L'automne avait posé ses ailes sur le monde et la cité des brumes se renfermait une fois encore sur elle-même. La petite fille tentait depuis les quelques mois qu'elle était officiellement devenue la Grande Prêtresse de sortir son peuple de sa torpeur et de son mutisme, il était important selon ses ancêtres que les Elfes acceptent le monde extérieur. Aux yeux de la petite Elfe, il était vital que son peuple s'ouvre aux autres cités sans quoi il ne tarderait pas à se mourir. Elle craignait ses visions tout comme elle était hanté de ne pas prendre les bonnes décisions. Les Elfes attendaient beaucoup d'elle et sur ses épaules pesaient des responsabilités tellement lourdes qu'elle avait parfois du mal à faire face.

Cette nuit-là, la jeune fille avait rêvé sans vraiment comprendre la signification de ses songes. Une fois encore, le sol était couvert de neige, une fiche pellicule qui crissait sous ses pas. Elle était pieds nus et pourtant, malgré la buée qui s'échappait de ses lèvres à chaque expiration, elle n'avait pas froid, au contraire, elle se sentait tellement bien qu'elle avait l'impression d'être réchauffée par quelque chose qu'elle ne parvenait pas à saisir. Ses pas la menait inlassablement à la cascade des Anciens, celle qui symbolisait la vie de chaque Elfe. Comme chaque fois, plus elle avançait, plus son cœur se serrait et pourtant, elle sentait une force invisible la pousser à avancer. Toujours, inlassablement, la petite demoiselle avançait vers cette cascade. Son regard se posa doucement sur le bassin où aucune eau ne coulait et comme toujours, une sensation de froid commençait à grandir en elle. Son cœur se serrait tandis qu'elle commençait à comprendre ce que son cœur savait déjà. Le bruit de la cascade s'était tut, le silence se faisait prenant autour d'elle et son regard s'embua de larmes en regardant la cascade gelée par le temps.

« Ô Silmaria, déesse mère, entends ma prière, sauve-nous de notre funeste destin »

Les mots coulaient dans sa gorge aussi limpide que si elle récitait une prière apprise par cœur pourtant, la jeune Eloween avait l'impression que ce n'était pas elle qui parlait, comme si elle était témoin de son propre corps. Dans son dos, des pas se firent entendre et là encore, la demoiselle savait qui était présente. Elle se retourna lentement dans la direction de la jeune femme qui posa sa main sur sa joue pour essuyer ses larmes.

« Ma petite fille »

La voix de Haneen la surprit, d'ordinaire, c'était Ayaween qui hantait ses rêves mais pourtant, elle ne prit pas peur, au contraire, elle pleura de plus belle, comme si la pression qui emprisonnait sa cage thoracique jusque là se relâchait.

« Ma toute petite enfant, n'ai crainte » murmura la voix douce de la première Grande Prêtresse, « Une ombre des dieux passée s'est réveillée en secret. De vieilles jalousies resurgiront avec elle et pour sauver ta vie, le pardon tu devras lui offrir. »elle marqua une pause, approchant son visage de son oreille et y murmura doucement, « Il y a toujours un chemin vers la lumière pour le cœur pur »

La silhouette de la jeune femme disparut au rythme de son réveil ...

La brume s’épaississait autour de la magnifique cité Elfe, brume qui semblait toujours plus forte de saison en saison. Elle était d'ailleurs un rempart très utile contre tout assaillant tentant de se rendre à la cité, mais, bien qu'elle protégeait les elfes dans leur chez eux bien aimé, elle n'avait su arrêter la lame qui s'était plongée dans le ventre du petit blondinet non loins de ses portes. Ce jour là, dans le froid de l'automne et dans l'humidité de la boue, il avait vu sa vie défiler et il l'avait surtout vu changer radicalement. Vendus, ses rêves n'étaient plus que mauvais souvenirs, et un sommeil tout aussi agité si sourd et aveugle était-il s'était approprié les songes du gamin. Pourtant déjà bien réveillé, il se força à ouvrir les yeux sur une chambre silencieuse, baignée par la lumière du soleil. Il faisait jour... ça n'était pas bon pour lui. Se redressant, il appliqua une main sur l'endroit ou sa blessure devait se trouver... pour ne trouver qu'une grosse cicatrice accompagnée d'une douleur du moins supportable. Son autre main alla faire office d'écran pour épargner ses yeux de la lumière aveuglante d'après-midi qui s'acharnait dans la pièce de l’hôpital. Si c'en était un. Alors seulement regarda-t-il vraiment autour de lui. Trois personnes étaient assises à son chevet, trois visages familiers qu'il avait rencontré en arrivant ici. Le premier était un jeune homme de 21 ans aux cheveux bruns et aux yeux bleus grand ouverts par l'inquiétude. La seconde, une fille du même âge environ, portait son habituel masque de corbeau s'assortissant avec grâce à ses longs cheveux châtains, tenait la main du premier. Et finalement, en retrait, telle un ombre, se tenait sa loyale conseillère, celle qui, selon lui, aurait dû prendre les reines de cette organisation, et non lui. Ça devait être elle qui l'avait soigné! Wilhem fut le premier à réagir en voyant le jeune elfe sylvestre ouvrir les yeux, en le gratifiant d'un sourire de soulagement.

- ''Cim'! Bon sang, il était temps!''

Son amie, que Cimber s'entêtait d'appeler sa copine -quitte à s'essuyer une crise monumentale-, le dévisageait sans pour autant laisser transparaître une autre émotion que l'ennui le plus profond. L'ennui semblait être l'émotion favorite de Zoria, étant donné la façon dont elle pouvait vous envoyer bouler comme si vous étiez un enfant de cinq ans. Le fait qu'elle ne dise rien devait probablement signifier qu'elle était surprise, ou même, qui sait, soulagée de le voir se réveiller après plusieurs jours. Quant à Koréanne, elle restait en retrait, l'observant.

- ''Salut tout le monde...''

Le sourire de Wilhem restait étampé sur son visage alors qu'il lui offrait une bourrade amicale. Si seulement sa joie de vivre pouvait être contagieuse, Azthia serait dès lors un endroit merveilleux! Après un soupire et un long étirement, le blondinet entreprit de s'extirper du lit, et, mettant ses bottes en silence, attendit. Ce fut la plus âgée qui brisa le tout de sa voix féline mais ô combien portante.

- ''On capture la grande prêtresse, aujourd'hui.''

Le coeur du jeune homme ne fit qu'un tour, et ses mains se crispèrent en un reflex sur les draps du lit. Il la dévisagea, interdit. Là, maintenant, aujourd'hui? Elle ne lui avait parlé de rien! Avait-elle un plan, au moins? Il avait entendu dire que la jeune prêtresse, Eloween, n'avait qu'une dizaine d'année et était d'une bonté infinie. Elle n'avait rien fait, elle! C'était sa déesse! Le regard que lui décocha Koréanne le fit néanmoins douter. Elle avait l'air sûre d'elle, certaine de ce qu'ils allaient faire et surtout... Cimber se laissait embobiner par la confiance aveugle qu'il lui ''devait''. Ses yeux violets se posèrent sur les deux autres membres qui, eux, restaient silencieux. Ils étaient au courant. Déglutissant, il finit par être capable de répondre.

- ''As-tu un plan, au moins?''

- ''On entre, on prend la gamine, on sort.''

- ''C'est pas aussi simple!''

- ''Fais-moi confiance. Je sais comment m'y prendre.''

Et il la dévisagea, peu certain de quoi penser. Le fait fût qu'à l'arrivée de l'après midi, il se trouvait maintenant là, sur le toit d'une maison, le soleil tapant sur son plumage noir. Ils n'étaient qu'une dizaine de corbeaux, éparpillés autour de l'autel de Silmaria. Leur objectif était d'agir le plus normalement possible et de se poser le plus proche possible de l'entrée, et des fenêtres si ils parvenait à en trouver. Qu'une poignée de corbeaux, adorateur de Vitany, contre une cité Elfe en entier, adorateurs de Silmaria. À quoi Koréanne pensait-elle?! Que la mère corbeau leur viendrait en aide comme par magie? C'était ridicule. Par chance, sous forme animale, les rayons du soleil n'avaient plus aucun effet sur sa peau fragile et son allergie. Il avait le loisir d'attendre, d'observer ces gardes et ces prêtresses entrer et sortir. Il avait le loisir d'observer la magnificence de la cité qui, bientôt, selon les dires de la dame, serait en deuil. Sa première visite en Silmarie, et probablement sa dernière. Que cette mission se solde par un échec ou une réussite, plus jamais ses pieds ne fouleraient cet endroit qu'il redoutait maintenant autant que Storghein. Ses pensées s'attardèrent sur la cité des Neiges. Là-bas, il avait tué. Et un homme de là-bas avait tenté d'en faire de même pour lui. La langue Astorg avait depuis ce temps sonné horrible à ses yeux. Qu'en serait-il de sa propre langue, après l'horrible acte qu'il poserait ce soir?

La voix de la jeune femme se tut, comme emportée par la brise tandis que le sommeil quittait la petite demoiselle. Peu à peu, le monde se troubla autour d'elle et Eloween sentit la présence réconfortante de la première Grande Prêtresse la quitter à son tour. La petite fille se réveilla doucement, le cœur lourd certes mais l'esprit léger. Étrangement, elle ne savait pas pourquoi, mais elle se sentait « bien », comme rassurée par les paroles de la jeune Haneen au regard si compréhensif et toute à la fois, la petite Elfe se sentait décontenancée et plus encore, elle pressentait que la jeune femme avait tenté de la prévenir d'un danger imminent. Dans ce mélange de sentiments quelques peu contradictoires, Eloween tenta de faire le point sur ce qu'elle avait appris et sur les révélations qu'avait tenté de lui communiquer son ancêtre.

« Une ombre des dieux passée s'est réveillée en secret. De vieilles jalousies resurgiront avec elle et pour sauver ta vie, le pardon tu devras lui offrir. » elle marqua une pause, approchant son visage de son oreille et y murmura doucement, « Il y a toujours un chemin vers la lumière pour le cœur pur »

L'enfant se prêta au jeu de deviner ce que la Grande Prêtresse avait tenté de lui faire comprendre. Haneen avait parlé d'une ombre du passé, aussitôt, la demoiselle repensa à Azael mais pourquoi avoir employé dans ce cas le terme de « secret » ? Certes l'information n'avait que peu filtré mais pour la petite fille, ce n'était guère un secret … Eloween prit conscience que sa prédécesseur devait certainement parler de quelqu'un d'autre, ou de quelque chose d'autre. Une vieille jalousie devait caractériser ce qui dormait dans l'ombre. La jeune fille se creusa la tête mais rien ne lui vint. Elle aurait aimé en parler avec Arwen mais au fond de son cœur, quelque chose, une toute petite voix lui murmurait qu'elle ne devrait pas.
L'enfant passa les heures qui suivirent à se torturer les méninges jusqu'aux premières lueurs de l'aube qui la sortirent de sa torpeur. Elle se décida à se lever totalement et à regarder le soleil à l'horizon qui se dressait tranquillement. Perdue dans sa contemplation, son cœur se serra au moment même où elle comprit, regardant le soleil évincer la lune dans sa lente montée vers l'horizon. Haneen avait cherché à la mettre en garde non pas contre Azael mais contre celle qui l'avait toujours aimée profondément et sincèrement ! Comment se nommait cette déesse déjà ? Certes, elle avait appris cette leçon et se souvenait de la « jalousie » dont parlait Arwen et Haneen. Elle s'écarta de la fenêtre, le cœur battant et chercha le recueil dans lequel étaient répertoriés les dieux et déesses d'antan.

Eloween feuilleta les pages jusqu'à ce que, instinctivement, sa main se pose sur le passage recherché. « Vitany » était la déesse qui avait voué sa vie à aimer le dieu Azael mais le dieu de l'ombre avait toujours refusé ses avances, lui préférant largement celles de la jeune Silmaria. La déesse corbeau avait alors ressenti une jalousie intense et de nombreuses histoires, toutes plus sombres les uns que les autres, en avaient découlé. Ce que la Grande Prêtresse ne comprenait pas, c'était pourquoi son ancêtre avait voulu la mettre en garde contre une déesse disparue des mémoires depuis tellement de générations que les Elfes ne savaient même plus qui elle était. Haneen avait parlé de vieilles jalousies, il ne pouvait s'agir de l'amour porté à Azael et tout concordait avec la réapparition du dieu des morts dans les contrées d'Azthia. Maintenant que la jeune femme avait trouvé sa réponse … elle semblait petit à petit prendre conscience de l'ensemble des événements à venir et de l'ampleur de l'avertissement de son ancêtre.

[ Je te laisse décrire comment vous entrez dans l'autel, je ne ferais venir Eloween à l'autel qu'à ce moment là, pour l'instant, elle reste dans la chambre ^^ ]

Tous attendaient, Cimber inclut, que Koréanne donne le signal. Des ombres silencieuses, une vingtaine en tout, entourant l'autel n'aspirant qu'à fondre sur ces pierres blanches presque immaculées, de répandre le sang sur les statues des grandes prêtresses et de prendre Eloween, peu important ce que le prix en était. La soigneuse finit par s'élancer, suivie par la nuée d'individus qui, comme un nuage noir, entra par l'entrée principale. Le plan était simple: trouver Eloween et les prêtresses et les prendre en otage... le tout le plus rapidement possible, histoire de ne pas se faire tirer dessus par les gardes. Les pauvres ne virent rien venir! La première prêtresse fût capturée près de l'entrée, à l’intérieur, transportant une pile de livre. Vlan! Zoria s'était retransformée juste au dessus d'elle et lui était tombée dessus, dague au poing, pour l'immobiliser. Les cris alertèrent les gardes qui n'eurent que le temps de voir Wilhem se prendre une autre prêtresse, un peu plus âgée que la première. La pauvre s'était retournée pour fuir la masse d'oiseaux mais étaient tombée nez à nez avec l'armure imposante du jeune homme. Dégainant son épée bâtarde, il lui avait mit sous le menton. Deux... ça n'était pas suffisant! Se retransformant sous forme humanoïde comme la plupart des disciples de l'ordre, Koréanne inclue, il regarda autour. Personne à part lui n'avaient vu une petite fille, d'environ une douzaine d'année, qui tentait de longer le mûr vers la sortie. Elle tenta vainement de fuir quand le blondinet se précipita sur elle avant de l'empoigner par le bras, une dague maladroitement tendue vers son cou. Lui intimant, d'une voie tremblante, de rester calme, elle finit par obéir. Et de trois. Ça devait être suffisant! Il ne restait plus qu'à capturer la grande prêtresse, comme le plan de Koréanne le stipulait. Celle-ci prit d'ailleurs la parole, s'adressant aux gardes qui n'ôsaient pas attaquer.

«Un geste, et elles meurent.»

C'était dit, et d'une voix puissante qui n'entendait pas rire. Le jeune homme soupira, se demandant pourquoi elle n'était pas la dirigeante de l'ordre Obsidien à sa place. Elle n'avait jamais voulu lui dire! Il regarda la jeune fille qui pleurait et sanglotait en se demandant ce qu'il faisait... c'était si violent et si soudain pour une fille de son âge. Lui même était tétanisé par la situation, que le plan de Koréanne fonctionne ou non. Un lourd silence s'était installé dans le temple, et Cimber en profita pour évaluer les alentours. Des colonnes partout, des statues de femmes qui, sans aucune doute, devaient être d'anciennes grandes prêtresses. Tout d'un blanc parfait à en donner mal à la tête!

[Désolé, post assez court >.<'']

L'enfant avait enfin compris ce qui l'attendait, pas dans les détails bien entendu, mais elle venait de comprendre la mise en garde de son ancêtre et son cœur ne s'en serrait que davantage non de crainte, mais d'appréhension. Serait-elle capable de pardonner le moment venu ? Pire encore, allait-elle engager sa nation, son propre peuple vers une voie meurtrière ? Eloween avait peur pour les siens, sa vie en soit n'était rien face à l'immensité de la nation Elfe. Elle n'était au fond que l'instrument des dieux, de sa déesse, Silmaria. Avec le réveil d'Azael, sans doutes que la déesse des songes avait retrouvé le chemin de la lumière à son tour et si Haneen avait parlé de vieilles jalousies, sans doutes voulait-elle souligner l'affreuse jalousie de Vitany envers Silmaria. Pour autant, la déesse Elfe n'avait jamais aspiré à obtenir l'amour du dieu des morts, au contraire, elle l'avait fui dans le monde des vivants pour se réincarner et sauver les peuples d'Azthia de son emprise aussi, il était difficile pour l'enfant de concevoir que la déesse oubliée puisse encore en vouloir à sa sœur pour quelque chose qui n'était pas de son fait. « Le cœur a ses raisons que la raison ne connaît pas », sans doutes ce dicton résumait-il à merveille la situation. L'enfant enfila rapidement ses vêtements, voulant rencontrer au plus vite Arwen pour lui faire part de son rêve et de la signification qu'elle avait pu en tirer. La Grande Prêtresse prit donc sa tunique beige et son pantalon marron puis enfila ses bottes fourrées à l'intérieur. Enfin, elle enfila sa cape blanche fourrée de noir au niveau du col qu'elle noua rapidement avant de s'apprêter à descendre les escaliers qui menaient jusqu'à l'autel.

Alors que son pied se posait sur la première marche, elle sentit les ondes meurtrières de ses visiteurs et comprit que Haneen ne l'avait prévenue que pour éviter cela. Son cœur se mit à battre violemment tandis qu'elle descendait les escaliers en trombe et empruntait le couloir. Un cri retenti dans sa tête et elle comprit qu'il s'agissait de Marianne. Tandis qu'elle courrait dans le couloir, cherchant une solution qui ne semblait pas venir, deux autres prêtresses furent prises en otage sans qu'elle ne parvienne à définir qui. Elle sentait leur peur perler dans son Esprit mais ne le maîtrisait pas encore suffisamment bien pour parvenir à déterminer de qui il s'agissait. Elle entra dans l'autel par la porte de derrière, se retrouvant en conséquence derrière Arwen et les soldats qui gardaient le temple, à l'autre bout de la porte d'entrée.

« Un geste et vous mourez. Relâchez-les. » tonna la préceptrice d'un ton lourd de conséquences.

Arwen avait son épée à la main, prête à en découdre et chacun des soldats autour d'elle était prêt à agir. Visiblement, la Tutrice ne comptait pas mettre en balance la sécurité de Silmarie avec quelques prêtresses. Certes elle ne souhaitait pas qu'il leur arrive du mal, mais Eloween sentait qu'elle cherchait avant tout à protéger la cité, même si cela impliquait des pertes. Tandis que les ennemis se jaugeaient, l'enfant en profita de sa position pour regarder ce qu'il se passait réellement. Une vingtaine d'hommes avait kidnappé trois de ses prêtresses. Marianne, l'adolescente qui avait crié, Eva, la petite de dix ans que tenait un gamin guère plus âgé qu'elle et Noémie, une jeune femme d'environ trente ans. La femme qui avait parlé semblait également bien jeune, tout comme la plupart des membres de cette étrange équipe.

Eloween sentit que l'inflexibilité d'Arwen se renforçait et qu'elle ne tarderait pas à donner le feu vert aux soldats, pour éviter le bain de sang, elle décida d'agir.

« Que voulez-vous ? » demanda-t-elle, cachée derrière le gros des troupes, « Qui êtes vous ? »

De là où elle était, elle pouvait très clairement voir ce qu'il se passait mais l'inverse n'était pas vrai. Elle pourrait ainsi évaluer la situation sans risque. Peut-être étaient-ils prêts à négocier contrairement à ce que pensait Arwen … Elle se doutait de ce qu'ils voulaient, de qui ils étaient, mais vu ce qu'elle s'apprêtait à faire, il fallait que son peuple ai toute les informations pour la suite.

[ Comme précisé dans mon MP, tu n'étais pas censé voir Eloween mais j'ai fait en sorte que ton message colle au mien, la prochaine fois, pense à bien faire attention n_n ]

La demoiselle sentait son cœur battre au travers de sa poitrine et se demandait bêtement si sa cage thoracique suffirait à le maintenir en place. Sans doutes l'image était-elle un peu enfantine mais peu importait, seule comptait la réussite de ce qu'elle entreprenait. Sur ses frêles épaules reposait la vie de ses prêtresses et si Arwen semblait prête à les sacrifier pour mettre fin à ces événements, Eloween quant à elle n'était nullement prête à un tel sacrifice et ne comptait pas permettre que la Tutrice donne l'assaut. Elle n'avait certes pas de pouvoir particulier à son égard mais comptait jouer sur sa notoriété et peut être aussi sur son influence sur les gardes qu'elle côtoyait tous les jours. Marianne gémit lorsque la lame pinça sa peau mais ne parla pas. Eloween sentait sa peur grandissante et entendaient ses pensées qui imploraient Silmaria de lui venir en aide. Elle n'était pas la déesse mais en était la réincarnation sur ces terres et comptait bien lui venir en aide non en tant que tel mais parce qu'elle ne supportait pas les effusions de violence envers les innocents. Peu importait qui étaient ces kidnappeurs, la jeune prêtresse ne pouvait pas permettre et tolérer de tels comportements dans son Autel.

« Ca suffit » précisa Arwen qui n'allait pas manquer de lancer l'attaque si la petite fille ne réagissait pas immédiatement.

Elle savait qu'elle devait faire vite sans quoi le sang coulerait et maculerait bientôt les pierres blanches de l'Autel. L'enfant réfléchit rapidement et finit par se décider. Délicatement mais avec une certaine force tout de même, elle poussa les soldats qui faisaient rempart de leur corps pour la cacher aux yeux du monde. La demoiselle fit face à ses futurs agresseurs car, elle le savait, ils ne venaient pas pour les pauvres prêtresses qu'ils avaient pris en otages mais bien pour elle. Haneen avait bien dit dans quel but ils étaient venus et quelle devait être sa mission. « Accorder le pardon », lorsqu'elle voyait ce qu'ils osaient faire à ses protégées, ses « sœurs », l'enfant n'osait pas imaginer ce qu'ils comptaient lui faire … Les yeux de l'enfant croisèrent le regard haineux de celle qui semblait être la meneuse de cette expédition. La femme ne tarda pas à se présenter. Son nom ne lui disait rien mais peu importait, qu'elle se présente devant tout le monde induisait qu'elle serait recherchée et qu'elle était sans limite. Visiblement, elle voulait que tout le monde connaisse leur nom et leur culte et ce sourire carnassier poussa Arwen à se placer devant la petite fille.

Beaucoup de murmures parcoururent l'assemblée une fois qu'elle prononça le nom de « Vitany ». Beaucoup ne connaissaient plus ce nom, ce culte oublié et ceux qui s'en souvenaient encore frémirent imperceptiblement. Ainsi, son ancêtre avait eu raison et les vieilles rancœurs renaissaient de leurs cendres.

« Vous foulez l'Autel de mes ancêtres impunément et vous en prenez à ses âmes innocentes, sachez que vous n'êtes pas la bienvenue et que vous faites honte à votre culte. »

Le ton était dur et se voulait à la hauteur de sa confiance. Eloween savait qu'elle devait frapper fort pour affirmer ses positions mais également pour s'assurer que personne ne la contredirait. Enfin, elle ajouta, d'un ton qu'elle voulait confiant :

« Je ne tolérerais pas la violence au sein de cet Autel. Veuillez relâcher mes sœurs je vous prie. »

La Grande Prêtresse sentit dans son Esprit que sa Tutrice se posait des questions mais elle ne bougea pas et la petite fille l'en remercia silencieusement. Sans doutes Arwen n'avait-elle pas encore deviné l'ampleur de ce qu'elle comptait faire.

« Je ne vous suivrais que si vous promettez de les relâcher sans qu'il ne leur soit fait de mal. »

Arwen allait réagir mais l'enfant avait déjà fait un pas en avant et s'était placée devant elle. Tandis que la Tutrice lui prenait le bras pour la tenir en arrière, la petite fille se retourna dans sa direction et lui sourit avec un calme qui trahissait son anxiété pour les initiés. Peu importait, son choix était fait, au nom de la paix, elle ne pouvait pas laisser se répandre inutilement le sang.

** Je sais ce que je fais … **
« Il n'en est pas question » murmura la Tutrice d'une voix ferme que seule Eloween pouvait entendre.
** J’œuvre pour la paix. **

L'enfant se dégagea d'un geste calme, doux et posa sa main sur celle de la Tutrice avant de se retourner dans la direction de la meneuse et du gamin. Elle savait qu'ils ne voulaient qu'elle mais sa demande serait-elle exaucée pour autant ?

La pauvre meneuse semblait pourtant décidée à lancer l'assaut, ignorant complètement le fait que si ses gardes faisaient un pas de plus, les prêtresses qui étaient prises en otage étaient mortes... Sauf bien entendu la gamine qui couinait en tentant vainement d'user de ses moments d'inattention pour s'extirper de la poigne on ne peu plus moite de Cimber. Si elle était terrorisée, il l'était tout autant que la pauvre. Voulant au moins paraître fort, il réussi toute fois à ne pas paniquer et garder un semblant de sang froid... Mais comment avoir l'air de quelqu'un qui était prêt à tuer alors qu'il ne l'était pas? Jamais, mais alors jamais ne réussirait-il à enlever la vie. Pas.... pas une seconde fois. La mort du père de la jeune Astorg était restée gravée dans sa mémoire et, avant son pacte avec Vitany, s'était jointe aux maints cauchemars qui le hantaient nuits après nuits. Ça avait été si facile... si facile.

«Vous foulez l'Autel de mes ancêtres impunément et vous en prenez à ses âmes innocentes, sachez que vous n'êtes pas la bienvenue et que vous faites honte à votre culte.»

Ces simples paroles suffirent pour le faire frémir. Il craignait cette petite enfant d'une dizaine d'année autant qu'il craignait son propre père, et il craignait la colère de Koréanne comme il craignait celle de sa mère. Il n'avait aucun autre envie que celui de s'enfuir pour ne jamais revenir dans cette maudite cité qui, de toute façon, n'avait jamais été faite pour lui.

«Je ne tolérerais pas la violence au sein de cet Autel. Veuillez relâcher mes sœurs je vous prie.»

Ce ne fut qu'à ce moment que Koréanne daigna adresser une réponse à la grande prêtresse.

«Nous crachons sur vos ancêtres comme vous vous êtes gaussés des nôtres par le passé. Vous vous croyez tellement à l'abris, derrière ce jolie marbre immaculé, derrière les statues de celles qui ont si fièrement tâchées de nous évincer, nous. Mais il n'en est rien, et vous en avez aujourd'hui la preuve.»

Dit-elle, ponctuant ses paroles venimeuses d'un regard de dédain aux magnifiques statues des grandes prêtresses. Cimber lui-même n'était pas certain de ce qui se disait. Les grandes prêtresses et Silmaria elles-même étaient-elles vraiment à l'origine de l'oublie de Vitany? Étaient-elles à l'origine du si piteux état de son culte aujourd'hui? Sachons que bien entendu, l'ordre Obsidien n'a jamais été bien vu, même dans des passés plus glorieux. Toute fois, il fut un temps, un temps si reculé qu'il en est oublié, ou ses disciples étaient craints et respectés! Maintenant quoi? Leur déesses elle-même était présumée morte!

«Je ne vous suivrais que si vous promettez de les relâcher sans qu'il ne leur soit fait de mal.» Trancha la petite fille

Le sourire de Koréanne ne fit que s'élargir, et la peur de Cimber commençait à s'atténuer légèrement, voyant la fin de ce moment si intense. La prêtresse, quant à elle, se retourna vers celle qui menait les gardes, mais ne sembla piper mot. Si elles parvenaient à marchander, c'était bon signe, non? Pendant un instant, il cru que la porte parole refuserait l'offre, mais finit par répondre.

«Venez avec nous, mon enfant... Et nous vous promettons que vos chères prêtresses seront relâchées.»

[Pardon pour cette réponse tardive :s J'espère que tout est ok!]

Arwen n'avait jamais transigé avec le « mal », pour elle, ce qui n'entrait pas dans cette catégorie devait être éliminé, ni plus ni moins. En attentant à la vie des prêtresses de Silmaria, peu importe qui étaient ces personnes, elles ne méritaient pas le pardon ou encore, la pitié de la Tutrice. Ainsi avait-elle été formée par la vie, la disparition d'Erendar, son maître, lui avait fait comprendre rapidement qu'elles devaient être ses priorités et si pour la sécurité du plus grand nombre, il fallait en sacrifier quelques uns, il devait en être ainsi. Certes l'Elfe le regrettait mais cela ne ferait pas fléchir son comportement ou ses convictions. Ce n'était bien entendu pas l'avis de sa jeune protégée pour qui chaque vie avait une importance cruciale et, plus encore, pour qui chaque âme méritait le pardon. Haneen avait insisté à son tour sur ce point, elle ne pourrait sauver personne sans accorder son pardon et si pour l'heure Eloween se demandait sincèrement si elle serait capable de pardonner une telle violence envers des êtres innocents, elle espérait cependant que ce qu'elle tentait d'entreprendre suffirait à calmer le jeu et à sauver la vie de ses précieuses amies. Il était au combien important pour la petite fille de préserver les lieux de la violence des hommes car ils étaient sacrés et ils étaient le refuge de toute âme cherchant son chemin.

L'enfant avait posé un regard sur d'elle sur celle qui semblait mener la danse. Elle espérait que cette dernière accepterait son offre même si elle était persuadée également que jamais Arwen ne lui permettrait d'agir comme elle l'entendait. En réalité, il était évident que la jeune femme n'aurait pas le choix car telle était la volonté de la Grande Prêtresse et, plus encore, l'enfant le sentait, tel était son destin, telle était la volonté de ses ancêtres. Préserver la paix était sa lourde charge et elle seule avait le pouvoir d'entreprendre une telle tâche.

La jeune fille regardait l'ensemble des protagonistes sans parvenir à comprendre réellement qu'elles étaient leurs intentions. L'Esprit lui était une source particulièrement utile d'informations. Elle avait comprit que la jeune femme nommée Koréanne était la chef de la bande et visiblement, elle n'avait aucun scrupule, elle savait également que ses intentions étaient mauvaises mais que son sacrifice suffirait certainement à apaiser la jeune femme et ses intentions. L'Elfette sentait une onde de peur qui n'appartenait pas à ses amies. Elle croisa alors le regard d'un Elfe, à peine plus âgé qu'elle et comprit qu'il s'agissait sans doutes d'une brebis égarée au vue de sa peur pourtant, elle ne soutint pas son regard, consciente que cela pouvait l'agacer et qu'il avait la vie de la jeune prêtresse entre ses mains.

La jeune fille avait tendance à croire que Koréanne méprisait le culte de son peuple mais cela ne devait pas la perturber, elle devait obéir au destin qui lui avait été confié.

« Nous n'avons pas cherché à vous évincer, Silmaria est garante de la paix, jamais elle n'aurait permis que des Elfes fussent oublier. »

Les croyances étaient sûrement la pires choses pour les êtres vivants car elles s'opposaient bien souvent les unes aux autres et en prononçant ces mots, qui sonnaient car la simple réalité à ses oreilles, Eloween se rendit compte qu'elle entrait dans le jeu de la jeune femme. Trop tard, elle avait de toute façon prononcé ces mots et ne pouvaient pas revenir en arrière. De toute façon, si pardon elle devait donner, il faudrait qu'elle sache les raisons de leur action.

« Relâchez les et je vous suivrais » précisa l'enfant tandis qu'elle avançait de quelques pas. « Qu'il ne leur soit fait aucun mal »précisa à nouveau l'enfant à l'attention des gardes cette fois-ci.

Son destin était entre leurs mains désormais, et qui vivrait verrez.

[ Eloween vous suit du coup en échange, Koréanne doit relâcher les prêtresses, je te laisse avancer un peu le cours du RP (décrire comment vous quittez le temple en sachant qu'Eloween a interdit que l'on vous fasse du mal et ce que vous faites ensuite, je te fais confiance ^^). Je me permets juste de te rappeler qu'il ne doit pas être fait de mal à la petite. ]

Beaucoup se souviendraient de ce jour comme étant la fin d'une époque, l'enfant naïve et douce qu'avait été jusque là Eloween s'était révélée plus déterminée et forte que jamais. Par devant les dangers, au delà de la mort, la petite demoiselle avait levé le menton et s'en était allée, suivant ses ravisseurs avec fierté et conviction. Elle savait parfaitement ce qu'elle risquait, et encore plus ce qu'elle venait de faire : sauver des âmes. Les Elfes étaient son peuple, ses protégés, ses fidèles dont elle serait à jamais le Guide. Qu'elle meure et Silmaria s'en trouverait renforcée, choisissant le corps d'une enfant à nouveau pour s'y réincarner. Le cycle ne saurait être brisé par la folie des hommes. D'un pas assuré, la petite fille dépassa ses gardes du corps qui tentèrent vainement de la retenir. Une aura charismatique s'échappait de l'enfant toute de blanc vêtue bien que cette dernière reste silencieuse.

Eloween croisa le regard de celle qui avait pris la parole jusque là.
Elle le soutint avec autant de force et de conviction qu'elle pouvait réunir sans parvenir pour autant à vraiment se rassurer. L'enfant fit comme si tout allait bien, se répétant sans cesse intérieurement qu'elle était en sécurité, que sa foi la protégeait ainsi que ses ancêtres. Au fond d'elle, la jeune Elfe ressentait une force insoupçonnée jusque là, comme si des années de silence renaissaient en elle. Sans dire un mot, elle se plaça en face de celle qui menait la troupe et planta son regard dans le sien. Sans la provoquer, elle se devait de lui faire comprendre sa résolution, elle ne venait pas en tant que prisonnière mais de son plein gré, voilà ce que semblait dire ses prunelles noisettes au regard imprudent. Le regard de la Grande Prêtresse s'attarda sur les otages que l'on libérait, d'un air satisfait, elle soupira intérieurement, son cœur se serrant à l'idée de ce qu'on allait lui infliger. Elle ne devait pas se montrer faible, elle devait au contraire montrer à ses fidèles, à ses gardes et sa Tutrice qu'elle était digne de la tâche qu'on lui avait confié. Elle croisa d'ailleurs le regard affolé de cette dernière et savait pertinemment qu'elle réfléchissait déjà à le manière de procéder pour l'empêcher de commettre cette folie ou pour simplement se débarrasser du « problème ».

Ils vinrent se placer à ses côtés sans qu'elle n'esquisse le moindre mouvement. Il lui était difficile de ne pas trembler mais se focaliser sur sa foi et sa croyance l'aidait à faire semblant de garder son calme. Ton son être hurlait de peur intérieurement même si ses traits restaient impassibles. Plus tard, Arwen louerait son calme et sa patience mais cela, la petite Eloween l'ignorait encore. Pour l'heure, elle s'imaginait déjà offrir sa vie pour sa chère cité et si cela la terrorisait, elle se sentait étrangement calme vis à vis d'une mort proche. La suite ne lui faisait pas autant peur qu'elle l'aurait cru de prime abord.

Cette cité, Eloween venait de comprendre qu'elle était prête à offrir son existence pour elle. Sans retour et sans prix d'échange.
Par amour, les choses semblaient tellement plus faciles.

La question de la meneuse la surprit, en réalité, elle s'était attendue à ce que la jeune femme la fasse taire ou du moins, à ce qu'elle ne lui adresse la parole que pour lui asséner son plan diabolique ou encore pour la terroriser. Sa question la prit au dépourvu mais pour autant, elle prit la peine d'y réfléchir très sérieusement. En dehors de la prémonition qu'elle avait reçu, l'enfant ne savait que peu de chose de ce culte oublié cependant, elle en savait suffisamment pour savoir ce qu'ils espéraient.

« Que votre cœur est empli de doutes »

Ce fut sa seule réponse. Non qu'elle eut envie de la provoquer mais elle ne souhaitait pas pour autant lui montrer à quel point elle se posait elle-même des questions ou encore, à quel point elle se demandait jusqu'où allaient leurs ambitions.

« Je ne suis guère une enfant, je suis la Grande Prêtresse de ce peuple. »

Là encore, le ton n'était pas à la provocation, en réalité, Eloween avait l'impression de ne pas maîtriser son corps et sa langue comme si quelqu'un utilisait son être pour s'adresser à la jeune femme à travers elle. Peu importait en soi, sa vie leur appartenait, mieux valait en conséquence qu'elle marque le plus de points possibles. Que la jeune femme se moque d'elle ne la perturbait pas, qu'elle la menace, la maltraite l'embêtait plus mais l'enfant savait qu'elle accepterait son destin. Elle se devait de l'accepter. Ses ravisseurs la firent marcher toute la journée, jusqu'à ce que Dame la lune se décide à pointer le bout de son nez dans le pâle ciel de ce début de soirée. Eloween suivit le groupe dans une grotte qui débouchait sur un imposant sanctuaire. Elle s'attarda sur le paysage, cherchant à deviner où elle était. Elle savait que ses gardes n'auraient aucun mal à les retrouver mais c'était important pour elle d'imprimer chaque détail.

En silence, elle suivit le jeune homme, sentant dans son Esprit en alerte permanente ses gardes qui approchaient. Dans quelques minutes tout au plus seraient-ils là. Elle avait donné l'ordre de ne faire de mal à personne sans quoi, jamais elle ne pourrait se le pardonner. Toujours en silence, Eloween entra dans la geôle et planta son regard dans celui de ce jeune homme si étrange, si peu sur de lui.

« Ne t'inquiète pas, nous serons bientôt tous libérés » répondit-elle avec douceur.

Elle sentait que le jeune garçon n'était pas spécialement satisfait par la tournure des événements, il semblait même hésiter mais pour autant, il l'avait enfermée. Elle ne lui en voulait pas le moins du monde mais au contraire espérait qu'elle parviendrait également à le sauver. Il avait choisi le mauvais chemin mais rien ne lui interdisait de reprendre la bonne voie. Elle allait reprendre la parole lorsqu'un de ses gardes pénétra dans l'enceinte de sa geôle. Ils les avaient suivi de très près ou plus exactement, ils avaient gardé une certaine distance entre eux mais s'étaient déplacés à cheval.

La suite des événements, Eloween ne s'en souvenait pas vraiment, elle n'était même pas certaine du temps qui s'était écoulé entre le moment où le jeune garçon l'avait enfermée et celui où la lame l'avait transpercé. Les larmes n'avaient pas cessé de rouler sur les joues de la jeune fille depuis lors et mêmes les mots réconfortants d'Arwen ne parvenaient pas à les faire tarir. Eloween ne pouvait pas oublier le regard innocent de cet inconnu qui la fixait. La Tutrice avait pris la décision de tous les exterminer … La Grande Prêtresse lui en voulait mais pour autant, les arguments cartésiens de la jeune femme étaient des plus logiques.

« Ô Silmaria, puissiez-vous nous pardonner. Veillez sur ces âmes égarées, offrez-leur la paix, l'amour et l'espoir. Offrez-leur votre lumière et veillez sur vos enfants. Que nos épées soient pardonnées, que les âmes souillées soient bénies. »

Toute la nuit durant, Eloween pria pour le jeune homme dont elle ignorait pourtant tout. Elle pria pour la meneuse. Elle pria pour les trois hommes qui l'avaient encadrés. Pour tous ceux qui étaient tombés et lorsque le jour fut venu, elle put enfin murmurer :

« Je suis désolée »

[ Désengagés ]