Azthia

Ô, petite flamme qui guide chaque cité d'Azthia, surtout ne vacille pas. Car les temps sont bien embrumés et un vent d'inquiétude souffle... Laissez vous tenter par un univers poétique et fantastique, créez un personnage haut en couleurs...
 
AccueilRechercherDernières imagesS'enregistrerConnexion
Le Deal du moment : -25%
PC Portable Gamer 16,1” HP Victus 16 – 16 ...
Voir le deal
749.99 €

Partagez
 

 [FE] Musique [Terminé]

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 

Reyan
Reyan
Masculin Nombre de messages : 211
Âge : 32
Race et âge : Cydien ~ 22 ans
Cité : Cydonia
Métier : Prêtre

Feuille de personnage
Compétences: Faveur divine (Abyss) ~ Soin ~ Calligraphie
Compétences bonus: Manipulation des Mots ~ Chant
Réputation :
[FE] Musique [Terminé] Left_bar_bleue9/10[FE] Musique [Terminé] Empty_bar_bleue  (9/10)

[FE] Musique [Terminé] Empty
MessageSujet:
[FE] Musique [Terminé]
   [FE] Musique [Terminé] EmptyMar 22 Mai - 17:25

[HJ : RP pour valider la compétence bonus Chant]

Suite à son curieux rêve, Reyan était resté songeur plusieurs jours durant. C’était la seconde fois qu’il rencontrait cette personne dont il n’avait jamais vu le visage et qu’il voyait s’éveiller en lui des capacités qu’il ne soupçonnait pas. Voilà qu’il était à présent capable de souffrir les douleurs de ses alliés, fort qu’il était de sa connaissance des maux octroyée par son pouvoir de guérison. Le Cydien gardait un souvenir marquant de ce combat livré contre Tidas, sa propre création, le personnage principal et héros de ses récits. Comment le guerrier avait-il pu correspondre aussi parfaitement aux descriptions qu’en avait faites le jeune prêtre ? Mystère.

Les mois passèrent, amenant leur lot de changements brutaux, de rencontres marquantes et d’aventures insoupçonnées. Reyan évoluait, c’était indubitable. Lui-même sentait ces changements en lui, et s’en réjouissait en silence. Il était plus sûr de lui, n’avait plus peur de se battre même s’il gardait en tête les principes pacifistes du Dieu des Mers. Après tout, si les mots montraient les limites de leurs pouvoirs, certaines causes valaient la peine que l’on se batte pour elles.

Une nouvelle fois, il fut réveillé en pleine nuit par un bruit dans son salon.
*Déjà ?* ne put s’empêcher de se dire le jeune prêtre, qui n’avait pas vraiment vu le temps passer ces derniers mois. S’il s’était rendu compte que l’été arrivait bientôt à sa fin, il se serait attendu à la visite de l’inconnu. Reyan s’habilla rapidement, enfilant un large pantalon de toile et une chemise à lacets tous deux marrons. Mais lorsqu’il ouvrit la porte de sa chambre pour pénétrer dans l’unique pièce voisine, il sursauta en poussant un petit cri de surprise lorsqu’il vit la silhouette encapuchonnée dans le cadre de sa porte, au lieu de se trouver comme d’habitude près de l’entrée.

« Vous…m’avez surpris. réussit à dire Reyan après avoir repris son souffle, sur le ton d’une confession honteuse.

– Je ne pouvais décemment pas laisser une monotonie s’installer entre nous, mon cher Reyan. Le monde est plein de surprises, je pense que tu as eu l’occasion de t’en rendre compte. »

Tandis que l’inconnu pénétrait plus avant dans la chambre, Reyan referma la porte derrière lui et commença à se poser des questions qu’il ne s’était pas posées lors des dernières visites oniriques de la capuche noire.

« Vous savez…tout ce qui m’est arrivé, n’est-ce pas ?

– Absolument tout. Et je dois avouer que je suis impressionné : tu as réussi à réveiller le guerrier qui dormait en toi, et tu as pris conscience des nombreuses choses dont tu étais capable !

– Est-ce que tout ceci est vraiment un rêve ?
osa demander Reyan. Je veux dire…tout semble si réel. J’ai conscience de moi-même, je me souviens de vous, vous de moi, et j’ai réellement ressenti mes blessures la dernière fois. Et vous dites connaître tout de ma vie réelle… Savez-vous vraiment qui je suis ? Ne serait-ce qu’où je suis né ?

– Tu es né à Muria, le dernier mois de l’an 132, de Yella de Lys, Sentinelle au service de la Reine Philéa, et de Naël Aïdher, aventurier et voyageur. »

Pour la première fois, Reyan prenait conscience de la bizarrerie de ce rêve, qui à l’évidence était plus que le simple résultat de son travail cérébral. Et comment quiconque pouvait connaître le nom et surtout le prénom de son père, dont il ne parlait que très peu ?

« Est-ce que tout ceci est un rêve ? » demanda à nouveau Reyan.

Mais pour toute réponse, l’étranger sortit comme toujours un parchemin des tréfonds de son manteau. Sur celui-ci était inscrit le mot
Musique.

« Répondez-moi. insista le jeune homme, se voulant le plus persuasif possible.

– Voyons Reyan, il n’y a plus de jeu si je réponds. Et réfléchis un peu avec ta tête : aurais-tu pu combattre un personnage de fiction dans la vie réelle ? »

Et en effet, le fils d’Amazone n’avait rien à objecter face à ce dernier argument. Mais tout était si étrange… Il préféra laisser ses doutes de côté : il avait, pour l’heure, un nouveau parchemin à déchiffrer.

« Quel est le sujet du jour ? finit-il par lâcher d’un ton las après quelques secondes de silence.

– Que sais-tu du cœur des mots ? »

Pour la première fois, Reyan ne put cacher sa surprise face à la question qui lui était posée, et pour cause : il ne voyait absolument pas quoi répondre. Le cœur des mots ? Depuis quand les mots avaient un cœur ? Si l’épreuve paraissait plus difficile que la toute première qu’il avait dû passer, le fils d’Amazone fut néanmoins soulagé : apparemment, il n’y aurait pas de sang versé ce soir, il n’aurait qu’à faire travailler sa tête.

« Peut-on seulement parler de cœur ? Un mot est un triangle, dont une pointe renvoie à la face réelle du mot, celle que l’on peut lire ou entendre. Une autre renvoie au concept, à l’image, aux chimères qu’il convoque. Et la dernière renvoie à l’objet, à la réalité tangible qu’il décrit. Reste-t-il une place pour un cœur ? Un mot n’a pas de sentiments, c’est ridicule. »

Et à la grande surprise de Reyan, qui ne put s’empêcher de se sentir vexé, l’étranger commença à rire, fort, très fort. En réalité, cela avait tout l’air d’un fou rire.

« Alors là bravo Reyan, finit-il par dire une fois en état d’émettre une phrase. Honnêtement je savais plus ou moins que tu parviendrais à réveiller le guerrier, mais jamais je n’aurais pensé qu’il en viendrait à éclipser le poète ! Hahaha, c’est vraiment trop drôle ! »

Et le fou rire reprit de plus belle. Le Cydien décocha un regard noir à son interlocuteur, d’autant plus frustré qu’il se demandait s’il allait ne serait-ce que le remarquer. Visiblement il avait eu tort de mobiliser ses connaissances linguistiques théoriques, et son impression se révéla juste lorsque l’inconnu reprit son souffle et ajouta d’un ton des plus sérieux :

« Nous avons du travail ce soir, l’éveil du guerrier ne doit pas se faire au détriment du poète. Nous avions dit que le guerrier était celui qui sacrifie et se sacrifie. Et donc le poète…

– …est celui qui chante, je me souviens. Attendez…vous n’allez pas me demander de chanter tout de même ?! »

Pour la première fois, Reyan paraissait réellement dépassé. Il lui était parfois arrivé de pousser la chansonnette, mais uniquement lorsqu’il était certain que personne ne pouvait l’entendre. C’était un exercice très intime pour lui, et il n’allait certainement pas s’y adonner devant un homme qui ne lui avait même pas montré son visage ! Quelque peu apeuré à cette idée, le Cydien, et c’était beaucoup dire, commença à s’énerver.

« Ecoutez-moi bien. J’ai mis en déroute une secte d’adorateurs d’Azael afin de sauver une jeune novice, j’ai mis ma peur de côté pour me confronter à l’inconnu en me rendant à Erathia, j’ai combattu mon propre héros de fiction et ai failli y laisser la vie, j’ai même affronté la forêt des Hêtres et ses dangers pour retrouver ma cité natale ! J’ai déjà fait mes preuves, non ? Quel besoin de m’humilier ainsi ? Pourquoi me demandez-vous cela ? Ça ne m’amuse pas du tout !

– Ça t’est donc si insupportable, pas vrai ?
demanda l’étranger d’un ton laissant supposer une insupportable ironie. Et peut-on savoir pourquoi ?

– Parce que je n’aime pas ça, c’est tout.
répondit le jeune prêtre en tournant le dos à la cape noire, l’air boudeur.

– Tiens donc ? Il me semble pourtant que tu aimais faire entendre le son de ta voix près de la cascade, à Silmarie. Aurais-tu changé tes goûts ? »

Reyan resta silencieux un moment, le temps à la fois de reprendre son calme et d’accepter le fait qu’il devait dire la vérité à celui qui jouait très bien le rôle de tortionnaire. Il savait très bien la vraie raison, mais l’assumer était une toute autre histoire, et formuler cette raison était probablement un premier pas vers l’assomption.

« Parce que je ne veux pas montrer ce que je ressens. avoua-t-il finalement.

– Nous y voilà. Ainsi, lorsque tu chantes, tu transmets en réalité tes sentiments, pas vrai ? C’est étonnant…

– Qu’y a-t-il de si étonnant à cela ?
dit précipitamment Reyan en se retournant, et en ouvrant malgré lui des yeux emplis de ce qui ressemblait à de la tristesse. Quand je chante, mes mots sont chargés de quelque chose en plus, des choses que je garde cachées, parce que le monde n’a que faire des sentiments de quelqu’un comme moi. Vous voulez tout savoir ? Je comprends facilement ce que ressentent les gens, j’arrive à m’immiscer dans leur cœur, et je trouve souvent les mots justes pour alléger leur peine, parce que les mots ont un pouvoir de guérison bien plus fort que celui que je détiens. Comment pourrais-je agir de la sorte si je fais voir ce que moi je ressens ? Comment le pourrais-je en révélant mes failles, en exhibant ma faiblesse ? Qui m’écouterait sans vouloir me nuire ? Mais il est impossible de contenir toutes ces émotions en soi. Alors…je charge mes mots de tout ceci, et je les lance au vent, où seul Abyss entendra les cris de mon cœur…

– Tu as donc bien conscience du cœur des mots, c’est juste que tu ne t’en rendais pas compte. »

Médusé, le fils d’Amazone resta bouche bée quelques secondes, avant de comprendre pleinement ce que venait de dire l’étranger. C’était donc ça ? Mais cela signifiait que tout un pan du monde du langage lui avait totalement échappé…

« Ton attitude est compréhensible Reyan, mais comment veux-tu être celui qui chante, celui qui influence les sentiments à partir des siens propres, si tu n’arrives même pas à accepter ce que tu ressens ?

– Accepter ce que… »

Mais Reyan n’eut pas le temps de finir sa question, car un claquement de doigts plus tard, la porte de sa chambre s’ouvrit, laissant voir la dernière personne que le Cydien se serait attendu à voir, peut-être même encore moins que Tidas, qui pourtant était un personnage imaginaire. Face à lui se tenait un jeune homme plus petit que lui de quelques centimètres, mais à la musculature beaucoup plus affirmée. Vêtu d’une chemise blanche et d’un pantalon de toile noire, il passa sensuellement une main dans ses cheveux tout aussi noirs qu’il portait courts et dont la sombre couleur accentuait la clarté des yeux verts qui captèrent aussitôt l’attention de Reyan, mais aussi ses craintes. Avec ces yeux, c’était tout son passé qui ressurgissait d’un seul coup.

« Non… gémit-il à l’adresse de la cape noire mais sans quitter le beau jeune homme des yeux. Pitié, pas lui… Tout, mais pas lui…

– Pourquoi ? Pâris m’est apparu comme le meilleur exemple qui soit d’un sentiment que tu n’as jamais accepté et que tu as préféré laisser de côté plutôt que de l’assumer. »

Mais était-il besoin d’être si radical ? Le jeune prêtre resta tétanisé alors que Pâris, celui qu’il avait pris pour son ami de trop longues années durant à Muria, s’avançait vers lui…et lui passa une main tendre dans les cheveux qui le fit frissonner.

« Qu’est-ce que…non… »

Mais Pâris ne s’arrêta pas là : profitant de sa main caressante, il appuya doucement sur la nuque de Reyan tandis qu’il approchait ses lèvres de celles du prêtre. Lorsqu’il sentit le contact pourtant si agréable des lèvres de son ancien camarade sur les siennes, Reyan reçut un tel électrochoc qu’il repoussa brutalement celui qui l’avait tant fait souffrir.

« Arrête ! Je te hais, tu n’as pas le droit de faire ça ! Tu m’as trompé, tu m’as fait croire que…que tu m’appréciais, alors que tu ne faisais que te servir de moi ! »

Etait-il muet ou simplement sourd aux suppliques de sa victime, impossible à dire. Mais le résultat était le même : Pâris ne prêta aucune attention aux violentes paroles lancées par Reyan et s’approcha de nouveau, passant une nouvelle fois une main dans les fins cheveux bruns tandis que l’autre jouait avec les lacets de la chemise marron.

« Non… » lança le jeune prêtre dans un soupir sans rien faire pour l’arrêter.

La situation était d’autant plus perverse que Reyan était conscient de la présence de l’étranger dans cette même pièce, en train d’observer les deux jeunes hommes. Pâris embrassa à nouveau le Cydien sur les lèvres, et celui-ci tenta mollement de le repousser à nouveau, mais il ne parvint qu’à poser ses mains sur la poitrine musclée de celui qui, comme lui, était né à Muria. Le guerrier, car Pâris maniait la lame double comme personne, faisait naître en Reyan des sentiments extrêmement contradictoires qu’il n’était pas prêt à assumer, encore moins devant quelqu’un. Toute la peine qu’il avait ressentie lorsque l’autre fils d’Amazone avait quitté la cité des femmes libres semblait s’évaporer sous les douces caresses que celui-ci exerçait sur son visage, sa nuque, son dos. Alors que, forcé de reculer, le poète avait fini par s’asseoir sur son lit, un accès de rage le prit et il attrapa Pâris par la chemise et en se retournant l’éjecta violemment sur le matelas. Reyan recula précipitamment vers la porte de sa chambre, ne quittant pas des yeux le jeune homme terriblement beau qui s’était relevé et se tenait debout, immobile. Quel était exactement le but de la manœuvre ? Fallait-il régler ce problème par les armes ? L’écrivain lorgna un instant sur la dague qui reposait, comme toujours, sur la commode. Serait-il capable de transpercer le corps de celui qui… Non, il ne parvenait même pas à l’imaginer, même pas en rêve. Pas seulement parce qu’il ne voulait pas faire de mal. C’était aussi parce qu’il savait ce dont il avait réellement envie. Finalement, aujourd’hui, peut-être était-il prêt à l’assumer.

« Je t’aime. »

D’un pas vif, Reyan s’approcha de Pâris, crut lire dans les yeux émeraude une flamme qu’il n’avait encore jamais vue, et l’embrassa avec fougue. Cette fois, les sensations qui naquirent en lui étaient loin du rejet et de la crainte. En fait, c’était bien l’inverse : jeune, alors qu’il n’était pas encore prêtre, il s’était déjà demandé pourquoi il ressentait tant d’émoi à l’approche du beau Pâris, pourquoi est-ce qu’il appréciait de passer plus de temps avec lui qu’avec n’importe qui d’autre. S’il avait au début mis cela sur le compte d’un intense sentiment d’amitié, l’évidence s’était imposée d’elle-même. Et pourtant Reyan avait toujours refusé d’admettre ce fait : il l’aimait, oh oui il l’aimait, il aimait ses yeux, son rire, son odeur où se mêlait un parfum délicat et un autre plus viril de sueur, son corps… Ce corps qu’il tenta de dévoiler, en dénouant les cordons de la chemise blanche sans cesser de communiquer à Pâris son désir ardent par ce baiser qui n’en finissait plus. Lui, un adorateur du Dieu des Mers, succombait aux flammes du désir ? Voilà qui était une bien belle ironie où Reyan se consumait avec plénitude. Sitôt qu’il le put, il obligea Pâris à s’allonger, profitant de cette pause pour lui ôter son vêtement et révéler le torse musclé de son amant d’un rêve. Cela faisait trop longtemps qu’ils n’étaient plus en contact : le prêtre, se découvrant des instincts on ne peut plus surprenants, dirigea cette fois sa bouche dans le cou du guerrier, tandis que ses mains caressaient autant de parcelles que possible de ce corps qu’il désirait tant. C’était un plaisir innommable que Reyan n’avait jamais connu, doublé de la satisfaction de réaliser ce qui n’était resté qu’à l’état de fantasme pendant tant d’années. Alors qu’il retournait embrasser le beau Pâris, le Cydien sentit qu’on tentait de lui ôter sa chemise à lacets, ce qu’il laissa faire avant de poser sa joue dans le creux d’une large épaule et d’embrasser tout ce qui se trouvait à sa portée. Tant d’amour, tant de passion, de désir, mais surtout tant d’amour, enfin accepté.

Mais quelque chose clochait. Reyan était le seul à soupirer, à gémir, à montrer de clairs signes de plaisir. Pâris, cette vision onirique, restait silencieux. Seuls ses yeux flamboyaient, mais était-ce vraiment réel ? Etait-ce vraiment sincère ? Sincère… La pensée de ce seul mot rappela au fils d’Amazone combien son sentiment était infondé. Certes il avait pris beaucoup de plaisir à profiter enfin de la peau douce de son ancien camarade, mais il n’y avait là aucune réciprocité. Comme jadis… Une fois que sa langue s’était habituée au suave goût un peu âcre de ce torse, il n’y avait plus guère d’intérêt si d’autres signes d’amour ne lui venaient pas en retour. Reyan venait de succomber à sa passion. Pour la première fois de sa vie, croyait-il, il s’était fait dominer par ses sentiments. Et ça, il n’était pas question que ça arrive. S’il devait maîtriser le langage à la perfection, cela s’appliquait aussi au fameux cœur des mots auquel avait fait référence l’étranger. Presque à regret, le jeune prêtre se détacha de son Pâris, et le plaqua des deux mains sur son lit. Pour la première fois, les yeux verts du guerrier exprimèrent autre chose que du désir : cela ressemblait à de la surprise.

« Je suis seul maître de mes sentiments. Pourquoi devrais-tu encore influer dessus alors que tu n’existes plus pour moi, alors que tu as quitté ma vie depuis tant d’années ? Je t’ai haï, oui, ma haine était à la hauteur de cet amour que je n’ai jamais osé reconnaître. Mais les choses ont changé. »

Et Reyan déposa un baiser, beaucoup plus doux et moins fougueux que les premiers, sur les lèvres du rêve.

« C’est à moi de choisir ce que je ressens, et à moi seul. J’ai pu te montrer à quel point je t’aimais, à présent je peux en paix ne plus haïr ton souvenir, et t’oublier. Tu ne viendras plus interférer dans ma vie, et je n’aurai plus peur de montrer ce que je ressens, mes mots seront chargés de mes émotions.

– Bravo Reyan. Oui, tes sentiments t’appartiennent, tu n’as pas à craindre que les révéler te cause du tort. Le poète sait dompter les mots, tu le peux déjà, mais également les émotions qu’il transmet à travers son langage. Et comment transmettre une chose qu’on a peur de partager ? »

Alors que le jeune prêtre ne quittait pas Pâris des yeux, il sentit une main gantée sur son épaule nue. Ce que venait de dire l’étranger était une bonne illustration de ce qu’il décrivait : ces mots résonnaient avec force dans le cœur de Reyan, reconnaissant toute la raison qui en émanait.

« Qui êtes-vous vraiment ?

– Je suis caché car je suis une partie de toi-même que tu ne connais pas encore. Je représente tout ce qui est en toi sans que tu ne le saches. Et par bribes, je te communique ces savoirs, dans tes rêves. Je suis le symbole de ce qui te fait grandir.

– Qu’ai-je appris ce soir ?

– Tu as dompté les mots, puis la douleur, et à présent tes sentiments. Tu peux manipuler le langage, partager la souffrance, dorénavant tu pourras communiquer tes émotions. N’en aie jamais peur, Reyan. C’est ce qui te rend humain. »



Reyan se réveilla presque à regret. Instinctivement, il porta une main à ses lèvres. La peau de Pâris était-elle vraiment aussi douce ? Ou était-ce simplement ainsi que son imagination débordante le fantasmait ? Peut-être aurait-il été plus agréable de ne pas se réveiller… Mais le jeune poète rejeta aussitôt cette idée, c’était justement la leçon à retenir de cette douce vision onirique. Pâris avait trop longtemps occupé son cœur, même si le Cydien avait tenté de l’ignorer en le cachant dans un coin. C’était à cause de cette histoire que le jeune homme, déçu et brisé, avait décidé de ne plus accorder sa confiance aussi facilement qu’auparavant. Mais il aurait dû voir à travers ses rencontres, à travers des gens comme Hannah ou Danaë, ou même Illmarë et le fleuriste inconnu avec qui il avait senti très rapidement une proximité surprenante, qu’il ne devait pas craindre de montrer ce qu’il ressentait. Reyan croyait maîtriser ses émotions en les gardant au fond de lui, force était de constater que ce n’était qu’une belle illusion. Il ne fallait plus craindre de faire entendre sa voix, dans tous les sens du terme, se dit-il en saisissant le parchemin sur la table de son salon.

« Vois ce que tu as perdu
Sens de ton cœur la musique
Oublie ta haine éperdue
Fais des mots un chant magique »


Si tout ceci était un rêve, pourquoi y avait-il toujours un parchemin avec sa propre écriture, un objet bien réel, comme résultat ? Lorsque celui-ci disparut dans un éclat de lumière, Reyan sentit une douce chaleur s’épandre dans tout son corps. Il ferma les yeux, et lorsqu’il les ouvrit, il souriait. Retournant dans sa chambre, le jeune prêtre ouvrit sa fenêtre : un magnifique jour ensoleillé s’était levé sur Cydonia. Conscient qu’une page venait d’être tournée dans le roman de sa vie, Reyan n’eut pas honte d’entonner un dernier chant d’amour pour celui qui ne méritait plus sa haine. Juste l’oubli.
Revenir en haut Aller en bas
 

[FE] Musique [Terminé]

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 1

 Sujets similaires

-
» Musique ?
» [FA] La loi du plus fort [Terminé]
» [DE] Sacrifice [Terminé]
» [DP] Mot [Terminé]
» [D-A] T'es qui toi ? °° (terminé)

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Azthia :: Le Conseil Restreint :: Annonces :: Archives :: Archives année 155-