Iréa poussa la porte de l’auberge en pestant une fois de plus intérieurement contre le climat astorg. Le printemps arrivait un peu partout en Azthia, mais Storghein était toujours ensevelie sous une épaisse couche de neige, et si les cols étaient désormais praticables, atteindre la cité n’en avait pas été moins compliqué.
L’Almer avait déjà vu de la neige, il en tombait régulièrement à Tamawa en hiver, mais une telle quantité l’avait laissée ébahie, sans parler de la température.
Promis, juré, plus jamais elle ne se plaindrait de l’hiver tamawien !
Dans l’auberge, il régnait une douce chaleur qui revigora la jeune femme. Elle demanda une chambre et un repas, puis alla s’installer à une table libre, le plus près possible de la cheminée.
Elle avait beau être emballée dans de multiples fourrures qui ne laissaient voir que son visage, sa peau mate et ses cheveux foncés lui valurent plusieurs regards étonnés de la part des clients attablés autour d’elle.
Au milieu de la surprise, elle perçut aussi un peu d’hostilité et croisa les doigts pour que tout se passe bien. La Templière était largement capable de se défendre, mais elle ne tenait pas à causer des ennuis.
L’aubergiste lui apporta une chope de bière. Iréa la goûta et grimaça un peu : la bière astorg était plus forte que celle qu’elle avait l’habitude de boire. Si, pour l’instant, elle se réjouissait de la sensation de chaleur que l’alcool lui procurait, elle doutait de pouvoir terminer sa chope.
En attendant son repas, elle réfléchit à la manière dont elle allait procéder le lendemain. Maître Jiven l’avait envoyée tenter de convaincre une famille de leur confier leur fille, très probablement Sensible. Connaissant l’importance de la famille dans la Cité des Neiges, il avait préféré envoyer une femme. Il fallait croire que toutes ses collègues étaient occupées ailleurs, puisque l’Almer se retrouvait seule à râler contre le vent, le froid et la neige.
Et comme si ça ne suffisait pas, c’était la première fois qu’elle effectuait ce genre de mission seule. Maître Jiven avait beau avoir confiance en elle – il ne l’aurait pas laissée seule, sinon – elle espérait être à la hauteur.
L’aubergiste coupa court à ses réflexions en lui apportant son assiette, pleine d’un ragoût fumant dont la seule vue réconforta la jeune femme qui commençait tout juste à se réchauffer.
Alors qu’elle entamait son repas, la porte s’ouvrit sur une Elfe aux longs cheveux blonds dont le visage ne lui était pas inconnu…

[HRP: Je ne sais pas trop si c'est dans les Quartiers Sud que j'aurais du poster donc n'hésitez pas à déplacer le sujet si je me suis plantée ><]

[« Dont le visage ne lui était pas inconnu » ? On s'est déjà vue ?]

Annabeth descendit d'Espoir et couvrit sa monture avec sa cape. Elle n'avait pas vraiment froid, son sang d'Elfe étant habitué aux basses températures, et si elle restait longtemps dans la taverne, elle n'avait pas envie de retrouver un esquimau gelé à la place de son cheval. C'est ce moment que choisit Cristal pour rejoindre sa maîtresse.

Alors, on arrive pas à courir à la même allure qu'un cheval ?se moqua Annabeth.

La tigresse poussa un grondement agacé et s'élança au devant de sa maîtresse. Amusée, celle-ci la laissa faire, tandis que Flink poussait un cri rauque qui ressemblait à un rire moqueur. Un voyageur qui marchait juste devant elle se retourna soudain, et regarda avec étonnement l'Elfe.
Et oui, qu'est-ce que vous voulez, Annabeth était une originale, et aimait se faire remarquer. Déjà, une Elfe dans une Cité Astorg. Bon. Une Elfe au service de Kriisten. Bof. Et surtout, une Elfe qui se baladait toujours avec un faucon curieux, et une grosse tigresse blanche susceptible. Et pour couronner la ménagerie, où qu'elle aille, elle y allait à cheval la plupart du temps, sur Espoir. Un canasson, un faucon, et un félin... Mouais, bon, pas discret discret. Dans les rues, l'Elfe se fichait de l'avis des autres. Elle appréciait les animaux, point. Heureusement pour elle, elle n'était pas assez débile pour amener sa ménagerie en mission de discrétion. Et malheureusement pour tous ceux qui croisaient son chemin, elle n'en n'avait pas beaucoup.
Annabeth se dirigea d'un pas décidé vers la taverne la plus proche. Ben quoi ? Elle sortait d'un entraînement intensif, elle avait bien droit à un petit remontant ? Keziah était aussi inflexible que Joris, à présent Consort, niveau entraînements. Voir plus, quelquefois. A croire que Kriisten préférait un maniaque des entraînements pour Capitaine ! L'Elfe ne se plaignait pas, mais elle prenait souvent une bière avant ou après un entraînement...Ou les deux parfois.
La belle ouvrit la porte de la taverne et entra, suivit de Flink et de Cristal. Elle s'empêcha de sourire lorsque tous jetèrent des oeillades apeurées vers le félin. Tous ceux qui étaient près de l'entrée se décalèrent. C'était une raison pour lesquelles Annabeth aimait emmener sa tigresse. La plupart du temps, les gens évitent d'embêter une Elfe archère avec une énorme bestiole qui pourraient vous arracher un bras d'un seul coup de dents...
Malheureusement, ce n'était pas le cas de tout le monde. L'Elfe aperçut une jeune femme près de la cheminée. Elle avait la peau mate, et des cheveux pas vraiment blonds. Annabeth n'eut aucun mal à sentir certains regards hostiles que lui adressaient quelques uns. Quelle idée aussi d'aller à Storghein avec ce physique ! Une Almer apparemment. Une Almer que l'Elfe était sûre d'avoir déjà vue. Annabeth décida de donner un petit coup de pouce à l'étrangère. Elle n'avait pas envie d'une engueulade dans la taverne, et avait la flemme de changer. Aussi, elle se dirigea vers le comptoir, prit une bière (qu'elle paya, histoire de pas oublier après) et vint s'assoir en face de l'Almer. Les regards hostiles se posèrent un instant sur la tigresse qui s'allongea à côté de l'Elfe, au faucon qui balayaient la salle du regard, et finalement se détournèrent. Bien. Annabeth avait réussi à faire ce qu'elle voulait. Bon, autant engager la conversation.

Salut. Désolée de me taper l'incruste, mais bon, j'aime pas que les gens jettent des regards hostiles à ceux qui ont le malheur de ne pas avoir un physique identique aux autres. Je suis Annabeth. Tu viens d'où ?

L'Elfe but une gorgée de bière avant de poser son regard sur l'étrangère. Soudain, elle sursauta. Elle venait de reconnaître la femme se tenant en face d'elle. Elle était au Bal, en année 151, et avait parcitipé avec les Compagnons et la saltimbanque (Jillian, oui) à la partie de Cul de Chouette engagée par Joris. Annabeth ne l'avait pas revu depuis, voilà pourquoi elle ne l'avait pas directement reconnu.

Vous ne seriez pas Iréa ? On s'est déjà vues non ?

[EDIT : merci de ton MP, j'édite. ]

[Déso, c'est nul, Panne d'inspi --']

Annabeth ne pensait pas que sa question provoquerait un si long discours. Iréa parlait comme si elle avait vécu toute sa vie auprès des Jinmens ! C'était impressionnant. L'Elfe qui n'aimait pas vraiment les longs discours, avait l'impression de vivre tout ce que l'Almer avait vécu, vu, ressenti. La méditation, apparemment une des grandes activités de ce peuple, ainsi que de la discipline et de la hiéarchie qui régnait. Annabeth vidait peu à peu sa chope, emportée par le récit de son interlocutrice. La réalité avait disparu, les mecs du Bar qui regardaient les deux femmes avec désapprobation.

Enfin, un jour, Iréa s'arrêta de parler, et c'était comme si un combat cessait, comme si le décor perdait ses couleurs, de sa réalité. Puis, la taverne réapparut. Le voyage avait cessé.

C'était très... Convainquant comme récit. J'ai l'impression d'y être allée moi-même. Ce doit être un bel endroit.

L'Elfe porta à ses lèvres sa chope et la renversa. Elle était vide. Dommage, cette bière était pas mal.
Annabeth se sentait soudain comme une enfant à qui le Grand Père vient de raconter un conte. A la fin, l'enfant demande : « Est-ce qu'un monde comme ça peut exister ? ». Ben là, c'était un peu pareil. Mais l'enfant avait juste un peu 23 ans.

Tu as visité combien de Cités ?

Annabeth avait écouté Iréa avec autant d’enthousiasme que celle-ci en avait mis à parler. L’Elfe la remercia avec des yeux brillants et l’espace d’un instant, la jeune femme eut l’impression de se revoir quand elle n’était qu’une enfant et qu’elle écoutait Moan lui parler des îles de Nua-ty, les yeux écarquillés et scintillant d’émerveillement.
Elle avait eu beau chercher, elle n’avait pas réussi à retrouver l’ancienne esclave qui semblait s’être évanouie dans la nature depuis le génocide de Ptot Tàh.
L’Almer en était venue à se demander pourquoi elle s’acharnait ainsi. Même si elle avait retrouvé Moan, elle n’avait rien à lui offrir. Seulement, elle éprouvait le besoin incompréhensible de s’assurer que tout allait bien pour elle.
Et si elle avait pris le chemin du retour, si elle était rentrée chez elle, dans les îles ?
La Templière n’avait jamais eu l’occasion d’y mettre les pieds, bien qu’elle ait grandi avec des histoires des îles.
Un jour, elle irait.
En espérant qu’elle ne serait pas abattue à vue, avec son physique qui clamait son appartenance au peuple du désert…
La voix d’Annabeth la ramena à la réalité.

« Tu as visité combien de Cités ?
- Je suis surtout restée dans les environs de la capitale, Hoshizora. Comme c’est le centre de l’Empire, il s’y passe énormément de choses. Mais j’ai visité une autre de leurs cités principales, et puis des villes de moindre envergure. »

Iréa se renversa sur sa chaise et s’étira en jetant un coup d’œil à la ronde. Pendant qu’elles parlaient, la salle s’était vidée peu à peu et elles étaient à présent quasiment seules avec l’aubergiste. Dans l’âtre près de leur table, le feu commençait à perdre de son intensité. C’était fou ce que le temps passait vite quand on discutait en bonne compagnie…
Les flammes se reflétaient dans les yeux bleus du tigre blanc toujours couché à côté de sa maîtresse, l’air plongé dans une léthargie songeuse. Il bâilla nonchalamment, dévoilant une large gueule garnie de crocs acérés, à faire froid dans le dos.
Il commençait à se faire tard mais l’Almer aurait bien voulu entendre une histoire à son tour, aussi se lança-t-elle.

« Ce n’est pas un animal qu’on rencontre souvent, fit-elle en regardant le tigre. Comment en est-il arrivé à te suivre ? »

[Il faudrait penser à finir. ^^]

Je suis surtout restée dans les environs de la capitale, Hoshizora. Comme c’est le centre de l’Empire, il s’y passe énormément de choses. Mais j’ai visité une autre de leurs cités principales, et puis des villes de moindre envergure.

Annabeth était quelque peu déçue par la réponse. Elle avait espéré qu'Iréa donne plus de détails, qu'elle lui raconte, qu'elle lui donne encore plus envie de se rendre chez les Jinmens. Mais elle en prenait pour ses frais. Dommage.
L'Almer s'étira un moment en regardant autour d'elle, et l'Elfe l'imita. En effet, la salle commençait peu à peu à se vider. Le discours sur les Jinmens avait duré plus longtemps que prévu apparemment, bien qu'Annabeth n'avait pas vu le temps passer. Plus personne ne regardaient l'étrangère avec hostilité, vu qu'il n'y avait presque personne.

Ce n’est pas un animal qu’on rencontre souvent. Comment en est-il arrivé à te suivre ?

Etonnée, Annabeth regarda la grosse bestiole à ses pieds, qui baillait avec nonchalance. Quel changement de sujet brutal. L'Elfe n'avait jamais raconté à personne sa rencontre avec le félin, tout simplement parce que personne n'avait voulu trop en savoir, à part qu'elle l'avait trouvée dans la forêt. Après, pas besoin de trop s'étaler en long en large et en travers.

Oh, ben en faite c'est moins simple. Pas aussi palpitant que ton voyage. Une fois où j'étais en forêt, près de Storghein à cause de mon imbécile de faucon qui avait l'envie de chasser une journée d'hiver glaciale. J'ai rencontré cette tigresse, qui a voulu m'attaquer, car elle était affamée. Avec l'aide de mon oiseau, Flink, je l'ai tout simplement attachée avec des lianes qui traînaient. Elle a fini par se calmer, et quand je l'ai délivrée et que je suis retournée à Storghein, elle m'a suivie, pour ne plus me quitter. C'est vrai que ça peut servir un tigre.

Annabeth sourit et caressa longuement son félin qui se mit à ronronner. Un brave bête. La tigresse se leva pesamment, s'assit, et posa sa tête sur les genoux de sa maîtresse, qui lui gratouilla les oreilles.
Sur son épaule, Flink commençait à s'agiter. Il en avait marre de rester sur ce perchoir sans bouger? Fallait dire qu'il commençait à être tard et que ça faisait un moment que les deux femmes parlaient. Il était temps de clore.

Iréa, ça m'a fait un grand plaisir de te revoir, vraiment. Mais... Il se fait tard, et je dois y aller. Tu sais, je me lève souvent aux aurores en ce moment... Je suis désolée. En espérant que se ne soit pas un adieu, juste un au revoir.

Annabeth salua l'Almer, enfila sa cape, et sortit de la taverne suivie de sa ménagerie. Cette rencontre avait été très agréable, et il était dommage qu'elle doive partir si vite. Mais elle espérait sincèrement revoir l'Almer. Dans des circonstances plus calmes...

[Désengagée.
Merci pour ce RP !]