La fête... je crois que bien que je ne l’avais jamais faite comme ça. J’ai eu une enfance calme et sereine, toujours protégé. Je n’avais pas d’autres amis que Gabrielle et, à part pour faire des courses à mon père, je ne sortais pas tellement. Je me suis dit que l’anniversaire d’Elyncia était une bonne occasion de me lâcher et de changer encore une fois. Après tout, avec cette mission concernant Sombre Presage, nous avons eu tellement peu d’opportunités de nous changer les idées. Après avoir pu plus que je ne pouvais le supporter, je me dirige vers ma tente et m’allonge. La terre bouge, c’est étrange comme sensation. Je ferme les yeux et mes pensées vont à Faelin... Et c’est un sentiment étrange qui m’anime lorsque je pense à elle... comme si quelque chose m’empêchait de l’aimer vraiment, bien que la passion m’ait amené à tomber dans ses bras et à lui léguer mon épée comme le plus précieux des cadeaux.

Je suis surpris d'entendre soudain Elyncia me parler, alors que je la croyais couchée... vu l'état dans lequel elle était. Sortant de mes idées noires et reprenant mon équilibre, alors que je suis assis, je me passe de l’eau de ma gourde sur le visage. Je n’arriverai pas à dormir ce soir, je pense. D’humeur plaisantin, je sors de ma tente et me retrouve pile en face d'elle ; il faut dire que je ne m’attendais pas à ce qu’elle soit si près de l’ « entrée ».

- Plus maintenant ! dis-je en souriant. Non, je ne dormais pas, en fait.

Ce n'est vraiment pas la seule à avoir trop bu... Elle rit et ça me fait plaisir. C’est sûrement la seule que j’ai envie de voir et de côtoyer ces temps, malgré le fait que Rose me tourne autour. Bien que je la trouve vraiment séduisante, cette nouvelle Lancière ne m’intéresse pas outre mesure dans le sens qu’elle ne serait peut-être qu’une nuit de plus à passer accompagné. Bien sûr, je la respecte énormément, mais j’ai peur qu’elle se soit vraiment attachée à moi et j’hésite justement à mettre de la distance. Elyncia pose son front contre mon épaule et je suis surpris de cette soudaine proximité.

- J'ai trop chaud... j'arrive pas à dormir. Alors je me demandais si tu voulais pas rester avec moi... c'est toujours mieux quand on est deux... pour pas s'ennuyer.

Oui, j’aurais pu le prendre autrement. Mais vu les affirmations qu’Elyncia me lance à chaque tentative passée de ma part, ça fait bien longtemps que je ne cherche plus de sens caché à ses phrases.

- Tu sais pas où on pourrait être au frais juste quelques heure ? J'en peux plus.

Je pense immédiatement à un endroit précis. Je me lève doucement et aide ensuite Elyncia à faire de même. Nous commençons à marcher tranquillement mais titubant tous les deux. J’ignore pourquoi, mais la situation me fait rougir. Je marche timidement à côté d'Elyncia et je me dirige vers cet endroit où mon père allait souvent avec ma mère. À croire que mon inconscient fait bien les choses. Je sens que je ne marche pas droit, avec tout ce que j'ai avalé comme alcool et il m'arrive de frôler le bras de la Lancière... je me surprends à trouver ça plaisant alors que je lui ai dit quelques temps en arrière la considérer comme une sœur. Le désespoir d'un cœur perdu fait-il régresser ?

Arrivés devant une magnifique cascade au fond de la forêt et son espace vert tranquille, juste éclairé à la lueur de la pleine lune de ce soir, je m'arrête de marcher quelques secondes. Finalement, j'invite Elyncia à s'asseoir à côté de moi, près de l'eau. J'y trempe mes doigts et un frisson parcours mon dos.

- Je ne pensais pas que c'était si joli ici. Mon père m'avait souvent parlé de cet endroit, mais ça me semblait plus magique que ça en avait l'air. La nuit, c'est tout autre chose...

Je regarde le bout de ciel que l'on aperçoit, l'air pensif, attendant qu'elle réponde quelque chose.

J’ai toujours un sentiment étrange lorsqu’Elyncia me parle de son frère. La dernière fois qu’elle l’a fait, d’ailleurs, elle m’a identifié à lui et m’a donné la confirmation que j’étais important dans sa vie. Mais pas comme je l’ai désiré pendant si longtemps. Quatre ans, quatre longues années pendant lesquelles j’ai idéalisé la Lancière comme jamais je n’ai idéalisé quelqu’un. Je la voulais tellement que, quand je l’ai revue pour cette quête, je n’ai pu que me sentir plus malheureux encore de ne pas pouvoir l’aimer comme je le voulais. Puis je pensais l’avoir oubliée quand Faelin est apparue. Mais quand ce soir elle pose sa tête sur mon épaule, mon cœur bat plus vite. Elle sent terriblement bon... ça me fait oublier l'odeur de l'alcool que j'ai dans la bouche et partout sur moi (et oui, il y a eu des accidents, surtout de la part de Rose qui n’était pas en bon état non plus et qui était avec moi toute la soirée...). Je glisse finalement ma main doucement le long de son dos et caresse ses cheveux.

- On est plus si innocents, maintenant... dis-je en la regardant dans les yeux, me déplaçant légèrement. Des fois, je me dis que c'est dommage. Pour certaines choses.

Mon cœur s'emballe encore. Peut-être que je ne l'ai jamais oubliée, alors. Le départ de Faelin me l’a fait réaliser. Mais mes espoirs sont toujours tellement vains... rien ne peut se passer car Elyncia aime les femmes. Je le sais depuis tellement longtemps que ça en devient presque un refrain dans ma tête. Je soupire, un soupire bien las. Elle pose soudain ma main sur ma cuisse et utilise un ton qu’elle n’a jamais employé avec moi.

- Pourquoi un tel soupire ?

Elyncia rougit... pourquoi ? C'est sûrement l'alcool. Son ton particulier aussi ? Je place alors ma main sur sa joue et sourit, mal à l'aise de cette situation mais aussi effrayé de la voir agir comme ça. J’ai peur d’être déçu si quelque chose se passait. J’ai peur d’être la roue de secours, simplement parce que ça s’est mal passé avec Gabrielle. Pour penser ainsi... c’est bien que je l’aime encore. Peut-être même comme au premier jour.

- C'est quoi ça ? demande-je en riant nerveusement. Je pourrais presque croire que...

Je me tais et la regarde. Dans ses yeux, je peux voir cette expression que je connais si bien des femmes avant tout ce qu'on peut faire. Sauf qu'il s'agit d'Elyncia et que, pendant de nombreuses années, j'ai su que rien n'était possible. Sans m'en rendre compte, j'ai rapproché mon visage du sien. Je veux ses lèvres, mais j'attendrai qu'elle me les donne, cette fois. Une pensée pour Mitsuki n'est pas là... et qui ne le sera plus jamais.

* Pardonne-moi d'être toujours sous son charme après tes conseils. * pense-je avec une boule au ventre.

Elyncia tremble légèrement puis elle attrape ma nuque et m'embrasse finalement après avoir soufflé mon nom. Je crois à un rêve, comme notre premier baiser. Celui-ci n’avait aucune valeur, alors, puisqu’il s’agissait d’un piège. Nous nous allongeons sur l'herbe et celle-ci, légèrement humide, me ramène à la réalité. Je ne comprends rien ou, du moins, je ne cherche pas à comprendre et je profite de l’instant, voyant qu'elle prend tout ceci très au sérieux. Retenant le désir qui anime tout mon corps, c’est avec timidité et réserve que je la caresse un peu partout avec mes mains et ma bouche, pour finir par la retourner délicatement et finir sur elle. Doucement, je glisse ma main sur sa cuisse et remonte sous sa robe. Je passe mon doigt sous l'élastique de sa culotte, sans oser encore l'enlever ; j'en profite pour l'embrasser encore plus sensuellement avant ses prochains gestes.

Elle saisit mon bras pour prolonger mon mouvement et m’inviter à aller jusqu’au bout. Elle déboutonne ma chemise et je suis en totale ébullition à cet instant ; je retire finalement son sous-vêtement. Elle me caresse à son tour en m’offrant des baisers dans le cou et je n'hésite plus à aller caresser de ma langue cette fleur que j'ai toujours voulu cueillir ; Elyncia m’accompagne dans ce geste en passant tendrement ses doigts dans mes cheveux. Je continue de la toucher, voulant maintenant profiter de cet instant magique, autant que de cet endroit féérique. Elle respire fort et ses gémissements discrets ne font que me pousser à continuer pour lui donner autant de plaisir que j’en ai à la sentir frémir. Je remonte pour l’embrasser alors qu’elle détache son chemisier pour me révéler sa petite poitrine que je m’empresse de couvrir de baisers également. Elle se blotits alors contre moi et commence à détacher ma ceinture.

Je ne perds pas de temps à baisser mon pantalon et, la serrant contre moi, je cherche délicatement à ne faire plus qu'un avec elle, pour que l'interdit n'en soit plus un, pour que le plaisir qu'on prend tous les deux ce soir se concrétise par une fusion totale. Enfin je la sens, enfin elle est mienne, sous les promesses de la lune peut-être éphémère. Mais cette nuit me suffit pour le moment et je commence mes vas et vient, délicatement, comme pour ne pas l'abîmer.

Alors que je sens bientôt le 7ème ciel me rejoindre, je m'arrête, malgré la demande de ma Lancière. Je m'assois tout en restant en elle et, délicatement, je la redresse et l'incite à s'assoir sur moi. J'embrasse encore sa poitrine si menue mais si douce et la serre contre moi pour faire durer l'instant. Mais finalement, je n'ai pas la force de patienter et finis par nous allonger à nouveau pour répondre enfin à son désir et au mien. Alors qu’elle me griffe le dos mais que la brûlure ne me fait pas arrêter, c’est dans mes derniers gestes que je sens alors la chaleur m'envahir pour finalement me laisser complètement aller à l’abandon... conclusion d'un acte vécu tellement rêvé.

Elyncia finit par se retrouver à nouveau sur moi et finit par perdre ses forces et se blottir contre moi. Je n'ai plus que de la tendresse à lui donner après tout ça. Je la serre contre moi et caresse délicatement son dos, du bout des doigts. Je regarde encore une fois les étoiles et je les prie pour la première fois. J'espère que ce n'était ni un rêve, ni un mensonge. Je viens de faire l'amour avec Elyncia... plus que l'acte en lui-même, c'est cette impression qu'enfin nous avons été ensemble qui me prend au tripes. Impression... en était-ce vraiment une ?

- Elyncia, je...

Mais je ne sais pas poser cette question. Ou plutôt, je n'ose pas la penser. Je conclus mes caresses par un baiser sur son épaule et, c’est aussi vidé de mon énergie, qu’après quelques minutes, je finis par m'assoupir.

La lumière naissante du jour et une légère brise me réveillent le lendemain matin. J’ai terriblement mal à la tête. Je frotte mes yeux, me retourne et voit Elyncia allongée à côté de moi. Nous sommes couverts par des vêtements... ça me fait sourire. Une petite attention avant de s’endormir, ça lui ressemble bien. Je suis vraiment content qu'elle soit encore là, même si fuir quelque chose n’est pas le genre de ma si chère Lancière. Je frôle sa joue puis la caresse. Lorsqu'elle ouvre enfin les yeux, c'est toujours souriant que je lui dis :

- Bonjour. Tu as bien dormi ?

Puis ma joie se transforme légèrement en inquiétude... peut-être qu'elle s'en ira maintenant. Peut-être qu’après avoir répondu à mon accueil du matin, elle me dira qu’elle ne veut plus continuer, que c’était une erreur, la faute à l’alcool... ou pire : qu’il faut oublier tout ce qui s’est passé. Elyncia gémit et ouvre difficilement les yeux, mais elle me sourit.

- Oh, cette nuit était beaucoup plus douce que le mal de crâne du réveil.

Elle se hisse finalement sur moi et m’embrasse, tout aussi tendrement que la veille.

- Tu crains que je ne t'abandonne ? me dit-elle doucement.

Son baiser me rassure légèrement, mais j'ai toujours peur... Autant être honnête en répondant à sa question. Si je commence à mentir, à me voiler la face, tout ce que nous avons concrétisé cette nuit n’aura vraiment aucune valeur. J'espère tout de même ne pas la faire fuir, ça serait le pompon !

- C'est que... dis-je en touchant ses cheveux puis en détournant la tête. Toutes ces années, j'ai tellement espéré et maintenant... j'ai l'impression que ce n'est pas vrai, que tout va s'arrêter. Et là, je ne veux plus te laisser partir.

Je m'assois, elle toujours sur moi, et pose mon front contre le sien en fermant les yeux.

- Je pensais pouvoir arrêter de me faire des idées en tombant amoureux d'une autre... j'ai même sermonné Jarod pour qu'il finisse par t'oublier alors qu'au fond de moi je n'ai jamais pu le faire. Pardonne-moi, mais c'est difficile d'y croire parce que pendant tellement d'années j'y ai mis tant d’espoir sans en avoir le droit. Maintenant que j'ai peut-être le droit d'y croire, je n'ose plus. Pourtant, tout ça s'est bien passé... mieux qu'en rêve.

Je finis par la prendre dans mes bras pour attendre ce qu'elle me dira. Quitte à la perdre, je préfère profiter de ces derniers instants.

- Oui cette nuit était plus que réelle... mais moi aussi j'ai l'impression d'être dans un rêve. Tu sais, je n'ai pas réfléchit un seul instant quand nous l'avons fait. Je désirai juste qu'on le fasse, peu importe ce qui devait se passer ensuite. Tu sais... j'ai encore besoin de temps. Je sais que ça va te faire mal, mais je me sens un peu larguée en ce moment. J'ai peur Zihark.

Elle pose ensuite sa tête conte mon épaule. J'ignore de quoi elle a peur véritablement mais sa voix qui tremble me fait de la peine, car elle n’a rien à craindre de ma part. Je ne la laisserai plus filer. Je passe ma main dans ses cheveux d’une couleur que j’ai toujours aimée et qui fait encore battre mon cœur.

- Je n'ai pas non plus pensé à la suite, Elyncia... lui réponds-je sincèrement. Et je crois qu'elle m'effraye tout autant que toi. J'imagine bien que tu dois douter et je respecterai ton besoin de temps. Tu sais, je ne sais pas si je souffrirai autant que tu l'imagines... parce que maintenant, je peux me dire que nous nous sommes appartenus une nuit entière.

Je ris timidement puis l'incite à regarder le pied de la cascade en tournant délicatement son visage.

- L'eau doit être fraîche, mais un bon bain nous ferait du bien, non ?

Je souris. Parce que finalement je suis heureux, peu importe la tournure que prendront les choses.

J'avais oublié qu'Elyncia pouvait être si bourrine... mais ça fait partie de son charme, après tout. Elle se déshabille encore et j'en suis tout émoustillé. Mais je suis d'humeur taquine en ce joli matin, malgré la migraine. L'eau a l'air véritablement glacée... c'est donc après une transformation en loup pour avoir plus chaud que je saute rejoindre Elyncia. Sous l'eau, petit à petit, je me retransforme et remonte à la surface avec un mauvais réflexe de me secouer pour sécher mes poils... que je n'ai plus. Ahhhh la vie sauvage. Elyncia rit. Elle est encore plus belle complètement trempée et je ne peux pas m'empêcher de m'approcher pour l'embrasser encore. Mon envie d'elle ne se tait donc jamais ? Elle saisit mon visage et descend dans mon dos jusqu’à mes fesses qu’elle cramponne pour me tirer davantage vers elle. Mes lèvres quittent les siennes pour glisser vers son oreille et lui chuchoter :

- Pardon, mais... je te veux encore...

Je l'embrasse dans le cou puis sur la poitrine tout en descendant mes mains le long de ses jambes les ramenant derrière mon dos pour finalement la soulever et la porter jusque derrière la cascade en elle-même. Je pose ma Lancière juste au bord d'un rocher et après moult baisers et autres caresses, nous terminons la matinée comme nous avions commencé la soirée précédente... encore et encore.

Un moment avant de repartir de l'endroit magique, une fois rhabillé, je me risque tout de même à lui dire quelque chose. Je sais que je ne le regretterai pas :

- Je crois que je ne suis pas prêt d'arrêter de t'aimer, Elyncia... mais saches que même si tes doutes venaient à contredire tout ce que nous venons de vivre, je resterai avec toi jusqu'au bout dans cette quête pour retrouver Kaïlla. Tu l'as sûrement déjà compris, mais je tiens à te le redire maintenant, pour que tu comprennes que je peux donner ma vie pour toi, pour que tu réalises que je suis sérieux à présent.

Après m’avoir embrassé une dernière fois, elle me dit :

- Je crois que je t'aime Zihark. Tu n'as pas à donner ta vie car je crois que je ne pourrais y survivre.

Tous mes mouvements s'arrêtent... mon cœur aussi, j'ai l'impression... pour battre quatre fois plus fort qu'avant. Trop sensible... je crois que je le serai toujours, malgré l'image que je veux donner. J'avance vers elle et ne retient pas mes larmes en me cachant dans son cou et en la prenant dans mes bras.

- Merci... dis-je en la serrant plus fort.

- Zihark... tu m'étouffes, dit-elle en me tapant sur l'épaule tout en passant sa main dans mes cheveux.

Une fois remis de mes émotions, nous nous mettons en route pour retrouver les autres. D’ailleurs, que vont-ils penser de tout ça ? J’ignore encore comment Elyncia veut agir avec moi... se cacher pour leur laisser la « surprise » ou montrer véritablement qu’il s’est passé quelque chose. Quoi qu’il en soit, je pense que Léane le devinera bien vite, même si nous sommes peu démonstratifs (elle a du flair...). C’est surtout la réaction de Jarod qui m’effraye ; bien qu’il semble maintenant être avec notre Assassin préférée, j’ai peur des représailles car il a désiré Elyncia depuis bien longtemps aussi. Mais le beau temps de ce matin me fait oublier tout ça. C’est un nouveau jour qui commence, une nouvelle aventure. Vivre au jour le jour a toujours été mon fort, après tout.


[HRP : tu t'es encore trompé de bleu pour Zih' et puis tu n'as pas modifié le deuxième dialogue. ]

[Désengagée.]