[D-E] Les murs ont des oreilles, le silence parle de lui-même (fini)

En ces temps quelques peu étranges, mieux valait choisir et chercher ses alliés.
Des appuis surs comme les plus réticents tant qu'ils étaient de votre côté et non contre vous. C'était essentiel, surtout dans ce qui allait se jouer prochainement, même si au fond, une part de Philéa restait convaincue que le rêve de la Grande Prêtresse en resterait au stade de rêve. En tout cas, la reine Amazone n'avait nullement l'intention de prendre le risque de ne rien faire et, après la visite des elfes, elle comptait bien se rendre chez l'Oblat.
Elle espérait juste une entrevue avec Kriisten, qu'elle appréciait d'ailleurs beaucoup pour son caractère sensiblement proche du sien ou presque et sa personne, dans le but d'en savoir un peu plus sur les informations personnelles de cette dernière quant aux dires de Nalween. Peut-être la Prêtresse n'avait-elle pas jugé utile de prévenir tout le monde, mais si c'était le cas, la femme aux longs cheveux blonds comptait bien mettre au courant ceux qu'elle estimait. Et autant dire tout de suite qu'ils étaient peu nombreux à bénéficier de cet honneur ou de cette qualification. A commencer par le Consort, Méliant, que Philéa n'appréciait que très peu. Mais bon, dans la vie, on faisait avec ce qu'on avait.

Brefle, ceci dit, la reine de Muria se décida à monter une expédition légère direction Storghein.
Pour cette aventure, elle prit le soin de choisir ses compagnes, celles en qui, sans aucun doutes, elle pouvait se fier. Ainsi, la demoiselle - oh pardon, elle est mariée ! - prit Kiera à ses côtés. Éternelle gardienne de ses secrets et de sa personne, la Chef des Sentinelles ne pouvait qu'être présente à l'entrevue, même si cette dernière n'était pas encore officiellement prévue. Pour le reste, la Cydienne s'était contentée de choisir Lyne, son éternelle garde du corps, dévouée corps et âme à sa cause, et une autre jeune fille qui avait notamment élevé les siennes. Ou du moins s'occupait-elle de Jelenna. Pour Philéa, il était inutile, lorsque l'on s'annonçait au dernier moment devant une personne de haut rang, de venir en grande pompe et grande compagnie. Non. Elle se contenterait de cette petite garde et qui vivra verra.
L'expédition fut rapidement montée et prête, selon le souhait de leur souveraine. Ainsi, les quatre compagnes d'infortune partirent tôt le matin en direction de la cité Astorg. En tant que représentante Cydienne, Philéa en riait intérieurement : une femme de Cydonia chez son éternel rival ? Mais pour l'heure, il y avait bien longtemps qu'elle n'était plus rien d'autre que la reine Amazone. La fière et forte souveraine de Muria, rien d'autre.

Il fallut deux jours à la troupe pour parvenir aux portes de la cité.
Seuls dix lieues les séparaient en réalité de Storghein, mais la reine avait fait le choix de faire halte à mi-chemin, afin d'arriver dans les meilleures conditions possibles. Dix heures de cheval en continu n'était pas génial pour les jambes et fatiguait énormément. Au fond d'elle au passage, Philéa espérait que Elysia tiendrait le trône de façon convenable pendant son absence ... quelle idée aussi d'avoir envoyé Eléa à Silmarie pour "affaires". Enfin bon, passons. Une fois arrivées dans l'enceinte de la ville, les trois compagnes se regardèrent, ne sachant que faire et attendant visiblement un geste, une parole ou un mouvement significatif de leur souveraine. Mais rien, celle-ci était perdue dans ses pensées, semblant observer la ville comme si rien d'autre n'existait.
Philéa trouvait cela étrange, il y avait comme un air de ... méfiance ? Ok elle était Cydienne d'origine mais il y avait bien longtemps qu'on ne la connaissait ici que comme la représentante Amazone ... c'était quoi ce bazar ?
Les regards étaient lourds, comme inquiets, mais pourtant pas hostiles envers elle. Non, il y avait autre chose, peut-être s'était-il passé quelque chose de grave pendant l'absence d'échange écrit entre les deux femmes ? Méliant serait-il enfin mort ? La cité avait-elle subi de mauvaises récoltes ? Inutile de tergiverser, seule Kriisten donnerait des détails sur ce qui se jouait ici. C'est ainsi que les quatre compagnes prirent la direction du cœur de la ville.

En entrant dans le magnifique palais des neiges, Philéa sentit une onde lui glacer le sang.
Ce n'était pas le froid ambiant, habituel dans cette région d'Azthia, mais plutôt un pressentiment. Quelque chose n'allait pas dans ce palais, quelque chose de grave était arrivé, elle le sentait. Les quelques compagnons de la reine présents fuyaient les regards inquisiteurs des invitées, ils fuyaient même tout court leur présence. Où était Joris ? Kriisten n'était-elle pas censée se trouver ici, dans la salle qui permettait audience avec elle ? Que se passait-il au juste là ?
Hélant au hasard quelqu'un, la reine amazone demanda :

" Je suis Philéa, reine Amazone, je souhaiterais m'entretenir avec Kriisten ou, à défaut, avec Joris. Quelqu'un pourrait-il me dire où ils se trouvent je vous prie ? "

Malgré tout ce qu'elle faisait pour ne pas s'inquiéter outre mesure de l'ambiance pesante du palais, une certaine angoisse avait percé dans sa voix un tout petit chemin bien audible. Elle attendit qu'on lui réponde, peu convaincue d'aimer ce qui allait suivre.

La nouvelle de la dispatition de Kriisten avait, dans la petite caboche à moitié plein d'Hichino, eu l'effet d'un typhon dévastateur. Il ne comprenait pas, il ne comprenait pas ce qui avait pu se passer. Ainsi, ruminant dans son coin, il essayait de trouver une solution au problème. En vain. Il déprimait depuis au moins 3h lorsque la grande porte de la salle de l'Oblat s'ouvrit. Que faiait-il dans la salle de l'Oblat ? Si simple ! N'était-il pas, après tout, le barde privé de la reine ? Un barde à présent perdu qui vagabondait dans les mandres de ses pensées.
Rêveur, il leva les yeux vers la cause de son dérangement. Une femme. Et d'autres gens aussi. Mais surtout une femme. Grande, élancée, belle. Presque autant que Kriisten. Tiens, justement, elle parlait de Kriisten. Et de Joris aussi. Quel sale traitre ce Joris ! S'il le pouvait, notre barde adoré se serait précipité sur lui afin de lui arracher les entrailles ! Pour Kriisten...
Lorsqu'il capta le lien logique entre la présence de la jeune femme et le nom de Kriisten, cela faisait bien une minute qu'elle avait finit de parler. Le teint blafard et le regard dans le vide, le jeune homme répondit d'une voix absente et monotone.

"Elle et pas là... Il n'est pas là non plus d'ailleurs... Vous le savez, vous, où ils sont ? Parce que je ne sais pas... Personne ne sait... "

Une larme coula sur sa joue, puis fut quasiment instantanément remplacée par un sourire large comme une hache et un air de psychopathe assoifé. Il avait totalement perdu les pédales. Le choc émotionnel sans doute. Mais les larmes continuaient à couler sur la peau presque transparente.

"On pourrait croire qu'elle est là pourtant ! Regardez, elle est là ! Si si ! Regardez moi ! Vous la voyez ? Regardez là aussi ! Vous voyez ce trône ? C'est elle aussi ! Et même ce coussin, c'est elle ! Vous voyez ? Elle est partout ! Dame Kriisten est partout ! Partout ! Partouuut..."

Sa voix se brisa dans un sanglot et il s'effondra. Presque au sens littéral du terme. On aurait dit un pantin dont le spectacle venait de se finir. Mais quelques soubressauts agitaient encore son corps affalé. Il releva à moitié la tête, de manière à entrapperçevoir la présence des individus au travers du rideau salé qui lui innondait le visage.

"Partout... Partout... ... ... Je... Je ne sais pas... Où elle est... JE N'SAIS PAAAAAAAAAAAAAS !!!!!"

Il s'était soudainement remis à hurler, avant de retomber. Sa voix désespérée résonnant dans la grande salle trop vide résonnait encore jusque dans les couloirs déserts. Il y aurait bien une personne dans se maudit château qui l'avait entendu...

Alors disons que la situation était ...
Débile ? Étrange ? Déplacée au vue du contexte ? Avait-elle affaire à un vrai Compagnon de la reine ou juste un pauvre idiot perdu dans le palais ? Il fallait avouer que là, à voir ainsi agir cet inconnu, Philéa avait de sérieux doutes. En effet, la personne qui se tenait devant elle n'avait pas l'air ce qu'on l'on pouvait appeler ... saine d'esprit. Bien au contraire, elle divaguait complètement sur le fait que Kriisten avait disparu. Et voilà qui était le comble de l'étrangeté : la reine Astorg portée disparue ! Impossible, impensable au vue des protections dont elle bénéficiait.

Kriisten portée disparue, c'était un peu comme un morceau du monde tel que Philéa le connaissait qui s'effondrait devant ses yeux. Certes elle pouvait envisager la panique de ce ... Compagnon, mais que faisait-il ici à chercher une chimérique apparition de la jeune femme au lieu de tout tenter pour la retrouver ? Est-ce que tous les hommes étaient des incompétents sur cette terre ou la souveraine était très douée pour les attirer à elle ? Non, tout allait de travers, c'était inconcevable que la jeune dirigeante de Storghein ai pu disparaitre ainsi ! Se moquait-on de la reine Amazone ?
A voir comment réagissait cet idiot, certainement pas. Car si sa réaction paraissait exagérée et totalement désuète de bon sens, il ne semblait cependant pas se jouer d'elle. Bien au contraire, tout laissait croire qu'il était très sérieux. C'était bien le souci. A défaut de pouvoir imaginer son amie prisonnière, en proie à un quelconque danger, Philéa se posait simplement la question de savoir qui avait pu commanditer les faits. Joris dont l'absence annoncée portait les doutes sur lui plus que sur quiconque ? Méliant, cet homme que l'amazone n'avait jamais pu encadrer, qui rêvait sans doutes de rester au pouvoir. Et à voir sa forme physique et son âge, il était bien incertain pour ce dernier qu'il puisse garder son précieux pouvoir ... Les deux étaient-ils de mèche ? Non.

Philéa connaissait Joris depuis longtemps.
Pas intimement bien évidemment, mais elle en savait assez sur lui pour savoir que sa loyauté allait toute entière à Kriisten, pire, qu'il était de ce genre d'imbécile qui offrirait leur vie sans discuter, en fermant les yeux tant il avait confiance en sa souveraine, pour sauver ou simplement aider cette dernière. Impossible que le " chef " des Compagnons ait pu monter une telle affaire. Mais alors qui ? Méliant ne pouvait pas faire ce genre de choses seul ... c'était impossible sans l'aide d'un appui solide. Et puis, quant bien même ce serait de sa faute, pour quel motif aurait-il fait cela ? Celui de garder le pouvoir ? Il y avait d'autres méthodes plus radicales ... les choses n'étaient pas logiques, encore moins que le jeune homme qui lui faisait face et semblait désespérément chercher Kriisten du regard, comme si elle se trouvait tout bonnement cachée derrière un rideau, telle une gamine qui s'amuserait à faire peur à ses ainés. Un peu de sérieux tout de même bon sang ! La représentante amazone n'avait pas fait ce voyage pour rien, du moins pas pour entendre les délires incompréhensible d'un soit-disant Compagnon ayant perdu de vue sa chère reine.

" Un peu de calme et de sérieux bon sang ! Kriisten a ... disparu ?!? "

Philéa avait du mal à y croire.
Même si son esprit entamait déjà mille et un chemins pour comprendre pourquoi et comment sa jeune amie avait pu être enlevée, la jeune femme aux cheveux blonds n'arrivait pas à croire à sa disparition. Un coin de son esprit se bornait à croire qu'on lui jouait une farce ... et pourtant, force était de constater que ce n'était pas le cas.

" Où est passé Joris ? A-t-il lancé des recherches ? Avez-vous des indices ? Et Méliant ? Allons Compagnon, si vous en êtes un, ce dont je commence à douter, comment cette tragédie a-t-elle pu se passer sous vos yeux sans que vous ne réagissiez ? "

Le ton dur de Philéa était voulu.
Ce n'était pas qu'elle reprochait un manque d'attention aux Compagnons, elle savait mieux que quiconque qu'il était difficile de protéger quelqu'un. Surtout que Kriisten n'était pas du genre à aimer ce genre de choses ... en même temps, c'était également son cas. Mais ce que voulait la souveraine de Muria c'était tout bonnement réveiller le jeune homme en face d'elle, le sortir de sa folie passagère. Après tout, c'était à lui de chercher sa souveraine !

" N'y a-t-il donc personne de compétant dans ce château pour me répondre ? " poursuivit-elle de plus belle.

La jeune femme présente ne disais rien à Hichino mais elle lui tappait déjà sur le système ! D'où se permettait elle de lui parler sur ce ton ! Quelle ingrate ! Se permettre de mettre en doute la dévotion d'Hichino pour sa reine ! S'il pouvait juste lui crever les yeux pour lui montrer à quelle point ses propos étaient déplacés ! Après tout, reine des amazones ou pas, elle était désagréable. D'une voix pleine de repproches, Hichino se lança dans une explication comme pour un enfant qui avait mal compris une leçon qu'il aurait du savoir.

"Bah oui elle a disparu ! Elle a pas pris des vacances ! Pour votre information, Joris et Méliant en ont rien à balancer de ce qui lui est arrivé ! Pour les recherches, oui on va en faire, et NON elle n'était pas avec moi lorsqu'elle s'est faite enlevée ! Et pour votre information personnelle, l'incompétent le serait moins si vous arrêtiez de parler comme si vous saviez tout sans connaître ne serait-ce qu'un dixième de l'histoire !"

Puis il se calma une seconde. Sa respiration avant saccadée avait repris son rythme normal. Se frottant les yeux un instant, il venait de reprendre en grande partie ses esprits.

"Excusez moi pour ce comportement, mais les temps sont dur en ce moment... Kriisten s'est faite enlevée alors qu'elle était accompagnée de quatre de nos meilleurs éléments. Après nous avoir annoncé la nouvelle, Joris a plié bagage et nous autres, compagnons restants, devons nous débrouiller pour la chercher, sans aucune piste... Veuillez excuser mon comportement déplacé de tout à l'heure... Je vous demanderai juste de ne plus JAMAIS douté de ma loyauté envers Notre Majesté. Cela pourait vous coûter cher."

Une éteincelle de folie venait de répapparaitre sur ces derniers mots. Il se remit à rire comme un dément avant de s'emparer de son luth et de jouer aléatoirement des notes dessus, chantant comme un homme ivre.

"Une fois c'est pour moi,
Deux fois tu la sentiras,
Trois fois t'as plus d'bras,
Quatre fois ya plus que moi !
AHAHAHAHA ! nan ! Ya pas que moi ! Ya aussi toi, et même que t'as plus de bras ! AHAHAHA ! T'as encore le reste mais ya plus personne autour ! Ya plus de pion ! Ya que toi, sans bras et sans pions ! AHAHAHA !"

Et il partit faire des tours dans sa salle en gambadant, dansant, et chanter à tue-tête sa chanson du moment. Une fois essoufflé, il revint devant la reine amazone et lui sourit.

"Vous voudriez peut-être quelque chose d'autre, puisque l'objet de vos convoisites n'est pas présent pour le moment ?"

[ Si tu réponds d'ici là, je ne pense pas pouvoir le faire avant samedi XD ]

Non content d'être totalement fou, ce jeune homme était en prime au bord du crime de lèse majesté. Comment osait-il, non, comment pouvait-il se permettre de répondre ainsi à la grande Philéa, reine Amazone, représentante de Muria avec qui Storghein, et ce depuis très longtemps, en tout cas bien avant la naissance de ce gamin sorti de nul part et à moitié fou, entretenait des relations amicales et commerçantes. A croire que ce Compagnon voulait déclarer la guerre à tous ceux susceptibles de lui rappeler son incompétence à protéger Kriisten. Il était tombé sur la mauvaise personne, car si Philéa ne supportait pas une chose, c'était bel et bien le manque de respect, surtout lorsqu'elle était la personne à qui on manquait de respect. Sale gamin imprudent.
Malgré son calme apparent, la main de la souveraine eut tendance, tout au long du monologue du Compagnon, à descendre vers son fouet, rangé tranquillement à sa place, le long de sa hanche. Il s'en fallut de peu que Philéa le sorte pour corriger cet imprudent. Heureusement pour lui, il s'excusa auprès de la reine féministe tout en lui demandant de ne plus douter de sa loyauté. Ainsi, il était vraiment idiot, car jamais Philéa n'avait douté de sa loyauté, au contraire, elle avait seulement cherché à comprendre de quoi il en retournait dans ce palais, quant à lui, elle était juste étonnée de sa présence, de sa capacité à dire deux phrases censées de suite et, pour finir, à lui manquer de respect tout en restant vivant. Dans son dos, Philéa sentit Kiera bouger, comme pour punir l'être chétif qui se dressait devant eux, d'un geste à peine perceptible de la main, sa supérieure hiérarchique lui fit comprendre que ce n'était pas la peine. Philéa était grande, elle savait se défendre seule, autant par les armes que par le poids des mots. Certes le Compagnon s'était excusé, mais elle n'était pas du genre à passer l'éponge sans marquer son territoire avant. De plus, nombres de ses questions restaient sans réponses au vue des quelques phrases débitées par l'inconnu.

« Votre comportement n'est pas des plus courtois, d'autant plus envers une reine telle que moi. Savez-vous seulement ce que cela engendrerait si je décidais de prendre vos paroles au sérieux ? Mais étant donné les circonstances, je vous le pardonne volontiers. Toutefois, je vous prierais de cesser de me manquer de respect, car, si je dois faire la concession de vous croire, autant que vous fassiez de même et que vous cessiez de me traiter comme la dernière des imbéciles venue vous demander un morceau de pain en période de famine. »

Ses grands supérieurs en poche, Philéa toisait du regard sa pauvre victime. Non contente de vouloir marquer le coup, elle tenait à rappeler à l'imprudent en face d'elle qui était la reine et qui était le serviteur de son amie. Ou tout du moins, le protecteur. Et puis, il fallait bien l'avouer, s'il était aussi loyal qu'il l'affirmait envers sa reine et sa cité, peut-être aurait-il pris la peine de s'informer un peu plus sur elle, ne serait-ce que pour savoir si elle était bien la reine amazone, avant de lui confier tout ce qui se jouait en ces lieux non ? Ceci dit, son regard se fit moins dur lorsqu'elle poursuivit :

« Je ne me souviens pas vous avoir déjà vu auprès de Kriisten lors de mes dernières visites, quel est votre nom je vous prie ? »

Un sourire timide apparu sur les lèvres de la femme aux longs cheveux blonds. Il n'était pas question de se montrer plus proche que ça de lui, de faire ami-ami avec ce Compagnon car il n'était pas en mesure de répondre aux exigences et aux questions de Philéa. Toutefois, il n'était pas non plus très intelligent de s'en faire un ennemi, bien au contraire, mieux valait en tirer tout ce qu'on pouvait. Savoir son nom n'était qu'une façon de combler le vide, le temps de rassembler ses esprits. Et puis, au cas où, cette information lui serait bien utile si elle avait de nouveau à se plaindre de lui. Mais revenons-en à Kriisten. Disparue. Ok, mais comment ? Où ? Même si elle n'était pas Astorg, et anciennement Cydienne de surcroit, Philéa avait toujours apprécié la compagnie de la reine des neiges comme elle l'appelait. A la fois calme et persévérante, Kriisten était pour elle ce qu'une femme au pouvoir devait incarner. Autant dire que sa disparition, surtout en des temps aussi troublés, n'était pas de bonne augure.
Le plus étrange aux yeux de la jeune reine était d'apprendre que ni Joris ni Méliant ne cherchaient à la retrouver. Connaissant le Compagnon, cela l'étonnait au plus haut point, dans le cas de Méliant, sa réaction était presque prévisible aux yeux de l'amazone. Mais Joris … lui si attaché à Kriisten, la suivant comme son ombre. Chaque qu'elle avait eut le privilège de s'entretenir avec Kriisten, il était là, dans l'ombre mais bel et bien présent. Comment avait-il pu abandonner son poste en de telles circonstances ? Se pourrait-il qu'il est cherché à la piéger ? Qu'il ai participé à son enlèvement et attende maintenant son heure ? Ou était-ce le remord ?

« Je ne peu pas croire que Joris ait abandonné son poste. » se contenta d'affirmer Philéa pour toute réponse à la dernière question du Compagnon. Au passage, les accès de folie de ce dernier la faisait douter sur sa nature de Compagnon … sans parler que ça lui tapait vraiment sur le système. En effet, Philéa était réputée pour aimer les choses claires, dites franchement et sans détour alors les méandres de la folie … autant dire que ce n'était pas son truc !

« Êtes-vous sûr que Joris est parti ? Le connaissant, cela me paraît étrange ... à moins que quelque chose ne l'ai poussé à partir … en savez-vous quelque chose sur ce point ? » demanda-t-elle au jeune homme.

« A-t-il un quelconque remplaçant digne de ce nom avec lequel je pourrais m'entretenir en l'absence de Kriisten ? Pourquoi Méliant n'est-il jamais là quand on le demande ? »

Son ton était empli de reproches envers le Consort. Jamais là quand il fallait, toujours à fureter … décidément, Philéa ne l'appréciait et cela se sentait. Mais aujourd'hui, elle devait parler à un responsable car, même en l'absence de la reine, l'alliance dont elle venait s'assurer aujourd'hui, entre Muria et Storghein, était plus que jamais nécessaire au vue de ce qui se préparait dans l'ombre. Il était urgent qu'elle ai un entretien avec un dirigeant !

« Voici ma dernière question … vous me dites ne pas savoir où est Kriisten, je ne remets pas en doutes votre loyauté, mais où les recherches ont-elles commencées ? Pouvons-nous vous être utiles ? »

La reine des Amazones ne cessait de parler... Parler, parler, et encore parler... Remarque, tant mieux, ça le faisait penser à autre chose qu'à Kriisten. Ou pas. Mais au moins, il reprenait ses esprits ! Alors, à moitié concerné, il écouta. Il était posé sur un recoin, à une fenêtre et jouait une petite mélodie un peu triste pour servir de fond sonore. Une fois que la dénommée Philéa eut finit de lui parler, il entreprit de répondre à chacune de ses interrogations. Tout compte fait, il répondrait même s'il n'y avait pas d'interrogation. Car il n'éprouvait de respect que pour sa reine. Enfin, respect... Non pas qu'il se moque des autres, mais Kriisten était tout simplement la meilleure.

*Etre libre, c'est tout d'abord prouver à ma reine que je peux la libérer...*

"Ma Dame, j'ai remarqué dernièrement six coupures dans votre monologue, laissez moi donc en faire autant. Premièrement, oui, je vous ai manqué de respect, et je m'en excuse. Comme vous l'avez vous même dit, les circonstances se prêtent à la folie et à la confusion. Cenpendant, votre pardon ne m'importe guère. J'assume totalement mes sauts d'humeurs. Entre nous, cela m'évite de réduire le château à un palais des horreurs ! Ahaha !"

Il semblait s'être détendu, comme si tout ce qui s'était passé avant n'était qu'une pièce de théâtre, et qu'un nouvel acte se préparait.

"Deuxièmement, il est normal que vous ne m'ayez jamais vu. Je suis nouveau ici. Pour me demander mon nom, je peux penser que sois je suis un véritable idiot qui se fait remarquer dès la première rencontre, soit mon talent sert à ma réputation. Ne pouvant croire la première, sachez que l'attention que vous me portez me touche beaucoup. Et sachez, ma Dame, que vous avez de la chance de connâitre mon identité, car je doute même que les gens d'ici ne le sachent : je sui Hichino Shirokami, le barde privé de la reine Kriisten ! Et, entre parenthèses, également son gardien du corps personnel dans l'enceinte du château."

Puis il marqua une pose un peu plus longue, comme s'il refléchissait à un problème un peu complexe. Après une grimace, il reprit enfin la parole.

"J'ai beau tourner le sujet dans tous les sens, la trois, la quatre et la cinq se regroupent... Alors bon, même si j'aime pas ça, je répondrai aux trois en même temps. Tout d'abord, le fait que vous ne vouliez pas croire ce que je vous raconte m'importe peu, vous êtes encore libre de croire ce que vous voulez... Sinon, pour Joris, si on parle bien du même moustachu, oui je suis sûr qu'il a laissé sa place à Kris. Heu... Kris, un espèce d'androgyne qui me ressemble un peu... Bref, et non, je ne sais pas pourquoi il est parti, mais je suis sûr qu'il l'est. Après tout, je suis peut être fou, mais pas stupide ! Pas comme ce décérebré de Méliant qui n'est pas là quand on le demande pour la simple bonne raison qu'il n'est jamais là !"

Il s'arrêta un instant, comme pour reprendre son souffle, avant de continuer, comme si c'était le dernier couplet d'une chanson un peu dure à chanter.

"Et pour finir, les recherches ont à peine commencé. Les compagnons se séparent pour fouiller un peu partout, mais partout n'est rien quand on ne sait pas où chercher ! Pour votre utilité ? Bien sûr ! Si vous le voulez, je peux demander au compagnon qui m'aide dans les recherches s'il accepterait un petit coup de pouce ! Personnellement, je n'en doute pas ! Les ami(e)s de Kriisten son mes ami(e)s ! Veuillez me suivre, je vais vous offrir un petit quelque chose à boire ! Café, ça vous va ? Et puis ça va être génial ! On va avoir de l'aide pour vtrouver Kriisten ! Ahaha ! Merci ! Merci ma Dame ! Les amazones sont moins casse-heu... Enfin... Vous voyez quoi ! ...Qu'on ne le dit ! Infiniment merci !"

Puis il se mit à pleurer de joie. Seule la reconnaissance avait cédé à la folie. Il attendait maintenant un retour.

"Il vous faut quelque chose d'autre ? Moi, Hichino, accepte de vous protéger également jusqu'à ce que l'on retrouve Kriisten ! Demandez moi ce que vous voulez !"

Philéa se mordit intérieurement les doigts.
Dans son dos, Kiera esquissa un mouvement et la Reine lui fit à nouveau signe de se calmer, juste d'un signe discret de la main. Comment pouvait-on se permettre de manquer ainsi de respect à une reine, tout Compagnon de la Reine Kriisten que l'on soit ? Pour qui se prenait ce moucheron devant la grande souveraine qu'était Philéa ? N'avait-on pas appris à cet imprudent qu'il n'était pas bon de parler ainsi à sa supérieure, à une reine, et encore pire, à une alliée ? Quand à l'histoire du pardon, rien que pour sa réplique, Philéa lui aurait fait couper la langue s'ils avaient été à Muria. Mais non, elle était dans le palais de Kriisten, et par respect pour cette dernière, par diplomatie aussi sans doutes, la souveraine amazone ne réagit pas à l'affront et attendit que le Compagnon poursuive.

Une chance de connaitre son identité ?
Mais pour qui se prenait-il ? Dès que Kriisten rentrerait au palais, elle lui demanderait de châtier cet imprudent, ce manant qui se permettait de se dresser à sa hauteur. Il ne manquait plus que cela, un moucheron qui cherchait à se faire passer pour plus important que les dirigeants. Quelle ... elle ne préférait pas dire le mot. Et puis, il ne fallait pas se leurrer, Philéa n'en avait rien à faire de son nom, seule comptait la punition qu'elle pourrait en tirer et ... elle serait terrible. Toutefois, prenant sur elle, elle répondit d'un ton calme :

" Ravie de te rencontrer Hichino Shirokami. Sache que je me souviendrais de ton nom en temps voulu. "

La reine amazone se tut.
Il n'y avait rien, ni dans le ton ni dans les propos qu'elle tenait, qui pouvait laisser présager d'une éventuelle menace. Non, Philéa était plus subtile que ça, bien plus subtile en réalité que le commun des mortels. Si elle était devenue aussi importante dans ce monde, c'était bel et bien pour ses qualités, sa façon si particulière de savoir embobiner les gens. De leur faire croire monts et merveilles pour ne finalement ne rien avoir. Philéa savait obtenir ce qu'elle voulait des gens sans que ça ne se voit ... c'était le talent des souverains.
A nouveau cette impertinence !
Elle le détestait, elle allait craquer mais non, il fallait tenir et écouter jusqu'au bout. Savoir ce qu'il se passait, en apprendre le plus possible et ensuite agir. Allons Philéa, tu en as vu de plus coriace que ce gringalet. Et la souveraine écouta ... Joris parti ... un choc !
Kris ? Il faudrait qu'elle le rencontre, au plus vite. Elle se souvenait vaguement de lui, mais vraiment vaguement et peut-être même le confondait-elle avec quelqu'un d'autre mais dans tous les cas, il était le plus haut gradé en présence du fait de l'absence de Méliant. Il lui fallait nécessairement le voir mais ça attendrait, encore un peu. Méliant absent ... comme c'était étonnant tiens ! Et si c'était lui qui avait monté tout ça ? Probable ... il lui faudrait y réfléchir sérieusement. Lorsque Hichino se tut enfin, Philéa reprit de sa superbe.

D'un signe, elle permit à Kiera d'agir et sourit.
La Chef des Sentinelles pointa aussitôt une flèche en direction du Compagnon, prête à décocher sur un ordre de sa supérieure. Celle-ci observa alors la victime et lui dit :

" Plus qu'un café, j'aimerais que tu m'offres du respect sans quoi je crains que ma Sentinelle ne décoche malencontreusement cette flèche. T'en sens-tu capable jeune homme ? "

Un sourire se dessina sur les lèvres tandis qu'elle poursuivit :

" Pour ce qui est de l'aide proposée, que pouvons-nous faire pour vous aider ? Oh et tant que j'y pense, peux-tu aller me chercher ce Kris ? "

Les événements s'enchainèrent très vite et Hichino se trouva rapidement menacé par une flèche. Cependant, la situation ne sembla en rien l'allarmer. Alors qu'il était de dos, près à aller dans les cuisines, il ne se tourna qu'à demi, montrant un léger sourire sur le coin de ses lèvres. Il avait enfin trouvé une faille dans le système diplomatique de la reine amazone. Et, tout ennuyeux qu'était le château sans la présence de Kristen, il s'ennuyait. Un peu de divertissement ne lui ferait pas de mal. Bien sûr, même 'il savait que jouer avec le feu était mal, il ne se lançait jamais dans une cause qu'il saurait perdue ou s'il n'étais pas sûr d'avoir au moins 80% de chances de réussite. Détendu, donc, il répondit, d'un air mielleux mais enjoué.

"Excusez moi, ma reine, je ne savais point que dans votre contrée, le café et l'homme étaient associés... Si mon aide ne vous satisfait guère, ce palais ne vous est plus d'aucune utilité. Et puis, pensez vous que quelqu'un vous croirait ? Regardez autour de vous. Dans l'hypothèse où vous auriez la bonne idée de me tirer dessus - ce dont vous n'êtes pas la première à en avoir l'envie - la scène qui en découlerait serait toute à mon avantage. Un cadavre d'un compagnon mort, tué par une flèche amazone lors de la disparition de Kriisten. A votre avis, qui croira-t-on ? Il n'y a aucun témoin ici sauf les membres de votre clan. Je suis un compagnon irréprochable en ce qui concerne mon devoir et je le sais. Pour cet acte, il me semble que ma disparition parlera plus que vos arguments... Ainsi donc, je vous conseille de vous absenir d'avoir un quelconque comportement indigne de votre rang ici. Sachez que dans notre pays, le statut des femmes n'est pas supérieur à celui des hommes, et que vous n'êtes - je le répète - pas chez vous. Participer à la recherche de Kriisten est certe un bon motif pour que je me joigne à vous, mais n'allez surtout pas croire que vous puissiez avoir les mêmes droits sur moi que sur les membres masculin de vos terres. Je vous prierai donc de vous aclmer et de prendre place sur ces sièges pendant quelques instant afin que nous discutions tranquillement. Sur ce, je réitère ma question : voulez vous un café ?"

Même si, en effet, sa tirade était suicidaire, il savait que les arguments qu'il apportait étaient justes et que sa mort n'aiderait aucun des clans. Il savait également que lui tout seul face à la représentante du clan amazone et ses compagnons, il pouvait largement avoir l'avantage. Il avait de la tchatche et suffisement de cran pour même pouvoir affirmer que la reine amazone avait dansé la gigue en face de lui et que les gens le croient. Mais bon, il avait quand même un peu de bon sens, aussi peu soit-il. Il souria donc à la reine et attendit sa réaction. En lui, la curiosité commençait tout de même à naître. Il préféra tout de même ajouter ces quelques mots :

"Et puis, ma Dame, sachez que je ne suispas une personne si facile à abattre. Je n'ai pas été choisi pour servir ma Reine parce que je savais seulement jouer du luth. De plus, mes talents vous aideront d'avantage que ma mort... Bien sûr, le choix vous appartient encore une fois..."

Ce gamin se jouait d'elle et s'il y avait bien une chose que la souveraine amazone ne pouvait pas supporter, c'était qu'un impertinent s'en prenne à elle. Pour qui se prenait-il après tout ? N'avait-elle pas droit, au même titre que Kriisten qu'il défendait bec et ongles, à la même considération ? Y avait-il des différences entre les reines et les souverains ? Non, pas à sa connaissance, et ce morveux allait l'apprendre. Compagnon ou pas, contrairement à ce qu'il semblait croire, il n'était rien comparé à sa Majesté. Et dire qu'il parlait de comportement indigne en ces lieux ... ah la la la, ces jeunes, il faut tout leur dire.
Contrairement à ce que la situation pouvait laisser croire, malgré sa colère, Philéa prenait son pied. Corriger les malheureux qui se dressaient en travers de son chemin lui permettait d'assurer sa position et surtout, de faire comprendre au monde que Muria était belle et bien une puissance à elle seule. Pas besoin d'aide, les amazones étaient fières et fortes. Tu veux jouer petit homme ? Parfait, la reine amazone est prête.

Le rire cristallin de la Dame s'éleva dans la salle tandis qu'elle demandait à Kiera de baisser son arme. Pourquoi agir ainsi ? Ou était la logique ? Se sentait-elle coupable au point d'en rire ou devenait-elle totalement folle ? Pas vraiment, la lucidité était toujours belle et bien là chez la jeune femme aux longs cheveux d'or. Philéa ouvrit la bouche, le sourire aux lèvres et la voix pourtant tranchante comme un rasoir.

" Sache petit impertinent que tu t'adresses à une reine. "

D'un geste sec, l'animal sortit du fourreau.
Le fouet si célèbre de la souveraine amazone claqua aux oreilles d'Hichino puis vint s'enrouler autour du bras de sa maitresse. Tandis que les épines avaient laissé une marque indélébile sur la joue du Compagnon, elles semblaient caresser la peau pâle de leur maitresse. Ceci fait, à nouveau l'héritière de Muria reprit la parole, ne laissant aucunement l'occasion à son interlocuteur de lui répondre ou de réagir.

" A l'image de ta reine Compagnon, je suis souveraine et, par ce titre, j'ai droit au respect des soldats, tout Compagnons qu'ils soient. De ce fait, je te prierais de ne plus te croire à ma hauteur et de m'adresser la parole avec le respect que tu me dois. "

A nouveau, le serpent claqua dans les mains de la charmeuse, qui reprit aussitôt sur un ton glacial et sur d'elle :

" Pour ce qui est de ma décision vis-à-vis de toi, je crois là encore que tu présumes de ton statut. Crois-tu réellement, toute amazone que je sois, qu'on me reprocherait d'avoir puni quelqu'un pour manque de respect. Ta vie vaut bien moins que l'alliance entre mon peuple et le tien, je peux te l'assurer et, au vue de ma présence, je serais ainsi que mes soeurs, excusée devant la teneur de ton affront. Mais si tu tiens à tenter le sort pour vérifier ta théorie, je t'en prie, ce sera avec plaisir comme tu peux le constater. "

Sur ce, Philéa se tut, le sourire aux lèvres.
Pourtant, ce sourire était bien froid, bien carnassier, à la hauteur de ce que pensait la jeune femme de son interlocuteur. Pour qui se prenait-il ? Croyait-il vraiment qu'elle hésiterait à le tuer ? N'importe quoi.

" Contrairement à ce que tu sembles croire, je suis toujours calme, ta vie ne tient qu'à cette clémence de ma part. Mais je te le répètes, si tu tiens à tenter le sort, je suis prête à t'y aider. Pour l'heure, je ne tiens pas à m'entretenir d'avantage avec quelqu'un d'aussi peu d'importance que toi. Amène-moi Kris puisque tu tiens tant à te rendre utile. "

[ On clôture ou tu veux encore continuer, parce que je crois qu'elle va finir par te tuer XD ]

Hichino écouta tout ce que la reine avait à lui dire, et subit tout ce qu'elle avait également à lui faire subir. Il se retrouva donc avec une fine coupure sous l'oeil, témoin de la colère de la souveraine Amazone. Hichino était à la fois content d'avoir réussi à pousser la belle femme à bout, mais aussi très déçu de sa réaction. Il l'avait cru plus fine, plus subtile. Il ne pensait pas qu'après qu'il ait expliquer que personne dans Storghein ne croirait la reine amazone si elle venait à le tuer, elle reviendrait dans le sujet en sortant les crocs... Déçu. Juste déçu. Il arrêta de sourire et poussa un soupire. Il avait fini de jouer. Elle l'avait lassé. Qu'elle aille donc croire ce qu'elle veut sur son courage d'homme et sa fierté car il lui tournait le dos, il n'avait que faire des remarques vides d'un jouet cassé. D'une voix monotone, il répondit, trainant sur chaque mot comme s'il avait du mal à les dire.

"Soit, cette discussion ne mérite pas ma mort. J'irai vous chercher Chris, puisque vous le demandez... Allz vous enfin vous décider à prendre place sur ces sièges ? Voulez vous enfin un café ?"

Mouaip, il ne lui servait plus à rien d'être ici. Il voulait juste quitter cette pièce et retourner pleurer la disparition de sa reine bien aimée qui lui manquait terriblement. Qu'avait il donc fait pour mériter de s'ennuyer pareillement ? Alala, que la vie était dure avec lui. S'emparant d'un mouchoir, il essya le sang qui ruisselait sur sa joue. Il n'en revenait pas qu'une personne d'une telle brutalité et d'une patience si amoindrie puisse gouverner une puissance telle que la grande Muria. Et puis bon, c'était quand même une reine :

"Et priez moi de m'excuser de vous avoir mis hors de vous. Ceci était un test afin de sceller votre personnalité et collecter des informations pour le retour de ma divine reine. Je ne voulais en aucun cas vous causer le moindre tord."

Et c'était en partie vraie. Après tout, quel avantage en aurait-il tiré sinon ? Il était quand même l'un des compagnons les plus proche de sa Majesté ! Il ne vivait et n'agissait que pour elle...
Attendant la réponse de Philéa, il commença à avancer vers la sortie, sa démarche aussi démontée que sa voix.

La reine amazone n'avait que faire des petits malheurs d'un simple Compagnon.
Dans la vie, chacun avait sa place. Les souverains venaient en premier, les larbins ensuite, quelque soit leur grade, ils n'en restaient pas moins des larbins, point final. Bien que chez les amazones chaque femme soit traitée de façon égale, la famille royale n'en restait pas moins au dessus de toutes, toutefois, les amazones et surtout Philéa, ne considérait pas leur sentinelles ou autre poste du genre comme des larbins. Mais en dehors des murs de la cité, seul le titre de reine comptait. Ainsi, Philéa savait que sa théorie était la bonne, quand bien même cette hiérarchie des gens n'imposait pas non plus l'irrespect. Une reine se devait de respecter tout le monde, mis à part quand quelqu'un comme Hichino lui manquait justement dudit respect. Mais toute cette théorie ne valait rien auprès d'un fou.
Car il était évident qu'il l'était. Devant la colère faussement jouée de la souveraine, cet espèce d'idiot n'avait fait qu'attiser sa colère un peu plus. Enfin de toute façon, Philéa n'était pas là pour s'attarder sur les méandres d'un pareil moucheron. De ce fait, elle attendait tout simplement qu'il se décide enfin à aller lui chercher Kris. Point final.

Elle le laissa parler sans réagir, réfléchissant déjà à ce qu'elle proposerait à ce Kris. Mais ... il était encore là lui avec sa chaise et son café ? Kiera intervint avant même que sa Majesté puisse dire quoi que ce soit. Sa voix tranchante aurait pu briser n'importe quel cristal si tant est qu'il y en ai eu un dans la pièce :

" Il me semble que Dame Philéa t'a demandé quelque chose. Nous ne prendrons place sur ces sièges qu'en présence de Kris. "

Peu de chose mais tellement de sous-entendu.
Si Philéa s'était montrée clémente et passablement amusée plus qu'énervée de la situation, il n'en était visiblement pas de même pour la Chef de ses Sentinelles. Celle-ci semblait plus agacée par la situation qu'autre chose mais se tenait pourtant bien droite, fière et surtout, avec un visage impassible. Elle coula un regard interrogateur vers sa supérieure, sans doutes pour savoir si celle-ci ne lui en voulait pas d'avoir pris la parole sans son accord. Idiotie, Philéa lui fit comprendre que cette question n'avait pas de sens et la jeune femme se détendit quelque peu. Mais revenons-en à nos moutons, ou nos poules. Philéa planta son regard dans celui, à moitié voilé, du Compagnon.

" Si tu m'avais mise hors de moi, ta tête roulerait en ce moment-même à mes pieds. Quant à collecter des informations pour Kriisten, je pense qu'elle sera très amusée à son retour d'apprendre tout ce qu'elle sait déjà de moi de ta bouche. Mais peu importe, disparait et amène-moi Kris. "

Sur ce, la reine amazone se tourna vers ses compagnes pour un conciliabule dont seules les amazones pouvaient en comprendre la teneur. Ignorant superbement le Compagnon, la souveraine de Muria ne se rendit même pas compte s'il avait quitté la pièce ou non.

[ Désengagée ]

[ Tu me diras quand je pourrais noter (fini) dans le titre ^^ ]

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