[DA] Un avant goût de liberté (terminé)

Il était des choses qui échappaient au commun des mortels, que les dieux eux-mêmes ignoraient dans leur grande mansuétude car il était des choses que seul le Destin pouvait accorder. Ce fil invisible qui reliait l'être humain à sa mort, ce courant qui emportait les uns vers la gloire et les autres vers l'oubli offrait parfois bien des surprises. Nul ne parvenait à le maîtriser mais tous espéraient le faire un jour. Aerin n'avait jamais fait partie de ceux-là, non par originalité, mais parce que sa mère lui avait toujours dit qu'on ne pouvait pas maîtriser le destin à moins d'y laisser la vie. Ce que Dame nature nous réservait ne pouvait être changé se plaisait à dire Celyween quand l'enfant lui posait des questions et échafaudait des plans sur la comète quand à son avenir. « Tu seras ce que tu dois être mon chéri, et quoi qu'il arrive, je serais fière de toi » ajoutait-elle toujours de sa voix chantante en déposant un baiser sur la joue du bambin. Aurait-elle été fière de lui aujourd'hui encore ? Le petit métisse l'ignorait mais il savait que dans tous les cas, elle l'aurait aimé, comme au premier jour.

Toute son enfance, la Crépusculaire n'avait eu de cesse de considérer son fils comme la plus précieuse chose que ce bas monde ai pu lui offrir. Elle l'avait choyé et protéger à sa façon et lui avait inculqué du mieux qu'elle l'avait pu les bonnes manières. Du peu de temps qu'elle avait eu l'occasion de passer à ses côtés, l'Elfe avait toujours essayé de lui apprendre les choses nécessaires à sa survie et de lui enseigner tout ce qui lui serait utile dans le monde. Ses conseils suffiraient-ils, l'avenir seul pourrait le dire … Quoi qu'il en soit, le jeune homme avait bien grandi depuis le départ précoce de la Crépusculaire et il avait retenu tous les précieux conseils qu'elle avait su lui donner. Il vivait désormais au Temple bien que la situation ne soit pas spécialement à son goût … Ses rêves le portaient toujours vers le Joyau et plus précisément, vers Thémis Clari, celle qui jusque là, avait veillé sur sa petite personne … Aujourd'hui, la jeune femme se sentait incapable de le protéger tant et si bien qu'elle l'avait confié à son père et que ce dernier, peu sur de lui en matière d'éducation, avait préféré confier son entraînement à son ancien élève, Evenor. Celyween avait-elle prévu ce que le destin lui destinait ? Aerin l'ignorait et quelque part, il ne préférait pas le savoir. Sa mère disait toujours que quoi qu'il advienne, on avait beau se débattre, jamais le destin ne plierait sous notre volonté. Force était de constater qu'elle avait raison.

Le soleil était bas à l'horizon et il ne tarderait pas à se coucher pour embrasser Dame sa lune. Une heure tout au plus sans doutes avant la tombée de la nuit, l'heure durant laquelle Aerin était libre de ses mouvements et durant lesquelles il profitait pleinement de sa liberté. Ses pensées voguaient toujours vers la petite Jelenna dans ces moments-là, comme si elle incarnait dans la tête de l'apprenti la liberté. Le jeune homme soupira et à ses côtés, Nyméria releva la tête. Les portes de la cité ne se fermeraient qu'à la tombée de la nuit aussi, il avait décidé de sortir avec sa louve et son faucon de sorte de leur permettre de chasser en paix. Si le Temple lui permettait de conserver près de lui ses deux précieux amis, le gamin profitait de ces sorties pour leur rendre leur liberté. La louve au pelage crème avait chassé un lapin qu'elle dévorait à pleine dents à ses côtés. L'Almer se souvenait encore de la première fois qu'elle lui avait ramené une proie et l'avait mangé devant lui … autant dire qu'il en avait été dégoûté mais aujourd'hui, cela ne le perturbait plus. Au contraire, il caressa la tête de l'animal pour la calmer et elle reprit son œuvre sans broncher.
Aerin parcourut la plaine des yeux sans s'arrêter sur un point particulier. Ici, dans les plaines entourant Tamawa, il se sentait particulièrement bien. Apaisé, il parvenait à oublier sa peine d'être séparé de ceux qu'il aimait. Certes il adorait son père et commençait à apprécier son maître mais pour autant, Thémis et ses enfants lui manquaient, Jelenna également, sans parler d'Eloween. Le gamin laissa voguer ses pensées jusqu'à ce qu'un cri de Namarië ne le fasse sursauter. Nyméria s'ébroua en râlant tandis que le métisse cherchait sa compagne d'infortune du regard. Le faucon voletait non loin du sol, frustré visiblement de ne pas obtenir ce qu'il voulait. Il poussa un cri furieux jusqu'à fondre sur ce qui devait être une proie. Visiblement, elle lui échappa car l'animal se dirigeait furieusement vers Aerin et sa louve. Au sol, un furet détalait également dans sa direction mais, à quelques mètres du fils des Templiers, le faucon vira de bord et fondit sur la proie, ne la loupant pas cette fois-ci. Tandis que l'animal à plumes, furieux, dévorait sa proie, la louve émit un jappement, comme si elle en voulait elle aussi. L'Elfe les regarda se chamailler et sourit en voyant Namarië avaler sa proie rapidement pour ne pas que la louve puisse la lui voler et, tandis qu'elle râlait, Nyméria, rassasiée, lui poussa de la patte le peu qu'il restait de son lapin. Le faucon ne se fit pas prier et engloutit les restes mais tandis que le gamin allait leur signaler l'heure du départ, il entendit de petits jappements qui ne manquèrent pas d'attirer l'attention des deux chasseresses. Avant qu'elles n'aient eu le temps de faire quoi que ce soit, le jeune homme se leva et se dirigea dans la direction. Après quelques pas, il tomba sur une boule de poils qui jappait péniblement, tremblante de froid en ce début d'automne. Le faucon émit un cri de colère au moment où Aerin, instinctivement, intervint :

« Nam', ça suffit » le ton était calme mais autoritaire si bien que l'animal se tut et ne bougea plus.

Le gamin s'approcha de la boule de poils. Elle était terrorisée, totalement affolée et jappait péniblement en appelant … le gamin fit la liaison en une seconde. Voilà pourquoi le furet ne s'était pas laissée faire, elle avait une progéniture à protéger ! Une onde de tristesse parcourut Aerin qui n'hésita pas à prendre la boule de poils dans ses mains. Cette dernière le mordit, se débattant fébrilement pour s'échapper mais l'enfant tint bon, sans brusquer la petite bête, il la caressa, supportant la nouvelle morsure qu'elle lui infligea. Fort heureusement, son jeune âge rendait les morsures peu douloureuses et peu profondes. Au bout de plusieurs minutes, l'animal se calma si bien que l'enfant se décida à rentrer. Il fit signe aux deux autres de le suivre.

Sur le chemin du retour, la petite boule de poils s'était endormie et s'était recroquevillée au creux de sa main droite, enfouissant son museau sous sa fourrure. Le gamin passa par les jardins du Temple et croisa la route de plusieurs élèves et maîtres. Son parcours fut stoppé à l'entrée d'une des portes secondaires vers les appartements des apprentis par une petite frimousse rousse qu'il connaissait plutôt bien. L'apprentie de Cersei était une Astorg plutôt jolie aux yeux de certains garçons même si Aerin ne partageait pas ce point de vue et elle ne cessait de lui parler lorsqu'ils se croisaient durant les entraînements. Elle lui demanda ce qu'il faisait là et l'enfant prit la décision de ne pas lui répondre, il n'avait pas envie de perdre son temps et il se sentait trop las pour entamer une discussion avec cette peste. Il la contourna tandis qu'elle pestait mais éviter religieusement de l'embêter du fait de la présence de Nyméria. Le faucon ne les avait pas suivi, préférant retourner sur son perchoir.
Le bureau de son père enfin en vue, l'enfant frappa timidement à la porte mais alors qu'il hésitait, son père l'invita à entrer. Jiven devinait toujours quand il arrivait, même quand il tentait de fermer au mieux son Esprit. Avec un sourire timide, Aerin entra et referma la porte derrière lui. Il n'eut pas besoin de montrer la petite chose qui hésitait à bouger entre ses doigts, son père lui demanda simplement en souriant « Encore ? ».

« Namarië a tué sa mère » répondit-il d'un ton qu'il voulait neutre.

Bien entendu, ce n'était pas sans rappeler sa propre histoire … Avait-il senti la détresse de la petite chose pour cela ? Il l'ignorait mais il était sur d'une chose, il devait la protéger. C'était de la faute de son faucon qu'elle était seule désormais … Jiven avisa le furet et soupira avant d'ajouter qu'il en prenne soin. Il ajouta que de toute façon, on ne pouvait pas aller contre le destin. Oui, on ne pouvait pas lutter contre le destin … Son père lui demanda comment il comptait l'appeler et Aerin n'hésita pas un seul instant.

« Maranwë » souffla-t-il dans un sourire.
« Destinée » compléta, pensif, son père, comme si lui aussi se souvenait de la phrase favorite de Celyween.

[désengagé]

» [DE] Monter un cheval donne un goût de liberté [Terminé]
» [FP]Rencontre avant la nuit [PV Faelin] (terminé)
» Une prêtresse au goût de l'aventure. [Loading. . .]
» [FP]Le gout du sang - Sombre Présage (QA Faelin, Elyncia, Zihark)(fini)
» [DA] Un peu de liberté (libre)(fini)

[DA] Un avant goût de liberté (terminé)

[DA] Un avant goût de liberté (terminé)

Sujets similaires

Sujets similaires