[FA] Une cueillette automnale (fini)

Le soleil d'automne était masqué par des nuages gris de pluie et malgré la période de l'année il faisait chaud, mais pas la chaleur suffocante de l'été où seuls les fous sortaient de la ville aux heures les plus chaudes, les fous ou ceux qui n'avaient pas le choix. Il y avait des années que Kaoru était le seul arbitre de ses actes et il ne partait se promener seul hors de la ville qu'aux heures où le temps était clément. Enfin seul, c'était une manière de parler, car Gangûro ne laissait jamais son maître s'éloigner seul de la maison de thé. L'art d'apaiser les tensions de l'artisan et de manipuler les gens lui évitait de nombreux ennuis et il savait bien mieux se battre qu'il n'en donnait l'illusion avec l'apparence gracile que lui apportait ses habits raffinés et son visage efféminé, toutefois on ne tenait pas une taverne illégale acceptant les trafic de stupéfiants sans se méfier ni s'attirer l'inimité ou la jalousie de concurrents et de fait Kaoru avait quelques amis prêts à retourner leurs vestes pour s'emparer de son commerce. Il risquait également le courroux de potentiels conjoints ulcérés de découvrir sa liaison avec leurs femmes, quand il ne risquait pas que l'on découvre ses aventures avec des hommes. Bref Gangûro voyait du danger pour son maître partout.

Quoiqu'en dise ou pense son serviteur, Kaoru avançait d'un pas vif vers l'extérieur de la ville. Il allait chercher des plantes et c'était bien la seule occasion pour laquelle il prenait plaisir à utiliser ses propres jambes pour couvrir des kilomètres. Entre autres plantes il recherchait des roses et des lys et savait pouvoir en trouver sans difficultés dans la campagne environnante. Arano était une grande cité et il flâna un peu dans les rues familières et animées tout en se dirigeant vers la campagne. L'artisan quitta tranquillement les portes de la ville en inclinant respectueusement la tête vers les gardes qui lui répondirent par un tressaillement indistinct du chef, certains d'entre eux étaient déjà venus à l'Hakuya et le propriétaire s'était fait un devoir de s'attirer leurs contentements et leurs amitiés afin de les rendre moins sensible aux intrigues dans l'arrière-boutique.

Kaoru emprunta un temps la route côtoyant les passants, marchands, officiels, soldats ou visiteurs et évitant autant que possible les chevaux. Il obliqua ensuite sur un petit chemin moins arpenté qui le menait vers un terrain fleurit certains temps de l'année. À défaut de fleurs il y trouverait des herbes aromatiques pour parfumer son bain, en tout cas il avait toutes les raisons pour s'y promener. Le terrain montait un peu et serpentait pour passer une colline. De très bonne humeur il entonna une chanson gaie. Derrière lui Gangûro le suivant en silence, s'il ne disait rien il appréciait autant la promenade que son maître. La colline laissa place à une autre plus haute toutefois le chemin ne la traversait pas à son point culminant et la contournait pour mener les promeneurs à une rive de cours d'eau bordée de végétation dont quelques fleurs.

L'artisan posa son panier à plantes au sol et s'agenouilla devant un bosquet de roses. Il sortit une petite paire de forces pour plantes et coupa soigneusement les tiges dotées des plus belles fleurs. Il les entreposa ensuite dans son panier et passa au bosquet suivant. Au bout d'une dizaine de minute il s'estima satisfait et reprit la route un peu plus loin le long du cours d'eau. Il aperçut un peu plus loin des taches blanches et se dirigea vers elles. Le vent forcissait de minutes en minutes et Gangûro proposa qu'ils rentrent avant d'être surpris par la pluie, mais Kaoru répondit qu'il voulait encore pousser ses recherches plus loin avant. Le vent poussait dans ses yeux ses longs cheveux noirs et il devait les remettre derrière ses oreilles sans cesse pour pouvoir y voir. Chose étrange pour lui qui était si méticuleux : il aimait le vent, malgré sa tendance à le décoiffer et remuer ses habits, il aimait sentir sur sa peau ce souffle qui charriait les senteurs de la nature et faisait voler les fleurs de cerisiers au printemps. Plus le vent soufflait fort et plus il se sentait en vie.

Les taches blanches se révélèrent être des lys et l'artisan les cueillit avec joie en sélectionnant encore une fois les fleurs dont les pétales étaient en bonne état. Quand il fut enfin satisfait il se releva et contempla sa récolte dans son panier avec contentement. Le vent soufflait alors en rafale commençant à projeter des gravillons et grains de sable. Kaoru se rendit à la raison et reprit le chemin vers Arano d'un pas rapide pour tenter d'éviter la pluie qui ne tarderait pas à tomber. Le vent violent faisait voler les cheveux de l'artisan et ils devaient se protéger les yeux des fins détritus qu'il charriait. Le Jinmen songeait avec anticipation à son appartement bien isolé des intempéries où il entendrait le doux chant de la pluie et du vent tout en buvant un thé fumant.

» [DA 151] Au nom d'une alliance (fini)
» [D-E] Tu ne l'aimais pas. [Fini]
» [FH]Que lis-tu ?(pv Jeyne) [fini]
» Aizon [Fini]
» Noalia [fini]

[FA] Une cueillette automnale (fini)

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