[DP 151] Le cavalier solitaire (libre) (fini)

La paix était revenue, symbole de ce que les Templiers tentaient désespérément d'obtenir depuis des années. Jiven savait qu'elle ne serait sans doutes que illusoire mais cela ne le gênait pas autant qu'il l'aurait cru de prime abord car il savait désormais que tous les peuples avaient pu s'unir sous un même étendard pour une cause qu'ils estimaient juste et cette simple idée suffisait à calmer ses doutes. Certes les tensions reviendraient aussi vite que si l'on avait jeté de l'huile sur le feu mais les peuples seraient malgré tout unis par ce qu'ils avaient accomplis sur Azthia. C'était sans doutes pour commémorer cet instant de partage où tant de gens étaient tombés que Jiven avait accepté la proposition des saltimbanques. Le souvenir de leur Meneuse restait gravé dans sa mémoire comme celle d'une femme forte, autoritaire mais qui savait néanmoins ce qu'elle voulait. Jiven s'était vêtu sobrement, ne sachant pas vraiment ce qu'il aurait pu mettre pour s'adapter à une telle fête. En réalité, s'il était un homme qui faisait attention à sa façon de se vêtir, il n'en restait pas moins un homme sobre et plutôt austère qui n'allait que peu dans les manifestations musicales ou théâtrales. Ainsi, l'Almer avait-il revêtu une tunique sobre et de couleur sombre tirant plus sur le bleu nuit que sur le noir profond, ainsi que des sandalettes de cuir allant parfaitement avec l'ensemble. Malgré son âge, Jiven n'en restait pas moins un homme qui faisait attention à son image. La musique de départ se fit requiem aux oreilles de Jiven et ce dernier ne put s'empêcher d'envoyer une pensée à sa défunte femme. Ce qu'il avait vu en songe durant la bataille lui prouvait que la belle Elfe ne l'avait jamais abandonné et qu'elle l'attendait lorsque son heure serait venue. Le cœur léger, Jiven savait désormais qu'il n'y avait plus rien à regretter. Celyween était partie certes, mais il comprenait enfin les tenants et les aboutissants de ses choix et se sentait désormais beaucoup moins coupable.

Jiven posa un regard amusé sur l'assemblée réunit sous ses yeux. Il se demandait pourquoi ces temps ne duraient jamais, sans doutes parce que l'ambition des plus grands ne le permettait pas se répondit-il à lui même. En tout cas, l'homme tolérant admirait la renaissance de la cité neutre d'un œil nouveau. Tamawa avait sans doutes été l'une des plus touchée durant cette guerre et pourtant, en invitant tous les peuples à fêter leur victoire sur le dieu Azael, la cité démontrait sa volonté de vivre, de redevenir le poumon de la paix. Ne sachant pas danser, Jiven s'éloigna discrètement de la piste de danse dès que cette dernière commença à s'animer. Il se trouva un coin calme en retrait duquel il pouvait observer les jeunes apprentis Templiers s'amuser ou encore, les grands de ce monde parler comme si leur querelles étaient oubliées pour un soir. Jiven ne put s'empêcher de penser que tout cela ne serait bientôt plus qu'un rêve, un songe printanier qu'il faudrait rebâtir. Fort heureusement, ils étaient là, bien vivants. L'Almer écouta la musique tout en regardant la scène qui se peignait sous ses yeux.

Durant les entractes, Floralys alla fouiner autour de la scène et des rues adjacentes pour voir ce que d’autres gens proposeraient lors des festivités. L’air était chaud et sentait divers mets entrelacés. Elle ne put résister à goûter une douceur bien sucrée qui lui colla les dents et lui donna soif, d’autres proposaient des masques, des statuettes pour s’amuser à la guerre, des bougies volantes et autres fantaisies pour amasser un bon petit pactole.

De la musique s’échappait de partout, de styles différents. Elle alla jeter un œil à un attroupement, constatant que les gens dansaient au rythme d’une troupe de musicien. Elle ne vit pas qu’on lui attrapa la manche, justement qu’on la tirait en avant. Floralys se retrouva embrigadée dans la danse, chahutée sans pouvoir reprendre pied.

« Non je… je ne sais… Désolé… ! Je ne sais pas danser ! »

La pauvre templier marchait sur les pieds qui avaient la malchance de se trouver sur sa route même les siens, toujours malmenée par son cavalier. Ce dernier, un saltimbanque farceur et bon vivant, lui répétait « mais non, vous vous débrouillez très bien, suivez la musique suivez la musique hahaha ! ».
Il attrapa d’autres personnes pour former un ruban de gens qui serpentait parmi les couples qui avaient eu la chance de ne pas se faire marcher sur les pieds, pour l’instant.
Floralys espéra vivement que personne ne la reconnaitrait, bien que son vœu soit très peu possible, oubliant du même coup sa soif.

Jiven patientait en sirotant un verre qu'il était allé chercher un peu plus tôt mais qu'il n'avait pas encore bu. En réalité, l'homme était quelque peu distrait, d'une part à cause de la scène qui se jouait sous ses yeux bien entendu, mais d'autre part également, parce qu'il ne pouvait rester stoïque face à l'avenir qui se dessinait devant lui. Les divers chemins de futur s'ouvraient devant lui, moqueurs et rieurs comme ces saltimbanques sur leur scène. L'homme regarda l'espace d'un instant le spectacle, le jeune homme qui se trouvait sur l'estrade endiablée avait cédé sa place à une petite fille chétive, lui rappelant fortement les enfants qui jouaient non loin de lui. Frêle, elle semblait prête à s'écrouler au moindre souffle du vent. Tout en l'observant sans pour autant être capable d'en suivre le spectacle avec précision, l'Almer réfléchissait. L'avenir promettait de beaux jours devant eux mais l'homme était plus que conscient que les querelles renaitraient sous peu. Sans doutes était-ce à eux, Templiers, de mettre de l'ordre là-dedans et d'espérer plus que quiconque que ce paix, si fragile soit-elle demeure.
Le directeur observa distraitement son fils se rapprocher de lui tandis qu'il lui souriait, avenant. L'enfant avait sans doutes été le plus touché dans cette guerre absurde car si le père pleurait en silence sa femme à jamais disparue, le petit garçon vivait désormais arraché à ses racines, loin du monde qu'il avait jusque là cotoyé et plus encore, sans figure maternelle. Il était vrai que l'Almer avait songé à prendre une compagne pour soulager la peine du garnement mais le Templier se sentait incapable de jouer les faux semblants, d'afficher un amour réconfortant pour une femme autre que Celyween. Aerin arriva à sa portée et prit la parole d'un ton étrangement distant. Depuis la requête formulée par la petite princesse amazone, Jiven savait que son rejeton hésitait à lui parler, pensant certainement que ce dernier lui en voulait de ne pas s'être interposé et bien au contraire, d'avoir demandé à son tour cette faveur dans son silence. Jiven pardonnait pourtant, en homme tolérant qu'il était mais cela, un fils aussi distant et fragile que le sien ne pouvait pas s'en douter.

« Tu t'amuses bien ? » demanda l'homme avec tranquilité tandis que le jeune garçon s'était contenté de s'assoir sur le mur permettant à Jiven de s'adosser.

Le petit garçon répondit par un sourire, lui affirmant que oui. Sans doutes le ton posé et calme de son père l'avait-il convaincu que ce dernier n'était pas l'homme auquel il pensait avoir à faire.

« Comptes-tu emmener la louve à Muria ? » demanda Jiven, ne feignant nullement son intérêt pour l'enfant.

Aerin mis un certain temps à répondre à cette question, visiblement gêné mais l'enfant fini par répondre par l'affirmative. La louve, dont Jiven ne parvenait pas encore à se souvenir distinctement du prénom, ou plutôt, dont il ne voulait pas se souvenir sachant pertinamment qu'il s'agissait là des voeux de Celyween quant à une éventuelle naissance féminine, il avait volontairement opté pour ne pas mentionner son nom. Vif d'esprit, l'enfant l'avait compris, d'où sa gène.
Le petit métisse resta aux côtés de son père jusqu'à ce que, timidement, il se décide à inviter une nouvelle fois la jeune Jelenna, demandant auparavant la permission de se retirer à son père, ce qui ne manqua pas de le faire rire. Sa mère avait visiblement un peu trop insisté sur les bonnes manières songea le Templier, mais ceci n'était pas un mal s'il se rendait à Muria. Jiven les regarda s'éloigner avec un sourire amusé, ne pouvant s'empêcher de revoir en ce tableau l'étrange trio qu'ils formaient, l'Elfe, le Cydien et lui. Ne leur restaient aujourd'hui que des souvenirs, bons ou mauvais, et leurs enfants respectifs.

Jiven ne se rendit pas réellement compte du temps qui passait, bien trop pris par ses pensées quant à l'avenir notamment de son fils, il ne prit pas garde non plus à la jeune femme jusqu'à ce que celle-ci le percute sans violence certes, simplement poussée en dehors de la danse. L'homme se tourna vers elle, prêt à l'aider de peur qu'elle ne se soit blessée avant de la reconnaitre.

« Tu ne t'es pas fait mal ? »

Il l'avait vu danser quelques minutes plus tôt, à moins que ce ne soit plutôt quelques heures, le temps lui échappait. Il sourit imperceptiblement avant d'ajouter :

« La fête est-elle à ton goût Floralys ? »

Le directeur avait fini par devenir quelque peu taquin aux côtés d'Evenor mais la question, si elle était posée dans le but de détendre l'atmosphère, n'avait pas pour but de froisser la demoiselle.

Elle se frotta le bout le nez après s’être fait éjectée involontairement de la piste de danse. Marcher sur les pieds avait peut être porté leur fruit. Pendant quelques secondes elle resta interdite face à l’homme puis rougit en le reconnaissant.

« Veuillez m’excuser pour vous avoir bousculé, Monsieur le directeur, je ne suis pas douée pour la danse mais ils n’ont pas voulu m’écouter », enchainant les courbettes.

Floralys acquiesça au sujet de son goût pour la fête tout en reprenant son souffle, restant encore rouge de gêne. Ça changeait beaucoup du calme du monastère mais toutes ces couleurs et rires étaient communicatifs. Elle resta muette un moment pour ne pas perdre la face, se tordant les doigts par nervosité.

« Et vous, Monsieur, que pensez-vous de la fête ? »

La jeune femme ne savait pas tellement quel sujet aborder, parler missions ou entraînements pendant un moment pareil paraîtrait déplacé. Elle regarda la foule qui continuait de s’amuser, laissant échapper parfois un rire. Elle resta docilement auprès de son aîné, attendant qu’il lui demande de disposer. Des saltimbanques virent à la rencontre des gens portant de petits bols pour répandre quelque chose sur leur visage. De la peinture au couleur des nations marquant leur union.
Floralys y eut droit, repérant la couleur de la race qui ne devait pas soyer sa peau. Elle avait beau se contorsionner, elle fut marqué à son tour et avait des marques bien plus grosses. Maugréant dans sa barbe, elle essaya d’enlever la couleur Astorg puis abandonna lorsqu’elle s’en mit partout.

« Tsss, j’espère que ça partira avec de l’eau… »

Elle finit par prendre un sourire de façade pour se focaliser à nouveau sur la fête qui battait son plein.

Un sourire anima les traits encore juvéniles de l'Almer devant le spectacle qu'offrait la jeune Floralys. Non qu'il se moqua d'elle, loin de là, mais il la trouvait amusante, tout simplement. Cela faisait bien longtemps que l'homme qu'il était n'avait pas eut l'occasion de côtoyer une femme autrement qu'en temps de guerre. Celyween s'en était allée et depuis, Jiven n'avait osé poser les yeux sur personne de peur d'altérer le souvenir de sa moitié. Il apprécia le côté naturel de la jeune femme et se contenta de lui sourire, non plus d'un air amusé, mais d'un air neutre. Il s'amusa intérieurement de la réaction de la templière à son égard, ne pouvant s'empêcher de penser que la situation avait un petit attrait cocasse ou encore, que le « monsieur » était en trop. Avait-il tant vieilli que les demoiselles le pensaient si vieux pour l'appeler « monsieur » ? Le poids des années se ferait sans doutes bientôt sentir sur ses larges épaules mais peu importait songea-t-il, il avait vécu une belle vie et son rêve de paix prenait enfin vie, même si ce n'était que pour quelques heures encore.

« Il n'y a aucun mal à s'amuser » se contenta-t-il de donner pour toute réponse.

Jiven n'aimait pas spécialement les ambiances festives ou dirons-nous plutôt que s'il ne les détestaient pas, il avait du mal à s'y intégrer, aussi préférait-il quelque part éviter ce genre d'endroits mais voir Tamawa reprendre des couleurs l'avait poussé à participer à sa manière aux festivités. La paix était revenue, à ses yeux, le temps qu'elle durerait serait le plus précieux de sa jeune mais déjà longue vie. Le templier ne manqua pas de percevoir la nervosité de la jeune femme, nul besoin de manipuler l'Esprit pour cela d'ailleurs car cette dernière se tordait les doigts d'anxiété. L'homme se maudit intérieurement d'être aussi peu courtois et de laisser le silence s'installer entre eux de sorte qu'elle se sente mal à l'aise. Fort heureusement, son interlocutrice reprit la parole avant qu'il n'ai eut le temps de se morfondre de trop.

« Je n'ai jamais été friand de ce genre d'évènements pour tout avouer. J'aspire au calme et à la tranquillité mais voir Tamawa renaitre de ses cendres me fait chaud au cœur. Voir ces enfants danser sans peur du lendemain suffit à me faire apprécier ma présence en ces lieux. »

Jiven n'eut aucun mal à éviter les attaques sournoises des saltimbanques d'une part parce qu'il s'y attendait, ayant participé à l'organisation de cette fête, et d'autre part, parce que sa notoriété de directeur du Temple marquait suffisamment les esprits pour lui éviter ce genre de mésaventures. En revanche, il trouva amusant de voir que sa compagne d'infortune s'était laissée piégée par le stratagème, arborant désormais les couleurs Astorg en marmonnant.

« On peut dire qu'ils ne t'ont pas épargné ! »

Un sourire plein de compassion habilla le visage serein de l'Almer tandis qu'il se désintéressait l'espace d'un instant de son interlocutrice pour chercher son fils du regard. Aerin avait été aspergé lui aussi des couleurs maternelles et la princesse Jelenna s'en amusait, l'aidant à enlever tout cela. Jiven revint à la jeune femme en ajoutant, sautant du coq à l'âne :

« As-tu déjà pensé à prendre un apprenti Floralys ? »

Floralys finit par se détourner du maquillage parasite, il n’y a pas de doute que ça partirait avec de l’eau et puis il suffisait d’ignorer cet épisode un peu déshonorant. Elle continua à admirer la fête et fut même époustouflée par la mise en scène des fleurs volant au grès d’un vent contrôlé se croyant à un moment sous la neige. Mais la templier n’évita pas pour autant un léger grognement lorsque les Astorgs firent un boucan du diable (comme si on ne les avait pas assez entendus) lorsque leur marteau apparu. Elle ricana doucement en imaginant un instant que l’instrument de guerre était vrai pour assommer ces grosses brutes sans cervelle. Elle se dépêcha de reprendre son sérieux au côté de son supérieur, même si la crainte et la haine était là il valait faire profil bas. Puis elle lâcha un cri de joie pour le symbole de sa cité. Elle ne put s’empêcher de rougir de s’être laissée aller de la sorte puis finit par en rire à la suite de son interlocuteur.

Lorsque le calme reprit, elle se demanda si elle avait bien entendu les paroles du directeur. Prendre un apprenti, ça ne lui avait pas vraiment traversé l’esprit, enfin si quelque fois en observant ses confrères. Et c’est vrai qu’elle les avait envié mais se tournait vers son entraînement et ses missions, peut-être inconsciemment. Etait-elle apte à en avoir un ? S’il lui posait la question c’est que c’était le cas. A moins que ce soit pour la mettre à l’épreuve. Floralys semblait figée dans son intense réflexion et si elle en avait été capable, elle aurait été trempée des pieds à la tête en suant à grande eau.
Et puis après tout pourquoi pas, elle pourrait donner un peu de son expérience à quelqu’un qui aurait suivi une voie comme la sienne. La jeune femme aurait l’occasion de prendre sa revanche lentement mais sûrement sur son passé encore une fois pour qu’un jour elle en sourit.

« Hum oui ça m’est déjà arrivée. Vous pensez vraiment que je peux en avoir un ? », tout en se grattant la joue.

L'homme se demanda un instant s'il n'aurait pas mieux fait de ne pas parler car son interlocutrice était visiblement perturbée par la question pourtant sans arrières pensées qu'il venait de formuler. Jiven observa la jeune femme sans dire un mot, se demandant quelque part s'il n'aurait pas mieux fait de rentrer au Temple s'occuper des papiers urgents qui réclamaient son attention toute entière. Pour autant, il se força à rester humble et à faire comme si de rien n'était, se disant que la jeune femme devait certainement avoir besoin de faire le tri dans ses idées. Avoir un apprenti était une responsabilité importante et une charge qu'il ne fallait pas prendre à la légère. Lui-même s'était senti flatté lorsqu'on lui avait confié l'apprentissage d'Evenor et, si beaucoup d'épreuves s'étaient révélées délicates à surmonter, il s'en était sorti tout aussi grandi que son élève. Quelque part, le templier ne pouvait s'empêcher de penser que la relation maitre-élève était bénéfique autant pour le plus jeune que pour le plus expérimenté des deux. Certains ne partageraient surement pas sa conception de la chose mais l'Almer ne pouvait défaire le flots de ses pensées.
Jiven attendit patiemment que la jeune femme reprenne la parole et sa réaction le fit sourire. Etre incertain, ne jamais s'assoir sur ses capacités ou sur ses acquis, telle était la règle pour être un bon templier et donc, être capable de transmettre son savoir. Elle était prête, nul doutes là dessus, même si finalement, chaque templier continuait d'apprendre tout au long de sa vie.

« Le simple fait de douter montre à quel point tu es prête. » se contenta-t-il de donner pour toute réponse.

Jiven réfléchit un instant, de la jeune femme, il ne se souvenait pas de grand chose, ne l'ayant que peu côtoyée, cependant, il se souvenait avoir entendu de quelques histoires concernant son propre apprentissage, aussi se demandait-il quel type d'enfant lui conviendrait le mieux. Nul doutes qu'une forte tête n'était pas adaptée à son caractère, nul doutes également qu'une jeune fille n'était pas le choix le plus judicieux à moins qu'elle ne soit tête brulée ou garçon manqué. Ainsi, le directeur du Temple en conclut tout simplement la chose suivante :

« Chaque templier mérite son apprenti, pour l'heure, nul nom ne me vient en tête, sans doutes parce que la fête en devient enivrante. » s'amusa-t-il avant de reprendre plus sérieusement, « Reviens me voir une fois l'émotion passée, je te trouverais un apprenti »

Il avait insisté sans le vouloir sur le côté masculin de la chose avant de lui sourire. Il reprit ensuite, d'un ton calme et posé si caractéristique chez l'Almer :

« Certains documents me réclament à corps et à cris, je vais donc rentrer au Temple. Amuse-toi bien ! »

Sur ce, l'homme s'inclina poliment devant elle avant de prendre congés. Il se dirigea vers le Temple non sans croiser auparavant la louve de son fils dans les jardins de ce dernier. L'homme soupira tandis que l'animal relevait la tête dans sa direction. Jiven n'arrivait pas à se faire au prénom de cette dernière et s'il n'en avait pas fait part à son fils, il ne tenait pas pour autant s'attacher au canin. Cependant, cette dernière se leva et vint le rejoindre, comme si elle n'était pas du tout au fait de son aversion à l'égard de sa petite personne. Nyméria se frotta contre sa jambe avant de grogner sourdement. Jiven posa sa main sur sa tête en ajoutant à voix haute :

« Désolé ma petite, ton maitre n'est pas encore revenu. »

Il reprit sa route, remarquant avec un certain amusement qu'elle le suivait dans l'espoir d'une morceau de viande à se mettre sous la dent. D'elle ou de son fils, il ne parvenait pas à déterminer qui était le plus têtu.

[ Désengagé, merci pour le rp ! ]

Le temps passe et jamais ne s'arrête.

Le changement de saison s'annonce et bientôt, le blanc manteau de l'hiver qui recouvrait ce monde laissera place à l'herbe grasse et aux timides rayons du soleil. Le silence cédera sa place au chant des oiseaux et le monde s'éveillera petit à petit, sortant lentement de son cocon de glace. Dans ce décor que le temps semblait avoir figé, le moment est venu de s'éclipser, de laisser la nature reprendre ses droits et le cours des choses se faire.

[Désengagée : Floralys ]

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