Le jeune templier à qui elle s'était adressé lui expliqua vaguement que Tamawa avait subi une attaque, ce qui confirmait ses soupçons. Elle espérait simplement que Feanaro ne s'était pas montré trop zélé comme à son habitude. Son interlocuteur semblait quelque peu embarrassé face à Arzhel, elle le sentait ce qui amena un sourire indulgent sur ses lèvres. En tout cas, il fut soulagé par l'arrivée d'une petite fille qui fournit le principal renseignement que l'Astorg attendait. Cependant, un éclair fugitif traversa son regard quand le nom d'Eléa fut mentionné, mais Arzhel reprit rapidement contenance avant de s'adresser à l'enfant.

- Tu ne nous importunes pas, et oui si possible, j'aimerai que tu m'y conduise.

Le ton était resté poli, Arzhel avait conservé son sourire et le tutoiement lui était venu naturellement, s'adresser à une enfant en la vouvoyant n'était pas dans ses habitudes. Elle observa la petite lui donnant dans les dix ans maximum en dépit de son regard un peu hanté. Quand la petite avait utilisé le nom d'Eléa, un doute avait germé concernant son identité. Dans sa profession, il était nécessaire de connaître les différents dirigeants d'Azthia et Arzhel savait qu'Eléa avait une petite sœur nommée Jelenna. Faire le lien entre les deux était facile, mais pour en avoir le cœur net autant poser la question.

- Dis, serais-tu la sœur de la princesse Eléa?

D'autres questions venaient à l'esprit de l'Astorg tandis qu'elle suivait la petite. Cependant, est-ce que son guide avait été présent lors de la bataille? Et si oui, une enfant aurait été surement traumatisé, et elle hésitait à raviver de mauvais souvenirs en la questionnant. Feanaro pourrait lui donner la réponse.

- Comment va le Capitaine?

Pourquoi cette demande? Elle connaissait bien l'elfe et elle était toujours inquiète en ce qui le concernait, bien qu'elle ne le montrait pas visiblement. D'ailleurs c'était peut-être pour cela que leur relation en était rendu à ce point. Fermant la porte au nez de ses réflexions, Arzhel se reconcentra sur le présent. A cet instant, elle prit conscience d'une sorte de malaise. Elle avait une drôle de sensation, comme si son pouvoir de catalyseur était perturbé. Elle jeta un coup d'œil inquiet alentour, espérant qu'il n'y avait pas de catalyseur incontrôlé dans les parages. Les catalyseurs se sentaient entre eux et deux catalyseurs dans la même pièce pouvaient provoquer des catastrophes. Arzhel posa un regard soupçonneux sur Jelenna tout en accentuant son auto-contrôle, c'était la seule personne dans son entourage immédiat. Si le malaise persistait elle lui demanderait directement si elle en était un ou non, et si elle savait le contrôler.

La petite fille parut soulager par la réponse de son interlocutrice. Au fond, Jelenna était quelqu'un de très poli et qui n'aimait pas se mêler de ce qu'elle appelait "les affaires d'adultes". Mais depuis peu, il était venu le temps de grandir, de brûler les étapes pour se forger un caractère différent du sien. Dans sa tête d'enfant, la petite princesse bis souhaitait de tout son cœur ressembler à sa maman et à sa sœur ainée. Voilà pourquoi elle s'était permis de répondre à la jeune femme de façon aussi impolie soit-il. L'inconnue accepta l'aide de la petite fille qui depuis bien longtemps depuis cette bataille s'était sentie totalement inutile en quoi que ce soit. Eléa avait beau lui dire qu'elle l'aidait énormément avec son don de catalyseur, la petite demoiselle n'y croyait pas vraiment. Pourtant, nombreux étaient ceux venus la remercier d'avoir user de son don de catalyseur lors de la bataille. En réalité, l'enfant n'avait aucune idée de ce qu'était ce don dont tous parlait, elle savait simplement qu'il consistait à augmenter les capacités des autres, de son entourage proche et, sachant cela, la petite avait prié Diane pour que ce don protège Eléa. Cela avait fonctionné mais Jelenna n'avait rien contrôlé du tout.
Arzhel posa plusieurs questions à la petite fille tandis qu'elles prenaient le chemin de l'aile consacrée aux malades, aile dans laquelle se trouver maitre Feanaro. Jelenna ne répondit pas tout de suite d'une part parce qu'elle était perdue dans ses pensées et d'autre part, parce qu'elle se souvenait de l'avertissement de son ainée : ne faire confiance à personne. Si la cité reprenait peu à peu vie, les pillards et autres malfaiteurs étaient nombreux et Eléa ne tenait pas à ce que sa cadette en fasse les frais avec sa candeur naturelle. Aussi, Jelenna tenait-elle à respecter ce conseil à la lettre.

Il était vrai que depuis la bataille, bon nombre de gens de la cité connaissait l'existence des deux princesses amazones. Eléa avait, de part ses conseils comme ses dons naturels, sauvée la cité, du moins, c'était ainsi que le concevait l'enfant. Quant à elle, les Templiers l'avaient remercié pour ses dons de catalyseur. Les nouvelles avaient beau aller vite, l'enfant se doutait que si Philéa ne savait pas encore ce qu'elles avaient fait, personne d'autres en dehors de la cité neutre ne devait le savoir. La petite fille se méfia donc de l'inconnue. Au lieu de répondre, elle lui demanda :

" Comment vous nommez-vous ? " d'un ton évasif.

En attendant, son jeune esprit tournait à plein régime. En dehors de Muria, personne ne savait que Philéa avait eut deux enfants. Mêmes certaines amazones l'ignoraient puisque cela ne faisait qu'un an qu'elle allait à l'école et sortait donc du palais. Alors comment cette femme pouvait-elle connaitre son existence ? La bataille ? Non, Jelenna ne se souvenait pas de l'avoir vu avant et pourtant, elle avait parcouru les rues, les blessées et les morts. Elle avait senti la présence de chaque être vivant sur le sol de Tamawa, la ville meurtrie. Cette jeune femme venait d'ailleurs. Alors Jelenna s'autorisa ce qu'elle n'avait jamais fait jusque là. Maladroitement, elle fouilla son esprit pour se focaliser sur l'âme de l'inconnue. Cette dernière était d'un rouge vif, presque aussi vif que celui qui symbolisait sa sœur. Comme cette dernière, son interlocutrice lui semblait courageuse mais plus réfléchit que son ainée. Comme Eléa, elle avait du sang sur les mains malgré son jeune âge. L'inconnue connaissait également se façon sure le Capitaine puisque Jelenna sentait sa trace dans les couleurs de la jeune femme, comme elle pouvait le sentir chez Eléa. C'était ainsi pour chaque personne, chaque rencontre était ancrée dans sa peau ou plutôt, dans son esprit, son âme. Elle semblait aussi ne pas montrer ses sentiments puisque même avec ce qu'ils appelaient ici l'Esprit, Jelenna ne pouvait pas les sentir. Elle avait vaguement perçue une vague de jalousie tout à l'heure au nom de sa sœur mais sans plus. L'examen terminé, Jelenna respira à nouveau plus calmement. Jamais elle n'avait pu en savoir autant sur une personne en utilisant son don. D'habitude, elle savait les principales qualités et le sentiment du moment de la personne mais là, elle avait pu deviner d'autres choses plus personnelles.
La petite sourit néanmoins, rassurée. La jeune femme n'avait aucune envie de l'attaquer ou autre, du moins, n'avait-elle rien ressenti de tel. Aussi, elle se permit de lui répondre :

" Je suis désolée de ne pas vous avoir répondu plus tôt mais en effet, je suis la petite sœur d'Eléa bien que je n'en ai pas réellement l'étoffe. Je me prénomme Jelenna. "

Elle tourna sur la gauche pour prendre un chemin plus court vers le lieux où se trouvait le maitre et son ainée. Sur ce même ton d'excuse et à la fois calme, elle poursuivit :

" Maitre Feanaro a été très blessé durant la bataille. Eléa ne cessait de s'inquiéter et de dire qu'il en avait encore fait trop. Elle était en colère contre lui mais je crois qu'au fond, ça l'a bien fait rire au maitre qu'elle soit inquiète. Il lui a fallu plus d'une journée pour soigner sa blessure au visage malgré ma présence et environ deux jours pour soigner les petites blessures superficielles. Je crois qu'aujourd'hui, Eléa devait soigner ses côtes cassées. Pour les blessures en profondeur, il faut d'abord que tout soit "réparé", enfin c'est ce qu'elle m'a dit. Mais ne vous inquiétez pas mademoiselle, le maitre s'en sortira, c'est Eléa qui me l'a dit et ma sœur ne ment jamais. "

Jelenna avait parlé avec admiration mais elle rajouta :

" Dans quelques jours, il n'aura plus besoin des soins comme de l'attention de ma sœur et nous pourrons rentrer à la maison tous les trois. "

Etait-ce la jalousie, la rancœur ou un autre sentiment qui pointait chez Jelenna. Peu importait, elle s'était montrée polie et honnête et c'était le principal. Elle demanda ensuite à la jeune femme :

" Vous semblez bien connaitre maitre Feanaro, comment l'avez-vous rencontré ? "

[ Edit Eléa : attention aux règles d'écriture, les actions doivent être en italiques n_n ]

Arzhel remarqua la méfiance suscitée par sa question sur le lien entre les princesses amazones, car c'était une information peu connue lui semblait-il. En tout cas, elle suivit la jeune fille dans les dédales des couloirs qui allait la mener vers Feanaro.

- Je m'appelle Arzhel... et je viens de Storghein, répondit-elle sans en rajouter plus.

Puis elle sourit à sa guide quand elle se présenta et commença à lui expliquer la situation. L'astorg ne put s'empêcher un nouveau sourire et un soupir résigné quand elle apprit l'étendue des blessures du capitaine. Incorrigible, il se donnait beaucoup trop dans les entreprises qui lui tenaient à cœur. Mais autrement il se serait pas, lui...
Rentrés chez eux? Arzhel afficha une moue sceptique, connaissant le programme que s'était fixé l'elfe, elle doutait sincèrement que Jelenna puisse rentrer tranquillement chez elle après le rétablissement de Fea.

- J'en doute, ne put s'empêcher de murmurer l'assassin, plus pour elle-même. Elle ne souhaitait pas inquiéter la petite et enchaina directement avec la dernière question de Jelenna. Cela fait plusieurs années que je le connais, près de huit ans... Il m'a engagé pour exécuter un travail, et depuisil fait parfois appel à mes services... Nous sommes des relations professionnelles... Par contre, je sais qu'il va bientôt se marier avec ta sœur, n'est-ce pas?

Arzhel ne s'appesantit pas plus longtemps sur ses activités et sa relation avec Feanaro, Jelenna n'avait pas besoin de connaître son véritable métier, ni même que les liens avec Fea avaient dépassé le stade professionnel. Cependant, elle ne pouvait s'empêcher de ressentir de la jalousie en pensant qu'Elea s'occupait du Capitaine et donc renforçait les liens qui s'établissaient entre eux. Mais pour l'heure, le malaise qu'elle ressentait depuis plusieurs minutes détournait son attention, comme au monastère de Valkor quand elle était en compagnie d'Urien, alors elle se risqua à poser la question.

- Jelenna, y-a-t-il un catalyseur dans les parages? Une pointe d'inquiétude se fit entendre dans sa voix qu'elle masqua rapidement. Et si oui, sait-il se contrôler?

L'astorg posa un regard intense sur la jeune amazone, elle devait savoir...

La demoiselle ne parlait pas beaucoup, en réalité, Jelenna se sentait même mal à l'aise à ses côtés, ne sachant pas vraiment quoi faire pour engager la conversation. C'était sans doutes sa faute si Arzhel, car tel était son prénom, ne souhaitait pas lui parler car la petite fille s'était montrée bien mal élevée. Elle avait réussit à installer un climat tendu par son manque de réponse et maintenant elle s'en mordait les doigts. Et puis en réalité, Jelenna se sentait mal à l'aise pour une autre raison. Outre le fait que Arzhel ne parlait pas beaucoup, la petite princesse bis se sentait oppressée par l'odeur de sang qui collait aux murs de la cité et surtout, par deux autres choses. Premièrement, elle sentait que la jeune femme lui cachait quelque chose concernant maitre Feanaro et deuxièmement, elle ressentait encore les souffrances des derniers soignés du Temple. Quoi qu'il en soit, elle avait hâte que tout cela se termine vite.
Son interlocutrice interrompit le court de ses pensées en reprenant la parole. Visiblement, elle doutait que la jeunette puisse rentrer sous peu chez elle en compagnie de son ainée comme du fiancé de cette dernière. Jelenna fit une moue contrariée mais était persuadée que la demoiselle ne savait pas ce qu'elle disait. Bientôt, ils rentreraient tous à Muria, Eléa l'avait promis et elle ne lui avait jamais menti jusque là. Peut-être maitre Feanaro ne viendrait-il pas tout de suite et les rejoindraient-ils plus tard mais dans tous les cas, la petite fille était persuadée que bientôt, leur chemin les reconduiraient à la maison. Elle préférait se cramponner à cette idée plutôt que d'accepter l'éventualité que ce ne soit pas possible. A nouveau, la question de la demoiselle la fit revenir sur terre. Ces derniers temps, elle avait toujours tendance à se perdre dans ses pensées, aussi sombres soient-elles. Peu de choses la maintenaient en vie, et elle se résumait à son ainée et sa cité.

" Euh oui. Maitre Feanaro a demandé à maman d'épouser ma sœur et je crois que maman y a vu un bon moyen de renforcer notre alliance avec Silmarie. Au fond, je pense que ce mariage arrange tout le monde. Mais avec la bataille ... " elle marqua une pause comme si elle hésitait puis repris, " je pense qu'ils devront attendre. Le temps n'est pas aux noces bien que je sois désormais persuadée que ces deux-là s'aiment. Enfin désolée, tout cela ne vous concerne pas je suppose ! "

C'était en parlant de ce mariage que Jelenna se rendit compte à quel point elle était ... jalouse ou non pire, à quel point elle avait peur de perdre sa sœur ainée. Il allait falloir qu'elle apprenne à partager sa sœur et elle n'était pas du tout préparer à ça. Pas tout de suite ... Mais cela encore ne concernait pas la demoiselle à l'âme rougeâtre. La dernière question de la jeune femme l'interloqua. Comment pouvait-elle ?

" Euh moi, je crois ! "

La petite fille avait répondu du tac au tac. Elle se reprit en vitesse ne sachant quoi dire dans cette situation :

" Euh moi, je ... je suis catalyseur madame. Dame Asora me l'a dit avant la bataille, elle a aussi dit que c'était un don rare et qu'il serait bien utile pour combattre. Je ne sais pas si j'ai été utile mais je crois que mon pouvoir a fonctionné. Dame Asora m'a expliqué que ce don n'était pas conscient chez les gens qui le possédaient alors euh je suppose que c'est moi que vous sentez ! Mais du coup non, je ne sais pas me contrôler enfin je pense que je ne le sais pas. Je n'en sais rien en fait, désolée ... "

A nouveau, des larmes montèrent aux bords de ses yeux. Ces derniers temps, il était presque trop facile pour elle de pleurer. Elle qui d'ordinaire ne pleurait presque jamais se sentait ridicule depuis quelques jours à être aussi sensible. Elle fit donc tout son possible pour retenir ces dernières et tenta de reprendre le cours de la conversation :

" Pourquoi me posez-vous cette question ? "

Ça marchait, les larmes refluaient ... pourvu que ça continu !

[ Désolée du retard ^^" ]

Arzhel avait l'impression que la petite fille se perdait dans ses pensées, mais cette dernière répondait néanmoins à ses questions. Cependant, l'astorg remarqua la réaction de Jelenna quand elle mit à mal l'espérance de retour de la princesse, elle se réprimanda intérieurement, considérant qu'elle aurait pu s'abstenir de ce genre de commentaires. Parfois elle oubliait que les enfants n'étaient pas destinés à entendre la même chose qu'un adulte et qu'il fallait les ménager. En parlant d'enfant, elle se demandait si un jour elle se déciderai à mettre fin à ses activités pour se consacrer à la vie de famille... Un léger sourire quelque peu désabusé se dessina sur ses lèvres. Si vraiment elle souhaitait fonder une famille, elle devra prendre rapidement sa retraite avant de se faire tuer, mais aussi trouver en premier lieu celui qui partagera sa vie. Revenant à l'instant présent, Arzhel écouta les dires de Jelenna concernant le mariage.

- Ne t'excuse pas Jelenna, il n'y a pas de mal et j'aime bien me tenir au courant du devenir des peuples d'Azthia. Il est vrai qu'ils devront attendre pour se marier, mais soit sûre que ce mariage intéresse beaucoup de monde, surtout dans les sphères politiques. Quant à moi, je considère Fëanaro comme un ami alors je me sens un peu concernée par son avenir, ajouta-t-elle avec un sourire amusé.

L'astorg se rendit compte qu'elle avait parlé un peu trop vite, contredisant en partie ses premiers propos au sujet du capitaine elfique. Jelenna allait comprendre plus qu'elle ne le souhaitait. Tant pis si elle suscitait des interrogations de la part de la jeune fille, Zhélie n'allait pas lui avouer qu'elle fut la maîtresse de son futur beau-frère. Finalement, l'enfant avoua qu'elle était le catalyseur qu'Arzhel sentait depuis son entrée dans le temple. Suite à cette nouvelle, l'adulte ralentit le pas jusqu'à s'arrêter. Face aux larmes qui perlaient aux yeux de la princesse amazone elle se mordit la lèvre, se demandant si elle avait dit ou fait quelque chose de mal.

- Je... Elle posa un genou à terre pour se mettre à hauteur de la petite. Je suis désolée si je réveille de mauvais souvenirs, ce n'était pas mon intention. Mais... Elle jeta un regard aux alentours pour s'assurer qu'elles étaient seules. Dame Asora a raison, tu possèdes un don très rare, très utile et très convoité. Sache qu'il est très dangereux de se révéler catalyseur et que ce n'est pas une information à livrer à n'importe qui. Elle fit une pause avant de poursuivre d'une voix plus douce. Jelenna, ce que je vais te demander va peut-être te paraître étrange, mais j'aimerais que tu me promettes de ne pas révéler ton potentiel à n'importe qui, seulement à des personnes de confiance. Je sais qu'on ne se connait pas, qu'on a certainement dû te mettre en garde à l'encontre des inconnus, alors je te laisse seule juge. Pourquoi je t'ai posé cette question? Simplement parce que je t'ai sentie. Ce que je vais te dire, peu de personnes en ont connaissance et j'aimerais que cela reste entre nous. Je suis également un catalyseur et ces derniers peuvent se reconnaître entre eux. Or, comme c'est un don difficile à contrôler, si on met deux catalyseurs incontrôlés dans une même pièce cela peut créer de graves problèmes.

Urien, son maître, lui avait longuement expliqué les contraintes liées à ce don qui pouvait également se transformer en malédiction pour certains. Depuis que Jelenna lui avait avoué qu'elle était catalyseur, Arzhel avait pu mettre une « couleur », une marque sur le don de l'enfant qui lui permettrait de le reconnaître, de le « visualiser » si elle la croisait de nouveau.

- N'aie crainte, ajouta précipitamment l'astorg qui ne souhaitait pas terroriser la petite. Je doute que cela survienne entre nous deux car j'ai appris pendant de longues années à développer un certain contrôle sur mon pouvoir de catalyseur et que je le maintiens au maximum pour éviter d'interagir avec toi.

Les paroles d'Arzhel pouvaient sembler étranges, voire terrifiantes pour une jeune enfant. Elle se remémorait les difficultés qui avait jalonné son apprentissage au monastère de Valkor et les efforts parfois intenses qu'elle avait du fournir. Si Jelenna souhaitait augmenter sa maîtrise elle devrait en passer par là. Mais il faudrait d'abord qu'elle prenne pleinement conscience de son don.

- D'après tes dires, cela fait peu de temps que tu as pris connaissance de cette capacité n'est-ce-pas? Je doute que tu saches vraiment te contrôler. Néanmoins, je pourrais t'enseigner les rudiments, si tu le désires et si le temps nous le permet.

Oui, le temps pouvait être compté surtout si les troupes d'Azael étaient en mouvement. Arzhel observait gentiment Jelenna en attente de ses réponses et éventuelles questions La blonde nordique s'était montrée bien plus bavarde qu'au début de leur rencontre. Elle n'avait pu s'empêcher de mettre en garde l'amazone car en ces temps troublés les catalyseurs étaient très recherchés et elle ne souhaitait pas que le petite tombe entre de mauvaise mains. Etrangement, elle avait envie de la protéger même si elle ne la connaissait pas. Cela titillait son instinct maternel qu'elle avait pris l'habitude de refouler avec le reste de ses sentiments quand elle travaillait. Enfin, pas seulement, la plupart du temps elle les cachait à autrui, elle l'avait remarqué avec Fëanaro. Qu'elles devaient d'ailleurs ne pas oublier de rejoindre...

La petite fille se demandait clairement ou voulait en venir l'assassin, enfin ce qu'elle devinait être un assassin. Au départ, elle avait décidé de lui servir de guide uniquement pour se rendre utile et se changer les idées et puis aussi quelque part parce qu'elle était intriguée que quelqu'un, et surtout une jeune femme, chercher le capitaine elfique. C'était les raisons qui avaient poussées Jelenna à faire en partie confiance à Arzhel tandis qu'elle la menait vers le capitaine. Pourtant, la dame à l'aura rouge sang ne semblait pas vraiment digne de confiance. Son aura douce montrait tout de même à la petite princesse bis qu'elle n'était pas une mauvaise personne pourtant, cela n'excusait pas le fait de lui avoir menti. Car maintenant, la petite fille en était sure, elle lui avait menti sur sa relation avec Maitre Feanaro. Comment des amis ne pouvaient-ils entretenir que des relations professionnelles ? Il y avait anguille sous roche comme disait le proverbe et pourtant, cela n'intéressait pas la jeune demoiselle. Le capitaine était libre d'agir à sa guise même maintenant qu'il était fiancé à son ainée du moins ... tant qu'il ne la trompait pas et, à voir l'inquiétude qui transparaissait parfois chez son interlocutrice, il était clair qu'elle ne l'avait pas vu depuis un moment.
Mais la question n'était plus de savoir si oui ou non elle devait croire tout ce que disait la dame, la question était toute autre ... pourquoi Arzhel s'intéressait-elle à son don de catalyseur ?

Elle observa la jeune femme se mettre à sa hauteur, consciente en cet instant que ce qu'elle allait lui dire devait être assez important pour que cette dernière cherche à l'atteindre "directement". A la voir comme une enfant et non une adulte. Jelenna se prépara donc à recevoir un nouveau choc, quel qu'il soit, puisqu'ils se suivaient ces derniers jours. Cela ne vint pas.

La petite fille écouta avec attention, sans quitter la demoiselle du regard, ce qu'avait à lui dire Arzhel. Quelque part, la jeune femme lui rappelait Eléa. Elle était l'une des premières à la traiter à la fois en adulte et en enfant et la première à se faire ouvertement du soucis pour elle en dehors de son ainée. Elle sourit timidement à son interlocutrice sans oser l'interrompre et lorsqu'elle eut finit de parler, elle intervint timidement :

" J'ignorais que deux catalyseurs pouvaient se sentir. Dame Asora m'a indiqué quelques écrits dans la bibliothèque du Temple et j'en ai lu quelques uns déjà mais aucun ne mentionnaient cette particularité, c'est pour ça que j'ai été ... étonnée de votre question. Désolée de vous avoir inquiétée ! "

Jelenna tenta un sourire plus que timide puis poursuivit :

" En réalité, Dame Asora m'a informé que j'avais ce don lors de la bataille ... je crois que maman le savait mais sinon j'ignore si quelqu'un d'autres le était au courant, en tout cas, Eléa l'ignorait. Elle refusait de croire Dame Asora pendant la bataille ! Elle a été bien obligée de constater qu'elle disait vrai pourtant ... Après la bataille, Dame Asora m'a dit de rester avec Eléa pour qu'elle puisse soigner plus de malades en même temps sans en mourir d'épuisement et puis, c'est un don que je ne contrôle pas mais qui apparemment ne me fatigue pas lorsqu'il se manifeste alors pour une fois que je pouvais être utile à quelqu'un ! "

La petite fille se perdait dans ses pensées et son discours en devenait beaucoup moins cohérent. Pourtant, elle avait parfaitement assimilé ce que lui avait dit Arzhel, tout comme elle savait que si elle tombait entre de mauvaises mains, son pouvoir serait des plus dévastateurs pour les autres. Surtout qu'Esra l'avait prévenu qu'Azael était à sa poursuite ... autant dire qu'elle était pleinement consciente de tout ça malgré son jeune âge !

" Je sais que c'est un don rare et recherché ... beaucoup me l'ont dit. Je suivrais votre conseil, je pense qu'il me sera très précieux en ces temps troublés comme vous dites ... je ne tiens pas à devenir l'atout de l'ennemi ! "

Un pâle sourire se dessina sur les lèvres de l'enfant. En réalité, elle savait que mentir à Eléa sur la prédiction d'Esra lui serait fatal au mieux et serait fatal aux autres au pire mais elle savait également que prévenir la jeune femme n'était pas une bonne idée, tout simplement parce que cette dernière se concentrerait beaucoup trop sur sa petite personne de princesse bis alors que d'autres avaient besoin de son aide. C'était un choix risqué mais dans tous les cas, Jelenna faisait confiance à Eléa pour ne laisser personne poser les mains sur elle ou pire, l'enlever. La petite ignorait sans doutes que ce serait ce choix qui la conduirait plus tard à sa perte ...
Pour l'heure, l'idée d'un entrainement la tentait déjà pour passer le temps et penser à autre chose qu'à la bataille et ensuite, pour éviter de se faire repérer par ses semblables ou pire.

" Vous m'avez dit que les autres catalyseurs pouvaient se sentir entre eux mais peut-être en est-il de même pour d'autres personnes puisqu'après tout, Dame Asora a deviné la nature de mon don. "

Elle fit mine de réfléchir encore un instant et ajouta, d'un ton décidé :

" Je croyais qu'on ne pouvait pas contrôler ce don, c'est ce que tous les ouvrages disaient dans la bibliothèque mais si un éventuel contrôle est possible, je veux bien en apprendre les rudiments, ne serait-ce que pour ne pas être un danger pour les autres ou pire, me faire repérer par n'importe qui ! "

A présent bien sérieuse, toute trace de peur ou autre disparu de ses yeux, elle reprit une dernière fois :

" Si vous voulez bien perdre un peu de votre temps en ma compagnie bien sur ... je serais une bonne élève ! "

Elle sourit timidement jusqu'au moment où elle se rappella du pourquoi du comment elle avait rencontré Arzhel. Elle était censée la mener à maitre Feanaro ... évidemment ! Ah tiens d'ailleurs ... il valait peut-être mieux qu'elle lui dise ...

" Au fait ... je crois que je dois vous prévenir, Eléa est du genre .. euh ... jalouse ? Je sais que vous êtes juste une amie de Maitre Feanaro mais je connais ma sœur ... je préférais vous prévenir ... Nous sommes bientôt arrivées en tout cas, à moins que vous ne souhaitiez remettre votre visite à plus tard pour vous reposer ou autre. Je crois que la séance de soins n'est pas terminée, mais au pire, vous pourrez attendre devant la chambre. "

Là encore, elle s'emmêlait les pinceaux ...

Jelenna écouta avec attention les conseils prodigués par l'astorg. Et Arzhel prit connaissance des commentaires et interrogations de la petite amazone. Elle remarqua que cette dernière s'exprimait avec timidité au sujet de son don, ce qui était parfaitement compréhensible. Soit parce qu'elle ne souhaitait pas parler d'une chose qu'elle ne comprenait pas entièrement, soit parce que son interlocutrice était une inconnue...

- Oui j'ai dit que les catalyseurs pouvaient se sentir. Bien que leurs pouvoirs ne vont pas agir directement sur leurs porteurs, ces derniers peuvent ressentir un léger trouble, plus ou moins perceptible en fonction des personnes. Je pense que ce n'est pas indiqué dans les livres car c'est une donnée variable...

Une lueur d'intérêt s'alluma dans les prunelles d'Arzhel quand Jelenna mentionna la bibliothèque et son contenu concernant les catalyseurs. Voilà des livres auxquels elle aimerait jeter un coup d'oeil avant de quitter Tamawa. La nordique sourit de nouveau quand l'enfant s'excusa de l'avoir inquiétée.

- Ce n'est pas grave. Tu as tout à fait raison c'est un don passif qui ne demande aucun effort, le seul à fournir concerne l'éventuel contrôle que tu développes ou non. Quant aux autres personnes, elles peuvent percevoir la présence d'un catalyseur dans leur entourage si elles perçoivent les fluctuations de leurs pouvoirs provoquées par ce dernier.

Zhélie sourit en coin en se remémorant comment Fëa avait découvert son don, un soir à Ptot That suite à l'échec d'un contrat. A cette époque, ce n'étaient que des soupçons, mais Arzhel avait fini par lui avouer son statut de catalyseur lors de sa dernière visite à Silmarie. Revenant à l'instant présent, Arzhel poursuivit ses petits éclaircissements.

- Il est vrai qu'on ne peut exercer un contrôle total sur le don de catalyse. C'est comme un barrage sur un fleuve ou des nuages atténuant l'intensité des rayons de soleil. On diminue l'influence sans pour autant stopper l'action du catalyseur. Et pour les cours je n'y vois aucun inconvénient, ajouta-t-elle sur un ton enjoué.

Le sérieux affiché par Jelenna amena un grand sourire sur les lèvres de l'astorg. Etre en présence d'une jeune enfant faisait ressortir son côté humain, elle n'avait pas l'habitude de côtoyer le monde de l'enfance bien trop imprégnée par le monde cruel des adultes. Les réactions des enfants étaient spontanées, franches et non pas calculées. Mais Jelenna était en train de grandir bien trop vite en découvrant l'horreur de la guerre, le monde de la douleur et des manigances. La petite princesse mit fin à ses réflexions en apportant quelques précisions sur le but de leur visite. Un simple plissement des yeux d'Arzhel prouva qu'elle était prête à affronter Eléa si nécessaire sans pour autant oublier que l'ainée des princesses était fiancée au capitaine.

- Merci pour tes conseils, déclara Arzhel tout en se relevant. Et... si la séance de soins n'est pas terminée, je peux attendre à moins que Fëanaro ne soit pas en état de me recevoir après. Dans ce cas, je remettrai ma visite à plus tard et nous pourrions commencer un premier entrainement si tu le souhaites, et puis je prendrai certainement un peu de repos.

Cela ne lui ferait pas de mal un peu de calme après avoir voyagé en compagnie d'Alydaëlle sa pire ennemie, Maddox un collègue charmant et Smyrgoll un vieillard mystérieux et excentrique. Des compagnons de voyage un peu turbulents... L'astorg se remit en marche à la suite de Jelenna en direction de la salle de soin, sa guide pourra ainsi lui confirmer la disponibilité du capitaine elfique.

La petite demoiselle écoutait avec attention ce que la jeune Astorg avait à lui dire. Toutes les précisions qu'elle lui apportait concernant son don lui permettait de faire un peu mieux le point sur cette chose qui s'était éveillait en elle pendant la bataille ou plutôt, cette chose que Asora avait reconnu comme un don exceptionnel dont elle se serait bien gardée. Mais voilà, elle était catalyseur et cela influait sur son avenir proche comme futur. Si Esra ou Diane avaient raison, Azael tenterait bientôt de la capturer ce qui signifiait qu'il pourrait non seulement réunir les parties de son âme mais en prime, renforcer son armée morbide grâce aux pouvoirs de la petite princesse. Cela, elle ne pouvait pas se le permettre, même si au fond, elle ne croyait pas du tout ce qu'avaient prédit les deux Dames. Elle ne voulait pas y croire plutôt. La petite fille n'ajouta rien quant aux informations que la jeune femme venait de lui donner. Elle réfléchit quelques minutes encore avant de finalement décider de se taire. Maintenant que Arzhel avait accepté sa demande de l'entrainer, qu'avait-elle à ajouter de plus ?
Maintenant, son rôle consistait à la mener auprès de maitre Feanaro, en espérant que son ainée soit de bonne humeur. En ce moment, Eléa était souvent sur les nerfs et ne supportait pas trop d'être dérangée. Et ... il fallait l'avouer, depuis qu'elle commençait à éprouver des sentiments pour le Capitaine de la garde Elfique, elle était devenue plus que jalouse envers les autres femmes qui l'approchaient. Et elles étaient plutôt nombreuses.

La petite fille entraina l'Astorg à sa suite. Quelques couloirs plus loin, elle put voir la salle où était soigné maitre Feanaro. Ses gardiens étaient toujours là et leur blessures semblaient à présent résorbées. A croire qu'Eléa était vraiment la meilleure des médecins. Enfin la plus dure et la plus têtue en tout cas. Sans doutes la demoiselle avait-elle senti sa cadette approcher car elle sortit, les mains ensanglantées. Jelenna eut un mouvement de recul mais elle sourit à la princesse amazone.

" Jel' ! Où étais-tu ? Enfin, tu tombes bien, j'ai besoin de toi. "

Jelenna hésita un instant, soudain inquiète, mais préféra tout de même demander :

" Maitre Feanaro va bien ? "

" Lui oui, il se repose là-bas, mais d'autres n'ont pas cette chance ... "

Elle montra une chambre située deux chambres plus loin que celle où elles se trouvaient. Bien évidemment, les gardes elfiques gardaient cette dernière. Jelenna précisa donc :

" Je te présente Arzhel, une amie de maitre Feanaro, elle souhaite le voir. "

Eléa ne réagit pas tout de suite, occupée par se laver les mains, lorsque ce fut fait, elle observa une minute à peine la jeune femme et précisa :

" Il est dans la chambre là-bas, soyez calme, il a besoin de repos. Jel', viens avec moi s'il-te-plait ".

Et bien ... tout le monde faisait des progrès ... enfin pour le moment, Eléa était surtout très occupée par son rôle de médecin et elle détestait ne pas arriver à quelque chose. Même si sauver des vies n'était pas son fort à Muria, elle ne supportait pas de rester inactive si elle avait la capacité d'agir. C'était sa nature et cela venait d'éviter à l'Astorg quelques réflexions déplacées et quelques regards assassins. La petite fille suivit sa sœur sans rien dire, sachant qu'elle serait enfin utile à quelque chose. Un dernier sourire à sa nouvelle euh connaissance ? Elle elle disparu à la suite d'Eléa.

[ désengagée ]
[ Merci pour le RP ^^ Je me suis permis de me désengager car je ne trouvais plus quoi dire =x ]

Eléa sortit précipitamment d'une chambre pour venir à la rencontre de Jelenna. Cette dernière prit en main la conversation, présentant l'astorg à sa soeur. Celle-ci s'intéressa à peine à la visiteuse, bien plus préoccupée par les malades qui requéraient des soins. Cela convenait parfaitement à Arzhel qui n'avait aucune envie d'affronter la princesse amazone, elle aura tout le temps nécessaire dans les jours à venir.

La nordique observa les deux amazones disparaître et sourit à Jelenna en lui faisant un petit signe d'au revoir. Elle aimait bien cette petite. Puis elle se dirigea vers la chambre de Fëa. Les gardes hésitèrent à la faire entrer, mais elle leur assura qu'elle n'abuserait pas de l'état du capitaine. Poussant doucement la porte, l'assassin se faufila à l'intérieur. Les rideaux avaient été tirés, créant une semi-obscurité reposante. Une forme était allongée sur le lit, une respiration lente et profonde se faisait entendre. S'approchant silencieusement du dormeur, Arzhel put constater qu'Eléa s'était bien occuper de lui. Posant un regard tendre sur son ami, elle l'observa quelques minutes sans troubler son sommeil. Elle se remémora certaines de leurs conversations et soupira légèrement. Finalement, elle quitta la pièce aussi discrètement que possible, referma la porte derrière elle tout en informant les gardes qu'elle repasserait plus tard avant de disparaître dans les couloirs du temple.

[Désengagée]
[De rien ^^]