(flashback FP 134) Nous ne laissons à nos enfants que des souvenirs [ Désengagée ] (pv Jacen)

~°~ fin printemps An 134 ~°~

Le temps était passé relativement vite et l'heure de leur premier rendez-vous avait sonné depuis fort longtemps maintenant. Les choses étaient allées si vite que Philéa elle-même avait du mal à se remémorer toute l'histoire. Un beau matin, un jeune homme avait poussé la porte de la boutique familiale désertée par sa mère et il avait acheté un bouquet de fleurs composée par la Cydienne. Le lendemain, le sur lendemain et ainsi de suite durant une longue semaine, il l'avait amusée à revenir tous les matins à la même heure, lorsqu'il était certain qu'elle était seule à tenir la boutique. Il avait inventé de nombreuses excuses, toujours plus étranges les unes que les autres, pour acheter une de ses créations et finalement, il s'était décidé. Philéa se souvenait vaguement de la robe qu'elle portait, vêtement qui ne la mettait absolument pas en valeur, ou encore, de la tartine pleine de confiture qui pendait de ses lèvres lorsqu'il était entré ou pour finir, de son verre de lait frais encore tiède qu'elle tenait dans la main. Ce qu'il lui avait dit exactement était sans importance, le fil du destin s'était tissé autour d'eux sans qu'elle n'y prenne gare et aujourd'hui, elle devait en assumer les conséquences.

La jeune femme était mature, son père le lui avait toujours affirmé et c'était sans doutes grâce à sa force de caractère que Philéa avait pu maintenir l'homme en vie malgré le départ de sa femme. La Reine Amazone avait fait des choix que la Cydienne ne comprenait pas et ne comprendrait sans doutes jamais, du moins le pensait-elle. Abandonnée, sans figure maternelle, Philéa avait repris le rôle de Jenaa à la maison d'une main de maitre et son père avait survécu à son chagrin grâce à cela. Pourtant, Philéa n'était pas heureuse, elle trouvait son existence monotone, sa vie monocorde … Jacen avait été l'élément perturbateur tel le chevalier dans les romans à l'eau de rose qu'elle préférait bruler l'hiver plutôt que les lire. Il fallait bien avouer qu'au départ, Philéa s'était jouée de lui, se doutant que ce gringalet n'avait pas grand chose à lui offrir elle qui rêvait de vivre la grande aventure et pourtant, elle devait bien avouer maintenant que ses sentiments avaient évolués, qu'il avait su faire naitre en elle un sentiment sincère et stable que les badauds appelaient vulgairement l'amour. Et de cet amour était né quelque chose de plus grand, de plus terrifiant encore … l'enfant qu'elle portait en elle. Philéa n'avait à l'époque de ses dix huit ans que peu de choses à voir avec la femme qu'elle était devenue en accédant au trône, si elle avait déjà une forte personnalité à l'époque de sa rencontre avec Jacen, elle était en revanche assez peu sure d'elle quant à l'enfant à naitre.

La jeune femme sentait vivre en elle quelque chose qui la dépassait, qui grandissait contre son gré et finirait pas sortir pour voir d'elle-même le jour se lever. Philéa avait peur. Donner la vie n'était pas quelque chose d'anodin et elle se demandait comment elle ferait lorsque l'enfant serait né. Sa propre mère l'avait abandonné alors qu'elle entrait à peine dans l'âge adolescent aussi, Philéa ignorait ce qu'elle pourrait transmettre alors qu'on ne lui avait jamais rien transmis, elle qui avait appris sur le tas. Craignant d'être une mauvaise mère, d'abandonner à son tour son enfant comme si cela était inscrit dans son patrimoine génétique, Philéa n'avait pas osé en parler à Jacen les premiers mois. Une femme sait lorsqu'elle porte la vie en elle et pour cela, la Cydienne ne faisait pas exception, cependant, elle avait pris le parti de cacher à tous sa grossesse faute de mieux. Pourquoi avait-elle subitement changé d'avis ? Pour les mêmes raisons qu'elle s'était refusée à avouer son état à celui qu'elle aimait ou encore, à son père. La peur. Elever un enfant seule était au dessus de ses forces, toutefois, elle appréhendait la réaction de Jacen … il était Templier depuis peu, il n'avait que dix huit ou dix neuf ans, peu importait, tout comme elle d'ailleurs, qu'avaient-ils à offrir à cet enfant à naitre ? Pire que tout, Philéa se demandait si le père de l'enfant serait prêt à quitter tout ce qu'il s'était construit si durement pour elle. Etait-elle seulement prête à le lui demander ?

Philéa était beaucoup de choses, grande gueule face aux clients peu aimables, attentionnée envers son père comme envers le Templier, fidèle, obtus, têtue, prête à tout pour parvenir à ses fins mais certainement pas égoïste au point de reproduire les mêmes erreurs que sa mère en obligeant celui qu'elle aimait à choisir entre son avenir et elle. Le dilemme était cruel aux yeux de la belle et finalement, c'était dans la crainte d'être seule face à la nouvelle épreuve qui l'attendait qu'elle avait pris la décision de tout avouer à Jacen. Peu importait ce qu'il choisirait, mieux valait la vérité au mensonge. Comme chaque soir, ils s'étaient donnés rendez-vous dans les quartiers commerçants de Cydonia. Philéa s'était faite belle et avait choisi une robe qui mettait en valeur ses atouts naturels. De couleur violette tirant sur le pastel plus que sur le sombre, elle descendait juste au dessus de ses genoux en de fins voilages portés par le vent. Les cheveux châtains foncés de la belle descendaient en cascade jusqu'au milieu de son dos tandis que ses yeux scrutaient l'arrivée de l'être aimé. Philéa ne se souvenait pas exactement du moment auquel Jacen était arrivé ou encore ce qu'ils avaient pu se dire. Elle savait simplement qu'ils étaient là, dans un jardin aux senteurs du printemps, et qu'elle devait prendre une décision.

La jeune femme posa ses mains sur celle du Templier et esquissa un sourire tandis que son regard se voilait. Philéa n'avait jamais manqué de courage pour ce qui était de défendre ses intérêts ou ceux de son père mais voilà que les mots lui manquaient soudainement.

« Jacen, je dois t'avouer quelque chose. »

Elle marqua une pause et choisit avec précaution ses mots. Son regard se posa alors sur le jeune Cydien lorsqu'elle lui demanda d'une voix légèrement tremblante :

« Serais-tu prêt à entamer une aventure à trois ? »

» [151-DP] [partie 1] flashback - Nous ne laissons à nos enfants que des souvenirs (pv Jacen) [Terminé]
» [D-A] [Forêt cydienne] Ces souvenirs qui nous hantent. (Soren) {The End}
» [Terminé][150][D-E](Flashback) Blesser les autres... (PV Jacen)
» [Terminé][150][D-A](Flashback) ... pour mieux les aider ! (PV Jacen)
» [Terminé][155][Début Printemps] Lorsque les souvenirs nous collent à la peau (Thémis)

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