[FH] Une mélodie, une danse et des flocons. [PV Ithilion] (fini)

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[ Hors-jeu : Interdiction de lire mon RP sans écouter cette musique pour accompagner la lecture : "Surrender to Hope - Immediate - Trailerhead" ! ^^ ]

Illustration du village de Frëadya:

rëadya était un tout petit village où vivaient un peu moins de soixante habitants. Plutôt isolé de Storghein, il se situait à presque cinq lieues de la cité, en partant vers le Sud-Ouest. La bourgade était continuellement enveloppée de neige, forcément accompagnée de sa température frisquette. Et pourtant, chaque fois qu'Aldrena s'y rendait, elle était loin de se plaindre du froid, car l'ambiance chaleureuse due aux affectueux habitants lui réchauffait toujours le cœur. En effet, la rousse était régulièrement invitée à s'y rendre, dans le but d'exercer sa profession : illusionniste. Ils l'accueillaient toujours avec autant d'enthousiasme et d'hospitalité, de quoi motiver la magicienne à faire de plus en plus belles prestations. Ainsi, deux ou trois fois par saison, Aldrena faisait la route de la capitale Astorg jusqu'ici afin de produire un nouveau spectacle au centre du village, occasion pour laquelle la majorité des villageois se réunissaient et s'attroupaient en forme de cercle, tout autour de la demoiselle.

L'hiver touchait à sa fin. Pour la dernière fois de la saison, la jeune femme visitait Frëadya, prête à faire son show. Lorsqu'elle mit le pied dans le village, le soleil n'allait pas tarder à se coucher. Les enfants se précipitèrent sur la voyageuse en riant et en criant son nom, puisqu'elle était connue de tous dans la bourgade, et que les plus jeunes étaient les plus impatients à réclamer son retour. Comme à son habitude, le spectacle d'Aldrena aurait lieu à la tombée de la nuit. On se dépêcha de prévenir voisins et voisines, mais surtout d'installer le matériel prévu pour l'évènement : une multitude de feux de camp, la série d'instruments et les nombreuses décorations pour les festivités.

La première partie du spectacle dura au moins une heure, durant laquelle la magicienne fut accompagnée par des musiciens enjoués, à la lyre et au tambourin. Cette moitié du numéro mêlait chorégraphie et chant. Dès le début de la scène, elle ôta son lourd manteau de fourrure , restant tout au long vêtue d'une tunique légère et flottante. Tel un long voile qui virevolte et ondule face à la brise, le tissu de sa tenue imitait l'ensemble de ses gestes fluides. La rouquine fut bien vite réchauffée par ses mouvements, mais aussi par les flammes, sachant qu'elle dansait tout autour. Sa chevelure reflétait la couleur des brasiers à son passage. Quant aux mélodies que la magicienne entonnait avec grâce, celles-ci suscitaient de temps à autres des illusions, laissant échapper au public quelques onomatopées d'émerveillement. Par exemple, tandis que les instrumentistes accéléraient le rythme, Aldrena levait la voix et tendait les mains vers l'un des feux de camp. Alors les flammes s'élevaient vers les cieux étoilés pour dessiner arabesques et autres courbes en mouvement. Elle s'amusait aussi à faire souffler un nuage de cendres et, par le pouvoir de ses paroles mélodieuses, les projetait sur les personnes situées aux premiers rangs, leur donnant l'impression que le passage d'une douce brume leur caressait le corps. Bien entendu, tout cela n'était pas réel : il ne s'agissait que d'une succession de mirages.

Aldrena acheva cette première partie par une longue note aigüe, les bras levés vers le ciel nocturne, et les musiciens cessèrent brutalement de jouer. Silence de deux ou trois secondes. La cinquantaine de spectateurs se mit à applaudir avec allégresse. Souriante, la jouvencelle se courba et, profitant du brouhaha de discussions qui s'empara aussitôt de l'assemblée, elle se retira discrètement, assez essoufflée. La rousse avait une pause plutôt courte devant elle, avant de reprendre et terminer le show avec une seconde partie aussi longue que celle-ci. Elle s'empressa de s'éloigner de la foule et prit un grand gobelet d'eau fraîche au passage. La demi-Almer s'assit dans la neige, à côté de l'un des nombreux feux de camp que les Frëadyiens avaient éparpillés dans le hameau , bien qu'ils aient placés la plupart au centre du village, là où se déroulait le spectacle. La demoiselle se trouvait à la sortie de la bourgade, en face d'un petit lac dont la surface était totalement gelée, et loin des conversations et des rires qu'elle pouvait entendre dans son dos.

Alors qu'elle reprennait son souffle, l'illusionniste remarqua que de la fumée blanche s'échappait de ses lèvres. Elle se rappela alors de la température et contempla ses vêtements inappropriés au climat extérieur. Pour couronner le tout, quelques rares flocons, par-ci par-là, commencèrent à tomber du ciel d'encre, se déposant aussi délicatement que des pétales sur le sol immaculé. Son sang bouillonnait tellement dans ses veines que sa peau était devenue une sorte de carapace chassant manifestement le froid. Elle se sentait bien. Elle rendait les gens heureux, et eux, en retour, à travers leurs sourires et leurs yeux pétillants, lui transmettaient toute cette joie avec encore plus d'intensité. En soupirant, Aldrena ferma les yeux et laissa son dos se poser sur l'herbe enneigée. Elle attendit sagement qu'on vienne lui demander de revenir sur scène poursuivre et terminer ce partage d'émotions qu'elle avait commencé.

A chaque expiration, une légère fumée blanche s'échappait de ses lèvres. Psychologiquement cela ne l'aidait pas à se réchauffer. Bien que l'épais manteau blanc recouvrant le village de Frëadya lui donnait un aspect pure et magnifique, Ithilion ne supportait pas la neige. Ou plutôt les basses températures qui l'accompagnaient. Cela faisait un ou deux jours qu'il pataugeait dans cette masse blanche. Ces pieds étaient tellement gelés qu'ils le brulaient. Kelsvin, un grand gaillard blond barbu qui lui servait de guide et d'interprête, marchait silencieusement quelques pas devant lui. Cette homme lui avait été très très utile ces derniers jours. Le seul coté négatif était sans doute son manque de discussion. Malgré plusieurs tentatives, le cydien ne rencontra que des échecs et se contenta de le suivre. La dernière fois qu'il lui avait adressé la parole, soit l'avant veille, le guide lui avait affirmé qu'après l'escale à Frëadya et une autre bonne journée de marche, ils sortiraient enfin des régions nordiques.
Paradoxalement à la température, l'ambiance était plutôt chaude à l'intérieur du village. Une foule compact encerclait une petite scène ou se représentait des artistes. Ithilion se dirigea donc de ce coté suivit de Kelsvin, contraint de le suivre, afin d'apprécier le spectacle de plus près.
Sur la scène, accompagnée par une mélopée envoutante, une magnifique rouquine vêtu d'une tenu légère chantait de façon angélique. Lors que sa voix atteignait certaines notes, un frisson d'excitation parcourait tout le corps du Cydien. De plus ces cheveux semblaient parfois s'embraser subitement pour ensuite revenir à leur état initial. Celui-ci en comprit rapidement la raison. Étant lui même un maitre dans cette art qu'il chérissait. L'illusion, la clé qui ouvrait les plus vastes possibilités de l'imagination. Ceci dit, l'illusionniste ne chercha pas le moins du monde à résister à ces mirages, au contraire, il élargit d'avantage son esprit pour capter la moindre subtilité de l'artiste. Puis après une longue note aigu maintenue, le charme se rompit. Le silence s'installa aussitôt. Remplacé petit à petit par les applaudissements et les sifflements d'admirations. La jeune femme se retira de la scène après avoir salué gracieusement son publique.

-Bon, il faut que l'on trouve une taverne ou loger, c'est ça ? demanda Ithilion à Kelvins en chuchotant pour ne pas attirer l'attention sur ses origines cydiennes.

-Je vais m'en occuper. lui répondit-il sur le même ton. Vous pouvez rester la et contempler le spectacle, je reviendrais vous chercher ensuite.

La longueur de la tirade surpris Ithilion mais il acquiesça d'un signe de tête pour lui signaler qu'il avait compris. Le guide disparut dans la seconde qui suivit, happé par la foule. Le cydien ne bougea comme entendu et attendit la suite. Cependant, comparé à la prestation précédente, ce numéro n'avait aucune saveur. Il décida donc de se détacher de l'assemblée pour visiter tranquillement le village. Il tomba sur un petit chemin pavé qui bordait un petit lac gelé. Non loin de la, il aperçu la jolie roussette allongée par terre. Sa peau blanche nue était en contact avec la couche de neige recouvrant l'herbe. Une Astorg à tout les coups pour être aussi insensible à la morsure du froid. Soudain un craquement sourd retentit. Une expression blasée se peignit sur le visage d'ithilion tellement sa stupidité l'écœurait. Son attention avait été tellement focalisé sur cette inconnue qu'il s'était retrouvé sans s'en rendre compte au beau milieu du lac. Avec le plus de précaution possible, il essaya de répartir son poids le maximum possible. S'apercevant que plus rien ne se passait, il tenta de déplacer lentement son pied droit vers l'avant. Tout l'équilibre se rompit dans un fracas sinistre. Tout son corps se gela instantanement et l'air devint subitement dense et liquide. Ses poumons en feu battaient à pleins régimes pour réclamer de l'oxygène pur. Après un immense effort, il réussit à émerger de l'eau glacé et à se hisser sur la plaque solide qui recouvrait le lac. La glace lui brulait ses doigts non protégés mais il s'en moquait. Pour le moment, il ne voulait que rejoindre la berge. Quitte à s'allonger ensuite dans la neige. Bien qu'il savait pertinemment que physiquement parlant, l'eau était plus chaude que la neige.
Une fois sur la terre ferme, il resta allongé à même le sol. Et reprit son souffle petit à petit. Décidément, il avait le chic pour s'attirer les ennuis les plus débiles. Cela était tellement offensant pour lui qui avait survit et prévu des choses bien plus complexes.

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ne sorte de déconnexion s'était établie entre l'esprit de la magicienne et la réalité. Il était vide, comme si elle ne pensait plus à rien. Immobile, elle se plaisait à ressentir le doux picotement des flocons qui se déposaient un à un sur sa peau nue. La jouvencelle ouvrit les yeux, et la seule chose qu'elle voyait, c'était ce ciel sombre où mille points blancs dansaient. La neige commençait à l'aveugler, alors, plutôt que de se focaliser sur la vue, elle s'intéressa à l'ouïe. Au début, elle n'entendait que le bruit de la foule, derrière. Puis, avec un peu de concentration, ses oreilles distinguèrent le très faible son lors du contact entre quelques flocons et leur point d'atterrissage, notamment ceux qui lui tombaient sur le visage. Quelques minutes plus tard, un bruit bien plus fort capta son attention : des pas, soient un craquement régulier sur le sol enneigé. Ils se rapprochèrent, puis s'éloignèrent. Étrangement, au loin, le bruissement pris un autre aspect, comme si les pieds du marcheur se retrouvaient sur une autre surface.

Et là, soudainement, dans ce silence hivernal, le vacarme retentit. Aldrena sursauta, se redressant avec brutalité, tandis que son cœur battait la chamade. Ses mirettes tentèrent de scruter dans la direction d'où venait le fracas. Or, le feu de camp à ses côtés éclairait à peine les quelques mètres qui l'entouraient, et la neige en mouvement assombrissait sa vision. De plus, sa peur de l'obscurité était bien plus forte que sa curiosité, celle de s'approcher de la source de ce bruit violent. Alors elle se contenta de se lever et de fixer droit devant elle. Les pupilles de la demoiselle s'élargissaient au centre de ses iris d'émeraude, essayant de décrypter ce qui se cachait derrière ce voile d'épais flocons et de ténèbres. Là-bas, quelque chose semblait en mouvement. Un nouveau bruit se fit entendre, une sorte de jaillissement aquatique accompagné de ... toussements.

Le lac !

réalisa t-elle avec terreur.

Quelqu'un est tombé dans le lac !

Elle avait raison. Paniquée, la jeune femme voulut se précipiter vers la silhouette qu'elle semblait discerner sur le rivage. Hélas, sa kénophobie la paralysait totalement. Elle, s'aventurer dans l'obscurité ? Jamais ! Et pourtant, Aldrena ne pouvait pas rester là sans rien faire ! Elle fronça les sourcils pour mieux voir. Elle aperçut effectivement un corps étendu au bord de l'eau glacée. Ce serait inadmissible de ne pas agir ! Ainsi, malgré sa grande terreur, elle fit un effort énorme : elle se hâta dans la noirceur de la nuit. Elle ne chercha même pas à identifier l'état de l'individu, s'il était conscient ou non, s'il s'agissait d'un homme, d'une femme ou d'un enfant ... Mal à l'aise à cause de l'éloignement de lumière, elle se contenta d'attraper les poignets de la personne et de la tirer, du peu de force qu'elle avait, jusqu'au feu de camp. Celui-ci n'était pas énormément lourd, mais suffisamment pour qu'il s'agisse d'un homme. Et puis, la neige permettait au fardeau de la rousse de mieux glisser, ce qui lui facilita la tâche.

Nom de Kastrick ! Nom de Kastrick !

répétait sans cesse la rouquine en écarquillant les yeux.

Enfin près des flammes, elle se sentit libérée d'un grand poids, non celui de l'inconnu, mais celui de sa phobie. La demi-sang n'aurait jamais pu imaginer faire cela, surtout dans l'urgence. Enfin remise de ses émotions, elle se pencha au dessus de l'étranger. Il était pâle et humide, ce qui préoccupait la rouquine. Elle posa alors sa main chaude sur le visage de l'individu, dont la peau était inquiètement très froide. Dans la pénombre, Aldrena crut comprendre que les yeux de la personne étaient ouverts, car le reflet du feu semblait briller dans le regard de celui-ci. Et puis, il respirait ... il était vivant ! Du moins, encore pour le moment ...

Je reviens tout de suite ! Ne vous inquiétez surtout pas !

La jeune femme se lança avec précipitation chercher son grand manteau de fourrure. Pendant sa course effrénée jusqu'au centre de Frëadya, une montagne de questions et d'hypothèses s'accumulaient dans sa tête. Qu'est-ce qu'il lui avait pris ? Quelle idée de se promener sur la surface - certes couverte de glace, tout de même très fragile - du lac ! Était-ce un suicide ? Probablement pas, sinon, il se serait laissé couler. Et puis, il y a bien moins désagréable que de périr dans la noyade, englouti par des eaux gelées. Du somnambulisme, alors ? Peut-être. Les interrogations se bousculaient tellement qu'elle ne songea même pas à réclamer de l'aide au passage. Elle se dépêcha plutôt de se frayer un chemin parmi les villageois guillerets, d'attraper le vêtement et de faire le retour sans perdre une seule seconde. Elle fut tellement rapide que les habitants remarquèrent à peine son passage.

Toujours allongé sur le sol froid, Ithilion eut enfin la force de se redresser. L'agréable chaleur du feu de camp réchauffait peu à peu son visage, mais ne passait malheureusement pas à travers sa couche de vêtements mouillés. Alors qu'il avait réussi à se hisser sur la berge, la rouquine était venu immédiatement l'aider. La température de l'eau et tout ses efforts avaient pompés une majeur partie de son énergie et il s'en était fallut de peu pour qu'il tombe en hypothermie. La jeune femme avait du penser qu'il était inconscient. En réalité, son manque de réaction n'avait été que la somme du froid et du manque d'énergie suite à son plongeon. Alors elle l'avait tiré sur la neige jusqu'à ce feu de camp. Puis elle était partie en toute hâte chercher de l'aide.
Si jamais il n'arrivait pas à s'éloigner d'ici lorsqu'elle reviendrait avec quelques villageois, devant son incapacité à les comprendre et à répondre, ses origines ne tarderaient pas à être mis au grand jour. Ce qui n'arrangerait pas positivement sa situation. Le problème était qu'il ne sentait plus ses jambes. Si il se levait, ses muscles fatigués ne le supporteraient que quelques pas, surtout avec ses habits mouillés qui rajoutaient une masse considérable vu son état. Vraiment, cela devait être la situation la plus stupide à laquelle il avait été confronté. Heureusement que Volesprit n'était pas dans les parages pour voir ça, auquel cas, sa fierté n'aurait plus existé par la suite, détruite à coups d'humour moqueur et cinglante.
Tant pis, il allait devoir se surpasser cette fois. Quitte à être ridicule, autant le faire jusqu'au bout. Il espérait seulement que sa malchance légendaire ne lui jouerait pas un mauvais tour aujourd'hui 'hui. En tout cas, sa priorité actuelle était de remonter sa température corporelle. Le cydien n'eut donc pas d'autre choix que de se déshabiller presque totalement et de ce placer à quelques centimètres des flammes. Il réussit à tirer une buche de taille moyenne pour s'assoir dessus. Une brise glacée vint caresser malicieusement le dos d'Ithilion provoquant un énième frisson qui se propagea tout le long de son échine. Mais à coté de cela, l'ardeur des flammes oranges redonnait vie aux membres du cydien qui commençait ça reprendre de la couleur.
A ce moment la, la jeune femme rousse revint accompagné de cinq personne. Ils avaient apportés avec eux trois immenses fourrures qu'ils s'empressèrent de passer par dessus la peau nu d'Ithilion. La température remonta à l'intérieur de lui presque immédiatement. Un homme à la voix bourru le fixa en lui parlant en Astorg. A son expression et au ton de sa voix, Ithilion supposa qu'il lui demandait si tout allait bien. Il jugea quand même préférable de ne pas prendre de risque. Il porta alors ses deux mains à ses oreilles et prit un air désolé. Il fit de même en montrant sa bouche. Se faire passer pour un sourd-muet. Son ultime solution. Il était vraiment tombé bien bas....

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andis qu'Aldrena se dirigeait vers la sortie de la bourgade aux pas de course, son épais manteau serré dans ses bras fluets, on l'interpella. L'un des villageois s'était aperçu de sa traversée furtive parmi la foule.

Aldrena ? Quelque chose ne va pas ? Vous partez ? Je croyais qu'il vous deviez faire un second numéro !

La demoiselle lui expliqua en quelques mots la situation. On lui proposa sur-le-champ de l'aide. Alors une poignée de volontaires, dont le chef du village, l'accompagnèrent avec hâte jusqu'au lac, prenant avec eux pour l'occasion de grandes fourrures. La rousse, la première sur les lieux - puisqu'elle avait quelques foulées d'avance -, commença à crier ces paroles alors qu'elle voyait l'étranger de dos.

Nous sommes l...

La demi-sang ne termina même pas sa phrase. Elle s'arrêta soudainement sans cacher la surprise qui se dessinait sur son visage : l'homme était presque nu ! Bouche-bée, elle ne fit plus un geste. Elle se contenta de cligner les yeux en le reluquant de la tête aux pieds. À peine quelques secondes plus tard, les "sauveteurs" étaient là. Arrivés face au jeune homme, quatre Astorgs, sans dire un mot, emmitouflèrent la victime sous le tas de manteaux. Ces derniers dégageaient bien plus de chaleur que le feu de camp, dont les flammes peinaient à chasser les gros flocons. Alors qu'ils enveloppaient soigneusement ce corps aussi pâle et froid qu'un cadavre, le groupe semblait impassible, contrairement à l'étonnement dont la rouquine avait du mal à se remettre. Elle était debout, à l'écart, avec l'un des cinq Astorgs : c'était le chef de Frëadya. D'un air pensif, après avoir identifié les traits de l'inconnu, il s'accroupit face à celui-ci et lui parla d'un ton plutôt sévère, bien qu'il traduisait une pointe d'inquiétude.

Je ne vous ai jamais vu au village, étranger. Pouvez-vous nous expliquer la raison de cet accident ?

L'étranger garda le silence. Il masqua ses oreilles et ses lèvres. Les cinq villageois se jetèrent des regards suspicieux. L'illusionniste, elle, fut éprise d'une grande compassion. Elle vint aussitôt s'asseoir aux côtés du jeune homme. Elle se mit à lui frotter doucement le dos, à l'instar d'une mère qui console son enfant.

Tout s'explique !

dit-elle aux Astorgs, comme si sa déduction était d'une logique indéniable.

Ce sourd-muet, ne pouvant plus supporter son handicap, a décidé de mettre fin à ses jours ! N'est-ce pas évident ?

Ses interlocuteurs n'avaient pas l'air convaincus. Ils se mirent à fixer le brun en fronçant les sourcils, comme s'il dégageait quelque chose de repoussant. Face à cette scène, la rousse poussa un soupir d'insatisfaction.

Cessez donc de soupçonner ce pauvre suicidaire dont la vie se résume à un silence éternel ! Allez plutôt lui chercher au village de quoi se sustenter : je suis persuadée qu'il meurt de faim !

Les Astorgs s'éloignèrent. Le chef, qui était le plus méfiant, n'arrêtait pas de jeter quelques regard derrière son épaule. Une fois seuls, la rousse tenta de se faire comprendre de l'étranger en faisant quelques signes improvisés avec ses mains. Tout en faisant des mimiques, elle le pointa du doigt, montra son ventre puis ses lèvres. Elle finit par se sentir ridicule et laissa échapper un petit rire.

Rien ! Ithilion ne comprenait absolument rien. Même avec la gestuelles et les expressions peintes sur leurs visages , il n'arrivait à comprendre le sens de leurs phrases. Soudain, et il s'en fallut de peu pour que tout son manège ne s'écroule en lâchant un cri de surprise, une main douce se posa délicatement sur son dos et commença à le frictionner affectueusement. En tournant la tête vers la droite, son coeur ne fit qu'un bond lorsqu'il se rendit compte que ses doigts fins et bienfaisants appartenaient en faite à la jolie rousse du spectacle. Intérieurement, il vibrait de plaisir. Il ferma les yeux quelques instant, en oubliant le froid qui l'étreignait, les yeux méfiants braqués sur lui pour se se délecter de ce petit massage divin.
Lorsque tout cessa, Ithilion rouvrit les yeux presque avec regret. Pendant sa transe de plaisir intense, tout les villageois s'étaient éclipsés. Seule l'artiste était resté lui tenir compagnie. Le problème, sans Kelvins, il n'avait aucun moyen de communiquer avec elle. La pauvre s'échinait à se faire comprendre à l'aide de signe avec ces mains. Pourtant cela ne la ridiculisait pas pour autant. Enfin, il réussit à interpréter l'un des signe lorsqu'elle désigna son ventre puis sa propre bouche avant de laisser échapper un petit rire cristallin.
Il avait penser à utiliser l'illusion pour facilité la communication. Sauf que cela ne résoudrait pas le problème de la langue. Des fois, il s'en voulait vraiment de ne pas avoir écouté et prit au sérieux les cours de langues. néanmoins, il ne pouvait pas deviner qu'un jour il se retrouverait dans une situation aussi loufoque. Surtout en présence d'une Astorg, charmante qui plus est. avec un petit clin d'oeil complice, il acquiesça d'un mouvement de tête pour répondre à la question muette de sa nouvelle nourrice. Pendant qu'elle lui préparerait à manger, il chercherait un moyen pour prendre congé de la jeune femme sans trop attirer l'attention sur lui. Une chose était sur, dormir ici ne faisait plus partie des possibilités à retenir. Quand il aurait retrouvé Kelvins, ils se remettront de suite en marche et s'éloigneront de ce village avant que les doutes ne deviennent trop dérangeant. Pour le moment, ithilion souhait tenter de discuter avec cette femme qui l'intriguait beaucoup. En tant qu'illusionniste, il ne pouvait qu'apprécier une rencontre avec une personne partageant le même art. Lorsque les deux joyaux émeraudes pétillant croisèrent son regard bleu azur, la scène changea instantanément autour d'eux. Le soleil était à présent haut dans un immense ciel pur. Le paysage avait quitté son manteau blanc et sa végétation triste pour laisser place à de grandes étendues d'herbes fleuris. Toute cette luxuriance réchauffa l'esprit d'Ithilion. L'illusion traduisait parfaitement son humeur en cet instant présent.

[HRP : désolé c'est très cours, mais je ne peux pas trop aller plus loin sans savoir ce que va faire ton perso]

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es iris verts et brillants de la jouvencelle s'étaient posés inconsciemment sur l'inconnu, et n'arrivaient pas à s'en défaire. Autrement dit, elle le fixait sans s'en rendre compte, trop occupée à se poser moult interrogation. Elle aurait bien aimé pouvoir en savoir plus quant aux origines de cet étranger, puisqu'il n'était pas du village, mais aussi discuter de ses sombres intentions suicidaires, l'effet d'un tel handicap sur sa conscience, les sentiments lugubres qui devaient le hanter, ainsi de suite ... À l'instar du feu de camp qui les éclairait tous les deux, ce prétendu sourd-muet la faisait brûler de curiosité.

Elle quitta l'immatérialité de ses questions à l'instant où le brun planta son regard dans le sien. En l'espace d'une seconde, la curiosité d'Aldrena avait laissé place à de l'embarras. Et, tandis que la gêne la força à poser les yeux ailleurs, ce fut un tout autre sentiment qui s'empara d'elle : de la surprise. Sans qu'elle ne s'en rende compte, l'environnement nocturne et enneigé avait disparu ! Le duo se trouvait à présent sous un astre chaleureux, au beau milieu d'un espace où l'herbe était fraîche et où les fleurs étaient multicolores. Le décor était si réaliste qu'elle ne put s'empêcher de se mettre debout, de dresser haut le menton et de faire promener son regard tout autour d'elle. La rouquine eut même l'impression de sentir la brise caresser sa peau lorsqu'elle vit les brins d'herbe danser au passage d'un courant d'air. Aussitôt, de nouvelles transitions émotives se succédèrent dans le cœur de la demoiselle : elle passa de l'étonnement à l'émerveillement, puis de l'émerveillement à l'allégresse. Elle se tourna tout à coup vers l'auteur de cette magnifique chimère, le visage illuminé d'un sourire radieux.

Vous aussi, vous maîtriser les illusions !

ne put-elle s'empêcher de s'exclamer avec enthousiasme, bien qu'elle savait que son interlocuteur ne pouvait percevoir ses propos.

Aldrena avait rarement eut l'occasion de côtoyer d'autres illusionnistes, sachant qu'elle avait fait de cet art magique sa profession il y a peu. Et, à chaque fois qu'elle se trouvait en présence de l'un de ses confrères, une vague de joie la submergeait sur-le-champ. Surtout que cette fois-ci, il s'agissait visiblement d'une personne de talent ! Alors, oubliant totalement les évènements précédents, la jouvencelle se plongea avec plaisir dans ce nouveau monde. Elle ne désirait surtout pas installer entre eux une sorte de compétition, mais plutôt un aspect ludique.

La rousse se saisit des mains du jeune homme, le forçant à se redresser. De ses lèvres commencèrent à s'échapper des paroles mélodieuses, car les illusions d'Aldrena naissaient toujours de ses chants. C'était une chanson lente, emplie de douceur, qui racontait l'histoire idyllique entre deux Astorgs — souvent fredonnée par les habitants de Storghein. Tout en chantant, la femme aux cheveux de feu tournait autour de son partenaire. Elle était accompagnée d'un sourire, mais regrettait intérieurement que celui-ci ne puisse pas entendre la suavité de sa voix. Elle s'arrêta finalement face à lui, le fixa, et son épais manteau de fourrure se changea en une tenue princière. Puis Aldrena, d'un petit mouvement de la tête, lui indiqua de regarder sur sa droite. À l'instant même, au loin, un essaim aux milles couleurs s'envola, envahit les cieux et passa juste au dessus d'eux, les frôlant presque. Elle ne savait pas elle-même s'il s'agissait de fées ou de papillons. L'illusion qu'elle venait de matérialiser n'était pas tout à fait celle qu'elle imaginait, car sa maîtrise n'atteignait pas encore le grade de l'excellence. Or, le mirage était suffisamment convainquant pour tromper leurs sens.

En effet, en plus de voir s'éloigner ce splendide arc-en-ciel d'insectes, elle avait l'impression d'entendre les battements de leurs délicates ailes. Elle croyait sentir le parfum qui s'élevait des roses, des lys et de toutes ces plantes qui ne poussaient jamais sur le territoire froid des Astorgs. De plus, elle n'osait pas goûter les fruits qu'elle distinguait perchés au loin, mais elle était persuadée qu'une telle association d'illusions serait assez efficace pour troubler cette perception là aussi. Quant au sens du toucher, la magicienne se contenta de glisser ses doigts entre ceux de celui dont elle ignorait le nom, satisfaite de la chaleur de ce contact. Elle porta son regard à l'horizon et se mit à murmurer une nouvelle mélodie, sans prendre la peine de chanter les paroles, et laissant simplement vagabonder les notes. Elle ne pouvait s'empêcher d'être fière de leur création, de cet univers parfait qui leur appartenait.

Lorsque le chant mélodieux s'échappant des lèvres de la rouquine atteignit les oreilles d'Ithilion, il se sentit subitement transporté dans un nouveau monde. Son esprit ne calculait plus la réalité, il ne voyait plus que le jolie minois de la danseuse valsant autour de lui et le paysage idyllique, fruit de la communion parfaite de leurs esprits. Peu de gens arrivaient à un tel niveau de maitrise de l'illusion car il s'agissait d'un travail complexe demandant beaucoup de patience ainsi que certaines capacités. Et pardessus tout, comme tout art qui se respectait, l'illusion requérait une large ouverture d'esprit et une imagination quasi sans limite. La Créativité se révélait être l'une des clés les plus importantes dans ce domaine.
Pour son plus grand bonheur, cette Astorg arpentait la voie ardue de l'illusion avec aisance. Malgré quelques petites faiblesses imperceptibles aux yeux d' un amateur, le spectacle éclatant de mille couleurs qu'elle lui offrait lui arracha un immense sourire. Cela ne pouvait aller plus loin. Contraint par son mensonge, il ne pouvait se permettre d'éclater de rire. Ne sachant pas parler l'astorg, il ne pouvait exprimer son bonheur, la remercier et la complimenter sur ses compétences. C'était dans ses moments la qu'Ithilion regrattait d'avoir séché ses cours de langues lors de son apprentissage chez les élémentaires. Enfin après tout, il n'était jamais trop tard. Sauf pour le cas présent et il allait devoir s'en contenter.

Cependant, si tout ce décore féerique lui paraissait à la limite de la réalité, que l'on y pouvait presque sentir les parfums de chaque fleur, que l'on aurait pu manger les fruits magnifiques pendant dans les arbres, tout ceci ne restait qu'une simple illusion. Le véritable monde rappela immédiatement ithilion à l'ordre. Une brise fraiche tourbillonna avec fougue autour de son corps encore trempée. Résultat, après une série de frisson qui ne le réchauffa guère, il ne put empêcher le chatouillement insoutenable dans sa narine.

--AAAA....AAA...AAAATCHHOOUUUMMMM !!!!! et merde....

Le mini-paradis s'effondra immédiatement, balayé par cette éternuement qui aurait réveillé un astorg saoule en plein sommeil. La neige recouvrait de nouveau le sol, l'obscurité reprit ses droits sur les longues étendues lumineuses. Les arbres moururent une nouvelle fois. Seul les flammes crépitantes donnaient un peu de chaleur à ce tableau de départ. Mais ce n'était pas le plus grave, ce doux rêve aurait tout de même eut une fin. Seulement la, la gaffe de l'illusionniste l'avait plutôt transformé en cauchemar. Comment prévoir la réaction de celle qui s'était montré si gentille, si délicate avec lui? Heureusement, elle ne savait pas que du sang cydien coulait dans ses veines. Ou du moins ne savait pas encore.
Un soupire d'exaspération et de honte s'échappa de sa bouche. Il se trouvait à présent au pied du mur. Hormis s'échapper en courant à moitié nu dans la forêt sombre, ses possibilités se trouvaient dorénavant extrêmement limité. Surtout qu'elle avait sans aucun doute aussi noté son juron en cydien. Sur ce coup la, il n'avait vraiment pas été malin.

" ce qui est fait est fait" pensa l'illusioniste en songeant en même temps à une façon de se justifier auprès de la femme astorg.

Après bref réflexion, il décida cependant de lui avouer. Essayer de se dépêtrer de sa situation à l'aide d'un autre mensonge serait prendre son interlocutrice pour une idiote, ce qu'elle paraissait loin d'être. Autant jouer carte sur table, peut être que la franchise lui sauvra d'ailleurs la mise cette fois-ci. En joignant calmement ses mains, il prit une profonde inspiration, et plongea une nouvelle fois son regard dans les deux joyaux verts émeraudes de la rousse.

De la même manière que dans un théâtre, le panorama sombre et ternie disparut derechef pour laisser place à un nouveau décore. Une nouvelle scène ou Ithilion, acteur principale, se trouvait en plein centre, le visage inexpressif. Les deux illusionnistes se trouvaient à présent dans une gigantesque rue pavée. La luminosité indiquait que cela devait se passer en milieu de journée. Autour d'eux, seulement d'immenses maisons à l'architecture caractéristique. L'avenue était vide. Pas l'ombre de vie hormis leur présence à eux. Pourtant, nul doute possible. Cydonia...

Le temps passe et jamais ne s'arrête.

Le changement de saison s'annonce et bientôt, le blanc manteau de l'hiver qui recouvrait ce monde laissera place à l'herbe grasse et aux timides rayons du soleil. Le silence cédera sa place au chant des oiseaux et le monde s'éveillera petit à petit, sortant lentement de son cocon de glace. Dans ce décorque le temps semblait avoir figé, le moment est venu de s'éclipser, de laisser la nature reprendre ses droits et le cours des choses se faire.

[ Désengagés : Ithilion, Aldrena ]
[ Si Aldrena a le temps de poster avant dimanche, j'effacerai ce message, mais en attendant, vu qu'elle a posté une absence, je préfère vous désengager. ]

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» [151][DP] (flashback FH) Une mélodie, une danse et des flocons. [PV Ithilion → seconde partie] (fini)
» [151-DP]Âmes soulevées, le temps d'une mélodie. [Mashiro] (fini)
» [D-P] Pluie et brume... ( PV Ithilion ) fini
» [DH] Une goutte d'eau dans l'océan (pv Ithilion, Volesprit)(fini)
» [151][F-P]Pour quelques pas de danse(Pv Talphan)[Fini]

[FH] Une mélodie, une danse et des flocons. [PV Ithilion] (fini)

[FH] Une mélodie, une danse et des flocons. [PV Ithilion] (fini)

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