[F-A] Now, you are free (mission Elly) (fini)

Les temps n'étaient pas des plus faciles, tout le monde le savait sur cette vaste terre d'Azthia même si tous n'y mettaient pas les mêmes raisons derrière. Mais quoi qu'il en soit, les temps étaient durs et c'était un fait mais sans doutes l'étaient-ils plus à l'encontre de certaines personnes et notamment, en ce qui concernait les plus démunis de la cité de sable, les Nuas. Les esclaves.
Kahau.
Rares étaient les membres de la Troupe présents lorsque ce dernier était venu à la rencontre de notre chère Jillian, tout au plus cinq étaient là et tu en faisais partie, tout comme Lika et deux autres membres dont j'ai oublié le nom. Ainsi savais-tu sans doutes que celui qui était considéré comme le chef des esclaves de Ptot Tàh avait confié son envie de libérer les siens à la meneuse de la Troupe et que cette dernière avait été touchée par sa situation et avait accepté de faire tout ce qui était en son pouvoir pour l'aider. Et voilà pourquoi tu étais là ce soir car Jillian, avant de t'envoyer ici, avait réfléchi à la situation. Ainsi, elle s'était dit qu'il ne fallait pas attirer l'attention en libérant l'ensemble des camps d'esclaves de la cité, de toute façon, ce n'était pas humainement possible, non, il valait mieux libérer le camps de Kahau et le laisser gérer la suite de l'histoire. Et c'est là que tu entrais en scène car la meneuse savait qu'il était impossible de se séparer des gardes, même si tu étais talentueuse, aussi t'avait-elle envoyée chez le meilleur herboriste du coin. En réalité, cet herboriste était tout simplement un fleuriste alchimiste maitre dans l'art des poisons. Et oui, ta mission était donc de convaincre l'homme de te fournir du poison, de te faufiler dans les cuisines des gardes pour être sure qu'ils l'avalent et pour finir, tuer ceux qui resteraient et libérer les esclaves. Dur dur n'est-ce-pas ?

Le vieil homme allait fermer sa boutique. Le poids des années était de plus en plus lourd sur ses épaules et cela se voyait. Une barbe blanche comme neige pendait le long de son cou tandis que ses cheveux, tout aussi immaculés, tourbillonnaient le long de sa nuque jusqu'à ses épaules. Mais ce qui te choqua sans doutes le plus furent ses yeux d'un bleu océan qui semblèrent te transpercer. Sans doutes s'attendait-il à ce que tu entres car, bien qu'il ai ai fermé toutes les vitrines, il avait laissé la porte ouverte. La lune dans le ciel éclairait donc une scène qui semblait des plus étranges ...
C'était maintenant à toi d'entrer en scène et de convaincre le vieil homme !

Elly passai à peine la porte de la boutique qu'une entêtante et violente effluve la heurta de plein fouet. Elle était au bon endroit, il n'y avait pas de doute là-dessus. Les fragrances de mille et une plantes se mêlaient, marjolaine, serpolet, edelweiss, thym, ail, safran, coriandre, les graminées exhalaient leurs parfums terribles, et suffoquaient bien involontairement chaque client susceptible d'entrer. Pas étonnant qu'il n'y eût personne, en cette fin de journée.

La petite pièce étroite, aux murs chargés d'étagères lourdement garnies, était claustrale. La couleur dominante était le marron, et toutes ses variantes. Il y en avait partout. Des murs brun-rouge, des étagères ocre, des cadres aux baguettes orange avaient réussi à se glisser entre les bocaux et les livres à la côte chocolat. Le sol était carrelé de grands carreaux en losange, de couleur noisette, et les joins, à l'origine blancs, avaient bruni et tiraient désormais vers le beige, ou le blet. Le comptoir, le plafond, les tentures, les tapis, tout avait la même nuance tertiaire, à tel point que l'on se serait cru dans un trou de taupe.
Et en plus, ce n'était pas la couleur préférée de Elly.

Elle se trouvait chez un herboriste, dans le cadre d'une mission spéciale et top secrète. Cela faisait longtemps qu'elle n'avait pas eu de mission aussi importante, et elle se devait d'être appliquée et efficace.
Mais Elly Sora était confiante : jamais elle n'avait déçu Jillian, et jamais elle ne la décevrait.

Dans vers le fond de boutique, presque camouflé dans le décor, un vieillard se tenait. Il était la seule chose qui bougeât dans le petit commerce, et pas sûr qu'on eût pu le distinguer sinon, car il était lui aussi vêtu de tissus et de cotonnades écrus, baillet, isabelle.

Elly avança vers lui, le pas posé et la tête haute. Le vieillard la mirait, ses yeux mi-myopes à demi plissés, attentif et silencieux, mais l'air vaguement désintéressé.

J'ai besoin de quelque chose.

Voilà, la discussion était lancée. Elly n'était pas loquace, et persuader ou convaincre ne relevait d'habitude pas de son domaine. Aussi, en joignant le geste à la parole, avait-elle sur la table une petite bourse de cuir, fermée par un nerf de boeuf, dont le contenu avait tinté lorsqu'il s'était affaissé sur le comptoir de chêne craquelé. La grosseur du petit sac avait dû séduire le vieux commerçant, car il s'était rapproché, ses yeux miros écarquillés et habités d'un cupide éclat.
Elly espérait que cela lui suffirait...

Le vieil homme te regarda d'un œil mauvais entrer dans sa boutique. Il avait pourtant prévu ta venue sinon, pourquoi aurait-il laissé la porte ouverte alors qu'il avait fermé la devanture ? Mais surtout, il se demandait ce que tu lui voulais. Tu étais jolie, autrement dit, pas de philtre d'amour pour toi. Tu semblais intelligente donc peu facile à rouler dans la farine. Autrement dit, tu n'étais pas vraiment le genre de femme à qui il pourrait vendre quelque chose facilement. Il attendit donc de savoir précisément ce que tu voulais et plus tu avançais, plus il se disait que tu n'apportais pas de bonnes nouvelles. Ton air sinistre, renfermé, ta façon sèche de parler ne lui donnait pas envie de te faire confiance et surtout, lui soufflait que tu trempais dans des affaires peu ... recommandables.
Il te regarda et répondit, l'air sinistre :

" De quoi avez-vous besoin ? "

La question suivante allait surement te déplaire mais il la posa quand même :

" Pour quelle utilisation ? "

Puis il continua :

" En quelle quantité ? "

Le professionnalisme avant tout.

Pourquoi fallait-il toujours qu'on posât des questions en ce bas monde ? Cette habitude agaçait Elly Sora, au plus haut point.

Elle ne pouvait pas dire la vérité à ce vieux sénile bien sûr. Il pourrait, sous le joug de la question, laisser échapper quelque information confidentielle sur son identité, et sur son mobile, ce que Elly Sora ne désirait bien évidemment pas.
Il fallait qu'elle passât inaperçue, ou du moins, qu'elle passât pour une cliente comme une autre, venue pour acheter un végétal quelconque, aux usages divers et variés.
Jillian lui avait bien dit pourtant, que ce vieillard était passé maître dans l'art des poisons, mais elle ne désirait pas se compromettre le moins du monde, et c'est pour ça qu'à tort ou à raison, elle avait réfléchi à un motif plausible quoique peu convainquant, quant à sa venue dans cette boutique immonde.

La réponse du boutiquier semblait montrer que la petite bourse posée sur le bureau avait eu de l'effet. Il n'avait pas été catégorique, son ton n'était pas agressif. Et, même lorsqu'il l'interrogeait sur l'usage qu'elle ferait de la poudre délivrée, Elly ne détectait aucun ressentiment ou suspicion dans sa voix chevrotante.

Je voudrais de la cytise.

La cytise était un petit arbuste, assez commun dans la région, dont on utilisait parfois les fleurs et les feuilles pour soigner les états dépressifs. Mais cette petite plante est également très toxique : salivation abondante, vomissements, convulsions, tachycardie, arythmie... l'ingérer provoquait la mort par asphyxie des voies respiratoires. En vue de l'air blasé et morne de Elly Sora, rien d'étonnant à ce qu'elle soit dépressive, ou même qu'elle ait envie de mourir!

Quelle utilisation ? Elle allait se servir de la poudre fournie pour assassiner tout une garnison de soldats jeunes et en bonne santé, dans des conditions affreuses et dégradantes. Voilà. Pourtant, elle se contenta de dire :

Je souffre d'un mal inconnu. C'est de famille paraît-il. Je suis taciturne, morne, patibulaire, triste, bref : je souffre d'un mal inconnu.
Ma mère et ma grand-mère ont la même chose, et elles ont toujours utilisé cette plante, la cytise, pour les apaiser.

Quelle quantité ? Assez pour remplir un chaudron de 30 litres de soupe fumante et puante, aux oignons et aux choux.

J'en aimerais 10 grammes. Oui, je sais c'est beaucoup, inutile de me regarder avec ces yeux-là... En fait, je pars en voyage. Un assez long voyage, dans des contrées où je ne trouverai pas d'apothicaire, et encore moins de votre rang.

Voilà, Elly avait répondu aux trois questions de l'alchimiste curieux. Cela lui avait coûté, d'avoir dû se justifier, mentir, et même complimenter. Mais elle n'avait pas le choix : on lui avait confié une tâche, et il fallait qu'elle s'en acquittât.

La Nùa n'espérait pas berner le vieil homme devant elle, qui, elle en était sûre, avait dû démasquer la supercherie dès le début. Mais elle ne pouvait décemment pas avouer à cet antédéluvien maître ses objectifs réels... Et pour cela elle avait été obligée de feindre, aussi bien qu'elle l'eût pu.

Le vieillard te regarda, intrigué sans plus par la situation. Après tout dans ce bas monde, chacun avait le droit de faire ce qu'il voulait, il était herboriste, il vendait des plantes et il en avait vu des gens défiler dans son magasin avec des raisons plus folles les unes que les autres. Entre maris jaloux et femmes trop curieuses, nombreuses étaient ses victimes indirectes mais il ne s'en sentait pas coupable. En général, les gens étaient honnêtes avec lui et s'ils ne l'étaient pas, il le devinait suffisamment facilement sur leur visage ou dans leur yeux. L'expérience. De toute façon, il vendait les plantes, il ne les administraient pas alors ce n'était pas un crime et sa conscience n'en avait jamais été affectée. Il t'observa pendant que tu cherchais visiblement à le convaincre. L'homme était vieux mais pas sénile, il comprit précisément quel était le but de ta venue ici ce soir. Au départ, il avait presque failli marcher dans ta combine car après tout, la cytise était souvent utilisée pour la dépression et tu n'avais guère l'air d'aller bien mais la quantité le fit tiquer. Des excuses, il en avait vu passer mais celle-là était sans doutes la plus originale qu'il ait eut à entendre. S'il avait été plus jeune, un sourire aurait surement éclairé ses traits mais pour l'heure, il se concentra sur ta demande.

Cytise cytise ...
Il parcourut des yeux et du doigt de la main gauche les étagères derrière lui, cherchant la précieuse plante sans succès. Sans doutes la vieillesse et l'heure tardive l'empêchaient-il de se concentrer. Il sortit de derrière le petit comptoir où il était avant d'avancer vers le fond opposé du magasin. Il leva la main vers une fiole aux aspects louches et surtout, poussiéreuse à souhait avant de revenir vers toi, l'air satisfait. Enfin, autant qu'on aurait pu le deviner sur ces traits marqués par le temps. Il s'installa à nouveau derrière le petit comptoir de bois et dit simplement :

" 10 grammes nous avons dit. "

Il pesa sur sa balance ancestrale les 10 grammes en question avant d'ajouter :

" Pour plus de sureté, je vais vous en mettre 15, on ne sait jamais, le voyage pourrait être plus long que prévu. "

L'homme avait compris que tu n'allais pas t'en servir pour toi, peu importait et une quantité en plus était certainement une bonne chose pour toi. Une façon d'assurer ta mission quoi qu'il arrive. Il t'observa avant de te tendre le petit paquet qu'il avait confectionné, contenant la précieuse plante. Il ajouta ensuite :

" A mon âge, on voit toute sorte de chose, j'ai hâte de voir celle-là. "

De quoi parlait-il ? Peu importe, il était sans doutes sénile, mais pas au point d'oublier de prendre la monnaie sur la table tout de même. M'enfin attention quand même, le vieil homme pouvait peut-être ... non, il était fou n'est-ce-pas ? Ce n'était donc pas un danger en soi n'est-ce-pas ?
Il t'indiqua ensuite la sortie d'un geste las en ajoutant :

" Allez, du vent, j'ai autre chose à faire. "

La première partie de ta mission avait été relativement simple, pour l'instant du moins, maintenant, il ne te restait plus que ... le plus compliqué devant toi ! Comment allais-tu t'y prendre pour t'infiltrer dans les cuisines, y verser le poison et mieux encore, être sure que cela fonctionnerait ? Libérer ensuite le camps sans alerter les autres camps alentour ... Mhm, cela promettait d'être passionnant ! D'autant plus qu'une paire d'yeux te fixait de derrière la devanture de sa vitrine, je dis ça ... je dis rien !

C'est sans demander son reste que la jolie Nùa sortit de la boutique odoriférante et brune. Retrouver l'air pur embaumant le crottin, la sueur, la paille, le cheval, le pain, les viandes et les gens eux-mêmes, cela lui fit du bien. Elle éprouva comme une libération d'humer à nouveau ces exhalations familières et délicieuses.

Dans la poche interne de son petit gilet de cuir, tout contre son sein chaud, Elly avait la précieuses poudres qui lui avait coûté un éhonté mensonge. Elle avait dû passer pour une cachottière, mais elle s'en fichait. De toute manière, le vieil homme devrait s'en contenter, sinon Elly l'aurait tué pour s'assurer de son silence.

Une fois la porte passée, Elly perçut le son d'une chaussure qui ripait précipitamment contre les pavés de pierre grise, mais elle n'y prêta guère attention. Après tout, cela pouvait être n'importe quoi. Et puis, elle était tellement heureuse de sortir de la boutique brune qu'elle se concentrait sur la couleur rose et orange du ciel qui s'endormait.

Direction le château de la ville maintenant. Elle se faufilait dans les coursives, tel un chat, discrète et féline. Elle passa inaperçue dans la forteresse, dissimulée dans un groupe de domestiques coagulé qui portaient sur leur tête de grands paniers de linge propre à apporter aux servantes, lesquelles s'en serviraient pour changer la literie des innombrables chambres de la bâtisse.

Tout droit, elle fila vers les cuisines. Elly avait préparé un minimum la mission, et étudié des plans pour connaître l'emplacement des principales pièces, car le château pouvait rapidement devenir un véritable labyrinthe pour quiconque ne le connaissait pas.

Une fois qu'elle fut dans les cuisines, les choses se compliquaient. Il fallait entrer dans les cuisines même, et verser la poudre blanche dans la marmite fumante et délicieuse qui était là, dans l'âtre. Les soldats de garnisons prenaient les repas dans la pièce, directement. Ils n'avaient pas accès à la salle commune, qui était réservée aux résidents du château et à leurs proches.

Elly avait encore un peu de temps avant que le dîner n'arrive, et elle en profita pour s'isoler dans un recoin et réfléchir.
Soit elle se déguisait en cuisinière, ce qui était inconcevable pour Elly, et d'ailleurs, cela ne lui avait pas traversé l'esprit un seul instant. Ou bien elle emploierait la manière forte, et là deux options s'offraient à elle.
Elle pouvait soudoyer un garçon de cuisine, qu'elle paierait grassement pour verser les quelques grammes de poudres dans la soupe. Et puis, elle le réduirait au silence pour éviter qu'il ne se trahisse.
Elle pouvait menacer un garçon de cuisine, en lui mettant le couteau sous la gorge. Puis elle le tuerait pour éviter qu'il ne se trahisse.
Le mieux était encore la première solution, car l'attitude du garçon soudoyé restait plus naturelle que celui menacé.

Maintenant elle n'avait plus qu'à attendre que l'un d'entre eux passa, et elle n'eut pas besoin de patienter trop longtemps. Au bout de cinq minutes, l'un d'entre eux, le pas pressé et le souffle haletant passa devant elle, apparemment très pressé d'obéir à son commanditaire.

Elle se saisit au passage, sans délicatesse mais sans violence, et même sans un mot. Il sursauta, c'est vrai. Mais l'agitation qui régnait dans les couloirs à cette heure où il fallait préparer le repas pour 200 personnes plus ou moins affamées permit que cela passât inaperçu.

Elle regarda le petit, le jaugea d'un oeil dédaigneux. Jeune, 13 ans peut-être. Des nippes qui devaient être blanches à l'origine pendaient disgracieusement sur ses flancs. Elle prit sa main sale à la paume déjà dure, et y mit 5 Talents d'argent, ce qui représentait environ 6 mois de salaire pour un petit comme lui.
Le petit tentait de la voir, mais dans le renfoncement du mur, il ne pouvait se fier pas sa vue. Elly se résumait à ses yeux à une forme sombre et peu contrastée, à moitié mangée par l'ombre des murs. La seule chose qu'il gardât à l'esprit était cette odeur forte et indiscernable qui émanait d'elle, qui s'était accrochée aux vêtements et à la peau de la Nùa lorsqu'elle était encore dans la boutique de l'apothicaire.

Sur les 5 Talents, elle posa la petite poche contenant la cytise.

Dans la marmite, et pas un mot.

Les choses ne se passent pas toujours comme on le souhaite et pourtant, tout avait si bien commencé ! Tu avais réussi à obtenir le précieux nectar, mieux même, tu avais pu te faufiler sans qu'aucun garde ne t'arrête dans les cuisines du château ! C'était presque inconcevable et si l'affaire s'ébruitait, certains trembleraient dans leur demeure pour cette faute d'inattention, enfin, s'ils s'en relevaient après ce repas.
Le petit jeune homme que tu avais vu était la victime parfaite, jeune, plutôt pauvre à en voir ses vêtements, il était évident que la somme que tu lui proposais le ravirait et à voir les yeux qu'il faisait en entendant et en sentant les pièces dans la paume de sa main, une chose était sure, tu avais marqué un point et un bon. Il te remercia d'un signe de tête, prêt à s'exécuter. De toute façon, il n'aimait pas les gens ici et travailler dans cette cuisine n'était pas vraiment ce dont il rêvait alors même si c'était du poison qu'il avait entre les mains, il s'en moquait et à vrai dire, peut-être que cette idée ne lui traversa même pas l'esprit. Il se dirigea vers la marmite et prit le petit sachet. Cependant … les choses ne se passent jamais comme on le souhaite n'est-ce-pas ? Alors que sa main d'enfant allait verser le précieux poison dans la marmite, une main la saisit et une voix forte se fit entendre :

« Dis-donc le commis, t'es pas censé toucher à ma cuisine ! »

Il se ravisa en voyant ce qu'il avait dans la main et ajouta :

« C'est quoi ce truc ? »

Curieux, il ouvrit le paquet et ne mit pas longtemps à comprendre ce que c'était. Pourtant, plus que la colère, c'était la curiosité qui marquait son visage. Il baissa d'un ton et ajouta à l'intention du jeune homme :

« Qui t'as filé ça ? »

Ce dernier, de peur de se faire punir, te désigna. Alors que l'homme se dirigeait vers toi, une voix toute aussi forte se fit entendre près de la porte, à l'opposé de la scène :

« C'est quoi ce bordel ? Bougez-vous y'en a qu'on faim ! »

Et oui, tu avais oublié un facteur important, c'est qu'ici, tout le monde était l'esclave de quelqu'un ! L'homme qui tenait toujours le gamin d'une main et le sachet de l'autre grommela quelque chose à l'intention de celui qui venait d'entrer et ce dernier fila en râlant quelque chose d'aussi incompréhensible. Ensuite, l'homme et le garçon se dirigèrent vers toi. Il parla le premier :

« Courageuse la ptite dame. J'laisserais pas trainer ça ici si j'étais vous. Remarquez, il paraît que la peau des assassins se vend bien ici. »

Il allait falloir le convaincre de t'aider et quelque chose me dit que cela ne serait pas difficile vu le regard curieux qu'il te lançait.

Décidément, la chance ne souriait pas à Elly ces derniers temps. Et là, elle était en bien mauvaise posture. Quel idiot ce gamin, de n'avoir pas su verser une simple dose de poudre blanche dans une marmite bouillonnante!

Elle lui reprendrait les 5 Talents qu'elle lui avait donné, c'était sûr et certain. Et il s'en sortirait bien s'il n'avait pas une entaille ou deux pour qu'il se souvienne dans sa vie future ce que c'est que de passer un marcher.
Elle jeta un regard glacé au petit qui se tortillait dans les mains du cuisinier fâché. Le commis s'immobilisa alors, comme frappé en plein coeur par ces yeux glacials. Il déglutit puis devint pâle.

Mais le moment n'était pas aux représailles. Il fallait absolument que cette poudre soit versée dans la soupe avant le dîner. Et pour l'heure, la poudre était dans les mains de ce bonhomme serré dans son tablier qui jadis dût être blanc, mais qui à présent était marqués de tâches de graisse animale, de soupe et autres ingrédients passés et colorés.
Il faudrait le convaincre celui-là, et pas le persuader. Il avait l'air coriace, borné et impulsif. La chose qu'Elly craignait était qu'il éparpillât sa précieuse poudre au gré du vent, sonnant le glas de l'échec qui retentirait en Elly.

Bien sûr, la Nùa avait gardé son sang-froid lors des évènements, prête à analyser tout ce qui pourrait lui servir à s'en sortir indemne et victorieuse.

L'irruption intempestive du soldat lui fournit cette occasion. Elle entendit perceptiblement le cuisinier grommeler dans son cou trop gras :

Ca vient, ca vient! Puis ajouter tout bas: Celui-là alors, quelle plaie! Si je pouvais le..

Intérieurement, Elly Sora souriait à dents découvertes. Elle tenait un filon. En prenant une inspiration légère, elle adopta le ton le plus naturel quoiqu'un peu doucereux et dit :

Peut-être pourrions-nous conclure un marché vous et moi. Que dois-je faire pour que vous vidiez ce petit sachet dans votre bon breuvage? Et elle s'arracha un sourire un peu pâle mais visible. Ses yeux luisaient d'un éclat machiavélique...

L'homme était un simple cuisinier, voilà bien des années qu'il était là à préparer ses petits plats pour ces idiots de soldats tous plus imbus les uns que les autres. Pendant des années, il avait rêvé les empoisonner, les tuer dans leur sommeil et toute sorte de châtiments du genre mais il n'en avait pas eu le courage, jamais, et s'était contenté au final de supporter leur brimades, crachant ici ou là dans leur soupe à leur nez et à leur barbe. Maintenant qu'une telle offre se présentait, que quelqu'un avait le courage à sa place de faire ce qu'il souhaitait depuis si longtemps, c'était comme si un cadeau de noël lui tombait du ciel avant l'heure. Oui mais voilà, le cadeau était peut-être empoisonné au fond car si la damoiselle échouait, sur qui cela retomberait-il ?
Ses yeux fixèrent la petite dame que tu étais à ses yeux et il dodelina de la tête. Visiblement, il allait falloir le convaincre. L'argent n'aiderait en rien car après tout, il était quand même grassement payé pour son forfait dans ces cuisines. Mais la liberté avait-elle seulement un prix ? N'était-il pas esclave lui aussi ? Bien sur que si, alors voilà le terrain d'entente qu'il te proposait. Mais en même temps, il y avait des risques. Si ça ne marchait pas ... c'est sa tête qu'on retrouverait dans les marmites, tranchée nette !

" Dis moi ma jolie, tu es sure que ça va marcher ton affaire ? "

Assurément. C'était ton attitude qui l'avait convaincu plus que tes réponses sèches et rapides, peu habituée que tu étais à parler aux autres. Ainsi, il se décida à ajouter :

" Bien, je vais le faire, mais y'a intérêt que ça marche, sinon, je te dénonce illico presto ! "

Et pour joindre le geste à la parole, il donna le paquet de poison au petit jeunot qui le versa dans la soupe. L'homme quant à lui te saisit par le bras, "au cas où". Il attendit avec appréhension que le plat parte dans la salle. La porte s'ouvrit sur un brouhaha et le silence retomba dans les cuisines, comme toujours après le service mais ce silence là était plus pesant, comme si tout le monde dans la pièce attendait que le glas sonne pour ceux qui étaient au dehors.

" Alors ? " demanda le garçonnet timidement, osant rompre le silence pesant.

Alors il allait falloir vérifier que ton idée avait fonctionné. Et c'était le moment d'ailleurs. Un soldat, le même qu'au début, entra, visiblement grognon et héla la foule :

" Put** mais qu'est-ce-que vous avez mis dans cette soupe ? "

Il s'écroula avant d'avoir pu finir sa phrase. Personne n'osait parler ou bouger. Il fallait pourtant vérifier que tous étaient bel et bien morts. Et quelque chose me disait que non, que tu allais devoir finir le travail parce qu'une dizaine d'entre eux étaient encore debout dans la pièce d'à côté.

Cela n'avait pas été facile, mais le poison avait été versé, et c'était une bonne chose de faite.

Maintenant que les soldats étaient tombés, il fallait s'assurer que tous ses camarades aient rendu leur dernier soupir. Normalement, cela n'aurait pas du poser trop de problèmes, vu la dose qui avait été versée dans la marmite, mais Elly Sora ne préférait pas prendre de risques inutiles, et mener sa mission à la perfection.

Elle s'avança doucement, marcha sans retenue sur le corps mou du soldat mort devant la porte, et poussa cette dernière d'un coup de pied sec, qui la fit sortir de ses gonds et retomber bruyamment de l'autre côté.

Ce qu'elle vit la lassa : une quinzaine de soldats étaient encore debout. Certains affichaient un air surpris, d'autres avaient l'air plus en colère. Les visages de leurs voisins de table baignaient dans la soupe encore chaude, que les survivants n'avaient pas voulu boire.

Je pense que votre soupe n'a pas tenté tout le monde., lâcha Elly au cuisinier qui déjà était devenu livide et immobile.

Elly, dans l'encadrement de la porte, analysa la scène. Il y avait douze hommes debout. Les trois quart d'entre eux étaient plus larges qu'ils n'étaient hauts, et leur bedaine dépassait de leur pantalon trop petit. Ceux-là préféraient le pain et la viande à la soupe éclaircie.
Le quart qui restait était plus imposant que le reste. Ils avaient l'air grave et sérieux, et leurs yeux brillaient de rage en regardant Elly Sora, qui les narguait presque à quelques dizaines de mètres devant eux.

Attrapez cette traînée, elle paiera pour nos camarades morts! Et la douzaine d'hommes se précipitèrent d'un seul élan, en sautant au-dessus des tables de bois de la cantine.
Elly entendit derrière elle le cuisinier et le jeune commis qui couinaient : ils s'étaient cachés sous une table par peur de la mort.

L'assassin qu'était Elly Sora n'avait pas peur de ce genre de situation. Elle allait tous les tuer, un à un, en profitant de l'architecture de la pièce pour servir ses desseins. Avec rapidité, elle recula d'un pas, se retrouva désormais dans les cuisines. Tous ces soldats ne pourraient pas rentrer en même temps par la porte de la cuisine, et elle leur trancherait la gorge un à un, occultant leurs cris de rage ou de douleur, et esquivant les coups d'épées.

Les premiers à arriver furent les plus athlétiques, et tans mieux. Elly saisit le tisonnier qui se trouvait dans l'âtre tout près d'elle, et se plaça un peu en diagonale. Les assaillants couraient, leurs visages tordus par des expressions pathétiques, et étaient déjà à terre avant d'avoir pu porter un seul coup. Elly plantait avec force et précision son arme dans leur cou, dans leurs cuisses ou dans leurs ventres, et déjà les quatre malheureux premiers étaient à terre, et se tordaient de douleur en se tenant la poitrine, avant de s'immobiliser.

Mais le tisonnier devint vite gluant : les chaires décollées et bouillonnantes amoindrissait ses qualités, et Elly Sora sortit son poignard.
Les deux soldats qui arrivèrent ensuite eurent la gorge tranchée d'un seul geste. L'un d'eux réussit à entailler le bras gauche de la Nùa, assez profondément d'ailleurs, mais cette dernière resta de marbre et ne mira pas l'entaille pourtant profonde. Le sol de terre battue de la cuisine s'humectait de sang, et bizarrement les six soldats restants ne se précipitaient plus dans la cuisine, peut-être un peu anxieux d'apercevoir par l'ouverture de la porte leurs amis plus forts qu'eux tomber un à un et émettre des cris horribles.

Pendant quelques secondes, il n'y eut plus d'attaques. La respiration haletante du cuisinier et de l'enfant venait aux oreilles d'Elly Sora. Le spectacle était pour eux horrible. Du sang, des corps, des spasme et une forte odeur de chair brûlée : ces deux petits étaient traumatisés.

Elly elle aussi ahanait. L'offensive avait été rapide, et elle était blessée. Le sang coulait de son bras nu. Ses oreilles bourdonnaient, mais elle luttait intérieurement pour garder sa concentration. Il en restait six encore, et la mission n'était pas finie.
Dans l'autre pièce, Elly savait que les six gros soldats poisseux s'étaient rassemblés. Elle savait qu'ils l'attendaient mais qu'ils n'oseraient jamais se jeter dans la gueule du loup.
Pourtant il faudrait qu'ils meurent.

Elly saisit le tisonnier en fixant toujours la porte du regard, et l'appliqua elle-même sur son bras gauche, pour cautériser la plaie. Elle réprima la douleur au plus profond de son âme, et cette douleur se mua en rage. Son propre sang ne coulait plus, à la place de l'entaille, une grosse trace marron était apparue, et les lambeaux de chair calcinés pendaient. Mais maintenant, c'est elle qui avait soif de mort. Elle voulait les tuer, tous, et les faire souffrir de surcroît. Cela n'était pas nécessaire, mais elle s'en moquait. Il fallait que la rage qui la tenaillait s'échappât.

En un instant, Elly s'était transformée en panthère, et s'élança dans la salle des gardes.

Voici ce que le cuisinier et le jeune garçon perçurent de la scène:

La femme aux cheveux noir de jais s'était métamorphosée en félin, et un instant après, l'éclair jaune avait bondi par la porte. Elle avait rugi si fort que leurs oreilles en avaient sifflé, et que c'était comme si leur coeur s'étaient arrêté de battre pendant une seconde.
Elle avait survolé les sept corps de soldats qui venaient de mourir sous leurs yeux. Certains gigotaient encore dans leur sang, c'était affreux.
Ils ne pouvaient pas voir ce qui se passait de l'autre côté, dans l'autre pièce, mais ils pouvaient l'entendre. Malheureusement, ils auraient tous les deux préférés être sourds. Et pour cause, c'était le chaos total. On entendait des rugissements, des cris de douleur, des bruits d'arrachement, des supplications. Pas besoin de voir pour ressentir les griffes et les crocs qui se plantaient dans les corps et arrachaient les membres. Elly Sora était animale, et son instinct bestial s'était réveillé.

Qui donc pouvait être si affreux?

Au bout de dix minutes, l'assassin revint, le pelage tacheté de sang, les griffes sorties, les babines retroussées découvrant des dents aiguisées entre lesquelles il y avait encore des morceaux de tissus arrachés aux soldats.
Elle avançait avec grâce vers la planque dans laquelle s'était réfugié le cuisinier et le jeune garçon. La dernière chose que ces derniers virent, c'était cette panthère furibonde avancer vers eux, et sa gueule pleine de crocs se refermer sur eux.

Le monde sembla chaos l'espace d'un instant.
Un long moment en fait, le temps qu'il te fallait pour tuer tout le monde. Bestialement, cruellement. Mais le principe y était, ils étaient tous morts et désormais, plus rien ne s'opposait à la libération du camps d'esclaves mené par Kahau. Maintenant, la dernière partie de ta mission allait prendre le pied sur le reste. Il te fallait retourner audit camps, laissant derrière toi les marques de ton sombre dessein. Enfin, il fallait que tu apprennes à Kahau et à ses esclaves comment rejoindre les portes de la cité ... en silence ! Il aurait été en effet inutile d'avoir tué les gardes du camps pour vous faire prendre par les gardes de la cité en général. Le plan d'action, c'était à toi de le trouver, l'important était de leur apprendre l'art de la discrétion à ces bougres bien trop heureux de recouvrer la liberté. Ce qu'il adviendrait d'eux une fois les portes passées, cela ne dépendait plus de toi, ta mission s'achèverait à l'instant même où ils les passeraient. A cet instant, ils recouvriraient la liberté et libre à eux d'en faire ce qu'ils voulaient. Libérer les autres camps ou filer dans la nuit sans demander son reste. Peu t'importait, Jillian avait seulement préciser que tu devais les faire sortir.

Il était sans doutes étrange de voir une panthère en plein désert mais peu importait, en réalité, ta fourrure noire comme la nuit te permettait de te mouvoir sans te faire voir. Ce fut donc sans mal que tu rejoignais ledit camps. Kahau t'attendait, fébrile, visiblement, il doutait de tes compétences. Tu n'avais pas d'autre choix que de te transformer en humaine pour lui parler. Désormais, leur destin était entre tes mains. Il faudrait traverser la moitié de la cité et éviter d'éveiller les soupçons des gardes des portes de la cité pour sortir. A moins que tu ne préfères les éliminer, mais par pitié ... en silence ! D'ailleurs en parlant de ça, non contente de devoir mettre sur pied un plan efficace pour les faire sortir, il allait falloir leur apprendre la discrétion ... bon courage !

[ Félicitations pour ton post précédent mamezelle ! ]

Elly reprit son calme peu à peu.
Elle s'était laissé emporter, et son coeur battait rapidement dans sa poitrine. Elle avait repris forme humaine, et s'en était retournée, sans jeter un oeil sur le massacre qu'elle laissait derrière elle.

Maintenant qu'elle avait rejoins Kahau, Elly savait que c'était la dernière ligne droite, et qu'il faudrait faire preuve de prudence pour sortir de la Cité, mais également d'une prolixité à laquelle Elly Sora n'était pas habituée.

Il était nerveux et ses mains tremblaient un peu. La Nùa ne pouvait pas coopérer avec une personne aussi tendue, et il fallait qu'elle se rassurât avant que les opérations ne commencent.

Les opérations se passent bien jusqu'à maintenant. La garnison de soldats ne viendra pas nous déranger, et nous pourrons libérer les prisonniers rapidement. Je vous demande de faire un effort, et de rester calme jusqu'à la fin de l'action.
Prévenez vos amis: si l'un d'entre eux ne suit pas le plan, il sera éliminé. Nous ne pouvons pas laisser les choses au hasard.
Vous comprenez bien?

L'homme musculeux qui lui faisait face ne répondit pas. Elly l'entendit déglutir et expirer profondément.
La détermination qu'il y avait dans la voix de la jeune femme avait dû le calmer, et le conforter quant à la réussite de leur plan.

Elly Sora lui exposa rapidement le déroulement des opérations, auquel il faudrait se tenir.
Tous les esclaves ne s'enfuiraient pas en même temps, car bien que la nuit fut sans Lune, il fallait rester discret.

C'était elle-même qui assurerait le transit des esclaves du point A, le cachot, au point B, aux portes de la ville. Une fois le groupe sorti de la Cité, c'était à eux de se charger d'eux-même, sa mission se terminerait.
Pendant que la Nùa se chargerait de quatre personnes, Kahau resterait avec ses amis, et les brieferait sur l'importance de la discrétion. Ils devront être pieds nus et sans cliquetis. Il faudra qu'ils soient comme invisibles.

Kahau et Elly arrivèrent au cachot sans bruit, et sans être repérés. Les quelques gardes qu'ils croisèrent sur le chemin furent tués sans bruit, d'un coup de poignard vif, et puis abandonnés dans les bosquets. Ceux-là au moins ne les dérangeraient pas.

Il y avait trente esclaves à évacuer. Tous des Nùas, bruns et minces. En voyant Elly, un frisson les avait parcouru, et puis, en apercevant derrière elle Kahau, un sourire était apparu : non, cette femme n'était pas un bourreau, mais un sauveur.

Les grilles de fer furent ouvertes avec la clef adéquate, qu'Elly avait arrachée à un des soldats des cuisines.
Un grincement morbide invitait les prisonniers à la liberté.

Vous cinq, vous êtes les premiers. Suivez-moi, et ne faites aucun bruit, ou je ne saurai rien vous garantir.

Trois hommes, une femme et un enfant sortirent en silence. Ils étaient si terrifiés par l'aura malsaine d'Elly qu'ils n'avaient pas ouvert la bouche.
Et les six sortirent de la prison.

Le premier voyage se passa bien. Les prisonniers avaient été dociles et discrets. Il avait fallu une ou deux fois s'aplatir sur le sol, car des rondes passaient, mais ce fut tout. L'obscurité les aidait bien, ainsi que la terre battue qui mangeait le son de leurs pas sans qu'ils laissent de traces.
Il fallait en faire encore six au total, pour que tout le monde soit évacué.
Malgré la fatigue et la douleur au bras qui tenaillait Elly, celle-ci resta calme et concentrée pendant toute la durée de l'opération.
Kahau se déridait à chaque fois qu'il voyait la silhouette menue d'Elly revenir seule pour prendre un nouveau groupe.

C'est le sixième voyage qui fut le plus éprouvant.

L'engourdissement commençait à prendre Elly Sora, et celle-ci était cette fois accompagnée d'enfants et d'adolescents, quatre en tout. Ils avançaient doucement, et prenaient des venelles obscures car il semblait que les soldats étaient plus nombreux qu'auparavant.
A un moment, alors qu'ils devaient traverser une rue large, la dernière avant de retrouver le groupe d'évadés, deux ou trois soldats apparurent dans le noir, non loin de là. Ils ne les avaient pas vus, mais allaient passer juste à côté d'eux.

Elly eut une suée, et elle poussa les enfants derrière une charrue qui traînait là. Ils étaient tout petits, et les soldats qui conversaient à voix haute, ne les virent pas.
Au bout de quelques minutes, Elly retira sa main froide de la bouche d'un petit qui pleurait de peur. Puis ils reprirent en vitesse leur traversée, elle les largua à leurs parents et s'enfonça dans la nuit pour le dernier voyage.

Elle avait été plus longue, et Kahau était redevenu nerveux. Dans les cachots, il ne restait plus qu'une seule personne, un vieux, d'au moins cinquante ans. Elly n'avait pas voulu le prendre avant, car il était lent et ne pouvait que les ralentir.

Il suffisait de le tuer, mais Kahau refusa : il ne voulait pas en abandonner un seul.

Soufflant, Elly, Kahau et le vieillard refermèrent les portes de la prison. La fin de la mission était proche, Elly pourrait enfin de se reposer.

Elle inspira largement l'air frais de la nuit, repoussant un peu plus loin dans son esprit la douleur qui la prenait, puis, accompagnée de Kahau et du grabataire, entreprirent la dernière traversée de la ville.

[ Franchement, je te félicite miss pour ce post ! Je crois que je vais cloturer ta mission ma grande mais franchement, ce post était vraiment très bien ! ]

Kahau et les esclaves avaient soifs de liberté pourtant, ils écoutèrent avec attention ce que tu avais à dire. En réalité, s'ils savaient que tu étais leur sauveur, ils craignaient tout de même tes talents et ton aura ne leur donnait pas envie de te contredire. Ils avaient tout autant confiance en toi qu'ils avaient peur de toi c'était pour dire. Ils décidèrent de placer leur vies entre tes mains et sans doutes eurent-ils raison de le faire car tous sans exception purent rejoindre la sortie de la cité. Tu étais épuisée, complètement vannée mais tu avais tenu ta promesse. Jillian aurait de quoi être fière de toi car à toi seule, tu avais réussi à mettre fin au camps de Kahau. Ne restait d'ailleurs plus que Kahau et le vieil homme à sortir de là. Toi qui était épuisée, toi qui en avait bavé pour arriver jusque là, je n'allais pas être sadique en te mettant encore des bâtons dans les roues. La traversée de la ville se fit avec succès, dans le calme, sans bruit comme tu leur avais appris et pour finir, sans rencontrer le moindre soldat.
La trentaine de Nua t'attendait aux portes de la ville, cachée par la première dune du désert. Ils attendaient les ordres de Kahau pour savoir ce qu'ils devaient faire ou alors, ils étaient tout simplement épuisés pour faire autre chose. Une fois avec les autres, Kahau te remercia rapidement et ordonna au petit groupe de reprendre la marche. Il fallait qu'ils s'éloignent au plus vite de la cité pour éviter de se faire reprendre. Quelques enfants, timides, vinrent te remercier et une petite fille t'offrit une fleur. L'instant d'après, elle s'éloignait en compagnie des autres. Tu leur avais sauvé la vie, et tu ne doutais même pas à quel point car, quelques jours après votre départ qui n'allait pas tardé d'ailleurs, Maladie arriverait dans la cité pour répandre son mal ...

[ Désolée, je n'avais pas mieux pour cloturer XD ]
[ Fin de la mission. Compétence bonus obtenue : discrétion ]

[Merci beaucoup! Joyeux Noël]

Elly regarda le petit groupe s'éloigner dans la nuit, et elle fit de même, s'évanouissant dans l'obscurité, la petite fleur des champs cachée dans son veston.

[Désengagée]

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