[152 - DE] Travail [Prio Vaykalan] (fini)

Le début de l'été fut marqué par une très forte chaleur qui rendait tout travail pénible. C'était du moins ce qu'imaginait Reyan, arrivé depuis quelques semaines à Cydonia et qui de par son statut de Prêtre d'Abyss échappait aux tâches manuelles les plus ardues. Pourtant, malgré son statut de "petit nouveau" dans le temple du Dieu des mers, les jours suivant sa Confirmation ne furent pas de tout repos. Reyan avait appris à bénir et confesser les fidèles auprès de son mentor à Muria, mais jamais encore il n'avait eu à exercer ces savoirs. De plus, ses talents pour l'écriture furent bien vite mis au jour, et de nombreux adorateurs d'Abyss qui ne savaient pas écrire la langue cydienne ou pas du tout vinrent lui demander d'écrire pour eux tantôt une lettre d'amour, tantôt une lettre de licenciement, et même une liste de courses! Aujourd'hui, Rayan se demandait si tout cela n'avait pas été une simple machination montée par ses supérieurs pour le tester, car en à peine une semaine il était passé d'un rythme effréné à ce qui ressemblait presque à des vacances. Il fallait avouer que le jeune Cydien avait été très efficace, et comme à son habitude il n'avait montré à personne qu'il ressentait quelques difficultés, aussi aurait-on pu croire qu'il s'acquittait de ses tâches avec les plus grandes facilités.

Afin d'éviter ce soleil qui tapait si fort, Reyan avait décidé de travailler à l'intérieur. Pour autant, il n'avait pas envie de rester au temple, aussi décida-t-il de se rendre au Pont Divin, une auberge du quartier des artistes. Puisqu'il était censé être "en fonction", le jeune homme enfila sa tunique de prêtre, et se mit en chemin. Fort heureusement, la tenue des prêtres d'Abyss était faite de tissus légers, et Reyan n'enviait pas le sort d'autres ordres obligés de porter des robes épaisses ou des manteaux étouffants. Préférant tout de même ne pas commettre l'erreur de trop s'exposer, il n'avait pas oublié sa cape, de couleur beige pour ne pas qu'elle retienne trop la chaleur, et avait rabattu la capuche sur sa tête. En plus d'éviter une insolation, cela lui permettait de ne pas dévoiler son visage.

L'auberge était presque vide lorsque le jeune prêtre s'installa à une table. Il commanda un verre et sortit de sa sacoche son livre de parchemins, et de quoi écrire. Il avait ôté sa cape et paraissait très concentré dans son ouvrage lorsqu'il commença à écrire. Déjà, il paraissait faire totale abstraction de ce qui l'entourait, ce qui n'était qu'en partie vrai. De temps à autre, il levait sa plume et semblait pensif, avant de reprendre de plus belle, l'air impassible.

Un réveil de plus dans une auberge qui était plus accueillante que les autres. Vaykalan la nuit dernière était arrivé épuisé et on lui donna une chambre bien que la nuit était fortement engagée. Ainsi il sombra dans les rêves de son passée et des flashs de sa famille pour enfin se réveiller dans la douce réalité que cette auberge offrait. Il enfila son accoutrement et se passe un peu d'eau sur le visage. Il se sentit un peu et voyait bien qu'il avait besoin d'un bain. Le bain demander le bain arriva dans sa chambre. Il se détendit dans cette eau chaude et une fois propre il prit le chemin du rez de chaussée. En descendant les marches il se demandait combien cela allait encore lui couté...Mais peu importante la servante était aimable et le patron aussi.

Une fois en bas il ne vit que peu de gens aux tables en faite personne...Normal dans un sens il était le milieu d'après midi surement et le soleil était au rendez vous. Pourquoi s'enfermer dans une auberge à cette période de l'année. Il bailla légérement et il commanda un repas savoureux au comptoir. Il prit donc son assiette de ragout et sa pinte et regardait qu'elle table il allait prendre. Il aperçu une table avec un homme avec un livre. Un livre chose rare dans une auberge quand on y pense...Il prit donc le chemin de cette table et s'y installa sans demander la permission. Il s'assit et desserra son foulard afin que nez, yeux et bouche soit distingué par son voisin de table. Il fit un léger sourire et prit la parole

"C'est pas commun un lecteur ici ? Surtout quand il fait beau dehors...Pourquoi ne pas lire sous le ciel bleu ? "

Il prit une portion de son repas et un peu de sa pinte. Sur lui il n'avait que son épée dans son fourreau la griffe était resté à l'étage dans un lieu sur avec le reste. Il attendit une réponse et constatait que son interlocuteur était vraiment prit par son ouvrage.

Enfin, Reyan mit le point final à cette ennuyeuse lettre de réclamation que lui avait commandée un employé Elfe, trouvant que son patron Cydien n’avait déjà pas à lui demander d’aller chercher de l’eau au puits, d’autant qu’il était Elémentaire et manipulait l’eau, mais surtout qu’il n’avait aucun droit de lui dire qu’il était vêtu de lin blanc ou même de probités candides, c’était terriblement offensant ! Pour cela, il trouvait tout à fait légitime de réclamer une augmentation de son salaire ainsi qu’un jour par semaine où les rôles de maître et domestique seraient inversés. Reyan avait son propre point de vue sur la situation, mais comme lui avaient dit ses supérieurs dans l’Ordre abyssien, mieux valait qu’il le garde pour lui, car c’était le rôle d’Abyss de résoudre telle ou telle situation. Celui du jeune prêtre était d’obéir à la volonté divine, ce qui passait par une obéissance à la volonté des illettrés car eux aussi avaient droit au salut. C’était du moins ce que l’un des Pères de l’Ordre lui avait intimé avant de pouffer de rire et retourner à ses tâches. Parfois, Reyan se demandait très sérieusement s’il avait bien fait de suivre le conseil du Père Kidan…

Ayant terminé son seul véritable travail de la journée, le jeune Cydien songea à quitter les lieux pour s’occuper autrement que par l’écriture, mais il était bien installé et tout son matériel était déjà sorti, ce qui le poussa finalement à rester. En feuilletant les dernières pages parcheminées de son livre, il constata qu’il manquait de poèmes sur le vent, aussi décida-t-il de se mettre à l’ouvrage. Il but une gorgée dans son verre, mais à peine un vers plus tard son regard fut attiré par un homme qui commandait un repas auprès de l’aubergiste. Si l’on en croyait sa couleur de peau, il y avait de fortes chances que l’homme, au Charisme certain, soit un Nua, originaire des îles. De taille moyenne, peut-être un peu plus grand que Reyan, ses épaules étaient larges et une épée rangée dans son fourreau pendait à sa ceinture. S’apercevant rapidement qu’il était comme hypnotisé par ce nouvel arrivant, le prêtre secoua légèrement la tête et se remit à écrire. Mais il ne pouvait s’empêcher de jeter de temps en temps des coups d’œil au supposé Nua. Sans que le Cydien s’y attende, il vint même s’asseoir à sa table ! Lorsqu’il lui demanda ce qu’un lecteur comme lui pouvait faire ici, l’homme desserra un peu le foulard qui lui couvrait le visage, dévoilant celui-ci et révélant de superbes yeux bleus, ce qui était plutôt inhabituel pour quelqu’un de sa race. L’air impassible, ne montrant rien du trouble qu’il ressentait, Reyan planta ses yeux marron dans ceux de son interlocuteur avant d’écrire une ligne supplémentaire sur sa page.

« Je préfère éviter le soleil à cette heure-ci, cela fait plusieurs jours que je n’ai pas quitté le temple et je déteste avoir chaud. »

Troublé, c’est bien ce qu’il était. Des gens qui disposaient d’un Charisme supérieur à la normale, on en voyait souvent. Mais jamais une telle personne ne s’était assise à la table de Reyan, qui était d’après lui l’antithèse de l’être charismatique. Il fit semblant d’écrire une ligne supplémentaire, mais réalisant que tout ce cinéma était ridicule, il arracha sa page et la jeta par-dessus son épaule.

« Et je ne lis pas, j’écris. » ajouta-t-il de son habituel ton neutre presque déstabilisant.

Il réécrit le premier vers qu’il avait imaginé avant l’arrivée du Nua, puis fit mine de réfléchir, se forçant à ignorer le nouvel arrivant afin de le repousser au cas où il aurait de mauvaises intentions à l’égard du Cydien, qui se doutait bien qu’il n’avait aucune chance en cas de combat armé.

L'individu devant surement un habitué de la cité semblait faire partie d'un ordre religieux ou autre élément qui peut posséder un temple. Car ce dernier semblait avoir joué l'ermite dans ce temple. Vaykalan pendant qu'il l'écoutait savourait son repas et sourit quand il expliquait qu'il n'aimait pas avoir chaud. Il écoutait de nouveau le garçon qui disait qu'il écrivait, il sourit de nouveau et repris la parole tout en déjeunant. La chaleur n'était pas étouffante et pour une fois il pouvait prendre le temps de parler avec quelqu'un au lieu de frapper.

"Oh vous écrivez, voilà une compétence bien rare dans certaines régions...Vos talents doivent servir une cause honorable j'imagine ? En tout cas il est bien rare de voir des gens qui ne supporte pas la chaleur ? Après je dois reconnaitre que la chaleur du soleil est bien moi accueillante et agréable que celle d'une jolie femme dans son lit mais que voulez vous aujourd'hui vous avez le soleil mon ami vous devriez en profiter..."

Il prit un peu de sa pinte pour faire passer son repas et il s'étira légérement, relevant son tors et les bras vers le ciel. Il examina le garçon de nouveau et il reprit

"Vous faites quoi au juste l'ami ? Scribe pour un noble ? Moine ? Hmm...Désoler de vous posez toutes ces questions mais j'essai de faire la conversation si je vous gène dite le...Mais je pense être plus sympathique qu'un bout de papier...Enfin je crois.."

Il regardait le gérant et lui signe de la tête et ajouta

"Patron une pinte pour le garçon à ma table je lui offre"

Il ne cherchait pas le mal loin de là. Il était Nua, seul et ne connaissait que peut de chose finalement sur le monde...L'art d'écrire un peu et lire aussi...Mais il était un combattant et parler avec un être de culture était un moyen pour lui de ce cultiver mieux comprendre le monde. Ainsi il espérait pas forcement avoir un ami mais avoir des conseils et autres éléments qu'un Cydien cultivé pourrait apporter à un Nua libre loin de son passée d'esclave. Qui pendant un cour instant lui revint à l'esprit...Puis il reprit une gorgée de la pinte et attendit une réponse du garçon

Reyan aurait dû se douter que sa désormais habituelle technique d’ignorer la personne qu’il avait en face de lui ne pouvait plus toujours fonctionner… Le Nua déjeunait, et le jeune prêtre prit soin d’éloigner son livre de l’assiette remplie : la moindre tache affaiblirait considérablement la puissance des parchemins, et Reyan aurait travaillé pour rien. En plus d’être fort, le guerrier était bavard ! Le prêtre eut beau garder délibérément les yeux fixés sur le bout de sa plume qui s’était pourtant arrêtée d’écrire, cela n’empêchait pas le Nua d’avoir la certitude d’être écouté. Lorsqu’il évoqua une cause honorable, le regard de Reyan sembla s’adoucir. En réalité, la question avait le mérite d’être bien posée, et le laissait songeur : servait-il une cause honorable ? Ou plutôt, car c’était du coup ce que se demandait le Cydien : servait-il une cause ? Peut-être était-il encore trop tôt pour le dire, après tout il n’en était qu’à ses premières semaines en tant que prêtre, et n’avait pas encore pris pleinement conscience de son rôle auprès de la population.

« Je…j’imagine, oui. » dit Reyan légèrement hésitant.

Il leva les yeux vers ceux bleus de son interlocuteur : pour la première fois, son visage semblait exprimer un semblant d’expression. Si le guerrier Nua avait bien connu le jeune prêtre, il aurait probablement hurlé de joie car ce n’était pas un mince exploit que de troubler l’imperturbable Reyan. Mais ce dernier, qui commençait à se demander comment un parfait inconnu avait pu ainsi le perturber, reprit un air des plus froids lorsque le charmant homme à la peau bronzée fit une plaisanterie d’une incroyable finesse sur la chaleur corporelle. Le Cydien baissa à nouveau les yeux vers sa page et écrit un vers supplémentaire. Lui n’avait jamais connu le genre de chaleur évoquée par son voisin de table, et ne se sentait pas particulièrement pressé, le moment viendrait. Mais il trouvait la boutade de mauvais goût. Du coup, c’est sans scrupule que Reyan se concentra à nouveau sur son poème éolien, et trouva un vers supplémentaire pour ce qui devait être un quatrain. Pourtant, le Nua lui adressa une nouvelle fois la parole. Cet intérêt soudain paraissait sincère, ce qui interpela le favori d’Abyss et le poussa une nouvelle fois à lever les yeux pour regarder le guerrier attablé. Il ne put s’empêcher de sourire à la nouvelle plaisanterie, ce qui constituait une nouvelle victoire pour le bel homme des îles.

« Croyez-moi, les pages d'un livre peuvent être de fidèles compagnons quand le besoin s'en ressent. Vous n’êtes pas loin de la vérité, je suis Prêtre au temple d’Abyss, mais je n’exerce que depuis quelques semaines. Pour l’instant, je passe surtout mon temps à écrire pour ceux qui ne le savent pas. »

Reyan commençait déjà à se sentir plus à l’aise. Le Nua paraissait sincère…comme Pâris autrefois aurait pu penser le Cydien… Cette pensée le refroidit un peu, lui rappelant ce sombre épisode de son adolescence à Muria qu’avait constitué le jeune homme, parti sans laisser de traces. Mais ce froid fut bien vite dissipé par l’homme qu’il avait face à lui, le guerrier Nua qui sans rien lui demander lui commanda une nouvelle pinte. Celle-ci arriva assez vite, et l’aubergiste la posa violemment sur la table, si violemment qu’une bonne partie de la boisson qu’elle contenait se répandit sur la table. D’un geste vif, Reyan souleva son volume et évita ainsi la perte de tous les poèmes magiques qu’il avait pris grand soin de rédiger à l’avance. Après avoir écarté la petite flaque qui s’était formée devant lui, il reposa son objet peut-être le plus précieux. Dans la précipitation, il avait perdu sa page, aussi commença-t-il à la chercher, oubliant que le Nua avait ainsi tout loisir d’observer ses écrits, poèmes consacrés au feu notamment.

Ainsi la langue du jeune garçon semblait plus présent maintenant que les questions venaient de la par du Nua. Vaykalan se sentait rassuré, il n'avait pas devant lui un de ces gars solitaire qui parle peu et que tout le monde croise dans les histoires de villages...Il écoutait donc son compagnon de table et ses réponses. Il observa sur le moment aussi deux jeunes femmes rentrer dans l'auberge et qui prirent deux verres et une table pour toutes deux. Il sourit légérement et il reporta son regard sur le garçon. Il était assez surprit d'entendre qu'un livre pouvait faire office de compagnon à qui parler...Comme si du papier et de l'encre pouvait avoir une vie et des envies et des expressions...Vaykalan n'avait plus l'habitude d'écrire ou de prendre le temps de lire, ceci lui rappelait trop ses années d'esclave où il devait écrire tout et n'importe quoi pour sa maitresse idiote et naïve...Il reprit une gorgé de sa pinte savoureuse et retenait que le garçon était un prêtre...De Abyss...Il ne fit pas de grand yeux mais dans sa tête être prêtre était une position assez difficile pour lui. Être seul toute sa vie et vénéré un dieu qui se dit avoir existé et qui pourtant ne semble pas si présent que sa...Et Abyss un nom de plus dans la panthéon des dieux...Il y avait tellement de religion de conflit sur celles ci et même de rites si...Contraignants à la vie d'un simple individu...
Ne sachant pas vraiment qui étaient ses dieux Vaykalan pendant toute sa vie vénérait la nature et le monde qui l'entoure...Et donc sans le savoir il faisait comme les siens...peut être que c'était dans le sang...

Quoiqu'il en soit le Nua rigola quand il vit la pinte du garçon arriver car le voir protéger ses parchemins ainsi était digne d'une noble pucelle qui se protège des beaux garçons avant le mariage. Et une fois la tempête passé pour le Cydien Vaykalan reprit la parole voyant ce dernier paniquer sans sa page en main.

"Allons l'ami pas besoin de prendre peur face à une simple pinte tout de même...Vous êtes prêtre je le respecte mais quand même...Les pintes ne sont pas des œuvres du mal allons calmez vous."

Il rit légérement et regardait les écrits du garçon

"Vous écrivez pour les autres voilà un travail fort peu plaisant j'imagine...Écrire pour les autres et non pour soi...Mais bon j'imagine que c'est un moment à passer dans votre vie de prêtre.En tout cas sachez que j'admire les gens comme vous. Je parle des gens qui préfère écrire et lire plutôt que prendre les armes sans réfléchir. Sa me change."

Il prit sa pinte et la levait

"Je lève mon verre à vous prêtre et aux autres être de culture qui dans ce monde sont nos seuls lumières d'espoir pour un monde de paix et de sérénité"

Et de cette façon il termina son repas et sa pinte et regardais le garçon et ajouta

"Dis moi prêtre tu as un nom ou bien ton appartenance à un ordre religieux en fait oublier ton identité ?"

Une pointe d'ironie flottait dans sa voix accompagner d'une petite touche d'humour...Vaykalan ne cherchait pas le provocation c'est juste qu'il trouvait le garçon trop coincé...Mais bon il se rappelait qu'il était prêtre donc c'était normal dans un sens...

En feuilletant les pages de son livre de façon méthodique, Reyan finit par retrouver le début de poème sur le vent qu’il avait écrit. Mais devant la réaction du Nua, qui visiblement avait mal interprété son geste, il ne put s’empêcher de se sentir un peu vexé. Son regard se durcit tandis qu’il refermait violemment le gros volume, provoquant une nouvelle secousse et envoyant valser encore un peu du contenu de sa pinte.

« Il n’est pas question de diaboliser quoique ce soit, guerrier, dit Reyan d’un ton froid. Je n’ai juste aucune envie de perdre des heures de travail.

Et comme par provocation, le prêtre but une longue gorgée avant de poser violemment la pinte sur la table. Pas question qu’il se laisse marcher sur les pieds par une brute attardée ! Mais encore une fois, en quelques mots le Nua parvint à radoucir le jeune prêtre. Comment une même personne pouvait-elle passer de la moquerie la plus primaire à une admiration des plus sincères ? Reyan n’avait pas l’habitude des compliments. Lui-même ne se tenant pas en haute estime, il ne sut pas trop comment réagir face à des termes comme « admirer ». A la fois touché et gêné, il rejeta d’une main ses longs cheveux bruns en arrière, d’un geste en soi inutile.

« Eh bien… C’est vrai que plaisant n’est peut-être pas le terme le plus approprié… Mais j’aime à me mettre au service de ceux qui en ont besoin, les Dieux n’ont pas distribué des dons différents à chacun d’entre nous pour que nous les gardions pour nous-mêmes, mais bien pour que nous soyons tous complémentaires. En tout cas, c’est ce que je pense. Et puis je garde tout de même un temps appréciable pour me consacrer à mes propres écrits. »

Le regard de Reyan se perdit sur la lame du Nua, tandis qu’un léger sourire animait une nouvelle fois son visage.

« Abyss prône des idéaux de paix et de sérénité, c’est vrai. Mais méfiez-vous des apparences, les mots peuvent devenir des armes bien plus dangereuses que n’importe quelle lame. Quant à votre admiration… »

Reyan leva les yeux et fixa de nouveaux ceux du guerrier pour appuyer ses propos et montrer qu’ils étaient sincères.

« Eh bien elle me va droit au cœur, je vous remercie. »

Amusé d’être qualifié d’être de culture, Reyan eut un léger rire : il se sentait désormais pleinement à l’aise en compagnie du charismatique Nua, et ne voyait plus en lui aucune menace. D’aucuns l’aurait averti qu’accorder sa confiance aussi rapidement, ce qui allait pourtant en totale contradiction avec son caractère méfiant, pouvait lui jouer le même genre de tours qui l’avait conduit à se lier d’amitié avec Pâris, ainsi qu’à la chute qu’on connaissait à cette histoire. Mais le Cydien était comme envouté par la nonchalance et le naturel du Nua, qui dégageait vraiment quelque chose de plus par rapport aux quelques clients de l’auberge. Gardant désormais un sourire en coin, Reyan leva également son verre pour trinquer avec son compagnon le temps d’un repas.

« Et n’oublions pas les brutes épaisses dépourvues d’intellect, sans qui les lumières d’espoir comme moi ne feraient pas long feu ! »

Et Reyan but une nouvelle gorgée. Il n’ajouta rien de plus le temps que le guerrier termine son déjeuner, se disant que jamais il n’aurait imaginé une telle scène en quittant le temple tout à l’heure. Une fois repu, l’admirateur des prêtres et autres écrivains demanda en toute légitimité le nom de son interlocuteur. C’est vrai, ils n’avaient pas encore échangé la plus élémentaire des familiarités qu’était l’échange d’identités.

« Reyan, répondit sobrement le jeune Cydien.Et quel nom dois-je donner au beau guerrier Nua ? Car c’est ce que vous êtes, n’est-ce pas ?»

Apparemment le Cydien devant lui avait du répondant et n'hésitait pas à dire les choses franchements. De plus Vaykalan voyait bien que celui ci était un homme qui savait bien parler. Des phrases courtes mais juste. Des mots bien choisit et un visage impassible comme tout bon prêtre ce doit. Il avait aussi une touche d'humour...Pendant un instant Vaykalan se dit que ce garçon était idiot car il avait tout pour plaire à une jeune demoiselle...Puis il revenait à la réalité quand il lui donna son nom.

Ainsi il se nommait Reyan...Un nom typique vous me direz...Un de plus qu'il enregistra dans son esprit. Sachant que il ne reverrait peut être jamais ce garçon, il se dit qu'il était peut être inutile de donner son nom. Mais ce dernier lui posa la question avec un qualificatif en plus qui le fit sourire légérement. Il était étonné de voir qu'on le reconnaissait sans problème comme un Nua.Mais dans un sens il ne le cachait et puis Reyan semblait être cultivé et à du étudier les différents peuples de ce monde. C'est ce que se disait Vaykalan avant de lui répondre.

"Ma fois je pense que je suis beau mais de là à être Nua..."

Il se leva légérement pour lui donner une tape sur l'épaule et il rigolait légérement en ajoutant

"Je suis belle est bien un Nua un des rares qui ne soient pas attachés à des chaines ou au service d'un seigneur..."

Sa voie n'était plus fait d'humour ou de joie, il ne s'assombrit pas mais la mélancolie traversa pendant un instant son esprit puis il reprit

"Quoiqu'il en soit vous m'avez posé une question et je vais vous répondre Reyan. Je me nomme Vaykalan, guerrier et aventurier à ses heures perdus c'est à dire tout le temps."

Il fit signe au tavernier de prendre son assiette car il avait finit et de lui remplir sa pinte de nouveau et reprit le dialogue avec Reyan

"Dites moi Reyan, vous êtes un Cydien si je me trompe pas...Que pensez vous de votre peuple ? Si je vous le demande c'est que je vois de mon côté en tant que Nua et j'aurai souhaité savoir le point de vue d'un Cydien même. Ca fait quoi de vivre avec son peuple dans une cité splendide ?"

Il termina sa phrase et posa son bras sur la table et avec son autre main il tenait sa pinte attendant une réponse de Reyan. Néanmoins pendant qu'il l'écoutait il regardait de temps en temps les deux demoiselles à la table à côté et qui lui faisait de doux sourire.Une fois de plus le Nua était à la fois curieux d'entendre un autre point de vue mais aussi tenté de partir à la rencontre des deux demoiselles à la table...Comme quoi être Nua sa à du charme se disait Vaykalan en regardant les deux femmes.

Reyan ne s’était donc pas trompé : le dénommé Vaykalan était bien un Nua. Ce n’était pas le premier que voyait le jeune prêtre, néanmoins ce peuple était si mystérieux que, du temps où Reyan vivait à Muria, il doutait de leur réalité, les prenant pour une ancienne légende qui aurait mal vieilli. Ce n’est que lorsqu’il quitta la cité des Amazones et qu’il put voir le monde extérieur que le Cydien réalisa à quel point il s’était trompé. Il ne connaissait pas grand-chose de l’histoire du peuple Nua, si ce n’était ce triste amalgame que tous faisaient entre Nua et esclave. Le premier que Reyan avait aperçu lui avait fait forte impression, il avait même eu un véritable choc ! C’était normal : après tout il avait vu déambuler dans les rues un être qu’il n’avait vu jusque-là que dans les livres et qui n’avait a priori pas sa place dans le monde réel ! Mais le prêtre s’était vite adapté à cette nouvelle information, et c’est cela même qui lui permettait aujourd’hui de reconnaître le beau guerrier comme originaire des îles.

D’ailleurs, ce dernier paraissait bien sûr de lui et de son charme, un point qui ne plus pas trop au jeune prêtre qui supportait mal toute forme de vantardise. Un peu sous le choc de la tape amicale du Nua, qui était pourvu d’une force certaine, Reyan se redressa plus ou moins avec dignité lorsque Vaykalan rappela plus ou moins volontairement le statut de la majorité du peuple des îles. Oui, il aurait dû y penser, c’était presque surprenant de voir un Nua libre de chaînes, libre comme l’air, libre de vivre l’aventure. L’aventure… Ce mot laissa Reyan songeur : comme tous les petits garçons, il avait jadis rêvé de vivre des histoires incroyables, son imagination grandissant au rythme des livres qu’il engloutissait, relatant les faits de héros aux pouvoirs extraordinaires. On lui avait souvent dit que, lui, il avait quelque chose en plus. Même si le Cydien n’avait jamais bien compris la pertinence de ce commentaire, il l’avait simplement mis sur le compte de ses facilités à manipuler les forces magiques, domptées qu’elles étaient par sa plume et son encrier. Qu’avait-il d’extraordinaire à part ça ? En grandissant, il avait fini par oublier, ou plutôt par refouler ces questionnements enfantins au profit de sa dévotion envers le Dieu des Mers. Mais était-il vraiment à sa place ?

Vaykalan parvint à sortir Reyan de ses rêveries en l’interrogeant sur Cydonia et sur les Cydiens. Le prêtre but une nouvelle gorgée de sa pinte, mais cette fois son air était plus grave, car répondre, ou plutôt ne pas répondre à cette question l’obligerait à parler d’une partie de son passé.

« Je ne suis hélas pas en mesure de répondre. J’ai beau porter en moi le sang de Cydonia, je n’y suis arrivé que depuis quelques semaines tout à au plus. C’était mon père le vrai Cydien, moi je suis né dans la cité des Amazones. »

Mais Reyan commença à réaliser que raconter sa vie privée n’avait absolument aucun intérêt, d’autant que cela l’obligeait à repenser à des choses qu’il préférait laisser de côté.

« Ça n’a aucune importance. C’est juste pour dire que je ne peux pas avoir d’avis. Tu ferais mieux de poser la question à un vrai Cydien. »

Le prêtre parut une nouvelle fois songeur. Il en avait presque oublié son désir ardent de retrouver sa cité d’origine, cachée au milieu de la forêt. En même temps, ses chances étaient très minces : en quittant Silmarie, il avait certes retrouvé une certaine tranquillité spirituelle et l’occasion de pleinement s’épanouir en tant qu’adorateur d’Abyss, mais il s’était aussi éloigné de ce qui devait être le centre de ces recherches. Malgré tout, son souhait secret restait présent, trahi parfois par quelques lignes où il égarait une partie de lui-même.

Le temps passe et jamais ne s'arrête.

Le changement de saison s'annonce et bientôt, le blanc manteau de l'hiver qui recouvrait ce monde laissera place à l'herbe grasse et aux timides rayons du soleil. Le silence cédera sa place au chant des oiseaux et le monde s'éveillera petit à petit, sortant lentement de son cocon de glace. Dans ce décor que le temps semblait avoir figé, le moment est venu de s'éclipser, de laisser la nature reprendre ses droits et le cours des choses se faire.

[ Désengagés : Reyan, Vaykalan ]

Contenu sponsorisé

» [D-E] Après le travail... le travail. [PV Flowène, FINI!!]
» [F-A][Année 153]L'infini de la mer[PV Vaykalan ] (fini)
» (D-A-FINI) PV Kanjou - Repos avant le travail
» [FH] A tout travail son salaire (libre) (fini)
» [FP] Loup (Prio Jigen) (fini)

[152 - DE] Travail [Prio Vaykalan] (fini)

[152 - DE] Travail [Prio Vaykalan] (fini)

Sujets similaires

Sujets similaires