[F-A] Statuette et tâches bariolées {Libre} (fini)

Le soleil quasiment couché, quelques rayons filtrant encore à travers le gris sombre des nuages, procurait encore quelques touches de lumière par-ci, par là. Les bateaux amarrés au port étaient paisibles ; les marins déambulaient en toute quiétude sur les pontons, les bras emplis de cargaisons de balles de contons récoltées cet été même et qui allaient désormais faire l'objet d'un contrôle douanier. Au fond, quel dur labeur! ... Quel dur labeur que d'être une balle de coton ; pousser sur un arbre en affrontant les intempéries les plus violentes, en subissant tantôt le courroux de l'Astre arborant sa toute puissante chaleur, tantôt les vents dévastateurs, tantôt le rude froid de Dame Hiver. Et tout ça pour finir dans une caisse en bois de manufacture grotesque, à l'allure grotesque! Cage d'une nature abattue et déjà morte ayant déjà fait l'objet de plusieurs utilisations : morceaux de multiples cerfs dépecés à la hâte, fleurs rarissimes, tissus d'une ou plusieurs quelconque manufactures, soie, denrées... L'homme avait en, sa vocation de marin, d'écumer tous les endroits du monde pour les piller bien sauvagement. Au fond, on ne peut se prétendre honnête marin! C'est là un euphémisme, un refus du réel... Un marin n'est qu'un pirate en habits de jour de messe, un homme qui sous ses belles rayures restera quelqu'un d'inconstant trop pressé de dépenser sa paye en pierre et alcool, trop saoul pour se rappeler de quoi que ce puisse être, et aussi violent qu'un porc. Et au final, il s'en retrouve puni par une quelconque maladie telle le scorbut ou la dysenterie. Honnête fin pour un honnête homme...

Certes, Ambre n'était pas gentillet avec les marins. Mais son avis tout arrêté sur la question venait du temps qu'il avait passé, enfant, à épier les marins entrant dans l'auberge. Tous plus attirés par l'idée d'avoir une bonne putain au fond de leur lit le soir venu, qu'un avenir confortable dont l'économie d'argent aurait été le premier pallier et pilier. Ambre avait longtemps servi des pintes de bière aux pirates trop saoul pour lire l'angoisse et la peur sur son visage d'enfant. Lorsqu'il leur amenait leurs chopines il craignait toujours un coup ou bien une remarque déplacé du style "t'es bîn p'tit mais j'te mettrais bien dans ma paillasse!". Et lorsque l'enfant, à ses répliques posait son plateau et courrait se réfugier dans les jupons de sa mère adoptive, beau-papa se faisait alors un immense plaisir à le ridiculiser par tous moyen en le mettant dos au mur par l'utilisation de termes tels que "pleutre", "couard"... toute une symphonie qui emplissait les oreilles d'Ambre pour lui donner envie de s'enfuir loin...
S'enfuir il l'aurait tellement voulu! Et pourtant, aujourd'hui, alors que le soleil terminait lentement sa descente aux enfers, Ambre était là, assis sur une caisse en bois vide et délaissée de tout le monde. Ses pieds, désenclavé de leur écrin de cuir qu'étaient ses bottes, reposaient nus dans l'herbe encore tiédie par le soleil.
Ambre aimait ce simple contact avec la nature, en toute harmonie... Son pinceau, limé par le temps, dans la main droite, la palette de pigments posée nonchalamment sur ses hanches, une statuette représentant un navire dans son autre main ; Ambre peignait. Il s'appliquait sur cette statuette qu'il avait passé des heures à sculpter. Il en avait tout d'abord esquissé les contours dans son esprit et s'était mis à l'œuvre, n'utilisant que sa dague et ses yeux. Venait alors son moment préféré, celui de donner vie à la figurine en la peignant.
Pour la coque il avait choisi une couleur terne représentant le bois tandis que la figure de proue était d'un doré obtenu en mélangeant les vertus d'une certaine herbe médicinale à un pigment à la couleur vive. Mais passons les détails. Ambre aimait peindre autant qu'il aimait sculpter et déclamer des vers et des contes. D'ailleurs, un lui venait en tête à ce moment précis, celui de l'Agneau et du berger. Il était question d'un jeune agneau épris de liberté qui décida de quitter son berger pour découvrir tout ce qui le monde pouvait avoir à lui offrir. Seulement c'était là un conte moraliste et la fin n'était guerre paisible.
Mais dans sa tête, Ambre s'aimait à en changer la fin et à se faire passer pour ce mouton épris d'aventure, de quêtes et de libertés, de sauvetages héroïques et de beaux visages...

Dans un bref mouvement d'inattention, son vieux pinceau lui échappe des mains pour finir sa course non pas sur le sol mais sur les chaussures d'une personne. Ciel! Depuis combien de temps cette fichue personne était-elle là? À épier chacun de ses mouvements! Encore quelqu'un de dérangé mentalement!
Non... et si c'était un des ces nombreux créanciers que Miss Petkins envoyait encore pour qu'Ambre daigne payer son loyer?! Déesse Callista! Il n'avait pas de quoi payer, et l'argent amène les gens à tout... Que faire, que dire? Fuir! Ambre courrait vite! Oui mais il ne voulait pas laisser sur place tout son matériel, cela coûterait trop cher et puis, il y était attaché sentimentalement.
Ne sachant que faire ou que dire, Ambre leva la tête vers la mystérieuse personne mais le soleil lui empêchait de distinguer quoi que ce fut, mis à part une silhouette rendue sombre par l'effet de contrejour...

Et là, Stupeur! Dans le silence de quelques secondes, aussi déchirant que si le silence avait duré une éternité, se fit entendre la menace plaintive d'une chatte qui avait faim et qui le faisait savoir :

"Miaw Miaw!"

{ Je fais bien le bruit du chat! :3 }

Raaaah le monde était injuste.
Oui, en réalité, je me disais souvent cela mais pour une fois, j'avais une bonne raison de le croire, si si, je vous assure ! Je m'étais levée du bon pied ce matin et voilà que je ne marche pas dans une pelote de poils laissé si gentiment par le chaton en feu ? Raaaah fichu chat. J'étais en colère pour la journée, au moins ! Étant donné que je n'avais personne contre qui me venger au réveil, j'avais décidé de sortir. Enfilant un léger manteau à capuche, je prenais le chaton en question, le logeais sur mon épaule bien que ce dernier préfère la capuche qui pendait dans mon dos parce qu'en fourrure et bien chaude, et filais dehors.

Le temps était frais sans pour autant être froid. C'était le genre de temps que j'appréciais parce qu'il permettait de bouger sans avoir l'impression que des couteaux vous transperçais la peau à tout moment. Je décidais donc de n'attacher mon manteau que par le bouton le plus haut et de laisser le reste ouvert. Le froid était un bon stimulant non ? Blague à part, je me dirigeais vers je-ne-sais-où, laissant mes pas me guider là où ils le voulaient. Ce fut vers le port et bien évidemment, l'odeur du poisson sans doutes allécha la boule de poils dans mon dos qui se mit à gigoter et tomba à terre pour se diriger ... droit vers l'eau ! Affolée, je courrais dans sa direction tentant de le rattraper. Ca, je l'avais rattrapé mais cet idiot me fit percuter de plein fouet quelqu'un.

" Raaah mais vous ne pouvez pas regarder où vous allez non ? "

La personne en question grogna un instant mais, comme à leur habitude, fila sans demander son reste en voyant qui j'étais. Les gens étaient décidément bien idiots de nos jours ... comme si j'avais une quelconque influence sur mon père et comme si ce dernier tenait à savoir qui avait osé me percuter pour le punir. J'allais me relever lorsqu'un "miaou" sonore se fit entendre. Je vérifiais : non, ce n'était pas ma boule de poils qui pour l'heure, se cachait maintenant dans la manche doublée de fourrure de mon manteau. Je levais le museau pour tomber voir qu'une chatte miaulait à la mort, sans doutes affamée, tandis qu'un jeune homme allait à sa rencontre. S'il y avait bien une chose que je détestais, c'était que l'on maltraite les animaux et plus précisément, les chats ! Il allait m'entendre cet idiot !

" Eh toi ! " hurlais-je à moitié à son encontre.

" T'as pas honte ? Donne-lui à manger ! "

Je m'approchais alors de lui, furieuse.
A l'observer, j'hésitais tout de même ... pas qu'il avait l'air étrange, mais presque quand même ! Je le regardais, fulminant intérieurement devant son comportement odieux envers l'animal. Finalement, je décidais de ne rien faire, on ne connait jamais la réaction des gens à l'avance aussi, je préférais tout simplement rajouter :

" T'as intérêt à lui avoir donné à manger, si je reviens et qu'elle est encore là, tu auras à faire à moi ! "

Sur ce, je le laissais en plan, décidant de rentrer pour aujourd'hui. De toute façon, il n'y avait rien d'intéressant à faire pour le coup alors autant essayer d'embêter mon monde chez Anatoli non ?

[ Désolée de cette entrée en matière peu orthodoxe ^^" ]
[ Désolée, nous sommes en début hiver, j'ai du me désengager pour ne pas être bloquée en RP !]

[ Désengagée ]

Le temps passe et jamais ne s'arrête.

Le changement de saison s'annonce et bientôt, un blanc manteau recouvrira le monde, le chant joyeux des oiseaux cédera sa place au silence et le monde s'endormira petit à petit. Dans ce décor figé par le temps, le moment est venu de s'éclipser, de laisser la nature reprendre ses droits et le cours des choses se faire.

Désengagé : Ambre

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