Azthia

Ô, petite flamme qui guide chaque cité d'Azthia, surtout ne vacille pas. Car les temps sont bien embrumés et un vent d'inquiétude souffle... Laissez vous tenter par un univers poétique et fantastique, créez un personnage haut en couleurs...
 
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 [F-E] Pour vous servir ... (Intrigue, combat Julian - Reyan)

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Méchant, cruel...
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[F-E] Pour vous servir ... (Intrigue, combat Julian - Reyan)
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Avez-vous déjà cru en quelqu'un si fort au point de lui prêter votre main ?
Pas que dans des mots, non, véritablement donner de soi ?
Au point qu'il sache que vous êtes son protecteur et que vous êtes prêts à tout pour son bien.
Alors quand le destin s'en mêle, tout ce sur quoi vous reposiez s'écroule sous vous, et votre foi devient la source de votre plus profonde peine.
Il peut arriver que la guerre demande à deux personnes tout ce qui a de plus sympathique et pacifiste de s'affronter. Quand il ne peut en rester qu'un, il y a des choix à faire. Que son dieu soit bon, mauvais ou neutre, tous aspirent à être le vainqueur et le dernier ! Et qui ne souhaitait pas être l'accomplissement de son dieu ?
Reyan était celui dont les rêves étaient les plus précis. Distinctement, il avait reconnu Silmarie, puis l'échoppe de Julian restait gravé dans sa mémoire. Suivant les indications des habitants, la bâtisse du cydien n'était pas si difficile à trouver.
Devant la porte, il ne restait plus à Reyan qu'entrer.
Comment cela allait se passer après cela ? Allait-il rencontrer un féroce guerrier ou un herboriste pacifiste ? Reyan, comme Julian, savaient que les dieux ne souhaitaient pas la mort des champions, qu'un simple abandon signifiait la victoire de l'adversaire. Bonne chance, et ne ravagez pas trop l'échoppe s'il vous plait !



[N'oubliez pas de consulter les règles dans le topic d'intrigue !]
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Reyan
Reyan
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Re: [F-E] Pour vous servir ... (Intrigue, combat Julian - Reyan)
   [F-E] Pour vous servir ... (Intrigue, combat Julian - Reyan) EmptyDim 10 Juin - 11:13

Après une longue marche depuis Cydonia, c’est un Reyan soucieux qui pénétra dans la cité des Elfes. Evidemment, comme toujours, ce sentiment était impossible à discerner pour qui ne connaissait pas parfaitement le jeune prêtre, et à ce jour personne ne pouvait se vanter d’un tel exploit, pas même Danaë. La nouvelle visite du fils d’Amazone à Silmarie n’était pas animée de la même légèreté que les précédentes, c’était même le moins que l’on pût dire. Lorsqu’il alla s’installer à l’auberge pour déposer ses affaires et prendre un peu de repos, il prit également quelques instants pour réfléchir, et prier une nouvelle fois son Seigneur. L’heure était grave, très grave. Et il était du devoir de Reyan de porter ce poids sur ses épaules. Seul.


*****

Je me trouvai intégralement entouré d’eau, et pourtant je ne me noyai pas. Un fait des plus étranges. Je tentai de regarder au-dessus de moi, mais eus de la peine à distinguer la surface. Le constat fut le même lorsque je cherchai un quelconque fond à cette immense étendue liquide qu’aucun mur ne semblait délimiter. Ce rêve était particulier, je le sentais. Mais pas de trace de l’inconnu encapuchonné cette fois. Il y avait autre chose, quelque chose de différent, et d’important.

« J’en appelle à toi. »

Je souris. Même si je n’avais jamais entendu cette voix profonde, il ne m’était pas difficile de deviner à qui elle appartenait. Et si cette perspective aurait pu en rendre fous certains, en effrayer d’autres, elle ne me surprenait pas le moins du monde. Moi qui n’avais jamais douté de Son existence, qui au contraire avais promulgué comme je le pouvais Ses valeurs autour de moi, qui étais bien plus conscient que le commun des mortels de Sa réalité, je ne pouvais être choqué. Je n’avais pas eu besoin de preuves tangibles pour croire en Lui, jamais. Profitant de cette déroutante liberté de mouvement que me laissait le fait de flotter dans un océan infini, je m’inclinai respectueusement.

« C’est un honneur que de recevoir Votre visite, mon Seigneur. Et c’est humblement que je réponds à Votre appel.

– C’est bien, ta foi est exemplaire. Tous n’ont pas eu cette chance avec leurs champions. »

Malgré mon habituelle gêne face aux compliments, je ne pus m’empêcher de me sentir flatté. Mais cet agréable sentiment fut balayé par un autre, né de l’incompréhension à l’écoute du dernier mot : champion… Leurs champions ? De qui ? Et surtout, pourquoi ? Par respect, je préférai garder mes questions pour moi, songeant de toute façon qu’Il avait probablement accès à mes pensées. Les profondeurs de l’océan n’étaient-elles pas une belle métaphore des abysses de l’esprit ?

« Oui, je t’ai choisi, toi. J’ai décidé de faire de toi mon champion dans cette guerre qui s’apprête. »

*****


Lui, un champion. Jamais il n’aurait cru à tel honneur, se dit Reyan en fermant la porte de l’auberge derrière lui. Il avait toujours considéré que les prêtres devaient être la bouche là où les gardiens devaient être le bras, les deux ayant pour mission d’accomplir la volonté divine en terre d’Azthia. Son rôle aurait donc dû être de véhiculer la parole d’Abyss, Seigneur du monde du silence. N’était-ce pas justement ce qu’il avait expliqué à Illmarë ? Mais les choses semblaient avoir pris un tournant tout autre sans même que les mortels ne s’en rendent compte. Et Reyan savait mieux que quiconque que tous gagneraient à ce que Son souhait se réalise. Peut-être même mieux que les Archiprêtres du temple de Cydonia, qui avaient accueilli la nouvelle d’un air glacé. Etait-ce parce que leur prêtre favori leur faisait une énième fois faux bond ou parce qu’ils étaient conscients que cette fois-ci ils auraient eu tort de le retenir ? Ou peut-être encore parce qu’ils étaient vexés de voir un blanc-bec choisi par Abyss plutôt que l’un d’entre eux, qui avaient exercé tant d’années, de décennies. La nouvelle eut tôt fait de se propager dans les couloirs du temple, mais cette fois-ci, elle n’en dépassa pas les murs, car cette mission sacrée devait être tenue cachée des oreilles profanes. Les Dieux choisiraient bien assez tôt comment annoncer eux-mêmes la nouvelle au plus grand nombre. Le soir, des apprentis eurent le loisir d’organiser une grande fête afin de célébrer l’événement : le champion d’Abyss était Cydien ! Il y aurait de grands gâteaux, à boire, de la musique, de la joie ! Mais au moment de démarrer, chacun fut surpris de constater que le principal intéressé, Reyan, avait déjà quitté la ville.

Ayant gardé un souvenir précis du lieu où il devait trouver le champion de Shéogarath, le jeune prêtre tenta au mieux d’en trouver l’emplacement. Jamais il n’avait entendu parler de ce Dieu fou avant ce jour. Lorsqu’il voulut demander des renseignements aux Archiprêtres, ceux-ci firent dans un premier temps mine de ne rien savoir, et ce n’est qu’après avoir longuement débattu du fait que cette connaissance était primordiale pour garantir une victoire du champion d’Abyss qu’il était qu’ils consentirent à lui partager le peu qu’ils en avaient appris, rechignant à admettre leur ignorance. Néanmoins, ce peu était déjà suffisamment inquiétant, puisque le tel Shéogarath était un ennemi de Zéphyr, divinité majeure du panthéon Cydien auquel appartenait le Seigneur des Mers. Cela, et le fait qu’il soit le Dieu des fous, étaient les seuls renseignements dont disposait Reyan. Trouver des arguments pour convaincre lorsqu’on ne connaissait même pas les dogmes du culte adverse ne serait pas une partie de plaisir... Il était malgré tout difficile à l’écrivain raisonné de comprendre comment on pouvait faire un tel éloge de la décadence. Certes, après réflexion, l’équilibre étant nécessaire entre tous les Dieux, peut-être Shéogarath avait-il un rôle plus important qu’il n’y paraissait. Mais il demeurait une chose dont Reyan était certain : le monde des esprits ne pouvait être gouverné par un Dieu fou.

Fort de cette détermination, assuré comme jamais par le fait que chacun de ses gestes était accompagné de la volonté divine de son Seigneur, le fils d’Amazone parvint à mettre ses craintes de côté le temps d’arriver à destination. Une tente, qui devait être une échoppe si l’on en croyait l’enseigne : Aux mystères de Shéogarath. Evidemment, après tout lui n’était qu’un simple prêtre, un modeste écrivain, c’était bien la preuve qu’un champion n’avait nul besoin d’être un héros tout-puissant ou autre chose qu’une personne ordinaire. C’était d’ailleurs ce qu’il paraissait, vêtu d’un pantalon de toile et d’une chemise tous deux marron, renonçant à porter sa tunique de prêtre trop voyante, et tenant son recueil de poèmes serré contre lui, pour se donner du courage. Le jeune homme avait jugé inutile de s’équiper de sa dague, mais, plus par habitude que par précaution, il n’avait pas ôté la fronde qui pendait toujours à sa ceinture. L’heure était venue : Reyan devrait mettre à profit ses talents d’orateur, mais cette fois-ci plus que toute autre, il était impératif qu’il parvienne à ses fins. Il n’aurait aucun scrupule à manipuler le langage de son adversaire si le besoin s’en faisait sentir. L’avenir de l’humanité, et même de tout ce qui vivait, dépendait en partie de sa victoire. Il pénétra dans la tente.

En temps normal, c’est d’abord par le contenu de cette étrange boutique que le Cydien aurait été surpris. Beaucoup d’artefacts curieux, certains mêmes un peu farfelus. Mais les temps étaient loin d’être paisibles, et ce qui accrocha en premier l’œil de Reyan fut bien entendu le vendeur. Après réflexion, le jeune homme se demanda si, temps troubles ou non, il ne se serait pas senti obligé de regarder cet individu aux proportions si peu habituelles. Bien que la Cité des Arts regorge de gens de taille respectable, jamais ô grand jamais il n’avait eu l’occasion de voir un être aussi immense ! Du haut de son mètre soixante-dix, Reyan n’était pas de taille à lutter, au sens propre cette fois. Autrement, il fallait bien avouer que le visage du champion de Shéogarath n’était pas désagréable à regarder, bien qu’il soit perché un peu trop haut au goût du serviteur d’Abyss. Des yeux d’un bleu si clair qu’ils en paraissaient irréels, un petit bouc et de longs cheveux bruns qui rendaient son âge difficile à estimer : oui, cet homme semblait spécial, il n’y avait aucun doute à ce sujet. Plutôt mince, il ne paraissait pas plus versé dans l’art du combat que Reyan, ce qui rassura ce dernier. Il n’aurait pas trouvé beaucoup à redire à un argument du type « je vais visser ta tête dans ce mur ». Brun, grand voire très grand, mince, pas d’oreilles pointues visibles : cet homme était très probablement un Cydien. Cela faciliterait les choses au niveau de la communication, même si la grande majorité des Elfes connaissaient parfaitement la langue cydienne. Normalement, le champion de Shéogarath devait s’attendre à la venue de Reyan. Aussi, après quelques longues secondes de silence, celui-ci prit la parole, le visage aussi inexpressif que d’habitude, tentant au mieux de planter son regard dans celui de son interlocuteur.

« Bonjour » dit-il poliment.

Il ne fallait pas oublier que, champions ou pas, les deux hommes restaient des êtres humains. Malgré l’importance capitale de leurs missions respectives, il ne fallait pas négliger de rester agréable.

« Je suis navré de vous déranger en plein travail, je m’appelle Reyan. Mais je pense que vous savez pourquoi je suis là, je me trompe ? » ajouta le fils d’Amazone tentant d’exprimer sa gêne.

Il baissa un instant ses yeux marron. Mais il n’avait pas le droit d’hésiter. Abyss comptait sur lui. Azthia également. Aussi les releva-t-il, brillant, ses doutes balayés. Et de sa voix la plus calme, d’une fermeté qu’il ne voulait ni violente, ni vacillante, il exprima la volonté de son Dieu :

« Alors j’irai droit au but : je suis venu vous demander de renoncer. Renoncez à ce que Shéogarath accède au trône du royaume des esprits. »
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Julian HM
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Re: [F-E] Pour vous servir ... (Intrigue, combat Julian - Reyan)
   [F-E] Pour vous servir ... (Intrigue, combat Julian - Reyan) EmptyLun 25 Juin - 6:26

Le hall de ce palais était d'une telle immensité qu'on n'en voyait le bout qu'en plissant les yeux, et son plafond tellement haut qu'on n'aurait trouvé mot à redire si l'on y avait vu planer des oiseaux. Les tentures flottantes dans les hauteurs de l'architecture, qui retombaient jusqu'au-dessus des hautes arches placées en cercle autour du trône central, étaient tellement ostentatoires et bariolées qu'elles en devenaient vulgaires et abusives. Sur les murs, d'énormes gargouilles gothiques s'exhibaient décomplexées aux côtés de hiéroglyphes informes, dans une incohérence quasiment indécente.
Après avoir levé les yeux pour apprécier le florilège presque obscène de teintes frivoles dont faisait étalage le décor des altitudes de ce lieu, on en venait à baisser le regard vers les tapis et broderies qui étaient placés sur le marbre beige et mat. En constatant le nombre démentiel d'ornements qui recouvraient le sol, c'était le bon sens qui était alors heurté de voir tant d'absurdité et de confusion dans l'agglomérat absurde de couleurs et de formes formé par ces tissus. Les carpettes aux multiples teintes bleutées côtoyaient pacifiquement les tapis kilim aux couleurs outrageusement pourpres, et les bancs de bois dont la simplicité évidente appellerait presque à la vie monacale n'étaient qu'à peine gênés par la présence de poufs aux broderies chatoyantes.

Au milieu de tout cela avait été déroulé un tapis rouge qui ne s'était aucunement embarrassé d'avoir été étalé par-dessus tous ses comparses et menait directement jusqu'à un siège en pierre surélevé, lui-même au bout d'un court escalier de quelques marches. Là, dans ce petit espace entouré d'arches bien trop grandes comparées à la taille de la personne qui siégeait entre elles, régnait un halo de lumière blanche éclatante, qui contrastait avec les faibles lueurs que projetaient les nombreuses torches présentes dans la pièce.

L'atmosphère dans la pièce était indescriptible : des senteurs diverses, issues de contrées, et sûrement aussi de mondes divers étaient mêlées dans une sorte d'incompréhension totale entre les parfums, ce qui donnait cette odeur globale qui dénotait d'une certaine incohérence entre les goûts du propriétaire du lieu. L'air était lourd, et pourtant ni humide ni chaud. Simplement lourd, pas sec ni froid. Juste lourd.

L'homme au bout de la pièce, un vieux monsieur au bouc pointu et aux vêtements faits de riches tissus violets aux broderies, claqua des mains, faisant résonner dans la salle entière le son de ses bagues qui s'entrechoquent. Son chambellan, Haskill, la mine aussi impassible qu'à son habitude, tourna le regard vers son maître qui lança, en prenant soin de faire rebondir le son sur tous les murs un :


« Faites entrer mon champion ! »

Haskill s'exécuta, et pour cela, se contenta de claquer des doigts.

Un son de porte qui s'ouvre se fit entendre, en provenance du plafond. De là, on entendit d'abord un long cri, puis émergea de la trappe nouvellement ouverte une masse, qui fit une chute verticale que les mathématiciens auraient qualifié de ''mouvement rectiligne accéléré'' avant de s'écraser dans un tas de coussins.
Shéogorath, de son trône, éclata de rire en applaudissant :


« HA HA HA ! Je ne m'en lasserai jamais ! » hurla-t-il de rire en direction de Haskill, qui se contenta de répondre :
« Bien entendu, Monsieur. »

En un instant, le Seigneur de la Folie se reprit et d'un mouvement rapide, se leva et avança, canne en main, jusqu'à la masse de cousins dont le mauvais goût mortifère n'était plus à démontrer. Il en extirpa celui qui avait été, il y a déjà plusieurs années de cela, désigné comme son champion. Il releva ce dernier, légèrement abruti par la chute, et commença un petit discours :

« Julian, il est temps pour nous de nous remettre en chemin ! Une occasion en Or vient tout juste de tomber. Pour une fois que le Chaos ne vient pas de moi, voilà qu'il nous permet une magnifique percée vers le haut ! »

En disant cela, il avait entouré d'un bras les épaules de son champion comme on le fait d'un vieil ami. Les yeux d'or et d'ébène du Dieu Fou pétillaient à l'idée de ces perspectives qui venaient de se dévoiler, et il lui tardait d'en faire profiter son champion.

« Aujourd'hui, Lune d'Enfer, est le jour où nous commençons notre conquête du Monde des Esprits. Imagine-toi déjà : Shéogorath, le Dieu Fou, Maître du Panthéon. Réalise ce que cela impliquerait : tous ceux qui m'ont craché dessus, qui ont voulu me tuer, mais jamais ! Tu m'entends, jamais ! Jamais n'ont réussi à m'abattre, pas une fois, eh bien ceux-là n'y pourront rien redire ! Je pourrais leur faire payer, et montrer à tous les ignorants qui vénèrent leurs idoles de pacotille en suivant leurs préceptes et qui ignorent jusqu'à mon nom, que seul Moi peut les mener au Bonheur. »

Les sourcils froncés et le poing serré vers le ciel, Shéogorath avait dans les yeux une quelconque lueur de joie mêlée à celle de la vengeance, qu'il dirigeait vers tous les dieux des panthéons mortels qui avaient osé s'essuyer les pieds sur lui. Certes, il n'avait pas que des ennemis dans les sphères divines, mais ses quelques rares adversaires n'étaient pas des moindres.
Mais là, ça n'était encore qu'une mise en bouche. La montée au trône du Maître des Esprits impliquerait pour le Seigneur de la Folie la vengeance maximale, l'humiliation suprême qu'il infligerait à son ennemi de toujours, celui-là même qui avait toujours voulu l'évincer, Zephyr, dieu du Vent et des Orages.


« Qu'est-ce que je dois faire ? » demanda alors Julian, qui avait un peu repris ses esprits.
« Ah ça, c'est simple. Les champions du monde entier se réunissent actuellement pour s'affronter. Plusieurs en sont déjà venus aux armes, c'est certain. Par contre, nous avons un problème : avant que je n'aie eu le temps de nous prévoir un quelconque plan, Abyss, dieu des mers et des océans, (Brrr, rien qu'à imaginer tant de calme, j'en ai les morpions qui font la gigue.) vient d'envoyer à tes trousses son champion. J'ai entendu dire qu'il n'était plus si loin de Silmarie à l'heure où nous parlons. Tiens toi à l'affût, Lune d'Enfer. »

A peine avait-il fini son monologue, que Shéogorath retira son bras des épaule sde son Champion. Il prit sa canne comme on prend un baton de chaman, et posa le pommeau, l'Oeil du Fou, sur le front de son champion :

« Va, et répands ma parole comme les langues des commères répandent leur venin. »

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¤-¤-¤-¤-¤-Shéogorath, le Dieu Fou-¤-¤-¤-¤-¤
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Julian se réveilla en sursaut, au milieu de sa cuisine. Il se frotta vite les yeux et s'assura qu'il était bien de retour dans le monde physique. Il n'avait à priori pas bougé d'un pouce pendant sa transe. Devant lui se trouvait toujours le petit bol en bois dans lequel traînait encore un reste de solanacée, et la pièce était intacte. Rien ne laissait suggérer qu'un Dieu venait de prendre contact avec un mortel.

Le Ritualiste se leva, non sans tituber un peu. En jetant un œil à l'extérieur, il remarqua que la journée était déjà bien avancée, et s'empressa de prendre son sac à dos. Alors qu'il s’apprêtait à partir vers la Rue Boisée, il aperçut sur un meuble son couteau. Il s’arrêta un instant, le regard fixé dessus, en se remémorant ce que son Dieu lui avait raconté sur le champion qui était à sa recherche. Sans plus de réflexion, il s'empara de la lame, et la cacha sous ses vêtements.

Une fois dans la Rue Boisée, Julian ouvrit la toile qui servait de porte à sa boutique, et l'enroula sur le côté. Il posa son sac, déplaça quelques babioles et se prépara pour une journée supplémentaire de travail.

Plus tard dans la journée, alors qu'il s'était adossé contre la table à figurines, un jeune homme entra. A l'évidence, ça n'était pas un elfe, pour la simple et bonne raison que les elfes sont plus... grands, tout bêtement. C'était un jeune homme tout ce qu'il y a de plus banal, à vrai dire. Rien n'aurait attiré l'attention de Julian sur lui, si ce dernier ne lui avait pas jeté un regard fixe et entêté, tellement insistant que le marchand en vint à se demander ce qu'il pouvait bien avoir sur le visage pour que ce soit si choquant. De plus en plus mal à l'aise, le magasinier poussa intérieurement un soupir de soulagement quand l'autre daigna enfin ouvrir la bouche :


« Bonjour. » dit-il simplement.

Julian n'osa pas répondre, et préféra laisser son client potentiel exposer ses besoins, toujours sous le joug de ce regard déterminé. Un léger silence désagréable semblait avoir figé la boutique, malgré l'agitation de l'extérieur.


« Je suis navré de vous déranger en plein travail, je m’appelle Reyan. Mais je pense que vous savez pourquoi je suis là, je me trompe ? »

Mentalement, le marchand fit l'inventaire de toutes les commandes qui lui étaient parvenues, et se rendit vite compte qu'il n'y avait vaguement qu'une ou deux vieilles dames fortunées qui étaient susceptibles d'envoyer des coursiers aussi extravagants. Pendant qu'il se faisait cette réflexion, Julian vit le jeune baisser les yeux. Il sauta sur l'occasion pour se redresser et essayer d'imposer un minimum de contenance face à son client. Ce dernier releva alors les yeux et dit, sans faute de prononciation ni de vocabulaire aucunes :

« Alors j’irai droit au but : je suis venu vous demander de renoncer. Renoncez à ce que Shéogorath accède au trône du royaume des esprits. »

En entendant cela, Julian s'étouffa dans la salive qu'il venait d'avaler et et dut se retourner pour tousser le plus possible hors du champ de vision de l'à priori Champion du Dieu de la Mer. Alors qu'il faisait son possible pour se ressaisir, le Champion de Shéogorath réalisa que l'adversaire dont il craignait de voie arriver la carrure de requin, de squale, ou à la limite de roussette, n'était en fait qu'un individu à l'allure de sardine.
En se retournant vers ce dernier, il avait un large sourire qu'il peinait à réprimer, sur le visage. Il répondit alors à la demande de l'adversaire actuel de Shéogorath :


« Attends, c'est ça, l'envoyé du Dieu-Poisson ? , ne peut-il s'empêcher de dire. Bon, écoute, j'ai d'autres choses à faire que de discuter avec des enfants. Non sérieusement, il les prend au berceau : regarde-toi avec ton bouquin, tes cheveux bien coiffés et t... Attends... »

Le silence s'imposa un très court instant alors que Julian venait de plisser les yeux en jetant un regard vers la ceinture de l'émissaire divin. Le sourire du ritualiste s'élargit encore alors qu'il lançait, comme une provocation :

« Est-ce que c'est un lance-pierres que tu as à la taille ? »

Il explosa alors de rire, en se tenant les côtes, à la vue de ce qu'il jugeait être un jouet pour enfant.

« Au secours, le Dieu-Poisson envoie un gamin me faire la peau avec un lance-pierres !, dit-il en commençant à se calmer lentement. Non bon allez, c'était bien drôle, mais maintenant, tu sors, et tu diras à ton Dieu de la Mer que Shéogorath le met au défi de m'empêcher de le défendre. »


Dernière édition par Julian HM le Mar 26 Juin - 4:26, édité 1 fois
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Reyan
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Re: [F-E] Pour vous servir ... (Intrigue, combat Julian - Reyan)
   [F-E] Pour vous servir ... (Intrigue, combat Julian - Reyan) EmptyLun 25 Juin - 11:54

Cette annonce tomba comme un couperet : la surprise fut si grande que je ne parvins même pas à exprimer le moindre choc. J’aurais peut-être dû m’étouffer dans cette immense étendue d’eau, m’étrangler à moitié en avalant de travers, mais puisque j’avais pu m’exprimer précédemment à voix haute sans aucune difficulté, il était logique que rien de tout cela n’arrive. Je rêvai, après tout, tout était possible. Et avec le regard d’Abyss braqué sur moi, il était certain que rien ne pouvait m’arriver.

« Mon Seigneur, je… C’est…trop d’honneur ! » tentai-je de dire maladroitement, sachant que même les mots ne pourraient exprimer toute ma reconnaissance.

Champion… Je ne savais même pas ce que cela voulait vraiment dire, ni de quelle guerre parlait Abyss. Peut-être avais-je déjà lu, quelque part dans un vieux livre du temple, des histoires d’élus appelés par une divinité afin d’exécuter Sa volonté. Ou était-ce dans un livre de contes ? L’heure n’était visiblement pas aux fantaisies, même si le contexte onirique s’y prêtait à merveille. Il me fallait me recentrer, les raisons de cet appel ne pouvaient être innocentes.

« Je ferai de mon mieux pour Vous servir. Mais j’ai peur que certains éléments ne m’échappent, mon Seigneur, vous parliez d’une guerre ?

– Le temps presse, et le moment n’est guère opportun pour les longues explications, répondit cette voix qui semblait emplir tout l’espace, un écho aussi infini que la mer qui m’entourait résonnant avec force, bien qu’aucune paroi ne permette un tel phénomène de se produire. Il faut aller droit au but. Le trône des morts est désormais vacant, et une guerre pour désigner celui qui y siègera est déjà en place. »

Abyss était direct, c’était indiscutable. Moi qui étais friand de franchise, je devais tout de même reconnaître que pour de telles nouvelles, tourner autour du pot quelques instants n’aurait pas été de refus ! Une lutte de cette envergure devait être facile à concevoir pour un Immortel, mais mon esprit humain n’avait que trop de peine à simplement envisager les conséquences d’un tel combat.

« Le trône des morts ? Vous voulez dire être maître du Royaume des Esprits ? Le rôle…le rôle d’Azael jadis ?

– Chacun d’entre nous peut désigner un champion afin de nous représenter. Tu seras l’envoyé des mers et des océans, et tu devras faire plier tes adversaires afin que ceux qui les ont envoyés renoncent à prendre cette place.

– Faire…plier… articulai-je avec difficulté, tandis qu’un certain affolement me gagnait, moi, le calme parmi les calmes. Mais mon Seigneur ! J’ai tout fait pour Vous servir, et je continuerai, champion ou pas. Ne serait-ce pas dans Votre intérêt que de choisir quelqu’un d’autre ? Quelqu’un de plus fort, qui connaisse l’art du combat mieux que moi, qui puisse se défendre sur un champ de bataille ? Vous…

– Une fois que le champion adverse aura capitulé, une fois qu’il aura prononcé les mots exacts, celui qu’il représente sera déclaré perdant, et ne pourra plus prétendre à la régence du Royaume des Morts. Il n’y a qu’une place, et de nombreux prétendants. Et tu sais certainement que tous ne sont pas animés des mêmes intentions.

Abyss ne m’écoutait pas, ou en tout cas ne prenait pas la peine de répondre à mes inquiétudes. Ou peut-être que si : n’avait-Il pas parlé des mots ? Faisait-Il référence au pouvoir des mots ? Il n’était pas question de bain de sang. J’avais déjà fait plusieurs fois mes preuves, je savais désormais que j’oserais défendre ma vie par la force si le besoin s’en faisait réellement sentir. Mais les voies que je pouvais emprunter avant celle de la violence étaient nombreuses. Peut-être était-ce pour cela que j’avais été choisi, parce que ma maîtrise du pouvoir des mots permettrait de respecter les idéaux de paix de mon Seigneur ? Rasséréné par cette idée, je voulus m’agenouiller, mais l’opération se révéla plus difficile que prévu sans support pour m’appuyer, aussi ne fis-je qu’incliner la tête, en signe d’acceptation.

« Que dois-je faire ?

– Ton premier adversaire est le champion de Shéogarath, Dieu des Fous. »

*****

Reyan attendit patiemment que son interlocuteur finisse de s’étrangler. Il ne pouvait pas vraiment le blâmer : comment aurait réagi le jeune prêtre après une annonce similaire ? Pauvres mortels qu’ils étaient, il était difficile d’assumer le fait qu’un Dieu les avait envoyés en mission. Et quelle mission… Cependant, la surprise du champion de Shéogarath passée, celui-ci arborait le dernier air que Reyan se serait attendu à voir sur le visage de quelqu’un censé être son adversaire : il souriait, et pas qu’un peu. Il en vint même jusqu’à éclater d’un rire sonore.

Piqué au vif par les remarques délibérément moqueuses du géant brun, Reyan ne put s’empêcher de lui décocher dans un premier temps un regard électrique : Dieu-Poisson ?! Il resta cependant coi pendant quelques instants, alors qu’on pouvait lire dans ses yeux une légère pitié à l’égard du vendeur plié en deux de rire.
*Champion du Dieu Fou, hein ?* pensa-t-il un peu cyniquement. Faire le rapprochement était aisé. Cela dit, ce n’était pas le moment de flancher, se rappela-t-il mentalement en passant une main légère dans ses cheveux, ne pouvant s’empêcher de réagir physiquement à la remarque sur sa coiffure.

« A entendre vos gamineries, on se demande qui est l’enfant » dit finalement Reyan avec tout le calme et la tranquillité dont il était capable, tout en demeurant légèrement cassant.

Visiblement, le champion de Shéogarath ne semblait pas prendre la venue du serviteur d’Abyss au sérieux. Était-ce à dire qu’il ne considérait pas cette guerre comme essentielle ? Qu’il ne voyait pas tous les changements qui allaient surgir à l’issue de cette bataille divine ? Peut-être que Reyan, en tant que prêtre, était plus apte à saisir toutes ces choses. S’avançant d’un pas vers son interlocuteur cydien, montrant ainsi qu’il n’avait nullement l’intention de s’en aller, le fils d’Amazone prit une grande inspiration, serra son recueil de poèmes contre lui, et tenta de capter le regard du vendeur. La tâche se révéla encore plus ardue que précédemment, car l’individu était vraiment immense, et se rapprocher de lui n'arrangeait en rien la situation !

« Écoutez, que vous ne me preniez pas au sérieux m’importe assez peu, mais je pense que vous pourriez au moins accorder un peu plus d’importance à nos rôles respectifs. »

Ils entraient enfin dans le vif du sujet. Le moment était venu pour Reyan de mettre à l’épreuve tout ce qu’il avait appris de l’art rhétorique. Il poursuivit, sans prendre en compte l’impolitesse du champion qui l’avait tutoyé dans l’ostensible but de l’infantiliser.

« Je me doute que votre position est aussi difficile que la mienne : nous ne nous connaissons pas, nous avons été chacun appelé sans vraiment nous y attendre pour participer à une guerre qui nous dépasse, et nous voilà face à face, en train de tenir une simple discussion comme si de rien. »

Le prêtre fit une pause, plongeant toujours son sombre regard dans celui bleu de son interlocuteur afin de ne pas se faire interrompre.

« Mais ce n’est pas une raison pour sous-estimer notre tâche. Nous parlons du règne sur le monde des esprits, là où gravitent les âmes de tout ce qui vit et ce qui a vécu. »

Évidemment, Reyan n’avait aucune idée en disant cela qu’il s’adressait à un chaman dont la connaissance du royaume des esprits allait bien au-delà d’une simple mention dans une phrase.

« C’est un monde que nous serons tous amenés à visiter un jour. Tout comme l’océan, il appartient à l’ensemble des mortels. Comprenez-vous maintenant pourquoi il est essentiel de décider à qui reviendra la tâche de le gouverner ? Ce n’est pas anodin. Notre rôle n’est pas anodin. »

Venait alors le moment le plus délicat : le fils d’Amazone ne pouvait que spéculer, ses connaissances sur Shéogarath se limitant aux deux informations que lui avaient fourni les Archiprêtres du temple.

« Je peux vous assurer que le Seigneur des Mers – qui mérite au moins le respect de Son nom – saura régner comme il convient sur cet univers. Après tout, Il est déjà maître d’un monde qui reste inconnu des mortels. Les profondeurs de l’océan ne sont-elles pas une belle métaphore des abysses de l’esprit ? demanda Reyan en se demandant après coup où il avait bien pu entendre cette phrase. Le royaume des morts ne serait qu’une continuité dont mon Seigneur saura s’occuper pour le mieux. On ne parle que trop souvent de la paix que les âmes doivent trouver après le trépas. Cela aussi va dans le sens de Ses idéaux. Il ne s’agit pas que d’un duel entre vous et moi, c’est une lutte pour l’ensemble des êtres vivants qui peuplent notre monde. Il nous faut tous deux penser à ce qui est le mieux. Pas pour nous, pour tous. Au nom de ce qui est juste. »

A la fois parce qu’il avait peur d’attraper un torticolis et parce qu’il voulait échapper au regard acéré du champion de Shéogarath au moment de prononcer l’ultime sentence, Reyan tourna les yeux vers l’un des bibelots étrange qui peuplaient la tente-boutique.

« Et puis…sans vous offenser, je ne vous cache pas que je suis quelque peu sceptique quant au fait que le monde des esprits soit gouverné par un Dieu qui en est de toute évidence dénué. »
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Julian HM
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Re: [F-E] Pour vous servir ... (Intrigue, combat Julian - Reyan)
   [F-E] Pour vous servir ... (Intrigue, combat Julian - Reyan) EmptyLun 25 Juin - 15:01

« A entendre vos gamineries, on se demande qui est l’enfant »

Juste en entendant cela, Julian venait de penser qu'il avait réussi son coup et tapant sur les nerfs du jeune homme. Il n'aurait déjà pas perdu sa journée. Mais, parti sur sa lancée, le Champion des Crustacés avait bel et bien décidé de faire la leçon à son concurrent:

« Écoutez, que vous ne me preniez pas au sérieux m’importe assez peu, mais je pense que vous pourriez au moins accorder un peu plus d’importance à nos rôles respectifs. »
« Soit. » se contenta de répondre Julian en croisant les bras.

Il écouta attentivement le petit discours apparemment improvisé de l'envoyé des Coquillages en hochant régulièrement la tête pour montrer son accord. A la petite pique finale, il ne put se retenir de sourire. Après tout, il l'avait cherché.

« Allons, pas d'esprit, c'est un jugement un peu rapide quand on ne comprend pas les tenants et les aboutissants de ce qu'est un esprit. » déclara le Chaman en espérant se donner ainsi un petit avantage tactique sur son ennemi. Non, son adversaire, plutôt. On n'en était pas à une relation de haine, quand même.

« Mais écoute, qu'est-ce que ton Dieu apporterait aux Esprits? Gérer de la poiscaille et des tas d'eau, faire les marées, et s'assurer qu'il y ait assez de crevettes pour les pêcheurs, c'est une chose. Mais réguler l'esprit, et les rouages complexes de la mentalité, c'est bien différent. »

Il laissa quelques instants de suspens, aussi bien pour éviter que son discours ne s'essouffle que pour rassembler ses idées.

« Et puis, qu'est-ce que le Dieu de l'Eau Salée ferait de toutes ces âmes. Les enfermer dans un calme éternel? Une sorte de seconde mort, en somme? Il leur faut quelqu'un qui leur apporte ce qu'elles demandent. Non pas le vide et l'ennui, mais le Bonheur, tant mérité après leurs années d'incarnation. »

Il avait fait de son possible pendant son allocution pour tenir le regard légèrement présomptueux de l'Agent des Algues.

« Pour régner sur le mon de nos ancêtres trépassés, il faut quelqu'un qui les connaissent dans leurs intégralités, qui sache déceler leurs faiblesses pour en faire des forces. Shéogorath est un dieu qui aime ses enfants, pas un misérable dispensateur de leçons qui veut imposer ses paradigmes à tous comme le sont les autres. Un monde hétéroclite a besoin d'un Dieu qui l'est tout autant. »

Il avait hésité à ajouter "Tu ne penses pas?" à la fin de sa phrase, mais s'était vite rendu compte que cela aurait offert à son adversaire une occasion trop belle de répliquer.
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Reyan
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Re: [F-E] Pour vous servir ... (Intrigue, combat Julian - Reyan)
   [F-E] Pour vous servir ... (Intrigue, combat Julian - Reyan) EmptyLun 25 Juin - 18:51

Shéogarath ? Quel nom étrange, et qui de surcroît ne m’évoquait rien… Mes connaissances des cultes étrangers n’étaient peut-être pas au même niveau que la majorité des prêtres. Après tout mon éducation religieuse n’avait été faite que par un modeste prêtre dans une ville aux croyances très diverses, pas dans un temple ou une école de théologie comme la plupart de mes collègues. Etait-ce une divinité du panthéon astorg ? Ou bien un Almer ? A moins qu’il ne s’agisse d’un des mystérieux et méconnus Dieux des Nuas ?

« J’ai peur que ce nom ne m’évoque rien, mon Seigneur.

– Il s’agit d’un interdit que nous ne pouvons ni ne voulons transgresser. C’est en Azthia que tu trouveras les réponses que tu cherches. »

La belle affaire… Autant pour me rassurer que pour assurer mes chances de victoire, j’aurais espéré recevoir un peu plus d’informations. Mais les voies des Dieux sont impénétrables, tout comme l’obscurité des abysses. Kidan me l'avait toujours dit : il existe bien une force supérieure à celle de tous les Immortels, qui est le temps. Aussi si la règle voulait que je n’en sache pas plus, c’est qu’il devait pour l'heure en être ainsi, directive divine ou non.

« Puis-je au moins savoir qui je vais affronter ?

– Tout ce que tu as besoin de savoir, c’est le lieu où tu le trouveras. »

Et juste devant moi, l’eau commença à se troubler, révélant petit à petit une image qui m’était familière : il s’agissait des portes de Silmarie ! Je les avais franchies, il y avait quelques années de cela, et j’avais même vécu près d’un an parmi les enfants de Silmaria. Il y eut à nouveau un mouvement dans les profondeurs de mon rêve, et l’image montra un quartier dont je n’avais pas souvenir. C’était probablement là que m’attendait le champion de Shéogarath, le premier parmi d’autres que l’on me demandait de faire capituler. Cependant, le visage de mon futur adversaire n’apparut pas dans cette vision. Impossible de savoir si j’aurais affaire à un paladin armé jusqu’aux dents ou à un barbare assoiffé de sang, ou même tout simplement à un autre prêtre. Tant pis, de toute façon, face à un ordre venu des profondeurs, je ne pouvais reculer. Et je le ferai avec fierté.

« Je ferai de mon mieux, mon Seigneur. Au nom de la paix, j’irai porter Votre parole jusqu’aux oreilles des autres champions, afin qu’ils comprennent que Vous n’êtes pas un ennemi à abattre. J’invoquerai le pouvoir des mots pour le salut de tous.

– C’est bien. Mais il est une autre tâche qu’il te faudra accomplir avant tout cela. Et elle n’est pas des moindres.

– Quelle est-elle, mon Seigneur ? demandai-je à la fois curieux et prêt à tout.

– Tu devras convaincre Reyan de faire de même. »

*****

Reyan fut reconnaissant envers son prétendu adversaire pour l’avoir écouté jusqu’au bout. L’ambiance aurait presque pu paraître bon enfant si l’un comme l’autre ne connaissait pas les véritables raisons qui motivaient ce dialogue. Le vendeur de grande taille sourit, mais il ne semblait plus aussi moqueur qu’avant. Était-ce un bon présage ? Le convaincre allait-il être aussi simple ? Reyan sourit à son tour à la réplique du Cydien, tandis qu’il se permit de passer sa main sur un objet non-identifié à la forme étrange.

« Ne vous en faites pas, je les comprends mieux que vous ne semblez le croire » dit-il dans un souffle.

Après tout, il l’avait assez répété : le langage et la pensée, celle-là même qui formait l’esprit, n’étaient que les deux faces d’une même pièce. Connaître l’un, c’était être très proche de l’autre. Et la maîtrise croissante du pouvoir des mots qu’employait le fils d’Amazone sous diverses formes n’était plus à prouver. Cela dit, là où le champion du Dieu Fou n’avait peut-être pas tort, c’était que Shéogarath, s’il était le Dieu des êtres à l’esprit dérangé, devait avoir un minimum de connaissances en la matière. Mais ça, évidemment, difficile de le deviner lorsqu’on ne savait presque rien du culte de cette mystérieuse divinité. Et en ça, Reyan avait en effet été peut-être un peu prompt à juger. La folie ne signifiait pas être dépourvu d’esprit, mais peut-être d’en détenir un quelque peu…décalé.

N’ayant pas oublié le respect dont avait fait preuve son interlocuteur, le jeune Cydien lui rendit avec plaisir le même service, l’écoutant donc jusqu’au bout. Curieusement, il se sentait beaucoup moins tendu qu’avant d’entrer dans cette étrange boutique, quand il n’avait encore absolument aucune idée de la personne qu’il allait trouver. Lorsqu’il s’agissait de discuter, de convaincre, Reyan n’avait pas la prétention d’être le meilleur, mais au moins était-il beaucoup plus en confiance que sur un champ de bataille. D’ailleurs, la réaction du géant au bouc entretenu montrait qu'il considérait le prêtre comme une personne digne d'être écoutée. Pour un étranger, c’était déjà beaucoup.

« C’est l’impression que je donne, c’est cela ? » questionna-t-il doucement presque à regret, sans réellement s’adresser à quelqu’un d’autre qu’à lui-même, lorsqu’il entendit l’expression « dispensateur de leçons ».

A la dernière phrase, Reyan sourit une nouvelle fois, d’un sourire plein de bienveillance.

« Nous sommes parfaitement d’accord là-dessus. Et c’est pourquoi je vous disais que, à l’image des océans, le monde des esprits appartient à tous. Puisque tous les peuples ont le droit d’accéder à la mer, ils bénéficient tous de la protection de mon Seigneur. Quoi de plus logique qu’il en soit de même au royaume des morts ? »

Le jeune prêtre s’interrompit un instant tandis que son regard se posait sur un autre objet, un genre de collier très ornementé. Reyan n’avait rien vu de pareil, gravitant dans une sphère religieuse à des années lumières du chamanisme, et il trouva cela fort joli.

« Vous vendez des objets pour le moins inhabituels, je dois dire. Mais j’apprécie, certains sont très beaux ! » ajouta-t-il, de peur de vexer son interlocuteur.

Cela dit, le fils d’Amazone tenta d’imaginer sa mère portant un attirail de ce genre, et il fallait bien avouer que l’image n’avait rien d’attrayante : ce collier devait-il réellement être porté ? Trop de trop tue le trop, c’était aussi valable pour d’autres bibelots dont Reyan ne parvenait même pas à déterminer la nature. Chaque article se révélait aussi mystérieux que son vendeur.

« Je ne peux pas vous blâmer de réduire ainsi le rôle du Seigneur des Mers. Après tout, je viens moi-même de me méprendre, faute de connaître parfaitement le culte du Dieu que vous servez. Il m’a fallu prêcher Sa parole pendant des années pour comprendre certaines subtilités, et il en est certainement d’autres qui m’échappent encore aujourd’hui. »

Reyan tourna la tête vers un autre étal. Quel dommage qu’il n’ait pas pris sa bourse, il aurait volontiers profité de sa mission divine pour faire quelques emplettes ! Danaë aurait été contente de recevoir un petit souvenir venu tout droit de la cité de ses ancêtres. Quoique, maintenant que le jeune homme y pensait, la boutique était une tente, et ce sûrement dans le but de pouvoir la déplacer plus facilement. Rien ne disait que ces ustensiles, bijoux et autres babioles étaient de facture elfique, d’autant moins que celui qui tenait le magasin était tout ce qu’il y avait de plus cydien.

« Abyss, reprit-il en jetant un œil à des anneaux bardés de plumes, est certes le responsable des événements que vous avez évoqués. Mais l’océan renferme bien d’autres trésors, et d’autres secrets. Qui sait aujourd’hui ce que contiennent les légendaires abysses, ces fonds encore jamais touchés par une main humaine ? La surface est certes baignée par la lumière du soleil, mais qu’en est-il lorsque ses rayons ne parviennent plus à percer les ténèbres ? C’est aussi tout cela la mer, une dualité entre lumière et obscurité, la gardienne des secrets des temps anciens et de la mémoire du monde. C’est un univers aux règles différentes, où tous les objets plongent vers le haut. Est-ce si différent d’une âme ? C’est tout cela qu’Abyss représente, pourquoi serait-Il moins légitime qu’un autre à prétendre au trône de ce nouveau royaume ? »

C’était cela qui avait tant poussé Reyan à dédier sa vie entière au service de ce Dieu. Très jeune, il était déjà fasciné par la puissance de la mer, qu’il décrivait comme un deuxième ciel, mais en plus humide. Plus il en apprenait sur Abyss, et plus il se rendait compte que l’océan était plus que ça, ce n’était pas qu’un simple bain où barbotaient tranquillement quelques bestioles. Très vite, il put faire des jonctions avec le lien naturel qui le rattachait aux mots. Il avait découvert la puissance supérieure de certains textes religieux, qui avaient inspiré tant d’hommes et de femmes. Tout de suite, le discours de Reyan se fit plus passionné.

« C’est aussi le monde du silence, cette paix qui est si chère à mon Seigneur. Pourquoi cette dichotomie entre paix et bonheur ? Tant de gens aspirent à l’élévation de leur âme et à apaiser leur conscience. Je les vois chaque jour venir au temple, réclamer le pardon ou cherchant une simple oreille pour décharger leur esprit. Ces deux concepts sont très loin d’être incompatibles ! »

Le Cydien remit en place un objet qu’il s’était permis de prendre entre les doigts de sa main libre pour se tourner à nouveau vers l’étrange vendeur, dont les yeux ne cessaient de le captiver.

« Je pense que c’est tout cela que nous gagnerons. Cela répond-il à votre question ? Il ne s’agit pas de donner des leçons à qui que ce soit, je suis navré si mes propos ont pu vous donner cette impression. Mais, par pitié, n’en accusez pas Abyss ! Je respecte vos croyances comme vous respectez les miennes et qu'Abyss respecte celles de tous. Mais… »

Peut-être était-ce l’occasion d’en apprendre plus sur cette étrange divinité ? Après tout, en vingt-deux ans de vie, c’était bien la première fois que Reyan se trouvait face à un adorateur de Shéogarath. L’occasion était rêvée, et le jeune prêtre détiendrait un savoir unique !

« Vous me semblez sympathique et ouvert à la discussion. Dites-moi donc : pourquoi un tel éloge de la folie ? N’est-elle pas la décadence de l’esprit ? Et justement, pourquoi Shéogarath voudrait-il régner sur le monde des morts, puisqu’il est aussi le royaume des esprits ? N’oublions pas qu’Azael appartenait au panthéon des Cydiens, tout comme mon Seigneur actuellement. Aussi, prendre Sa place reviendrait à y faire une entrée, ce qui reviendrait aussi à… »

Reyan hésitait à jouer cette carte, d’une part parce qu’il ne savait pas comment le champion de Shéogarath allait réagir, d’autre part parce que, une fois le nom prononcé, il aurait mis en avant toutes ses connaissances sur le Dieu Fou. Le jeune prêtre tapota machinalement sur la reliure de son recueil, l’air gêné, avant de finalement ajouter :

« …eh bien…ce qui reviendrait à côtoyer Zéphyr… »

Voilà qui était dit… Tentant d’anticiper une quelconque réaction vive, Reyan s’empressa de reprendre la parole :

« Vous voyez qu’il y a peut-être plus à perdre qu’à gagner pour votre Dieu. Ne serait-il pas plus raisonnable d’abandonner, tout simplement ? »
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Julian HM
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Re: [F-E] Pour vous servir ... (Intrigue, combat Julian - Reyan)
   [F-E] Pour vous servir ... (Intrigue, combat Julian - Reyan) EmptyMer 27 Juin - 16:29

Shéogorath Côtoyant Zephyr? Julian ne put se retenir d'imaginer le Vieux Fou et le Grand Musclé se tirer les cheveux pour toutes les raisons du Monde. A cette pensée, il eut un petit rire dont il garda le sourire pour répondre à la proposition de capitulation formulée par le jeune homme.

« Ecoute. Je pense que nous sommes tous deux d'accord pour dire que les Dieux sont incompréhensibles. Leurs volontés, leurs personnalités et leurs ambitions sont parfois illogiques, et on en vient souvent à se demander pourquoi telle ou telle divinité en vient à commettre de tels actes, impliquant de telles conséquences. »

Implicitement, il faisait référence à l'évènement, ou plutôt à la suite d'évènements, qui les avaient menés à se rencontrer, lui et Reyan. Cette histoire de Dieu éperdu d'amour qui met en péril le Royaume entier et menace de détruire des villes avait fait le bonheur des musiciens, poètes et autres saltimbanques, aussi bien que le malheur de ceux qui avaient perdu la vie dans cette histoire. Ainsi, il espérait que le jeune homme fasse l'analogie avec ce qu'il disait.

« Alors, on est en droit de se dire que les raisons pour lesquelles Shéogorath voudrait côtoyer le même panthéon que Zephyr sont forcément inconnues. D'ailleurs, je pourrais même me demander si l'unique but de cette question n'est pas d'attendre une réponse, mais plutôt de vouloir m'empêcher de répondre logiquement en me mettant au pied du mur. Hmm? » fit-il semblant de s'interroger en regardant le jeune homme.

« Cependant, je vais mettre de côté cette hypothèse pour une raison simple: Shéogorath, assez paradoxalement, est sûrement le Dieu dont les desseins sont le moins mystérieux. S'il souhaite atteindre ce panthéon, c'est bien simple, c'est pour pouvoir se mesurer en face-à-face à Zephyr. Mais pas sous forme de guerre religieuse: si Shéogorath entre dans ce panthéon, ce sera déjà une humiliation pour Zephyr. »

En disant cela, Julian avait parfaitement conscience du caractère mégalomaniaque du désir de son Seigneur. Cependant, il n'avait absolument aucune crainte quant à l'utilisation que ce dernier ferait du pouvoir immense qui serait mis entre ses mains.

« Mais regarde-toi: tu me parles de paix, et de recueil de l'âme. Et ceux qui n'en veulent pas? Ceux qui veulent mourir comme ils ont toujours vécu, différemment des règles pré-établies? Ceux qui veulent que leur mort ne soit qu'un flux constant d'énergie? Ceux qui ne cherchent pas le repos, mais l'orgasme psychique? Qui ne veulent pas être libéré du poids de la vie, mais ressentir les joies de cette dernière jusqu'au bout? C'est bien beau de chercher le recueillement après la mort, mais c'est criminel de l'imposer à tous, non? »

Tout en disant cela, le Chaman avait laissé monter une envolée à laquelle il laissa donc un instant de silence pour retomber. Il en profita pour ramasser une babiole qui traînait, un gros cube de bois recouvert par des inscriptions de diverses formes et tailles qui ne semblaient reliées en elles par aucune réelle logique.

« Cela nous ramène un peu à la réponse que je pourrais donner sur la Nature de Shéogorath. Le Dieu Fou est le seul, à part Azael, bien entendu, à être légitime au trône du Royaume des Esprits, car lui seul est capable de comprendre toute âme et tout sentiment sans la juger ni la modifier. Comment t'expliquer cela plus précisément? Hmm... Zephyr voudrait des Hommes plus courageux, Abyss des moines plus sages et moins émotifs, Niobé désirerait des personnes plus riches et Callista des êtres plus aimants. Chaque Dieu de chaque Panthéon ne cherche que des élites, des parangons, à même de plaire à la fois à leurs egos divins et à l'image qu'il se font de l'homme. Mais ce qui chamboule tout, c'est la présence du Dieu Fou: Shéogorath ne s’embarrasse pas des considérations que se permettent d'avoir les Dieux sur leurs Fidèles. Il aime les idiots, les attardés, les maigrelets, les malades, et ne juge personne sur aucun critère. »

Le Ritualiste laissa encore un instant passer, pour laisser à son interlocuteur le temps de bien comprendre ce qu'il disait. En effet, Julian avait la sale habitude de parler beaucoup trop et de souvent s'emmêler les pinceaux dans ses discours, si bien qu'il était assez difficile de toujours faire le lien entre ce qu'il disait et ce qu'était le sujet principal. Il finit par poser le cube et termina ce qu'il espérait être une démonstration cohérente par:

« La Folie, ça n'est pas juste ce qu'on peut en voir de l'extérieur: c'est la libération d'un Esprit mortel de toutes contraintes et de toute chaîne mentales. La Folie de l'Artiste qui peint le monde tel qu'il le voit, avec ses propres couleurs, son style de peinture, ou bien ce musicien qui chante la Vie autrement que par la vision d'un Dieu quelconque, mais pas sa propre vision d'homme. C'est déjà de la Folie Douce. Il faut pour gouverner le monde bigarré des Esprits un Dieu qui ne jugera aucun de ces derniers et respectera le choix de chacun de mourir et d'occuper le monde des Esprits comme il le souhaite. »
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Reyan
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Re: [F-E] Pour vous servir ... (Intrigue, combat Julian - Reyan)
   [F-E] Pour vous servir ... (Intrigue, combat Julian - Reyan) EmptyMar 3 Juil - 10:30

Mes sourcils soudainement froncés étaient un bon indice de mon incompréhension. Convaincre Reyan ? Mais en quoi cela était-il nécessaire ? Comme venait de le dire très justement Abyss, cette tâche, si elle devait effectivement être accomplie, serait ardue. Mais malgré une réflexion de quelques secondes que je m’autorisai, je ne compris pas où voulait en venir le Seigneur des Mers.

« Pardonnez-moi, sauf Votre divin respect, mon Seigneur, mais j’ai peur de ne pas saisir. Quel besoin de le convaincre ? Vous venez de me nommer champion, non ? Cela n’est-il pas suffisant pour le nommer lui aussi ?

– Il faut que Reyan s’acquitte de la tâche de parcourir Azthia, en quête des champions de mes adversaires.

– Mais pourquoi ne le ferait-il pas ? Sans vouloir vous contredire, ajoutai-je précipitamment.

– Parce qu’il a peur.

– Je n’ai pas peur !! »

J’avais parlé brusquement, mes mots venant de dépasser ma pensée. Je réalisai, à présent que le mal était fait, à quel point il était malvenu de se comporter d’une telle façon sous le regard d’un Tout Puissant, en particulier du Seigneur des Mers qui avait toute mon adoration et mon respect. Pourtant, je savais que l’étrange amertume que je ressentais au fond de moi n’était pas le fruit du hasard : Abyss doutait de moi. Je ne pus m’empêcher de rétorquer sèchement :

« Qu’importe ses craintes, je ne les connais que trop bien. Faire souffrir, causer à nouveau la mort… Moi je n’ai pas peur de Vous servir, mon Seigneur ! Ma foi envers Vous n’a pas de limites, je ne vois que vérité dans Vos saints préceptes, je sais que certaines causes valent la peine que l’on se batte pour elles. Et si je suis déterminé, alors Reyan aussi le sera ! »

*****

La détermination de Reyan ne faiblissait pas, mais il sentait que la tâche serait plus difficile que prévue. N’étant pas orgueilleux de nature, bien au contraire, il ne se serait pas effondré s’il s’avérait que ses talents d’orateur ne suffisaient pas à faire abandonner le champion de Shéogarath. Il gardait toutefois intacte sa volonté de rester le plus longtemps possible sur le terrain diplomatique, même s’il faudrait peut-être le quitter.

« Vous vous trompez, je ne suis pas d’accord. Mais poursuivez, je vous en prie. »

Etait-ce une simple impression, ou y avait-il un semblant de tension naissant dans l’air, malgré le mystérieux sourire qu’affichait l’adversaire du fils d’Amazone ? Difficile à dire… Reyan resta le plus attentif possible, cherchant des arguments à retourner, des failles dans le discours du champion. Celui-ci non plus ne se démontait pas, il lança même au jeune prêtre une petite pique révélant qu’il avait compris ses intentions cachées ! Sans parler de mettre qui que ce soit au pied du mur, Reyan cherchait effectivement, après avoir expliqué en quoi Abyss ne représentait aucun danger, à montrer qu’il ne serait peut-être pas si avantageux que cela pour Shéogarath de conquérir le royaume des esprits.

« Vous êtes futé » dit-il, un sourire en coin.

En réalité, il était satisfait de cette réaction : au lieu de répondre à ses arguments, l’élu du Dieu fou critiquait sa façon d’argumenter. C’était signe que Reyan l’avait probablement repoussé dans ses derniers retranchements.

Tout comme l’écrivain quelques instants auparavant, le vendeur commença à s’animer un peu plus, intensifiant ses explications jusqu’à une acmé à laquelle il fit volontairement succéder un silence très rhétorique. Ayant à cœur d’écouter jusqu’au bout son interlocuteur, Reyan ne pipa mot, sans baisser le regard, mais il devait bien admettre qu’il avait bon nombre de choses à contester. C’est également pendant ce silence que le champion du Seigneur des mers comprit que rien ne pourrait faire changer d’avis le géant aux yeux bleus. Trop empêtré dans ses certitudes, il semblait beaucoup moins ouvert à la discussion que ce que Reyan avait affirmé juste avant. L’idée qu’il puisse être dans l’erreur ne lui effleurait même pas l’esprit ! Pouvait-on faire la même critique au jeune prêtre d’Abyss ? Peut-être. Mais il savait chacun de ses actes guidés par la volonté divine, et malgré les explications quelque peu alambiquées du champion de Shéogarath, Reyan n’en gardait pas moins la conviction de servir une juste cause. Celle de son adversaire, elle, ne pouvait être qualifiée de la sorte. Tandis que son regard se perdait sur l’étrange cube qu’avait sorti l’émissaire du Dieu fou, le fils d’Amazone prit la résolution de lancer l’assaut final. Il lui faudrait pour cela faire preuve de fermeté, ce qui le peinait quelque peu car il avait tout de même pris plaisir à discuter avec cet étrange bonhomme aux iris presque blancs, mais la raison de sa présence était trop importante pour qu’il puisse se permettre de laisser parler ses sentiments. La silhouette encapuchonnée qui venait lui rendre visite dans ses rêves lui aurait dit : il fallait cette fois faire taire le poète au profit du prêtre.

Même s’il cherchait silencieusement de quelle façon conclure cette joute verbale, Reyan n’en restait pas moins attentif à ce que disait l’élu du Dieu fou. Et il fallait reconnaître que son explication était on ne peut plus intéressante, quoique choquante.

Extrêmement choquante.

[Musique : Final Fantasy X OST - Time of Judgement]

Tellement choquante que le Cydien fit un pas en arrière, sans être capable de prononcer un mot, le regard troublé. Ainsi c’était ces promesses que chacun serait accepté par Shéogarath comme il était qui attiraient des fidèles. Ça pouvait se comprendre. Mais évidemment, les enseignements d’Abyss allaient à l’encontre de bien des choses dans ce dogme particulier.

« Vous en savez beaucoup pour un simple vendeur » dit Reyan, quelque peu suspicieux, lorsque son interlocuteur eut terminé.

Qui était réellement cet homme ? Un genre de gourou, un prêtre masqué ? Ou tout simplement un érudit spécialisé en théologie ? Si Shéogarath l’avait choisi comme champion, ce n’était certainement pas pour rien. Le fils d’Amazone ferma les yeux et prit une inspiration profonde avant de reprendre :

« Je suis bien placé pour vous dire qu’il n’y a rien de fou dans l’acte de création. Mais là n’est pas la question : vous avez beaucoup parlé, je vais tenter de ne rien oublier. »

Le prêtre rassembla une dernière fois ses idées, puis, les sourcils légèrement froncés, commença :

« Je vais vous dire pourquoi je ne suis pas d’accord avec ce que vous avez dit : vous commettez une faute grave. Très grave. Je ne pense pas que les Dieux soient incompréhensibles, je pense que nous n’avons pas à les comprendre, tout simplement. »

Rejetant en arrière une mèche de cheveux qui lui cachait un œil, Reyan releva la tête, et planta un regard sévère dans ces yeux bleus d’une clarté surnaturelle.

« Vous inversez les rôles, champion de Shéogarath. Vous affirmez sans savoir sur les divinités cydiennes, et vous osez les accuser ! Ce n’est pas aux hommes de porter des jugements sur le monde. Vous parliez de vision d’homme : tel est notre seul droit. Nous pouvons dire ce qu’il nous semble, seuls les Dieux peuvent dire ce qui est. Et vous…et vous, non content de vous approprier un droit qui n’est pas vôtre, vous rendez votre verdict sur les Dieux ! C’est un pêché impardonnable, vous m’entendez ?! »

Le fils d’Amazone tremblait légèrement, ce qui n’était pas dans ses habitudes. Mais le prêtre qu’il était se voyait extrêmement choqué par un tel acte. Ainsi le serviteur du Dieu fou se plaçait au-dessus des autres Dieux ? Cette pensée allait même au-delà de ce que pouvait concevoir Reyan, lui qui avait grandi non pas dans la crainte, mais le respect des Immortels. Il reprit une certaine contenance, maîtrisant les légers trémolos dans sa voix pour retrouver un ton appuyé.

« C’est le devoir des Dieux de nous guider, champion. Vous ne m’avez pas écouté lorsque j’ai dit que le Seigneur des Mers nous accepte tous dans Son royaume, quels que soient nos croyances, race ou caractère. Et je suis à peu près persuadé qu’il en est de même pour les autres Dieux de mon panthéon. Ce n’est pas pour cela qu’Il ne nous donne pas, à nous, Ses serviteurs, une ligne de conduite à suivre, c’est pour nous rendre meilleurs que ces directives existent ! Les habitants de notre monde ont besoin des Dieux pour tracer leur route, pour leur montrer un chemin à suivre. Il n’est pas question d’un jugement quelconque, et vous ne semblez pas voir à quel point cette liberté que prétend vous laisser Shéogarath est une contrainte. »

On en remontait donc aux fondements-mêmes de la prêtrise, se dit Reyan. C’était bien son rôle : en semant la parole divine, il devait redonner l’espoir à un peuple meurtri, guider sur un droit chemin, et non sur le droit chemin, des brebis égarées qui trouvaient, dans les valeurs promulguées par Abyss, une voie à suivre.

« Quel terme aviez-vous employé ? Criminel, c’est cela ? Ce ne serait pas moins criminel que de vouloir imposer la décadence à l’âme des défunts, c’est une critique irrecevable. Nous nous battons pour ce que l’on pense juste, mais vous ne vous rendez pas compte à quel point votre vision des choses est erronée. Et ce pour une raison bien simple : la mort n’est et ne sera jamais une deuxième vie. Jamais. »

Si l’on promettait à l’âme des défunts des sensations similaires à celles de la vie, alors que devenait la mort ? Le royaume des esprits allait-il devenir une deuxième terre d’Azthia ? Mais celle-là avec un unique Dieu pour régner ? Difficile, même pour un prêtre d’Abyss, d’imaginer une allégeance envers une seule divinité. Après tout, les valeurs de Zéphyr, Callista et Niobé étaient assez complémentaires de celles du Seigneur des Mers, même si Reyan avait fait son choix quant à sa préférence.

« Azael s’est laissé dévoré par la passion, et c’est cela qui lui a fait perdre son trône, et qui a causé les malheurs que l’on connaît. Les sentiments d’un Dieu ont toujours des répercussions bien plus terribles que ceux d’un mortel, et c’est pourquoi ils ont le devoir de ne pas y succomber. Je vois que le Dieu que vous servez s’apprête à tomber dans le même travers. Régner sur un monde par désir de vengeance ? Pour satisfaire une vendetta personnelle ? J’ai connu une femme qui pour les mêmes raisons a ôté je ne sais combien de vies en Azthia, imaginez les conséquences d’une telle conduite chez un Immortel ! »

Illmarë avait heureusement choisit de changer, et si Reyan ne l’avait jamais revue, il souhaitait de tout cœur qu’elle ait continué à suivre la voie de la rédemption qu’elle cherchait.

« Je n’ai pas besoin de connaître les intentions de mon Seigneur : j’ai foi en Lui. Et vous n’entendez pas quand je vous dis que la paix n’est pas synonyme de souffrance. La folie de Shéogarath ne va-t-elle pas le pousser à lever à son tour une armée pour défaire le chef de mon panthéon ? Nous avons déjà trop souffert des erreurs d’Azael, il n’est pas question que le royaume des morts s’invite une nouvelle fois dans notre monde. Un esprit libéré de toute contrainte n’est pas un esprit libre, c’est un esprit perdu, car la décadence conduit au chaos. Personne ne mérite cela, ni les morts, ni les vivants. »

Et une nouvelle fois, Reyan lança l’appel de son Dieu, moins suppliant, plus sec, presque menaçant.

« Alors je vous le demande une dernière fois : renoncez à ce que Shéogarath accède au trône du royaume des esprits. »

Mais cette fois, le jeune prêtre accompagna son injonction d’un autre phénomène plus discret : tandis qu’il continuait de regarder le champion adverse dans les yeux, Reyan tenta de manipuler son langage. Puisque les mots formaient aussi l’esprit d’une personne, nul doute que ceux de l’élu d’un Dieu fou devaient être sacrément en pagaille. Mais qu’importait l’ordre ou le désordre, l’essentiel était d’inverser le tout. Avec toute la subtilité que nécessitait sa magie, Reyan tenta de semer un trouble dans la relation qu’entretenait le langage du vendeur avec sa pensée. Si tout fonctionnait comme prévu, celui-ci devrait dire exactement le contraire de ce qu’il pensait, le Cydien anticipant déjà une réponse négative. Qu’importait l’intention, tant que les mots fatidiques étaient prononcés distinctement et à voix haute… Au commencement était le Verbe, disaient certains. Peut-être qu’aujourd’hui, celui-ci causerait la perte de Shéogarath.
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Julian HM
Julian HM
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Re: [F-E] Pour vous servir ... (Intrigue, combat Julian - Reyan)
   [F-E] Pour vous servir ... (Intrigue, combat Julian - Reyan) EmptySam 7 Juil - 10:18

Le discours enflammé du jeune homme acheva de persuader Julian du bien-fondé de ses convictions : voilà qu'il était devant l'exemple vivant de ces gens qui remettaient l'entièreté de leur vie dans les mains d'un Immortel uniquement parce que ce dernier vivait dans une autre dimension. A se demander si ce n'était pas que la peur qui les poussaient à agir ainsi. Le Dieu Fou avait pour précepte de ne se laisser imposer aucune règle qui ne le satisferait pas. Il ne disait pas de toutes les transgresser, comme le sous-entendait le prophète improvisé qui faisait face au Champion des Fous.

Ce dernier se démenait comme un Diable et usait des mots avec un talent qu'on ne pouvait nier pour mettre sans dessus dessous les croyances de Julian. Mais il est dur de déstabiliser l'esprit de quelqu'un qui l'avait déjà jeté dans le vide. Une fois que l'on se brûle en jouant au jeu dangereux de la transgression des règles, en allant jusqu'à contrarier les commandements divins, il est difficile de garder toute sa raison, mais si l'on y arrive, c'est avec une force et une volonté renforcées que l'on se décide à les contredire. Ainsi, Julian ne voyait que trop bien les failles qui tâchaient le discours de son adversaire.

Une seconde vie ? Bien sûr que non, mais le mort a le droit aux bonheurs qu'il n'a pu connaître de son vivant. Sinon, à quoi bon mourir ? A quoi bon vivre ? Ou alors, il faudrait pour cela vivre sans aucune règle que celle de pouvoir profiter avant de s'évaporer dans le néant ? Créer le Chaos en voulant l'éviter, en somme ?

Avoir foi en un Seigneur divin sans même connaître les intentions de ce dernier ? Jamais ! Jamais un être, aussi mystérieux et puissant soit-il n'a le droit d'imposer ses règles à d'autres êtres. Cette décadence, que tous craignent, n'est pas l'imposition d'une règle à l'esprit, mais la destruction de toutes celles qui ne sont pas légitimes. C'est folie que de remettre sa vie, ses pensées, ses croyances et son comportement dans les mains d'un quelconque esprit par crainte de sa puissance. Tiens ? Folie ? C'est drôle de voir quand on y pense où se trouve la vraie folie : dans le fait de se sentir inutile et misérable à la demande des Immortels ou dans celui de se rappeler que tout homme est fait comme il est et a le droit au bonheur, quel que soit la manière dont il le cherche ?

Le sourire de Julian cachait toutes ces réflexions, et tandis qu'il gardait l'oreille attentive au discours du Champion du Dieu Baleine, il critiquait mentalement chacune des phrases de ce dernier. Il voyait bien où menait l'aveuglement auprès d'un Dieu, et prenait un certain plaisir malsain à voir que l'autre occupant de la tente s'embourbait à ne parler que des préceptes des Dieux, de leur grandeur et du Respect qui leur est dû.

Mais, alors que la longue tirade du jeune homme touchait à sa fin, Julian entendit résonner au fond de son crâne une petite voix, qui psalmodiait dans un langage incompréhensible un charabia sans but. Alors qu'il gardait sans broncher jusque-là un sourire affiché et le contact visuel avec le Cydien qui se trouvait en face de lui, il fronça les sourcils, baissa les yeux et plaça deux doigts sur sa tempe, comme on le ferait dans le cas d'un mal de tête.

Il prenait vaguement conscience du petit son qui avait fait sa place dans sa cervelle, et qui s'amplifiait de seconde en seconde. La musique, ou plutôt le bruit qui émanait de nulle part et de partout à la fois le dérangeait au plus haut point, d'autant plus qu'il n'était plus sensé entendre de voix depuis des années. Soudain, la source de ce bruit lui parût évidente : il n'y avait qu'une personne présente susceptible d'attirer son attention et il semblait qu'elle était aussi capable de faire vibrer son âme assez fort pour se faire entendre d'un sourd.


« Qu'est-ce que tu m'as fait ? , demanda-t-il, le regard bloqué dans le vide. Pourquoi est-ce que je n'entends pas ce qu'il y a dans ta tête ? »

Julian resta figé un instant en entendant ce qu'il venait de dire... Il n'avait pas bégayé, et pourtant, voilà que l'énoncé de sa question était complètement erroné :

« Attends, c'est ce que j'ai voulu dire : pourquoi n'y a-t-il aucune émotion qui sort de ta tête ? »

C'était de toutes évidences dénué de tout hasard. Julian avait à deux reprises dit la même bêtise. Cela ne le surprendrait nullement de ne rien entendre, mais ce qui devenait étrange, c'est qu'alors même que ses pouvoirs ne se manifestaient plus depuis des années, il se mettait à ressentir ce que l'autre en face pensait. Mais plus incompréhensible encore, ses phrases ne tournaient plus rond du tout, et étaient à l'inverse même de la réalité.

Et cette sensation de devoir accompli ? Elle n'était pas à lui : cet sentiment ne lui appartenait pas. Alors pourquoi est-ce qu'il le sentait ? Les pensées de Julian s'entrechoquaient entre elles, l'une lui venant à l'esprit, puis laissant la place aux autres, dans un mélange incohérent dénué de réflexion. A tel point que sur son visage, on pouvait lire un début de panique.

Au milieu de cette débandade d'idées et de concepts, une explication logique prit forme. Il venait d'être victime de magie. Cela semblait logique, si on prenait un certain schéma : peut-être que les sortilèges qui lui avaient été lancés avaient réveillé ses capacités personnelles, comme celle de l'empathie ? Et bien entendu, le lanceur du sortilège ne pouvait être qu'une personne, la seule qui avait un quelconque intérêt à y trouver. Julian releva le regard, un air d'incompréhension sur les traits du visage. Comme si le jeune homme qui jusque-là lui était presque sympathique venait de se révéler être un être immonde d'égocentrisme.

Le Chaman se redressa en titubant un peu, plus sous l'effet de son propre pouvoir qu'il ne contrôlait plus vraiment que d'une réelle faiblesse. Il planta ses yeux dans ceux de Reyan, qui pourtant ne semblaient pas cacher une personnalité capable de faire preuve d'autant de bassesse, et décida alors d'user de ses propres cartes, puisqu'il semblait capable à nouveau de faire usage de ses pouvoirs. Par la voie de l'Esprit, il fit résonner avec force sa voix dans la tête du jeune homme, en espérant au moins le surprendre :


« Alors c'est ça, l'Honneur d'un Champion Divin ? »

Bon, au moins, pensa-t-il, il pouvait poser des questions rhétoriques. Il n'arrivait cependant pas à déterminer s'il était plus heureux d'en être capable ou déçu d'avoir à en arriver là. Il siffla presque la phrase suivante, avec un mélange de condescendance et de rancœur agressive :

« S'abaisser à déformer les paroles des gens... J'ai vu des commères faire ça mieux que toi. »

Son intuition semblait être la bonne : il avait le plein contrôle sur ses paroles mentales, et à priori sur sa pensée aussi. Cependant, maintenant qu'on avait essayé de le poignarder dans le dos, il ne se sentait plus l'humeur à la discussion sympathique et décomplexée.

« Ecoute-moi bien, avorton, parce que tu vas devoir l'intégrer : jamais un Dieu qui envoie des champions à l'honneur fangeux comme le tien ne recevra ni ma reddition, ni mon respect ! Souffre d'entendre que ni tes refrains moralisateurs ni tes sermons sur le respect que l'on devrait à des soi-disant entités divines ne me feront m'agenouiller devant des êtres qui admonestent et blâment sans arrêt. »

En disant cela, il s'était avancé vers la cible de ce discours et, sûrement par la volonté d'un inconscient un peu fier, le toisait du regard grâce à vingt bons centimètres de supériorité physique. Il profita d'un très court silence pour en revenir à ce qu'avait dit précédemment son adversaire, en commençant à tourner autour de ce dernier, pour palier au fait qu'il ne pouvait l'influencer grâce à des mouvements des mains pour illustrer se propos sans paraître ridicule, étant donné que son visage restait impassible alors qu'il parlait.

« Tu me parles de la liberté ultime comme d'une contrainte, mais la Folie meurtrière est un prix à payer quand des esprits trop faibles et trop piégés dans les schémas destructeurs de tes Dieux approchent inconsciemment du gouffre de la Folie. C'est pour cela que nous sommes là, prophètes de la Folie, à prêcher la libération des pensées, pour éviter à ces personnes écrasées par les normes du monde que vous avez créé, alors qu'elles n'y sont pas adaptées, de sombrer dans la face la plus sombre des psychoses. »

Julian sourit un instant ; la situation prêtait tout de même à rire. Vue de l'extérieur, ils n'étaient que deux personnes dans une tente, dont l'une semblait déployer son énergie dans une sorte de danse nuptiale en tournant autour de son partenaire. Aussi Julian avait-il fermé la toile de la tente pour s'assurer de ne pas être observé de l'extérieur. Il arrêta de bouger à la fin de son petit monologue et prit de nouveau place devant son adversaire, les yeux refusant de lâcher ceux qui leur faisaient face, et les bras croisés, comme pour signifier qu'il campait sur ses positions.

« Maintenant, je vais te dire une chose: renonce à ce qu'Abyss accède au trône des esprits. Tu l'as assez déshonoré comme cela. »
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