Ah, le quartier commerçant et surtout sa rue des Bouchers. En ce début d'été, déjà très chaud quoi de mieux que de flâner parmi ces échoppes sanguinolentes, ces cris de bêtes égorgés, cette odeurs de tripes que le soleil rendait encore plus entêtante. Il y avait tant de choses à voir. Ici, un boeuf entier, suspendu par les pattes à une poutre, dépecé, vidé, et maintenant débité de façon experte par un boucher rubicond. Là une volaille qui, malgré sa tête tranchée continuez à battre des ailes. Maka était on ne peut plus ravie. Elle avait du temps libre, le quartier en ébullition remplissait ses sens de précision macabre. Aussi, ne pressait-elle pas le pas. Un cri strident et une bordée d'injure la fit s'approcher d'un étal.
Un boucher moustachu invectivait son apprenti tandis que sur son comptoir un lièvre aux trois quart dépecé s'agitait en hurlant de douleur. L'apprenti avait sans doute mal assommé l'animal. Le lièvre avait l'air de s'échiner à enlever un costume de scène exhibant aux passants les parties les plus intimes de son anatomies.
Ravie d'un si plaisant spectacle Maka s'appretait à applaudir lorsque le virulant boucher mis fin au calvaire de l'animal d'un coup de bûche bien sentit. Elle eut une moue déçue très charmante puis sur un haussement d'épaule, Maka reprit sa marche à pas compter vers son magasin habituel.

Là un vieux bonhomme bourru au visage veineux et au nez comme une patate l'accueillis d'un grognement. Le pauvre hère s'était ouvert une bonne partie du bras droit lors de son apprentissage et bien que cicatrisé depuis longtemps, il lui manquait une bonne partie de chair ce qui laissait voir les os, les veines et les tendons tendus sous la peau fripée. Lorsqu'il travaillait on voyait tout cela s'agitait, un spectacle fascinant qui ne manquait à chaque fois de ravir Maka. L'échoppe faisant aussi « restaurant » elle lui commanda ce jour là un morceau de coeur de boeuf que l'apprenti de l'échoppe fit griller à sa convenance, c'est à dire presque encore cru.

Maka mastiqua avec délectation la chair caoutchouteuse tout en regardant le bras du propriétaire s'agiter sur une carcasse d'agneau. Mais quelque chose manquait à son bonheur elle leva le bras pour que le vielle esclave couvert d'escare et maigre comme un clou lui apporte un verre de vin. Mais rien ne se passa... Plutôt déconfite, elle demanda au vieux ou donc était-il passé? Le boucher répondit en grommelant:

«Ah? Ho il est mort hier, comme il n'avait plus de famille, je l'ai jeté derrière avec les immondices...

_ Ho excellent! Excellent ! Il faudra que j'aille voir ça ! Mais comment vous allez faire maintenant ?

_ Bah cet homme m'a dit que pour un prix modique il pourrait me dépanner... »

En suivant le doigt du vieux mutilé Maka remarqua enfin l'homme pâle derrière elle. Elle en fût quelque peu surprise. Un Astorg, Makka n'avait jamais vu d'Astorg du moins pas en aussi bon état et voulant discuter elle invita l'étranger à s'asseoir à sa table tout en le lui faisant remarqué. Tandis que l'apprenti apportait un pichet d'un vin très épais et rouge sang elle enjoignit l'Astorg à expliquer plus avant la raison de sa présence ici.

Avec une curiosité trés visible, Maka, regarda l'étranger s'asseoir à sa table. Il marchait de façon souple, mais l'on pouvait y voir aussi une certaine martialité. Un homme entrainé et endurant à première vue. Pas comme ces marchands astorg albinos et faiblard suant comme des porcs dans la chaleur de son désert. Elle posa un regard enjoué sur son marteau et ne pu réprimer un sourire devant l'état de l'arme.

Maka eut une moue choquée, lorsqu'elle comprit ce que l'on lui demander. elle fusilla du regard le boucher qui fit semblant d'être absorbé dans la découpe de sa carcasse. Prenant son temps, elle savoura sa viande et son vin tout en réfléchissant. Elle mâcha délicatement sa dernière bouchée en extrayant le sang et l'avala avec un sourire ravissant.

"En somme, ce que vous et le vieux avez en têtes. C'est de commettre un vol, pur et simple. Ces esclaves que vous me demandez de trouver pour vous. Bien qu'en fuite, ils sont la propriété d'un honnête citoyen de Ptot Tàh. Le récupérer mais ne pas le lui restituer m'empêcherait non seulement de toucher la prime mais, de plus, cela nuirait grandement à ma réputation. Si cela venait à se savoir..."
Sans regarder qui que soit dans les yeux elle bût une gorgée de vin puis reposa délicatement son verre en faisant claquer sa langue de satisfaction. Ses doigts coururent sur la table tandis qu'elle semblait peser le pour et le contre...
Elle parla, ensuite d'une voix monocorde, sans s'investir plus avant.
"J'ai vu des voleurs de bétails. Une fois ou deux. Malgrés que les bêtes du pays sont toujours marquées, je les ai vu falsifier la marque du propriétaire en y rajoutant des arabesques ou des queues en plus. Je me souviens du cris des bêtes et de l'odeur et la fumée aussi lorsque l'on leurs apposait le fer rouge. Fascinant, absolument fascinant... Je me demande comment un esclave cri lorsque l'on lui fait ça... Mais cette marque changée, Le vieux est un commerçant, rien n'empêche l'ancien propriétaire de tomber un jour sur son esclave, qu'il croyait mort... Et nous serions tous pendus ! Enfin surtout vous, on ne pends pas les Guides en Ptot Tàh on les attache à un poteau à l'entrée de la ville jusqu'à ce que mort s'en suive."
Lors de ses deux dernières phrases Maka avait parlé d'un ton enjoué et excité qui jurait avec les propos qu'elle venait de tenir. Le boucher secoua la tête en marmonnant dans sa barbe. Makka, elle, planta son regard pétillant d'enthousiasme dans celui de l'astorg. Sans doute l'imaginait t'elle violet et la langue pendante.

Désengagés : Maka, Luther.