Description physique :

Sfriedwick est presque un vieillard, même si son maquillage le camoufle bien.
Sa figure, toute couverte d’un blanc opaque, se sillonne de rides dès qu’il se met à rire, ce qui est fréquent chez un clown. Autour de ses yeux sont tracés de grands cercles bleus, immenses, qui s’accordent merveilleusement bien avec le bleu véronique de ses iris. Ses sourcils, recouverts de noir, font comme des accents circonflexes qui s’animent quand il parle.
Comme tous les clowns, Sfriedwick a le nez rouge. Chez lui l’on dirait une grosse cerise mûre, éclatante, brillante, délicieuse, que tous les enfants ont envie de pincer.
Ses joues creuses sont rehaussées par des pommettes rosées et sa bouche, entièrement peinturlurée de rose, de blanc et de noir, fait comme un sourire permanent, même lorsqu’il affiche l’air le plus mécontent dont il est capable.

Sa taille est grande, 1m72 peut-être, ce qui n’est pas mal lorsqu’on a cinquante ans. Il est fin, sans muscle aucun, mais sans graisse non plus. Sa peau, un peu fripée, pend un peu. Mais rassurez-vous, cela ne se voit que lorsqu’il est tout nu ! ce qui n’arrive pas souvent, puisque le clown ne se départi jamais de sa salopette jaune citron, découpée dans une étoffe qui lui a coûté une fortune, mais qui ne sied qu’à lui.
Contrairement aux préjugés, Sfriedwick n’a pas de chaussures démesurées, ni une fleur piégée au pourpoint.
En somme, Sfriedwick a un air bien sympathique, qui correspond bien à son métier de clown.

Caractère, qualités et défauts :

Sfriedwick est un homme morne, asocial et complètement exécrable, vous vous doutez bien !
…
…
Evidemment, c’est un gros mensonge que je fais là car Sfriedwick, au contraire, est l’homme le plus débonnaire, le plus dévoué, le plus drôle, le plus attachant qu’on n’ait jamais pu rencontrer !
Difficile de résister à sa voix haut-perchée, à son sourire angélique et à toutes ses petits tocs qui le caractérisent.
Certes, il est très taquin, un peu indiscret, parfois exaspérant… mais dans le fond… c’est une (tarte à la) crème !
Toujours de bonne humeur, le clown essaie de la transmettre aux autres, et met tout en œuvre pour : petit-déjeuner au lit pour Jillian, saynètes pour ses amis et collègues, gaffes à gogo.
Sensible, il faut faire attention de ne pas trop le brusquer, car un rien peut le faire pleurer. Ne vous avisez pas de lui dire qu’il a mal accompli quelque devoir, attendez vous à avoir le cœur fendu en apercevant sa mine triste.
C’est également le plus généreux de tous. Il vendrait sa main pour vous faire plaisir, alors même que celle-ci lui permet d’exercer son art, à savoir la clownerie ! Espiègle comme pas deux, méfiez-vous de ses gaffes qui auront parfois le don de vous mettre hors de vous.

Mais comme tout le monde, Sfriedwick n’est pas parfait, loin s’en faut !
D’abord, il est dissipé. Il est parfois très difficile de canaliser son énergie débordante, et lui faire comprendre le sérieux d’une situation. Malgré son âge avancé, il est très loin d’être mature. C’est un véritable enfant qu’on ne pardonne pas facilement.
Ensuite, notre homme est un brin mythomane. Il lui arrive de fabuler des heures durant sur tel ou tel autre évènement qui aurait bouleversé sa journée, ou même sa vie. A propos de cette dernière, il est bien difficile de discerner le vrai du faux. A force de raconter des sornettes, beaucoup de personnes de son entourage ont fini par ne plus le croire du tout, et ont eu tendance à le considérer comme un gentil hâbleur.
Enfin, et ceci ne peut pas vraiment considéré comme un défaut, Sfriedwick est gravement malade. Aucun médecin n’a encore su poser de diagnostic quant à son état, et ce parce que le clown n’a jamais vraiment essayé de comprendre pourquoi il toussait de plus en plus souvent, pourquoi un mal lui déchirait la poitrine subitement parfois, pourquoi sur son mouchoir des taches de sang apparaissaient après qu’il a expectoré.
Sfriedwick donc, est aussi quelqu’un plein de secrets, qui se soucie des autres bien plus que de lui-même.
La maladie, la douleur, le malheur, la pauvreté sont autant d’états qu’il ne supporte pas de constater.


Biographie :

Il serait bien difficile de raconter l’histoire de Sfriedwick, pour la simple raison qu’il ne parle jamais de son passé. Comme beaucoup d’autres, il a vu dans La Troupe l’opportunité de démarrer une nouvelle vie, et de tr acer un long trait sur son existence passée.
Il est originaire de Storghein, c’est au moins un point qui est avéré. Jillian n’en dit jamais long sur sa rencontre avec le clown, et c’est comme s’il avait toujours fait partie de La Troupe, qu’il considère comme étant sa seule et unique famille.
Il s’est rapidement fait une place au sein du groupe. C’est le papa de certains, le confident d’un autre, le rival d’untel et le grand-père de celui-là. C’est surtout un des piliers de la Confrérie, qui symbolise l’unité et l’amour qui unit les saltimbanques.
Durant toute la première saison, la vie de Sfriedwick s’est lentement déroulée, sans qu’il y ait beaucoup de bouleversements. Mais la Bataille des rois a tout changé pour lui, qui ne voulait voir dans le monde qu’un éden gigantesque.
Les interventions de Maladie, Guerre, Mort, la Bête, Azael, et le combat qui les a suivies l’ont marqué profondément. Trop vieux pour se battre, ou pour être utile sur un champ de bataille, il était resté en retrait et s’était acharné à vouloir sauver celles et ceux qui pouvaient l’être, à tel point qu’il avait failli tomber dans les pommes à force d’efforts.
Quand il a vu Elly, s’en fut trop pour lui.
La jeune panthère et lui ne s’étaient jamais vraiment liés d’amitié et pourtant, tacitement, ils éprouvaient l’un pour l’autre une sorte de respect mêlé de réserve.
Depuis le temps qu’ils se côtoyaient, l’un et l’autre reconnaissaient leurs qualités respectives.
Quand il vit la Nùa sur une sorte de civière entrer dans sa tente, les yeux de Sfriedwick s’écarquillèrent un peu plus que d’habitude. Vu la gravité des évènements, le clown avait renoncé à se peinturlurer le visage et il n’y restait que d’anciennes traces de maquillage délavées, qui le faisaient paraître encore plus vieux qu’il ne l’était vraiment.
Le dos de la jeune femme était entièrement brûlé, et la légère cotte de maille qu’elle avait enfilée pour le combat avait fondu. Des morceaux de chair et de métal s’amalgamaient, et dans la lumière essoufflée de la tente, la jeune femme apparaissait tel un être de viande et de fer, plus inhumaine encore que d’habitude.
Elle était bien amochée, recouverte encore du sang de ses ennemis. Difficile à croire qu’aussi carbonisée qu’elle l’était, elle n’ait pas succombé à ses blessures.
Aussitôt qu’elle fut allongée sur le ventre dans la tente, Sfriedwick se frotta les mains énergiquement, et s’attela à son Soin, en lui envoyant par empathie des sensations agréables. Il ignorait si la Nùa inconsciente les recevait, mais il continuait, et y attachait une importance toute particulière. Il lui parla également à voix haute, longtemps. Il lui raconta la Bataille, leur victoire, Jillian. Il lui dit aussi quelques secrets de sa vie d’avant, mais ça, c’est autre chose.
Ce soir-là en tout cas, Sfriedwick se promit qu’il veillerait au rétablissement de la Nùa, et qu’il y mettrait tout son coeur.

Une fois que la Bataille fut passée, que la Troupe eut pansé ses plaies et fait le bilan de la situation, c’était Sfriedwick qui avait insisté auprès de Jillian pour qu’Elly soit installée dans une chambre de bonne à Tamawa. La Meneuse avait d’abord été réticente. Elle était persuadée que son amie allait bien, qu’elle se remettrait vite, comme toujours. Mais l’état d’Elly ne s’améliorait guère. Tout le jour, plongée dans une sorte de léthargie, la Nùa délirait et hurlait de douleur tandis qu’on lui soignait ses plaies. L’incessant mouvement de La Troupe était nocif à son rétablissement et Jillian fut bien obligée de se rendre à l’évidence : elle devait laisser sa fidèle saltimbanque sur la touche, et continuer sans elle, le temps qu’elle se refasse une santé.
Sfriedwick, quand il sut qu’une petite pièce de l’Auberge Bleue était libre pour pas grand-chose, se proposa instantanément comme garde-malade. Il insista tant et si bien, et avec tant de sérieux, que la Meneuse accepta qu’il reste avec Elly, sous couvert qu’il la lui rende plus robuste encore qu’elle ne l’avait été.
Le clown ne prit pas sa tâche à la légère, et passa plusieurs mois avec la grande brûlée, inconsciente jour et nuit.
Maintenant que le printemps se termine, Elly Sora, après avoir passé plusieurs mois allongée, s’éveille.
Sfriedwick, dont la santé se dégrade chaque jour un peu plus, sent sa fin proche. Pourtant il doit endosser une autre casquette. En effet, Elly Sora aura dû mal à accepter cet état de dépendance dans lequel elle est plongée. Il devra être un soutien moral de taille, et apprendre à la jeune femme sauvage la nécessité, parfois, qu’il y a de vivre ensemble…