Le soleil disparaissait à l’horizon, dans les mers de l’ouest tandis que la lune faisait sa timide apparition dans un ciel teinté de mauve qui surplombait Jafa et ses habitants qui commençaient à sortir, profitant de la fraicheur du crépuscule après avoir subi la chaleur des sables brûlants que le vent ne se gênait pas d’amener déplaçant le désert que les hommes s’évertuaient à repousser loin de leur quotidien, seule chose qu’il restait de la civilisation Almer après le massacre de Ptot-Tàh, vestige de leur grandeur et de leur puissance d’en-temps devenu le symbole de la décadence d’un peuple qui se meurt.
L’homme marchait depuis un moment dans les ruelles. Il avait fait ce qu’il avait affaire dans les quelques magasins. Jafa n’était certes pas Ptot-Tàh, mais on sentait que le village se transformait un peu, s’urbanisant au fil du temps. Mais pas suffisamment pour faire oublier aux quelques réfugiés qu’ils avaient échappé à la mort, il y a bientôt cinq ans. Lui la mort, il la côtoyait comme une amante qu’on invitait dans son lit.
Il se dirigeait vers la sortie de la ville mais avant, il s’arrêta devant une bâtisse plutôt délabrée. L’appartement était sur deux étages et les fenêtres étaient barricadées, comme si on avait peur que la lumière du jour l’y pénètre… à moins que ce ne soit autre chose. Beaucoup auraient été pris de frisson en contemplant le lieu, mais notre homme y entra, comme si tout ceci était normal. Pour lui ça l’était en tout cas. Il referma la porte derrière lui, avançant jusqu’à l’escalier de pierre qu’il gravit. Plus il montait, et plus sa respiration devenait forte. Mais ce n’était pas la peur… c’était autre chose.
L’odeur âcre du sang et de la transpiration atteignait maintenant ses narines tandis que ses yeux s’habituaient à l’obscurité sacrée du lieu, entrant dans une pièce cachée par un unique rideau rongé par les cafards et les mites. Une femme était là, les poignets attachés à la tête de lit, un bâillon sur la bouche, surement pour étouffer ses cris. Mais pour l’instant, elle dormait. Les traces blanches sur son visage crasseux indiquait qu’elle avait pleuré, et ce surement avant de tomber de fatigue, car quand il vous arrivait ce genre de choses, vous ne trouviez pas le sommeil à moins d’être vraiment harassée.
L’homme s’approcha d’elle, et passa sa main sur sa joue. La jeune femme se réveilla en panique, essayant de s’éloigner de lui, avant de le regarder avec un regard apeuré. Elle avait peur de ce type, qui pourtant il parlait avec la plus extrême douceur :

- Je t’en prie, ne me regarde pas comme ça. Tu sais que c’est pour notre bien que je fais ça.

Elle tenta de lui dire quelque chose, mais le bâillon jouait son rôle sans trahison. Pourtant, sur son visage, on lisait aisément sa panique. Elle cherchait à s’éloigner de lui, se tordant dans une position guère confortable, mais elle ne pouvait faire mieux. L’homme pris une éponge dans le sac qu’il avait posé au pied du lit, puis il sortit une bassine qu’il remplit avec ce qu’il restait de sa gourde. Il irait en rechercher au puits après de tout manière.
Il trempa l’éponge dans l’eau, l’essora et commença à l’appliquer sur le visage de la jeune femme avec soin. Mais cet était loin d’être un acte de tendresse pour elle. Il était malsain et plus il s’efforçait à la nettoyer, plus elle se sentait sale. Elle se remit à pleurer :

- Oui, ça fait du bien quand on est propre. Je n’allais tout de même pas laisser ta peau si douce devenir âpre. Il passa ses doigts sur sa propre joue en ajoutant : il m’a aussi fallu prendre soin du miens. C’est pour ça que tu es là… c’est parce que j’ai dû te tuer pour arranger ça. Mais maintenant tu es de nouveau là.

Quand elle l’entendit dire qu’il l’avait tué, elle se mit à trembler, comprenant à quel point il était fou. Elle savait qu’elle n’était pas morte. Elle avait été assommée, puis elle s’était retrouvée ici, pour une raison qu’elle ignorait. Les premiers jours, il s’était contenté de l’observer, puis il avait commencé à lui caresser les cheveux et son visage. Elle avait détesté son contact. C’était pire que d’avaler les goûtes d’eau qui tombaient dans sa gorge après qu’il eut humidifié le bâillon, lui donnant ainsi à boire sans l’enlever. L’eau avait un goût de terre à cause du sable coincé dans le textile, mais si elle voulait survivre, elle n’avait pas le choix. Mais ce qui l’inquiétait, c’était la faim. Il ne lui avait encore rien donné à manger depuis qu’elle était arrivée et son estomac grondait.

- Tu as faim on dirait ? Il rit. Ne t’inquiète pas, je vais arranger ça. Mais pas tout de suite. Il faut d’abord que je t’emmène ailleurs pour notre sécurité. Les autres toi ont été méchantes tu sais. Elles ont crié et les gens se posent des questions en ville maintenant. Heureusement qu’il y avait la tempête sinon, ils auraient compris, et nous auraient empêché d’être ensemble… ils ne comprendraient pas que je veuille que tu sois en vie.

Elle non plus ne comprenait pas. Tout ce qu’il disait, elle n’en saisissait pas le sens. C’était comme lire un livre auxquels il manquait des pages qu’elle retrouverait éparpillées sur le sol. Elle le regardait donc, toujours avec inquiétude et quand il vit ses yeux se charger de larmes, il abandonna son ton doux, et en la giflant, il laissa exploser sa colère :

- Je t’ai dit de ne pas me regarder comme ça !!!

Un fou, voilà ce qu’il était et c’était la raison pour laquelle elle pleurait. Elle savait ce qui allait se produire, elle le sentait et c’était pour cette raison qu’elle était terrorisée, qu’elle aurait voulu pouvoir le repousser… mais elle était dans l’incapacité de le faire.

- Quel dommage… je vais devoir te tuer une nouvelle fois. Et je vais devoir te retrouver à nouveau, Myriam.

L’homme la prit par sa longue chevelure châtain coiffée en tresse, sortit un couteau et le lui enfonça entre dans le trapèze. Avec cette blessure, elle ne pourrait pas lui opposer de résistance quand il détacherait ses liens. Une fois que ce fut fait, il la traina à travers un couloir, s’approchant d’une autre pièce. Il y avait une odeur bizarre et elle essayait de se débattre et de crier… en vain.
L’homme ouvrit la porte et ce qu’elle vit lui glaça le sang. Huit cadavres jonchaient le sol à l’intérieur, nue, le corps couvert d’hématomes, une large entaille soit à l’aine, soit à la gorge ou encore sous les aisselles. Elle allait subir le même sort.
Une fois qu’il eut fini son travail, Tabris sortit de la salle en essuyant le sang qui avait giclé sur son visage et partit se changer. Il fallait qu’il s’éloigne quelques temps de Jafa, le temps qu’une nouvelle Myriam ne vienne.

***Une semaine et demi plus tard***

Elyncia avait fait le voyage jusqu’à Jafa au triple galop, emmitouflée dans un manteau de voyage léger, pour éviter les mauvais traitements du sable porté par le vent. Elle n’avait pas envie de faire trainer la chose, ses hommes ayant une avance de trois jours sur elle. Et puis ne pas avoir de nouvelles l’inquiétait, son instinct ne cessant de lui murmurer des rumeurs inquiétantes et sans doute avait-elle raison de se faire du mouron. Elle arriva de nuit et le Guet l’arrêta avant de lui demander de décliner son identité. Une fois que ce fut fait, les gardes la laissèrent continuer sa route jusqu’aux écuries, où elle laissa Laedy, épuisée.

- Je suis désolée ma belle. Promis, je ne t’embêterai plus comme ça pendant quelques temps. Repose-toi.

La lancière lui flatta l’encolure, comme elle avait l’habitude de le faire avant de la laisser aux soins des palefreniers qui s’en occuperait surement bien mieux. Elyncia n’avait jamais été très douée pour s’occuper des animaux, même si elle tâchait d’en prendre soin un minimum.
Laëdy entre de bonnes mains, il ne lui restait plus qu’à retrouver ses compagnons et cela n’allait sans doute pas être très compliqué. Jafa ne comptaient que peu d’auberge et toutes n’avait pas le même sens de l’hospitalité. Connaissant Rose et Léane, elles avaient dû prendre la plus luxueuse. Après tout, tant que le Sénat paye les frais, elles pouvaient se le permettre. Il ne lui fallut donc pas longtemps pour retrouver le petit groupe dans une auberge qui garantissait un accès à un perchoir. Zihark avait surement dû insister pour que Storm puisse s’y reposer.
La jeune femme les aperçut en entrant, au fond de la salle, assis à une table, tous les trois. La cydienne soupira de soulagement, voyant qu’ils étaient sains et saufs… et de bonne humeur apparemment, malgré les nouvelles qui étaient bien mauvaises. Tous à Jafa connaissaient ce tragique conte urbain qui s’était avéré ne pas être une chimère.
Elyncia, elle, ignorait encore l’avancée des recherches des Traqueurs, mais ils n’avaient pas chômé. Aucun d’eux ne reconnut la lancière quand elle s’approcha d’eux et il lui fallut enlever le foulard qui lui cachait le visage pour qu’enfin les exclamations de joie se fassent entendre de la part de Rose. L’officier posa sa main sur sa tête tandis qu’elle l’étreignait. Elle lui avait apparemment pardonné le coup de Zélote qu’elle lui avait fait avec Zihark, tout comme elle-même lui avait pardonné de ne pas avoir continué ce qu’elles auraient pu commencer sur l’Orage Sanglant. Elle adressa ensuite un sourire aux deux autres compagnons, attardant un peu plus son regard dans celui de Zihark. Elle se rendait compte qu’il lui avait manqué plus qu’elle ne l’aurait jamais envisagé avant.
Elle s’assit ensuite à leur table sans évoquer la raison pour laquelle elle les avait laissé partir devant. Aucun des membres de l’expédition ne connaissaient ce secret qu’elle gardait pour elle. Elle n’avait pas envie de passer pour une folle en leur révélant qu’il s’agissait de la volonté de Zéphyr et qu’il l’avait choisi pour combattre les champions des autres dieux.
En revanche, pour ne pas qu’ils lui demandent, elle leur demanda s’ils avaient vu Shou. Et Léane fit son rapport, lui racontant tout ce qu’ils avaient pu se dire…

******

Le désert… Léane n’aimait pas cet endroit. Tout sur leur chemin n’était que dunes de sable sur lequel les rayons d’un soleil brûlant s’échouaient pour rendre l’atmosphère étouffante et tromper les sens de l’ex-assassin qui semblait à chaque seconde sur le point de tomber de son cheval. Sans oublier les agaçantes questions de Rose : « On est bientôt arrivé ? ». Oui biensûr qu’ils l’étaient bientôt. Cela devait seulement faire deux heures qu’ils étaient entrés dans le désert et Jafa allait bientôt apparaître. Et quand ce fut le cas, Léane soupira de joie, consciente que le calvaire était maintenant terminé.
Ils confièrent leur monture au palefrenier du village, puis s’enfoncèrent dans les ruelles étroites, cherchant une trace de Shou. Finalement, ce fut lui qui les trouva. Il avait déjà de nombreux indicateurs à Jafa qui guettaient pour lui la moindre menace, ou bien l’arrivé d’amis. Le jeune homme parvint à surprendre Rose et Zihark par son approche discrète mais Léane l’avait senti venir, même si elle ne savait pas vraiment de qui il s’agissait. D’ailleurs, elle avait gardé sa main sur son arme, prête à dégainer et Shou se retrouva avec une lame sous la gorge, les mains levées et une petite goute de sueur le long de la tempe droite :

- J’espère que ça ne va pas devenir une habitude entre nous Léane. Je n’aime pas être du mauvais côté du couteau.

La jeune femme lui sourit et sur un ton taquin lui dit répondit alors :

- En parlant d’habitudes, vous pourriez vous aussi laisser de côté la vôtre. Je n’aime pas me sentir surveillée.

- Si vous connaissiez celui que vous êtes venu tuer aujourd’hui, je pense que vous aussi vous seriez méfiante.

- Haut-membre de Sombre présage ?

- Le disciple même de Wheatley. Disons qu’il n’a plus beaucoup d’atouts dans sa manche et il ne reste plus que ceux qui lui sont fidèles et proches.

- Racontez-moi !

Et il le fit, donnant détails sur détails. On disait que Wheatley était en fuite et qu’il se terrait dans le désert pour échapper à ses ennemis, ayant perdu la loyauté des larbins qu’il avait manipulé jusqu’au bout. Telles étaient les nouvelles qu’il avait de ses anciens hommes du temps où il était persuadé qu’il se battait pour la bonne cause, tout comme eux. Avoir été abusés les avait mis en rogne, et ça se comprenait. Seulement, une autre version racontait comme quoi Wheatley avait obtenu ce qu’il voulait et qu’il n’avait besoin de rien d’autre désormais que de temps. Du temps pour quoi, tout le monde l’ignorait mais cela avait suffis à Léane pour se sentir mal à l’aise. Plus Sombre Présage se disloquait et plus ils s’approchaient des vilains secrets de leur meneur, et ils ne semblaient être fait d’une noirceur à vous en retourner l’âme.
Shou abrégea ce déballage de rumeurs pour en venir à la raison de la présence des Traqueurs à Jafa :

- Je sais que Wheatley se cache quelque part et qu’il est dans l’attente de quelque chose et je pense savoir quoi. Il y a quelques jours, un couple de voyageurs cydiens s’était présenté à Jafa. Ils étaient apparemment à la recherche d’un hors la loi en fuite et on dirait que les fugitifs aiment bien les déserts et les ruines. Bref, un guide de la région les a emmenés vers d’anciennes ruines almers avant de les laisser se débrouiller. Mais aucun d’entre eux n’est encore revenus.

- Non c’est impossible. Jarod et Joshua ne peuvent pas avoir disparus comme ça !

- Je vois que nous avons les mêmes conclusions. Je pense aussi qu’il s’agissait d’eux. Et vous avez raison quand vous dites qu’il est impossible qu’ils aient disparus sans laisser de traces. J’ai demandé à ce guide de m’y mener. J’y ai trouvé des traces de sang ainsi que de la suie sur les murs décrépis. Le combat a dû être violent mais je n’ai retrouvé qu’un cadavre. Impossible de l’identifier clairement. Les vautours avaient fait leur œuvre, mais j’ai bon espoir que vos amis soient encore en vie… ainsi que leur agresseur.

- Qu’est-ce qui vous fait penser ça ? demanda Rose avec intérêt. Shou lui sourit tout en lui répondant :

- Le fait qu’on ait retrouvé un bon nombres de jeunes femmes vidées de leur sang dans une maison de Jafa. Cela ressemble à l’œuvre d’un détenteur de la Maho. Je ne connais pas grand choses sur le sujet, mais je sais au moins que les mages de sang peuvent soigner leurs blessures en prenant des bains de sang. Et vu la quantité de sang qui a été versé, la blessure devait-être grave.

- Vous pensez donc qu’ils ont tenu leur agresseur en respect ? demanda Léane le cœur battant. L’ex-assassin eut un instant peur qu’il soit arrivé malheur à Jarod, mais savoir qu’il était surement en vie obligea ses peurs à lui laisser un peu de répit.

- C’est ce que je pense en effet. Mais il se peut qu’ils soient blessés eux aussi.

- Nous devons donc les retrouver !

- Ne vous inquiétez pas, je m’occupe des recherches. Elles ont déjà commencé. Quant à vous, vous allez devoir vous concentrer sur Tabris. Seulement, voilà, je pense qu’il ne se cache plus en ville. Mes informateurs auraient dû trouver sa trace, si cela avait été le cas.

- Et comment sommes-nous sensé le retrouver ? demanda Rose, perplexe.

- Ca c’est à vous de vous en charger, comme je vous l’ai dit. Si mes indicateurs ont le don de rester discret, ils n’ont pas encore celui de l’omniscience, jeune femme. Mais j’ai peut-être un détail qui peut avoir une importance dans votre mission.

- Dites toujours ? continua Léane en soupirant.

- Toutes les jeunes femmes retrouvées mortes avaient un point commun. Elles avaient toutes des cheveux châtains, et je dois dire que la coïncidence est troublante. Je ne sais pas vraiment ce que vous pouvez en faire, mais on sait au moins que Tabris a l’air d’avoir un faible pour ce genre de femmes. Vous devriez faire attention.

Le jinmen se leva alors, marchant jusqu’à disparaître dans l’embrasure de la porte de l’établissement, les laissant à leurs réflexions et déjà, des idées dangereuses traversaient la tête de Léane. Si vraiment ce type aimait bien les femmes comme elle, alors elle ferait en sorte d’en faire son atout.

******

- Je servirai d’appât.

Tous les membres du groupe la regardaient, interdits, comme s’il s’agissait d’une décision prise sur un coup de tête. Seulement, c’était loin d’en être une. Léane y avait déjà bien réfléchit et sa décision était prise depuis un petit moment déjà. Elle avait simplement voulu attendre le retour de la lancière qui la regardait avec effroi en désapprouvant son plan :

- C’est hors de question ! Je te rappel que Sombre Présage savent qui nous sommes. Tu ne pourras duper personne en te faisant passer pour une pauvre femme sans défense. Si ce Tabris te reconnait, il te tuera sans hésiter.

- Je suis sûr qu’il n’a qu’une description approximative et c’est pas comme s’il n’existait pas d’autres jeunes filles qui me ressemblent. Il ne pourra même pas lire dans mon comportement. Mon entrainement d’assassin me permet d’en changer facilement. Tu sais que si je veux, je peux jouer la catin avant de me transformer en jeune bourgeoise peu farouche quelques heures plus tard. Il ne comprendra même pas ce qu’il lui arrive.

- C’est trop risqué, je refuse !

- Trop risqué ? Tu es gonflée ! Je te signale que tu es la championne en titre pour ce qui est de se foutre dans une situation dangereuse. Et tu oses me dire que c’est risqué ?!

La lancière se mit à rougir. Elle avait raison, elle était la première à tenter le diable pour mettre la main sur Kaïlla et voilà que Léane, qui avait décidé de faire de même, venait de retourner ce vilain défaut contre elle. Elle tenta alors de répliquer maladroitement :

- Ca n’a absolument rien à voir et tu le sais très bien. Je… c’est un Haut-membre de Sombre Présage et euh… il est dangereux quoi ! Zihark, dis-lui toi !

Qu’allais-tu donc faire Zihark ? Pourrais-tu résister au regard implorant de Léane ou alors à celui de la femme que tu aimes ? Si tu venais à chercher une confirmation auprès de Rose, sache qu’elle s’était déjà retournée tout en sifflotant, ne voulant pas avoir à se mêler de cette histoire.

[HRP : va falloir faire le bon choix pour que ça se termine rapidement... ou pas x)]

Elyncia ne s'attendait pas à ce que Zihark prenne une décision facilement, mais elle était courroucée de voir qu'il ne l'avait pas soutenue complètement et c'est un regard mauvais qu'elle lui lançait, du genre "Mon coco, ce soir tu peux te gratter pour qu'on fasse des galipettes !". Pas vraiment que sa décision ne soit pas la plus juste... juste qu'elle était habituée à ce qu'on cède facilement à ses caprices ces derniers temps.
Quant à Léane, ce fut une moue de semi-mécontentement qui peignait son visage. Elle avait certes obtenue l'appui de son ami mais elle était agacée par l'impression d'être couvée. Mais il n'avait pas tort... elle avait envie d'en finir le plus vite possible avec ce fumier pour pouvoir retrouver la piste de Jarod. Elle avait beaucoup réfléchit à ce qu'il s'était passé entre eux à Erathia et il lui manquait affreusement, chose qu'elle pensait Elyncia capable de comprendre, elle qui avait vécue de longs mois sans la femme qu'elle aimait, à l'époque.
Un long soupir sortit des bouches respectives des deux femmes tandis que Rose s'étouffait de rire dans sa pinte. L'apprentie lancière n'avait pas souvent l'occasion de voir ces deux-là se crêper le chignon mais elle ne savait pas que ce serait à ces dépends. Si si mais vous le comprendrez plus tard.

- Très bien, faites comme vous voulez... moi je vais me coucher. La route m'a épuisée. Elle avait bien insisté sur ce dernier mot pour que Zihark comprenne que ce ne serait pas pour ce soir les retrouvailles auprès de la cheminée. Elle reprit sur un ton dur :

- Demain on se lèvera tôt. Zihark, où est notre chambre ?

La lancière se leva après qu'il lui ait répondu, puis elle s'enfonça dans les escaliers pour monter rejoindre son lit.

***Le lendemain matin***

La mauvaise humeur d'Elyncia n'avait pas passé au contraire. En voyant Léane arborer une superbe robe almer au décolleté provocateur, elle avait un bien mauvais pressentiment. Elle l'avait mise hors d'elle hier, mais l'inquiétude primait. Elle ne pouvait oublier ce qu'elles avaient vécu ensemble à Amamizu, et encore moins le fait qu'elle était comme une soeur pour elle. Elle voulait juste qu'il ne lui arrive rien, d'autant plus que plus ils se rapprochaient de Wheatley en diminuant le nombre de ses fidèles, plus ils se rapprochaient de l'assassin de Mitsuki qui devait être redoutable pour l'avoir abattue. Peut-être même s'agissait-il de ce Tabris.

- Tu es vraiment magnifique là-dedans Léane !

Rose au moins ne cachait pas son émerveillement devant l'ex-assassin qui, il fallait le reconnaître, était rayonnante de beauté dans cette robe. Noyée sous un tas de compliments, elle se contenta de rougir, un peu gênée. Elyncia, garda son admiration muette, histoire de ne pas lui donner raison sur l'action à mener et se cramponna furieusement au bras de son amant qui, elle ne l'ignorait pas, devait lui aussi être sous le charme... on ne changeait pas un coureur de jupon du jour au lendemain.
Prise dans ses pensées, elle ne vit pas que l'ex-assassin s'était approchée d'elle et sursauta. Léane avait ce sourire gênée comme quand elle avait quelque chose d'important à lui dire :

- Je sais que tu n'approuves pas... mais je serais prudente, je te le promets. Et je peux le faire parce que j'ai confiance en toi et que je sais que si je me retrouve dans une situation délicate, tu pourras m'en tirer.

Elyncia, tenta de détourner le regard, serrant encore plus le bras de Zihark. Mais elle ne put résister bien longtemps et plongeant ses yeux dans ceux de son amie, elle sentit les larmes lui monter aux yeux, avant de se jeter à son cou.

- S'il-te-plait, sois prudente. Je ne supporterai pas de te perdre.

- Je sais Elyn'..., répondit-elle en la serrant dans ses bras de toutes ces forces. Allons traquer ce salopard maintenant.

***Deux jours plus tard***

Rien, encore rien et toujours rien. Le plan du groupe ne semblait pas fonctionner. Tabris n'avait pas montré une seule fois le bout de son nez, bien que la chair fraîche fût là, à portée. Avait-il compris leur plan et avait-il pris la fuite ? Elyncia ne savait plus quoi penser. Léane quant à elle avait dû décliner un nombre incalculable de demandes en mariage de la part de riches marchands, ce qui n'arrangeait en rien leur mission ; avec cette bande de zouaves qui se trainaient à ses pieds, leur cible aurait sans doute moins envie de s'en prendre à elle de peur de se faire remarquer. Les charmes de Léane avaient sans doute été trop efficaces.
Quant à Rose, l'ennuie s'était emparé d'elle si bien qu'elle avait demandé à Elyncia si elle pouvait faire les boutiques plutôt que d'attendre ce qui n'arriverait pas. Au départ, la lancière avait refusé, mais son mauvais pressentiment l'ayant abandonné, elle céda au bout de la dixième demande de l'obstinée. La jeune femme s'était donc lancée à coeur perdue sur la place principale qui accueillait le marché.
Les étables étaient pleine de bijoux, d'épices, de fruits exotiques mais aussi de camelotes, ce qui suffisait à amener foule. L'ingénue s'arrêta devant une étale qui proposait des armes et son oeil fixait maintenant une superbe lance. Sur la hampe était gravés des motifs de plante et de fleur, ainsi que quelque mots dans une langue qu'elle ne connaissait pas. En tout cas ce n'était pas de l'elfique. Elle ne reconnaissait pas les mêmes caractères que ceux qui étaient inscrits sur la lance d'Elyncia.

- Je ne pensais pas que les armes pouvaient suscité une telle passion chez une jolie dame.

Rose sursauta en se retournant, faisant face à celui qui lui avait adressé la parole. De taille moyenne, il portait un kimono Jinmen sur lequel glissait sa longue chevelure aussi noire que le geai. Elle jeta un oeil plus attentif à ses bras très légèrement musclés, laissant supposer que le reste de son corps l'était lui aussi. Son visage fin ne pouvait cacher ses origines cydiennes tout comme sa voix. Et puis ses yeux... des yeux d'un vert éclatant où brillait une lueur lui laissant un sentiment de calme dont elle ne put se détacher. Bien qu'il n'ait pas grand-chose de spécial, elle le trouvait plutôt mignon et entrant dans son jeu de séduction, elle lui répondit :

- Il faut bien que je puisse me défendre, n'ayant pas la présence d'un homme protecteur à mes côtés.

Le ton était plus qu'aguicheur et cela semblait fonctionner. Après tout, elle avait bien le droit de flirter elle aussi, non ? Inutile de dire que ce ne fut pas la meilleure chose à faire. Un grand sourire charmeur aux lèvres, il lui répondit :

- Et bien peut-être que vous me laisserez alors m'occuper de votre protection, gente-dame.

Au diable les préliminaires pour elle. Elle lui plaisait ? Tant mieux parce qu'ils allaient pouvoir faire plus amples connaissances. Elle ne voulait pas tourner autour du pot pendant des heures. Elle voulait juste s'amuser, et si ça devait continuer par la suite, elle leur évitait la perte d'un temps précieux. C'est pourquoi elle lui donna un rapide baiser suivi d'un clin d'œil provocateur, tout comme les mots qui suivirent :

- Si le but de la manœuvre est de me trainer dans votre lit, vous êtes en train d'y mettre trop d'efforts. Je suis d'humeur joueuse aujourd'hui. Vous voulez jouer avec moi ? Elle s’approcha alors de son oreille pour lui susurrer :
- Je suis vierge.

Et elle ne mentait pas… enfin pas vraiment. Ce qui s’était passé sur l’Orage Sanglant avec Elyncia et Cassandra ne lui avait pas enlevé ça. Et voilà qu’elle était prête à coucher avec un inconnu, comme si cet épisode l’avait dévergondée. Le jeune homme parut un peu décontenancé au début, mais il s’en remit bien vite, lui prenant la main pour l’entraîner avec lui.
Rose souriait, fière de son coup, qui n’allait pas plaire à ses compagnons.

***En soirée***

L’opération séduction de Léane était un échec pour aujourd’hui. Ils n’avaient pas beaucoup de temps mais c’était la seule et unique piste qu’ils avaient… du moins pour le moment. L’ex-assassin qui avait l’habitude d’agir sous couverture savait bien que cela pourrait mettre plusieurs jours avant d’obtenir un résultat. Elle regardait néanmoins Elyncia d’un air désolée avant de remarquer qu’elle ne cessait de remuer sa jambe gauche. Elle comprit alors que quelque chose la tracassait depuis qu’ils étaient revenus à l’auberge :

- Elyncia, qu'est-ce qu'il y a ?

La lancière sursauta, puis soutint son front d'une main, en soupirant :

- Rose n'est pas revenue... J'aime pas ça.

- Tu sais bien comment elle est... C'est pas comme si elle mettait à chaque fois une éternité pour faire des courses. Sur ce point-là, elle n'est pas comme toi ou moi. On ne s'attarde que sur les choses qui nous intéressent.

- Je sais bien comment elle est Léane... c'est juste que...

Shou avait choisi ce moment pour les rejoindre furtivement, et s'installa à leur table sans qu'il fusse invité. Il continua alors la phrase d'Elyncia :

- C'est juste qu'elle correspond elle aussi au profil des victimes. Vraiment vous me décevez, je ne pensais pas que vous laisseriez un tel détail de côté. Votre amie est peut-être en danger. Un de mes hommes a été retrouvé mort près d'une ruelle débouchant sur la place principale de Jafa. Il avait pour mission de "couvrir vos arrières". J'imagine qu'il s'est mis à suivre notre brebis égarée avant qu'on ne s'occupe de lui.

Elyncia serra les poings. Ce type lui apportait la confirmation qu'elle avait merdé et ses inquiétudes ne faisaient que grandir. Dans quel état allaient-ils retrouver sa petite protégée. Elle frappa la table, le regard dur, néanmoins légèrement embué de larmes. Elle ne la laisserait pas aux mains de ce monstre.

- Il faut qu'on la retrouve. Zihark, on va avoir besoin de Storm.

Elyncia se leva, Shou sur ses talons. Ce derniers posa sa main sur son épaule pour la retenir un moment :

- Tous mes hommes sont actuellement sur la piste de Wheatley... mais si je peux faire quoi que ce soit.

Quand Elyncia se retourna pour le regarder dans les yeux, elle le sentit ému. C'était une chose à laquelle il ne l'avait pas habituer. Elle avait réussit, elle ne savait comment, à percer la carapace de l'homme dur et froid qu'il était. De son côté, il s'agissait aussi d'un sentiment étrange. Cette femme lui rappelait Amanda, et l'amour qu'il avait pour elle, mais qu'il n'avait jamais vraiment réussit à exprimer. Sans doute, le fait de l'aider elle était une façon de le faire.

[HRP : plusieurs pistes sont à suivre : celle du marchand, celle de Storm, d'éventuelle témoin, les traces qu'ils auraient pu laisser. Je te laisse te dépatouiller avec ça ]

***Quelques heures plus tôt***

Enveloppée dans son manteau noir, la jeune femme se frayait un chemin, cherchant celui qu'elle était venue trouver ici, dans cet endroit où elle n'avait encore jamais mis les pieds. Mais elle était comme un caméléon, capable de s'adapter et bien vite, elle avait fait de ces lieux quelque chose qu'elle connaissait sur le bout des doigts. Et elle fut plutôt contente que la ville grouille de toute cette masse. Elle pouvait aisément s'y cacher et agir dans l'ombre comme elle avait appris à le faire. Et d'ailleurs, de l'affaire qui l'amenait, nul ne devait connaitre les détails, sauf ce conteur qu'elle avait réussi à localiser. L'homme était plus vieux que dans ses souvenirs. Sans doute était-ce dû à l'aspect spectacle de ses représentations. Qu'importe, l'age n'était qu'un détail. Il avait des informations qu'elle souhaitait obtenir et elle avait une mission pour elle.
Le cydien, qu'elle s'était mise à suivre, s'arrêta dans une ruelle sombre, mains sur la garde de son glaive. Il avait dû sentir qu'il était suivi. Décidément, cet artiste lui plaisait. Il était comme elle dans le fond.

- Bonjour Clavim ! Je vous avais pourtant dit que ce serait moi qui vous trouverai. Détendez-vous.

Tu avais sans doute des questions à lui poser, mais elle en fit abstraction. De toutes manières, y répondre pourrait devenir dangereux pour elle. Il lui fallait garder l'anonymat pour que tout se déroule selon son plan dont il était la clé.

- Peu importe qui je suis. Que pouvez-vous me dire sur le mythe de Sarnek ? Inutile de lésiner sur les détails. Plus j'en aurait, mieux ce sera.

Apparemment, elle ne te laissait pas vraiment d'autres choix que de lui répondre, même si le ton de sa voix était calme et doux. D'ailleurs tu ne pouvais t'empêcher de déceler un léger accent dans son Cydien un peu maladroit. C'est donc ce que tu fit, lui racontant l'histoire du début à la fin. Sarnek le Tyran, celui qui avait réduit son peuple en esclavage pour un temple en son honneur, dans lequel il finit d'une manière bien sinistre, trahit par son épouse et emmuré vivant. Ce conte, tu le connaissais sur le bout des doigts. Seulement, cela ne lui convenait pas.

- Et jamais le mythe ne parle d'un livre... ni d'un médaillon ?

Ce n'était pas un reproche. Elle semblait plutôt attristé que tu n'en saches pas plus à ce sujet. Sans-doute s'agit-il de révélation qu'il faut mériter en faisant remonter les secrets de l'époque. Après tout, en un demi millénaire, certaines choses se perdent dans les ténèbres et il est parfois intelligents de ne pas trop les remuer au risque de faire remonter certaines vérités qu'il vaut mieux garder enfouies...
Elle sembla réfléchir un instant avant de déclarer :

- Tant pis. J'apprendrai bien en temps et en heure le lien entre Sarnek et ces objet. Nous avons plus urgent à traiter. J'ai besoin que vous guidiez votre cousine jusqu'au temple de Sarnek. Quant à la trouver elle, ce ne sera pas bien difficile puisqu'elle est ici. Au "Fennec Gris". Je sais que vous craignez ces retrouvailles mais croyez-moi, Elyncia sera heureuse de vous revoir, Clavim.

Elle se retourna en guise d'adieu, hésitant un moment. Elle se retourna alors pour te dire une dernière chose, son visage toujours à l'abri de ton regard :

- Faites attention à vous. Il se peut que vous soyez en danger vous aussi. Quant à Elyncia, elle ne doit pas savoir que nous nous sommes rencontrés. Adieu Clavim. Nous nous reverrons plus tôt que vous ne le pensez.

*** Dans la soirée ***

C'était lui le guide, pensa Elyncia à qui l'inquiétude d'avoir perdue sa recrue enlevait tous ses moyens. Elle hocha alors la tête quand il lui dit qu'il valait mieux ne pas se séparer. En effet, c'était sans doute plus prudent de cette manière, même si les recherches n'en seraient que plus longues.
Et c'était sans compter que beaucoup de marchands avaient déjà quittés leurs étales. Heureusement, il en restait quelques-uns qui se montraient plutôt compréhensifs, répondant aux questions des voyageurs, même si certains ne semblaient vraiment savoir où était passé leur compagne après l'avoir aperçue, d'autres ne se souvenant même pas de l'avoir vue. Storm n'était toujours pas revenu de ses recherches et arpentait toujours le ciel étoilée d'une des dernières chaudes nuits en ce début d'automne.
Le désespoir commençait à gagner le groupe jusqu'à ce qu'il se retrouve là où Rose se trouvait quelques heures auparavant, en train de contempler la même lance qu'Elyncia regardait avec des yeux où se mêlait la peur et l'admiration.

- Et bien jeune femme ! En voilà un drôle de regard.

La lancière releva la tête vers un vieux monsieur à la cinquantaine grisonnante. Malgré son bronzage, Elyncia remarqua qu'il n'était pas almer, son accent cydien étant bien trop parfait. Il ne pouvait-être que de Cydonia.

- Elle vous plait n'est-ce pas ? dit-il en montrant l'arme. Il continua : Ca se comprend. La hampe est magnifique. Mais je vois que la votre n'est pas s'en reste.

La jeune femme lui sourit alors, attendrie. Cet homme était un passionné et elle le sentait. C'est pourquoi elle répondit :

- Il doit être dur pour vous de la vendre à des inconnus. Elle est vraiment magnifique. Et quelque chose me dit qu'il y a quelque chose de plus entre vous.

Le vieillard lui sourit alors tristement. Elle avait mis le pied dans le plat. Et s'excusa presque aussitôt. Le vieil homme lui fit signe que ce n'était pas grave et il commença à partager son histoire :

- En effet, m'en séparer n'est pas facile. Mais je ne suis plus un guerrier maintenant, et la place d'une arme comme celle-là n'est pas au dessus d'une cheminée, vous ne croyez pas.

- Mais elle n'est pas non plus dans les mains de n'importe qui non plus. Qu'est-il inscrit dessus ? Je ne sais pas le lire.

- Je ne saurais vous le dire, jeune fille. C'est de l'almer ancien. Et je ne fais pas très bon érudit. Le combat et la valeur des choses. C'est tout ce que je connais jeune-fille. Ce que je peux vous dire, c'est que mon arrière-arrière grand-père en a hérité d'un ami durant une bataille contre les Erathiens. Son meilleur ami fut mortellement blessé dans une embuscade. Avant de mourir, il lui a céder cette arme en lui disant qu'elle était un trésor du passé. De quelle histoire, je ne saurais vous le dire aussi.

- Pourquoi avoir cessé de combattre ? Vous aviez dit être guerrier ?

- Oui... avant j'étais soldat dans les rangs d'un bataillon de lanciers de Cydonia. Mais les Astorgs n'avaient aucune pitié en nous tombant dessus. J'ai pris une flèche dans le genoux et ma carrière de lieutenant s'acheva. Vous savez, jeune-fille, j'ai sacrifié de nombreuses choses pour être le meilleur officier possible. Mais tout ce que j'ai eu en retour, c'est une jambe boiteuse, quelques médailles, la solitude et quelques désillusions.

Elyncia sentit quelque chose en elle se déchirer. Elle n'osait se l'avouer, mais elle avait peur de tout ça elle aussi. Redoutant la réponse, elle demanda :

- Pourquoi me dire tout ça ?

- Parce que cette lance que vous portez, je la connais bien, mademoiselle Farëa. J'espère qu'il n'est rien arrivé à votre père.

- Oh je ne pensais pas que vous le connaissiez. Il n'est pas tombé si c'est ce que vous souhaitez savoir. Mais il a perdu un bras lors d'un combat. Cela fait bien cinq ans.

- Ah... quel dommage. Votre père était doué. Un exemple de droiture et de discipline pour nous tous.

La jeune femme sourit alors timidement, cachant sa fierté. C'est toujours de cette manière qu'elle avait vu son père, et qu'elle le voit encore. Elle était donc plutôt contente d'entendre que d'autres partageaient ce sentiment. Et c'était ça aussi, qui l'avait fait rejoindre les rangs de l'armée.

- M'enfin je suis sûr que vous faites une bonne lancière. En parlant, de lancière, d'ailleurs, j'ai l'impression que ça pullule aujourd'hui.

- Que voulez-vous dire ? demanda Léane, les yeux plein d'étoile, qui avait suivi leur discussion de loin.

- Et bien, une jeune lancière avait aussi le coup de foudre pour cette lance. Avant que je ne vienne lui demander si elle était intéressée, un jeune homme l'avait rejoint. Un grand brun, les cheveux longs. Ils sont partis main dans la main par-là.

Il montrait une ruelle d'où venait de sortir un autre cydien. Elyncia ne le reconnu pas tout de suite. Il avait bien changé depuis leur dernier moment passé ensemble, à se crier dessus. Puis elle reconnu ce visage sévère qui ne lui avait été destiné qu'une seule fois, remplaçant un regard plein de joie, et c'est sans doute ce qui lui avait déchiré le coeur le jour de son départ : cette dernière vision de lui.

- Cla... Clavim ? C'est bien toi Clavim ?

Elle n'avait pas besoin de confirmation. Elle avait seulement du mal à croire qu'il soit là devant elle. Sans aucun autre mot, elle s'élança pour se jeter à son coup, de lourde larmes de regret roulant sur ses joues d'adolescente qu'elle avait gardées.

- Oh Clavim, si tu savais comme je suis heureuse de te revoir. Tu m'as tellement manqué.


[HRP : on va se laisser un peu de temps pour les retrouvailles puis on enchaînera sur la recherche de Rose. D'ailleurs Zihark, tu peux dire que Storm est revenu et qu'il a trouvé quelque chose, à la fin de ton post. Mais nous n'irons pas plus loin, et donc tu ne sauras pas quoi ^^]

Elle ne put que rire quand il lui rappela cette histoire traditionnelle Nùa. Il lui avait raconté bien des fois pour tenter de l'empêcher de pleurer, mais la jeune femme avait toujours trouvé en cette histoire quelque chose de poétique, si bien qu'elle pensait que cela ne pouvait réellement arriver. Elle lui répondit néanmoins :

- Oui je sais... mon âme va se dessécher si bien que je ne pourrais plus jamais sentir un seul sentiment de joie. Mais je n'en suis pas encore là apparemment.

Elle scruta son visage. Il n'avait pas tellement changé. Ses yeux essayaient toujours de mentir sur ses sentiments mais la cydienne ne le connaissait que trop bien et elle devinait facilement que l'émotion lui prenait la gorge, comme toujours. Un joli bout de femme ? Sans doute... Elle se mit à rougir bêtement. Elle savait pertinemment qu'elle était à tomber mais l'avis de Clavim lui importait beaucoup.
Il lui demanda des nouvelles de la famille après lui avoir demandé si elle avait reçu ses lettres. Ce qu'il dit ensuite lui serra le coeur. Elle savait ce que c'était de vouloir prendre le large, surtout après ce qu'ils s'étaient jeté à la figure avant son départ. Se fâcher avec une personne qu'on aime n'a pas que de petites conséquences. Ils avaient sans-doute eu beaucoup de temps pour regretter l'absence de l'autre dans leur vie, si bien qu'Elyncia n'avait jamais envisagé de ne jamais lui pardonner.

- Oh Clavim, bien sûr que je te pardonne. Je m'en veux tellement tu sais. Papa et maman vont bien. La dernière fois que j'ai vu tes parents, c'était il y a quelques mois. Ils allaient bien eux aussi. Et Adrëan s'est marié avec Kashya finalement. Elle est revenue à Cydonia.
La jeune femme repensa alors à son autre frère et un voile de tristesse s'empara de ses yeux. Elle dit alors timidement :
Guy est mort en affrontant les Erathiens à mes côtés. Elle enserra son cousin avant de changer de sujet, sentant que la douleur prenait son petit coeur d'assaut : Et oui j'ai reçu tes lettres. Je les ai encore toutes dans une boite. Il m'arrive de les lire le soir avant de m'endormir.

La lancière essuya ses yeux embués avant de se retourner vers les autres, voulant entamer les présentation, ce dont Zihark avait sans-doute besoin. Cela-dit, un coureur de jupon comme lui n'avait rien à lui reprocher, d'autant plus que Clavim n'était que son cousin. Le demi-elfe avait d'ailleurs pris les devant, se présentant de lui-même. Elyncia fut soulagé qu'il ne dise rien à son cousin qu'il était l'amant de sa petite Elyn'. Elle ne savait pas comment Clavim aurait pu réagir. Il avait toujours été très protecteur.
C'est ce moment que choisit Storm pour revenir de ses investigations. Zihark s'éloigna alors pour accueillir cet oiseau à qui il donnait tant d'attention... sans-doute autant qu'il n'en donnait à la jeune femme. Obtenir des réponses de l'épervier était un véritable rituel et Elyncia choisit alors de continuer les présentation, le temps que "Monsieur, je veux mon morceau de viande" daigne leur "dire" ce qu'il avait trouvé.

- Voici Léane. Elle m'assiste dans le commandement. Quant à l'homme à côté d'elle, il s'agit de Shou, un informateur. Il nous aide à traquer Kaïlla.

Clavim n'ignorait rien du meurtre qu'elle avait perpétré et il connaissait la haine que toute la famille Farëa éprouvait pour la cousine d'Elyncia. Sans-doute allait-il l'aider. Il devait connaître des rumeurs. Après tout un conteur s'en nourrit pour faire ses fables et elle ne serait pas étonnée que Clavim ait eu vent de deux ou trois petit détail sur ce qu'il se passait à Jafa.
Elle laissa ses amis approfondir la présentation puis Zihark revint vers eux, annonçant :

- Storm a trouvé quelque chose.


Elle s'était faite avoir comme une bleue. Attachée aux barreaux du lit, elle gémissait maintenant de désespoir, ne parvenant pas à retirer le bâillon qui lui obstruait la bouche. La frustration était telle qu'elle aurait voulu pouvoir frapper dans quelque chose de toutes ses force, mais elle ne le pouvais pas, les entraves qui lui serraient les poignets étaient bien trop solides, bien trop nouées. Alors elle pleurait sa rage tandis qu'il la regardait sévère :

- Tu ne comprends décidément rien, Myriam.

Elle aurait voulu lui hurler que son nom était Rose, le rouer de coups, le tuer. Pour la première fois de sa vie, la jeune femme ressentait une haine profonde et ancrée dans son coeur. Et pour la première fois, elle était prête à goûter à l'horreur du meurtre. Elle le fixait maintenant avec un air de défi, dusse-t-elle en mourir. Il soutint un moment son regard avant de reverser la table violemment, la faisant sursauter.

- NE ME REGARDE PAS COMME CA !!!!

L'homme s'était relevé en hurlant, le regard fou mais dur. Il se retourna... se retourna vers elle puis se tourna encore, semblant indécis. Il finit alors par dire :

- Pourquoi tu ne veux pas comprendre ? Ne t'ai-je pas assez aimé ? Si seulement je ne t'avais pas tué la première fois... C'est à cause de ça hein ? Tu veux me le faire payer ? Mais ça ne marche pas. Non.

Il tenait des propos totalement incohérents. Qui était cette Myriam dont-il parlait ? Rose n'en avait foutrement aucune idée, et c'était le cadet de ses soucis pour le moment. Il fallait qu'elle trouve un moyen de s'échapper, ou de prévenir les autres. Elle se mit alors à regarder partout. Que pouvait-elle utiliser ? Une table renversée n'allait pas lui être d'une grande aide. En revanche, un des morceaux de la carafe en verre qui avait glissé au pied du lit pouvait être un bon atout. Elle avait réussit à voir le reflet du sol dans le lustre en or et la carafe y était éparpillée, totalement brisée.

- J'ai besoin de prendre l'air.

Voilà qu'il lui facilitait la tâche désormais. Si elle avait pu, elle en aurait pleuré de joie. Et c'est ce qu'elle fit quand, une fois qu'il fut sorti de la chambre, elle aperçut Storm, perché sur le rebord de la fenêtre. L'oiseau l'avait vu. Elle lui adressa alors toutes ses prières silencieuses, le suppliant de retrouver Zihark et les autres. Ils viendraient la sauver.
L'épervier reprit son envole et la jeune femme ne perdit pas de temps. C'était une course contre la montre et elle ne voulait pas perdre une seule seconde du temps que ce type lui laissait en l'abandonnant seule. Elle déplaça son corps pour faire pendre ses jambes. Ses doigts de pieds cherchaient à-tâtons l'éclat salvateur. Elle se coupa plusieurs fois - légèrement - avant de pouvoir le saisir entre deux orteils. Et avec une incroyable souplesse, elle le ramena jusque dans ses mains, lui permettant ensuite de pouvoir commencer à tailler les liens. Elle s'en sortirait.

*****

Elyncia se blottit dans les bras du guide. Le pari qu'elle avait placé sur Storm avait apparemment été payant et jamais elle n'aurait été aussi redevable à l'oiseau... et à son maître qu'elle saurait récompenser en privé.

- Zéphyr soit loué... Zihark, fait en sorte qu'il nous montre le chemin, nous n'avons pas de temps à perdre.

Elle lança ensuite un regard vers son cousin qui ne devait surement pas tout comprendre. Elle savait que son devoir l'appelait et qu'elle devrait le laisser pour pouvoir aller l'accomplir. Mais elle n'avait pas envie de le revoir partir encore une fois, maintenant qu'ils s'étaient retrouvés. La brise souffla alors encore, et frissonnant, Elyncia prit une décision dont elle savait qu'elle serait désapprouvée par la Commission. Mais elle n'en avait que faire de ces vieux rabougris. Elle se conforta dans l'idée que le vent qui venait de se levé était un murmure de son dieu, un signe. Sa volonté était qu'elle l'emmène avec lui. Mais en réalité, c'était seulement sa volonté à elle de vouloir le garder près d'elle qui animait cette pensé saugrenue de l'entrainer dans cette histoire.

- Clavim... Viens avec nous. Je... je ne peux partir en sachant que tu pourrais disparaître le temps que nous revenions. Je n'ai pas envie de perdre mon cousin une deuxième fois.

Léane lui lança un regard presque choqué. Elyncia était en train d'impliquer un civil dans leur mission. Certes ce n'était pas la première fois, mais cette fois-ci, rien ne justifiait la présence de cet homme, contrairement à Zihark qui était leur guide et Faelin qu'ils avaient gardé près d'eux de peur qu'elle soit un agent de Sombre Présage. Elle essaya de cacher sa désapprobation, ce qu'elle parvint à faire plus ou moins discrètement. Shou l'avait remarqué mais il était resté stoïque, murmurant dans les pensées de l'ex-assassin :

*Je ne saurais vous dire pourquoi mais... je pense qu'il faut le laisser venir avec nous. Ne me demandez pas pourquoi. Certains enseignements Jinmens disent que les coïncidences n'existent pas et qu'elle sont la manifestations du destin. Je n'y ai jamais cru... jusqu'à maintenant. Cet homme est sincère dans ses sentiments mais une de ses pensées revient tout de même. "Sarnek". C'est le nom de la lance de Kaïlla.*

Léane le regardait sans vraiment comprendre où il voulait vraiment en venir et sans pouvoir lui en demander plus sans que les autres ne la remarque. L'Esprit était décidément un don bien pratique. Shou lui était toujours apparu comme quelqu'un d'inaccessible. Il était difficile de savoir à quoi il pensait quand la colère ne guidait pas ses paroles. Elle ne savait plus si elle devait faire confiance à Clavim. Shou sentant son trouble tenta de la rassurer :

*Ne vous inquiétez pas comme ça Léane. Il est notre allié, ça j'en suis sûr. Laissez-le vous accompagner, et les liens entre sa présence et la notre se feront plus clair. Il se révèlera en temps voulu, croyez-moi.*

Elle calma alors ses pensés, suivant Elyncia qui ouvrait la marche, Clavim à ses côtés.

***Un peu plus tard***

Storm s'était posé sur le rebord de fenêtre d'un appartement. leur montrant le lieu exact où ils devaient se rendre pour sauver Rose. Elyncia lança un regard à Shou. Elle connaissait son don pour l'Esprit et comptait bien s'en servir pour connaitre la situation à l'intérieur.

- Alors ? lui demanda-t-elle.

- Je sens deux personnes. La première est très agitée et pleine de sentiments contradictoire. La deuxième est pleine de peur.

- Où se trouvent-ils ?

- Je peux juste lire dans les esprit des gens. Vous dessiner une carte, c'est autre chose. Mitsuki en aurait été capable. Pas moi.

- Bien, ce n'est pas grave. Léane, tu ouvres la marche. Clavim et Zihark resteront ensemble dehors. Shou, vous fermerez la marche.

Elle n'avait pas envie de faire prendre de risque à son cousin et elle savait qu'elle pouvait compter sur Zihark pour le protéger. Connaissant bien ce dernier, elle savait qu'il allait demander à se battre avec eux. C'est pourquoi elle le rassura de son regard. Seulement, allait-il accepter ?
Qu'alliez-vous faire ? Insisteriez-vous pour les accompagner ?

[HRP : Vous pouvez choisir d'accompagner Elyncia ou de rester en dehors de la maison. Si vous choisissez d'y entrer, l'appartement est construit sur deux étages : le rez de chaussée, et le premier. En va se trouve le salon, la salle à manger et la cuisine ainsi que la salle d'eau dans laquelle se trouvent les cadavre des propriétaires. En haut il y a plusieurs chambre. L'escalier se trouve en face de l'entrée et monte en colimaçon. Votre description devra s'arrêter quand vous atteindrez le haut des escaliers. Vous pouvez manipuler Léane, Shou et Elyncia.]