s'évertuait à vouloir aborder et que j'aurais qualifiés de « sensibles ». Depuis combien de temps n'avais-je pas eut une conversation de ce genre ? Sans arrière pensée, sans jeu de stratégie ou sans rien derrière. Chercher des informations, dénouer ce qu'on me disait pour comprendre ce qu'il fallait réellement entendre quand on me parlait … tout cela était fatiguant et je devais bien reconnaître que je n'aurais jamais pensé avoir une telle discussion avec quelqu'un un jour de la catégorie des Soumis ! Comme quoi, j'avais sans doutes une bien mauvaise opinion sur beaucoup de choses … il était peut-être temps de me faire mes propres impressions, mes propres opinions sur les choses et les gens et cette discussion me le prouvait.

« Un ennemi aurait déjà péri or tu m'as l'air bien en vie pour quelqu'un de mort non ? » le taquinais-je.

Ashrand était quelqu'un d'agréable qui faisait planer le doutes quant à notre mode de vie. Il était évident qu'il était un homme bon, il devait bien avoir des défauts certes mais qui n'en avait pas ? Il n'émanait de lui aucune agressivité, aucune méchanceté ni même cette haine caractéristique des Soumis envers les Amazones. C'était à n'y rien comprendre si on s'en tenait à ce que l'on nous apprenait dès notre plus jeune âge. Non pas qu'on cherche à nous dire que tous les hommes étaient des monstres, bon nombre de petites filles ne croiraient pas de tels mensonges en voyant leur père le soir à la maison les prendre dans leur bras, non. Mais on nous apprenait à nous méfier des hommes, à nous méfier de leur force et de leur côté manipulateur. Finalement, en voyant le Soumis qui se tenait devant moi, j'aurai pu me dire qu'il était un cas d'école parfait pour apprendre à nos petites Amazones combien l'humanité était diverse et variée. Certes il fallait se méfier, mais il fallait aussi peut-être apprendre à ne pas être autant sur nos gardes or ce défaut se retrouvait chez bon nombre d'adultes de Muria ! Moi y comprit peut-être.

Ashrand en était venu aux mêmes conclusions que la plupart des enseignantes de la cité. Oui, pour bon nombre de femmes, les hommes constituaient une menace, un mal à éviter le plus possible. Certaines allaient même jusqu'à dire qu'ils ne servaient qu'à perpétuer l'espèce mais heureusement pour nous, elles se comptaient sur les doigts de la main ! Etrangement, que le Soumis me le dise me fit quelque chose de bizarre. Il était vrai que nous donnions un exemple étrange aux enfants de la cité. Des sœurs pouvaient-elles se méfier de leur frère comme d'un inconnu ? A mon sens non.


« La plupart des femmes de la cité ont été un jour blessées ou meurtries par des hommes aussi, elles enseignent à leur fille à se méfier de vous. Nous n'apprenons pas la violence, seulement la méfiance envers vous. Peut-être avons-nous tord mais cela nous a permis de vivre en paix depuis des années … Et puis, certains hommes sont violents même entre nos murs, voudrais-tu que nos filles soient blessées à leur tour ? »

Je n'avais jamais songé que notre façon de voir les hommes était peut-être la source de leur violence, pour moi, ils étaient forts et brutes par nature et certains, des exceptions, avaient l'intelligence soit de ne pas le montrer, soit d'effacer ce trait de caractère chez eux. D'autres, encore plus rares, avaient été épargnés par Dame nature. Ni plus ni moins. La réponse du Soumis eut raison de mes pensées et me fit revenir à l'instant présent aussi surement qu'une claque.

« Nous prends-tu pour des sauvages ? Nous ne vous capturons que parce que vous cherchez notre cité ! Peut-être n'était-ce pas ton cas mais en les attaquant, mes sœurs ont surement crus que tu en voulais à leur vie et donc, à Muria ! »

La colère commençait à pointer le bout de son nez. C'était logique non ? En s'attaquant aussi bêtement à des Amazones sans chercher à leur expliquer la situation, il était évident qu'il allait se faire capturer. Peut-être fallait-il mettre cela sur le compte de la jeunesse mais en aucun cas sur une éventuelle tradition Amazone ! Il n'y avait pas si longtemps, j'avais moi-même raccompagné un jeune curieux qui se prétendait forgeron et voulait en apprendre plus sur nos armes à la lisière de la forêt ! Comme quoi il avait tord non ?
Je ne répondais pas à la dernière réflexion du jeune homme, m'obligeant à reprendre mes exercices de concentration pour ne pas laisser ma colère parler à nouveau même si en fait, envers un Soumis, je ne risquais pas grand chose à me mettre en colère ! Mais Jiven avait insisté sur le fait que si je commençais à me laisser aller, même envers des inconnus, alors ce serait le commencement d'un cercle vicieux sans fin dans lequel ma colère finirait par toujours parler pour moi et ça, je ne pouvais pas l'accepter ! Une fois encore, je préférais éluder sa question. Certes nous l'avions privé de liberté mais nous l'avions également sauvé de la mort ! Qui aurait pu nous assurer qu'une fois remis sur pieds, il n'aurait pas cherché à dévoiler l'emplacement de notre cité ? Pire que tout, qu'il n'était pas en réalité un éclaireur ou quelque chose comme ça ? Certes nous aurions pu le lui demander mais la cité avait besoin de bras … Les choses telles qu'il les présentait étaient toujours à notre désavantage, remettant en cause notre système et notre mode de vie mais cela sonnait tellement juste … que je ne savais plus quoi penser.

J'écoutais en silence ce que le Soumis avait à répondre à mes questions. Je me doutais que lui demander si son ancienne vie lui manquait était quelque peu idiot, j'en connaissais déjà la réponse mais peu importait, j'étais curieuse voilà tout. Malgré moi, je ressentais une pointe de culpabilité en l'entendant parler et c'est sans doutes pour cela que je tentais à ma manière de le rassurer :


« La bataille de Cydonia s'est tenue devant les portes de la cité, aucun civil vivant à l'intérieur n'a été blessé ou tué, ta mère est donc surement en vie. »

Ne pouvant m'en empêcher, je poursuivais :

« N'es-tu pas libre ici ? Vois-tu des chaines à tes pieds ? Certes tu ne peux quitter la cité et tu dois travailler mais quel honnête homme ne travaille pas ? Et puis, tu peux prendre épouse et avoir des enfants, comme tout homme en ce bas monde … je ne cherche pas à dire que cette vie est meilleure que celle que tu as du quitter, mais quand je vous entends, j'ai toujours l'impression que nous sommes les méchantes de l'histoire, alors qu'au fond, votre situation n'a pas tant changé. Que votre famille vous manque je le conçois, mais ce n'est pas comme si nous vous torturions ... »

Ce n'était pas de la mauvaise foi, je cherchais simplement à comprendre. Pour moi, leur vie n'était pas si différente que celle qu'ils devaient mener à l'extérieur.
Sans un mot, j'écoutais ce que le Soumis avait à répondre quant à ma prise de position.


« Nous ne sommes pas violentes … » murmurais-je les dents serrées.

Je savais que ce sujet était dangereux, car toucher à Muria était dangereux si j'étais à portée de voix ou d'épée mais avoir leur avis comptait. Comme je l'avais dit, on apprenait à se méfier des hommes et s'ils devenaient un jour des ennemis, mieux valait connaître leur points faibles qu'être prise de court.


« Tu as une si mauvaise opinion de nous. Que crois-tu que nous apprenions à nos sœurs ? Certes nous ne connaissons pas bien les hommes, mais nous ne cherchons pas à leur apprendre à l'école à les détester, simplement à se méfier d'eux, à ne pas être aussi sottes que leurs ancêtres. Quant à sortir de cette cité … quel parent digne de ce nom laisserait son enfant sortir avant qu'il ne soit en âge de le faire ? Nous ne détestons pas les hommes contrairement à ce que tu crois, nous nous préservons simplement d'eux. Si tu avais connu ma jeune sœur, tu ne te permettrais pas un jugement aussi hâtif des jeunes générations et de notre culture. Nous vous traitons certes moins bien que nous mais c'est uniquement pour notre sécurité et pour vous montrer à quel point votre comportement envers les femmes doit changer. Cependant, nous ne vous maltraitons pas, justement pour éviter ce genre d'écarts telle que la violence gratuite ou encore la mort trop facilement donnée. Jelenna ne connait rien du monde extérieur et pourtant, elle passe son temps à vous protéger, à défendre votre cause du haut de ses sept ans ! Si je ne connais rien de toi, ne prétends pas connaître quoi que ce soit de nous ! »

Cette fois-ci, je sentais la colère. Croire que nous enseignions à nos petites Amazones la haine envers les hommes était une erreur, une hérésie que seuls les Soumis étaient assez bêtes pour le croire.

« Vois-tu, je détestes les hommes non pas parce qu'on m'a dit de le faire, mais uniquement parce que mon père nous as abandonné et que mon fiancé, ce traitre, est devenu un pleutre sans âme prêt à cracher sur ses frères d'armes. Mon éducation n'a rien à voir là dedans, d'ailleurs, comment expliquer que ma mère, pourtant trahie, continue de croire au retour de son époux ? »

Je savais que Philéa n'avait pas été trahie mais que c'était bel et bien le contraire pourtant, je tenais à garder le secret, pour la protéger malgré le mal qu'elle m'avait fait. Pour protéger Muria également. Pour protéger Jelenna à son tour lorsqu'elle reviendrait. Ma colère, ma rancœur et ma tristesse ne devaient pas interférer dans la vie des autres. Je devais comprendre, apprendre et ne pas reprocher quand moi-même j'aurai peut-être fait ce genre de choix. N'était-ce pas moi qui avait promis de bruler Muria en échange de la vie de Jelenna ? De quel droit pouvais-je juger.

« As-tu été torturé, violé, exploité ? Jamais une Amazone ne prendrait un homme dans son lit sans son consentement. Jamais nous ne vous avons exploité du moins pas sous le règne de ma mère ! Vous êtes soignés quand vous êtes malades, mangez à votre faim, dormez suffisamment et parfois plus que certaines de nos Sentinelles. Que veux-tu de plus à part ce que tu appelles liberté ? Quelle image osez-vous colporter de nous ? »

J'étais tellement en colère que je n'avais pas envie de répondre à ce qu'il venait de me dire. Le cercle vicieux qu'il évoquait n'existait pas pour moi. Nous protégions nos enfants, notre cité comme n'importe quel autre Azthien.


« Doutes encore une fois de la parole de ma mère, et tu n'auras plus à te soucier une seule seconde du temps qu'il te restera à faire parmi nous. »

Cette fois, la colère avait parlé mais je n'avais esquissé aucune menace physique, seulement verbale. S'attaquer à la reine était passible de mort, j'étais clémente, un peu trop à mon goût, de simplement le mettre en garde.

« Quel intérêt aurions-nous à mentir et à vous garder plus longtemps ? »

Le calme revenait d'autant que sa dernière question me fit sourire. Comme si Philéa était capable de renier un enfant … c'était belle et bien la preuve encore une fois que les hommes ne comprenaient rien aux femmes. Pourtant, je trouvais la question justifiée et plutôt amusante aussi, je souriais en répondant.

« Ce sera une fille. Comme toujours. »

Laissant planer un instant de silence, je reprenais plus sérieusement.

« Jamais une mère n'abandonnerait son enfant, Philéa ne fait pas exception. Si un garçon venait à naitre, pourquoi cela poserait-il problème ? Aucune loi n'interdit que nous ayons des garçons, encore heureux ! Si un garçon venait à naitre, rien ne serait changé, il n'aurait pas accès à la succession certes, mais pourquoi en serait-il moins aimé ? Ashrand, tu sembles avoir une bien mauvaise opinion de nous, sache que si ma mère venait à enfanter un garçon, nous l'aimerions comme s'il était une de nos sœurs et je tuerai quiconque oserait s'en prendre à lui. Nous ne haïssons pas les hommes tu sais … pas autant que tu ne sembles le croire du moins. Mais ne t'en fais pas, la question ne se pose puisque ce sera une fille n'est-ce-pas ? »

Amusée, j'ajoutais :

« Crains-tu que nous l'abandonnions ? Ou alors, tu espères peut-être que les choses changent si un enfant mâle venait à naitre ... »

[ Arf j'aime pas trop la fin de mon post mais tant pis ... XD ]
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Ashrand
Ashrand
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   [151][DP] Un nouveau jour se lèvera sur Muria (pv Ashrand) (fini) EmptyVen 22 Juil - 19:36

Comme prévu, Eléa s'enflammait . Rien d'étonnant vu que ce qu'Ashrand lui avait dit sonnait assez bien comme une critique du peuple Amazone. Pourtant il avait juste répondu aux questions qui lui avaient été posées. Peut-être pas avec le tact d'un politicien mais au moins avec sincérité quoiqu'il aurait pu essayer de mieux formuler sa réponse.

« Princesse, ne vous énervez pas s'il vous plaît. Je vous expose juste les choses comme je les vois et telles que je les vis. »


Ils venaient de deux mondes différents. Elle qui était née avec la couronne entre les mains ne devait sûrement pas comprendre ce qu'il lui disait. Elle prenait ça comme une atteinte personnelle à sa cité alors que ce n'était absolument son intention. Les deux sexes se voyaient l'un l'autre comme les méchant de l'histoire alors tenter de faire comprendre son point de vue à une femme était plus que difficile.

« Comme je vous l'ai dit, j'ai mal réagi ce jour-là. Enfin, ce qui est fait est fait, il est trop tard pour y changer quelque chose. »

A vrai dire, qu'elles le laissent repartir, il n'y croyait qu'à moitié : on leur offrait un jeune garçon sur un plateau alors pourquoi se seraient-elles gênées pour l'amener jusqu'au village ? Cependant le Soumis se tût par crainte de faire enrager encore plus la belle Princesse. Il tenterait de calmer le jeu comme il le pourrait, en espérant que son interlocutrice ne le prenne pas trop mal.

Il fallait qu'elle comprenne bien qu'Ashrand n'allait pas glorifier les femmes de Muria. Il les respectait beaucoup car les Amazones étaient pour la plupart fortes et indépendantes. Elles avaient eu le courage de s'opposer face à un système qu'elles trouvaient injustes et avaient prouvé au monde entier que les femmes valaient tout autant que les hommes. En réalité, le Cydien n'oserait jamais lever la main sur l'une d'entre elles. Seulement il n'approuvait pas vraiment les manières employées par les habitantes de la cité.

Ce que lui dit Eléa après eût l'étrange effet de le soulager. Il ne répondit pas mais c'est comme si un énorme poids s'était envolé. Ce n'était pourtant qu'une simple parole prononcée par l'Amazone. Elle n'y était pas, à Cydonia lors de la bataille mais il la croyait et cela se lisait sur son visage. Oui, sa mère allait probablement bien et sans doute avait-elle été épargnée par la guerre. Qu'est-ce que ça lui faisait du bien d'entendre ça !
Elle enchaîna sur autre chose. Essayait-elle de lui faire avouer que la vie qu'il menait ici ne différait pas beaucoup de celle qu'il aurait eue ailleurs ?

« Et encore, ne pas pouvoir sortir de la cité ne s'applique pas à moi »
répondit-il immédiatement

Mais il venait de lui donner encore plus raison. Elle disait vrai : tant qu'ils se montraient dociles, ils vivaient plutôt bien. N'étant pas du genre à se montrer de mauvaise foi, Ashrand n'essaya pas de la contredire à tort.

« Au contraire, quand on arrive ici, c'est un peu comme si on commençait une nouvelle vie, alors forcément on regrette ce qu'on avait avant. Je ne dis pas que tout est de votre faute, seulement être en permanence rabaissé, volontairement ou non, c'est vraiment déprimant à la longue. »


Comment garder un minimum de fierté quand on vous rappelait constamment que vous valez moins que les autres ? Ashrand n'était pas quelqu'un de trop fier par nature alors il avait fini par s'acclimater mais certains avaient dû être assez mécontent d'être ramené au rang d'animaux.

« Oui, nous avons le droit de nous marier mais dans le cas où nous aurions déjà une femme qui nous attends à l'extérieur, ne serait-ce pas nous conforter dans le rôle de salaud que vous nous donnez ? »

Un rire amusé s'échappa des lèvres du jeune homme. La princesse prenait tout ce qu'il disait très au sérieux et surtout assez mal tandis que lui essayait d'en parler avec légèreté, pour lui faire comprendre encore une fois qu'il n'était pas en colère face aux femmes. Était-il vraiment nécessaire qu'elle soit autant sur la défensive ? Ne pouvait-elle juste pas essayer de faire preuve d'un peu de répartie ? Nul besoin de voir en tout homme une menace comme elle semblait le faire.
Peut-être était-ce aussi un peu la faute du Soumis qui ne tenait pas assez compte du fait qu'eux deux avaient des points de vue totalement différents.

« Je comprends fort bien que les Amazones aient tendance à se méfier des hommes mais le fait que ce soit systématique et bien, voyez-vous, je pense que cela est déjà la source de nombre de problèmes. Parfois cette méfiance va trop loin et pousse certains Soumis à commettre des bassesses innommables, ne faisant que renforcer les sentiments que vous avez pour nous et ainsi de suite. »

Eléa passait-elle vraiment assez de temps parmi le peuple pour croire que tout était aussi rose qu'elle le disait ?
Sa réflexion à propos de sa cadette fit sourire le jeune homme, amusé par le fait qu'une gamine puisse se montrer plus adulte que la plupart des femmes de Muria. Il ne connaissait Jelenna que de nom, jamais il ne l'avait vue. Elle n'était même plus ici à vrai dire... Si Ashrand mourrait d'envie d'en savoir plus sur ce qui avait conduit à la disparition de la princesse bis, il se tût malgré tout : Eléa paraissait très protectrice envers elle et n'aurait probablement que très peu dévoilé à son sujet. D'autant plus que le Soumis ne tenait pas à rouvrir une blessure qui n'avait pas encore cicatrisée.

Elle s'énervait de plus en plus ce qui n'était pas bon signe pour lui. Avait-il dit quelque chose de mal ? Sans doute se retrouvait-il face à un de ses plus gros défauts : ne pas savoir se taire quand il faut. Comment allait-il tirer son plan maintenant, pour qu'elle retrouve son calme ? Bonne question, en effet.
Ce qu'elle lui dit après l'interpella mais lui prouva qu'elle avait une vision trop peu nuancée de celles et ceux qui peuplaient Muria. Toutes les Amazones ne s'en tenaient pas à cette « méfiance » comme elle en était persuadée. Non, la véritable nature de certaines d'entre elles se révélait dans le dos de tous, discrètement. Certes il n'avait que rarement été frappé et à chaque fois il le méritait amplement. Ça ne s'était passé que lorsqu'il avait tenté de s'enfuir en réalité et s'il n'avait pas été âgé de seulement quinze ans, les conséquences auraient sans doute été plus fâcheuses.

« Peut-être pas vous mais croyez-moi, quand une Amazone se montre vraiment insistante, nous avons rarement le luxe de pouvoir refuser une nuit chez elle. Sinon, personnellement, je n'ai pas le souvenir d'avoir été torturé ni exploité et ça, je ne vais pas m'en plaindre. »

Il sourit tendrement à la question suivante de l'héritière

« En fait, je crois que la liberté seule compenserait tout ce que vous nous offrez. Non, ce n'est même pas ça : comme je viens de vous le dire, c'est un peu comme si nous débutions une nouvelle vie en étant amené ici sauf que nous n'aurions pas terminé l'ancienne et donc bon nombre d'entre nous voudraient partir pour retrouver cette vie là. Je ne sais pas si je me fait comprendre parce que c'est plutôt étrange ce que je viens de sortir là. Après je sais aussi que certains hommes sont très heureux ici car vous leur donnez plus que ce qu'ils avaient dehors. »

Encore une fois son comportement contrastait totalement avec celui d'Eléa. Elle fulminait intérieurement alors que lui était la bonne humeur en personne. Il s'empressa de répondre à la question de la Princesse, marquant juste une courte pause pour reprendre sa respiration tout en se retenant tant bien que mal d'éclater de rire tant sa question avait quelque chose de cocasse

« L'image que nous véhiculons de vous ? Je vous retourne la question. N'est-ce pas vous qui généralisez notre cas et transmettez tout votre ressentiment aux jeunes générations ? Je ne nie pas que parmi les Soumis, on vous prête rarement le rôle de saintes mais vous ne faites pas mieux non plus »


Chacun des deux sexes accusait l'autre de ce qu'il faisait lui-même, amusant non ? Tous avaient participé à ériger ce mur de séparation entre Soumis et Amazones. Ce n'était peut-être pas voulu par certains mais les résultats étaient là : des relations loin d'être cordiales d'une classe à l'autre.
La solution pour régler cette discorde était pourtant si simple mais les Amazones étaient trop fière et on les avaient trop confortées dans leur position de supériorité pour qu'elles puissent faire des concessions aux hommes. Bien entendu il y avait toujours des cas à part, des personnes compréhensives prête à offrir une chance aux hommes de leur prouver qu'il n'était pas aussi terribles qu'on le disait. Il n'était pas vraiment difficile de deviner à qui pensait le Cydien à ce moment.

La Princesse le menaça un fois de plus mais il ne lui en tint pas rigueur. Pour lui, elle était juste un peu trop coincée mais ça s'arrangerait avec le temps. En principe.
Il l'a pris expressément au mot, tentant de la dérider un peu même si, une nouvelle fois, ça sonnait comme une moquerie.

« Vraiment !? Je doute de Sa Majesté et vous me laisserez partir ? C'est tentant du coup. Plus sérieusement, je ne mettais pas vraiment sa parole en doute, juste que je m'interrogeait sur ce qui m'attendait à l'avenir. Ça m'est vraiment préjudiciable ? »

Pas sûr que se permettre de faire de l'humour sur la Reine soit l'idée du siècle. Enfin peu importe, il l'avait dit et il n'y avait pas moyen qu'il se rattrape. Sa colère augmenterait-elle encore face à tant de bonne humeur et de joie de vivre ?
Il ne répondit pas à la question d'après car il savait qu'elle avait raison. Pourquoi les Amazones le garderaient-elles ? A moins qu'elles ne soient vraiment cruelles, elles ne le feraient pas. Surtout que ce n'était pas le nombre de paire de bras qui manquait dans la cité alors en libérer une ou deux ne ferait par beaucoup de différence.
Elle répondit enfin à sa dernière question, celle concernant la possible descendance masculine de Philéa. Il finit d'ailleurs par rire de sa bêtise tellement ce qu'il avait envisagé était idiot.

« J'avoue avoir imaginé quelque chose d'absurde. Quelle mère abandonnerait son enfant ? Mais encore une fois vous avez raison : tout comme vous ne semblez pas connaître grand chose sur nous, je n'en sais pas énormément non plus sur vous. Je crois que si chacun des partis apprenait à mieux connaître l'autre, ça pourrait améliorer la situation et qu'il y aurait moins de problèmes. »


Vision un peu simpliste de sa part. Un peu naïf comme toujours, il pensait vraiment que cela réglerait tous les problèmes. C'était un début certes, mais ça ne ferait pas tout. Arriver à une relative bonne entente était une route longue et sans doute impossible à parcourir.

« Désolé mais je n'ai pas de don divinatoire, je n'en sais strictement rien. En fait garçon ou fille, peu importe du moment que l'accouchement se passe bien, pas vrai ? »


C'était le plus important dans l'histoire, que la grossesse arrive à terme et sans problèmes mais aussi que l'enfant soit sain.

« En fait, je craignais plus que cela crée des problèmes avec le peuple. Vous voyez, même s'il n'aura pas le droit de succéder à votre mère la Reine, il bénéficierait d'un traitement de faveur par rapport aux autres hommes, ce que je comprends tout à fait. De un, ça risque de ne pas plaire aux Soumis que le fait qu'il soit de la famille royale lui permette de ne pas avoir la même condition qu'eux et de deux, quelques Amazones extrémistes pourraient voir les avantages de cet enfant mâle d'un mauvais œil. Je redoutais juste que ça fasse quelques vagues mais je pense que vous êtes parfaitement en mesure de gérer cela tout comme personne ne donnerait un avis contraire à celui de la Reine, du moins je l'espère. »

Il était évident que la naissance d'un garçon n'arrangerait rien pour les autres Soumis, ils ne seraient pas mieux traités du jour au lendemain pour cela. Soit Philéa soumettrait son fils soit elle le garderait auprès d'elle, libre mais sans droit. La dernière solution était préférable et Ashrand se sentirait soulagé pour l'enfant si c'était le cas.

Un son de cloche au loin le fit sursauter et il revint à la réalité, celle du Soumis qu'il était. Le couvre-feu venait de sonner et d'ici cinq minutes, ça allait chauffer pour celui qui était trouvé en dehors de ses quartiers.

« C'est bien ma veine ça, je n'ai pas vu le temps passer du tout »


Il lui fallait ne pas traîner en se dépêchant un peu, il parviendrait à temps chez lui sinon il pourrait toujours ruser pour s'y faufiler sans qu'aucune Sentinelle ne le voie dehors mais il lui fallait partir maintenant, juste pour montrer qu'il était de bonne volonté.

« Et bien, j'imagine que toutes les bonnes choses ont une fin » commença-t-il en souriant toujours aussi chaleureusement, « Je suis ravi d'avoir fait votre connaissance, c'était un vrai plaisir de pouvoir discuter avec vous. Je suis sincèrement désolé si certains de mes propos vous ont offensée, ce n'était pas mon intention du tout. J'apprécierais vraiment converser à nouveau avec vous »

Il sauta avec grâce du rebord de pierre où il s'était assit et fit face à l'Amazone.

« Faites comme si j'étais parti il y a dix minutes, d'accord ? » demanda-t-il malicieusement tout en joignant les deux mains en signe de supplication.

Il s'éloigna de quelques pas, ayant tourné le dos à la Princesse, prêt à prendre la direction du quartier où les Soumis étaient assignés avant de se retourner une dernière fois.

« Ah, et encore désolé de vous avoir interrompue tout à l'heure. Soyez prudente sur la route jusqu'au palais »


Ce furent les dernières paroles qu'il prononçât avant de s'en aller définitivement. Seules ses foulées résonnèrent encore quelques secondes tandis que lui avait disparu dans l'obscurité environnante.


[Désengagé]

[Voilà, finalement j'arrivais pas trop à faire un post qui nous désengage tous les deux donc tu devras le faire toute seule comme une grande x) Désolé de t'obliger à refaire un post é_è.

Un grand merci pour ce RP !]
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Reine Amazone
Eléa
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   [151][DP] Un nouveau jour se lèvera sur Muria (pv Ashrand) (fini) EmptyDim 24 Juil - 9:52

Je ne m'énervais pas, j'étais déjà en colère.
Je le fusillais du regard me forçant à conserver un semblant de calme, craignant plus que tout que ce qu'il allait me dire consisterait en une nouvelle salve qui ne manquerait pas de m'énerver au plus haut point. Heureusement pour lui, le jeune Soumis se contenta d'énoncer les choses telles qu'elles s'étaient passés ce fameux jour où nos Sentinelles l'avaient trouvé sans remettre en cause leur action. Je savais que notre système était quelque peu vieillissant et finalement peu éloigné de l'esclavagisme mais à la grande différence de la cité du désert, nous traitions bien nos hommes, les nourrissions à leur faim sans parler du fait qu'ils avaient même droit au plaisirs sexuels auquel bon nombre de Nùa auraient souhaité échapper. Ils n'étaient en rien forcés d'accepter nos avances, bien au contraire. Nous n'attendions d'eux que des bras supplémentaires pour les travaux de la cité et punissions ceux qui avaient tenté de révéler l'emplacement de notre cité. Quoi de plus légitime ?

Il avait raison sur certains points, notamment sur notre conception vieillissante des hommes et de leur statut social mais si je commençais à m'en rendre compte, je me garderai bien d'en faire état à qui que ce soit et surtout pas ma mère. Les hommes avaient trahis bon nombre de femmes qui venaient se réfugier entre nos murs, pas seulement les anciennes générations comme il semblait le croire. Car si les deux exodes avaient eut lieu, depuis, si elles ne se concertaient pas comme par le passé, les femmes ne cessaient de quémander l'aide de Muria pour vivre mieux. Pour vivre libérée des chaines que leur imposaient les hommes. Nous leur imposions la même chose certes, le serpent qui se mord la queue auraient pu dire certains dont Ashrand faisait surement partie, mais que voulait-il que nous fassions ? Un homme trahi pardonnait-il facilement ?
Si c'était le cas, il avait bien de la chance.
Le pardon était quelque chose de délicat et pour ma part, si je comprenais la situation des Soumis et regrettais certaines de nos méthodes, je comprenais aussi la volonté de mes sœurs Amazones de se venger d'un destin pourri par les hommes de leur entourage. Tant que tout cela restait de l'ordre du raisonnable, je considérais que c'était un juste retour des choses.


« Vous êtes libres de choisir » fulminais-je après sa remarque sur le mariage, « personne ne t'oblige à coucher avec une de mes sœurs, si tu le fais, c'est ta responsabilité de penser aux conséquences envers ta femme restée au dehors. Blâmer les autres pour ses propres erreurs, voilà votre problème. »

Je reprenais le dessus pour finalement répondre :

« Se méfier des autres, hommes ou femmes, fais partie de la vie de chacun. Tu ne laisserais pas entrer chez toi un inconnu sans avoir vérifié ses intentions bonnes ou mauvaises je me trompe ? »

La suite ne manqua pas d'en rajouter à mon état et sans doutes le Soumis ne devait-il sa vie sauve qu'à mon entrainement au Temple, en compagnie de Jiven. Inlassablement, l'homme avait tenté de me faire comprendre que j'étais en proie bien trop facilement à mes sentiments et c'était pour cela que j'avais essayé de m'en défaire, de m'éloigner d'eux.
De prendre du recul.
C'était une chose aisée pour certains quoi que la tâche se révélait bien souvent ardue en réalité mais pour ma part, c'était un combat personnel de tous les jours. Il avait tendance à ignorer quand se taire et surtout, quels propos tenir.


« Tu sembles prétendre que nombre d'entre nous vous attirerait dans leur lit sans vous demander votre avis. Nous sommes humaines, mais si ces harpies existent réellement, je tâcherai d'y mettre un terme. »


Il semblait faire d'une poignées de femmes une généralité dans cette cité. Ce n'était pas mon cas. Au départ, j'avais eut tendance à penser que tous les hommes étaient de véritables salauds mais en côtoyant certains d'entre eux, j'avais compris mon erreur. Et l'on apprenait toujours de ses erreurs.


« Changer de vie sans y avoir consenti. Je comprends l'idée. Nos opinions diffèrent mais je comprends qu'il soit difficile de reconstruire sa vie après votre sortie. Quoi qu'il en soit, je n'y peux rien et quand bien même le pourrais-je, je respecte trop les sentiments de mes sœurs pour leur faire ce genre de mal. Si elles continuent de chercher refuge à Muria, c'est que le monde est bien différent au delà de ces murs que tu ne sembles le croire. »

Il me cherchait, j'avais tendance à croire que ce jeune Soumis me cherchait mais étrangement, cette constatation ne m'énerva pas, au contraire, elle eut raison de ma colère pour finalement décider de le ramener à la raison ou en tout cas, de lui rappeler à qui il parlait.

« Nous leur enseignons à être prudentes, ne prends pas les enfants pour des idiots. Elles sont tout à fait capables de comprendre, de se faire d'elles-mêmes leur opinion. La plupart des Amazones nées ici aiment leur père et leur frères et vendraient leur vies pour eux, je crains que tu ne puisses pas en dire de même. » répondis-je froidement.

La suite fut du même ordre, loin de m'agacer autant que je le croyais, je commençais à appréhender sous un nouveau jour certaines choses.


« Si tu insultes une nouvelle fois ma mère, je me chargerai personnellement de te le faire regretter, même au delà de ces murs mais sinon, je ne vois pas l'intérêt de garder un gringalet de ton espèce non. »finis-je par le taquiner, un sourire aux lèvres, seul mon ton froid indiquait que j'étais sérieuse et que je n'hésiterais pas le moins du monde à le tuer s'il s'en prenait à ma famille.

La réplique qui suivit me tira un sourire.


« Tu as peut-être raison » me contentais-je d'affirmer d'un ton distant.

Les choses ne pouvaient pas se régler aussi facilement. Des années de haine ne s'effaceraient pas en un claquement de doigts.


« Que tout se passe bien oui ... » répondis-je, perdue dans le fil de mes pensées.

Sa réflexion concernant un éventuel fils me faisait penser que je doutais que Philéa ai réfléchi à cette éventualité. En fait, surement y avait-elle pensé. La cloche termina notre rencontre prématurément, chassant mes pensées. Son sourire chaleureux ne me laissa pas indifférente et je le lui rendis sans hésiter, sans doutes moins chaleureux toutefois que le sien. Sa requête me fit sourire et ses derniers mots ne manquèrent pas de me tirer un nouveau sourire.


« Tâche de rester en vie ! » me moquais-je de lui alors qu'il disparaissait déjà.

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