Sa femme ne mourut pas, mais son état s’empirait de jour en jour, lentement, mais fatalement. Le nom du nouveau né avait été décidé, il s’appellerait Althar, Althar Ross. Desmond n’était pas pour les noms composés, c’était des choses des prétentieux de Cydonia ça, mais sa femme avait insisté, et il ne pouvait rien lui refuser.
Le temps passa, sans que sa femme s’améliore. Les jours succédèrent aux jours, les mois aux mois, et la mort ne se décidait ni a prendre Eliza, ni a la laisser tranquille. Le petit Althar grandissait de son coté, joyeux, énergique, vigoureux. Son père, bien qu’étant fier, ne put lui apporter l’affection qui lui était originalement destinée ; son service a l’armée et son inquiétude pour sa femme firent de lui qu’il délaissa son fils. Les préceptrices se succédèrent, elles ne restaient jamais, si bien qu’Eliza elle-même dut tout lui enseigner malgré son état. Althar voulût devenir militaire, comme son père, pour protéger sa maman, et les gens qui en avaient besoin. Il jouait donc a la guerre avec les autres enfants. Du moins un certain temps, car rapidement, les enfants commencèrent a l’éviter.
Un jour de l’été 129, sa mère lui annonça qu’il aurait un petit frère ou une petite sœur. En ces temps là, une épidémie de grippe ravageait Storghein, Althar ne fut pas épargné. A l’annonce de la nouvelle, bien que malade, le petit Althar alla voir sa mère, s’approcha de son ventre, et colla l’oreille pour entendre le nouveau membre de la famille Atreides Jisat. N’entendant rien, mais ressentant que quelque chose, quelqu’un était là, et qu’il était vivant, regarda sa mère avec tendresse et espoir. Un petit frère ou une petite sœur serait là pour lui, et ils pourraient jouer ensemble. Cette idée le remplit de bonheur, aussi bien qu’il déposé un baiser sur le ventre qui contenait la lueur d’espoir qui éclairerait les ténèbres de solitude dans lesquels il était plongé. Mais quelque chose arrivé, sa mère hurla.
On fit venir un docteur : Eliza avait perdu son enfant. On mit ça sur le dos de sa maladie et de sa faiblesse.
Eliza décéda peu de temps après, en 130 après CE. Les médecins dirent qu’elle s’était laissé mourir, mais Desmond su qu’il y avait autre chose. Ce enfant né chétif et malade n’avait cessé de voir son état s’améliorer tandis qu’Eliza perdait sa force vitale de jour en jour. Il se renseigna, il chercha, mais pour quelque raison, les informations manquaient.
La vie continua, mas rien ne fut pareil. Desmond avait toujours la tête ailleurs. Il ne cessa pas d’aimer son enfant pourtant. C’était le cadeau que lui avait fait sa femme, et en son nom, il fit aussi attention et prit aussi soin de lui qu’il put. Mais plus rien ne fut pareil. Desmond avait peur de son fils.
Un matin de 134, on envoya Desmond au front ; un conflit avait éclaté à Tamawa. Les Almers avaient des vues sur la ville, mais les Templiers sur place, secondées par les forces Astorgs réussirent à stabiliser la situation. Pendant ce conflit, Desmond vint a parler avec un Templier des événements concernant son fils, par hasard, dans une taverne, un soir. Loin d’écouter cela comme une anecdote superstitieuse, la mine du templier s’assombrit, il demanda plus de renseignements. Sarissa, le Templier, et Desmond continuerent de discuter le soir, et à repousser les Almers le jour. Elle semblait porter un intérêt particulier à Althar. Le conflit cessa quelques mois après, Sarissa accompagna Desmond à Storghein. Elle expliqua que cet événement tragique était du a une magie redoutable, un accident du fait qu’Althar avait une certaine affinité avec a magie, mais que cette magie en particulier était a ce point dangereuse, qu’elle ne devait être laissée sans surveillance. Sarissa proposa à Desmond d’emmener Althar là ou on pourrait lui apprendre à se contrôler, et a mettre son don au service de la paix. Desmond finit par accepter.
Althar et Sarissa partirent pour le temple d’Ankdor le soir même. L’entrée d’Althar fut loin d’être tranquille, un utilisateur du Maho était bien plus dangereux et monstrueux qu’utile ; lui apprendre a utiliser la magie serait lui donner une arme terriblement puissante. Sarissa sut la gravité de la situation, mais elle croyait en Althar, et elle insista. Ses faits d’armes avaient fait d’elle une personne relativement influente, et elle était persistante. Althar finit par étudier avec les autres apprentis Templiers, mais toujours surveillé de près. Les enseignants firent en sorte qu'Althar fut incapable d'utiliser le Maho, le bloquèrent dans un recoin sombre et inaccessible de sa conscience, mais continuèrent toutefois à le surveiller de près; il devrait faire ses preuves.
Le temps passa, et sans être un génie, Althar tira toujours son épingle du jeu, il était doué partout sans exceller nulle part, mais il avait une grande acuité visuelle, et se révéla être un excellent tireur. Aussi bien qu’il intégra la division des pluies. Il apprit à fermer son esprit, contenir les horeurs qu'il conetenait, et à contrôler ce qu’en sortait. Il apprit également à donner forme à son arme, il reçut un arc runique. Quand il invoquait sa corde et ses flèches, elles présentaient une lueur violâtre, et bien qu’il ne sut pas ce que cela signifiait, quelque part, ça lui rappela sa mère. A ses quinze ans il partit en quête avec Sarissa, son Maître, il fallait aider à pacifier quelques tensions au sud. C’est pendant ce voyage, a force de discutions, de boissons, et de frôler la mort qu’il se rapprocha énormément de Sarissa.
L’année 142 apporta un lot de changements. Althar grandissait, mûrissait et s’améliorait de jour en jour. Il avait 19 ans. Et ses faits d’armes commençaient à représenter quelque chose de respectable, mais cette ânée là, les récoltes furent mauvaises, partout, ce qui affaiblit énormément la population. Le temple d’Ankdor ne fut pas exempté, et quand une épidémie se présenta, les templiers déplorèrent plusieurs morts. Sarissa décéda le 15 Tombepluie 142. Althar ne la pleura pas, mais il sentit que quelque chose était partie avec elle. Il comprit ce qu’avait ressenti son père, de ça déjà longtemps. Et les jours passèrent, les mois sucèrent aux mois, et les missions données à Althar, étaient souvent réussies avec excellence, mais Althar semblait avoir la tête ailleurs. Connaissant les ravages que peut faire la solitude sur un esprit affaibli, dangereux qui plus est, et surtout pour le surveiller, non sans une immense discutions, et des protestations longues et cinglantes, l'on décida de faire d'Althar un maître. Mais Althar ne ressentait rien envers son apprenti.
Soufflefeuille 148 fut le mois le plus étrange de sa vie. Autour de lui, les louanges envers les dieux devenaient de plus en plus présentes. Son apprenti lui-même portait une grande dévotion pour une certaine Callista. Il disait qu’elle le protégerait contre tout mal, et que rien ne pouvait lui arriver. Bien qu'Althar ne fus pas aussi enthousiaste envers cette protection divine, force était de constater que cette recrue était très prometteuse, elle maniait les armes et la magie avec la même aisance avec laquelle elle pouvait forcer concorde entre grands rivaux, et du fait de son passé, était un artiste plutôt bon. Mais toute cette bienséance, ce talent, et cette foi aveugle qu’il avait, n’empêchèrent pas des pilleurs de l’égorger la nuit dans notre campement. Bien qu’Althar pourfendit les assassins, il sentit que quelque chose n’allait pas. Il n’arrivait pas à lamenter la mort de son disciple. Il vint même a en oublier le nom. De retour a Ankdor, il fit son rapport, remis les possessions de son disciple, et partit. Tout simplement.
Depuis, il erre, de ville en ville, à la recherche de quelque chose qu’il ignore. Il écoute, et observe, et pour gagner la vie, effectue des petites taches pour les locaux, narre des histoires de ses voyages, mais il ne trouve sa place nulle part. Il ne chercha pas à savoir ce qu’était devenu son père, tout comme il ne s’intéressa pas au sort que pourrait réserver Ankdor à un déserteur. S’il devait répondre de sa vie pour ses actes, il le ferait. Quelque part, il était déjà mort. Trois fois même. Althar était mort, oui, tout ce qui restait c’était du mépris pour les vie, de la rancœur contre le destin, contre les dieux, une lassitude innommable. Tout ce qui restait, c’était Ryouh.