Le matin. Le seul moment où l'on puis me surprendre au naturel, sans bibelot et produit de beauté qui me sont si chers. Je suis belle ainsi, au sortir du lit, le miroir le confirme. Yeux encre, brillants du sommeil passé ; cils longs, ombres dansantes qui effleurent mes joues sur lesquelles on peut encore suivre le tracé laissé par mes oreillers ; regard fier et noble, bien qu'encore vacillant, mais plus pour longtemps. Souligné d'un fort trait noir il prendra bientôt une dureté nouvelle, aussi intimidant que charmeur.
Je passe doucement un coton sur ma peau mâte, la nettoyant avec application pour que jamais elle ne perde son éclat et sa pureté. Je suis la ligne de la mâchoire, finissant le mouvement sur le pointu du menton. Gestes mécaniques et importants, qui gomment peu à peu du rond de mon visage les dernières traces de la nuit.
Vient enfin le tour des cheveux, crinière de jais, rebelle, qui prendra forme sous l'insistance de mes coups de peigne. Me voilà enfin presque présentable.
Le peignoirs de soie glisse lentement, dénudant mes épaules et tombe à terre, me laissant dans mon plus simple appareil. Hanches larges, taille marquée, la ligne des courbes est harmonieuse. Les quelques rondeurs qui me caractérisent font partie intégrante de mon charme.
Ma tenue m'attends sur le lit, pantalon crème et tunique bronze aux longues manches faites de dentelle. Je complète le tout d'une large ceinture et d'une broche en forme de feuille de vigne dans les cheveux.

Je me pose une nouvelle fois devant le miroir et regarde. Superbe !

On dit de moi que je suis capricieuse, parfois insupportable dans mes exigences, mais cela n'est pas tout à fait vrai. Est-ce si mal de vouloir le mieux pour soi-même ? Est-ce si mal de demander des choses que l'on se sait mériter ? Après tout, ce ne sont que des objets ; je ne demande pas la lune.
On dit de moi que je suis dure et intransigeante, il y a peut être du vrai dans cela. Je formule les choses de façon claire et précise, il n'y a donc aucune raison pour que mes ordres soient pas ou mal exécutés.
J'aime la franchise, autant de la part des gens que de la mienne. Je dis généralement ce que je pense, du moins autant que la bienséance me le permet. Mon rang fait que dans bien des situations je suis obligée de prendre des pincettes, tourner les phrases de façon à ce qu'elles ne sonnent pas vraiment comme insultantes aux oreilles des autres, mais ne perdent pas pour autant leur véracité. D'après mes proches, ce comportement est un vrai handicape qu'il faudrait que je m'emploie à corriger. Je n'en ai pas envie, j'en ai trop soupé des mensonges et des fourberies. Toute ma vie n'avait été que ça, hypocrisie constante et sourires faux.
Je n'aurais pas la prétention de dire que je suis quelqu'un de bien, mais je ne suis pas non plus mauvaise. Je sais témoigner du respect et me montrer tolérante. Je sais aider et soutenir. Je suis juste maladroite dans mes mots et mes gestes, et les gens finissent par se méprendre sur mes intentions.
Tolérante dans le sens où je peux accepter beaucoup de choses mais il n'en reste pas moins que certaines rancœurs ne s'éradiquent pas si facilement. J'en veux beaucoup aux elfes, avec lesquels j'ai énormément de mal à communiquer. Leur prêtresse avait réussi à changer Tutnesi à un tel point que c'est la cité elle-même qui était devenue faible et non seulement lui. Et voilà où nous en sommes aujourd'hui...
Je n'ai bien entendu, pas que des défauts. Lorsque ma confiance est acquise, je me montre très loyale et apporte mon soutien dès que je peux. Je n'aime pas la violence, préférant passer par les mots. La parole est une arme bien plus puissante que n'importe quelle épée, alors pourquoi la délaisser.
Il m'arrive de me montrer taquine et je ris bien volontiers. J'aime la vie, j'aime mon peuple et lui veux un avenir meilleur.