Faisant un pas sur le côté Cersei esquiva la langue de flamme qui illumina brièvement la nuit avant de plier sa jambe gauche, assurant son équilibre lorsque ses mains rencontrèrent le sol et lançant sa jambe derrière le genou de son apprentie qui s’effondra les quatre fers en l’air.
Se redressant, Cersei frotta énergiquement ses mains l’une contre l’autre pour les dépoussiérer alors que Sòlvejg rejetait ses espèces de dreds rousse qui lui servait de cheveux en arrière en maugréant qu’elle l’avait vu venir. Alors qu’elle se relevait à son tour en jurant et en s’époussetant, « parce que de toute façon un tel combat était injuste car ma Dame la réincarnation avait un avantage dans les combats nocturnes et que de toute façon elle s’en foutait du corps à corps vu que « Tu sais pas quoi Cersei ? J’suis une archère ! » la templière lui expédia un coup de pied en plein thorax qui l’étala une fois par terre et relança les jurons de Sòlvejg.
La petite n’avait pas tout à fait tort, dans le sens ou elle serait toujours à l’arrière que ce soit dans un groupe ou dans une bataille mais pour sa sécurité comme celle des gens qui l’entoureront plus tard elle se devait de pourvoir faire le nécessaire pour neutraliser ses ennemis rapidement. Au moins maîtrisait-elle relativement bien l’invocation, ce qui permettait à Sòlvejg de se protéger des attaques magiques mais son arrogance la poussait parfois à sous-estimer le reste de sa protection.

Le dos tourné à son apprentie, Cersei capta le message d’Asora ce que Sòlveig repéra puisque sa professeur portait toujours ses doigts à sa tempe pour se concentrer et se repliant sur elle-même, la rousse se prépara à bondir sur la grande templière une fois le message terminé. Ayant prévu le geste, Cersei para le coup de pied avec le coude avant que l’apprentie de mauvais poil passe à la vitesse supérieur en fonçant tête baissée sur la templière qui se vit emporter par la charge de Sòlveig qui la cueillit sous les côtes, lui coupant au passage le souffle, et la plaqueuse et sa victime allèrent s’écraser sur le sol élevant à leur arrivée un nuage de poussière et Cersei ne put réprimer un éclat de rire à la vue du visage de son apprentie ou se mêlait appréhension et triomphe. Sòlveig tendit après s’être relevée une main à sa professeure pour qu’elle en fasse de même avant de demander en s’époussetant :

« C’était qui tout-à-l’heure ? »
« Arena pour Origine »

Moment de réflexion.

« Tu veux dire Asora »

Cersei ne prit pas la peine de répondre, sa déformation des prénoms étant devenue aussi légendaire qu’inexpliquée et elle sortit des jardins en récupérant son arc qu’elle avait posé le temps de l’entraînement mais Sò n’était pas décidée à lâcher le morceau aussi facilement.

« Oh putain j’y crois pas Asora ? LA Asora ? Celle qui a combattu un dragon, qui a terrassé des milliers d’Erathiens, qui a l’épée d’Azael ? LA ASORA ? »

Un soupir lui répondit, déjà parce que Cersei n’avait aucune idée des faits d’armes exact d’Are…Asora mais aussi et surtout parce qu’elle s’en fichait pas mal. Tout ce qui importait c’était d’avoir un templier à ses côtés sur qui compter mais pour une gamine qui penssait avant de rentrer dans le Temple qu’elle ne valait pas mieux qu’être écuyère au service d’un noble stupide c’était beaucoup. Elle était avide de fait d’armes, Cersei la comprenait et choisit de ne pas relever, la maturité et les missions l’aiderait à y voir plus clair.

Les pas se succédèrent dans le silence de Cersei et l’excitation grandissante de Sò avant que la Capitaine trouve enfin la templière dans la bibliothèque cette dernière étant en conversation avec une fille qu’elle ne reconnut pas le moins du monde mais la devina aisément Astorg du fait de sa crinière blonde qu’elle partageait avec les deux autres templières. Cersei se tourna vers sa rousse apprentie qui affichait un large sourire plein de dents blanches en dévisageant Asora se qui fit secouer de désespoir la tête de sa professeure.

« Enlèves moi ce sourire béat de ton visage et vas te coucher Sòlveig. »
« Mais Cersei je ne peux pas rester ? Sérieusement, la confrérie d’Asora en persso… »
« Bon tu me fatigues, déguerpis. »

Une moue d’adolescente accompagna la sentence que Cersei avait prononcé froidement et l’apprentie n’osa pas défier du regard Cersei une seconde de plus et s’inclina brièvement avant de disparaître de la Bibliothèque. Revenant aux deux protagonistes, Cersei salua Asora d’un hochement de tête avant de revenir sur l’autre demoiselle Astorg vers laquelle elle se tourna en lui tendant une main professionnelle.

« Cersei de la Division des Pluies, enchantée de faire ta connaissance. »

Bah purée çà crevait les yeux qu’elle était ravie ! Toujours cette mâchoire carrée qui ne se desserrait que pour prononcer des mots d’une voix laconique et indifférente, en fait Cersei n’était pas à juste titre uniquement une statue de pierre douée à l’arc mais ce n’était pas dans ses gènes d’extérioriser la moindre de ses émotions et elle soupçonnait Jiven de lui avoir refilé Sòlvejg pour son euphorie immuable alors que des almers, Cydiens ou elfes auraient pu prendre son comportement pour une retenue vis-à-vis de leur race n’étant pas rôdé au caractère bourru des Astorgs –alors qu’en réalité elle s’en foutait totalement des races traitant tous ses pairs avec le même cérémonial -.

« Désolée, pour mon élève. »

Enfin bref, c’était vrai qu’à la réflexion l’Esprit de l’astorg à ses côtés lui disait quelque chose, bien plus que son physique qui lui permit de l’identifier comme une cadette à sa promotion mais la Capitaine n’avait pas le souvenir de l’avoir recroisée dans les couloirs du Temple –et Astrée savait que malgré sa mémoire sélective elle reconnaissait ses pairs ! - ainsi faisait-elle sans doute parti de ceux qui s’étaient désintéressés d’une carrière de templier pour retourner à une vie plus académique. Dans tous les cas, d’après Asora elle voulait intégrer Origine donc autant que la Pluie s’habitue dés lors à sa présence.

[J’ai changé de couleur comme on est toutes les deux en bleu pour ne pas s’emmêler les pinceaux !]

Cersei avisa la chaise que lui présentait Asora et approuva d’un hochement de tête avant de poser son arc sur la table, bientôt suivi de son carquois et de la dague accrochée à la ceinture qui ceignait toujours sa taille, pourtant d’aucune utilité car non aiguisée. A croire que sa mauvaise mémoire ne se l’imitait pas à sa déformation des prénoms, cela faisait des semaines qu’elle devait passer voir son forgeron mais Sòlvejg lui occupait tout son temps sans compter les Pluies qu’elle surveillait le plus possible en s’assurant qu’ils ne perdent pas leur talent même en temps de paix.
Dans tous les cas une fois débarrassée de son arsenal, l’archère tira vers elle une chaise avant de s’asseoir repoussant le dossier du bout des doigts pour croiser ses longues jambes sur un des accoudoirs. Pas très classe la Capitaine donc, très loin d’Ashelia qui se tenait bien droite et dont la stature exprimait une certaine noblesse sans compter ses parures qui étaient loin de l’accoutrement des filles du peuple mais Cersei passait plus de temps en mission ou à hurler des ordres à ses Pluies qu’à ne serait-ce que penser à prendre soin d’elle sans compter les nuits de calme à passer sous sa forme de hibou même si le retour à la civilisation était parfois difficile : En cause ces horribles pelotes pleines d’os de souris et autres rongeurs dont le simple souvenir vous dégouterait presque de remanger normalement.

Dans tous les cas, la Capitaine était loin de complexer devant les « atouts » de l’astorg même si elle passait facilement pour une sauvage bourrue mais apprécia tout de même le personnage pensant qu’elle serait un atout indéniable car maîtrisant sans doute plus les subtilités de langage, de tenue et de manipulation qu’elle-même, bien trop droite et franche (et surtout brusque !) pour se casser la tête à prendre des chemins détournés pour arriver à ses fins. Enfin cela c’était à Asora d’en juger.

La même Asora qui sembla quelque peu perdue devant sa réaction de tout à l’heure envers Sòlvejg ce qui provoqua un infime pincement de lèvre de la part de Cersei : Ce n’était pas qu’elle avait peur que Sòlvejg n’ait pas sa place le problème mais plutôt qu’elle s’engage dans cette voie pour les mauvaises raisons. Et en parlant de raisons…
Le regard de glace courut vers Ashelia qui exposa ses motivations qui l’avait poussées à vouloir intégrer la confrérie et le fait que ses raisons soit si proche de celle de Sòlvejg lui glaça le sang. Par tous les Dieux du Panthéon Nordique était-elle la seule à n’être pas en quête de reconnaissance et de gloire ? Sérieusement ? A quoi bon courir après des légendes qui de toute façon seront aussi objectives que le conteur en quête d’argent qui les racontera ? De toute façon elle ne serait pas là pour voir si un joueur de Luth rendrait un digne hommage à sa grande taille, à sa poitrine de planche à pain –bénédiction pour une archère !- et à ses cheveux platine ! Alors çà démontrait quoi chez elle ? Un manque flagrant d’ambition ? De l’arrogance ?

« Et toi tu as fait tout çà pourquoi Asora ? »

La question était partie seule de sa voix monocorde et calme alors qu’elle n’avait même pas répondu à la question. Elle était juste… bien. Capitaine ce n’était pas Reine ou Princesse mais de tels postes se couplaient à des responsabilités écrasantes, alors qu’elle aimait réellement son poste, son mode de vie… le Temple. C’était son foyer et cela valait tous les palais d’Azthia et Ankdor lui avait beaucoup plus donné qu’elle ne lui avait rendu.

« Je ne cherche pas la gloire, les éloges funèbres et ce genre de conneries. Là où j’ai grandi, on ne parlait pas trop les mots… on n’était pas très doués à ce jeu-là mais notre simple présence suffisait. Quand tu grandis loin des richesses et des pierreries des nobles, dans le froid et la dureté du quotidien tu n’as pas à comprendre où réside la vraie valeur des choses cela s’impose à toi comme une évidence. On aime tous les belles histoires de chevaliers qui abattent les dragons quand on est gosse et on rêve de combattre aux côtés de ces héros nordiques mais ça reste des légendes c’est pas la réalité. »

C’était vraiment elle qui parlait autant ? A croire que Sòlvejg avait un effet positif sur elle. Cersei fit une pause mal-à-l’aise de prendre la parole devant cette inconnue même si elle venait des mêmes terres.

« Quand on est venu me trouver dans mon patelin perdu, je croyais rêver. J’ai quitté ma famille certes, mais le Temple m’a offert la chance d’apprendre à manier l’arc, de maîtriser l’Esprit et de combattre pour ceux qui m’était cher. J’ai grimpé les échelons au sein de la Division des Pluies jusqu’à devenir Vice-Capitaine ce qui était déjà une bénédiction mais je n’oublierais jamais que c’est la mort d’Elorine qui m’a permis de devenir Capitaine. »

Elle se planta une canine dans la lèvre, consciente que cela lui en coutait de parler de la mort de sa supérieure.

« La guerre çà n’a rien d’une partie de plaisir et çà n’offre rien de bon. Elorine était une femme hallucinante, forte et maternelle, une compétitrice qui s’imposait l’excellence. Elle est morte pour ses idéaux pour protéger Azthia en accord avec l’esprit de tous les templiers. Parfois on a tous les sentiments que c’est peine perdue que les peuples sont tous trop cons pour voir que l’on n’est pas si différents et les politiciens trop intelligents pour ne pas utiliser les haines raciales mais son sacrifice me fait tenir.»

Son regard vairon se planta à nouveau dans celui d’Asora, plus dur que pendant sa tirade indiquant qu’elle avait refermé la porte des confidences et qu’elle n’était pas prête de la rouvrir. Rejetant une mèche qui barrait son visage, elle ajouta :

«Je sais ce que toi et ce groupe ont fait pour Azthia et que sans vous on ne serait sans doute pas là. J’aimerai aider Azthia à mon échelle en la mémoire de nos frères et de nos sœurs tombés. »

Décroisant les jambes, les bottes de la Capitaine rencontrèrent le sol dans un claquement sonore alors qu’un fin sourire étirait ses lèvres.

« Tu comprends mieux pourquoi je voulais que Sòlvejg file ? Si elle m’entendait dire des trucs pareils...,elle croisa les bras sous sa poitrine avant de maugréer,Je n’ai rien contre le fait qu’elle rejoigne Origine mais j’aimerai qu’elle le fasse pour de bonnes raisons et pas juste parce qu’elle t’idolâtre ou parce qu'elle a hâte d'en découdre dans un conflit. En tant qu’apprentie, elle m’accompagnera bien sûr mais l’idéal serait qu’elle prenne conscience d’elle-même qu’elle a beaucoup de potentiel. Ca va j’t’ai pas endormie ? », ajouta t-elle à l’adresse d’Ashelia avec un regard qui concurrençait la convivialité d’un iceberg.

[Je relirais plus tard je suis à la boooooooourre T___T.]

Dans le gros lot, voilà qu'Asora avait tiré les deux numéros les plus singuliers. Vraisemblablement, elle s'était retrouvée face aux deux facettes de ce que Storghein pouvait créer : la noblesse délicate ou le naturel sans artifices. Mais finalement, il n'était pas difficile de se rendre compte que ces deux jeunes femmes auraient chacune une utilité propre et spécifiques : bien sûr, Ashelia n'était en rien autorisée à révéler les secrets de Muria, d'autant plus avec Eléa dans le groupe ! Mais sa région d'activité, Storghein, faisait cruellement défaut à l'Ordre depuis la disparition d'Arzhel. Certes, Asora était une Astorg pure sang et pure souche, cependant sa condition actuelle ne lui donnait en rien un accès privilégié à certaines informations comme cela pouvait en être le cas pour une ambassadrice. De plus, ses relations devaient être plus importantes que celles de la jeune templière, et sa capacité à manier les mots comme une véritable courtisane pourrait les sortir de bien des situations chevaleresques.

Cersei, à l'opposé, était bien plus une femme d'action et de terrain, une force de frappe nécessaire quand la langue ne suffisait plus. Asora, refusant depuis plusieurs années d'avoir recours à la violence pour ne pas retomber dans son ancienne fureur, n'était pas contre recruter un bras supplémentaire. Une femme impulsive, archère, elle devrait plaire d'autant plus à Eléa. La jeune femme n'en savait pas tellement plus sur ses deux invitées, ainsi espérait-elle en apprendre beaucoup en très peu de mots.

Ashelia avait des intentions qu'elle pouvait résumer facilement: comme beaucoup de personnes dans ce monde, elle se demandait ce qui allait rester d'elle après sa mort, bien qu'il était surprenant de la voir se poser des tels problèmes si jeune -cela ressemblait plus à des inquiétudes de ses maitres ! La renommé de la confrérie était arrivée jusqu'à elle, au point de la considérer comme un tremplin peut-être pour écrire son nom sur quelques ouvrages ou livres d'histoire. A ce propos, il était amusant de se rappeler dans quels termes les noms de ces "héros" étaient référencés dans les archives du temple, du Sanglier d'Arcera à la Langue d'Argent et la Blanche-fesse. L'héroïsme, dans la manière dont il était transmis aux futures générations, n'était que la vérité largement saupoudré de piments. Les faits gravés dans l'Histoire n'étaient pas légion, mais que savaient-ils sur ce qui arriverait demain, ou ce que les historiens choisiraient d'écrire sur le passé. Peut-être cette rencontre, comme celle avant la bataille de Tamawa, figurera plus tard dans un livre avec une illustration à l'encre.

La réponse de Cersei était à l'opposée complet, un extrême polaire qui jeta un froid. Etait-ce une habitude pour elle de retourner les questions ainsi? Si Asora avait fait tout cela, c'était déjà parce qu'elle n'avait pas eu le choix. La confrérie s'était formée de manière aléatoire et savait se trouver au mauvais endroit, au mauvais moment, comme un talent qui faisait partie du groupe. C'était certainement pour cela que quelques uns d'entre eux n'étaient plus de ce monde. Dans tous les cas, il y eu des batailles que seuls eux avaient mené, portés par le vent et la mort. Et cela avait fait qu'elle avait terrassé un dragon comme un héros nordique, pas si loin de la légende qu'évoquait Cersei donc...

Cette dernière cherchait plus une raison dans les liens et le sang, se battre pour les personnes qu'elle respectait ou qu'elle a respecté. L'un dans l'autre, elle idolâtrait Elorine comme elle pensait que son élève appréciait Asora, c'était un sentiment étrange. Par devoir, par ambition, par respect... Les volontés de chaque membres dans la pièce étaient aussi différents que complémentaires.

"La guerre n'a rien de glorieux, non, et pourtant c'est là qu'on acquiert notre plus grande notoriété, un paradoxe terrible. Nous devons aller plus loin que notre seul travail de Templier, nous devons aller là où notre travail ne nous permet pas d'intervenir, agir au niveau individuel ou collectif, et plus seulement dans les relations entre cités. C'est là que commence les problèmes, là la racine des mauvaises intentions, là l'Origine de tout. Nous en avons un devoir, au nom de tous, et je suis heureuse qu'à votre manière vous en ayez pris conscience. Merci. Notre principale arme, c'est l'information, c'est d'être au courant de tout avant tout le monde pour agir vite, bien et éviter toute escalade de violence. Ils ont les corbeaux, le système postier, nous avons l'Esprit. Usez et abusez, nous aurons vite besoin d'intervenir !"

Les filles reprirent leurs chemins séparées, mais toutes à présent liées par une même volonté et un même but, qu'elles pouvaient atteindre différemment.

[Désengagement de tous les participants]