Azthia

Ô, petite flamme qui guide chaque cité d'Azthia, surtout ne vacille pas. Car les temps sont bien embrumés et un vent d'inquiétude souffle... Laissez vous tenter par un univers poétique et fantastique, créez un personnage haut en couleurs...
 
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 [DA] Pour toujours et à jamais (pv Jelenna) (fini)

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Reine Amazone
Eléa
Eléa
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Âge : 34
Race et âge : Cydienne - 31 ans
Cité : Muria
Métier : Fleuriste-Gladiatrice

Feuille de personnage
Compétences: Manipulation de la nature / Soin / Esprit
Compétences bonus: Manipulation du feu, dressage d'une bête, Spécialisation (rapière)
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[DA] Pour toujours et à jamais (pv Jelenna) (fini)
   [DA] Pour toujours et à jamais (pv Jelenna) (fini) EmptyMar 31 Juil - 16:54

« JELENNAAAAA ! NOOOOOOOOOON ! »

Le cri résonna dans la clairière, lourd de conséquences.
Qui aurait cru que l'histoire prendrait ce tournant, que le monde se déchirerait devant mes yeux sans que je ne sois capable de quoi que ce soit pour la sauver ? Qui aurait pu croire que moi, Eléa, je laisserais les choses en arriver là. Le destin s'était joué de nous, pitié ma sœur, pardonne-moi.

Je me souviens encore de cette histoire, comme si je la revivais encore aujourd'hui. Mère enceinte, accouchant d'une adorable petite fille. Les soigneuses m'appelant pour que je m'approche du berceau de ma nouvelle petite sœur. Je me souviens encore de tout ça, aussi clairement que si la scène se jouait devant mes yeux. J'avais été jalouse, je crevais de jalousie durant neuf mois de savoir que je ne serais plus la seule et l'unique, que je ne serais plus la source de toute l'attention de ma mère … et pourtant, lorsque je m'étais approchée de ce berceau, je me souviens encore de la magie de l'instant. De ces yeux bleus que j'ai croisé pour la première fois de ma vie. De cette petite bouille qui me souriait, innocemment, incapable de comprendre la différence entre le bien et le mal. Je me souvenais encore parfaitement de ses prunelles qui, sans hésiter une seule seconde, s'étaient posées sur moi. Je me souviens encore de ce moment-là, de ce que j'ai ressenti. Toute ma rancœur de perdre ma place de choix auprès de ma mère avait disparu dans le bleu de ses yeux et je me souviens encore aujourd'hui de m'être fait la réflexion que je voulais la protéger. J'ai choisi moi-même le prénom de ma sœur, Mère voulait que cela soit notre lien à toutes les deux, elle pensait à juste titre je pense que si je choisissais son prénom, je serais liée à jamais à son destin. Elle avait raison. Ce prénom n'était sans doutes qu'un symbole, rien de plus, mais en le lui donnant, je me promettais de la protéger. « A jamais et pour toujours ». Voilà ce que signifiait son prénom et je tiendrais promesse. Toujours. J'ai toujours été là, de ses premiers pas à ses premiers mots, veillant au grain, faisant en sorte que jamais rien ne lui arrive.

Ma petite princesse bis.

Elle est mon trésor, elle est celle pour qui j'aurais et donnerais encore ma vie sans hésiter. Je brûlerais Muria pour elle si cela était nécessaire à lui obtenir la vie sauve. Aujourd'hui encore, je suis en mesure de me souvenir de ses premiers pas, ici même, dans ce palais où elle a grandi, à l'abri des regards et du monde. Je me souviens de ses boucles immaculées, de son visage de petite princesse, de ses yeux doux et de son sourire lorsqu'elle avançait vers notre mère. Je me souviens encore la première fois qu'elle est montée à cheval, la première fois qu'elle est entrée à l'école, insistant pour être une petite fille comme les autres, de ces nuits passées près d'elle à veiller sur son sommeil, de son premier arc, de sa première flèche. Je me souviens avoir dressé Haiiro pour la protéger, pour que jamais elle ne soit seule.

Je me souviens du noir. Des ténèbres.

Je me souviens de ma trahison, de ma faiblesse qui a failli lui coûter la vie. Sans moi, jamais Azael n'aurait pu franchir les murailles impénétrables de Muria et elle aurait été en sécurité, mais non, je l'avais fait sortir, je l'avais tirée de son cocon si finement tissé … Elle avait souffert par ma faute, elle avait été torturée par ma faute mais j'avais promis. Je suis venue. J'ai combattu, j'ai tué, j'ai sacrifié d'innocentes vies, j'aurais sacrifié tout Muria et même la Grande Prêtresse pour peu qu'on me la rende. J'avais sacrifié Feanaro dans ma folie, mais je l'avais protégée. Je l'avais retrouvée, elle, ma précieuse sœur et malgré toutes mes erreurs, elle m'avait pardonné, une fois encore, elle avait posé ce doux regard sur moi plein de tendresse. D'un regard, elle m'avait sauvée, moi, l'aînée, celle qui aurait du être la protectrice … Jelenna. Elle était depuis toujours celle que je devais à tout prix protéger. Je l'avais vu grandir, de loin, j'avais assisté à sa métamorphose, j'avais tenté autant que faire se peut de préserver son innocence. Et j'avais échoué, de multiples fois mais peu importait, elle me pardonnait. Jelenna était spéciale.
Elle porte en elle un message de paix. Je suis convaincue que le destin s'ouvre à elle et qu'elle changera les choses là où j'en suis incapable. Mère dit toujours que nous ne venons au monde que pour y jouer un rôle, je suis persuadée que le mien est de la protéger et que le sien, peu importe ce qu'il soit, est d'une importance capitale. J'ai promis, « Pour toujours et à jamais ». J'ai promis …


« JELENNAAAAA ! NOOOOOOOOOON ! »

J'entends ma voix comme un écho, comme si je n'étais pas vraiment là, comme si je n'étais au fond que spectatrice et c'est ce que je suis au final. Elle se tient face à moi, je peux voir ses doigts encore tremblants, je peux sentir son cœur encore palpitant. Je peux la voir, la sentir mais je suis incapable de lui venir en aide. Je suis incapable d'être l'aînée, d'être celle qui protège. Je la regarde faire sans bouger, je la vois sacrifier ce qu'elle a de plus cher pour moi. Aux dieux, non, qui que vous soyez, protégez-là, ne lui infligez pas cela … s'il-vous-plait … Je croise alors son regard, déterminé, totalement terrorisé. Tout se passe trop vite, je n'ai rien vu venir, je n'ai pas prévu tout ça ! Ce n'était pas le but de ma mission ! Je devais juste le ramener, j'avais ordre de ne pas lui faire de mal, c'est ce que j'ai fait ! Alors pourquoi ? Pourquoi ? Rien ne s'est passé comme prévu, je savais pourtant qu'elle me suivait ... Je l'avais senti, j'aurais pu agir. Mais tout va trop vite maintenant, la lame brille et la flèche s'envole.

Elle se tient face à moi et je ne peux pas la sauver.


Dernière édition par Eléa le Dim 16 Sep - 14:08, édité 1 fois
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Réincar Diane
Jelenna
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   [DA] Pour toujours et à jamais (pv Jelenna) (fini) EmptyDim 16 Sep - 13:53

Louis était devenu sans qu'elle ne s'en rende vraiment compte son ami le plus précieux dans sa cité natale. Jeune gamin de son âge, ils s'étaient rencontrés à l'école lors de l'ouverture de cette dernière aux enfants d'Amazones. Il était le fils d'une couturière de la cité qui avait fait le choix d'épouser le Soumis qui l'avait enfanté. Ce dernier était mort lors de la bataille des Rois, laissant derrière lui la veuve éplorée et ses deux fils, Eric, le plus grand, âgé de dix-sept ans et Louis, petit damoiseau de l'âge de la princesse bis. Le plus grand avait entrepris de devenir forgeron et si cette idée avait fortement déplu à sa mère de prime abord, elle avait fait la demande expresse à la reine qui avait consenti à ce qu'il soit formé par l'une des plus prestigieuse Amazone de la cité. Quant au plus jeune, il était tout simplement trop petit pour penser à ce genre de choses aussi suivait-il tranquillement les cours élémentaires donnés à l'école. C'était d'ailleurs là bas qu'ils s'étaient rencontrés, Jelenna ayant insisté pour participer comme toutes les petites filles de son âge à cette aventure qu'était « l'école ». Au départ, leur relation avait mal débuté. Plutôt taquin, le jeune homme s'était amusé aux dépends de Mélissandre, la jeune amie de la petite fille, d'un an sa cadette. Sans être méchant et sans avoir voulu l'être une seule seconde, il s'était moqué de sa tenue et de son élocution, la demoiselle ayant en effet des difficultés à s'exprimer depuis sa plus tendre enfance. Si cela faisait sourire le gamin, force était de constater que ce n'était pas du goût de la jeune réincarnation et que très vite, elle monta sur le champs de bataille pour lui faire face. La dispute fut certainement sordide aux yeux des adultes mais violente pour les enfants.

« Tu ne devrais pas juger les autres sur leur difficultés » avait débuté la jeunette.
« Et toi, tu ne devrais pas croire qu'on te pardonne tout parc'que t'es la princesse » avait-il rétorqué.

La dispute était vague, Jelenna ne se souvenait pas exactement les mots qu'ils avaient échangé mais ils avaient été suffisamment dur pour que les adultes les séparent et les obligent à rentrer dans leur salles de classe respectives. Le lendemain et les jours suivants s'étaient déroulés sans heurts, le gamin ayant décidé de ne plus se montrer et les deux jeunes filles ayant décidé d'ignorer tout ce beau monde. Deux semaines plus tard, c'était Louis qui était venu à sa rencontre dans la cour de l'école, l'appelant et l'invitant à venir converser. La jeune princesse se souvenait avoir hésité quelques instants avant de céder.


« Salut princesse » avait-il déclaré timide et cela avait valu toutes les excuses du monde lorsqu'elle avait rétorqué quelque chose comme « Salut Soumis ». Ils s'étaient mis à rire et depuis, ils ne se quittaient plus. Chaque récréation, autant que possible, ils se retrouvaient pour discuter et cela allait même jusqu'à devenir une habitude que de s'attendre. Ils ne se voyaient jamais en dehors de l'école mais Jelenna appréciait ces moments taquins en sa compagnie. De fil en aiguille, ils devinrent suffisamment proches pour que Louis se confie à elle de temps à autre.

Voilà comment tout avait commencé.
Un matin, Jelenna avait senti qu'il était mal dans sa peau, que quelque chose le tracassait et sans doutes maudirait-elle encore longtemps son précieux don de l'Esprit de lui avoir soufflé tout cela. Elle était donc allé à sa rencontre, cherchant à savoir ce qui le tracassait autant et il avait fini par avouer. Eric, son aîné, avait l'intention de quitter la cité en douce. Cela ne surprenait que peu la petite fille, beaucoup de jeunes gens, y compris les filles nées dans la cité, voulaient voir le monde extérieur et il était difficile pour un garçon de pouvoir le faire librement ici. Aussi ne jugea-t-elle pas le moins du monde le frère de son ami. Cependant, il ne l'avait pas prévenue par hasard, il attendait d'elle quelque chose, un soutien ou bien ?


« Il veut que je parte avec lui, j'en ai bien envie tu sais ... »

Leur mère était morte deux mois plus tôt, emportée par une maladie que personne n'avait vu se déclarer et qui pourtant, la rongeait depuis des années déjà. Sa silencieuse souffrance avait pris fin et son délicat sourire s'était éteint, laissant ses deux précieux fils derrière elle avec des souvenirs et de la rancœur. Tout deux lui en voulaient de ne pas avoir parlé, de les avoir laissé et si la jeune femme comprenait la réaction de la mère, elle ne pouvait pas en faire part à son compagnon.

« Tu sais … je pense que je vais le suivre »
« Louis, tu sais ce que vous risquez ! Je t'en prie ne... »
« Jelenna, je sais. Je t'ai prévenue uniquement parce que je me suis dit que … que tu pourrais. .. Enfin que tu nous aiderais. »

Il y avait bien quelque chose donc … La petite princesse en fut déçue, quelque part, elle avait espéré que Louis ne fut pas comme les autres mais au fond, il était exactement le même que ces filles qui ne s'intéressaient à elle au Temple qu'à cause de son titre. Déçue mais malgré tout consciente que c'était un sentiment des plus humains, la fillette se mit à réfléchir. Pouvait-elle vraiment l'aider ? Non, elle n'en avait pas le droit, c'était trahir sa cité ! C'était trahir jusqu'à sa propre mère ! Sa propre sœur ! Hors de question. Mais elle était tout de même sensible à sa détresse, à cette douleur qui semblait le ronger de l'intérieur et cette furieuse envie de liberté, cette soif de découverte si compréhensible à leurs âges …

« Je ne peux pas t'aider » avait-elle lâché péniblement.

Pourtant, ce fut l'air de rien qu'elle lui confia la faille dans la muraille, ce petit morceau de rien qui donnait un accès direct à l'extérieur et qui ne serrait rebouché que dans trois jours selon ses sources. Ce n'était pas réellement une trahison puisqu'elle ne comptait pas les aider n'est-ce-pas ? Se sentant coupable mais incapable de faire marche arrière face à une telle détresse, la petite avait cédé.


« Je ne te dénoncerais pas, mais sache qu'une traque sera lancée si on découvre le subterfuge ... »

Louis et Eric avait quitté la cité à l'aube, passant par l'endroit qu'elle leur avait indiqué. La nouvelle était remonté jusqu'au palais en moins de temps qu'il ne le fallait pour le dire et ce fut Eléa qui fut désignée pour rattraper les fuyards. Le cœur de l'enfant se serra, ne se remémorant que trop bien cette fameuse mission dans la forêt et ce fut presque instantanément qu'elle se proposa pour accompagner la jeune femme. Dans un premier temps, l'héritière fut totalement contre, se rappelant certainement leurs mésaventures ce fameux jour mais Kiera émit l'hypothèse que ce serait un bon exercice et Eléa dut se plier à ce choix.

Il ne fut pas difficile pour Haiiro de retrouver la trace des deux fugitifs, encore moins pour les deux filles de les rattraper avec leur cheval. Mais la suite, la suite Jelenna ne l'avait pas prévu du tout, pas le moins du monde elle n'aurait pu se douter que tout cela se serait retourné contre elle … Louis avait été le premier retrouvé, il s'était rendu sans résistance lorsque la princesse aînée le lui avait demandé, du moins en apparence car à peine Eléa eut-elle fait le tour du gamin pour vérifier qu'il n'avait pas d'arme qu'un trait de flèche la frôla de peu. Son premier réflexe avait été de se coucher à terre, emportant Louis dans sa chute pour le protéger mais c'était idiot. Les jambes désormais entravées par le piège que les garçons avaient posé, Eléa se retrouva bêtement démunie de sa rapière que le plus grand, illusionniste à ses heures perdues, pointait désormais sur elle.

Trahison.
Le mot tournait en boucle dans la tête de la petite blonde tandis qu'elle regardait la scène. D'instinct, elle avait empoigné une flèche et avait bandé son arc toutefois, elle se sentait incapable de tuer. Plus encore, de tuer le frère de son ami, sous les yeux de ce dernier. Tuer n'était pas anodin, tuer signifiait qu'on ne se relevait pas. Ce n'était pas comme dans les contes pour enfant, ici, dans la réalité, tuer avait une toute autre symbolique. La petite prônait la paix et se sentait incapable de prendre la vie d'un autre, encore plus celle d'Eric.


« Jelenna, si tu nous laisses partir, on la laissera tranquille » promit le plus jeune tandis que les pensées de son frère trahissait tout le contraire.

Le plus jeune n'était sans doutes pas conscient de tout cela car la petite sentait la sincérité dans ses propos. Tout transpirait chez lui l'innocence, cette même innocence qu'on lui avait volé par le passé. Hésitante, la main tremblante, la jeune fille n'était pas capable de se décider. Eléa était en danger et lui criait de s'enfuir, de trouver de l'aide, comme ce fameux jour où elles s'étaient retrouvées dans une situation similaire, des années auparavant. Et pourtant, la petite restait là. Louis se rapprochait, timidement dans un premier temps puis plus rapidement ensuite et, lorsqu'il fut à sa portée, il posa sur sa main la sienne et, fermement, il l'obligea à baisser son arme. Dans un même mouvement, tandis qu'elle cherchait la solution, son frère hurla un ordre que le gamin se sentit obligé d'exécuter. D'un geste brusque, il posa la lame d'une dague sur son bras, lui intimant de poser l'arc à terre.

Trahison. Trahison. Trahison.
Ce mot ne cessait de la hanter maintenant qu'elle comprenait enfin son erreur. Avoir cru en lui. Telle était sa seule et unique faute. Elle avait pensé que ce n'était pas grave, que ce n'était pas un mal s'ils cherchaient la liberté qu'elle même chérissait par dessus tout. Alors elle avait pensé que leur dire comment partir sans se faire attraper ne serait pas trop grave mais ça n'avait pas marché … Pire que tout, tout s'était envenimé et aujourd'hui, ils montraient des visages qu'elle ignorait. Dans son esprit, les hommes étaient tous comme Jacen ou presque. Elle faisait naïvement confiance à ceux qui lui semblaient juste mais elle s'était trompée. La lame remonta jusqu'à sa gorge tandis qu'Eric hurlait des ordres.


« Bute la » ordonna-t-il alors qu'Eléa tentait de se libérer, meurtrissant ses chairs entravées, et avait hurlé.

Louis semblait hésiter. A cet instant précis, Jelenna eut l'impression de ne plus être tout à fait elle-même. Comme une spectatrice, elle entendit le jeune homme refuser sans pour autant baisser son arme et elle vit apparaître un loup énorme, deux fois plus gros que pouvait l'être Haiiro ou les deux autres. Gris, en pleine fleur de l'âge, il sauta sur le bras du gamin et le mordit à pleine dents, lui tirant un cri de douleur monstrueux tandis que son frère restait interdit. Jelenna ne savait pas tellement pourquoi ni comment mais l'espace d'un instant, son corps n'avait plus vraiment été le sien.

La flèche s'était figée dans le cœur d'Eric sans qu'elle ne se souvienne de l'avoir tirée. Il resta interdit, incapable de lâcher quoi que ce soit jusqu'à ce que ses doigts s'ouvrent sur la rapière d'Eléa qui tomba dans un bruit sourd au sol.


« Eriiiiiiiiiic » hurla le gamin à plusieurs reprises tandis que Jelenna reprenait petit à petit conscience.

Eléa avait saisi la rapière et s'était déjà détachée lorsque Louis se rua sur la petite fille encore sous le choc de ce qu'elle venait de faire. Lame au poing, il tenta de la blesser et manifestement, visa la gorge. Elle n'esquiva que par chance et lorsque sa sœur fut à sa portée, tout était déjà fini. La dague que lui avait offert jadis Philéa était plantée dans le thorax du gamin et la petite fille était baignée de larmes.


« Ce n'était pas toi Jel' »

La petite princesse bis n'avait pas parlé, tremblant, pleurant doucement, sur tout le chemin du retour comme le reste de la journée. Eléa était restée avec elle, la berçant désormais pour tenter de l'endormir un minimum. Il n'était pas bien difficile de ressentir son sentiment de culpabilité et c'était sans doutes pour cela que son aînée tentait de la rassurer.

« Je leur ai montré le chemin pour s'enfuir »
« Je sais »
« Mais »
« Il n'y avait que toi et moi qui connaissions ce chemin en dehors des Sentinelles habilitées à le refermer. » répondit Eléa d'un ton neutre.
« Pourquoi tu n'as rien dit ? »
« Parce qu'il y a certaines choses que tu dois apprendre seule ... »

Alors elle avait comprit dès le début … mais cela n'effaçait en rien la peine qu'elle ressentait. Au contraire, la petite se sentait d'autant plus coupable, de leur mort comme de toute cette histoire en général. Si elle s'était contentée de le dénoncer, il l'aurait sans doutes détestée mais au moins serait-il encore en vie ! Si elle avait dit la vérité dès le début, ils n'auraient pas eu à mourir ! Si …[/i]

« Ce n'est pas toi qui les as tué. C'était Elle, comme contre Nessa. Jel', Diane les as tué, pour nous protéger. »

Il était vrai que la fillette avait eu l'impression soudain de ne plus appartenir à son corps et que quelque chose agissait pour elle. Diane protégeait les Amazones, toutes autant qu'elles soient et elle avait certainement jugé juste d'intervenir. La déesse n'avait pas hésité une seule seconde entre la vie de ces hommes et celles des précieuses Amazones qu'elle protégeait depuis les Landes, et, aujourd'hui, depuis le corps de la jeunette. Là était la différence avec la petite, c'est qu'elle avait hésité entre sa vie et la leur …

Elle avait trahi. Plus que Muria, elle avait trahi son ami. Plus que son ami, elle s'était trahie.
Trahison, ce mot lui resserrait le cœur.
Elle se sentait tellement mal, tellement coupable que les mots rassurants d'Eléa ne parvenaient pas à perler dans ce brouillard. La petite fille finit par s'endormir, ses rêves dérivant les uns après les autres, ses pensées s'y mêlant sans qu'elle ne parvienne à fixer son esprit à quoi que ce soit. Jusqu'à ce qu'elle apparaisse. Imala. Cela faisait longtemps que la petite princesse ne l'avait pas vu et ce fut les joues baignées de larmes qu'elle se jeta sur le flanc de la magnifique louve couchée dans l'herbe. Elle savait. Elle savait toujours tout. Avec calme, elle écouta pourtant la jeune apprentie déverser sa culpabilité et tout le reste jusqu'à lui dire tranquillement.


« Mon enfant, il y a quelqu'un qui souhaite te voir. »

Devant elles se tenait Louis et, dans le fond, à la lisière de la forêt, se tenait Eric, le visage fermé. Le cœur de la petite s'arrêta mais la louve l'obligea à se lever avant de disparaître. Il était déconcertant de voir à quel point elle avait pu pénétrer dans le monde astral mais elle s'arrêterait sans doutes sur ce détail un autre jour. Louis la regarda, attristé.

« Louis … Je suis tellement désolée … Je … Pardonne-moi ! »

Le garçon la détailla mais pas une once de compassion n’apparut sur son visage. Il demeura silencieux tandis que son frère aîné s'était rapproché et lui avait saisi la main. Ils échangèrent un regard et le gamin prit la parole :

« Tu as choisis sa vie à la notre, tes excuses n'y changeront rien. »

La voix était lourde de reproches et brisa un peu plus le cœur de la petite fille tandis qu'elle se rendait compte de ce qu'elle lui demandait. Elle aurait prié n'importe quel dieu pour revenir en arrière, pour refaire les choses mais les choses étaient ce qu'elles étaient.

« Il te faudra vivre avec cela désormais et l'accepter. »

Leur image se fit plus floue et ne tarda pas à disparaître. Lorsqu'elle s'éveilla, il ne restait que la tristesse.
Il fallut plusieurs jours pour qu'elle réussisse à se rendre au cimetière et plusieurs jours encore pour qu'elle soit en mesure de se rendre sur leur tombe. Des larmes roulèrent sur ses joues. Eléa avait raison, il y avait certaines choses qu'elle devait apprendre seule. Le poids de ses erreurs, elle devrait l'accepter. C'était pour cette raison que sa soeur n'avait rien dit, parce qu'elle savait que Jelenna ne pourrait avancer qu'en comprenant la portée de ses actes. Louis et Eric étaient morts par sa faute, quand bien même lui affirmait-elle que Diane avait agi à sa place. Sans elle, ils seraient encore là à rire et à vivre.
Elle comprenait désormais que l'amerture et la culpabilité ne ramèneraient pas les deux garçons. Elle devait apprendre à vivre avec cette lourde responsabilité mais surtout, elle ne devait jamais oublier. En déposant la rose sur la pierre tombale de Louis, Jelenna se prêta à sourire et, sans vraiment savoir pourquoi, elle déposa un baiser sur la pierre froide. Un dernier pardon, une dernière prière pour celui qui fut un jour son ami. Elle avait choisi sa cité à celui qui lui demandait de l'aide et aujourd'hui, elle commençait à comprendre que c'était le seul choix qui s'offrait à elle à ce moment précis. La vie de sa soeur contre celle des deux frères était devenue une réalité au moment même où elle leur avait offert le moyen de quitter la cité en douce. Ce lourd fardeau, elle le porterait toute sa vie durant.


« Repose en paix » murmura-t-elle.

La trahison avait un goût amer.
Le pardon, un goût de sang.

Donner la mort n'était pas anodin car la mort ne pardonnait pas aux vivants.


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