L'antique cité de Silmarie, berceau de la civilisation elfique encore debout. La vu de cette cité est, parait-il, a vous couper de souffle. Enfin, pour cela il faudrait encore la trouver. Bien qu'elle ne soit pas dissimulée volontairement, mieux vaut savoir où se rendre. La région semble être constamment recouverte d'une brume tenace. Les néophytes en la matière peuvent très facilement se perdre, raté l'entrée de la cité et autre mésaventure du genre. Heureusement, le sens d'orientation de Talphan a toujours été au-dessus de la norme. Surtout que dans le désert, les tempêtes de sable laissent encore moins de visibilité que cela. Bon, notre ami voleur n'est pas tombé sur les portes brumeuses du premier, mais il ne mit pas longtemps à se retrouver grâce à sa carte.

Les portes de la cité s'étendait là devant lui, c'était d'ailleurs la seule chose qu'il arrivait à distinguer, le reste de la cité étant noyé dans la brume. Il était seul, ayant refusé d'être accompagné pour son rapide passage à Silmarie. Son voyage étant bien entendu "professionnel". Une histoire de la guilde à régler, quelque compte à falsifier... Beaucoup de paperasse en somme. Son travail ne consistait presque plus qu'à cela dernièrement. De la paperasse, des objets à recelé, de l'argent à blanchir. La dernière fois qu'il était vraiment allé sur le terrain remonter à plusieurs mois. C'est d'ailleurs pour ça qu'il avait voulu se déplacer jusqu'ici au lieu de simplement envoyer une lettre et des instructions. Sortir un peu de chez lui et se dégourdir les jambes ne pouvaitque lui faire du bien. Jusqu'ici, il était plutôt content de sa décision. Se déconnecter de toute l'agitation d'Eratia était une véritable bénédiction pour lui. Cependant, maintenant qu'il était sur le point d'entrer dans la cité elfique, il regrettait que Daniel ne soit pas avec lui. Les almers avaient mauvaise réputation ici, plus encore que dans d'autre région d'Azthia, alors un homme du désert qui arrive seul pourrait avoir du soucis à se faire.

*Allons, ils ne vont pas me pourchasser à vue sans aucune raison valable... Les elfes sont un peuple civilisé, je n'ai aucune raison de m'inquiéter. *

Même en se donnant du courage ainsi, il ne parvint pas à faire avancer sa monture pour entrer dans la ville. Il déglutit d'ailleurs bruyamment, préférant descendre de son canasson, n'étant toujours pas rassuré de voyager sur un cheval. La bête sentait en général son angoisse et ne rendait pas les choses faciles. Celle-ci ne faisait pas exception, donnant comme toujours du fil à retordre à son cavalier. Il regrettait vraiment l'absence de Daniel, lui au moins savait comment s'occuper des animaux. Il fallait dire qu'un homme aussi bestial que lui ne pouvait que bien s'entendre avec le règne animal. Cette pensée fit sourire le voleur, mais sans pour autant le faire avancer vers la ville. Si les gardes de la porte le voyaient, ce que lui était incapable de faire dans de telles conditions climatique, vu la distance qui le séparait des portes, il devait bien se gausser.

« Qu'à cela ne tienne, on restera la jusqu'à ce que mes jambes acceptes d'avancer. D'accord le canasson ? » Lança l'almer à son cheval, comme si ce dernier pouvait le réconforter.

Ce qu'il ne fit pas, vu qu'il ne fit que s'ébrouer, même pas de hennissement affirmatif. Talphan se demanda un instant pourquoi Bénu avait décidé que les animaux destinés à être montés le haïssent à ce point. Puis il haussa les épaules, attendant dieu sait quoi pour entrer dans la ville...

Talphan n'avait qu'une peur au départ, que les gens au plein de préjugé sur le fait qu'il soit Almer. Maintenant qu'il y réfléchissait, lui aussi était bourré de préjugé. Une habitante de Simarie ne pouvait être qu'une elfe, cela coulait de source ! Et bien non. La jeune fille qu'il a rencontré était une charmante cydienne. Comme quoi... Le voleur remarque alors un petit animal pour le moins singulier. Une créature écailleuse, sans patte ou autres appendices à pars deux petites ailes. Un genre de serpent ailé, une espèce surement rare. En tout cas, Talphan n'en avait jamais vu.

*On dirait un dragon… Mais de poche !* Pensa t-il, un petit sourire aux lèvres à cette idée saugrenu.

Le sortant de ses pensées, la jeune femme lui expliqua que son empathie envers les animaux était due à son frère et au fait qu'elle vive dans la fôret. Ce détail le fit se poser des questions. Pourquoi vivait-elle recluse ainsi loin de la cité ? Etait-ce qu'elle n'aimait pas la vie en ville, ou le contact humain en lui-même ? Pourtant, elle discutait avec lui sans problème. Il devait y avoir autre chose, il en était sûr. Qu'à cela ne tienne, elle avait droit d'avoir ses petits secrets. Surtout que Talphan était loin de s'imaginer un seul instant qu'elle était druidesse. Le simple concept de druide ne lui évoquait pas grand-chose à vrai dire, même si dans la culture du peuple du désert, les chamans se rapprochent assez des druides sur certains points. En tout cas, le discours que Kaenie lui tenait n'était pas dénué d'intérêt. Mais ce n'était pas la théorie le problème de Talphan, mais la mise en pratique qui lui était très laborieuse. Il ne l'interrompit pas par politesse, mais il devait avouer que cela lui passait par-dessus la tête. Il n'arrivait vraiment pas à se faire obéir par sa monture quelle qu'elle soit et il vivait très bien avec.

Ils avancèrent donc jusqu'au porte de la cité, qu'ils passèrent sans se faire interpeller. Ce qui n'était pas étonnant en soi, mais ce qui rassura encore plus Talphan, qui était maintenant totalement détendu. Il appréciait maintenant l'architecture de la ville, le style très boisé et épuré des habitations. Rien à voir avec le quartier des habitations à Erathia, encore moins aux maisons de brique et de terre cuite de Ptot Tàh. Cela ne déplaisait pas au voleur pour autant. Il se sortit de sa contemplation pour voir où la jeune femme le conduisait. Parce qu'il se rendit compte qu'il la suivait sans même regarder où ils allaient. C'est ce moment que Kaenie choisis pour lui conseiller de s'arrêter à une auberge. D'un rapide coup d'oeil il lut le nom de l'établissement. Aller savoir si c'est le hasard ou bien le destin mais c'était justement l'endroit où il était censé se rendre pour retrouver son contact. Elle lui donna divers conseils, bien que superflue. Il n'était pas venu à Simarie depuis longtemps certes... Mais il connaissait quand même les principaux endroits où aller. C'était juste la première fois qu'il venait ici tout seul.

« Merci de vos conseils. » Dit-il finalement. « J'espère avoir l'occasion de vous revoir avant la fin de mon séjour ici. Et dans de meilleures conditions avec un peu de chance.» Et il la gratifia d'un sourire franc.

Et se dirigea donc vers l'auberge, laissant à la jeune femme un peu d'avance, attachant son cheval devant l'établissement. L'animal se laissa faire, ce qu'il attribua à l'action à Kaenie. La pensée de pouvoir profiter d'un bon repas et surement d'un bon verre lui réchauffait le coeur. Et les os aussi. Car cette brume était tout de même très fraîche et il la trouvait glaciale, même après son passage prolongé à Storghein. En entrant, il bouscula une jeune fille, cette fois-ci ce fut une elfe pure souche, cette dernière s'écria :

« Oups déso... Oh patron c'est vous! On t'attendais pas si tôt !

-Ah, bonjour Isil. Tu tombes bien. J'attends votre rapport à toi et ta soeur.

-Je vais chercher Vána tout de suite.

-Rends-moi ma bourse avant. Que je puisse nous payer de quoi boire.»

Et il joint le geste à la parole en tendant la main et en souriant.Talphan n'était pas en colère, après tout lui aussi volé des bourses de temps à autre. La jeune demoiselle rit avant de lui rendre puis disparut à travers la porte. Il mit le cap direction le bar, pour demander une pension pour lui et son cheval. Ses inquiétudes de tout à l'heure étaient réellement infondés, il se demandait même comment il en était arrivé à penser ça. Allez savoir !

[Désengagée]

Une fois sa chambre payée, il commanda du vin épicé ainsi qu'un repas chaud. Il s'installa dans un coin, l'heure n'était pas bien tardive et l'auberge n'était que très peu remplie. C'était bien mieux comme ça, il pouvait se reposer un peu au calme. Il observa la jeune femme qui l'avait amené jusqu'ici boire une boisson chaude, pour ensuite partir sans demander son reste. La capuche de sa cape était toujours sur sa tête, ce qui intrigua quelque peu l'almer, déjà très intrigué par l'énigme que cette jeune femme et son animal de compagnie pouvait représenter. L'aubergiste vint lui apporter son vin, accompagné de trois gobelets comme il l'avait demandé, ainsi qu'une assiette de porc aux cidres accompagné de navet et pomme de terre. La viande était gouteuse et les légumes frais. Son repas allait être délicieux en plus d'être réconfortant. Avant que l'aubergiste ne reparte, il lui demanda la jeune femme qui l'avait conduit ici, celle qui venait juste de partir. Après que l'homme lui ait dit qu'elle s'appelait Kaenie, il repartit astiquer son comptoir en attendant d'autres clients à servir.

Vána et Isil, les deux soeurs jumelles elfes, réapparurent très vite. Comme d'habitude, Isil avait les cheveux coiffés en chignon alors que sa soeur cadette (de trois minutes, mais tout de même) les avait détachés. C'était comme ça que Talphan arrivait à les différencier au premier coup d'oeil. Sinon, Isil était une fille débordante d'énergie, espiègle et souriante, alors que Vána était beaucoup plus calme et pince sans rire. Le jour et la nuit. Quoi qu'il en soit, le voleur les aimait bien. Il leur fit signe de la main et elles s'assirent à sa table en le saluant. Il leur servit à toutes les deux un verre, se soustrayant ensuite à un échange de banalité, comment allait-elle, si leur mère s'était remis... Cela pouvait sembler futile, mais Talphan aimait savoir avec qui il travaillait. Bien que Daniel Cade lui dise que familiarisé avec les sous-fifres pouvait saper son autorité, lui n'était pas de cet avis. Comment avoir confiance en des hommes (ou des femmes bien sûr), lorsqu'il ne savait rien d'eux. De plus, la conversation des jumelles était plaisante. Même si elles se chamaillaient souvent pour un oui ou pour un non, elles étaient très complices. Virent ensuite les vraies raisons de la présence de notre ami voleur à Silmarie, le travail. Elles lui firent leurs rapports, lui donnant quelques documents, acte de propriété, livre de compte... Le tout falsifié bien entendu. Tout cela était très inintéressant et Talphan n'écoutait qu'à moitié, laissant vagabonder ses pensées. Il repensa à Kaenie et à son étrange animal. Le ton et l'intonation de sa voix, la lueur dans ses yeux... Le voleur jurerait avoir perçu comme de la mélancolie et de la tristesse sous cet air calme qu'elle arborerait.

Une fois le rapport finit, Talphan hocha la tête. La situation était très satisfaisante, pas de problème majeur à l'horizon. C'était partout pareil en ce moment, la guilde marchait comme sur des roulettes, sans trop en faire. Les bénéfices n'étaient pas immenses, mais les gouvernements ne posaient pas de problème. Enfin pas plus que d'habitude. Il but une nouvelle gorgée et les félicita. Son séjour ne durerait pas longtemps, sauf si on lui envoyait un ordre de mission, mais il en doutait. Il n'aurait rien à faire à pars falscifié des comptes, signer deux ou trois feuille et voler deux ou trois passants pour la forme. Rien de palpitant en somme. A moins que...

« Les filles, je peux vous demander quelque chose ? » demanda t-il finalement

« Bien sûr patron ! » Répondit Isil avec son enthousiasme habituel.

« C'est une requête... Personnelle.

-Oh !

-Qu'est-ce qu'il te faut ?

-Vous pourriez recueillir des informations sur une femme qui vit dans le coin. Kaenie, une cydienne. Elle habiterais dans la forêt. Elle est accompagnée d'un étrange animal, une sorte de serpent avec des ailes. »

Isil se mit à rire, même Vána souriait. Talphan haussa un sourcil, il n'avait rien dit de drôle.

« Ah ah alors c'est donc pour une femme ! Ne t'en fais pas, comme on t'aime bien et que tu nous aides pas mal, on s'en occupe, hein frangine ?

-Oui, nous allons voir si on peut trouver des informations sur elle. Je passerais te voir dès que j'aurais quelque chose. »

Il leva les yeux au ciel. Isil se moquait de lui pour des raisons puérils. Il avait l'habitude. Il les remercia. Il leur proposa un autre verre, que Vána refusa au grand dam de sa soeur. Talphan finit donc son repas et son vin seul. L'esprit à des années lumières des affaires de la guilde. Finalement, ce voyage seul à Silmarie avait été la meilleure idée qu'il ait eu depuis quelques mois.

[Désangagé]