[FH] Rencontre au détour des rues (pv Eona)

Sia et Neith étaient impatients. Ils avaient appris la nouvelle certainement par leur père, à moins qu'ils ne se soient décidés à jouer les petits curieux et à espionner les conversations de leurs parents. Dans ce cas, l'Almer allait certainement devoir leur apprendre au plus vite à perdre ces mauvaises habitudes, d'autant que s'ils avaient vraiment épié leur conversation, elle n'avait pas senti leur présence ce qui, vu leur jeune âge, était impensable. Ami commençait sincèrement à se demander ce qu'ils deviendraient. Ils avaient de mauvaises habitudes et, plus que tout, avaient tendance à se montrer beaucoup trop entreprenants. Quoi qu'il en soit, la jeune femme ne pouvait pas se permettre de les emmener dans le cadre de sa nouvelle mission. Tout excités qu'ils soient à l'idée de l'accompagner, elle ne pouvait pas se permettre de prendre les deux jumeaux de huit ans avec elle, quand bien même était-elle leur maître attitré. Elle devait seulement aller chercher un Sensible mais vu sa physionomie d'Almer, même son titre de maître Templier et de co-directrice du Temple ne la protégeait pas toujours des préjugés et des réflexions de mauvaises augures. Mieux valait éviter aux enfants de subir tout cela, d'autant plus avec leur métissage. Si le Temple tolérait bien entendu ce type de naissances, il était évident que ni Erathia ni Silmarie n'accepteraient jamais ses enfants.

** Nous sommes prêts à t'accompagner maman ! **

La voix de Neith résonnait dans sa tête avec douceur et elle sentit l'amertume qui montait en elle. Sia se joint bientôt à lui pour exprimer son envie de l'accompagner et cela ne fit qu'augmenter le poids de sa culpabilité. La discussion fut longue, difficile et ponctuée par les pleurs et les gémissements de la petite fille. Son frère comme à son habitude s'était muré dans un silence réconfortant. S'il était déçu, il n'en montrait rien et tentait d'apaiser au mieux sa jeune sœur qui ne comprenait pas pourquoi leur mère refusait à ce point qu'ils goûtent à l'aventure. Depuis qu'elle les avait pris sous son aile, la directrice avait tendance à penser qu'elle avait commis une erreur. Certes elle était la plus à même de les former avec le handicap de Neith et l'envie irrépressible de Sia de rester avec lui, mais en même temps, elle doutait d'avoir les compétences pour en faire de bons Templiers. Ils étaient trop jeunes, trop attachés à elle pour la voir autrement que comme une mère. Sans doutes devrait-elle garder Sia pour confier l'apprentissage de Neith à quelqu'un d'autre mais cette question devrait être débattue plus tard.

Asra scellée, la jeune femme avait pris la direction de la cité des brumes, seule. Il ne lui avait fallu que peu de temps pour la rejoindre et encore moins – fort heureusement – pour expliquer la situation aux gardes d'entrée. Elle avait pris soin de cacher son teint halé par une capuche mais ils se montrèrent réticents à la laisser entrer, ce qu'elle pouvait comprendre. Des siècles de tradition ne pouvaient pas s'effacer, tout au plus reculer grâce à son titre de Templier. Elle entra dans la cité, ses armes cachées sous son épais manteau et la capuche toujours rabattue sur son visage. Amiya se dirigea vers l'auberge, y déposa la jument avec une somme d'argent permettant de louer une chambre pour quelques jours et du foin pour l'animal.

Il ne lui fallut que quelques minutes pour trouver les lieux où vivaient l'enfant détecté. Le maître qui l'avait découvert n'avait eu ni le temps ni la patience de convaincre sa famille de le leur confier, Ami espérait qu'elle y parviendrait bien que sa race d'origine ne joue pas en sa faveur. Peut être aurait-elle du emmener ses enfants après tout … ils auraient au moins pu l'aider dans cette tâche. Quoi qu'il en soit, son premier entretien avec la mère s'était soldé par un échec, cette dernière n'avait pas voulu l'entendre et lui avait presque fermé la porte au nez. Charmant. Découragée mais consciente qu'elle devait insister, la jeune Almer s'était dirigée vers l'auberge en réfléchissant à ce qu'elle pourrait faire ou dire le lendemain pour convaincre cette mère de famille de lui confier son jeune fils de douze ans. Ce fut alors qu'elle remarqua deux présences dans son Esprit qui n'auraient pas dû s'y trouver, pas avec autant de distance entre eux. Sia et Neith l'avaient suivie. Impossible. Impensable. Tellement eux pourtant ! Elle n'avait pas fait attention durant le voyage et avait fermé son Esprit pour éviter des problèmes … se sentant idiote, elle suivit la « trace » de ces chenapans, désormais persuadée qu'ils étaient en ville. Peu concentrée sur ce qu'elle faisait, elle heurta sans le vouloir quelqu'un en pleine rue. Ayant perdu le fil de son Esprit, elle se releva avec peine et grimaça en constatant qu'elle avait percuté une jeune femme. Elle rabattit aussitôt sa capuche sur sa tête et tendit la main à la personne en s'excusant.

« Excusez-moi, je ne vous avez pas vu, j'étais … perdue dans mes pensées. Vous allez bien ? »

La neige avait du amortir le choc, du moins l'espérait-elle. Tout en attendant que la personne prenne sa main tendue, elle se concentra pour chercher les deux gredins grâce à l'Esprit. Fort heureusement, vu leur jeune âge, il leur était impossible de se cacher de sa présence mais elle fulminait de s'être montrée aussi naïve en pensant qu'ils obéiraient bien sagement.

Se réveillé dans une cité que l'on ne connait à peine donnait un goût étrange aux matinées, la fin de l'hiver approchait depuis un moment et les jours qui en restait demeurait suffisamment froid pour que la neige ne puisse retourner là d'où elle était arriver. Cependant, la n'était pas la raison de son réveil, Eona se prépara bien rapidement car étant arriver tard la veille dans la cité des brumes avec l'aide d'un guide, elle ne put visiter les environs plus que sa chambre. La première bouffée d'air frais, suivis du premier pas dans la neige affaiblit par les piétinements, maintenant l'on pouvait parlé d'être bien réveillée. S'assurant d'au moins savoir où retourner lors de la fin de sa visite, elle suivit le passage des autres personnes qui eux suivaient leurs quotidiens. Capuche aux sourcils, foulard sous le nez, Eona n'avait pas prise la peine de mettre son armure sous son manteau, sa rapière par contre reposait sur sa taille. La jeune zélote épiait chaque détails de la cité et de sa population, tournant parfois sur elle-même pour regarder tout autour, une vraie touriste à première vue. Parfois elle s'arrêtait à des passants pour leurs demander s'ils avaient un jour connu une certaine Larien Elensar, sa mère, sans réponses concluantes, quoi qu'elle n'était pas ici pour rencontrer des anciennes connaissances à sa mère, mais bien pour rendre honneur au sang qu'elle lui avait donné. Sans espoir, elle allait abandonné la recherche d'informations sur sa mère lorsqu'un homme retentit plus loin, il devait avoir entendu le nom du bout de ses oreilles pour qu'il réagisse de si loin, hurlant à haute voix:

«Hé! Moi je la connais ta Larien!... Si tu la connais alors peut-être tu pourrais l'aider à me rembourser les dettes qu'elle me doit!!», ayant l'air certain de lui, Eona le crût sur parole. Sa mère aurait des dettes envers certaines personnes? Quel genre d'elfe était-elle? Mais alors que l'homme s'approcha, bousculant les passants dans son chemin l'air furieux, la jeune zélote eu le mauvais réflexe de fuir, donnant à l'homme l'impression qu'il avait raison, maintenant en tête qu'Eona avait son argent, non seulement bousculait-il les personnes dans son chemin, mais un peu plus et il leur marchait sur leurs têtes, voguant sur une vague d'épaules.

Bifurquant dans une allée, elle prit son temps d'avance pour retirer sa cape et la mettre à l'envers, celle-ci n'était pas de la même couleur que son intérieur, peut-être qu'il ne la trouverait pas. Comme de fait, elle put entendre l'homme râler derrière, clairement il l'avait perdu de vue lorsqu'elle était entrée dans la foule avec son déguisement de dernière minute. Eona ne put s'empêcher de laisser un petit rire s'enfuir des ses lèvres, court mais apaisant et doux aux oreilles de ceux qui l'entendirent, les regards sur elle la génèrent et elle s'empressa de remonter son foulard un peu et de regarder au sol. Oubliant le fait que regarder devant soit aurait été une meilleure idée, arrivée au coin d'une demeure, elle heurta quelqu'un et s'en retrouva au sol. Toujours la main au foulard, elle prit un court moment pour regarder le ciel, nuageux, jusqu'à ce qu'elle ressente un froid intense dans son cou, de la neige avait été soulevé du sol et devait s'être faufilé vers son cou ou bien avoir fondu à travers son foulard. Quoi qu'il en soit, le frisson lui parcourut le corps en un instant. Lorsque celui-ci se termina, elle laissa tombé ses bras en étoiles et baissa le regard pour remarquer la main tendue vers elle, sa capuche cachant le visage de la personne.

« Excusez-moi, je ne vous avez pas vu, j'étais … perdue dans mes pensées. Vous allez bien ? »

La voix féminine lui donna meilleur indice qu'une main tendue, et ce fut avec douceur qu'elle empoigna cette même main pour s'aider à se relever, balbutiant un peu avant de prendre une bonne respiration, elle fini par lever son regard sur la femme qu'elle avait heurter. Elle ne put en voir beaucoup sous la capuche de celle-ci, considérant que sa propre capuche lui cachait une bonne partie de sa vue, Eona finit par rabaisser la sienne puis de tirer de peu son foulard vers le bas pour que sa bouche en sois libèrer.

«Je m'en excuse aussi, il faut dire que nous sommes toutes deux coupables de ne pas faire attention vers où l'on avance.» , sa voix douce ne cachait en aucun point qu'elle n'avait aucune rancune, elle faisait tout de même part de cet incident où elle en était fautive. Elle continua donc avec réponse à la question de sa complice. «Je vais bien merci. Et vous?»

La jeune femme avait le teint pâle et des cheveux d'ébène. La première pensée de la Templière la concernant fut « fragilité » mais elle se ravisa vite en l'observant un peu mieux. Certes la jeune femme était jolie, jeune également à en juger par ses traits, dans les vingt ans tout au plus si Ami ne disait pas de bêtises mais il y avait également quelque chose qui ressortait de sa présence. Une certaine grâce et surtout, une forme de puissance. La jeune Almer n'aurait pas su l'expliquer, mais elle avait l'impression que cette femme était tout sauf fragile malgré son apparence. Sans doutes la chute lui jouait-elle des tours, dans tous les cas, elle ne devait pas s'arrêter à ce genre de détails alors que ses enfants jouaient dans une cité qu'ils ne connaissaient pas et qui ne souhaitait pas forcément leur présence en son sein. La mère de famille remarqua la douceur avec laquelle la jeune inconnue avait saisi sa main, dans la droite lignée de ses réflexions jusqu'alors. Elle ne put s'empêcher de penser que la personne qu'elle avait percuté était jeune, sans doutes de bonne naissance. C'étaient des réflexes plutôt étranges et certainement déplacés et stupides mais peu importait, la jeune femme tenait à les garder. C'était en partie parce qu'elle était méfiante et avait ce genre de réflexes qu'elle avait réussi à survivre jusque là, d'autant plus lors de l'attaque du Temple, quelques années auparavant, et durant la bataille de Tamawa pour le reprendre. C'était principalement en surestimant ses adversaires qu'elle en était venue à bout sans trop de difficultés. Réflexe idiot ou non, elle comptait bien le conserver pendant quelques années encore. Dommage cependant qu'elle n'ai pas eu un tel réflexe concernant ses enfants. Peut être ne se seraient-ils pas permis de la suivre ainsi malgré son désaccord et, plus encore, peut être auraient-ils obéi une fois dans leur vie. Ils n'étaient pas méchants, certes, mais ils se croyaient bien trop forts et bien trop malins, ce qui ne plaisait pas beaucoup à leurs parents, conscients qu'ils étaient des dangers de ce monde.

Toute à ses réflexions, Amiya en aurait presque oublié la jeune femme qui pourtant se tenait bien droite devant elle et, visiblement, attendait une réponse de sa part. Elle percutait cette gamine, elle l'aidait vaguement à se relever et voilà qu'elle se montrait des plus grossières en ne lui permettant pas de voir son visage ou encore, en l'ignorant. Quelques secondes à peine s'étaient écoulées mais la Templière se sentait idiote de se laisser aller ainsi et de ne faire attention à rien. D'un regard discret, elle continua à détailler son interlocutrice avant de lui répondre d'un ton neutre :

« Ça va, merci. Je suis un peu tête en l'air, mais rien à voir avec cet incident ! »

Amiya sourit sous sa capuche et se dit qu'elle devrait vraiment apprendre à regarder où elle marchait. Son inquiétude et ses angoisses personnelles ne devaient pas prendre le pas sur ce qu'elle était, encore moins sur ce qu'elle était venue faire ici. Sa présence était à peine tolérée, d'où son hésitation à retirer sa capuche mais, par politesse, elle ne voulait pas vexer la jeune femme qu'elle venait de bousculer. Surtout que cette dernière, après un petit examen rapide et inconscient par le biais de l'Esprit, ne semblait pas lui en vouloir et se voulait plutôt amicale. D'un geste lent, Ami remonta sa capuche, sans la faire retomber sur ses épaules, elle dévoilait en partie son visage mais essentiellement ses yeux et ses cheveux. Le reste était encore relativement plongé dans l'ombre. De toute façon, l'affreuse poudre ou crème, elle ne s'en souvenait plus, qu'elle avait du passer pour éclaircir son teint devait faire l'affaire. Elle n'était pas parmi les Almers les plus bronzés, fort heureusement ! Sa peau couleur de miel avait eu tendance à blanchir en l'absence de soleil. Tamawa n'était en effet pas réputée pour sa température tropicale ! Elle sourit avant d'ajouter d'un ton badin.

« Je me nomme Amiya, et vous ? »

Elle marqua une pause avant de reprendre.

« Je vous prie de m'excuser, j'étais tellement inquiète pour mes … neveux que je m suis laissée aller. Vous alliez quelque part peut être ? J'espère ne pas vous avoir mis en retard dans ce cas. »

Mieux valait dire neveux qu'enfants. Réflexe de survie. Sans vraiment s'en rendre compte, voilà qu'elle engageait la conversation avec la jeune femme, tout en continuant à chercher intérieurement ses enfants par l'Esprit. Heureusement qu'ils ne savaient pas le lui fermer ! Ils étaient discrets quand ils le voulaient certes mais pas suffisamment et c'était bien sa chance. Dans tous les cas, maintenant qu'elle avait engagé la conversation, plus question de les chercher en présence de l'inconnue. Amiya ne pouvait prendre aucun risque pour ses enfants dans cette cité. Si Sia ressemblait plus à son père, Neith quant à lui avait beaucoup plus l'apparence d'un enfant Almer. S'ils venaient à se faire prendre, qui savait la réaction qu'auraient les gens ? Nul doutes qu'ils n'avaient pas pensé à se cacher le visage ou encore, à enduire cette crème affreuse qui rendait le teint plus clair. Certes ils n'étaient pas bronzés comme les Almers de Ptot Tah mais certains signes ne trompaient pas, sans parler que Neith ne parlait que par l'Esprit, chose qui n'était pas bon signe du tout quand on cherchait à se rendre discret ! Non décidément, ils la rendraient chèvre. Elle évacua toutes ces pensées pour sourire à la jeune fille qui lui faisait face. Décidément bien jeune, elle se demandait ce qu'elle pouvait bien faire là sans oser lui poser la question. Après tout, ce n'étaient pas ses affaires. Mais quand même, la curiosité la démangeait intérieurement. Quoi qu'il en soit, elle attendit avec patience les réponses à ses questions, elle aurait tout le temps d'en apprendre plus par la suite si la jeune femme le souhaitait et si elle-même s'en donnait la peine.

Une jeune femme se tenait donc devant elle, quoi que par moment on aurait dit qu'elle avait la tête ailleurs, mais du moins Eona n'en pris pas rigueur. Se sentant étudié pour un moment, elle attendit patiemment une réponse de sa part et réponse elle eu. Du moins rassurée qu'elle n'ait pas blessé celle-ci dans cet accrochage, quel genre de touriste serait-elle si elle se mettait à blesser les autres passants. Inquiétude loin derrière, elle pris la peine à son tour d'étudier, d'un simple regard discret de la tête au pied, la jeune femme qui, à première vue, était probablement dans la vingtaine. Comme si celle-ci savait qu'elle était étudié, la femme releva sa capuche de peu, laissant paraître ses yeux noisettes et ainsi que des cheveux châtains, bien peigné à première vue. Le peu de lumière laissait dû moins laisser apercevoir un teint pâle et légèrement luisant, dans la surprise d'Eona. Elle n'y porta peu attention et elle fit bien d'en faire ainsi puisque la femme semblait avoir repris ses esprits sur elle. D'un sourire elle se présenta, Amiya était donc son nom. Elle ne put dire qu'elle avait entendu ce nom quelque part, elle n'avait pas bonne mémoire pour les noms, mais comme de fait, à ses oreilles ce fut une première. Bien rapidement, la jeune zélote ne put s'empêcher de se questionner sur la nationalité de celle-ci, clairement pas du coin elle non plus, elle se promis donc de lui demander éventuellement, lorsqu'elle en aura la chance. L’inquiétude de la femme devant elle lui fit penser à quel point se devrait être un défi à retrouver des personnes dans une foule tel que celle-ci, après tout l'homme qui l'avait poursuivit n'avait eu aucune chance. À la seconde question, elle ne sut que trop répondre, avait-elle un endroit par où elle se dirigeait? Après tout elle s'était dit qu'elle ne ferait qu'une visite au hasard et si par chance elle trouvait un coin tranquille et sans encombre, alors peut-être aurait-elle pu s'y reposer, pour le moment elle se contenta de répondre au sourire d'Amiya et de se présenter à son tour sur son ton habituellement doux:

« Eona, enchanté de vous connaître », elle resta dans le simple, nul besoin de divulgué son nom complet, après tout, son interlocutrice avait fait de même. La courte pause qu'elle prise pour répondre démontra un doute dans ses directions, qu'elle pointait clairement par pur hasard « Peut-être irai-je par là? Où bien par ici? Voyez-vous je ne suis ici que depuis hier... La cité des brumes pour l'instant s'amuse à m'embrumer l'esprit... Puisque je crois même ne plus me souvenir le chemin du retour à ma chambre. »

Eona s'était clairement perdue, elle ne s'attendait pas à mieux d'elle-même. La fuite de plus tôt l'avait mélanger dans ses directions, mais elle s'y retrouverait plus tard, elle en avait la certitude. Laissant un soupir s'étirer un peu, puis reprenant un sourire en coin, elle reprit parole:

« Vos neveux, pourquoi vous rendent-ils si inquiète? Rien de grave je l'espère? »

La jeune zélote se sentit dans le besoin de demander, si sa nouvelle rencontre était inquiète de membres de sa famille, elle s'en donnait le devoir de l'aider. Mais alors qu'elle dû chasser une pensée de sa tête, celle de cette peau claire et luisante, elle s'empressa de demander une autre question pour chasser cette idée de sa tête, quoi qu'elle aurait bien aimé savoir le secret d'une peau si pure:

« Sinon... d'où venez-vous Amiya? Je prononce bien votre nom je l'espère?! »

La demi-elfe se passa la main au cheveux pour placer une mèche au dessus de son oreille, avant de replacer ses cheveux comme ils étaient, son geste fut assez discret pour que, d'après elle, personne n'eut remarquer ses oreilles de métisse, non pas qu'elle en avait honte, mais si quelqu'un serait pour apercevoir ce détails et en être mécontent, elle ne se sentait pas prête à se faire préciser qu'elle était ce qu'elle était.

Par déformation professionnelle ou peut être parce qu'elle était tout simplement curieuse par nature, Amiya se prit au jeu du détail et se mit à chercher les origines éventuelles de la jeune femme, ce qu'elle pouvait faire dans cette cité et ce qui pouvait l'avoir amenée dans cette ruelle. Elle aimait beaucoup en apprendre sur les gens, sur le monde en général et, malgré les années passées et l'enseignement de maître Jacen, elle n'avait jamais su perdre cette mauvaise habitude. C'était une des raisons qui avaient poussé Jacen à la confier à l'ordre des diplomates, il avait en effet pensé qu'elle serait beaucoup plus douée à aider les gens de cette façon qu'à les soigner ou se battre. L'Almer était douée pour le combat, c'était évident, mais elle n'y mettait clairement pas son cœur, elle préférait les batailles intellectuelles au combat des arme et cela, son maître l'avait compris bien avant elle. Des trois femmes qu'il avait formé, Ami était devenue diplomate, Auween, soigneuse et Asora, une formidable combattante avant de disparaître dans les affres Crépusculaires à la mort de leur maître respecté. Quoi qu'il en soit, Ami aimait en apprendre plus sur les autres et c'était le moment idéal.

Le ton naturellement doux de la jeune femme la ramena à nouveau à la réalité. Elle en avait oublié les mesures de prudence les plus élémentaires, telle fut sa conclusion première lorsqu'elle l'entendit parler. Enchantée de la connaître certes, mais elle avait complètement oublié de donner un nom d'emprunt. Silmarie était une cité calme, de toute évidence, les Elfes étaient un peuple doux, paisible et qui rechignait au conflit. Eloween, leur Grande Prêtresse, était malgré son jeune âge, plus sage et plus maligne que la plupart de ses prédécesseurs à ce poste. Quoi qu'il en soit, il fallait toujours se montrer prudent. N'était-ce pas un excès de confiance en soi qui avait pris la vie à maître Jacen quelques années plus tôt ? Peu importait. « Amiya » était un prénom clairement Almer et elle venait de commettre une première erreur. Fort heureusement, la jeune femme ne semblait pas s'en être aperçue, sans doutes ne connaissait-elle pas les prénoms typiques de la cité du désert. Cela ne pouvait signifier donc qu'une seule chose : elle n'était pas Elfe. Curieuse, Ami se promit de réfléchir plus encore à ce détail. Heureusement avait-elle eu la présence d'esprit de ne pas lui communiquer son nom entier …

La jeune femme était arrivée la veille ce qui signifiait qu'elle n'était donc pas de la ville. Bon point, elle n'aurait donc rien à redire sur ses origines si elle les découvrait. Son interlocutrice semblait quelque peu étrange, tête en l'air assurément mais également relativement étrange. La templière ne put s'empêcher de sourire en la voyant chercher du regard le chemin de son auberge. D'un sourire, elle lui proposa donc d'un ton toujours aussi neutre :

« Vous rappelez-vous du nom de votre auberge ? Je peux peut-être vous aider à la chercher si vous le souhaitez. »

La proposition était sincère après tout, Amiya était quelqu'un de serviable même si sa nature nonchalante dans certaines mesures la laissait parfois faire preuve de froideur. Elle n'aimait pas spécialement les adultes mais les enfants – et la jeune fille en faisait partie vu son jeune âge apparent – avaient toujours eu grâce à ses yeux. En parlant d'enfants … elle aurait peut être mieux fait de se taire sur ses « neveux ». Elle retint un soupir avant de répondre.

« Mes neveux sont turbulents, ils passent leur temps à échapper à la surveillance de leurs parents et aiment par dessus tout se cacher en attendant qu'on vienne les chercher. La ville est bondée et ils ne la connaissent pas, j'aimerai autant les ramener pour éviter les ennuis. »

Il n'était pas difficile de répondre finalement. Ses enfants étaient turbulents, comme tous les enfants du monde à priori. Ils ne connaissaient pas la ville, cela signifiait qu'ils étaient d'un village alentour ce qui pouvait expliquer qu'Amiya elle-même avait du mal à se déplacer dans la cité. Ils ne devaient pas s'attirer d'ennuis … en somme, comme tous les gosses qui avaient tendance à se fourrer dans des impasses aussi facilement que s'ils achetaient une pomme. Il fallait tout de même expliquer son inquiétude sans quoi elle en deviendrait suspecte …

« L'un d'entre eux est sourd, d'où mon inquiétude. Je sais qu'il est débrouillard et gère très bien son handicap mais à cet âge, les accidents arrivent vraiment trop vite. Enfin bon, rien de grave, ils ont sûrement l'intention de me rendre chèvre tout simplement ! »

Neith avait su compenser dès son plus jeune âge son handicap. Il n'avait jamais voulu parler ou émettre des sons mais il avait très vite appris à développer d'autres sens et à se fier aux réactions de sa jumelle. En d'autres termes, il ne risquait pas vraiment grand chose. La question suivante la laissa perplexe. Aïe, la question qui tue. Elle devait trouver au plus vite un moyen de répondre !

« Ma famille vit dans un village non loin d'ici. Je dois avouer que je n'ai jamais aimé la vie à la campagne et très vite, je suis partie découvrir le monde. Je me suis installée à Tamawa. J'ai toujours aimé les villes animées. »

Un demi-mensonge en somme. Elle n'avait plus de famille en dehors de son mari et de ses enfants mais la sœur jumelle de ce dernier et leurs parents vivaient à Silmarie et dans ses alentours. Quant à sa vie à Tamawa, là était la part de vérité, même si elle avait omis certains détails. Se demandant si elle avait bien fait de répondre ainsi, elle enchaîna à son tour :

« Puis-je vous retourner la question ? »

En apprendre plus lui semblait maintenant dépasser la simple curiosité.

Eona ne fit qu'écouter pendant un moment, lui donnant la chance d'en savoir un peu plus. Plutôt inquiète pour les neveux de sa nouvelle rencontre. Certes elle connaissait le nom de son auberge, du moins elle n'en était pas certaine, mais elle se contenta d'hocher la tête pour confirmer ses connaissances. L'aide aurait tout de même été appréciée, mais les priorités du moment présent furent contraire. Des neveux turbulents seuls dans cette même ville qu'elle venait à peine de découvrir, surtout avec l'un d'entre eux étant sourd. Bien qu'elle s'attendait à se faire rendre la question, elle hésita sur quoi répondre. Elle ne pouvait tout de même pas dévoilée ainsi qu'elle venait du monastère, grave erreur qu'elle se promise d'éviter. Elle put comprendre qu'elle résidait à Tamawa, cette cité qu'elle ne pourra certainement jamais visiter d'elle-même, nombreuses question lui vinrent à l'esprit, mais elle n'y porta pas attention. Elle s'empressa donc de répondre du mieux qu'elle put, avec le moins de mensonges possibles, gardant un ton calme et un léger sourire, elle prise donc la parole à son tour:

« Mon auberge ne bougera pas, du moins je l'espère... Mais je ne peux dire la même chose de vos neveux. Avant qu'ils ne vous causent d'ennuis, si vous n'êtes pas dérangée par ma présence, je pourrais bien vous aider à les retrouver. »

Elle fut sincère sur ses paroles, jamais ne laisserait-elle quelqu'un d'autre perdre des membres de sa famille, peu importe le sens de "perdre". Elle prit une courte pause, afin de réfléchir à cette réponse de dernière seconde. Elle se décida d'être au plus sincère, sans y aller dans les détails, nul n'en avait le besoin de savoir qu'elle était une zélote depuis peu. Soupirant presque sa réponse, elle en eut peur pour sa crédibilité, quoi que son soupir fut de peine de devoir parler de cet endroit ombré par le meurtre et le chagrin:

« J'ai une demeure à mon nom dans les campagnes de Cydonia et j'y réside toujours... Bien que parfois je pense quitté cet endroit. »

Eona perdit son sourire un instant, clairement elle se souvenait toujours de cette matinée. Elle revoyait chaque instant de celle-ci en tête, ses actions la tourmentaient. Certes elle avait agis ainsi par pur vengeance directe, mais elle avait perdue son humanité dans la même occasion. Elle s'en secoua la tête, nul n'était le moment de repensé à ses moments tragiques, elle souffla un bon coup avant de reprendre à l'aide d'une question, qu'elle eu tord de posé sans en prendre le temps, sa voix encore troublée par ses pensées:

« Si vous étiez à la place de vos neveux... Où vous cacheriez-vous? »

Elle eu à peine le temps de finir sa demande, qu'elle se raidit d'un coup. On venait de lui empoigné l'épaule avec force. Elle craignit pendant un instant que danger allait s'en suivre et qu'elle devrait se défendre et la voix qui retentit lui en donna encore plus le sentiment. Cette même voix qui l'avait poursuivit plus tôt. L'homme était tout de même grand et bien bâtit, un homme de main d'oeuvre, clairement pas un elfe non plus, quoi que maintenant qu'elle portait attention à son ton de voix, elle lui faisait pensé à quelqu'un, mais elle rétorqua cette idée.

« Dit donc toi... Tu croyais me perdre aussi facilement? Hehehe, fuyarde comme Larien eh? », on aurait presque put croire qu'il s'amusait et plus elle y pensait, plus son accent lui fit pensé à cette personne qui trottait son esprit, mais lorsqu'il continua elle en fut certaine. « Tu as les yeux de ta mère... petite... » Son ton enjoué n'exista aucunement dans cette remarque, cet accent de campagne elle le connaissait très bien, cet exagération sur les "R" était bien ancré dans son esprit. Cet homme était bel et bien le frère de son père.

Soupirant de soulagement devant l'idée de ne pas devoir négocier un arrangement avec des dettes inexistantes. Elle revint donc à son interlocutrice, ignorant le bûcheron qu'était son oncle, elle ne l'avait pas vu depuis si longtemps que n'importe qui d'autre ne l'aurait reconnu.

« Comme je disais... Qu'en dîtes-vous si nous partons à la recherche de vos neveux? »

Pauvre Boal, son oncle, rien avait changé chez la zélote.

La jeune femme était relativement intrigante, c'était la moindre des évidences. Ami eut soudain envie d'en connaître un peu plus sur elle, ne serait-ce que pour savoir si elle était dangereuse pour ses enfants ou non. Dans un tel cas, il faudrait qu'elle parvienne à faire en sorte qu'elle ne les croise pas … Son inquiétude filiale n'était pas la seule raison qui poussait l'Almer à en apprendre plus sur son interlocutrice, elle estimait devoir en savoir davantage sur l'étrange dame par curiosité mais également par nécessité. Il était toujours important de connaître un minimum les gens avec qui on se liait, d'une manière ou d'une autre.

D'une certaine façon, Amiya avait l'impression de s'être un peu trop dévoilée, d'en avoir un peu trop dit et cela la contrariait même si elle tentait de ne rien en montrer. Sa jeune interlocutrice n'avait pas l'air méchante, bien au contraire, elle semblait plutôt douce et tête en l'air, mais pour autant, elle ne la connaissait pas. Elle devait se montrer beaucoup plus prudente sinon, elle n'était pas prête de rentrer à la maison. Elle ne pouvait pas savoir ce qu'il adviendrait de la suite de leur échange et, un peu paranoïaque sur les bords quand il s'agissait de ses deux enfants, la templière commençait à se dire qu'elle n'était vraiment pas prudente. Clairement, elle n'aurait jamais du donner son vrai prénom, elle était la co-directrice du Temple, bien moins connu que son homologue masculin certes, mais néanmoins reconnue pour ses talents de diplomate et son efficacité dans son travail. De plus, son prénom était almer, sans le moindre doutes, encore heureux qu'elle ai eu le réflexe de ne pas donner son nom de famille … A croire que ces derniers mois sans prendre de mission extérieure l'avait totalement transformée. Quoi qu'il en soit, elle devait se montrer plus prudente. Notamment vu ce que lui proposait la jeune femme ! Elle en fut quelque peu étonnée dans un premier temps, suspicieuse dans un second et presque rassurée dans un dernier temps. Elle observa la jeune femme qui semblait sincère et ne sentit rien de hostile émanant d'elle, bien au contraire, aussi, elle se décida à répondre d'un ton neutre, accompagné d'un sourire timide :

« Je ne voudrais pas abuser de votre temps mais votre proposition me touche. Il est vrai que trouver deux garnements dans cette cité sera plus facile à deux, je vous remercie. »

Comment ne plus prendre le moindre risque désormais ? Elle savait que contacter les enfants par télépathie n'était pas possible sans savoir précisément où ils étaient. Elle était capable de les localiser bien entendu, mais elle les savait trop jeune pour ne pas perdre le fil avec la distance aussi, elle devait prendre le risque de les retrouver et leur parler le plus vite possible avant qu'ils ne disent des bêtises ! Ensuite, il faudrait vraiment qu'elle s'occupe d'eux et de l'enfant qu'elle venait chercher. Peut être que leur présence aiderait d'ailleurs la mère de l'adolescent à changer d'avis et à lui confier son fils … Chaque chose en son temps cependant. Avec calme, Ami prit la décision de donner la description des enfants.

« Mes neveux ont huit ans, ils sont jumeaux, un garçon, Ewan et une fille, Auween. »

Rapidement, elle donna la description des enfants, en mouvement, et prit le parti de lui donner le nom de leur père et tante. C'était mieux ainsi, beaucoup plus Elfique que Sia et Neith. Elle se tut après sa courte description, il lui faudrait se concentrer pour attraper les deux gamins … Elle écouta ensuite la jeune femme parler et lui en apprendre un peu plus sur elle-même. Elle vivait près de Cydonia, intéressant.

« Vous ne vous y sentez pas bien ? »

L'almer avait posé la question par réflexe, elle se reprit donc :

« Excusez ma curiosité, ne vous sentez pas obligée de répondre, c'était idiot de poser ainsi la question.

Elle enchaîna sur une autre question qui fit réfléchir Amiya. Elle avait une assez bonne idée de l'endroit où ils se trouvaient grâce aux émotions qui émanaient d'eux cependant, elle ne pouvait pas l'avouer à la jeune femme. De plus, elle savait que les émotions des petits étaient très fortes, peu maîtrisées vu leur jeune âge et que, par conséquent, elle ne pouvait pas déterminer avec précision leur position. Elle craignait aussi que les gamins réagissent mal à ce qu'elle les trouve … en d'autres termes, c'était assez compliqué. Elle finit pourtant par se lancer d'une voix toujours aussi neutre malgré son trouble intérieur :

« Je pense que l'on devrait commencer par la rue marchande, les connaissant, ils doivent chercher du pain ou des sucreries, ce sont leurs plats préférés. Pourquoi ne pas commencer par là ? »

Alors qu'elle répondait du tac au tac, Ami vit son interlocutrice se raidir. Elle ne comprit pas exactement pourquoi dans un premier temps mais elle remarqua qu'on venait de lui empoigner l'épaule. La templière se sentit tellement mal de ne pas avoir réagi correctement et de n'avoir rien vu. L'homme qui l'interpellait était bien bâti, grand et certainement entraîné à se battre. Qui était Larien ? Aucune idée. Peu importait, la situation allait dégénérer et il n'en était pas question. Ce qui étonna le plus la jeune mère fut de voir la réaction de la jeune femme. Elle jaugea l'homme mais décida de l'ignorer. Intriguée et vraiment sur les fesses, Ami ne put s'empêcher de se poser des questions.

« Je … euh … oui. »

Elle ne s'était jamais sentie aussi bête et se reprit très vite. Son regard ambré passa de l'homme à la jeune fille et elle ne put s'empêcher d'essayer de comprendre la situation.

« Excusez-moi mais il me semblerait opportun de lâcher cette jeune fille, vous ne croyez pas ? »

Elle n'osait pas bouger, la situation ne lui donnait pas envie d'aller chercher ses enfants et elle se demandait qui était cet homme qui semblait étrangement calme. Son accent indiquait qu'il venait de la campagne, du moins c'était son impression. Il semblait également bien connaître la jeune femme. Sans préciser à qui elle s'adressait, elle se contenta de reprendre.

« Puis-je vous aider ? »

Décidément accablée par la venue de son oncle, elle qui était en train de l'oublier totalement, Eona fut tout de même ravie de ce souvenir, du moins il lui restait de la famille qui marchait encore. Bien qu'elle se sentie un peu imposante en lui proposant à deux reprises de l'aider, surtout que la deuxième fois, à s'entendre on dirait qu'elle le lui forçait à la laisser l'aider. Sa curiosité fut rassasiée lorsque son interlocutrice se mise à parler de ses neveux, Ewan et Auween, charmant tout de même comme nom. À la description de Amiya, ils seraient un problème à trouver dans cette foule.

Vint alors cette question, celle-ci lui trotta en tête. Devrait-elle répondre qu'elle y avait perdu sa famille? Simplement dire qu'elle préfère vivre en cité? Elle n'avait nullement l'intention de raconter le drame qui s'était produit, drame qui la hantais. Boal sembla attristé par le silence de sa filleule en réponse à la question, il n'osa clairement pas dire l'histoire de cette nuit. Bien qu'il retira sa main lorsqu'il se le fit demander, il en eu un doute de ne pas la laisser pour donner à Eona un sentiment de présence familial. Il répondit donc à la question en premier, ne laissant pas Eona gaffer en disant les premières choses à quoi elle pensait, il eu raison de le faire.

« M'aider? Vous l'avez déjà fait en retenant cette jeune fille le temps que je la rattrape! Voyez-vous... c'est ma filleule... » , il soupira presque sa fin, non pas déçu qu'elle l'était, mais déçu que leur rencontre soit ainsi. Eona avait simplement confirmer le fait d'un hochement de tête. « Mais peut-être que... je peux vous aider? Après tout, les amis de dame Serket... sont, s'ils le veulent... mes amis? »

Boal avait écouté leur conversation lors de son arrivé, il n'eut le temps d'entendre que l'histoire des jumeaux perdus. La rue marchande semblait un bon endroit pour débuter les recherches, Eona cherchait déjà cette même rue du regard. Évitant clairement la question de plus tôt, si celle-ci était pour être posée à nouveau, elle se sentirait bien coupable de ne pas répondre. Vint alors la réaction d'Eona à la mention de son nom de famille, d'un violent coup de coude, mais discret, elle réprimanda Boal de l'avoir dit ainsi, après tout "Serket" avait fait le tour de Cydonia. L'histoire devint populaire avant de se dissiper dans les tournures des événements, mais le peu de "gloire" qu'elle eu avait été suffisante pour que certains s'en remémore.

« Je crois que... Nous pouvons se passer de toi... Boal... On se parlera une autre fois... »

Poussant un soupir de désolation, le bûcheron hocha de la tête, fit signe d'au revoir à Amiya et s'en retourna à son chez sois, d'un pas lent. Laissant à la zélote le besoin d'explication, elle abrégea donc:

« Désolé de cet imprévu... J'en ai oublier mes bonnes manières! C'était Boal, mon oncle. J'en avait oublié qu'il vivait ici. Mais oublions cet impasse et retournons à nos moutons... ou plutôt... Vos neveux... Désolé de la comparaison... », la jeune adulte était clairement mauvaise pour remettre une interlocution à sa bonne voie. Ne pensant point que Amiya pourrait prendre comme insulte son expression typique de la campagne.

Clairement encore bouleversée par la mention de son nom familial, elle fit une courte révérence comme elle le faisait lors de cérémonie ou bien un bal, souriant de gène avant de reprendre ses excuses.

« Désolé que vous ayez été forcé d'entendre mon nom complet à travers un bûcheron... Alors je me représente... Eona Serket. Maintenant que cela est fait... Par où allons-nous? »

Un sourire timide aux lèvres elle regarda Amiya dans les yeux, attendant les directions.

Amiya ne comprenait pas exactement ce qui était en train de se passer sous ses yeux. La jeune femme ne semblait pas plus que ça perturbée par la présence de cet homme massif derrière elle et qui lui tenait l'épaule d'une main ferme et efficace. Elle semblait cependant ennuyée par la présence de ce dernier et la Templière ne savait pas comment interpréter la situation. A vrai dire, elle se demandait pourquoi elle était incapable de ressentir les choses et d'en tirer des conclusions claires. L'homme n'était pas un mauvais bougre, du moins elle ne le sentait pas ainsi au travers des sentiments qui émanaient de lui et la jeune fille lui semblait étrangement trop calme dans de telles circonstances. Sans doutes ferait-elle mieux de ne pas se mêler de cette histoire et de poursuivre son chemin non ? Ce n'était pas vraiment dans la nature de l'Almer et elle ne pensait pas être capable de tourner le dos à quelqu'un dans le besoin. Aussi, la question ne se posait-elle pas.

Un sentiment étrange émana alors de la jeune femme. Un espèce de mélange de soulagement, du moins c'est ainsi que la co-directrice le perçut, et de mécontentement. Elle semblait attristée ou quelque chose comme ça, c'était difficile à expliquer clairement avec des mots mais Ami plongea plus en profondeur pour comprendre. L'homme retira sa main, ce qui laissa la jeune femme d'autant plus perplexe. Il n'était donc décidément pas un mauvais bougre, bien au contraire puisqu'il acceptait d'obéir à un ordre émanant d'une totale et parfaite inconnue. Géniale, Ami ne se doutait pas d'avoir un tel charisme, elle en aurait presque ri dans d'autres circonstances mais là, elle se sentait surtout perdue. L'homme prit ensuite la parole et Ami cessa ses investigations pour se concentrer sur ce qu'il lui disait.

Ainsi donc, il s'agissait de sa filleule. Étant donné qu'Eona ne semblait pas réfuter ce point, la templière en conclut qu'il ne mentait pas. Pas besoin de l'Esprit pour ça vu la réaction de sa protégée. Le hochement de tête confirma définitivement ses dires si bien que l'almer se détendit un peu. Voilà qu'elle aurait été prête à lancer les armes … quelle idiote. « Serket » ? Tiens, c'était un nom de famille peu commun mais elle ne s'arrêta pas sur ce détail. Ami se demandait s'il avait entendu leur conversation ou s'il se contentait de se montrer poli. Par précaution, elle préféra répondre prudemment.

« Veuillez m'excuser mais je crains que mes neveux soient intimidés par votre présence, peut être une présence féminine m'aiderait-elle plus pour les retrouver. »

Amiya se sentait fatiguée par la situation. Sa mission se révélait beaucoup plus difficile que prévue, la mère du gamin qu'elle était venue chercher se montrant plus que récalcitrante à laisser partir son rejeton pour le Temple. Elle ne pouvait que lui donner raison certes, jamais elle n'aurait accepté de se séparer de ces enfants mais vu la misère dans laquelle vivait l'adolescent, la souffrance que son don lui prodiguait, peut être valait-il mieux ce sacrifice que de le laisser souffrir seul dans son coin sous prétexte de ne pas faire confiance au Temple. Sans parler de ses propres enfants, si elle les attrapait, pour sûr, elle leur passerait un savon dont ils se souviendraient. Jamais ils ne deviendraient des adultes respectables s'ils continuaient à agir de la sorte perpétuellement. Ils étaient fatiguants et Neith se laissait beaucoup trop entraîner dans les bêtises de Sia sous prétexte de vouloir la protéger. Et puis pour finir, il y avait cet homme étrange et Eona. A ne rien comprendre à la situation, la templière en aurait perdu son calme apparent.

Ami ne comprit pas non plus la réaction de la jeune femme quand son oncle précisa son nom de famille. « Serket », voilà qui ne lui disait rien et pourtant, elle était férue d'histoire et relativement érudite à ses heures perdues … Elle se concentra tout en continuant de rester attentive à la scène. L'homme accepta les dires de sa filleule et la salua sans demander son reste, preuve qu'il n'était vraiment pas un mauvais bougre. Une petite explication n'était pas du luxe et Ami en remercia du regard la jeune femme lorsqu'elle reprit la parole.

Boal, son oncle. Très bien, jusque là, Ami avait suivi l'histoire. Tandis qu'elle l'écoutait, elle repensait à ce nom de famille. L'avait-elle déjà entendu auparavant ? Bonne question. Elle avait l'impression de passer à côté d'un détail et d'en oublier l'essentiel ce qui était passablement agaçant soit dit en passant ! Elle excusa du regard la jeune femme qui semblait quelque peu gênée par la tournure des événements et sentit qu'elle touchait au but. Oui, elle se souvenait de ce nom, elle ne se souvenait plus pourquoi très exactement, mais elle se souvenait l'avoir lu dans des archives du Temple sur la cité de Cydonia. Rien d'étonnant donc puisque la jeune femme lui avait dit habiter dans les environs pourtant, elle semblait oublier quelque chose.

« Excusez-moi de me montrer si curieuse cependant, votre nom me semble familier et pourtant, je ne parviens pas à savoir pourquoi. »

Elle suggérait simplement qu'elle avait besoin d'éclaircissements mais sans pour autant la forcer à quoi que ce soit. Voilà à quoi on formait les diplomates les plus renommés du Temple et encore, Ami ne se montrait pas sous son vrai jour. Il était évident que les détails qu'elle apprendrait de la jeune femme ne lui serviraient à rien mais elle était relativement curieuse de satisfaire ses questionnements.

Amiya se focalisa sur la question suivante de la jeune femme et se concentra sur l'endroit où pouvaient se trouver ses neveux. Ils se trouvaient dans la rue marchande, non loin et elle se trouvait suffisamment à portée pour leur parler sans risque.

« Commençons par la rue marchande »

Elle se tut avant de reprendre sur le ton de la conversation :

« Votre oncle semblait vraiment inquiet. »

Elle avait prononcé ces quelques mots de façon calme, et cherchait du regard les garnements. Lorsqu'elle sentit l'Esprit de Neith affleurer, elle entra en contact avec lui et sentit le sursaut de ce dernier. Heureusement qu'ils étaient trop jeunes pour se fermer à elle !

** Neith, je suis avec une … amie, je ne vais pas vous gronder, pas pour le moment, mais promets moi d'obéir à ce que je te dirais. **

Aucune réponse bien qu'elle sache qu'il l'entende.

** Vous êtes dans une cité qui ne tolère pas les Almers, faites vous passer pour des Elfes, faites vous appeler Auween et Ewan et attendez-moi. **

Elle soupira tandis que le gamin se murait dans le silence. Au moins avaient-ils cessé de bouger, c'était déjà ça. Elle montra du doigt deux têtes blondes à Eona tandis qu'elle la prévenait qu'il s'agissait de ses neveux. Sans plus attendre, elle se dirigea vers eux et ni Sia ni Neith ne firent de mouvement pour s'enfuir.

« Auween, Ewan ! » insista-t-elle avant de reprendre« Je vous présente Eona, qui m'a aidé à vous chercher. »

« B'jour. »se contenta de répondre Sia.

** Bonjour madame ** répondit une petite voix dans la tête d'Eona, appartenant à Neith.

Si Ami avait pris toutes les précautions, elle en avait oublié le réflexe de son fils de parler par l'Esprit. Elle ne se douta pas une seule seconde de ce qu'il venait de faire et poursuivit.

« Je suis vraiment désolée pour le dérangement, ces deux chenapans sont de vraies terreurs, je devrais les ramener à leurs parents. Souhaitez-vous de l'aide pour retrouver votre auberge ? »

Ami avait encore beaucoup de questions à poser mais elle préféra les taire de peur de l'incommoder. De plus, la présence de ses enfants la rendait plus protectrice et beaucoup plus attentive à son entourage si bien qu'elle n'avait qu'une envie, les mettre en sécurité. Elle affichait malgré tout un sourire calme.

Eona ne s'attendait pas à avoir une journée comme celle-ci, revoir son oncle avait changé toute attentes. Mais du moins, cet impasse avec lui était terminée et elle put à nouveau se concentrer sur Amiya. À en entendre sa façon de refuser l'offre de Boal, la zélote en rigola très peu. Boal n'était vraiment pas assez féminin il fallait le dire. Mais alors qu'elle n'eut que son interlocutrice en tête, maintes questions lui vinrent. Poussée par une vague de curiosité, elle avait l'impression que mieux la connaître lui ferait du bien, peut-être voyait-elle une amitié possible entre eux.

Ce qu'elle avait prédit ce produisit donc, quoi que ce n'était pas directement lié à la raison de son léger dégoût pour sa résidence, si son nom lui disait quelque chose c'était bien évidemment parce qu'elle avait déjà entendu parler de cet événement tragique. Cherchant quoi répondre, elle poussa de long "Hmm", typique d'une personne qui cherche quoi dire. Bien qu'elle n'était pas forcer de trouver réponse, elle se sentait poussée par le dire, non pas par la demande, mais par le fait que, peut-être, lui que ce lui ferait un certain bien d'en parler? Elles se dirigeaient vers la rue marchande et le fait que son oncle était inquiet lui donna son point de départ pour son histoire:

« Voyez-vous... Ma famille est de la petite noblesse cydienne... Mais lors d'une matinée, j'étais bien jeune à cet époque, notre résidence fut prise d'assaut par des inconnus... Je n'entrerai pas dans les détails... Mais j'y suis maintenant seule... Mon père, ma mère et mes trois frères... Perdus en un seul jour... La nouvelle s'est développée et on y mit même un nom... "L'incident Serket"... Peut-être est-ce la raison de votre sentiment d'avoir déjà entendu mon nom... »

Les petites têtes blondes firent alors leur apparition, les présentations furent courtes et ceux-si la saluèrent. Elle répondit aux deux d'un sourire, quoi qu'elle revint sur le deuxième. Elle crut l'entendre de partout en même temps, mais elle aurait bien pu se tromper, avait-il ouvert la bouche pour parler? Elle n'avait pas porter attention alors elle ne porta pas de conclusion hâtives, si le deuxième enfant lui avait bel et bien communiqué par le sens unique de la pensée, elle se serait sentit coupable de ne pas avertir Amiya. Si les templiers étaient pour venir chercher son neveux, elle aurait eu du mal à ne pas intervenir. Mais ce dut être son imagination, elle s'en secoua légèrement la tête, mais resta tout de même perplexe. La voix d'Amiya la sortit de ses pensées.

Bien que savoir par où était son auberge aurait été utile, elle préféra refuser l'offre d'un mouvement de main. Avant de se mettre à la hauteur des deux chenapans.

« Ravis de vous rencontrez. », tendant ses deux mains en croisés pour leurs serré la pince, elle reprise alors. « Il faut faire attention dans cette ville, même moi je me suis perdu! Haha... »

Elle revint alors à Amiya, elle avait répondu à ses questions, maintenant elle avait bien l'intention d'en poser à son tour. Quoi qu'elle n'allait pas insister sur les détails, mais au moins en savoir un peu plus sur eux. La première question lui échappa de la bouche.

« Sinon, parlez moi un peu plus de vous... Qu'est-ce qui vous amènent ici? »

À l'entendre parler, elle semblait presque ne plus être concernée par son histoire, elle qui venait d'annoncer avec tristesse que sa famille était défunte, elle était habituée désormais tout de même. Revenir sur le passé à de nombreuses reprises l'avait changé s'en était certain. Bien qu'au fond d'elle, en parler en profondeur avec quelqu'un lui ferait peut-être du bien, après tout, rares étaient ceux qui savaient pour la mort des brigands, elle n'avait laissée aucune trace d'eux. Mais c'était tout de même étrange qu'elle en soit la seule à en être sortie. Plusieurs en avait partis la rumeur, sans savoir que la rumeur était réelle. Mais suffit de pensé à ces moments, elle revint à ses questions.

« Comme est Tamawa? Ce doit être une ville merveilleuse! J'en ai entendu parler parfois et nombreuses personnes savent que j'aimerais y rendre visite! », elle espèrait seulement que cette visite ne soit pas en tant que rivalité, mais bien de tourisme.

Un sourire timide à nouveau, elle regarda le trio devant elle, avoir une famille lui manquait.

La rencontre jusque là totalement fortuite avec Eona se révélait finalement pleine de surprises, c'était le moins que l'on pouvait dire. Plus la jeune femme en apprenait sur son interlocutrice, plus il lui semblait qu'elle lui cachait des choses mais c'était quelque part de bonne guerre car Amiya n'avait pas cessé de mentir ou à tout le moins, de modifier quelque peu la réalité des choses. L'almer se demandait ce que pouvait bien cacher la jeune Cydienne mais elle n'osait pas poser plus de questions que ce qu'elle se permettait déjà. Après tout, elle n'était pas en mesure de la juger ou même de se montrer trop curieuse, surtout maintenant qu'elle avait récupéré ses précieux enfants et qu'il fallait éviter les gaffes.

Il semblait bel et bien à la co-directrice du Temple que le nom de famille de son interlocutrice lui disait quelque chose. Elle n'était pas certaine de savoir quoi exactement mais l'almer était persuadé de l'avoir déjà entendu ou lu durant ses soirées dans la bibliothèque de la cité neutre, l'une des plus fournies d'Azthia. Elle écouta donc en silence l'explication que lui fournissait Eona à ce sujet, curieuse de savoir où elle avait pu lire ce nom. Petite noblesse Cydienne, meurtre d'une famille entière dont seule l'enfant avait survécu. Ce n'était pas quelque chose de rare malgré les efforts des Templiers et Amiya se sentit soudain coupable d'avoir posé la question. Bien incapable de se souvenir très exactement pourquoi elle avait entendu parler de cette histoire, elle compatit avec la jeune femme. D'un sourire triste, elle répondit :

« Je suis désolée de m'être montrée si curieuse. Je me souviens en effet de cette histoire, elle a eu un retentissement dans de nombreuses cités alentours. Je compatis, je sais à quel point il est difficile de perdre sa famille. »

Elle regrettait clairement d'avoir cherché à en savoir plus, comprenant à quel point cela pouvait être difficile de divulguer de si cruels souvenirs à quelqu'un d'étranger. Elle-même n'avait que rarement parlé de la mort de ses parents et de ses deux frères aussi se sentait-elle quelque peu mal de s'être montrée trop curieuse. Ne sachant pas vraiment quoi dire de plus, elle préféra se murer dans le silence, réfléchissant une fois encore à tous ces enfants à qui l'on arrachait leur innocence pour de sombres désirs égoïstes. Les hommes étaient-ils tous si misérables ? Quelque part, cela faisait longtemps que la jeune femme avait perdu ses illusions de paix et d'amour mais elle croyait encore au maintien d'une vie paisible … Pour ses enfants, elle espérait qu'ils n'auraient jamais à vivre cela.

Ses enfants près d'elle, Amiya ressemblait désormais à n'importe quelle mère qui cherche à protéger sa progéniture. De façon instinctive, elle avait passé son bras autour des épaules de Neith et Sia lui prit la main. Ils étaient fatigués, elle le sentait, sans doutes n'avaient-ils pas pris la peine de beaucoup dormir de peur de la perdre de vue sur le chemin. Cela expliquait leur mauvaise volonté et surtout, leur relative envie de la retrouver. Ce fut pourtant Sia, du haut de ses huit ans, qui prit la parole tandis qu'Eona lui parlait gentiment.

« J'me suis pas perdue, avec N...Ewan, on était en train de visiter la ville. »

Loin d'être timide, Sia se montrait presque insultante. Sa mère soupira, la tirant en arrière pour lui signifier de se calmer avant d'ajouter d'une voix plus calme :

« Je suis désolée, ma nièce est vraiment mal élevée quand elle s'y met ! »

Tandis que Neith évitait le regard de sa jumelle comme de l'inconnue, Sia cherchait à se défaire de l'emprise de sa mère sur son épaule. Elle se tortillait et finit par y arriver lorsque la dame posa la question de trop. Tandis que la templière cherchait une réponse plausible, la gamine reprit la parole et cette fois, sa mère ne fut pas assez rapide pour la faire taire.

« Elle est en mission, elle cherche quelqu'un. »

Elle avait dit ces mots avec une telle force qu'il ne s'agissait pour elle que d'une évidence mais avant que Ami ai pu réagir, ce fut Neith qui fulmina en frappant sa sœur jumelle sur le haut de la tête, comme si elle venait de dire une bêtise. Cette fois, leur mère entendit sa voix dans sa tête lorsqu'il répondit à Sia un « tais-toi » cinglant. Elle était certaine que le gamin n'avait pas réussi à contenir sa voix et qu'il avait également atteint Eona. Elle fit comme si de rien n'était.

« Ça suffit tous les deux ! N'ayez crainte, je ne suis pas une tueuse professionnelle ou quelque chose du genre, non, je suis simplement une mercenaire. Mon métier consiste à trouver des personnes chères à ceux qui les ont perdu de vue. »

C'est tout ce qu'elle avait trouvé comme mensonge. Amiya s'étonna de voir à quel point son interlocutrice parvenait à se montrer si détachée de sa propre expérience, comme si ce qu'elle lui avait raconté quelques minutes plus tôt n'était qu'un détail parmi tant d'autres. Elle sourit pour accompagner sa réponse, espérant qu'elle la croirait.

« Tamawa est une ville très intéressante, elle a quelque peu souffert des récentes batailles à ses portes mais il y a beaucoup de choses à y voir. C'est une très belle destination. »
« On a même le Temple chez nous ! Il est super beau ! Avec mon frère, on en connaît tous les recoins ! »
** Sia ! Maman a dit de ne rien dire ! T'es vraiment nulle ! ** répondit son frère dans son Esprit, en se retenant pour une fois de convier à leur discussion sa mère et l'étrangère.
« Oh c'est bon toi hein, c'est vrai quoi, le Temple il est beau alors arrête de me gronder ! »

Amiya était au bord du gouffre, elle se doutait que ses mensonges allaient voler en éclat. Elle réfléchit le plus vite possible et estima qu'il était temps de révéler une partie de la vérité à la jeune femme pour éviter tout soupçon ou tout problème. Après tout, elle ne risquait rien à Silmarie à dire une partie de la vérité, son mari était un Elfe et tout irait bien. Il allait vraiment falloir qu'elle apprenne à ses enfants à se montrer plus prudent. Elle ne pouvait pas leur en vouloir, c'était évident, ils n'avaient que huit ans et n'étaient pour ainsi dire jamais sortis de leur cité natale, Tamawa, mais tout de même ... la prudence était mère de survie ... Elle se contenta de soupirer, consciente qu'elle jouait avec le feu depuis le début de cette mission.

« Comme vous pouvez le voir, mes neveux adorent la cité, leur oncle, mon mari, est Templier, ce qui explique qu'ils passent autant de temps là-bas ... Ainsi donc, vous n'avez jamais eu l'occasion de visiter notre cité ? Vous n'aimez pas voyager ? »

Les condoléances d'Amiya touchèrent la zélote, restant étonnée que la nouvelle s'était tant répandu parmi même d'autre cités, rares étaient ceux qui s'en souciaient vraiment. Peut-être était-ce par compassion ou alors par simple marque de respect, Eona ne saurait dire, elle ne connaissait que très peu de celle-ci, elle qui en savait déjà bien grand de son histoire. Désormais curieuse à son tour, elle porta une soudaine attention aux deux enfants, non pas une attention sombre, mais plutôt de nostalgie. Elle devait avoir leur age lorsqu'elle partait avec ses frères pour faire ce qui leur semblait juste. La chasse, l'escrime et les soirées, tout lui manquait, mais pourtant elle avait depuis longtemps comprise que rien ne pourra jamais changé ce qui fut, elle en avait abandonné l'espoir de retourner à ces temps joviaux.

Elle se dit d'avoir raison, ils s'étaient perdus. Quel enfant allait dire à haute voix qu'il s'était perdu, il fallait dire qu'Eona venait d'une famille où, si on se perdait, on se débrouillait pour retrouver chemin. Personne ne craignait le pire, retourner après deux jours d'absence était devenu ordinaire, encore plus si l'on revenait avec un cerf ou deux sur les épaules. Mais encore là, sa famille n'était qu'encore plus unique. Rétorquée par Amiya, la jeune femme resta de peu étonnée, mal élevée n'aurait pas été le mot qu'elle aurait donnée, certes ce n'était pas une façon de répondre adéquatement, mais que pouvait-on demander a une enfant? Bien qu'elle en avait eu l'habitude, mais l'on parle d'une famille noble, faire bonne impression était la première règle familiale.

À la mention d'une certain mission de recherche, Eona ouvrit grand les yeux, surprise sur le coup. Mais ce ne fut pas une mauvaise surprise, plus un étonnement. Encore une fois rétorquée pour ses paroles, la jeune zélote pouvait reconnaître ces moments de famille, elle et ses frères étaient semblables, quoi qu'elle était celle qui les grondait, la situation était identique. Elle eu un léger sourire aux lèvres et ferma les yeux un court instant...

** Tais-toi **

Elle n'était pas folle, elle put l'entendre bien clairement au fond d'elle. Il n'était plus question de doute, le jeune garçon pouvait parler par la pensée. Bien rapidement insécure, elle fixa Amiya bien rapidement, était-elle au courant? La sœur le savait bien entendu, des enfants sa se partagent des secrets. Nombreuses hypothèses lui vinrent en tête, trop nombreuse même pour mettre le doigt sur une seule. Elle ne put retenir sa voix.

« J'ai bien ent-... » , se coupa-t-elle. Ne voulant tout de même pas dire à haute voix qu'elle pouvait entendre quelqu'un dans sa tête, Amiya avait déjà prise la parole à nouveau ne lui laissant peu de temps pour être en panique.

Du moins maintenant elle savait que Tamawa était une belle destination, mais encore une fois les enfants lui troublèrent l'esprit en annonçant comme si de rien n'était le temple. Ils en connaissaient "tout" les recoins? Passaient-ils leurs journées dans celui-ci? Il n'y avait aucun doute, ils y étaient en temps que futurs templiers, ou du moins il l'était, sa sœur devait probablement passer son temps à le suivre. Lorsque la petite répliqua à son frère comme s'il venait de la gronder, elle confirma son hypothèse qu'elle et son frère se communiquait par l'esprit. Un simple regard vers Amiya et elle put sentir son angoisse devant les deux garnements, son soupir en expliqua bien long.

À la nouvelle de leur ancêtre récent, elle garda donc son hypothèse la plus plausible, ils étaient tout deux futurs templiers, impossible qu'il ne le soit pas. Et cette mission de mercenaire devait être la recherche d'une autre personne à recruter. Devait-elle intervenir? Quoi qu'elle n'avait rien de personnel envers les templiers, ils restaient tout de même rivaux. Eona ne devint pas hostile envers le trio, mais une certaine crainte s'installa chez elle, pour une fois qu'elle faisait une rencontre bien ordinaire, si apprendre qu'elle était une zélote pourrait tout gâcher, elle préférerait se taire, alors elle en fit de sorte. Elle se contenta de répondre à la demande d'Amiya et d'en ajouter peu. C'est d'un ton légèrement agitée qu'elle prise donc parole.

« Pas que je n'aime pas voyager... Croyez moi je m'y rendrais sans hésiter... Mais étant la duchesse d'un manoir presque abandonné me laisse avec de grandes responsabilités... et j'en suis interdite... Non pas que je m'y suis déjà rendue et que l'on m'a refusé l'accès à la ville, mais on m'y a interdit de m'y rendre pour le moment. »

Elle ne put croire ce qu'elle disait, un peu plus et elle disait "Bien vous savez, étant zélote je ne crois pas que je serais bien accueillit je me trompe?". Elle prit même la peine de se traiter d'idiote intérieurement, reprenant rapidement parole pour tenter de réparer son erreur.

« Mais dès que l'on m'en donne la permission, je m'y rendrais bien rapidement... Voyez-vous, mes domestiques croient que je pourrais y courir un danger en m'y rendant... »

Vraiment idiote.

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