[D-P] [151] Préparatifs pour le bal . ( pv : Jelenna ) (fini)

C'est la peau suintante de sueur et le cœur battant la chamade que l'assassin ouvrit les yeux dans l'obscurité de sa chambre . La bataille était bien fini mais de nombreux cauchemars continuaient encore de hanter ses nuits . En effet Ilian n'avait guère supporter la mort tragique de son maître , une mort qu'il n'oublierais jamais . . .

***

Il venait de sauver la petite Jelenna des griffes du mal lorsqu'il s'engouffra de nouveau dans cet enfer de cris et de douleurs, seulement quelques heures avaient passé depuis son départ mais ce qu'il observa du haut d'une petite colline l'horrifia plus que tout, il connaissait la mort et les cadavres il en avait déjà vu des milliers mais pas comme ça pas sur un fond si apocalyptique ! Il n'existait plus qu'un amas de gens se battant comme des chiens qui ne différenciaient très probablement plus leurs amis de leurs ennemis, ils se débattaient comme des diables baignant dans un lac de sang . Toutes cette horreur ne vint tout de même pas à bout de la volonté de l'assassin, il devait retrouver ses troupes et se replier, il avait apporté sa part à cette guerre et au vue des événements il ne voulait pas réduire tout ce qu'il avait bâtis ces derniers mois en poussière .
L’œil vif il parcourut alors le champ de bataille tentant d'y déceler des visages familiers, il lui fallut quelques minutes pour apercevoir son maître au côtés de Yalissan et de quelques autres assassins . Il les observa un peu plus longtemps et remarqua avec effroi les nombreuses pertes mais il ne s'avoua pas pour autant vaincu, dégainant ses armes et rugissant comme un lion il se lança à la rencontre des survivants .
Il fut quelques ralentis par les innombrables cadavres qui jonchaient le sol sans parler des futiles insectes qui tentaient de freiner la course meurtrière de l'assassin . Il arrivait à porter de voix de Léonard quand deux cavaliers surgirent dans son dos, le bruit des sabot alerta l'assassin et lui permit de se coucher avant que les coups porter lui fussent mortels . Il se releva durement et remarqua que du sang coulait de son épaule droite, sans s'en préoccuper il se concentra de nouveau sur son objectif mais lorsqu'il leva les yeux pour croiser ceux de son maître il découvrit une scène qu'il aurait préférer ne jamais voir . Les deux cavaliers dans leur charge effrénée s'en était prit au duo Léonard et Yalissan, dans la surprise de l'assaut le vieil assassin n'eut guère le temps de réagir et fut transpercer de part en part par l'un des deux assaillants, ce ne fut pas aussi tragique pour Yalissan qui alerter par la vivacité de ses sens put trancher les patte du destrier de son propre ennemi, ce dernier tomba au sol et ne tarda pas à se faire étriper par l'assassin .
L'esprit d'Ilian s'était alors égaré dans la colère et la soif de vengeance, inconsciemment il avait ramassé une lance planté dans le corps d'un homme à ses côtés .Par la suite il s'empressa de lancer cette arme de substitution dans la direction du meurtrier qui chargeait déjà une autre cible .
L'arme émit un long sifflement qui sembla ce détacher du vacarme environnant comme pour signaler, qu'ici et à cet instant, la vengeance d'Ilain allait s'abattre!
Quelques secondes plus tard l'homme tomba de son destrier et ne fit plus signe de vie . Ilian courut aussi vite qu'il le pouvait encore, ses poumons le brûlaient , ses muscles le faisaient souffrir, sans parler de ses multiples blessures . . . mais rien à cet instant n'aurait pu arrêter la course de cet homme, un homme qui venait de perdre un être cher .
Une fois devant la dépouille de son maître, il s'agenouilla et constata sa mort . C'est alors qu'il serra la chair inanimé de son maître, son visage creusé par les larmes qui y coulaient et le désespoir qu'on pouvait y lire . Bien qu'il aurait aimé rester allongé à ses côtés pour y mourir également il se devait de se relever, de montrer à ses fidèles comment on vengeait un proche chez les assassin .
Debout le corps de son défunt maître dans ses bras il se retourna pour observer toutes ses recrues, il tendit alors le corps à un de ces bras droit, avant de le lui remettre il récupéra la lame de coude de son maître et la fixa à son autre bras . IL fixa l'homme devant lui et lui dit :

"-Retire toi de cette bataille et prépare ces funérailles, si tu contestes nous préparerons les tiennes ! "

L'assassin ne soutint pas le regard noir de haine de son chef et s'en alla aussitôt. Ilian se retourna et fixa la bataille qui s'était un peu éloignée, il leva son poing en l'air pour rassembler les assassins autour de lui .

"-Allons venger nos frères . . . Battons nous jusqu'à la mort de notre ennemi !"

Les funestes combats reprirent jusqu'à la victoire alliée !

***

Dans son lit, Ilian s'était de nouveau remémorer cet événement . Il n'en pouvait plus il fallait qu'il sorte prendre l'air ! Il s'habilla alors aussi rapidement que possible et sortit de ses quartiers, ses gardes du corps tentèrent de le dissuader de sortir seul mais les menaces du chef prirent le dessus . L'assassin fraîchement réveiller se faufila alors dans les rues de Tamawa , mais il regretta bien vite cet initiative lorsqu'il se rappela que c'était aujourd'hui que le bal était organisé, toute la ville respirer la joie de vivre et les rues commerçantes étaient bondées ! Comment pouvait on être aussi "joyeux" après ce qu'avait vécu cette ville et le peuple entier d'Azthia !

Ilian continua tout de même sa "promenade" . Il s'arrêta à diverses ateliers d'art portant son propre jugement d'artiste sur les peintures exposés . C'est alors que lassé de la foule et du manque de talent artistique qu'il se décida à rentrer, mais il aperçut soudain une silhouette qui lui était familière : Jelenna !
Il était bien évidemment au courant de sa présence à Tamawa mais il n'avait pas encore eut la chance ou l'audace de la rencontrer, il prit alors son courage à deux mains et s'approcha discrètement d'elle tout en observant si elle était bien seule . Au bout de plusieurs minutes de filature il se risqua à sa rencontre, une fois à sa hauteur il lui tapota l'épaule .

"-Pourrais je marcher à vos côtés quelques instants, jeune demoiselle ? "Dit il en la défiant amicalement du regard .

La cité de Tamawa guérissait péniblement des plaies béantes laissées par les assauts des Cavaliers d'Azael. Guerre était venu chercher l'âme de l'ancien Cavalier de la Bête en vain mais au prix de centaines de vies innocentes que la petite fille avait vu s'éteindre dans un bruissement de flammes dans son Esprit. Kiki avait également participé à la destruction de la cité neutre mais dans une moindre mesure, d'autant qu'elle n'avait tué personne, s'étant contentée d'affirmer son autorité si fraîchement acquise et dont elle avait terriblement besoin pour briller aux yeux de ses amants en défigurant un Templier un peu trop présomptueux à son goût. En dehors de cela, la belle n'avait rien fait de plus et s'en était allée, la rumeur de la disparition de la petite princesse s'étant répandue aux oreilles de son maître. Jelenna se souvenait encore le visage triste de la belle Cavalier lorsqu'elle avait offert sa vie pour la sauver, elle, princesse Amazone. Pourquoi un tel sacrifice ? La petite fille se le demandait encore même si, grâce à cela, Diane avait pu venir à bout de Nessa. Depuis ce terrible jour où son destin s'était retrouvé lié à la petite chatte, elle avait décidé de la recueillir. Nombreuses étaient les personnes contre cet avis mais la petite demoiselle n'en avait pas démordu, Kiki lui avait sauvé la vie, elle ne laisserait pas la chatte, toute Cavalier d'Azael fut-elle, seule dans ce monde hostile. La paix venait après la bataille et, aux yeux de Jelenna, la paix débutait par le pardon.
Par curiosité pour sa salvatrice, Jelenna s'était éprise de son histoire, celle d'une jeune chatte touchée un soir d'été par l'âme d'Azael en personne. Ce fragment de souvenir de l'amant malheureux avait offert à Kiki le chat sauvage longévité et humanité. Qui aurait pu en vouloir à la belle petite tigresse qu'elle était devenue ? N'était-ce pas un sentiment humain que de vouloir profiter de la vie sans entrave ou encore, de vouloir du pouvoir et de la reconnaissance ? Le monde avait jugé Azael et ses compères coupables sans pour autant connaître l'ensemble de leur histoire. Kiki était la victime, tout comme Enoriel, Bors ou même Nessa. Au fond de son cœur, si Jelenna était incapable de pardonner à son ancêtre ses crimes, elle n'en restait pas moins certaine que l'ancienne reine Amazone avait été piégée et n'avait donc pas agi de son plein gré. Quelque part, le destin s'était joué d'elle.

Nessa …
Ce nom terrifiait encore la princesse Eléa bien qu'elle n'ose pas l'avouer. La jeunette n'avait pas besoin de fouiller les recoins de l'Esprit de son aînée pour savoir que cette dernière craignait d'un jour lui ressembler. La Cavalier avait été trahi par le sang des femmes, par l'âme des hommes et, aujourd'hui, par le cœur de ses héritières. Quelque part, si la petite fille ne pouvait pas lui pardonner le mal qu'elle avait fait autour d'elle et la mort de Diane en personne, elle était en mesure toutefois de la prendre en pitié.

La petite fille avait suivi le cortège Amazone convié à la fête organisée par les Templiers pour célébrer la victoire si cruellement et chèrement acquise. Loin de sauter de joie à l'idée de se montrer en public dans un état proche de la fatigue, Philéa avait cependant affirmer qu'elle serait présente, ne serait-ce que parce que Jiven, le directeur du Temple, souhaitait honorer l'efficacité de la politique menée par la souveraine du peuple des femmes libres. Eléa comme le reste de la famille royale y était convié et Jelenna d'autant plus depuis qu'on avait appris qu'elle se figurait être la réincarnation d'une déesse. A la fin de la bataille, l'âme de Diane, déesse sylvestre protectrice des Amazones, s'était posée près d'elle pour lui délivrer un message … La belle dame lui avait appris qu'elle l'avait choisi, elle, enfant sacrée des dieux, pour devenir sa réincarnation. Nombreuses auraient été les femmes ravies de ce choix mais pour Jelenna, il s'était avéré un si lourd fardeau sur ses jeunes épaules … Aujourd'hui encore, elle espérait avoir rêvé mais chaque jour lui rappelait à quel point son rôle à l'avenir était important et étroitement lié au destin de la déesse. Diane était devenue Jelenna et Jelenna Diane. La belle enfant Amazone se sentait d'autant plus perdue désormais qu'Eléa s'était éloignée d'elle. Si la princesse héritière ne semblait pas avoir changé outre mesure durant ces mois de séparation, la petite demoiselle se rendait compte à quel point elle avait changé. Devenue plus responsable, plus mûre et moins impulsive, Eléa avait su mener d'une main de maître l'expédition venue la sauver. Quelque part, Jelenna regrettait l'ancienne sœur qu'elle avait pu être même si elle louait la nouvelle Eléa. Ces mois avaient brisé de nombreuses choses en elle …

Eléa avait changé loin d'elle et aujourd'hui, si elle s'en réjouissait, elle sentait sa sœur aînée en plein désarroi, tiraillée entre l'ancienne princesse et la nouvelle. Des responsabilités nouvelles pesaient sur ses épaules bien que ne semblât pas tout à fait prête à les accepter. Feanaro disparu, Eléa perdait l'un des maillons des chaînes de sa vie bien qu'au fond, la disparition de ce dernier ne semblât pas autant la perturber que Jelenna l'aurait cru. Là encore, quelque chose s'était passée en son absence …
Aerin, le petit garçon perdu, terrorisé par l'avenir comme par le destin que les dieux lui réservaient. Seule Nyméria comptait désormais pour lui et il s'accrochait à elle comme à une bouée de sauvetage. Jelenna était son guide, tels avaient été ses propos et si la petite en doutait, elle savait néanmoins qu'elle était lié à lui, d'une quelconque façon. Aujourd'hui, elle comptait justement profiter de la journée pour affronter maître Jiven afin de lui demander la garde du jeune homme pour quelques mois. Jelenna doutait de pouvoir le sauver, mais elle se sentait capable de l'aider, elle en avait envie sans savoir pourquoi.

Et elle ?
N'avait-elle pas changé ?
Outre être devenue une réincarnation sans l'avoir demandé, n'avait-elle pas évolué derrière ses tristes barreaux de fer ? Jelenna n'était pas sotte, elle savait que si le monde avait tourné sans elle cela ne signifiait pas pour autant que le temps s'était arrêté à son égard. Elle avait grandi, mûri sur certains points et surtout, elle avait compris ce qu'elle voulait être. Muria serait son foyer l'âme de sa vie et jamais elle ne pourrait la quitter cependant, elle n'aspirait qu'à la paix et le Temple semblait l'appeler de toutes ses forces. La petite princesse en était persuadée, elle devait suivre la formation au Temple avec son père. Si la reine n'avait émis qu'une faible opposition, restait encore Eléa à convaincre et jamais la petite ne partirait avant d'avoir l'accord de son aînée, quand bien même avait-elle celui de sa mère. « Je ne la trahirais pas » avait affirmé avec ferveur l'enfant.

Tandis que le cortège discret de la reine Amazone s'était installé au Temple, Jelenna avait demandé la permission de se balader en ville. Bien entendu, Eléa avait émis un avis négatif mais elle avait plié face à sa mère et un compromis acceptable avait été trouvé. Haiiro accompagnerait la petite fille, ce qui la réjouissait. Ces mois passés loin de la protection rassurante de la louve au pelage cendré lui avaient semblé des années. Ce fut donc le cœur léger mais des questions plein la tête que la petite quitta l'enceinte du Temple pour la ville.
Du bruit, de l'animation.
Tamawa renaissait de ses cendres.
Vêtue d'une robe couleur crème, l'enfant ne portait pour unique parure qu'un bracelet d'or offert par sa mère au poignet gauche, sa dague qui pendait le long de sa hanche et enfin, un léger cercle d'or qui ceignait son front. La demoiselle avait pris la précaution de le cacher à demi grâce à ses cheveux, laissés détachés. Elle avançait tranquillement dans les rues commerçantes de Tamawa, cherchant à se vider l'esprit autant qu'à s'éloigner de l'effervescence du Temple. Haiiro sur ses talons, la petite ne se lassait pas de sentir sa présence à côté d'elle. Elle s'arrêta deux ou trois fois près d'échoppes présentant des poupées, se demandant si cela plairait à ses jeunes frères et sœurs puis se ravisa. Elle ne les connaissait que peu au final … Sans savoir pourquoi, Jelenna se dirigea instinctivement vers une forge pour y admirer les arcs, de moins bonnes factures que ceux de sa cité natale certes mais tout de même magnifiques, et les rapières. Avec délice, elle avait remarqué que la princesse héritière portait celle qu'elle lui avait offert pour ses fiançailles !

Le temps passa plus vite que prévu et la jeune fille se rendit compte que cela faisait près de deux heures qu'elle avait quitté les siens. La séparation des derniers mois avait laissé des séquelles propres à la faire se sentir terriblement seule dès qu'elle quittait le nid familial trop longtemps. Promptement, elle délaissa les armes pour reprendre le chemin du retour lorsqu'une main se posa sur son épaule. L'enfant ne manqua pas de sursauter mais fut néanmoins rassurée par deux choses, la première fut la voix, elle la connaissait, la seconde fut le calme de Haiiro. Se retournant, elle reconnut Ilian, l'ami de sa grande sœur et éventuellement, une des personnes qu'elle avait le plus vu en rêve même s'il n'en était pas toujours conscient. De plus, il était venu la sauver quelques semaines à peine auparavant, dans le donjon d'Azael.

« Avec plaisir » répondit-elle posément tout en enserrant l'homme avec délicatesse.

L'étreinte ne dura que quelques secondes, consciente qu'elle était que l'homme en question n'était pas comme son père.

« Que me vaut le plaisir de votre présence à mes côtés ? » demanda-t-elle avec malice et non sans un sourire taquin sur les lèvres.

Jelenna était sincèrement contente de le rencontrer.

Le temps passe et jamais ne s'arrête.

Le changement de saison s'annonce et bientôt, l'herbe grasse et aux timides rayons du soleil se feront champs de feu. Le silence cédera sa place au chant des oiseaux et le monde s'éveillera petit à petit, sortant lentement de son cocon de glace. Dans ce décor que le temps semblait avoir figé, le moment est venu de s'éclipser, de laisser la nature reprendre ses droits et le cours des choses se faire.

[Désengagés : Jelenna, Ilian ]

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