Roxanne menait la troupe principale d'une main de maitre.
La jument couleur de nuit ne passait pas inaperçue parmi le paysage ensoleillé de cette journée. Ses yeux bleu glacés scrutaient avec une anxiété naturelle et habituelle les recoins des bois que ses sabots foulaient. La petite troupe avait beau chercher, avancer, rien n'y faisait, aucune trace de ces chiens galeux qui perturbaient l'ordre que Philéa s'évertuait à conserver depuis des années. C'était d'ailleurs bien par fierté que la reine s'était décidée à les poursuivre de toute façon.
Alors que leur pas les avaient péniblement menées jusqu'au Lac Émeraude, Philéa allait proposer, sur les conseils de Kiera, de reprendre la marche lorsque Neliel la héla. Ah, enfin un peu d'action n'est-ce-pas ? Neliel était certes une bagarreuse, mais elle était surtout, et de loin, la meilleure pisteuse de Muria et elle n'était pas loin d'égaler le niveau de Kiera question tir à l'arc. Mais pour l'heure, c'était le ton de sa voix qui avait intrigué la souveraine amazone. Faisant signe aux autres de l'attendre aux abords du lac, Philéa rejoignit Neliel. Celle-ci, après un bref salut, se contenta de lui montrer le sud du lac. D'immenses traces de loup parcouraient le sol, sans dessus dessous. Bien trop grandes d'ailleurs pour être des traces de loup normales ... à moins que le soleil et la distance ne les rendent plus énormes qu'elles ne l'étaient en réalité, ce qui était possible du fait de la perspective et de tout un tas de phénomènes scientifiques que je n'ai pas le temps de vous expliquer ici. Mais le plus surprenant était sans doutes le nombre de cadavres qui jonchaient le sol autour du sud du Lac. Comment les Amazones avaient-elles pu passer à côté de ça ? Manquer ce théâtre, cette scène de désolation ? De loin, il était vrai qu'on pouvait confondre les amats avec des rochers mais quand même ...

Philéa écouta la jeune Sentinelle tout en se maudissant de ne pas avoir vu ces carcasses plus tôt. Dire qu'elles avaient failli passer à côté ... Heureusement que Neliel avait de bons yeux et des yeux ouverts !
Des traces disait-elle ... lieu de rendez-vous.
Philéa ne s'y connaissait pas en loup, du moins, pas plus que la plupart des gens, mais elle savait une chose : ils vivaient en meute hiérarchisée, à l'image des hommes, ils savaient être violents mais surtout, ils étaient intelligents. La souveraine observa les traces et se décida à aller voir de plus près le champs de carnage. Des carcasses d'animaux à moitié ou totalement dévorées jonchaient le sol ou flottaient à la surface de l'eau, près du bord du Lac, sans doutes poussées par le vent ou elle-ne-savait-quoi-d'autre. Quant aux traces des canins, elles n'étaient pas aussi démesurées que la reine avait pu le croire dans un premier temps, mais elles étaient tout de même plus grosses que celles laissées par Haiiro et pourtant, la louve cendrée était loin d'être de petite taille, du moins semblait-il à la souveraine. La question était donc de savoir, au vue de la scène sous leur yeux, ce qu'elles allaient faire.

Il apparaissait en effet évident désormais que ces sales bêtes se réunissaient ici souvent, tout aussi étrange que cela pouvait être, et qu'elles en profitaient pour dévorer leur proies en ces lieux. Eau et nourriture, c'était logique comme choix. Philéa n'était pas sure de bien saisir les choses mais elle se doutait d'une chose : ils étaient loin d'être stupides pour avoir choisi cet endroit. En même temps, de ce qu'elle voyait d'Haiiro, elle n'avait pu en arriver qu'aux mêmes conclusions, ce n'était donc pas comme si elle était étonnée de constater que ces bêtes, toutes aussi bêtes qu'elles soient, étaient dotées d'une certaine forme d'intelligence. Mais pour l'heure, il leur fallait décider quoi faire ...
A voir les carcasses, aucun doutes, ces animaux étaient nombreux et n'hésitaient pas à tuer. Puissants aussi vu la taille de certaines prises rassemblées ici. L'embuscade apparaissait à la fois comme la meilleure et la pire idée. Tant pis, Philéa ne pouvait pas rester là sans rien faire.

" Kiera, emmène la moitié de la troupe (4 amazones + Kiera) avec toi de l'autre côté, au nord du lac. Je resterais ici avec les autres. "

Kiera semblait intriguée par la décision de sa souveraine, pour autant, elle ne se permit pas de demander des explications, ce fut Philéa elle-même qui les donna.

" Neliel pense qu'ils se réunissent ici, nous allons donc attendre jusqu'à ce soir qu'ils reviennent. Je ne veux personne à terre. Désigne quelqu'un pour amener les chevaux jusqu'à la clairière que nous venons de traverser. Dis-lui de rester en arrière avec eux, sur son propre cheval, au cas où il nous faudrait du renfort ou en cas de fuite, pour nous ramener nos montures. "

Les chevaux avertiraient de leur présence, même si, en étudiant leur réactions, les amazones auraient pu savoir quand les loups viendraient, il était inutile de faire courrir le moindre risque aux bêtes. Pour ce qui était du choix de rester dans les arbres, c'était là encore un choix logique. Les loups ne savaient pas grimper aux arbres, et vu qu'elle ne savait ni combien ils étaient ni comment ils se conduisaient ou encore leur taille, mieux valait préserver ses troupes. Sans parler de l'effet de surprise relatif en agissant de la sorte.
La reine observa Kiera donner les ordres puis se diriger vers l'autre bout du lac. Là, elle perdit de vue ses soeurs qui grimpaient sans doutes à l'abri dans les branches des arbres. Elle en fit de même de son côté avec le reste de sa petite armée. Arc à la main, les Sentinelles attendaient, scrutant l'horizon en différents points. Si ces sales bêtes venaient, le problème serait vite réglé.
Il n'y avait plus qu'à attendre ...

Et elles furent patientes... Très patientes....

En plein milieu de la nuit, les têtes commençaient à dodeliner de haut en bas: se tenir éveillé dans le noir, avec pour seul éclairage le lac reflétant la lune demandait beaucoup d'efforts qui fournissaient avec peine certaines archères. Comment ne pas les comprendre, Ô reine, c'était si tentant de fermer un petit peu les yeux pour faire passer le temps plus vite. D'autant plus que pas une seule n'avait manger pour ne pas répandre des odeurs de nourriture dans le lieu.
Mais tout vient à point à qui sait attendre lorsque surgir à pas de loups des formes obscures venant de l'est. A la file indienne, elles étaient une bonne dizaine à s'approcher du lac. Le plus troublant, c'est qu'en s'approchant de la surface liquide, les ombres devinrent des loups. De magnifique et gros loups, bien plus impressionnant que la moyenne. Puis, après avoir hurler à la lune, ils commencèrent à se relever sur deux pattes. Leur silhouette se redressèrent, les poils laissèrent place à de la peau. Devant vous étaient réunis en cercle dix humains.

[Désolé il est tard!]

Le lac prenait des couleurs pourprées tandis que depuis les blessures faites par les flèches le sang s'écoulait dans l'eau. L'odeur si reconnaissable de la saignée envahissait la nuit calme et apaisée, où les crimes commis ce soir-là faisaient office de tâche rouge sur un tableau sombre.
Le peintre n'était autre que la reine Amazone, tenant fermement dans sa main son sceptre de pouvoir qui arracha quelques secondes auparavant de si grands cris à sa victime. Les gémissements étaient à peine couverts par le bruit des Sentinelles s'assurant de la sureté du lieu et privant les hommes-loups de tout objet pouvant être utilisées pour se défendre. Mais dans une telle situation, des flèches dans les membres, les victimes pensaient plus à tenter d'expulser la douleur en criant plutôt que de se rebeller. Se rendaient-ils compte même qu'ils étaient entre la vie et la mort? Entendaient-ils même la voix de la Reine derrière l'intempérie?

Lorsque la tempête se calma, le vieil homme qui commandait la troupe se traînait au sol en rampant comme un animal blessé. Ses traits et son corps fin, sa peau blanche et ses cheveux brillants témoignaient son ascendence pure à la race elfique.
Ce qu'il confirma par ses paroles:

"Anada mirunil Eyloss! Ne deluë! Anada mirunil Eyloss!" hurlait-il en rampant sur le sol, la main tendue droit devant lui.

Voyant les regards incrédules, il ajouta avec un visage marqué par la souffrance:

"Ce sont les terres d'Eyloss.... Malheur sur vous..... Durandil vous punira..."

Philéa attendait la réponse.
Reine amazone qu'elle était, elle ne pouvait pas laisser impunément ces hommes saccager ses campagnes sans quoi, elle aurait perdue toute crédibilité. Muria était déjà sur la célette, cachée au beau milieu de la forêt pour survivre et vivre cachée aux yeux du monde qui voulait sa fin. Il était inutile de rajouter à tout cela une meute de chiens galeux se révélant être des hommes. Non non, les mesures étaient radicales mais justifiées et en parlant de justification, il allait falloir lui en donner parce que leur gémissements ne l'attendrissait guère. Plus que les gestes, les mots.
Et le chef, ou ce qui semblait être le chef, parla. A bien l'observer, Philéa se rendit compte qu'il ne pouvait être qu'un elfe ... ah, mauvais plan donc si tel était le cas puisque la belle reine avait une alliance avec Silmarie. Mais l'alliance ne comportait pas de clause relative aux condamnés qu'elle attrapait sur ses terres. La justice de Muria ne regardait que la cité, toute alliance qu'elle possédait avec d'autres. Et de toute façon, vu leur façon d'être et de vivre, quelque chose soufflait à la Dame que ces hommes, s'ils étaient tous des elfes, ne devaient plus souffrir de Silmarie. Ils étaient surement soient recherchés soient oubliés de leur cité natale.

Le "chef" parla d'abord dans une langue que Philéa ne comprenait certes pas mais savait reconnaitre comme était de l'efique. Super, il tuait des gens et des bêtes, ou au moins des bêtes, et maintenant il lui parlait dans une langue qu'elle ne comprenait pas. Sans parler que la plupart de ses Sentinelles étant Cydiennes ou Astorgs d'origine, elle ne comprendraient pas mieux qu'elle ce qui se tramait sur ses terres. Mais voilà que le vieillard revenait à la raison, les yeux tremblants de douleur. Durandil ? Un malheur ?
Quelque chose soufflait à la reine amazone que l'homme n'était pas tout à fait sain d'esprit. Tout comme le reste de sa petite troupe. Mais que faire pour autant ? Si ce qu'il avançait était vrai, Durandil n'était qu'un village, tout au plus une petite ville et que pourrait-elle vouloir à la fière cité amazone ? Les relations n'étaient pas toujours au beau fixe mais jamais n'étaient-elles aggravées par quoi que ce soit alors ... Et puis, les terres d'Eyloss, Durandil, le malheur promis, tout ça n'avait aucun rapport logique ! Non, cet homme était soit fou, soit il se moquait d'elle.

La reine amazone attendit que le calme revienne peu à peu.
D'un geste, lorsque la plupart des plaintes se furent tuent, elle fit signe à ses Sentinelles d'achever les malheureux qui souffraient le martyr. Les flèches n'avaient pas visés de points vitaux, mais plantées dans la jambe la plupart du temps et sans soin, elles conduiraient inexorablement les hommes-loups au trépas. Autant achever leur vie maintenant avant que la souffrance et le délire, dont ils souffraient déjà tous à la base, ne les emportent. Mais Philéa n'ordonna pas la mort de leur chef pour autant. Quelque part, elle était curieuse, non pas de savoir quelle folie l'animait, mais de comprendre ce qui le poussait à agir. Ainsi, contre toute attente, elle s'approcha de lui. La tempête avait cessé et la reine n'était plus protégée que par ses fidèles soldats mais dans son état, que lui ferait-il ? Surtout mains liées par son fouet à épines, fier serpent aux crocs acérés qui dormait entre ses doigts. Aucun danger donc.

" Nous partons pour Durandil. " dit-elle tout simplement à l'homme avant de retirer le serpent qui lui mordait la chair.

Ceci dit, elle se tourna vers Kiera et ajouta :

" Enterrez-les morts, nous partirons après. "

[ Je ne sais pas si tu attendais que j'aille là-bas ou pas, si tu ne le voulais pas, j'éditerais, mais j'avais peu de choix vu ta réponse XD ]

Putain ... c'était quoi ce bordel ?
Bon, voilà ce qu'aurait pensé Philéa si elle n'avait pas été la reine amazone, mais en tant que souveraine, elle n'avait pas le droit de s'abaisser à penser ce genre de choses. Du moins pas aussi crument. Il fallait dire qu'en suivant la piste donnée par l'autre fou, elle n'avait pas pensé une seconde tomber sur une ville fantôme aux demeures fracassées et encore pire ... tomber devant quelques idiots à moitié nus qui dansaient autour du feu, se changeaient en loups et en prime, pour couronner le tout, cherchaient à manger la population. C'était quoi ce ... hum pardon, elle est une reine, une reine ok ! Donc voilà où en était la situation : elle était face à des tarés qui dansaient autour d'un feu et avaient envie de casser la croute en prenant pour cible la population et ben ... voilà qui promettait.
Kiera tout comme les huit amazones l'ayant accompagné dans cette folle mission semblaient effrayées. Non pas qu'elles craignaient ces espèces d'hommes-loups bien sur, mais elles semblaient comme effrayées de voir jusqu'à quel point l'homme pouvait être barbare envers ses congénères. Peu importait, il fallait agir et bien évidemment, c'était sur elle que toutes se reposaient. En temps normal, seuls les elfes auraient du agir, le seul problème, c'est que le temps leur manquait. Si Silmarie devait être prévenue pour agir, la population serait sacrifiée et sans doutes les loups auraient-ils quitté la cité avant leur retour. Les tenir en tenaille en attendant les elfes était trop dangereux et Philéa ne tenait pas à sacrifier ses troupes pour rien. Quant à partir et laisser les elfes se débrouiller, ce n'était pas plus judicieux. D'une part parce qu'il y avait cette alliance entre la cité de Muria et celle de Silmarie, et d'autre part parce que Philéa ne pouvait pas laisser la population être sacrifiée sans rien faire. Elle n'était pas ce genre de femmes.
Bon, maintenant qu'elle était décidée à agir, encore fallait-il savoir comment. Dans un premier temps, il fallait sauver ces pauvres gens, victimes de ces tarés. Repérer ensuite le chef, tenter de parlementer avec lui. Tuer les prisonniers qu'elles avaient déjà fait en silence pour ne pas éveiller les soupçons des autres et enfin, attaquer. Mettre fin à tout ça, peu importait leur raison, il ne fallait pas faire dans la dentelle.

Devant le grand feu allumé sur cette place, un homme assez âgé, nu par dessus tout, psalmodiait en elfique un truc que Philéa ne pouvait pas comprendre. Peu importait, il était le chef, vieux, donc il serait épargné. Pour les autres, le carnage comptait, aucun d'entre eux ne devait en réchapper. Philéa l'ayant repérer, elle fit signe aux amazones d'aller achever en silence les quelques prisonniers qu'elles avaient emmenés. Ces dernières s'exécutèrent et cachèrent les corps, leur souveraine faisant en sorte que le vent n'apporte pas leur odeur aux autres tordus qui dansaient sur la place. Ceci fait, il fallait maintenant s'occuper de la population. Philéa ferma les yeux, cherchant à focaliser son attention sur le brasier et les gens autour. Sa chance était que ces derniers se trouvaient à l'écart des hommes-loups. Ouvrant les yeux, elle remarqua que son piège avait fonctionné.
La population était désormais à l'abri dans la tornade qu'elle venait de créer. L'homme-loup qui venait d'achever une victime s'était retrouvé lui aussi pris au piège. N'hésitant pas une seule seconde, Philéa donna l'ordre à Kiera de l'achever d'une flèche, ce que cette dernière fit sans hésitation. Pour une fois, la chef des Sentinelles ne versa pas une larme une fois le trait fatal dans le coeur de leur ennemi. Se montrant au grand jour, seule, à l'autre bout de la place, Philéa prit la parole :

" Qui êtes-vous ? Et que faites-vous donc de ces pauvres gens ? " demanda-t-elle d'une voix forte et assurée.

Ses amazones avaient déjà commencé à se placer discrètement autour de la place, prenant soin de se cacher derrière ce qu'il restait des maisons. Bientôt, elles seraient toutes en place, prête à attaquer. Kiera quant à elle était restée derrière sa souveraine qui pour sa part, tenait son fouet à épines fermement entre ses mains. Le serpent commençait déjà à s'impatienter.
Maintenant que la population était à l'abri, personne ne pouvant sortir ou entrer dans sa prison de vent sans son autorisation, Philéa allait parlementer. Du moins, le temps d'éradiquer le problème.

[ suite et fin de la mission ]

Les hommes présents autour de la scène parrurent affolés dans un premier temps puis, lorsque Philéa se présenta, seule, posant des questions qu'ils n'étaient pas prêt à donner, ils se mirent à rire. C'est alors que la reine amazone fit signe à ses soeurs d'entrer en action. En silence, deux flèches partirent de deux côtés différents et se plantèrent dans la poitrine de deux des hommes. Les autres cessèrent aussitôt de rire, à présent inquiets et cherchant visiblement à comprendre d'où provenaient les projectiles. Les pauvres habitants de la ville quant à eux, bien protégés par la tornade crée par Philéa, ne perdait pas une miette du spectacle, aussi cruel soit-il. La jeune femme tenait leur vie entre ses mains alors autant dire qu'ils plaçaient tous leur espoirs dans les moindres faits et gestes de la Dame.
Une fois le mouvement de panique passé, la reine amazone fit un pas de plus dans leur direction puis reposa sa question, toujours sur le même ton. Après tout, elle était en position de force alors à quoi bon chercher à les ménager ?

" Qui êtes vous ? Et pourquoi tuez-vous ces pauvres gens ? "

Un homme, plus âgé que les autres, s'avança dans sa direction et lui répondit :

" Pourquoi te parlerions-nous profane ? "

Philéa émit un drôle de rire avant de reprendre, le plus sérieusement du monde :

" Parce que je tiens votre vie entre mes mains. Parle, et je vous offrirais la vie sauve sinon, peu importe, je vous tuerais tous comme ces deux larbins. "

Le temps des politesses était passé à présent, la souveraine voulait des réponses et cet homme étrange avait intérêt à les lui apporter. De toute façon, cela ne changerait rien à l'issue de la rencontre mais pour le moment, si elle pouvait au moins savoir ce qu'il se passait, ce serait déjà ça. Le vieil homme se tourna vers les siens un instant, comme pour chercher du réconfort ou pour savoir ce qu'il devait faire mais étrangement, les autres tentèrent de se soustraire à son regard. A bien les observer, Philéa avait l'impression de se retrouver face à une meute de loups dont l'homme semblait être le chef, le dominant. Tous évitaient son regard et cela ne semblait pas le perturber plus que cela. Il se tourna vers Philéa, sourire aux lèvres.

" Ces gens sont des sacrifices nécessaires pour la purification des terres d'Azthia. En les sacrifiant, nous offrirons le renouveau pour les terres d'Azthia et puisque les hommes sont corrompus, nous préférons encore revêtir le corps de loups, seuls animaux encore digne de confiance pour avoir échapper à l'influence humaine. Rejoins-nous reine, et notre mission ne pourra que s'accomplir. "

Ah d'accord.
Non seulement ils avaient l'air tarés mais en plus, ils l'étaient. Ces elfes n'étaient décidément pas tous finis et certains fumaient un peu trop la salade visiblement ... la reine ne put réprimer un sourire devant le ridicule de la situation pourtant, le sérieux de l'homme la dissuadait de penser qu'il n'était pas convaincu de ce qu'il disait. C'était sans doutes cela le pire. Mais non en fait, le pire c'était sans doutes qu'il lui demandait de les rejoindre. En effet, Philéa se voyait bien, transformée en louve, tuer de pauvres innocents pour la régénération d'Azthia. Mais bien sur ... c'était tout à fait dans ses cordes. Déjà qu'elle devait se battre pour cacher aux yeux de tous sa précieuse cité alors franchement, s'occuper de ça en prime. Mais au moins maintenant, elle avait sa réponse et cela suffisait pour la jeune femme à prendre sa décision. Apparemment, dans ce qu'elle comprenait, la secte était au grand complet ce soir pour préparer le sacrifice ainsi, si tous étaient éliminés, alors la secte disparaitrait d'elle même et le tour serait joué. Plus de soucis à se faire et plus de plaintes. La reine sourit avant de répondre :

" C'est surement à cause d'hommes comme vous que les femmes quitte votre monde pour Muria. Tuez-moi ça. " lança-t-elle à la cantonade.

A peine avait-elle parlé que le peu d'hommes encore debout au centre de la scène tomba peu à peu sous le coup des flèches amazones. Lorsque les cris ne furent plus, lorsqu'elle fut certaine que la population ne craignait plus rien, elle les libéra de leur prison salvatrice tandis que les amazones la rejoignaient. Les remerciements fusèrent, les gens étaient satisfaits, la reine aussi, bref, tout allait bien. Kiera se déplaça de corps en corps pour vérifier que tous étaient bien mort mais lorsqu'elle arriva près du corps du chef de meute, ce dernier respirait encore. A la vue de la jeune fille, il psalmodia un "notre croyance nous survivra" lourd de conséquence et sa vie s'éteignit sans plus attendre. Kiera rapporta les paroles du mourant à la reine qui se doutait bien de ce que cela impliquait. Sans doutes n'étaient-ils pas les seuls et sans doutes allait-elle devoir finalement en faire part à la Grande Prêtresse. Pour l'heure, il fallait effacer la trace immonde de cette secte et rentrer à Muria.

[ désengagée : Philéa ]