Azthia Ô, petite flamme qui guide chaque cité d'Azthia, surtout ne vacille pas. Car les temps sont bien embrumés et un vent d'inquiétude souffle... Laissez vous tenter par un univers poétique et fantastique, créez un personnage haut en couleurs... |
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| [151][F-A] La renaissance [Elly, Sfriedwick, Ithilion][FINI] | |
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Elly
Nombre de messages : 281 Âge : 33 Race et âge : Nùa - 32 ans Cité : Erathia/La Troupe Métier : Officiellement : Saltimbanque - Officieusement : Assassin Feuille de personnageCompétences: Transformation animale en panthère ; Acrobatie ; TortureCompétences bonus: Discrétion ; Survie ; Dévouement (voir Profil)Réputation : (10/10) | |
| Sujet: [151][F-A] La renaissance [Elly, Sfriedwick, Ithilion][FINI] Lun 5 Sep - 11:05 | |
| Quelle étrangeté que la vie. Elle emprunte toujours le chemin le plus long, pour durer davantage, grappiller un peu de temps avant que le moment fatidique n'arrive et n'interrompe tout. Même quand le quotidien est des plus pénibles, l'être vivant s'accroche à sa vie comme à son trésor le plus précieux; il accepterait d'être privé de tout si on le laissait vivre, sentir, pleurer, penser, goûter encore un petit peu. Personne ne fait exception à la règle, pas même Elly Sora.
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Le matin se lève sur Tamawa, pluvieux, froid, gris, venteux, comme tous les matins de Soufflegivre cette année-là. La ville se réveille difficilement, les rues pavées sont encore vides, seul l'effluve appétissant qui s'échappe de l'échoppe du boulanger trahit la présence de tous ces hommes et de toutes ces femmes dans les maisons. Dur de sortir de son logis quand on entend déjà la pluie battre les carreaux avec force, en sachant pertinemment que cette rengaine jouera en boucles toute la journée. Tout le monde préférerait rester devant l'âtre, blottis l'un contre l'autre, le doux parfum de la soupe et du pain frais flottant langoureusement dans l'air. Mais malheureusement, c'est impossible. Depuis que La Bataille a eu lieu, tout a changé ici. Les destructions matérielles ont été conséquentes et chaque jour les artisans se relaient pour reconstruire les bâtiments, tenter de redonner à Tamawa son sourire d'antan. Les étrangers ont afflué en ville et les plus pauvres sont agglomérés dans des quartiers malfamés, sortes de ghettos où les forces de l'ordre n'ont aucune emprise. La règle est à la méfiance, et à l'économie. Les femmes serrent bien fort leur panier contre elles lorsqu'elles sortent acheter de quoi nourrir leurs marmots: quelques légumineuses rabougries mais qui, bien délayées dans l'eau, font un brouet comestible. Pour les petites gens, il faut le dire, l'an 151 fut pénible.
Pourtant, ce matin-là de Soufflegivre fut salutaire pour au moins une personne, j'ai nommé l'assassin de la Troupe et Saltimbanque de son métier: Elly Sora. Derrière les murs épais de l'Auberge de l'Or Bleu, au dernier étage, dans une pièce on ne peut plus exiguë, la funeste beauté reprend vie.
Allongée sur le dos, le regard rivé sur le plafond mansardé dont le crépit commençait à se fissurer, la Nùa écoute. Une pluie battante frappe avec violence la seule petite fenêtre de la pièce, et c'est comme si elle emplissait l'atmosphère tout entier et trempait Elly de la tête aux pieds et la purifiait. La Nùa est allongée sur le dos, immobile, embobelinée dans un linge blanc. Elle respire lentement et sa poitrine amaigrie se soulève doucement. Elly se sentait faible, et c'était bien la première fois. Elle sentait ses os saillir sous sa peau, ses joues creusées, et une mollesse indicible l'habiter. Elle avait du mal à réfléchir, à se resituer et pourtant, elle sentait qu'elle ne craignait rien, que tout irait bien. Sans savoir pourquoi, elle avait l'impression d'être en sécurité.
La jeune femme resta ainsi longtemps, jusqu'à ce que la pluie se calme et que le silence s'installe. Elly n'entendait plus rien d'autre que le calme enveloppant et rassérénant de la chambre. Il était temps qu'Elly se lève, il était temps qu'elle reprenne le contrôle. La Nùa expira profondément pendant quelques secondes, puis elle ferma les yeux, et en une seule fois, elle s'assit sur le fesses. La tête lui tourna immédiatement, des petits points blancs vinrent troubler sa vue, et Elly dut prendre appui sur ses deux bras. Une fois qu'elle eut repris contenance, elle pivota, posa le pied droit au sol, et tout de suite après le pied gauche. Avant de se lever complètement, Elly Sora s'observa un peu. Elle était maigre à faire peur. Ses ongles étaient pâles, ses doigts osseux, ses poignets saillants. Ses bras n'avaient plus aucun muscle, tout comme ses cuisses d'ailleurs. La Nùa n'était déjà pas bien grosse, mais désormais elle était décharnée. Cette constatation n'eut pas d'écho en Elly, qui afficha un air blasé avant de se lever tout à fait, précautionneusement. Ce fut éprouvant, autant le dire. L'assassin, jadis si robuste, flanchait sur ses deux jambes. Elle fit un pas, puis un autre, les bras et les mains écartées pour s'équilibrer. On aurait dit une enfant apprenant à marcher; heureusement qu'elle était seule car le spectacle était des plus humiliants pour ceux qui avait connu la Nùa à son apogée.
Tout à coup, le silence fut troublé. Elly perçut les grincements réguliers et rapides d'un escalier, puis des pas qui s'approchaient. Instinctivement, la Nùa voulut se cacher mais elle n'avait plus les mêmes réflexes qu'avant, et elle n'eut le temps que de faire un ou deux pas en direction du lit avant de flancher, et de tomber à la renverse. Le tissu qui l'enveloppait, à cette occasion, glissa quelque peu et découvrit la brûlure de la Nùa. La peau était rose depuis le dessous de la nuque jusqu'au haut de ses fesses. La blessure avait vraiment bien cicatrisé car la surface semblait toute lisse. A un endroit cependant, sur le haut de la colonne vertébrale, il y avait une marque ovale d'environ trois ou quatre centimètres, aux reflets argentés. En s'approchant un peu, on se serait rendu compte de ce que c'était: une plaque de métal issue de l'armure légère que portait Elly le soir de la Bataille. Malgré tous les talents de Sfriedwick, la peau et le métal s'étaient amalgamés tellement étroitement que le soigneur n'était pas parvenu à l'extraire, et il avait dû, faute de mieux, laisser ce morceau là planté dans la peau. Ca lui faisait comme un bijou. Quant à savoir la réaction que la Nùa aurait quand on lui parlerait de cette trace... seul l'avenir le dira!
Pour l'heure, la porte s'ouvrait déjà. Elly n'avait pas réussi à se relever, ni à remettre le drap qui la couvrait en place, qu'elle entendait derrière elle une voix familière...
Dernière édition par Elly le Ven 14 Oct - 10:37, édité 2 fois |
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Sfriedwick
Nombre de messages : 20 Race et âge : Astorg - 50 ans Cité : Erathia/La Troupe Métier : Saltimbanque - Clown Feuille de personnageCompétences: Représentation - Soin - Esprit (>Télépathie & Empathie)Compétences bonus: Réputation : (3/10) | |
| Sujet: Re: [151][F-A] La renaissance [Elly, Sfriedwick, Ithilion][FINI] Mer 14 Sep - 2:21 | |
| Sfriedwick et Ithilion avaient pénétré dans L'Auberge Bleue une dizaine de minutes à peine après avoir quitté Suzie et sa boutique. Sur le chemin, les deux hommes n'avaient pas échangés le moindre mot, non seulement à cause de la pluie et du vent, qui commençaient à se faire plus violents, mais aussi à cause d'une certaine jalousie que le clown entretenait envers ce prétendu ami de la Nùa. Sfriedwick, peut-être un peu trop confiant, n'avait pas hésité à conduire l'homme au chevet de son amie. Il n'envisageait pas la possibilité qu'Ithilion ait pu être un malfrat, ou un ennemi potentiel, et ce parce qu'il avait dans le regard et dans l'attitude quelque chose qui lui indiquait la véracité de ses propos. Quand les deux compagnons poussèrent la porte de l'auberge, ils prirent quelques secondes pour se débarrasser de leurs vêtements trempés, et pour se redonner quelque contenance. Sfriedwick, avant qu'ils ne montent, le fit asseoir sur un banc du réfectoire, et lui fit un bref résumé des mésaventures de la Nùa depuis ces 11 derniers mois: la Bataille, la trahison, la brûlure, l'inconscience... Autant de choses dont le dénommé Ithilion n'avait pas eu vent. Il paraissait étonné, et le clown arrivait à ressentir grâce à l'esprit qu'une inquiétude l'avait gagné,et qu'il lui pressait de voir la malade. Sfriedwick fut rassuré par cette réaction: au moins, se disait-il, il semble se préoccuper de Belly comme un ami le ferait. Aussi, le saltimbanque ne fit pas attendre bien longtemps Ithilion. Il se dirigèrent vers l'escalier, et entreprirent la pénible montée jusqu'au dernier étage. Ithilion dut s'apercevoir que, pour un homme plutôt âgé que Sfriedwick, monter et descendre les marches devait être un exercice fatigant. Les marches grinçaient à chaque pas, et aucun des deux hommes ne parlaient, l'un trop concentré à ne pas montrer son épuisement, et l'autre trop préoccupé par la pensée d'Elly pour s'en apercevoir.
Enfin, ils arrivaient au palier, situé sous le toit de l'auberge. Un couloir exigu, long de deux ou trois mètres et mansardé des deux côtés, menait à une porte sombre, bien dissimulée par l'absence de fenêtre. Sfriedwick fit signe de se taire à Ithilion, qui, de toute manière, n'avait pas prononcé le moindre mot; et par télépathie il ajouta: *Il ne faut pas faire de bruit, le sommeil de Belly est agité.* et doucement, il baissa la poignée et ouvrir la porte, dont s'échappa une lumière qui les aveugla une ou deux secondes.
Le clown, qui était le premier à entrer, su se remettre de sa surprise avec une rapidité exceptionnelle. Alors qu'il s'attendait, comme tous les jours, à voir Elly allongée sur le lit blanc les yeux fermés, il s'aperçut que la jeune femme n'avait pas sa place habituelle. Au contraire: à genoux sur le sol, seul son buste, nu, reposait sur le lit. Et elle gigotait!
Mais!, laissa échapper Sfriedwick en se précipitant vers Elly.Comment? Tu? Oh! Les interjections se succédaient sans que le saltimbanque eût pu prononcer une phrase complète. Pourtant, avec ce paternalisme inné, il avait immédiatement porté secours à Elly, qui peinait à se relever, ce que Sfriedwick comprenait aisément.
L'Astorg, d'ailleurs, n'en revenait pas. Il savait que la jeune femme se réveillerait bientôt, mais il ne l'attendait pas avant un mois au moins. Et surtout, il ne pensait pas qu'elle arriverait dès les premières heures à se mouvoir, à cause de l'ankylose qui avait pris ses musles. Ithilion était plus que surpris. Il était en haleine, pressé que Sfriedwick ouvre cette porte et lui dévoile la jeune femme blessée; il avait entendu, la boule au ventre, le grincement de la porte qui lui dévoilerait son secret; et, alors qu'il s'attendait à une ambiance calme et recueillie, celle qui flotte autour d'une chambre d'hospice, il avait vu, et entendu le clown s'exclamer, sa silhouette obstruant la devanture de la porte, et ce qu'il se passait dans la pièce par la même occasion. Ce n'est que lorsque Sfriedwick avança dans la petite pièce qui ressemblait d'ailleurs plus à un cagibi, qu'Ithilion put faire un pas vers l'avant, et entr'apercevoir la chevelure noir de jais d'Elly Sora, et un reflet brillant dans son dos. Ensuite, l'effet d'adaptation à la lumière passé, il vit distinctement une silhouette enroulée dans un draps, que Sfriedwick allongeait précautionneusement sur le lit.
*Tout va bien Elly*disait le clown à la Nùa.*Je vais t'expliquer ce qu'il se passe, mais tu n'as pas à t'en faire. Je t'ai soignée, après la Bataille. Est-ce que tu te souviens?* Pour Sfriedwick, cette question était cruciale, et allait déterminer le nouveau tournant que prendrait l'aventure d'Elly et lui. Il fallait qu'elle se souvienne, car le cas échéant, le clown anticipait déjà tous les soucis qui se poseraient. Mais la réponse qu'il attendait d'Elly ne vint pas. Elle garda le silence, les yeux ouverts d'incrédulité sur Sfriedwick. Ithilion, qui avait préféré rester en retrait, le temps que le clown installe rassure Elly, ne devait pas comprendre les évènements. Mais pour le saltimbanque, ce matin-là était lourd de sens: aujourd'hui, son pouponnage s'interrompait. Il n'aurait plus affaire avec une jeune femme endormie, mais avec une furie qui voudrait se réveiller... et il devrait être là pour tempérer la dame.
Plusieurs minutes, le clown et Elly se regardèrent en silence. Sfriedwick lui racontait tout, de A à Z, et Elly, éreintée, n'avait pas encore ouvert la bouche. Son expression avait repris son air concentré d'antan, et il semblait déjà qu'elle enregistrait tout ce que Sfriedwick disait. Ensuite, quand l'agitation fut passée dans la chambre de bonne, Sfriedwick dit à voix haute: Vous pouvez entrer, Ithilion. Je l'ai prévenue de votre présence, et elle n'a pas opposé de résistance à l'idée que vous entriez. *Soyez doux, je vous prie. Elly est vraiment déboussolée, et cela se comprend... |
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Ithilion
Nombre de messages : 703 Race et âge : Cydien de 32 ans Cité : Silmarie Métier : élémentaire Feuille de personnageCompétences: Acrobatie/ manipulation du vent/ combat à mains nuesCompétences bonus: illusion/CalligraphieRéputation : (10/10) | |
| Sujet: Re: [151][F-A] La renaissance [Elly, Sfriedwick, Ithilion][FINI] Mer 14 Sep - 12:23 | |
| L'Auberge Bleue était un établissement plutôt proche de l'apothicaire, mais ces centaines de mètres lui parurent durer une éternité sous cette pluie battante et face à ce vent fouettant le visage. Peut etre que le silence qui s'était installé lors du trajet entre Ithilion et le clown jouait aussi pour quelque chose. Marcher, ou plutôt dans le cas présent trottiner , aux côtés d'un inconnu que l'on appréciait pas grandement ne favorisait pas la discussion.
La porte de l'auberge laissa place à deux individus trempés de la peau jusqu'aux os. Tout le magnifique maquillage du clown ne formait maintenant qu'une bouillie salie sous l'action de l'eau. Heureusement, un feu flamboyant les attendait à l'intérieur de l'âtre. Ils purent donc se poser pour récupérer un peu de chaleur et faire sécher leurs affaires mouillées. Sfriewick, puisque tel était son nom après tout, profita de cet instant de calme pour lui résumer l'accident d'Elly. Le cydien retenu l'essentiel ; la présence d'Elly à la bataille d'Erathia, la trahison et la blessure qu'elle reçu , ces mois passés dans le coma. Le sort semblait s'être acharné sur cette pauvre Nua, l'année 151 ne lui aura pas porté chance. En tout cas, ce ne fût qu'a ce moment qu'il réalisa qu'il rendrait visite à une blessée plongée dans un sommeil indéterminé et non à la femme effrénée de ses souvenirs. Tant pis, on disait que même inconsciente, les personnes entendaient la voie de leurs proches qui leur apparaissait comme un rêve. Peut être qu'Elly entendrait la sienne à travers les ténèbres dans laquelle elle était noyée. Son récit terminé, le guide se leva presque aussitôt et invita Ithilion à le suivre à l'étage. En montant les marches, ce dernier se rendit compte que le poids de l'âge rendait cet exercice pénible au guérisseur d'Elly, qui avait du les monter et les descendre plusieurs fois par jour pour aller chercher des remèdes ou autres besoins. Et pour cela, Ithilion éprouva une certaine admiration devant l'affection et la détermination de ce vieux clown à l'égard d'une personne très cher pour lui. Cela se lisait dans ses yeux à chaque fois que son nom sortait de ses lèvres.
Le première étage de l'auberge s'étendait dans un unique couloir sombre. De part et d'autre de l'étroite allée recouvert d'un long tapis poussiéreux, des multitudes de portes en bois encastrées dans les murs sur lesquelles étaient accrochés des numéros de fer. Ithilion s'attendait à voir le clown s'engager jusqu'à une de ces portes, mais non, il reprit les escaliers qui menaient aux étages supérieurs. Leur escapade se termina au niveau de l'établissement, un petit couloir ayant le toit pour plafond. Marchant à pas de loup, ils arrivèrent devant l'unique porte de cet étage. Le regard d'ithilion croisa celui du clown. Il sentit alors comme une sorte d'intrusion en lui, et la voix du drôle de personnage résonna parmit ses pensées :
*Il ne faut pas faire de bruit, le sommeil de Belly est agité.*
Puis, avec extrême précaution, il tourna la poignée de la porte et pénétra dans la pièce. Le soleil avait du refaire surface dehors car des rais de lumière éclairent le couloir. Toujours dehors, Ithilion préféra attendre que l'on l'invita avant de rentrer à son tour. Question de respect. Soudain, un cri d'exclamation retentit de l'autre côté :
Mais! Comment? Tu? Oh!
Nul doute. Au ton de la voix du soigneur d'Elly, la surprise devait être positive. Il se permit donc un coup d'oeil rapide voir de quoi il en retournait. Prêt du lit, il aperçut une silhouette enveloppée dans des draps blancs par dessus lesquels jaillissait une cascade de cheveux noirs jais. Soudain, un éclat lumineux provenant du dos de la saltimbanque agressa la rétine d'Ithilion, qui pensa ensuite avoir imaginé ce reflet à cause de la luminosité intense de la pièce. Le silence engloba de nouveau la pièce. Les seuls paroles échangées étaient celles du regard entre Sfriedwick et Elly. Puis, le clown commença à narrer à sa miraculée tout ce qu'il s'était passé depuis sa blessure. Cette dernière, encore faible à cause de ces mois d'inactivités et émergeant à peine d'un coma profond, semblait pourtant capter la majeur partie de ces propos. Sa peau était plus pâle qu'a l'ordinaire et l'on pouvait voir son ossature se dessiner dessus à cause de sa maigreur, résultat de onze moi de diète. A travers ses yeux, on sentait qu'une partie d'elle était encore absente ou du moins en train de se réveiller, pourtant elle semblait concentré sur Sfriedwick, le regardant comme si il s'agissait de la chose la plus importante pour elle. L'être qui lui avait permit de s'accrocher à la vie et qui l'avait guidé dans ce brouillard interminable. Une fois qu'il eut fini de tout raconter à sa protégé, il se tourna vers Ithilion et lui signala à haute voix :
Vous pouvez entrer, Ithilion. Je l'ai prévenue de votre présence, et elle n'a pas opposé de résistance à l'idée que vous entriez.
De nouveau, il sentit une intrusion dans son esprit :
*Soyez doux, je vous prie. Elly est vraiment déboussolée, et cela se comprend...*
Ithilion ne répliqua rien devant cette phrase stupide car elle se justifiait pleinement de la part d'un homme qui avait passé ses journées et ses soirées à veiller au chevet d'une personne à la frontière de la mort. Tranquillement, il poussa le battant pour pouvoir s'immiscer dans la petite chambre. Elly venait de capter sa présence et tourna son regard dans sa direction. L’éternel sourire du cydien n'était pas du rendez vous cette fois ci. Son visage impassible contemplait le triste résultat de la guerre renaitre de ce chaos. Un peu à l'image de la perce-neige émergeant fébrilement de l'épais manteau manteau hivernal. Resplendissante. Forte. D'ailleurs, lorsque leurs regards se croisèrent, Ithilion aperçut une flamme briller intensément au creux deux iris couleurs noisettes. Des cendres de son passée noir, elle renaitra tel le phoenix. Cette détermination ardente de reprendre le cours de sa vie, eut un drôle d'effet sur le cydien, qui n'avait pas l'habitude de tout ces sentiments qu'il éprouvait aujourd'hui. Cela ressemblait à du soulagement, mais bien qu'il ne puisse l'expliquer, il savait qu'il s'agissait de bien plus que cela. A bien y réfléchir, peu de personne s'était lié d'amitié avec Ithilion. Son comportement distant porté par son incommensurable ego qu'il affichait une bonne partie du temps ne lui permettait pas d'apprécier grand monde. Et inversement. Il avait apprit à contrôler ses émotions à un tel point, qu'il avait l'impression qu'elles n'étaient plus naturelles. Toutefois, lors de ses rencontres avec Elly, cette dernière était l'une des rares à lui parler sans méfiances dans ses gestes, sans déplaisance dans son ton, sans véhémence dans son regard. Voila pourquoi tenait-il à cette saltimbanque malgré lui. Il connaissait pourtant le vrai visage de cette tueuse au sang froid, mais tuait-elle par désir ou nécessité ? Bien que le meurtre ne soit jamais, ou presque, justifiable, il n'arrivait pas à démêler la complexité de ce personnage. Si elle était un monstre assoiffé de sang, aurait-elle quand même un vieil homme prêt d'elle, à se démener pour l'arracher des griffes de la mort ? Ne voulant trop empiéter sur son espace vitale, Ithilion décida de s'assoir en tailleur à mi chemi entre l'entrée et la demoiselle. Il s'assit et attendit. Il vit les lèvres d'Elly commencer à frémir. Mais les mots semblaient bloqués au fond de sa gorge. Parler lui demandait un effort important dans son état. Toutefois, connaissant le tempérament de la Nua, il savait qu'elle refuserait de montrer sa faiblesse. Sous une larme écarlate, un immense sourire se dessina, dénué de toute moquerie. Ce simple sourire témoignait pourtant de tout l'encouragement d'un homme envers une amie. Ca y est, c'est dit.
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Elly
Nombre de messages : 281 Âge : 33 Race et âge : Nùa - 32 ans Cité : Erathia/La Troupe Métier : Officiellement : Saltimbanque - Officieusement : Assassin Feuille de personnageCompétences: Transformation animale en panthère ; Acrobatie ; TortureCompétences bonus: Discrétion ; Survie ; Dévouement (voir Profil)Réputation : (10/10) | |
| Sujet: Re: [151][F-A] La renaissance [Elly, Sfriedwick, Ithilion][FINI] Ven 16 Sep - 8:48 | |
| L'étonnement d'Elly fut sans nom lorsqu'elle reconnut la figure de Sfriedwick dans le flou qui occultait sa vision. Elle le connaissait, bien évidemment, pour l'avoir côtoyé des années durant au sein de La Troupe, où il était d'ailleurs le chouchou général. Un bonhomme blagueur, toujours de bonne humeur, sans histoires ni ennemis. Pour sa part, Elly Sora ne s'était jamais vraiment intéressée à lui, gardant ses distances avec ce clown extraverti, un peu trop babillard à son goût. La plupart du temps, la Nùa restait dans sa roulotte, quand elle n'était pas partie à droite à gauche pour servir les intérêts de Jillian. Sans le déprécier donc, la jeune femme n'appréciait pas outre mesure le clown. Les deux se considéraient avec respect et politesse, ce qui convenait tout à fait à Elly. La surprise de retrouver Sfriedwick était donc grande, et Elly Sora était comme noyée dans un présent où elle n'arrivait pas à nager.
Elle avait beau regarder autour d'elle, elle ne reconnaissait rien de cette pièce laiteuse et trop petite. Où était-elle? Que s'était-il passé? Sfriedwick allait-il l'éclairer enfin? Jillian n'était pas loin, n'est-ce pas?
*Tout va bien Elly* entendit-elle alors en elle. Sfriedwick? Oui... Elly se souvint qu'il possédait l'esprit. Progressivement, et sûrement sous l'action du vieux clown et de son empathie, l'oppressement que la jeune femme ressentait s'atténua, pour faire place à un sentiment plus serein. Elly Sora entendait la voix de Sfriedwick, moins aiguë que dans ses souvenirs, lui narrer avec lenteur la situation actuelle. Plus l'Astorg parlait et plus la Nùa déchantait: alors elle était restée onze mois dans cet état léthargique? Trahie par un membre de La Troupe? Mille questions se pressaient au bord des lèvres d'Elly, mais aucun son n'en sortait: trop d'un coup peut-être. Elle se contentait donc d'écouter attentivement ce que lui disait Sfriedwick. Alors il l'avait soignée tout ce temps? Mais pourquoi? L'assassin ne comprenait pas. Jamais elle ne s'était liée d'amitié avec ce vieux saltimbanque, alors pourquoi, brusquement, celui-ci avait quitté sa seule famille -La Troupe- pour lui venir en aide? Si Elly aurait dû ressentir de la gratitude envers Sfriedwick, c'était surtout l'incompréhension qui prédominait à ce moment-là. Cette action de solidarité la dépassait totalement, cela ne faisait pas partie de son quotidien, ni même de son système de valeurs. La jeune femme percevait nettement la ferveur avec laquelle Sfriedwick racontait les évènements. Elle le sentait aussi préoccupé qu'elle-même. Il évitait le regard de la Nùa, et tripotait incessamment le couvre-lit, qu'il enroulait frénétiquement autour de ses doigts infernaux. On avait l'impression qu'il avait peur, et Elly Sora nota qu'il paraissait plus fatigué que dans ses souvenirs. Son visage s'était creusé, des cernes soulignaient le bleu de son oeil, et ce n'était peut-être qu'une impression, mais il prenait moins de place dans sa salopette jaune criard.
Sfriedwick, par télépathie, ponctuait souvent son récit de "te rappelles-tu?", qui restaient sans réponse de la part de la Nùa. Non, elle ne se souvenait pas... Elle ne se souvenait pas de ces nuits où elle avait hurlé, des soins intensifs que Sfriedwick lui avaient délivré, et des longues journées que le clown passait à lui raconter des histoires drôles pour la faire sourire. Rien de tout cela ne lui semblait réel et pourtant, cela ne pouvait être une mascarade. Elle ne pouvait que constater que le temps avait passé, que sa santé s'était dégradée, et il lui semblait sentir un picotement désagréable au niveau du dos, qu'elle avait hâte de voir. Pauvre Sfriedwick... tout ce temps qu'il avait partagé avec elle, mais dont la convalescente ne se souvenait pas... Serait-il triste d'apprendre que pour Elly, c'était comme si la veille avait été La Bataille des Rois, et qu'il n'y avait rien qu'un grand vide entre ce jour-là et celui-ci.
Les minutes passèrent tranquillement. La Nùa réussissait à construire la trame chronologique, mais elle était si fatiguée que rester concentrée était déjà une tâche ardue. Et puis le récit de Sfriedwick arriva au matin même. Elle apprit qu'il était chez l'apothicaire Suzie (très gentille, nous irons la voir quand tu iras mieux), et qu'il y avait rencontré une personne qu'Elly connaissait, un monsieur un peu étrange, qui s'appellait... I.. Ithi... avec des cheveux bleus... Ithilion!
Ithilion? La figure de l'homme s'imposa à l'esprit d'Elly, qui eut du mal à continuer d'écouter ce que Sfriedwick racontait. Qu'était-il donc advenu à son camarade d'infortune, depuis la mésaventure à Tamawa? Elly avait toujours cru qu'elle était seule, et elle se rendait compte désormais que non seulement elle était entourée d'un garde-malade de choc, mais qu'en plus, elle tenait à Ithilion. Certes, elle ne l'avait rencontré que quelques fois, et leurs rapports avaient été en dents de scie. Pourtant, elle se surprenait à se demander ce qu'il était advenu de lui, depuis ces onze derniers mois. ...... et donc, je l'ai amené! Je ne m'attendais pas à te voir réveillée, tu sais? Amené? Sfriedwick avait amené Ithilion ici? Il était là? Maintenant? Et Elly qui se trouvait dans l'incapacité même de se mouvoir... Qu'allait-elle faire? Comment réagirait-il en la voyant ainsi? Elly Sora s'était forgée une réputation de dure à cuire. Elle avait toujours tenu ses distances avec les autres, et s'était toujours montrée puissante et intouchable. Mais elle était si faible... jamais, depuis qu'elle avait quitté le manoir où elle était esclave, elle ne s'était sentie aussi fatiguée. Savoir qu'Ithilion était là, tout près, cela lui fit comme une boule d'angoisse qui tomba dans les intestins. Vous pouvez entrer, Ithilion... Elle n'a pas opposé de résistance à l'idée que vous entriez... La gorge d'Elly se serra. "Opposer de la résistance"? Quelle blague ce clown! Comment, dans l'état actuel des choses, Elly aurait pu opposer quelque résistance que ce soit! On lui aurait annoncé qu'une bande d'enfants baveux étaient derrière la porte pour la câliner qu'Elly n'aurait pas pu "opposer de résistance". Elly n'était pas préparée, et pourtant, il lui fallait s'adapter à la situation. Ithilion était là, et elle devait lui faire face. S'il se moquait, elle lui dirait que dès qu'elle le pourrait elle le traquerait pour lui faire manger sa langue. Et elle s'y tiendrait, car Elly Sora n'avait pas l'intention de rester dans cet état de débilité physique très longtemps. Elle devait recouvrer ses forces, il le fallait si elle voulait réintégrer La Troupe, et satisfaire Jillian, dont elle avait du mal d'ailleurs, à imaginer la réaction lorsqu'elle reverrait l'assassin.
Mais les choses ne se passèrent pas comme Elly les avaient imaginées. La porte mit un temps infini à s'ouvrir, et pendant tout le temps qu'elle grinca, Elly Sora prit soin de regarder ailleurs. Puis la silhouette d'Ithilion apparut, et Elly Sora ne put s'empêcher de plonger son regard noisette dans celui du prétendu conteur. Ce qu'elle y vit la surprit, c'est vrai. Nulle trace de moquerie, ni même de suffisance. Ithilion regardait Elly l'air grave et respecteux, celui qu'un ami aurait porté à une amie pour laquelle il se faisait du souci. Cet échange intense durant quelques secondes, durant lesquelles le temps était comme suspendu. C'était comme s'il y avait eu entre les deux personnages une connexion visuelle, où mille mots se transmettaient sur un fil invisible. Elle vit Ithilion s'asseoir en tailleur sur le sol parqué de la petite pièce, et là encore, cette déférence conforta Elly dans la nature de la relation qu'elle avait avec cet homme. Pas une once d'amour, mais une amitié profonde et sibylline, faite de mystères et de sincérité, de cachotteries et de vérité, qu'un sourire authentique d'Ithilion vint conforter. Elly aurait aimé lui dire merci d'agir de la sorte, mais... ce n'était pas genre. Même malade, Elly Sora restait Elly Sora.
Aussi, avec un effort insensé, la Nùa déglutit et ouvrit la bouche. Elle allait parler pour la première fois de sa seconde vie. Ses lèvres tremblèrent, elle fit claquer sa langue une fois ou deux, puis tenta d'articuler quelque chose qui se perdit dans un souffle. Elle sentait l'attente de Sfriedwick, littéralement pendu à ses lèvres. Elly racla légèrement sa gorge, en ne quittant pas des yeux Ithilion et elle s'entendit dire, la voix cassée: Eh, à quand la belle de notre partie de crapette?
Les sourcils de Sfriedwick se froncèrent à outrance, mais le visage d'Ithilion s'ouvrit: lui avait compris que la Nùa parlait de leur rencontre au Bar du Port, un soir d'hiver. Ce qu'Elly Sora venait de dire, c'était une promesse d'avenir: celle que bientôt, elle serait debout, et que ce douloureux épisode ne serait bientôt qu'un lointain souvenir... |
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Ithilion
Nombre de messages : 703 Race et âge : Cydien de 32 ans Cité : Silmarie Métier : élémentaire Feuille de personnageCompétences: Acrobatie/ manipulation du vent/ combat à mains nuesCompétences bonus: illusion/CalligraphieRéputation : (10/10) | |
| Sujet: Re: [151][F-A] La renaissance [Elly, Sfriedwick, Ithilion][FINI] Dim 25 Sep - 4:50 | |
| Les quelques mots faibles que prononça la convalescente atteignirent pourtant ithilion avec force. Le rappel de ce chaleureux souvenir accompagné d'une pointe d'humour s’immisça en lui avec différents sens. Premièrement, la preuve qu'il s'agissait belle et bien d'Elly qui se tenait en face de lui, même très mal en point. Sa volonté farouche flamboyante de nouveau la guiderait avec certitude dans les épreuves difficiles qui l'attendront plus tard. Et surtout, une promesse de rétablissement totale. Une promesse scellant finalement un pacte d'amitié entre les deux êtres. Il n'en fallut pas plus pour élargir le sourire du cydien, qui se permit de répondre d'un ton enjoué :
-Quand tu seras capable de tenir des cartes et que tu auras apprit à jouer. Gagner contre une infirme ignorante ne serait clairement pas glorieux.
Si peu de temps passé à ses côtés, et pourtant la présence de cette saltimbanque dans son esprit occupait maintenant une place significative. Des années et des années à étudier le comportement humain. Des années pour réussir à maitriser ses émotions et les ranger au fond de son âme. Aujourd'hui, l'impression de ne rien savoir s’abattit lourdement sur lui. A l'intérieur, la prison de glace se fissura, laissant échapper une sensation qu'ithilion n'avait ressentit que très rarement. Une impression longtemps oubliée qui se déversa dans son corps en un frisson étrangement doux et chaleureux. En faite, il n'avait connu une telle chose qu'une seul fois au par avant; Sa rencontre avec volesprit. Gravée à jamais dans sa mémoire. Paradoxalement, Ithilion s'était toujours méfié de ce sentiment d'attachement ou d'amour qui rendait, disait-on, la perception et le jugement aveugle . Ironie du sort, les seuls amis ayant gagné la confiance et la curiosité d'ithilion étaient des femmes. Hormis son maitre, jamais un homme n'avait su gagner son respect.
Le regard d'elly toujours planté dans le sien le rappela à l'ordre. La fissure se referma instantanément, coupant la vague de légèreté déferlant en lui. Ithilion ne pouvait se permettre de tolérer une telle liberté dans ses sentiments. Surtout vu l'épreuve qui allait l'attendre. Un seul faux pas suffira pour sombrer dans la folie si son mental se trouvait fragilisé. Le changement de comportement ne se traduisit pas sur son visage. Son expression affichait toujours la même joie devant le rétablissement miraculeux de son amie. Enfin, "amie" dans le sens d Ithilion, car l'on ne pouvait pas parler d'amitié lorsque l'on n'éprouvait rien envers une personne.
-Remarque, je te fais confiance. lui confia-t-il avec un clin d'oeil. Et puis, tu as quelqu'un de débonnaire pour t'aider dans ton rétablissement. rajouta-t-il en désignant d'un mouvement de tête le clown qui n'avait plus piper mot depuis quelques minutes.
Tout à l'heure lorsqu'Ithilion avait indiqué à ce sfriedwick qu'il se trouvait être un très grand ami d'Elly, il avait sentit dans son étonnement quelque chose de faux. Comme un regret. Et à présent, l'attitude du soigneur jouait dans les mêmes tons aux yeux du cydien. Cet homme éprouvait-il de la jalousie envers lui ? Au moins, elly avait une personne bienveillante à ses côtés qui l'aidera à se relever jusqu'au dernier instant.
-J'aurais bien aimé t'offrir mon aide dans ta période de convalescence. Mais je vais être plutôt occupé ces prochaines années . Et puis cela serait ingrat de ma part d'arriver seulement à la fin alors que sfridi a veillé sur toi et t'as soigné depuis le début. Avec lui, notre parti devra être possible dans très peu de temps, cela ne fait aucun doute.
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Elly
Nombre de messages : 281 Âge : 33 Race et âge : Nùa - 32 ans Cité : Erathia/La Troupe Métier : Officiellement : Saltimbanque - Officieusement : Assassin Feuille de personnageCompétences: Transformation animale en panthère ; Acrobatie ; TortureCompétences bonus: Discrétion ; Survie ; Dévouement (voir Profil)Réputation : (10/10) | |
| Sujet: Re: [151][F-A] La renaissance [Elly, Sfriedwick, Ithilion][FINI] Jeu 13 Oct - 16:25 | |
| La douce voix d'Ithilion entraînait Elly Sora dans les dédales du songe. Elle avait beau avoir dormi des mois entiers, elle avait du mal à lutter contre le papillonnement de ses yeux, dont les paupières alors blafardes tombaient de plus en plus régulièrement, et avec plus de poids de minutes en minutes.
Les mots que le conteur prononçait flottaient dans les airs comme des notes de musique, atteignaient et pénétraient l'oreille de la saltimbanque avec délicatesse. Que se passait-il? Pourquoi cette torpeur soudaine? L'assassin l'ignorait alors, mais cette subite pesanteur n'était pas l'effet de son imagination... Sfriedwick y était pour quelque chose. Avec son Empathie le bougre véhiculait dans l'étroite pièce un sentiment de mollesse, d'alanguissement, qui enveloppait progressivement tous les protagonistes -le clown compris. Ce dernier, d'ailleurs, bâilla en une pandiculation déplacée.
Si Elly Sora releva le petit pic que lui lançait Ithilion, c'est la langue lourde et la bouche presque engourdie qu'elle articula :Une infirme ignorante? moi? Eh bien... la suite de la phrase se perdit en chemin; la demoiselle remarqua qu'Ithilion l'avée tutoyée, mais elle ne dit rien. A quoi bon continuer à employer le vouvoiement? Indubitablement, les deux personnages s'étaient liés d'amitié. Et puis... c'était si fatiguant d'ouvrir la bouche et d'émettre des sons articulés, vous ne trouvez pas? Ithilion continuait de parler, et sa voix se faisait de plus en plus lointaine. Elly le regardait droit dans les yeux, mais son esprit était déjà à moitié parti se blottir dans l'étreinte de Morphée. ...quelqu'un de débonnaire... Elly tourna lentement le regard en direction de son collègue, qui dodelinait de la tête, les jambes croisées à la manière des dames, les mains soutenant son crâne comme une poutre un édifice. Il dut se rendre compte qu'on parlait de lui, puisqu'il sursauta subitement et regarda sans piper mot le conteur, avec une intensité qu'Elly ne lui connaissait pas. Qui était-il réellement? Elle avait tellement de choses à lui dire, de questions à lui poser. Quant aux remerciements qu'elle lui adresserait, ils viendraient, mais en temps venu. L'évidence selon laquelle elle était en vie grâce à ce vieux rigolo lui sautait aux yeux, et pour la première fois de son existence, Elly sentait qu'elle était redevable, et ce sentiment la perturbait amplement. Comment allait se passer la suite des évènements? Arriverait-elle, maintenant qu'elle était réveillée, à cohabiter avec le saltimbanque qu'elle avait tant de mal à côtoyer lorsqu'ils marchaient côte à côte au sein de La Troupe?
Les pensées d'Elly s'égaraient, bientôt la voix d'Ithilion ne fut plus qu'un bourdonnement qui la berçait, la prenait par la main pour l'emmener au royaume des rêves, dont elle était restée si longtemps prisonnière. Elle avait longtemps été seule dans ce monde imaginé dont le ciel sombre tonnait sans interruption. Elle avait dû marcher si longtemps dans les ténèbres, cherchant à tâtons le chemin qui la mènerait à la sortie de ce cauchemar. Et aujourd'hui, maintenant qu'elle avait repris vie, la jeune femme retournait dans le rêve, cette fois sans appréhension. Le ciel était clair, l'herbe verte et grasse, les pâtures infinies, le soleil éclatant... Et dans son coeur, elle n'était plus seule: il y avait La Troupe, sa famille en quelque sorte, et il y avait, timide mais bien présente, une petite étincelle qui crépitait -l'amitié d'Ithilion. Et s'il ne pourrait pas être là dans les années à venir, elle se ferait un devoir d'être à la hauteur de ses attentes: Bon voyage, mon ami... Nous nous reverrons, et nous nous surprendrons, j'en suis sûre... La voix grave d'Elly Sora se faisait pâteuse, et la jeune femme, inconsciemment, se pelotonnait dans sa couverture blanche, déjà prête à se rendormir. Je crois..que je dors. A bientôt, mon ami...******* Tout à côté, Sfriedwick, l'oreille tendue, écoutait sa panthère, sa Belly, sa patiente et sa confidente, déclamer ces paroles qu'il aurait tant aimé qu'elle lui adressât. Il avait une boule au creux du ventre, et s'efforçait de maintenir son Empathie pour qu'Elly s'endorme au plus vite, et qu'elle se taise enfin. Elle le décevait, elle le décevait tellement! Pourquoi? Pourquoi lui? Qu'avait-il? Hormis cette chevelure criarde et un air mystérieux? L'aimait-elle? Elly? Non! Cela ne pouvait se concevoir. L'appréciait-elle sincèrement? Cela, en revanche, ne faisait aucun doute. Qu'aurait-il donné, lui, le vieux Sfriedwick, pour que la Nùa le regardât avec cette intensité-là? Cette sincérité et cette bienveillance? Il jeta un regard en coin à cet Ithilion, cet 'ami' d'Elly, puisque c'était ainsi qu'il s'était présenté à Sfriedwick chez l'apothicaire. Il aurait eu envie de le hurler au visage, la voix craquelée de pleurs : POURQUOI VOUS? Qu'avez-vous fait par rapport à moi? L'aimez-vous autant que moi? NON! Partez, vilain! Bien sûr, foncièrement bon, Sfriedwick n'en fit rien. A la place, avec une toute petite voix, il susurra à Ithilion via L'Esprit: *Vous ignorez la chance que vous avez...* avant de se lever, de s'étirer encore une fois tout en mettant un terme à son envoûtement d'Empathie: Eh bien! Je crois qu'elle est endormie, reprit-ilIl serait bon que vous y alliez maintenant... Elle est encore très faible voyez-vous. Le clown, en disant cela, couvait d'un regard protecteur cette amie qui le faisait (et le ferait) tant souffrir. Elly n'avait même pas eu un mot pour lui, celui qui l'avait remise sur pied. Même pas un seul mot... Le coeur du clown se fendilla, et une larme opalescente coula le long de sa joue blanche. Je vous laisse une minute avec elle, que vous puissiez lui faire vos adieux. Et le saltimbanque déchiré prit la petite porte et s'engouffra dans l'obscurité du couloir, où il s'empressa de tamponner l'eau qui lui tombait des yeux. Un toussotement gras s'échappe de sa poitrine. Cette femme-là aurait sa peau...[Sfriedwick & Elly désengagés. Je te laisse conclure Ithi-chou?]
Dernière édition par Elly le Ven 14 Oct - 10:38, édité 1 fois |
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Ithilion
Nombre de messages : 703 Race et âge : Cydien de 32 ans Cité : Silmarie Métier : élémentaire Feuille de personnageCompétences: Acrobatie/ manipulation du vent/ combat à mains nuesCompétences bonus: illusion/CalligraphieRéputation : (10/10) | |
| Sujet: Re: [151][F-A] La renaissance [Elly, Sfriedwick, Ithilion][FINI] Ven 14 Oct - 9:24 | |
| La fatigue pesait encore lourd sur le corps de la saltimbanque. Quoi de plus normal après tant de mois passé dans le coma, son corps fonctionnant au régime minimum vital. Ses mots prononcés sur un ton posé berçaient tranquillement la belle dame, dont la tête n'arrêtait pas de dodeliner légèrement de gauche à droite. Ce ne fût qu'une question de temps avant qu'elle ne replonge dans les confortables bras de morphée. Toutefois, avant de s’éclipser pour le monde de l'esprit, elle laissa au cydien un message de salut. Ainsi qu'une promesse de retrouvailles proche. Ithilion n'avait eut le temps de lui expliquer son projet pour les quatre prochaines années. Mais peut être qu'une fois son entrainement fini, si il en ressortait indemne, pourquoi pas. Le hasard seul choisira le lieu et la date de cette rencontre si elle devait se faire, car cela avait toujours fonctionné de cette façon.
Un peu en retrait, le visage blême, le bienfaiteur de ce miracle le fixait avec incompréhension. Cela ne s'affichait pas sur son visage, mais celui qui savait lire les gestes et les attitudes des autres pouvait facilement le voir. Ithilion comprenait le désespoir, et le terme n'était pas exagéré, qu'éprouvait le vieil homme à cet instant. Lui qui avait tant donné pour Elly. Lui qui avait passé des heures à son chevet en guettant que le moindre signe de vie. Lui qui venait de recevoir en échange qu'un peu de remerciement et beaucoup d'indifférence. L'ombre de leur retrouvailles avait complètement enveloppé le malheureux Sfriedwick, le rendant invisible aux yeux de sa belle. Et encore là, il eut la preuve de la pureté et l'incommensurable gentillesse de l'âme de ce clown triste lorsque celui-ci murmura quelques mots dans son esprits : *Vous ignorez la chance que vous avez...* Sur le coup, Ithilion préféra ne rien répondre. Bizarrement, bien qu'il se rendait compte de la tristesse rongeant le vieillard, cela glissait sur lui comme sur de la glace. Aucune empathie, pas le moindre remord. Le cydien se rendit compte à ce moment la à quel point il avait changé. Les épisodes sombres qu'il vivait au quotidien l'avait forcé à modeler son esprit. Jusqu'à le dérégler complètement sans pouvoir revenir en arrière. Évidemment qu'il en avait conscience. Mais même en sachant cela, il ne pouvait que continuer d'avancer sur cette route sinueuse et étroite qu'il avait choisis, sans possibilité de retour, sans possibilité d'arrêt. Toujours marcher vers l'avant, pour finalement atteindre son but. Tout comme ce brave homme qui allait encore donner sans hésitation des milliers de secondes du reste de sa précieuse vie, pour relancer celle de sa protégée. C'était son chemin, et personne n'arriverait à l'en dévier, même si Elly le lui refusait ou le rejetait avec ingratitude.
]Eh bien! Je crois qu'elle est endormie, reprit-le soigneur improvisé. Il serait bon que vous y alliez maintenant... Elle est encore très faible voyez-vous. Je vous laisse une minute avec elle, que vous puissiez lui faire vos adieux
Ithilion hocha la tête en signe d'approbation. Avant s'en aller, il plongea sa main dans sa poche et en ressortit un petit objet doré. Une broche de quelques centimètres à peine dont les gravures minutieusement gravées représentaient une plume. Symbole de ceux qui avait su trouver la voie du ciel et donc de la pleine liberté. Il déposa son présent au chevet d'Elly pour qu'elle puisse un jour le retrouver, si elle en déchiffre le mystère. Puis,il referma la porte derrière lui pour laisser le silence se réinstaller dans ce sanctuaire. Dehors, Sfriedwick se tenait devant la porte, un chiffon humide et une trace luisante le long de sa joue. Ithilion lui posa une main amicale sur l'épaule :
-Ne laissez la jalousie vous étreindre, ni l'accablement. Vous connaissez Elly sans doute mieux que moi. Vous connaissez son caractère. Elle se rendra rapidement compte du trésor que vous lui avez légué, bien plus prestigieux et important que le minable présent que je lui ai offert. La conclusion hâtive est la perte de l'homme. Ne tombez pas dans ce piège vicieux. Et surtout, pensez aussi à vous avant de vendre vôtre âme au diable....
Sur ces derniers mots de réconfort, le cydien se retourna et descendit les escaliers pour rejoindre l'extérieur. Laissant seul au fond du sombre couloir, un homme détruit par l'amour qu'il portait à une femme, veillant en silence devant sa porte. Inlassablement. Lui aussi avait rendez vous avec la solitude. Elle n'aurait pas le même visage, ni le même effet, parcontre il savait qu'elle serait tout aussi impitoyable. Ithilion s'en moquait. Il était prêt. Rien n'entraverait la destination qu'il avait élu. Les mains dans les poches, sifflotant un air silmarien peu connu, il se lança sur la route de son avenir.
[désengagé] |
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| Sujet: Re: [151][F-A] La renaissance [Elly, Sfriedwick, Ithilion][FINI] | |
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| | | | [151][F-A] La renaissance [Elly, Sfriedwick, Ithilion][FINI] | |
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