Azthia

Ô, petite flamme qui guide chaque cité d'Azthia, surtout ne vacille pas. Car les temps sont bien embrumés et un vent d'inquiétude souffle... Laissez vous tenter par un univers poétique et fantastique, créez un personnage haut en couleurs...
 
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 [Terminé][155][F-E] Retour aux sources (PV Jaered)

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[Terminé][155][F-E] Retour aux sources (PV Jaered)
   [Terminé][155][F-E] Retour aux sources (PV Jaered) EmptyMer 9 Mai - 0:48

J’ai chaud... je déteste ce climat insupportable. Mais pourquoi suis-je donc revenue ici ? Ce n’est même pas l’espoir de revoir cet inconnu cydien qui avait marqué mon esprit la dernière fois... même pas l’espoir de trouver à nouveau cette bibliothèque naissante que j’ai déjà explorée au début du printemps. C’est probablement quelque chose que je cherche à me prouver à moi-même, alors. Car devenir plus forte, c’est aussi supporter tous les maux. Mais ma puissance semble bien basse au moment-même où j’approche de la ville, ayant presque la vision d’une oasis non loin pour me plonger dans l’eau fraiche et enfin me sentir mieux.

Je descends de mon cheval et approche à pied de l’entrée. Les portes sont ouvertes ; quelqu’un a dû pénétrer dans la cité quelques secondes avant que je n’arrive.


- Bonjour, guerrière, me dit l’un des gardes en me scrutant d’un air suspect. Les armes sont interdites dans notre cité et...

- Je connais vos consignes, je suis déjà venue, tente-je de dire à bout de souffle. Je ne porte aucune lame, aucune arbalète et même pas de petit couteau qui pourrait me servir à écorcher un porc.

Ma mauvaise humeur les contrarie, mais ils sont bien forcés de constater que je ne porte rien sur moi. Pour utiliser mon sang, je m’écorche parfois à la face rugueuse des murs pour abîmer ma peau, je n’ai pas besoin d’artifices ou autres outils encombrants. Après quelques hésitations, l’autre me donne finalement le feu vert pour entrer ; je le remercie d’un signe de tête avant d’avancer. Je dépose mon cheval dans l’écurie la plus proche et utilise l’eau chaude de l’abreuvoir à côté pour me mouiller légèrement la nuque. Un petit soulagement, mais supporter ce climat sera encore plus dur après... Je me rappelle que l’endroit le plus frais est la bibliothèque et, même si j’y ai presque tout lu, j’ai l’espoir infime de trouver quelque chose pour ne pas paraître suspecte à rechercher de la fraîcheur. En fait, après tout, je m’en fiche. C’est bien pour me faire remarquer que mes cheveux sont teints en rose et ornés de divers grigris. C’est bien à cause de ça que les enfants ont peur de moi... tous sauf une jusqu’à maintenant. J’aimerais revoir Eloween et son si doux visage, seule personne à connaître mon véritable nom. Mère n’aurait pas été contente de savoir que je n’utilise pas celui qu’elle m’a donné.

- Maman, regarde, une sorcière ! entend-je crier de l’autre côté de la rue.

- Chut, ce n’en est pas une, tu le sais... dis sa mère en tirant son fils par le bras.

Je me retourne et ils s’arrêtent de bouger... je dois avoir une sacré mine pour que leurs visages transpirent ainsi la peur ! À peine ai-je le temps de faire quelques pas vers la sortie pour éviter les ennuis que le père arrive derrière-moi et m’attrape par l’épaule. D’un calme naturel, je parle doucement pour éviter que les hommes à l’entrée ne nous chassent.

- Si nous nous battons ici, vous risquez de vous faire expulser plus vite que moi. La règle de celui qui commence s’applique ici plus qu’ailleurs.

Cette menace d’éloignement le tend et il me montre l’extérieur d’un signe de tête. Je continue à marcher pour enfin sortir avec lui. Je salue les gardes et accélère le pas. La tête me tourne, il fait vraiment trop chaud. Une fois que nous sommes suffisamment éloignés d’Erathia, l’homme me pousse et je manque de trébucher.

- Je n’ai rien fait aux amours de votre vie et je déteste me battre... dis-je pour éviter l’affrontement une énième fois. Alors oublions ça, si vous voulez bien. Je ne suis pas...

Je n’ai pas le temps de finir ma phrase qu’il me cogne violemment au visage avant d’appeler quelques-uns de ses camarades planqués aux alentours. Ma lèvre saigne et j’hésite longuement à utiliser mon pouvoir ici. Et j’attends trop longtemps puisque à peine ais-je essuyé le liquide d’un revers de manche qu’un inconnu s’approche : un Nùa, vu son apparence.


[HRP : j'espère que ça correspond aux agissements de ton personnage ! Sinon dis-moi, je changerai. Wink]


Dernière édition par Ocarenna le Jeu 31 Mai - 7:54, édité 1 fois
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Jaered
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Re: [Terminé][155][F-E] Retour aux sources (PV Jaered)
   [Terminé][155][F-E] Retour aux sources (PV Jaered) EmptySam 12 Mai - 16:12

*Erathia, la lumière tremblotante.*
La grande cité neutre d'Azthia est animée en ce jour d'été ensoleillé. Le ciel est dégagé, le temps est chaud, l'humidité se fait sentir. Les rues pavées et les bâtiments de pierres sont gorgés de lumière, les visiteurs circulent, cherchant rapidement un coin d'ombre où se reposer. Pour certains c'est la bibliothèque, où la fraicheur est conservée par d'épais murs. Pour d'autres c'est une taverne, où la boisson peut rafraîchir le gosier et faire oublier la chaleur. D'autres encore préfèrent le tribunat, les échoppes ou même rester chez eux. Chacun se protège du soleil selon son goût et sa propre résistance à la chaleur.

Lui a choisi l'ombre d'un arbre. Hors de l'enceinte protectrice des murailles, à quelques mètres des portes, il s'est installé pour un peu de repos. Assis dans l'herbe, adossé à un arbre, un chapeau de paille recouvrant son visage, il s'est laissé aller dans une sieste matinale. Il cuve son vin, comme disent certains, depuis déjà quelques heures. Presque personne ne passe de ce côté, et les rares passants ne font pas attention à lui. Depuis quelques temps, il vient à ce même endroit presque tous les jours. Et dans son demi-sommeil, l'homme se souvient.



~~ Erathia, deux ans plus tôt ~~

Deux cavaliers s'arrêtent à quelques lieues de la cité, ils l'observent. L'orange du ciel au coucher du soleil donne à la cité un cachet magnifique, presque magique.
"Nous y voilà: Erathia, la lumière qui vacille." Dit le plus âgé des deux voyageurs, un homme à la barbe et aux cheveux grisonnants.
"Hé le vieux. Tu viens de Storghein non?" demande le plus jeune, un homme d'une trentaine d'années.
L'aîné répond par un simple hochement de tête.
"Alors nous aurions pu y retourner. Pourquoi Erathia? "
"Erathia est ce qui se rapproche le plus de mon rêve. On l'appelle la lumineuse, sais-tu pourquoi? Parce qu'elle est l'espoir d'un avenir meilleur pour Azthia. Enfin, c'est ce que je pense. Depuis la chute d'Azael, il y a deux ans, elle s'est bien améliorée. Elle s'est relevée, s'est remise de ses blessures, et maintenant c'est une cité neutre. Comme une lumière qui brille dans les ténèbres. Aujourd'hui, tout le monde y est accepté, qu'importe sa race ou ses origines. Bien sûr, c'est parce que nous sommes en paix. Une paix fragiles, qui pourrait bien ne pas durer… Et quand la guerre sera là à nouveau, car j'en suis certain elle reviendra, Erathia perdurera. La flamme vacillera sans doute, mais mais elle ne s'éteindra pas. Elle restera la lumière tremblotante de l'espoir."
Le vieil homme bois une gorgée du contenu de sa gourde, et ajoute sur un ton mélancolique:
"Et puis… Je ne suis pas encore prêt pour retourner à Storghein."
"Tamawa aussi représente un espoir pour la paix. N'est-ce pas la raison pour laquelle..."
"Tamawa ne veut plus de nous!" coupe le vieil homme. "Dois-je te rappeler grâce à qui?"
Le plus jeune baisse les yeux, honteux.



~~ Erathia, de nos jours ~~

L'homme qui se repose à l'ombre d'un arbre est réveillé. Non loin de son lieu de repos des personnes font du bruit. Curieux, il enlève son chapeau de sur son visage et observe la scène qui se joue à quelques pas de lui. Il s'agit d'un homme et une femme, à première vue un couple qui se disputent. C'est ce que pense l'homme sous l'arbre au départ, jusqu'à ce que d'autres hommes rejoignent le couple. Alors il comprend qu'il n'en est rien.

La femme parait plutôt belle de là où se trouve l'homme au chapeau. Il peut discerner ses courbes malgré ses vêtements qui ne les mettent pas spécialement en valeur. En fait, elle a plutôt un charme insolite, aussi insolite que l'est la couleur de ses cheveux. Des cheveux roses ornés d'objets divers. A n'en pas douter, cette femme est assez belle pour attirer – volontairement ou non – l'attention des hommes, qu'ils soient bien intentionnés ou non. Et en ce moment même cette jeune femme se trouve dans un lieu retiré avec autour d'elle cinq hommes qui n'ont pas l'air de lui vouloir que du bien.

L'homme sous l'arbre se lève. Claudiquant, avançant sans aller tout à fait droit, il s'approche du groupe. Son chapeau derrière la tête, ses cheveux longs et sales tombent sur ses épaules de manière désordonnée, ses vieux vêtements sentent l'alcool, sa gourde est accrochée à sa ceinture. Sa couleur de peau particulière et les traits de son visage indiquent qu'il vient d'une des iles au sud d'Azthia, il est un nùa. La damoiselle toujours debout, saigne de la lèvre. Les persécuteurs, en supériorité numérique, semblent prendre un certain plaisir dans l'idée de s'en prendre à plus vulnérable qu'eux. Ils ne voient pas l'ivrogne s'approcher et sursautent presque en entendant une voix.


"Hé! Cha… Chalu les z'amis!"
Les tourmenteurs de la femme aux cheveux colorés se tournent brièvement vers le mendiant. L'un d'eux fait un geste et un autre sort du cercle. Les autres reportent leur attention sur leur victime, ils se disent que leur ami s'en sortira seul pour éloigner un ivrogne.
Homme de main: "T'as rien à faire là l'ivrogne! Allez dégage!" dit l'homme en question, en s'approchant négligemment de l'homme ivre.
Ce dernier ignore l'ordre qui lui est donné et continue d'approcher du groupe.

"Z'auriez pas un peu d'vin?"
Homme de main: "T'as pas entendu? On t'as dit…"
Le tourmenteur pousse brutalement l'homme ivre, mais la fin de sa phrase est perdue dans sa propre chute. En effet, faisant preuve d'un réflexe surprenant pour quelqu'un dans son état l'ivrogne a tiré avec lui le bras de l'autre homme, ce qui l'a fait chuter avec lui. Surpris et sonné, l'attaquant ne se relève pas de suite. L'ivrogne lui se reprend plus vite. Il se lève maladroitement, perd l'équilibre et retombe. Dans cette seconde chute son coude percute l'estomac de l'homme à terre. L'homme ivre se lève et, pendant que son presque adversaire se tord de douleur, il se dirige vers le groupe.

Les trois autres tortionnaires regardent en direction de l'ivrogne en entendant le cri de leur compagnon. Le temps qu'ils comprennent, l'ivrogne est entre eux et la femme blessée.

Instigateur: "Qu'est-ce que tu lui a fait à notre ami?" demande l'instigateur de toute cette mascarade.
L'homme ivre semble ne pas avoir entendu la question. Comme perdu dans un autre monde, il détache sa gourde. Excédé par ce manque total de respect envers lui, l'homme lance son poing en direction du visage de l'ivrogne. C'est juste à ce moment que l'ivrogne échappe sa gourde et se baisse pour la récupérer, évitant du même mouvement le coup de son adversaire. Il chancelle, ramasse sa gourde, et se relève tout aussi brusquement qu'il s'est penché. Ne s'étant pas attendu à un comportement aussi brusque et imprévu, l'attaquant se prend un vigoureux coup de crâne en pleine mâchoire. L'ivrogne recule d'un pas, l'autre prend sa mâchoire entre les mains et recule de deux pas. L'ivrogne chancelle, il se frotte la tête d'une main et tient sa gourde de l'autre.

"Ouille, ça fait mal! T'as pas du vin, dis?"
L'homme enrage, il ignore la douleur de sa mâchoire. Il passe à la charge, aveuglé par la honte et le déshonneur infligés par cet ivrogne puant. Mais alors que son poing approche de son objectif, son visage heurte violement un poing retenant une gourde. S'en suit alors un étrange combat entre l'ivrogne et les deux hommes restés inactifs. Pour toute personne qui ne fait pas attention, l'ivrogne a beaucoup de chance. Pour un fin observateur, les coups de l'ivrogne sont précis et maîtrisés, cachés dans des mouvements à priori aléatoires et sans grâce. Le fait-il exprès ou a-t-il simplement de la chance? Impossible de le dire, toujours est-il qu'après quelques coups donnés et reçus l'ivrogne parvient à mettre en fuite les persécuteurs de la femme aux cheveux roses.

La jeune femme, justement, est toujours là. Durant toute cette comédie elle est restée là à regarder l'ivrogne échanger des coups avec ses agresseurs. Etait-elle paralysée? Quand les hommes disparaissent de son champ de vision, l'ivrogne se tourne vers la femme. Il se penche vers elle et, le visage à une vingtaine de centimètres du sien, la dévisage. Deux longues minutes passent ainsi, sans qu'il ne dise mot ni même qu'il ne cligne des yeux. Il ne s'en est pas aperçu plus tôt mais à y regarder de plus près la femme ressemble à des airs d'astorg. Elle n'a pas tout à fait le même physique robuste et guerrier des femmes astorg, mais sa peau est aussi blanche et ses yeux tout aussi clairs.

"Vous êtes astorg, n'est-ce pas?"Demande-t-il finalement, comme si rien ne s'était passé.


Dernière édition par Jaered le Mer 16 Mai - 9:47, édité 1 fois
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Re: [Terminé][155][F-E] Retour aux sources (PV Jaered)
   [Terminé][155][F-E] Retour aux sources (PV Jaered) EmptyMer 16 Mai - 2:27

Il boîte... non, il ne marche pas droit ?! Ses premiers mots maladroits me font dire que la seule personne susceptible de m’aider est un alcoolique. Mais pourquoi suis-je revenue ici ?! Je le regarde se débrouiller d’une manière insolite avec un seul homme... quelle chance ce Nua peut avoir, c’est assez impressionnant ! Mais je n’ai pas envie de rire, car les autres s’approchent de moi... Rapidement, cependant, ils sont distraits par la scène et l’inconnu vient me défendre. Il est assez rare que je me retrouve dans ce genre de situation ; je n’aime pas me battre, mais me défendre est largement à ma portée en temps normal. Le fait que je ne supporte pas cette chaleur est vraiment un handicap de poids, c’est déjà la deuxième fois que je me suis fait sauver ici.

La suite de l’affrontement se passe sans moi et avec tout autant de chance... enfin, pas tout à fait. Malgré qu’il ait l’air d’un véritable boulet, je peux voir que cet homme sait se battre de façon efficace à la base. Surtout qu’il se débrouille sans arme, tout comme moi. Bien qu’il sente mauvais et qu’il ait une discours complètement décousu, le Nua commence à me plaire. Les hommes qui ne finissent pas à terre finissent par fuir, me laissant seule avec l’ivrogne. Ce dernier s’approche de moi et me scrute attentivement pendant deux longues minutes. Je me retiens parfois de respirer car, bien que l’alcool ne me rebute pas en temps normal, cet homme a tellement trempé dedans que c’en est devenu fermenté et vraiment pas agréable à inhaler.

Je l’observe moi aussi et me dis que s’il prenait soin de lui, il pourrait être charmant. Son état pitoyable n’est pas l’état de sa santé et sa forme qui m’ont l’air encore bonnes. Quel homme était-il avant de découvrir les méfaits de cette drogue, menant progressivement à la noyade de guerriers tout à fait honorables ? C’est une envie de vomir à cause de la chaleur, de l’odeur de son haleine et du goût ferreux du sang dans ma bouche qui me prend soudainement aux tripes. Je ne peux m’empêcher de plaquer ma main sur ma bouche, légèrement honteuse du geste. Depuis quand suis-je soucieuse de la réaction des gens et encore plus d’un homme ? Il ne se soucie pas tellement de ceci à première vue (mais n’en pense sûrement pas moins) et me pose une question surprenante en cydien.


"Vous êtes astorg, n'est-ce pas?"

Je dénoue ma gorge en ravalant ma salive et en m’éloignant quelque peu de lui. Il a pu deviner grâce à ces deux précieuses minutes d’observation... mais je fais comme si de rien n’était. Il n’a pas besoin de savoir ça, il le remarquera simplement à mon accent pitoyable en cette langue.

- Merci... voyageur, lui dis-je en hésitant sur le terme. Vous m’avez été d’une grande aide. Je ne suis pas à l’aise avec ce climat et mon apparence pose parfois quelques soucis. Ce n’était pas l’endroit approprié pour me montrer.

Je fais une petite pause, fuyant son regard sans savoir pourquoi. Je ne suis pas timide, d’habitude. Peut-être est-ce son ambivalence d’homme fort mais trop chanceux pour l’être qui me trouble. Ou la chaleur. C’est sûrement la chaleur. La demande que je fais par la suite me rend vraiment pataude et j’ai de la peine à soutenir son regard.

- Voudriez-vous m’escorter jusqu’à mon cheval ? Je pense repartir d’ici rapidement, je trouverai meilleur climat ailleurs. Un garde du corps aussi chanceux que vous saura sûrement empêcher les ennuis de me poursuivre.

Je ris timidement. Depuis combien de temps une situation ne m’avait pas fait rire ainsi ? Peut-être l’inconnu n’est alors pas le seul à être dans un état lamentable à cet instant.
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   [Terminé][155][F-E] Retour aux sources (PV Jaered) EmptyMer 16 Mai - 12:24

Pour toute réponse, la jeune femme s'éloigne du mendiant. Pas assez pour dire qu'elle le fuit, mais assez pour qu'il comprenne que rester aussi proche la gêne. Il ne pense pas de suite que cela peut être dû à son odeur, lui-même s'y étant habitué avec le temps. Il n'imagine pas non plus que l'estomac de l'inconnue puisse avoir quelques remontées gastriques, car bien qu'il ait remarqué le petit geste qu'elle a fait il n' pas su l'interpréter. Il ne se doute pas non plus que son apparence puisse être la cause de cette gêne, voilà bien longtemps qu'il n'a pas vu son reflet. Non, il s'imagine plutôt qu'elle a été effrayée tout simplement parce qu'il s'était trop approché, et qu'elle a craint le contact trop brusque d'un ivrogne qui aurait perdu le contrôle. Et ivrogne, il a bien conscience de l'être.

"Merci... voyageur," finit-elle par répondre. "Vous m’avez été d’une grande aide. Je ne suis pas à l’aise avec ce climat et mon apparence pose parfois quelques soucis. Ce n’était pas l’endroit approprié pour me montrer."
Le mendiant, bien que n'étant pas lui-même un cydien d'origine, remarque immédiatement l'accent de la jeune femme. Il reconnaît là un accent astorg, comme celui de feu son maître, mais plus prononcé que ce dernier. Avec ça et le fait qu'elle soit accablée par le chaud climat estival d'Erathie, il sait qu'il ne s'est pas trompé quant aux origines de la jeune femme.

Un moment de silence, seulement troublé par des oiseaux qui gazouillent, là-bas, dans le feuillage des arbres. L'astorg est gênée, ses yeux bleus fuient le regard désarçonnant du nùa. Lui reste silencieux, ne fait aucun commentaire, son visage sale ne montre aucun mouvement. C'est à ce demander s'il écoute vraiment son interlocutrice ou s'il fait semblant.
"Voudriez-vous m’escorter jusqu’à mon cheval ? Je pense repartir d’ici rapidement, je trouverai meilleur climat ailleurs. Un garde du corps aussi chanceux que vous saura sûrement empêcher les ennuis de me poursuivre."
Un rire timide suit la surprenante demande, puis le silence. Un autre silence gêné. Ni la proposition ni le rire n'ont tiré la moindre réaction chez le mendiant, comme si depuis un moment son cerveau s'était bloqué et son corps immobilisé.

Un peu plus loin, un lièvre curieux observe les deux bipèdes, caché dans un fourré. Sur une branche deux écureuils se disputent un gland. Le plus grand gagne, l'autre se retire. Le vainqueur retourne dans son creux d'arbre et ajoute son butin à sa réserve vidée durant le dernier hiver. Dans le ciel un oiseau au ventre rouge vif transporte la brindille qui lui permettra de terminer son nid. Avec un tel nid, il va attirer à coup sûr la plus belle des femelles pendant la saison des amours. Il ne se doute pas que beaucoup plus haut un prédateur le guète, un rapace aux serres acérées. Ce dernier à trois oisillons à nourrir, un œuf qui va bientôt éclore. Planant en cercles concentriques, il attends le meilleurs moment pour fondre sur sa proie.

Et sur le sol, Non loin d'un terrier au propriétaire absent, deux humains s'observent. Ou plutôt l'un regarde fixement l'autre qui à le regard fuyant et le teint qui rosit, à cause de la chaleur principalement. Et puis tout à coup, comme s'il venait d'assimiler tous ce qu'il vient d'entendre, l'homme aux défroques éclate d'un rire amusé et un poil moqueur.

"Ne soyez pas si gênée, voyons!" Dit-il une fois sont rire calmé, sur un ton moins ivre qu'un peu plus tôt. "De nous deux, c'est plutôt moi qui devrais avoir honte, vous n'pensez pas?" (Rire) "Moi chanceux, vous êtes bien drôle. Vous avez vu à quoi j'ressemble?"
L'ivrogne rit de plus belle. Après un bref moment d'hésitation embarrassée, l'inconnue le suit dans son hilarité, bien que son rire à elle soit plus discret. Au bout de quelques rires, l'homme se calme. Il se laisse choir sur le sol, s'asseyant dans la terre comme s'il s'agissait d'un coussin de plumes.
"Ah, vous m'avez bien fait rire, vous et vos amis. Eh bien vous savez quoi? J'veux bien vous accompagner aux écuries, j'ai laissé mon vieux canasson là-bas moi aussi." Déclare-t-il.
Ses yeux sont rieurs, son sourire chaleureux.
"Mais j'ai trois conditions." Ajoute-t-il, sur un ton amical.
"Ou plutôt, trois requêtes. D'abord, j'veux être payé. J'ai pas un sou en poche et ma gourde s'ra bientôt vide. Ensuite, vous paierez le palefrenier pour moi. On a cas dire qu'c'est une avance sur ma paie. Et enfin… J'voudrais qu'vous m'ameniez jusqu'à Stoghein, si c'est pas trop d'mander. Y'a quelqu'un qu'y faut que j'vois. Ca vous va comme ça, mam'zelle?"

En dictant ses revendications, le mendiant ne pense pas vraiment que la jeune femme va accepter. Payer un ivrogne pour la protéger sur la route, il vaudrait vraiment qu'elle soit folle pour accepter. Mais il a tout de même tenté sa chance. Qui ne risque rien n'a pas de sous comme on dit, ou quelque chose comme ça. Mais contre toute attente, la femme à la coiffure atypique accepte. Avec une condition cependant: qu'il prenne un bain.
"C'est d'accord! J'm'appelle Jaered." Dit-il sans hésiter.
Une occasion comme ça ne se présente pas souvent. Il vient d'avoir un payeur pour son cheval, un guide pour Stoghein, et si elle le paye réellement il aura même assez pour réparer la hallebarde runique de feu son maître.
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Re: [Terminé][155][F-E] Retour aux sources (PV Jaered)
   [Terminé][155][F-E] Retour aux sources (PV Jaered) EmptyJeu 17 Mai - 3:32

Mes réactions ne semblent pas le troubler... ni même provoquer un sentiment d’indifférence. C’est comme s’il était ailleurs, comme s’il avait des moments d’absence et de désengagement de la conversation mais je n’arrive pas bien à savoir d’où ça pourrait venir. Puis il finit par rire en se moquant, à retardement. Vraiment étrange, cet homme.

"Ne soyez pas si gênée, voyons! De nous deux, c'est plutôt moi qui devrais avoir honte, vous n'pensez pas? Moi chanceux, vous êtes bien drôle. Vous avez vu à quoi j'ressemble?"

J’ai bien envie de lui répondre que l’apparence ne fait pas tout et je suis bien placée pour le savoir. Seulement, son attitude me surprend et je me remets à rire, toujours timidement. J’avais oublié à quel point ça faisait du bien de ne plus penser aux douleurs. L’inconnu finit par s’allonger sur le sol et reprend son souffle pour accepter finalement de m’accompagner. C’est en l’observant davantage en m’asseyant à côté de lui, que je réalise que son rire et son sourire sont bien sincères. C’est peut-être cette sincérité qui me fait rire aussi... comme Eloween a pu l’être avec moi, il est naturel et cherche simplement à être lui-même. Au contraire de moi...

Ses conditions me surprennent mais j’avais déjà dans la tête de le soudoyer avec de l’argent s’il refusait d’accéder à ma demande. Non pas que j’ai peur de me retrouver à nouveau en conflit, c’est surtout que je veux vraiment quitter cet endroit pour un moment, sans y revenir pendant longtemps. Mais j’hésite... car retourner à Storghein n’est pas du tout dans mes intentions premières. Pourtant, c’est bien le seul endroit où je n’ai pas encore cherché de livres sur la Maho... enfin pas depuis mon départ. J’ai simplement peur de retrouver mon passé là-bas, peur de revoir des têtes connues, peur de retrouver l’endroit où j’ai commis mon premier crime. Mais c’est sûrement là-bas que je me sentirai le mieux pour le moment. Et une compagnie me ferait également du bien.


- D’accord, je veux bien faire tout ça pour vous ! dis-je sur un ton plaisantin mais différent d’avant, beaucoup moins naturel. Mais j’ai moi aussi une condition : lavez-vous !

En disant ça, j’aimerais le voir sous un autre jour, voir ce qu’il vaut réellement. Le bain n’est alors qu’une image que je ne suis pas sûre qu’il a interprétée comme ça. Mais le marché est conclu, maintenant. Je me lève et l’aide à faire de même en lui tendant la main. Il me dit son nom et c’est lorsque nous commençons à marcher que je lui souffle le mien... enfin, celui de ma mère. Bien que j’aie envie de lui faire confiance, je sais qu’un retournement de situation est vite arrivé.

- Appelez-moi Khiara, lui dis-je avec un sourire. Et... la route va être longue ! Je pense que nous pouvons nous tutoyer, si vous êtes d’accord. Nous partons directement, vous vous baignerez plus loin. Je ne supporte plus cette chaleur...

Arrivés près des chevaux, je lui tends tout l’argent dont il a besoin. Grâce à quelques services rendus à des gens très honnêtes, j’ai pu, çà et là, me faire une petite réserve d’argent... je me rends compte de son utilité maintenant. En sortant de la ville, les gardes de l’entrée lui rendent ses armes puis nous finissons par entamer le long trajet qui nous attend jusqu’à Storghein. Plus de 10 heures de galop nous attendent et c’est au bout de 5 heures, à la première trace de verdure, que nous trouvons une petite rivière. Nous la descendons et tombons sur un petit lac non loin d’un coin d’ombre. C’est avec précipitation que je descends de mon cheval et vais me cacher derrière un énorme rocher vaseux du lac en question pour me déshabiller et plonger dans l’eau. Je pousse un soupir de soulagement d’enfin pouvoir me rafraîchir. Me rapprochant du bord, je saisis mes vêtements que je trempe également dans l’eau et les frotte avec un savon fabriqué par un bon marchand. J’en passe un peu sur mon corps et le lance de l’autre côté.

- Tu peux tout utiliser, si tu veux ! dis-je avec un sourire en coin qu’il peut peut-être percevoir.

Lentement, enfin détendue, je continue de me laver et finis par étendre mes habits dans un petit endroit ensoleillé pour ne revêtir qu’une petite tunique en lin. Je m’étends finalement sur l’herbe et profite d’un léger vent frais passant sur mon corps humide.


- Je pense qu’on peut camper ici... suggère-je en parlant plus fort pour qu’il m’entende. Voyager de nuit dans les montagnes est dangereux. Même si le jour va mettre du temps à s’en aller, nous risquons de rester coincés plus haut. Je préfère qu’on reste ici un peu plus longtemps, si tu n’es pas trop pressé.

Je ferme alors les yeux et n’attend pas particulièrement de réponse... et finis par m’assoupir.
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   [Terminé][155][F-E] Retour aux sources (PV Jaered) EmptyVen 18 Mai - 9:38

La jeune femme se relève, puis le mendiant (avec beaucoup moins de grâce). L'accord étant passé, les deux protagonistes prennent la direction des écuries. Le séjour de l'astorg n'aura finalement pas été long, contrairement au nùa qui est là depuis un bon moment déjà.
"Appelez-moi Khiara," dit-elle de sa plaisante voix.
*Khiara* Se répète-t-il intérieurement, pour l'imprimer dans sa mémoire.
"Et... La route va être longue ! Je pense que nous pouvons nous tutoyer, si vous êtes d’accord. Nous partons directement, vous vous baignerez plus loin. Je ne supporte plus cette chaleur..."
"Comme vous… Comme tu voudras." Dit-il simplement, continuant de la suivre en chancelant.
Elle n'a pas tout à fait tort, d'ailleurs le mendiant s'étonne qu'il vouvoie encore les gens qu'il croise. Quant à la chaleur, il est vrai qu'il fait encore chaud en cette fin d'été. Mais pour un nùa, un homme du sud, cette chaleur n'est insoutenable. Lui c'est plutôt le froid qui va le déranger. Mais comme on dit, il est plus facile de se couvrir en hivers que de se rafraîchir en été.

Les deux nouveaux compagnons de route arrivent aux écuries, malgré le fait que l'ivrogne ait failli se perdre dans les rues une ou deux fois. La couleur unique de la chevelure de Khiara lui est d'une grande aide pour savoir qui suivre, rien à voir avec la fois où il a dû suivre cette Fynia jusqu'à une taverne quelques jours plus tôt. La jeune femme du nord est la première à récupérer sa monture, une magnifique pouliche à la robe pie alezan. Quand le palefrenier le voit arriver, un mélange de déception et de soulagement se lit sur son visage. Le soulagement parce qu'il va enfin se débarrasser du cheval de ce mendiant, dont il s'occupe depuis plusieurs mois sans que son propriétaire n'ait donné signe de vie. Et la déception parce qu'il comptait le vendre, et qu'il doute que l'ivrogne ait de quoi régler ce qu'il doit. Il va certainement devoir faire une coupure radicale sur le loyer des boxes, pense-t-il. Quand la jeune femme paie pour le mendiant, un sourire illumine le visage du palefrenier qui va aussitôt chercher le cheval bai et l'équipement qui va avec. Equipement étant une selle et son tapis usés, des rennes et deux sacoches de cuir, vides.

Quand il récupère sa monture, le mendiant ne monte pas tout de suite. Le canasson est un peu nerveux, alors son propriétaire prend les rennes et lui caresse le chanfrein, tout en lui parlant bas et d'une voix calme.

"Salut mon beau, on s'est bien occupé de toi? T'es content d'me voir hein? On va voyager, tu vas pouvoir te dégourdir les pattes." Il montre furtivement la cavalière et sa jument. Regardes, tu les vois ces deux-là? Elles vont faire la route avec nous. La pouliche s'appelle Douce-brise, et la cavalière Khiara. Elle est belle tu trouves pas? Ses beaux yeux clairs, ses muscles gracieux, ses courbes agréables..."
L'ivrogne qui murmure à l'oreille de son cheval, ou comment avoir l'air encore plus ridicule qu'on ne l'est déjà. Il ne le sait pas, mais la jeune femme l'entend. Elle entend les compliments qu'il dit à son cheval, comme une confidence qu'il donne à un ami. Son seul ami depuis que son maître a disparu, en vérité. Et ces compliment, tout porte à croire qu'ils portent sur la cavalière, jusqu'à ce qu'il ajoute:
"Et sa croupe? T'as vu sa croupe? Bien ferme, bien robuste. Je sais que c'est comme ça que tu les aimes, mon beau. Mais elle est déjà prise. Ahah!"
Ayant terminé sa discutions avec son cheval, le mendiant monte enfin en selle et les deux compagnons peuvent aller vers les portes. Là bas l'ivrogne récupère ses armes, ou du moins ce qu'il a laissé aux gardes en entrant. Des morceaux d'un long bâton et une épée sans lame, le tout emballé dans de vieux tissus aussi propres que leur propriétaire. Là encore, les gardes sont contents de s'en débarrasser. Maintenant plus rien ne retient la chétive astorg et son ivrogne de garde du corps dans la cité d'Erathia, alors c'est au galop qu'ils s'en éloignent.


~~ Cinq heures plus tard ~~

Après cinq heures d'alternance entre trot et galop, les chevaux fatiguent. Ils ont beau être endurants tous les deux, cinq heures à galoper dans la chaleur d'une fin d'été ça fatigue. Et à vrai dire, ce surtout leurs cavaliers qui commencent à ne plus tenir. La nature commence à prendre plus de couleurs, à être plus présente. Une rivière coule non loin du chemin, le bruit de son eau parvenant aux oreilles des cavaliers qui ont ralenti l'allure un instant. Ce son calme a des airs de chant divin, avec cette chaleur. Les cavaliers rejoignent la rivière, la suivent et atteigne un petit lac tranquille bordé de coins d'ombre.

La cavalière est la première à descendre de cheval, avec empressement, comme si trouver ce lac était une libération. Elle se précipite alors derrière un volumineux rocher vaseux, et disparait de la vue de son compagnon. Le mendiant met pied à terre avec plus de nonchalance, pour lui la sueur est devenue une amie familière. Tout en attachant les deux chevaux à la branche souple d'un arbre, pour éviter qu'ils ne s'éloignent, il se demande pourquoi la jeune femme est allée se cacher avec autant de hâte. Elle était si pressée de se rafraichir? Ou alors un besoin naturel? Il soupir. Peu lui importe, après tout. Si elle crie, il ira voir. En attendant il y a de l'eau, alors il va se laver, comme convenu avec elle avant de prendre la route.

Arrivé au bord de l'eau, de son coté du rocher, l'homme se dévêtit. Il laisse ses haillons en un tas négligé sur la rive et se plonge dans l'eau, sans réaction particulière. L'eau n'est pas très froide, mais avec la chaleur de l'extérieur elle lui parait fraîche. La sensation est plutôt agréable, alors il s'immerge complètement. Il allait y plonger sa tête quand quelque chose lui tombe dessus, est amortie par sa touffe de cheveux gras, et reste collé à ceux-ci.

"Tu peux tout utiliser, si tu veux !" entend-t-il.
La voix venant de l'autre côté est presque riante, comme si elle venait de lâcher une boutade. Il passe ses mains sur sa tête, trouve l'objet qui lui est tombé dessus, le prend, découvre de quoi il s'agit et comprend la boutade. Elle insinue qu'il est tellement sale qu'il lui faut tout un savon pour se nettoyer? Seul un léger grognement mécontent répond à la femme derrière le rocher, pour lui indiquer qu'il a compris.

L'homme regarde le savon, le sent, hausse les épaules et commence à s'en servir pour retirer la crasse colée à sa peau. Quand il en a fini avec son corps, après plusieurs passages, le morceau de savon a diminué de moitié. Maintenant, il a l'impression d'avoir changé de peau. Le mendiant – qui n'en est plus vraiment un, maintenant qu'il a un travail - se sent propre, une sensation qu'il n'a pas ressenti depuis bien longtemps. Trouvant que cette sensation retrouvée est bien agréable, il plonge sa tête dans l'eau pour tremper ses cheveux, puis se sert du savon pour l'aider à retirer la terre et la saleté qui s'y cachent. Là il est l'eau devient brune, mais rapidement le courant emmène les saletés plus loin. Finalement l'homme s'est lavé, et il se souvient à quel point c'est bon de se sentir propre. Bon il ne sent toujours pas la rose, ni même quoi que ce soit dont l'odeur peut être qualifiée d'agréable, mais il ne sent plus le chien crevé qui pourrit dans els égouts, et c'est déjà bien. Après quelques bains comme celui-ci et une barbe mieux taillée on oubliera qu'il a été mendiant.

Sortant de l'eau, il s'essore les cheveux, récupère ses défroques et se dirige vers le coin où il a entendu sa "patronne" aller après son bain. En chemin il trouve les vêtements de celle-ci étendus dans l'herbe, au soleil, en train de sécher. Alors l'homme regarde les vêtements féminins, puis le tas de défroques qu'il tient en main, et plusieurs fois son regard passe de l'un à l'autre. Quel est donc le raisonnement qui se fait dans sa tête? "Ses vêtements sont là donc elle est nue. Je peux la rejoindre et peut-être que…" est ce que la plupart des hommes penseraient. Presque tous, en fait. Mais lui, ce mendiant ivre, n'a pas tout à fait le même raisonnement.


"Je pense qu’on peut camper ici..." Dit Khiara, un peu plus loin, parlant assez fort pour qu'il l'entende. "Voyager de nuit dans les montagnes est dangereux. Même si le jour va mettre du temps à s’en aller, nous risquons de rester coincés plus haut. Je préfère qu’on reste ici un peu plus longtemps, si tu n’es pas trop pressé."
"Oui." Répond-t-il distraitement, sans vraiment y penser.

A nouveau l'homme regarde tour à tour les vêtements propres de Khiara, les siens, et le morceau savon restant. Et dans un soupir résigné il retourne dans l'eau, cette fois pour laver ses vêtements. A nouveau l'eau se salit, elle devient presque noire. Quand il en a fini et que le courant fait s'en aller les saletés, il n'y a plus de savons. L'homme regarde le résultat de son travail, avec malgré tout un sourire de satisfaction. Ses vieux vêtements ont presque retrouvé la couleur qu'ils avaient autrefois, et puis ils sont encore en assez bon état. Suffisamment pour durer jusqu'à Storghein en tout cas. Content de lui, il les étend grossièrement à côté de ceux de la jeune femme pour les sécher et va la rejoindre. Lui, il sèchera à l'air, naturellement.

L'homme dont l'odeur est maintenant plus supportable rejoint la jeune astorg assoupie dans l'herbe. Il remarque qu'elle a troqué ses vêtements en train de sécher pour une légère tunique de lin, qui objectivement parlant met ses formes en valeur. Lui n'a aucun vêtement de rechange, il est donc nu comme un ver, mais cela ne semble pas le gêner le moins du monde. La pudeur, pour un homme qui ne fait plus attention à rien depuis plus d'un an, ce n'est vraiment une priorité. Réalise-t-il seulement la situation? Rien ne l'indique. Il se contente de s'assoir proche de la jeune femme, sans la regarder plus que ça. A se demander s'il sait encore ce qu'est une femme, ou s'il a tout oublié des choses de la vie. Certes, ses yeux sont bien posés sur le corps endormi à côté de lui, mais ce ne sont pas ses courbes qui attirent son regard. Ce sont ses cicatrices, et en particulier celle se trouvant sur son avant-bras droit. Cette cicatrice lui rappelle celles que le temps n'a pas pu effacer dans son dos, celles causées par les coups de fout.

*Mutilation, ou torture? Cette femme a dû souffrir, elle aussi… Elle semble avoir plus d'ennuis qu'elle ne veut bien le faire croire…* Pense-t-il en posant à son tour le dos dans l'herbe.
Les yeux vers le ciel, l'ivrogne laisse ses pensées voyager avec le vent, et les quelques feuilles qui traversent son champ de vision.


~~°~~

Quelques heures plus tard, quand l'astorg se réveille le nùa n'est plus à côté d'elle. Les chevaux ont été rapprochés, du bois a été rassemblé pour un feu, un semblant de campement a été préparé. Les vêtements, secs et mal pliés, sont posés près du camp improvisé. Le nùa est un peu plus loin, dans l'eau du lac.

Là où il est seul le haut de son torse est hors de l'eau, et il semble qu'il ait pied. Il reste immobile un instant, le regard fixant l'eau. Et tout à coup il plonge la tête et disparait sous l'eau. S'écoulent quelques secondes, presque une minute, et sa tête ressors de l'eau un peu plus loin. Puis son cou, ses épaules, et son torse à mesure qu'il s'approche. En main il tient un long bâton à peu près droit qu'il a taillé, et au bout un poisson d'une taille raisonnable pour deux personnes. L'homme aux airs de sauvage avec sa barbe et ses cheveux longs ressort de l'eau nu comme un ver, mais ne semble pas s'en préoccuper le moins du monde. Il salue la jeune femme et rejoint le camp, naturellement, comme si tout était normal. Il plante son bâton proche du bois du feu, coté poisson vers le haut, et pose son derrière sur une pierre. Quand on lui demande de se revêtir, parce que tout de même il est en présence d'une dame, sa réponse est simple:

"Si j'mouille mes vêtement, ils vont plus sécher. J'en ai pas d'autre et si j'suis mouillé la nuit j'vais attraper froid. En plus il fait meilleur comme ça."
Insistante, l'astorg qui n'a pas tellement l'air d'être si gênée que ça lui tend un pan de tissu. L'homme s'en sert pour se confectionner une sorte de pagne-culotte, ce qui lui donne encore plus l'air d'un sauvage des montagnes. Ce n'est pas grand-chose, mais sa cache ses attributs masculins et c'est déjà ça. Ce détail réglé, le nùa reporte son attention sur l'astorg.
"Je me suis permis de préparer l'camp, ça te dérange pas j'espère. Et puis j'ai pris tes habits en même temps qu'les miens, des fois qu'une bestiole voudrais s'en aller avec. J'les ai plié, là."
Il accompagne ses paroles du geste, en montrant la souche sur laquelle il a posé lesdits vêtements.
"Et j'ai pêché aussi, comme t'as vu. J'peux allumer le feu, mais pour la cuisine par contre… Bon c'pas trop mon truc, alors s'tu veux bien…"

Certes, il reste encore une heure ou deux avant que le jour ne laisse place à la nuit. Mais n'ayant rien d'autre à faire, le "sauvage" se contente d'attendre en observant la jeune femme. Et d'ailleurs, qui est-elle, cette Khiara? Il a accepté de l'accompagner, et même de la protéger, et ce sans poser de question. Sans savoir les dangers dont il devra la protéger, ni même ses intentions. Plus il y pense, plus il se dit qu'il serait bon d'en savoir un peu plus. Et si c'était une criminelle en fuite, qui projette d'assassiner l'Oblat? Il repense à la cicatrice sur son avant-bras. Ou pire, une utilisatrice de cette magie proscrite qu'est la maho, dont le but est d'asservir un quelconque peule? Lui, un ancien templier, il est en train de l'aider? Il considère avoir perdu tout honneur en étant rayé de l'ordre, mais tout de même. Il ne va pas devenir criminel pour autant.

Son visage d'ivrogne impassible ne laisse rien voir de son questionnement intérieur, et il songe à une manière de savoir. Il peut faire mine de s'intéresser à elle, peut-être qu'il aura sa confiance. Quoique "faire mine" n'est pas le terme approprié, car inconsciemment cette femme l'intéresse vraiment, si tant est que quelqu'un puisse encore l'intéresser. Alors lui montrer de l'intérêt ne sera pas difficile. Après un moment de silence l'homme prend parole, d'une voix qu'il veut sincère et apaisante.

"Heum Khiara… Quand tu étais assoupie, tout à l'heure. J'ai vu la cicatrice sur ton bras. Comment est-ce arrivé?"
Et avant qu'elle ne réponde il ajoute, comme pour justifier sa question:
"Si c'est en lien avec ton besoin de protection, je dois l'savoir. Pour savoir à quoi j'dois m'attendre."
Le ton est calme, rassurant. Du moins autant qu'un vieux loup solitaire puisse l'être. Certes il y a des sujets de conversation plus agréables lors d'un premier repas en tête à tête, mais niveau conversation Jaered est un peu rouillé. Et il veille savoir il ne veut pas être trop brusque. Aussi n'insistera-t-il pas si Khiara ne lui répond pas, et passera à un autre sujet. La raison pour laquelle elle voyage seule, par exemple.


Dernière édition par Jaered le Lun 21 Mai - 8:49, édité 1 fois
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   [Terminé][155][F-E] Retour aux sources (PV Jaered) EmptyLun 21 Mai - 8:25

Ce n’est pas un cauchemar qui m’emplit la tête à cet instant, pour la première fois depuis longtemps. Je revois Jaered qui murmure à l’oreille de son cheval, me faisant croire qu’il me complimente alors qu’il parle de ma pouliche. Je ris... mais j’ignore si je le fais réellement ou si c’est seulement dans mon rêve. Car en réalité, je suis restée impassible. Cet homme sale et puant m’a défendue... est-ce seulement par intérêt ? Cela m’étonne, parce qu’il semble détaché de tout. Mais pourquoi est-il donc intervenu ? Pourquoi me fait-il rire alors même qu’Eloween n’a pas réussi à le faire ? Alors même que je ne me rappelle pas que mes parents aient pu y arriver également. C’est en pensant à cela que j’ouvre lentement les yeux. La lumière du soleil n’est pas très intense, mais je suis quand même éblouie.

Je m’assois lentement et frotte mes yeux. Puis j’aperçois mon compagnon dans l’eau et le petit campement qu’il a préparé pendant mon sommeil. Combien de temps ai-je dormi ? Mon regard se tourne à nouveau vers Jaered qui sort gentiment de l’eau... sans se soucier du fait qu’il soit nu. Le spectacle, maintenant qu’il est lavé, ne m’est pas si désagréable. Mais c’est pour sa dignité que je « marche » à genou jusqu’aux habits pour lui en tendre un au hasard.


"Si j'mouille mes vêtement, ils vont plus sécher. J'en ai pas d'autre et si j'suis mouillé la nuit j'vais attraper froid. En plus il fait meilleur comme ça."

Je suis premièrement surprise et amusée, mais je ne le montre pas. J’insiste pour qu’il se couvre enfin... la gêne commence à me gagner mais j’espère qu’il ne le voit pas. C’est surtout son absence de pudeur qui me rappelle le train-train quotidien que je vivais avec Harkas avant le drame qui nous a fait nous séparer. Il finit par accepter et continue de me parler.

"Je me suis permis de préparer l'camp, ça te dérange pas j'espère. Et puis j'ai pris tes habits en même temps qu'les miens, des fois qu'une bestiole voudrais s'en aller avec. J'les ai plié, là. Et j'ai pêché aussi, comme t'as vu. J'peux allumer le feu, mais pour la cuisine par contre… Bon c'pas trop mon truc, alors s'tu veux bien…"

Je suis ses gestes et ses paroles et je cache mon malaise face au fait de cuisiner... lors de mes voyages, je passe mon temps à grignoter et à manger des choses plus nourrissantes mais souvent préparées ou dans les tavernes. Malgré tout, je veux bien essayer, peut-être pour surmonter encore une de mes faiblesses. Il finit par m’observer et je finis par me lever pour commencer la préparation du poisson. Tout se trouve à côté, je n’ai donc qu’à m’asseoir en tailleurs et à commencer la cuisson en calculant mes gestes pour ne pas paraître trop ridicule. Je sens qu’il me regarde, mais j’ignore pourquoi. Je sens la question fatale arriver... il me scrute tellement qu’il va forcément découvrir des choses compromettantes sur moi, sans forcément m’interroger. Quelque chose me dit qu’il est plus malin qu’on ne peut le penser.

"Heum Khiara… Quand tu étais assoupie, tout à l'heure. J'ai vu la cicatrice sur ton bras. Comment est-ce arrivé? Si c'est en lien avec ton besoin de protection, je dois l'savoir. Pour savoir à quoi j'dois m'attendre."

J’hésite... longtemps... trop longtemps. Je cuisine plutôt bien pour une fois, sûrement parce que je me concentre sur ma tâche plutôt que sur ce qu’il me dit. Je pensais pouvoir compter sur quelqu’un pour rentrer à Storghein, mais... apparemment, il faudra que je fasse sans. Si je lui dis la vérité sur la Maho, sur mon passé, sur mes crimes, sur mon envie de justice, sur mes peurs... il risque de s’en aller. Bien que j’aie l’habitude d’effrayer les gens, Jaered me plaisait bien. C’est une charmante compagnie, il m’a fait rire sans le faire vraiment exprès et il est naturel. Son étourderie me changeait les idées. Tant pis. Je finis par servir les bols, toujours sans rien dire et j’attends qu’il goûte. Il ne fait pas de tête bizarre, c’est que ça doit être mangeable. Je goûte à mon tour : effectivement, pas mauvais. Mes secrets ont du bon...

Un long silence s’est installé depuis une bonne demi-heure, maintenant. Et c’est avec peu de délicatesse que je m’approche de lui et le regarde droit dans les yeux.


- Normalement, je suis nulle en cuisine, dis-je pour commencer l’énumération de tout ce qu’il ne sait pas sur moi. J’ai accepté de m’en occuper car je n’aime pas m’exposer, montrer que je suis faible en quelque chose. Puis mon nom n’est pas Khiara... ma mère s’appelait comme ça. Je ne donne jamais mon vrai nom à des inconnus parce que je ne veux pas m’attacher.

Je le laisse digérer ça mais j’enchaîne suffisamment vite pour éviter qu’il ne réponde.

- Je n’aime pas m’attacher parce que j’ai peur de souffrir. J’ai perdu mes parents à 10 ans et, depuis, je poursuis l’injustice de toutes les façons qui me semblent correctes. Et cette cicatrice... Je soupire. J’ai tué un homme, il y a longtemps, maintenant. Un homme que je n’aimais pas mais avec lequel j’ai vécu plusieurs années de ma vie, duquel j’ai appris énormément de choses. Un homme que je respectais du fond du cœur jusqu’à ce qu’il me trahisse, jusqu’à ce qu’il tente d’abuser de moi. En quête de pouvoir, depuis, je suis obsédée par une magie interdite qui me satisfait à tel point que je parcours Azthia et les Terres Jinmen à la recherche d’ouvrages et de créatures à vaincre par ces moyens, à défauts des Hommes auxquels je n’ai rien à reprocher... Et je suis seule. Puis je mens et je me moque des gens qui jugent car finalement ils ne savent rien de moi. Jusqu’à maintenant... Je m’appelle Ocarenna et, pour le moment, j’aime ta compagnie. Je pense que tu partiras demain matin, ne voulant sûrement pas rester avec une dingue comme moi, ayant peur que je vienne t’égorger en plein milieu de la nuit ou que je pénètre tes rêves pour t’en faire voir de toutes les couleurs. Et c’est légitime. Mais je n’ai qu’une seule chose à te demander si tu fais ça, Jaered : ne me trahis pas, ne vends pas mes secrets à des inconnus pour m’arrêter. Il est trop tard, de toute manière.

J’ai déballé ça d’un seul trait, sans reprendre mon souffle pratiquement. Sans m’en rendre compte, ma voix a commencé à trembler et je me suis encore rapprochée de lui. Je ne sais pas ce qu’il va répondre, mais je me sens mal, terriblement mal de m’être confiée ainsi à un inconnu. Qu’est-ce qui l’empêcherait d’aller prévenir la garde d’un village voisin pour venir m’arrêter et me faire tuer ? Rien du tout... Pour la première fois de ma vie, j’ai peur d’être jugée et j’en tremble.
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   [Terminé][155][F-E] Retour aux sources (PV Jaered) EmptyVen 25 Mai - 8:06

Le vent se lève. Léger, tiède, une douce brise venant caresser le lac. Le soleil s'approche un peu plus de l'horizon à chaque minute, lentement, s'apprêtant à laisser la place du ciel à sa sœur la lune. Bientôt, Obscurat descendra sur terre pour rendre visite à ses plus fervents adeptes. Les animaux diurnes rentrent dans leurs nids, leurs tanières, leurs grottes, alors que les nocturnes sont sur le point de se réveiller. Dans le lac, un banc de poissons se reforme. Ils ont été récemment dérangés, et à plusieurs reprises. Les prédateurs aquatiques n'ont pas causé beaucoup de perte aujourd'hui, seuls une dizaine de membres on disparu.

Au bord du lac, la question du barbu reste en suspens, le silence s'installe. Un silence gêné, presque tendu. Un feu crépite, dansant timidement sur du bois qui vient juste d'être allumé. Le regard du nùa ne quitte pas l'astorg, qui elle semble se concentrer sur sa tâche. A savoir préparer le poisson. A-t-elle seulement entendu la question? Il hésite un moment à la reposer, et décide de s'abstenir. Il sa dit qu'il doit y avoir une raison pour qu'elle ne l'ait pas entendu, que c'est peut-être trop tôt. Alors il se contente d'observer la dame, ou la demoiselle? Il n'en sait toujours rien, en fin de compte.

Toujours sans un mot, la cuisinière tend un bol au pêcheur. Elle le regarde prendre le bol, l'air impassible, et son visage à lui ne laisse rien paraître de plus. Il finit par cesser de l'observer elle, et porte plutôt son attention sur le repas qu'il vient de prendre. L'aspect n'a rien de particulier, l'odeur n'est pas mauvaise. En fait, s'il compare à tous ce qu'il a pu manger ces deux dernières années, c'est même plutôt appétissant. Il goûte donc, presque maladroitement – depuis quand n'a-t-il pas mangé proprement? – et sourit. C'est bien le meilleurs repas qu'il ait mangé depuis longtemps. Il est vrai qu'après un an à se nourrir de rats, de restes de tavernes et autres mets douteux par manque de talent pendant presque un an, un simple poisson cuit a des aspects de repas de luxe.

L'astorg commence elle aussi à manger, mais le silence perdure. Un moment, les deux nouveaux compagnons de route se regardent, mangeant en silence. Chacun ne montre aucune émotion et pourtant ils tout aussi embarrassé par ce silence l'un comme l'autre, mais pas pour les même raisons. Et la jeune femme se rapproche de l'autre, avec toute la délicatesse propre à son peuple. Il ne réagit pas, il continue d'avaler le contenue de son bol. Elle plonge son regard bleu dans celui de l'homme, mais celui-ci ne semble pas le remarquer.

"Normalement, je suis nulle en cuisine," commence-t-elle, un peu sur le ton de la confidence.
Le nùa regarde son restant de poisson, puis l'astorg. Il s'est laissé surprendre par cette étrange entrée en matière. En fait avec le ton qu'elle a employé il ne s'attendait pas à ce soit pour parler d'une chose aussi banale que la cuisine. Ce n'est pas la réponse à la dernière question qu'il a posé, mais si elle préfère l'ignorer et parler cuisine alors soit. Il peut donc continuer de manger.

"J’ai accepté de m’en occuper car je n’aime pas m’exposer, montrer que je suis faible en quelque chose. Puis mon nom n’est pas Khiara... Ma mère s’appelait comme ça. Je ne donne jamais mon vrai nom à des inconnus parce que je ne veux pas m’attacher."
La femme marque alors une courte pause. La bouche du barbu reste ouverte, la cuillère arrêtée quelques centimètres devant. Elle a capté son attention. Il comprend que ce qu'elle est en train de lui dire est plus important qu'il ne l'a cru, mais il ne sait pas trop comment réagir. Continuer de manger comme si de rien était? Intérieurement, quelque chose lui dit que ce n'est pas une bonne chose. Alors il remet la cuillère dans le bol et l'écoute sans dire mot.
"Je n’aime pas m’attacher parce que j’ai peur de souffrir. J’ai perdu mes parents à 10 ans et, depuis, je poursuis l’injustice de toutes les façons qui me semblent correctes."
Cette phrase a un écho en lui. Lui aussi a perdu ses parents étant enfant. Il devait avoir dix ans à ce moment, peut-être un peu moins.
"Et cette cicatrice..." Elle soupire.
Le garde le silence, la mine insondable. Elle a entendu sa question finalement, et maintenant elle y répond.


Le voile étoilé de la nuit s'étend peu à peu au-dessus des deux campeurs. La lumière du soleil diminue, l'air se rafraîchis. Le feu crépitant à coté d'eux devient peu à peu la seule source de lumière et de chaleur. A mesure que la femme se dévoile, d'une traite, sa voix se voile. L'homme écoute, impassible en apparence, sans se rendre compte qu'elle se rapproche de plus en plus. Quand elle a fini, l'homme ne bouge pas. Pas immédiatement. Il ne sait pas comment réagir. Certes, il lui a posé une question et elle y a répondu. Certes, il s'était dit que gagner sa confiance lui permettrait d'en apprendre plus sur elle. Mais à aucun moment il s'attendait à ce qu'elle en dévoile autant sur sa vie et ses secrets.
Il commence à avoir du mal à cacher ses émotions, son regard troublé quitte les yeux de son interlocutrice pour se poser sur son bol, dans lequel deux morceaux de poissons refroidissent lentement. Est-ce que cette espèce de poisson a des propriétés magiques qui font qu'en en mangeant l'on se mette à avouer tous ses secrets? Dans ce cas lui aussi révèlera tout de son passé. Cette idée s'en va aussitôt apparue. Il ne se sent nullement l'envie de se dévoiler à son tour, du moins pas maintenant. Alors il repense à ces mots qu'elle a prononcé au début de son discourt: "Parce que je ne veux pas m'attacher". Elle se serait attachée à lui? Lui qui répugne tout le monde? En si peu de temps? Etrangement et sans qu'il n'en soit vraiment conscient, cette idée le réconforte. Il se dit qu'il peut encore être utile à quelqu'un, ne serais-ce que seulement pour tenir compagnie. Mais il hésite, il ne sait pas trop quoi penser.

Après un moment d'inaction, quelques secondes en réalité qui paraissent des minutes pour lui, l'homme pose son bol au sol. Alors qu'ils sont toujours proches l'un de l'autre le nùa se penche vers l'astorg. Lentement, le visage de l'un se rapproche de celui de l'autre. Il n'est plus qu'à quelques centimètres, si proche que sa barbe fournie lui chatouille presque le nez. Il se rapproche, et d'un coup dévie de trajectoire. Car ce n'est pas la jeune femme que le sauvage vise en se penchant, mais ce qui se trouve derrière elle.
Sans se rendre compte de la méprise qu'il y aurait pu avoir, il tend le bras juste à côté d'elle pour attraper ce qu'il veut: sa gourde. Alors il se redresse, sans s'apercevoir du changement d'air sur le visage de la jeune femme. Il a besoin d'aide pour remettre ses idées en place. Il ouvre sa gourde, faisant sortir une légère odeur d'alcool, et boit trois gorgées de son contenu.

Le temps que le liquide s'écoule dans son gosier, l'homme repense aux révélations de sa "patronne". D'abord son nom, qui est celui de sa mère. Elle lui a bien donné le vrai, mais avec tout le reste, il l'a oublié. C'est Coralina, Macaréna, Oralala ou un truc comme ça. De toute manière il va retenir Khiara, c'est plus simple il s'y est déjà habitué. Ensuite, il y a son meurtre, qui semble lui peser. Un homme qui lui voulait du mal, d'après ce qu'il en a retenu. De cela, il n'en fera pas commentaire. Qui est-il pour la juger, lui qui a tué pour vengeance? Mais ce qui l'inquiète le plus dans tous ce qu'elle lui a révélé, c'est sa soif de pouvoir. Et plus particulièrement cette magie interdite dont elle se sert. Doit-il s'en méfier? Il la regarde, distraitement. Au fond, elle n'a pas l'air si dangereuse que ça.

Mais de toutes ses informations, seuls quatre mots lui reviennent clairement en tête:
"J'aime ta compagnie". Ses yeux toujours sur elle, il se rend compte qu'elle l'observe toujours, avec une intensité perturbante. Son regard ne le quitte pas, elle tremblote malgré le feu qui la réchauffe. Elle attend certainement qu'il réponde, qu'il réagisse, qu'il fasse quelque chose qui lui indique ce qu'il pense. Il avale une autre gorgée de son liquide magique et referme sa gourde.

"J'ai pas peur de la mort…" Dit-il après un moment qui a dû sembler interminable à Ocarenna.
"Si tu m'égorge pendant la nuit, j'perdrai quoi? Mes vieilles défroques? Mon vin?" Il émet un rire amusé. "Tous ce qu'il me reste, ce sont quelques tristes souvenirs, et un semblant d'honneur. Et puis on a fait un marché t'sais? T'as déjà payé pour mon ch'val alors, (en lui souriant) maintenant faut qu'je t'accompagne jusqu'à Storghein."
Tous deux s'observent ensuite pendant un moment, en silence. Rassuré sur les intentions de sa compagne de route, il lui sourit. Un sourire sincère, rassurant, que même sa barbe humide ne peut cacher. Et d'un coup, sans prévenir, il se lève.

"Bon! Il commence à faire sombre, maint'nant." Dit l'homme toujours vêtu d'un pagne.
"Tu peux dormir tranquille, Khiara. J'vais monter la garde."
Et comme si les vingt dernières minutes n'ont pas existé, comme si tout est encore comme avant la dernière conversation, comme si rien de tout cela n'a d'importance, Jaered se prépare à monter la garde. Il se revêt de ses vieilleries maintenant plus propres. Sans même prendre le soin de se cacher, naturellement. A quoi ça sert de toute façon? Il s'arme ensuite de sa gourde et se rassois devant le feu, ne prêtant que peu d'attention à la jeune femme. Du moins en apparence. Il la laisse se dépatouiller seule avec ses pensées, ayant lui aussi de quoi faire avec les siennes. Car même si le mendiant n'en montre rien, les confidences d'Ocarenna le touchent. Lentement, ils se frayent un chemin dans son esprit endormi par l'alcool et l'oisiveté.

Alors pendant qu'il monte sa garde, l'ivrogne réfléchit, jetant par moment de furtifs regards vers la femme allongée non loin. Dort-elle? Il n'en est pas certain, mais qu'importe. Khiara, ou quel que soit nom. Ce n'est une inconnue, une femme rencontrée par hasard. Un peu excentrique de par son apparence, mais une femme comme Azthia en compte tant. Elle n'a rien de vraiment particulier, et pourtant… Lui n'est plus qu'un ivrogne, un pauvre homme errant sans but. Un personnage sale et puant, du moins jusqu'à son bain. Un rebut de la société que tout le monde évite, et pourtant…

Il porte sa gourde à ses lèvres, en boit une gorgée, et la referme. Elle sera bientôt vide, trop tôt. Il faudra qu'il pense à la remplis ès qu'il en aura l'occasion.

Et pourtant, elle l'a touché. Elle s'est confiée à lui, elle a mis sa vie entre ses mains. Est-ce pour cela qu'il est troublé? Troublé… Comment se peut-il, alors qu'il ne ressent plus rien depuis près d'un an? Depuis qu'il est parti. Il s'est contenté d'errer, de noyer sa tristesse dans la bière, l'hydromel, parfois le rhum, et du vin. Surtout du vin. Mais cette femme… Elle semble si fragile. Trop, peut-être. Est-ce une sorcière? Lui a-t-elle jeté un sort, pour qu'il se sente le besoin de la protéger? Non, ce doit être son honneur. Son honneur qui revient, sans qu'il ne sache trop pourquoi.

Alors que faire? La protéger jusqu'à Sorghein, déjà. Ensuite il aura réglé sa part, et il sera libre. Mais libre de quoi? De boire à nouveau? De devenir le mendiant de la cité du froid? C'est idiot de faire une si longue route juste pour ça. Pour mourir de froid dans une ruelle sombre. Il aurait tout autant pu rester à Erathia, et se laisser mourir de faim. Alors libre de quoi? En acceptant d'accompagner Khiara en échange de quelques talents, il espère pouvoir faire réparer l'arme brisée de feu son maître. Mais ensuite? Il n'y a pas vraiment pensé, à la suite. Se racheter une conduite, pour réintégrer les templiers de l'aube? Quelle chimère… Ils ne veulent plus de lui. Il pourrait continuer à servir Khiara, à la protéger. Il ignore pourquoi, mais cette idée le fait sourire. Se serait-il attaché à elle plus qu'il n'ose se l'avouer? Seuls les dieux le savent, à cet instant. En attendant, la nuit s'écoule. Au matin ils reprendront la route, et ils grimperont les montagnes jusqu'à Storghein. Là-bas il décidera. Là-bas il saura, s'il reste le mendiant ivre qu'il est ou s'il se reprend en main. Là-bas il décidera de si sa vie prend un nouveau départ ou non.
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   [Terminé][155][F-E] Retour aux sources (PV Jaered) EmptyJeu 31 Mai - 2:27

Je suis terriblement tendue... tellement que j’en ai des fourmis dans les mains. Je ne comprends pas sa non-réaction. Il aurait pu partir en courant, essayer de me tuer, s’évanouir. Mais il se rapproche encore et encore pour finalement saisir sa gourde et en boire le contenu. Heureusement... je crois que je n’aurais pas supporté cette « réaction-ci ». Elle n’aurait eu aucun sens, de toute manière. Et quand j’ai parlé d’attachement, ce n’est pas tellement que je ressens déjà quelque chose pour lui. Même s’il est propre, c’est encore un clochard... au grand cœur, sûrement, mais un clochard quand même. Exclu de la société, il boit pour oublier, sûrement... boit-il alors pour ne plus entendre ce que je lui ai dit à l’instant ? Ou est-ce simplement pour ne pas avoir à me répondre ? C’est alors que je vais me lever pour attendre le lendemain qu’il ouvre enfin la bouche pour parler.

"J'ai pas peur de la mort… Tous ce qu'il me reste, ce sont quelques tristes souvenirs, et un semblant d'honneur. Et puis on a fait un marché t'sais? T'as déjà payé pour mon ch'val alors, (en lui souriant) maintenant faut qu'je t'accompagne jusqu'à Storghein."

Moi aussi je bois, mais il s’agit de ses paroles. Chacun de ses mots pèse, chaque phrase me rassure et m’apaise. Il n’a pas peur de la mort car il n’a rien à perdre... c’est bien la première fois que j’entends ça. Et finalement je me dis que c’est mieux comme ça, parce que si je deviens folle à un moment donné, j’aurai sûrement tué un innocent, mais sa mort ne fera souffrir personne. Des tristes souvenirs : étonnamment, j’aimerais les connaître, savoir pourquoi il est devenu si pitoyable alors qu’il a l’air de valoir bien plus que cela. Et ce marché... avec ses mots, son sourire, ça semble être plutôt une promesse, mais je n’ose pas tellement y croire. Et je ne le veux pas, simplement parce que ça signifierai que je suis liée à quelqu’un. Ne le suis-je pas déjà à Eloween, fuyant la réalité qui est qu’elle m’a touchée. Pourquoi alors ne pas accepté qu’il est là, avec moi, et qu’il accepte ma nature de meurtrière, de marginale en quête de justice insensée ? Ma gorge se noue, mais je ne pleurerai pas car je l’ai décidé. Puis, d’un coup, il se lève.

"Bon! Il commence à faire sombre, maint'nant. Tu peux dormir tranquille, Khiara. J'vais monter la garde."

- C’est Ocarenna...

Mais je l’ai dit tellement doucement qu’il ne m’a pas entendue... il a l’air ailleurs, comme si rien ne s’était passé, comme s’il ne m’avait pas réconfortée, comme si je ne lui avais rien dit. Je ne comprends rien, mais je le remercie intérieurement, car plus aucun son ne sort de ma bouche. Je me lève lorsqu’il se rhabille et regarde brièvement ce qu’il ne cache pas. J’aurais souri en temps normal, mais rien n’est normal maintenant parce qu’il sait tout et je ne sais rien. Je finis par m’éloigner et par m’allonger un peu plus loin, le laissant monter la garde. Mais je mets du temps à m’endormir, je me tourne et me retourne en essayant de l’observer parfois. A quoi pense-t-il ? Me révèlera-t-il des parts de son histoire un jour ? Que puis-je faire maintenant qu’il connaît tout ? J’aurais préféré qu’il ne l’accepte pas, comme tous les autres, qu’il soit lâche. Car les courageux manquent dans les rues et si je tombe sur l’un deux, je perds mes moyens... voilà qu’en un jour, j’ai déjà perdu mon masque.


[Désengagés tous les deux. A suivre à Storghein !]
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