[F-H]Autour d'une bonne bière (PV Raven) (fini)

Qu'est-ce qu'il ne fallait pas faire pour sa patrie franchement ! Voilà qu'elle venait à peine de finir de traverser la moitié du continent pour assister à une fête en l'honneur des fiançailles de son frère ainée, qu'elle reçut une missive venant droit de son capitaine qui lui demandait de revenir le plus vite possible à Cydonia parce que ce sadique avait besoin de quelqu'un pour faire pleurer les nouvelles recrues du bataillon, et quoi de mieux qu'une femme guerrière pour foutre une branlée mémorable à une bande de merdeux sexistes qui se voyaient déjà comme de grand héros de l'histoire d'Azthia alors qu'ils savaient à peine tenir une lance.
Vraiment, elle en avait marre d'être celle à qui on refilait la tâche ingrate d'humilier les nouveaux pour un petit bizutage dont ils se souviendraient toute leur vie. Si encore ça avait été pour botter les miches des Erathiens, la jeune demoiselle n'aurait pas bronché une seule seconde et serait parti de Silmarie avec un sourire radieux, sautillant de joie en imaginant ce joyeux massacre d'âmes damnées, mais non !
Du coup, c'est la mine défaite que la jeune lancière avait enfourchée Laedy, la monture que Guy lui avait prêtée pour faire le retour, sans avoir pu prendre une seule coupe de champagne (boire ou conduire, il faut choisir).

Il ne lui fallut que 8 heures pour rejoindre Tamawa, mais déjà le crépuscule pointait son museau sur l'horizon. La jeune femme n'aimant pas voyager seule de nuit, même armée de sa lance, elle décida de se trouver une petite auberge où passer la nuit avant de repartir au levé du soleil.
Pour une fois, elle décida de ne pas faire de manière et entra à la première enseigne qu’elle vit, et finalement ce n’était pas un mauvais choix.
Même si l’établissement n’était pas un exemple de propreté comme l’était l’auberge de sa mère, il fallait dire que c’était tout à fait acceptable et ce même si les personnes qui le peuplaient la regardaient d’un œil pas très rassurant.
Elle fit mine de ne pas y faire attention puis elle s’accouda au comptoir en lançant un timide « bonjour » pour le tenancier. C’était un bonhomme d’un certain âge, le crâne dégarni, au visage rond arborant une belle moustache grise. A voir son ventre bien tendu, Elyncia pouvait parier sur le fait que l’homme avait une passion pour la bière et le saucisson. Mais cela n’est pas important.

- Bien le bonjour jeune demoiselle. Que puis-je faire pour vous ? lui demanda-t-il arborant un air jovial, apparemment le seul qu’il lui était donné de voir ce soir.

Elle afficha alors un sourire tout aussi timide que son bonjour, avant de déclarer :

- Je désirerai une chambre pour la nuit. Ah et une bière aussi.

L’homme lui fit un clin d’œil en lui disant qu’il lui apportait ça tout de suite allant tirer une pression au fut tandis qu’elle tirait un tabouret pour s’y installer, posant sa lance bien en évidence histoire que personne ne vienne la déranger. Malheureusement quelqu’un n’avait surement pas compris le message, car voilà qu’il s’approcha d’elle, la prenant par les épaules et approchant son visage blafard tout près du sien.
Cet ahurit avait l’air d’un adolescent. Cheveux blonds, teint de bébé, extrêmement pâle, un sourire malsain sur le visage, chemise entrouverte découvrant un torse imberbe. Il ne faisait aucun doute que ce type était du genre à jouer les grands séducteurs du dimanche.

- En voilà un bien joli visage !

- Si vous souhaitez garder le votre comme il est, je vous conseil de retirer votre bras, lui rétorqua-t-elle en lui lançant un regard de défis.

- Oh voyons, nous venons à peine de faire connaissance, comment pourrais-je faire pour vous plaire si vous ne vous laissez pas le temps de me connaître ?

- Peut-être qu’avec un peu plus de poitrine et une allure plus féminine je vous aurais donné une chance, lui répondit-elle sur un air glacial.

La main de l’inconnu se posa alors sur la poitrine de la cydienne qui vit rouge. Ecarlate de fureur, elle lui envoya un grand coup de coude dans le nez. Surpris, l’homme recula, retenant le filet de sang qui souillait maintenant le parquet de bois.

- Sale garce !!!

A peine avait-elle pu se retourner pour lui faire face qu’il était à nouveau sur elle, la plaquant contre le comptoir, l’empêchant de se débattre. Elle lui cracha alors à la figure, espérant qu’une âme charitable et héroïque vienne l’aider.

Invité

C’est la nuit, Raven se trouve dans une maison délabrée par le temps et les végétaux. Il fait quelques pas dans les ruines de cette ville inconnue. L’air y est frais et doux mais une aura maléfique l’entoure. Un miroir ? Oui, un miroir se tient là, sous les décombres. Le jeune homme le ramasse et le porte à son visage. Son reflet y figure… Son reflet ? Non. L’homme qu’il voit lui ressemble mais ça n’est pas lui. Il n’a pas les mêmes gestes, les mêmes mimiques. Inquiété, le forgeron lâche le miroir et son double apparait dans un nuage de fumée…

Raven se réveilla en sursaut. Il s’était encore endormi et avait encore fait un rêve étrange. Ils se multipliaient en ce moment. Il songea que ces chimères étaient certainement la matérialisation de sa peur : que son alter-ego prenne possession de lui. Il aimait cette particularité qui le définissait tant mais… si jamais il en perdait le contrôle, qui sait quel ravage il pourrait causer. Il décida donc de changer ses plans et de ne pas se rendre dans l’ancienne cité d’Erathia mais de rentrer vers Cydonnia pour chercher une solution à ce problème. Cependant, il passerait par Tamawa. La route serait, au final, un peu plus longue mais qu’importe ! Peut-être y trouverait-il des armes particulières ? Mais pour une fois, ce qui lui avait fait choisir cette option était l’idée de prendre un bon bain chaud dans une auberge.

Déterminé, il changea de direction pour se diriger vers ouest. Chemin faisant, il cogitait pour savoir comment entrainer son esprit pour résister à cet autre-lui. Certes, ils s’entendaient bien et s’entraider mais il sentait que s’il baissait sa garde, il succomberait à ses attentes.

Le jeune homme ne mit pas très longtemps à atteindre sa destination. Le soleil ne siégeait pas au sommet du ciel, mais il n’avait pas encore atteint l’horizon. C’était le moment de visiter ! Au fil de ses pas, Raven se rendit dans la rue commerçante remplie de magasin divers et variés qu’il visita. D’ailleurs, les armes qu’on y vendait étaient très banales par rapport à celles qu’il avait croisées auparavant. Il passa même devant un magasin de tapis assez étrange… Il y jeta un rapide coup d’œil. L’endroit n’avait pas l’air peuplé de gens très honnêtes enfin soit. Il continua jusqu’au port où il scruta longuement le fleuve Baume. Que le temps filait vite ! Il était déjà l’heure de trouver une auberge où reposer. Raven rebroussa chemin et entra dans la première auberge-taverne qu’il aperçut. Enfin… la deuxième car la première n’était pas très salubre.

Là, le jeune homme s’adressa au comptoir. Un vieil homme bedonnant à la moustache grisonnante vint à lui et l’accosta d’un air accueillant.

« Bienvenue à la taverne du Griffon, que puis-je faire pour vous ? »

Raven sourit au tavernier et arbora un ton tout aussi amical.

« Bonsoir, je voudrais une chambre pour ce soir et une bière brune. »

L’aubergiste acquiesça d’un coup de tête et lui amena la clé de sa chambre ainsi que sa bière. Le jeune forgeron sortit sa bourse, déposa dix talents sur le comptoir et alla s’installer à une table, la chope à la main.

Après deux gorgées, une jeune femme entra. Cette dernière avait des traits caractéristiques d’une Cydienne mais elle était également dotée d’une beauté inqualifiable. On put donc vite s’imaginer la suite des évènements : un séducteur, une femme forte de caractère, une altercation. Ce fut exactement ce qui se déroula. Le jeune homme resta spectateur jusqu’à ce que la jeune femme fût plaquée contre le comptoir, apparemment sans défense. Le jeune Almer se leva, laissant sa choppe sur la table, et se dirigea vers la scène.

« Hé le blondinet » Raven attendit que le jeune homme tourne la tête et lui prête attention avant de continuer.

« T’es sourd ou tu cherches les embrouilles ? Je crois que la dame t’a demandé de lui foutre la paix, non ? Et pour info, le jour où tu voudras réellement intéressé une femme, je pense que tu devras faire preuve de plus de délicatesse et ne pas la coincer contre un comptoir ! »

Fier de lui, il arborait un petit sourire moqueur. Il se préparait à rejoindre sa place lorsqu’il entendit le sol craquer : le blondinet cherchait un combat. Il voulait se battre ? Il allait danser. Evitant le coup, il fit volte face à son adversaire.

« Alors comme ça, tu ose m’agressé ? » Dit-il sur un ton moqueur

« Ta gueule et bats toi ! T’as pas à te mêlé de mes affaires » rétorqua l’agresseur sur un ton d’énervement, prêt à lancer son assaut.

« Ce n’est pas comme ça qu’on parle aux inconnus ! »

Le forgeron grimaça, son double voulait combattre mais c’était trop risquait. Il secoua la tête et évita juste à temps le coup de son adversaire en s’accroupissant. Continuant sa course, le séducteur trébucha sur Raven et s’écrasa contre un tas de tabouret.

« Danse pour moi ! »

Une fois remit sur pied, Raven embrasa ses manches et le bas de son pantalon. L’homme se tortilla dans tous les sens pour donner un spectacle hilarant à tous les clients de la taverne. Une fois le feu éteint, vexé, le blondinet s’en alla, continuant de proférer des insultes.

L'homme ne semblait pas avoir apprécié qu'un jeune almer se mêle de tout ça. Il faut dire que l'inconnu c'était montré assez direct et provocateur. Un sourire satisfait marqua le visage d'Elyncia alors qu'elle observait le visage furibond de son agresseur. Il était fou de rage et Elyncia se délecta de ce sentiment de colère. Il allait faire une erreur, une grave erreur. Cet idiot avait décidé d'affronter son "sauveur" qui savait se défendre bien mieux que son agresseur portait ses coups.
Le résultat n'en fut que plus hilarant quand il tenta une attaque direct tandis que l'almer se baissait. Elyncia saisi alors sa lance et frappa l'homme dans le dos, le poussant avec le pommeau de fer qui terminait le corps de bois de l'arme. Il se retrouva donc à terre et l'autre homme décida de le ridiculiser une fois de plus en mettant le feu à ses habits, l'obligeant à fuir sous les rires de la foule et d'Elyncia. *Bien fait, sale pervers !*

Elle s'approcha de l'homme qui venait de la tirer d'une situation bien délicate avant de lui adresser un timide "merci". Elle lança un regard vers le tenancier qui l'interrogeait du regard pour savoir si elle allait bien :

- Ne vous inquiétez pas. Je vais bien,
lui dit elle en rougissant. Je suis désolé pour tout ce grabuge.

Le tenancier parut gêné un instant, avant de finir de remplir la pinte de la jeune femme et lorsqu'il lui apporta, il lui intima d'arrêter son geste lorsqu'elle voulu sortir de sa bourse quelques Talents pour payer sa consommation.

- Celle-ci vous est offerte par la maison.

La jeune femme ne pris même pas la peine de protester devant le sourire bienveillant du vieux bonhomme, se résignant à accepter ce cadeau. Elle lança alors un nouveau regard vers l'homme qui l'avait tiré de cette délicate situation et l'invita à s'asseoir près d'elle.
Une fois qu'il l'eut rejoint, elle lui demanda :

- Que souhaitez-vous boire ? Je vous dois bien ça après tout.

Elle attendit que l'homme lui réponde avant de passer commande au tenancier, puis elle continua :

- Je m'appelle Elyncia. Encore merci pour tout à l'heure. J'airais dû prévoir ce genre de réaction mais la fatigue semble avoir de bien mauvais effets sur mes réflexes.

[HRP : désolé pour ce poste bien minable mais bon... je ne voulais pas te faire attendre plus longtemps]

Invité

Le temps qu’il rejoigne sa place, la jolie jeune femme eut le temps de lui adresser un timide merci. Continuant sa route sans trop prêter attention à son remerciement – c’était tout à fait normal de réagir de la sorte – il regagna sa place en quelques pas avant de continuer à regarder la scène.

La jeune femme était gênée : le tavernier était apparemment tombé sous son charme. Ce dernier semblait s’inquiéter de ce qui venait de ce passé mais Raven se doutait que ça ne devait pas être la première fois. C’est trop courant pensait-il. Le tenancier de l’auberge remplit le verre de la jeune femme d’une bière avec une légère mousse. La lui offrant avec un sourire qui laissait apparaitre des dents disgracieuses, il s’enquit de lui faire comprendre qu’elle n’avait pas à payer. Cela fait, elle dirigea son regard vers le jeune forgeron qui remarqua que ses yeux étaient d’un bleu profond.

* Elle est vraiment ravissante, je comprends pourquoi ce type était tenace

- Et ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants… C’est si… pitoyable ces sentiments… La violence, il n’y a que ça de vrai !

- Tu ne peux pas comprendre…*

Arrivé à une table assez proche, la jeune demoiselle fit signe à l’homme de s’approcher. Cela fit sourire le jeune homme : n’osait-elle pas l’approcher et venir à sa table ? Le forgeron vida sa chope d’une traite avant d’aller à la rencontre de la Cydienne. Cette dernière était encore plus ravissante de près ce qui ne déplaisait pas au jeune homme qui la balaya un instant des yeux et, lorsque leurs regards se croisèrent, le teint des joues de Raven rosit un peu. Elle lui demanda ce qu’il voulait boire, déterminer à lui offrir.

« Non, c’est tout naturel ne vous en faite pas… Vous auriez fait pareil si vous étiez à ma place mais comme je me doute que vous allez m’obliger à choisir – car j’en ferai de même – je veux bien une bière »

Elyncia. C’est sous ce nom qu’elle s’était présentée. Sa voix était aussi agréable que sa beauté mais il fallait se ressaisir. Il ne devait résister à la tentation. D’après ses dires, la jeune femme était fatiguée. Ce devait être pourquoi elle oublia de demander le nom à son interlocuteur. Le jeune homme lui sourit avant de lui répondre.

« Si ça vous intéresse, je m’appelle Raven. Enchanté de faire votre connaissance. Serais-ce indiscret de vous demander où est-ce que vous vous dirigez ? »

Il semblait que le charme de la lancière avait encore fonctionné malgré elle. La jeune femme le sentait plutôt fébrile face à son physique. Il faut dire que ce n'était pas le premier et surement pas le dernier. Lorsqu'il se présenta, Elyncia trouva qu'il était atypique pour un almer d'avoir un nom pareil, mais au moins, ça avait le mérite d'être original. En tout cas, le jeune homme n'était pas aussi timide qu'elle ne l'était et c'est lui qui lança la suite de ce que pouvait être une discussion. Il lui demanda où elle se rendait. Sans doute avait-il remarqué que la jeune femme n'était pas du coin. Elle lui répondit alors :

- Je me rends à Cydonia... enfin j'y retourne plutôt. Mon Capitaine à besoin de moi pour humilier les nouvelles recrues. Généralement, soit ça leur zappe le moral, soit ça les renfrogne. Les hommes sont si bêtes parfois qu'ils n'envisagent même pas le fait d'être battue par une fille, même si elle est plus expérimentée qu'eux. Question d'orgueil et de fierté j'imagine...

Il fallait avouer qu'Elyfed Tanurin n'était pas tendre avec ses hommes et chacun avait le droit à un traitement particulièrement dur, elle sans doute plus que les autres. Sans doute était-ce pour la décourager ou bien Elyfed avait-il confiance en ses compétences ? Elle n'avait jamais réussit à le déterminer. Elle savait juste que son père le considérait comme l'un des meilleurs capitaine de toute l'armée cydienne, et être sous son commandement était enviable d'après lui. Seulement cette fois-ci elle n'avait pu profiter de la fête de fiançailles de son frère et considérait ce privilège comme un plaie. Ses pensé revenant à son sauveur, elle continua :

- Pourquoi cette question ? Vous cherchez un compagnon de route ?

Elle attendit la réponse du jeune homme en s'enfilant une bonne gorgée. Elyncia avait une sacrée descente mais n'avait pas l'habitude de se rendre ivre. Seulement aujourd'hui, la fatigue et le fait de ne rien avoir avalé de la journée allait sans doute la surprendre au bout de la troisième pinte qu'elle prendrait. En attendant, elle ne s'en souciait pas.

Invité

Raven écoutait attentivement les dires de sa charmante interlocutrice. Il apprit, du moins pu supposer, qu’elle devait être soldat assez haut gradé. Seule femme parmi un univers typiquement masculin, il pensa qu’elle devait avoir un fort caractère et qu’elle devait être fort douée dans la maitrise des armes.

La jeune fille continua en lui demandant s’il cherchait un compagnon de route. A vrai dire, il n’y avait même pas songé. Il avait juste posé cette question quand le but de lancer un début de conversation. Le jeune homme réfléchi un instant avant de répondre. Ce pourrait être bien d’être accompagné, en plus par une jolie femme, pour rentrer à Cydonia cependant s’il se comportait bizarrement et qu’il l’attaquait…

* Le chemin de Tamawa à Cydonia n’était pas très grand… Je suppose que tu te retiendras ce temps-là… Enfin j’espère*

Il n’eut aucune réponse de cet autre être qui vivait en lui. Cela le troubla quelque peu : bon ou mauvais présage ? Après un petit moment de réflexion, le forgeron esquissa un sourire et répondit à Elyncia.

« Eh bien, j’avoue ne pas y avoir songé quand j’ai posé la question. Au départ, ce n’était que pour débuter un semblant de conversation mais… Me rendant à Cydonia également, il me serait fort agréable que nous faisions le chemin ensemble. Si ça ne vous dérange pas, bien sûr. »

La porte de la taverne s’était ouverte, laissant entrer le froid en même tant qu’un nouveau client. L’air frais s’engouffrant dans la salle ne put que faire frissonner Raven. Il regarda le nouveau jeune homme avant de reporté son attention sur Elyncia qui n’avait encore rien dit.

Ainsi donc, lui aussi se rendait à Cydonia. D'habitude, la cydienne avait l'habitude de se déplacer seule, non pas parce qu'elle en avait envie mais parce qu'elle était bien trop timide pour demander à quelqu'un de l'accompagner le temps de la marche. Mais bon puisque cette fois la dialogue était déjà engagé et que le jeune almer avait la même destination, elle n'allait pas rendre cela compliqué.
Elle voulu répondre quand la porte de l'établissement s'ouvrit, laissant entrer une bourrasque glaciale qui fit frissonner autant le jeune homme que la jeune femme qui réfréna tout de même cette sensation par habitude. Elle reprit donc, observant du coin de l'oeil l'entrée, vérifiant de ne pas être coupé encore une fois par l'arrivée d'un client :

- Et bien si vous avez une monture qui puisse suivre Laedy, pourquoi pas. Dans les pire des cas, je vous prendrait derrière-moi. Vous savez monter à cheval j'espère ?

Si ce n'était pas le cas, elle allait être retardée mais qu'importe. Elyfed n'était pas au jour près, surtout que c'est entièrement de sa faute de l'avoir laissée partir alors qu'il allait surement avoir besoin d'elle. *Ca lui servira de leçon tiens. Même pas cinquante ans qu'il est déjà gâteux !*
Après qu'il lui eut répondu, Elyncia commanda une nouvelle bière que le barman lui servit alors qu'elle sortait deux talents de sa bourse. A partir de là, un silence gênant s'installa, Elyncia ne sachant que dire. Elle n'avait pas vraiment l'habitude d'amener les sujet de conversation. Elle se mit à rougir de son inexpérience dans le domaine réfléchissant à ce qu'elle pourrait bien lui poser comme question. Rester sans rien dire la rendrait vite mal à l'aise :

- Euh... vous l'avez peut-être dit, mais je ne suis pas sûre... euh... vous... vous faites quoi dans la vie ?

Invité

La jeune femme n’avait eu qu’un léger frisson lorsque l’air s’était rafraichit. Elle devait avoir un entrainement contre le froid, du moins c’est ce qui semblait le plus logique à Raven. Fixant la porte, elle répondit au jeune homme d’une réponse a laquelle il ne s’attendait pas le moins du monde. Une monture ? Il n’en avait pas. A vrai dire, il n’avait même jamais monté de sa vie mais, à voir, cela ne semblait pas trop difficile. Il fit un « non » de la tête avant répondre à la question.

« Je n’ai pas de monture ni la vantardise de croire que je puisse vous dépasser à pied. Je pense, en revanche, ne pas avoir de problème pour monter derrière vous »

La fin de sa première phrase avait un ton d’ironie mais la deuxième était assez sérieuse. Il avait quelque peu menti mais il n’avait pas envie de paraître incapable aux yeux de la charmante dame qui lui tenait compagnie. Les yeux du forgeron s’écarquillèrent et il sembla être plongé dans ses pensées pendant quelques secondes. Une céphalée violente se fit ressentir comme d’habitude et il se tint la tête avec la main.

* - Tu vois que tu as les qualités d’assassin… tu mens très bien
- Non ! C’est juste que…
- Tu as menti ! Quelque soit tes intentions alors ne cherches pas d’excuses. *

Revenu à son état normal, il sourira l’air de rien à la jeune femme en lui disant que ce n’était rien, juste un petit mal de tête passager. Le silence s’installa. Apparemment, la demoiselle ne savait pas quoi dire et, lorsqu’elle ouvrit la bouche, ses joues se tentèrent de rouge et la timidité fit son œuvre. Elle était très mignonne à bafouiller ainsi. Raven posa ses coudes sur la table et sa tête sur ses mains, la regardant dans les yeux pendant qu’elle essayait de lui demandait ce qu’il faisait dans la vie.

« Je suis forgeron et installé à Cydonia. D’ailleurs, si vous avez besoin d’une arme, quelle qu’elle soit, je serais heureux de vous en forger une… voir de réparer si besoin. D’après la raison de votre retour, je suppose que vous êtes un soldat assez haut gradé. Me tromperai-je ? »

Il appela le tavernier lui aussi pour commander une autre bière avant de remarquer quelque chose de très important. D’un coup, sans prévenir, il s’adressa à la jeune femme.

« Au fait, nous pourrions peut-être nous tutoyer, non ? »

Il prétendit pouvoir monter derrière elle et elle ne chercha pas à savoir s'il s'agissait d'un mensonge ou non car elle n'en avait pas l'intérêt à vrai dire. Quand elle le vit se prendre la tête en serrant les dents, elle eut l'impression qu'il était absorbé ailleurs. Mais il l'a rassura vite en lui faisant comprendre que ce n'était rien. Son ton n'était pas vraiment convainquant mais elle décida de ne pas y faire attention. Et puis l'alcool la rendait confiante. Et puis il était plutôt sympathique comme garçon. D'ailleurs il lui apprit qu'il était forgeron et lui proposa ses services si un jour elle en avait besoin. La jeune femme lui lança tout en souriant :

- Et bien normalement c'est mon Capitaine qui prend en charge l'équipement de la plupart de ses hommes qui n'ont pas forcément les moyens de payer un forgeron. Il connait un très bon forgeron mais parfois, les commandes ne sont pas toujours réglées rapidement à cause de certains impondérables. Je lui parlerai donc de vous.

Elyncia hésita un moment puis elle se décider aussi à lui parler d'une commande qu'elle pourrait lui passer :

- Et dans l'immédiat, si vous pouviez me préparer une demi-douzaine de couteaux de lancer, je serrais ravie de les prendre chez vous.

Elle y avait réfléchit un bon moment notamment à cause des réticence de son père à utiliser ce genre d'arme. Il disait qu'il trouvait cela lâche d'utiliser des armes de jet mais c'était sans doute l'amour du combat à la lance qui parlait pour lui. C'était la seule arme qu'il n'avait jamais su utiliser, et Elyncia se posait la question de savoir de ce qu'il penserait d'elle si elle venait à se servir d'un autre style de combat que celui qu'il lui avait enseigné. Pour lui, il s'agissait d'un héritage inaliénable, immuable. Mais Elyncia voyait le combat à la lance comme un art qui avait besoin d'être créatif. Alors qu'elle était encore jeune, il détestait la voir s'amuser à attirer les clients à l'auberge grâce à ses spectacle de saltimbanque qui n'avait rien avoir avec l'art du combat.
Lorsque Raven lui demanda si elle était un soldat haut-gradée, elle lui lança un regard surpris, se demandant ce qui avait bien pu lui faire penser une telle chose. Elle lui répondit alors ainsi :

- Et bien vous faites fausse route, Raven. A vrai dire, il n'y a pas sept mois, j'étais encore à l'école militaire. Et pour le moment, même si les occasions de prouver ma valeur se sont faites nombreuses, je n'ai pas encore eu la joie d'être promue.

Mais elle sentait que ça allait bientôt changer. Elle avait vu faire son capitaine avec son ancien lieutenant devenu désormais capitaine de son propre bataillon. Il lui confiait des tâches à effectuer en solo et sa manière de se comporter avec lui était plus... affectueuse. Une fois elle l'avait vu lui tapoter la tête en lui disant qu'il avait fait du bon boulot, alors qu'il ne l'avait jamais fait avec de simple bidasse qu'il considérait comme de simple cancrelat. Et après sa mission à Ptot-Tàh, il avait réitéré ce geste avec elle, et elle avait ressentit alors ce même sensation étrange que l'autre fois.

- Mais je dois avouer qu'il n'hésite pas à me donner des taches importante à accomplir. Parfois il m'autorise à mener l'entrainement des recrues comme je l'entends.

Juste le temps de deux ou trois gorgées, le silence se réinstalla précairement, et Raven lui demanda alors soudainement s'ils pouvaient se tutoyer. Elle se mit alors à rougir comme une jouvencelle éperdue, bien que l'expression était plutôt mal choisie pour le cas de la douce lancière. C'était juste encore une fois sa grande timidité qui faisait cet effet.
Elle n'avait pas l'habitude de s'adonner à ce genre de familiarité et il fallait longtemps avait qu'une personne puisse être tutoyée de sa bouche. Le fait qu'on la tutoie elle ne la dérange pas mais l'inverse, si. Elle arrivait à peine à tutoyer Kyle, alors qu'elle le voyait souvent à Cydonia. D'ailleurs, les raisons qui le poussaient à rester dans la cité lui étaient inconnues, mais elles l'effrayaient. Après tout, Kyle était un Crépusculaire et le savoir proche de Soren et de l'Ordre Zélote n'était franchement pas de bon augure. Elyncia n'avait évidemment rien dit, car elle commençait à connaitre le nùa et elle savait qu'il n'était pas méchant, même s'il était un peu bourru. Et c'était sans compté la dette qu'elle lui devait pour l'avoir aidé à sauver son frère. Elle n'avait pas le droit de le dénoncer à l'Ordre, même s'il était de son devoir de protéger Cydonia. Qu'importe, là n'était pas la question. La question de Raven attendait une réponse, mais elle ne savait pas vraiment quoi répondre de peur de le vexer. Et contre toute attente, elle décida de prendre sur elle-même :

- Je ne garanti pas de pouvoir vo... euh te tutoyer à chaque fois, mais j'essayerai.

Ce n'est que maintenant qu'elle le remarquait mais, il était vraiment jeune. Il devait à peine avoir son age mais quelque chose lui faisait sentir qu'il ne faisait pas parti du même monde. Elle se demandait quel genre d'homme il était, c'est pourquoi elle se permit de lui poser quelques questions :

- Puisque vou... euh tu m'as posé une question assez indiscrète tout à l'heure, il est normal que ce soit mon tour non ? Sa voix avait pris un ton plein de facétie et elle se laissa aller à sourire une nouvelle fois avant de continuer. Je me demandais ce que tu faisais à Tamawa. Il est rare que les forgerons se déplacent, non ?

Invité

Suite à sa proposition de lui confectionner une arme, Elyncia lui raconta qu’il y avait déjà un forgeron s’occupant des armes de l’armée. Elle proposa cependant de faire parler de lui à son capitaine. Quelle chance ça serait pour un jeune forgeron d’avoir des commandes de l’armée dès son installation. D’autre part, la demoiselle semblait désireuse de couteaux de lancer. Ce n’était pas trop un problème et il promit de lui en forger dès son arrivée.

« Il serait bien aimable que vous parliez de moi à votre supérieur. Cela pourrait fortement m’aider au niveau finance que d’avoir certaines commandes de l’armée. Et en ce qui concerne vos couteaux de lancer, je serai ravi de vous en forger dès mon retour à Cydonia. »

La discussion s’enchaina sur le grade de la jeune fille. Le jeune homme s’était complètement planté. Bien qu’elle ait la mission de martyriser les nouvelles recrues, elle n’en était pas moins une jeune soldat, elle-aussi. Néanmoins, Elyncia avait la prestance d’un haut gradé.

*Si elle doit déjà s’occuper de l’entrainement des recrues, elle devrait bientôt être promue*

La jeune fille s’engagea d’essayer de le tutoyer, ne garantissant pas le résultat. Il est vrai que pour l’instant, elle avait du mal à utiliser le « tu », bégayant un peu lors du choix du pronom. Suite à la question indiscrète qu’il lui avait posé, elle s’enquit de lui en poser une en retour. Après tout, c’était un juste retour des choses.

Ce qu’il faisait à Tamawa ? Une pause avant de rentrer à Cydonia. Il sourit sachant que s’il ne disait que ça, elle devrait être bien frustrée. Il s’éclaircit donc la gorge avant de commencer un petit résumé de ce qu’il avait fait. Il tâcha néanmoins d’effacer les moments où son double s’était manifesté.

« Eh bien, en réalité j’ai fini mes études de forgeron il y a peu. Cependant, je n’ai pas eu l’occasion de continuer dans ce domaine à cause de ce qui s’est passé à l’orphelinat et je suis donc parti… »

En réalité, il avait complètement sombré lors de la mort de son ami et son jumeau maléfique ne se priva pas de cette faiblesse. Ils avaient finir par « s’entendre » pendant l’examen d’acceptation en tant qu’assassin mais aujourd’hui, l’entente n’était plus ce qu’elle était. En effet, reniant son deuxième métier qu’il haïssait, le « bon » côté s’était attiré les foudres du « mauvais ». Son esprit était si fragmenté et si compliqué… Il soupira et repris son récit.

« Quand je me mis en tête de reprendre l’activité de forge, je savais que j’avais encore le niveau de pratiquer. Aussi étrange que cela puisse paraitre, je me dirigeai vers les différentes cités – cherchant même Muria mais là j’ai eu quelques problèmes – pour admirer le travail des forgeurs. Il n’est pas vraiment pareil. Ce ne sont que des détails, mais je trouvais cela important avant de reprendre mon activité… Je suis passé par Silmarie, Storghein avant de décider de rentrer, Ptot Tàh étant détruite. Voila la raison de ma présence ici… »

Il avait fait court. Il n’était pas sur que toutes les péripéties qu’ils avaient traversés intéressait vraiment son interlocutrice.

[HJ : désolé pour le temps que je met à répondre mais je commence bientôt mes examens d'où le fait que je suis un peu moins présent]

Elle l'écouta sans l'interrompre et sans oublier d'afficher son sourire éclatant. Elle aimait beaucoup entendre les autres parler de leurs occupations car souvent il était intéressant de connaitre les détails de leur vie quotidienne, non pas parce qu'elle était une mégère, mais surtout parce que cela lui faisait oublier la dureté de son propre quotidien. Souvent elle devait jongler entre les rôles de fille, de soeur, de jeune femme mais aussi de militaire et parfois il lui était difficile de se détacher d'un de ces aspect de sa vie pour en passer à un autre. Elle se demandait toujours si les autres n'avaient pas eux aussi du mal à remplir les leurs et souvent elle remarquait qu'elle n'était pas la seule à ressentir ça.
C'était surtout l'obsession de son métier qui la poussait à penser pareillement, et apparemment, Raven était quelqu'un qui se dévouait avec passion au sien, et il fallait avouer que le métier de forgeron était avant tout un art qui tirait son essence de la culture des peuples. Elyncia savait de quoi il parlait parce que son père lui avait raconté l'histoire de son héritage familiale : la lance qu'elle portait.

- Oui le travail des autres forgerons est important pour celui qui en est un et je comprends ce que vous voulez dire par le fait que le travail de ces derniers varie. Après tout, les cydiens ne sont pas habitués à brandir une lance qui a une hampe semblable à la mienne, sans doute parce qu'elle fut forgé par un elfe. Paraitrait-il que mon arrière-grand-père aurait sauvé un forgeron de la noyade aidé de son frère. Pour les remercier, l'elfe leur proposa de leur forger une arme à chacun. Depuis ces deux lances sont transmises de génération en génération dans la famille Farëa, et j'ai donc hérité de celle-ci depuis que mon père ne peux plus combattre avec. C'est pour cette raison qu'elle peut paraître quelque peu exotique.

Elle s'arrêta et un voile de tristesse se posa sur son visage en repensant au devenir de la jumelle de sa compagne, détenue par cette pourriture de Kaïlla. Plus que de la tristesse, c'était la colère qu'elle éprouvait envers elle de ne pas avoir eu l'occasion de la retrouver après qu'elle eut libéré son frère de ses griffes. *Cette sale garce ne paye rien pour attendre.*

- Si tu veux, tu peux y jeter un coup d'oeil.

Elle pointa la hampe vers lui pour qu'il puisse en voir les détails. Elle était encastré dans une large bague de fer qui se prolonge sous la hampe, l'accompagnant jusqu'à un cran piqué après lequel s'étend le tranchant utilisé à la coupe et ce jusqu'au fer de lance où commencent des gravures dorées représentant du lierre qui revient en serpentant vers le bois.

- Mon Capitaine m'a assuré que cette hampe était digne d'orner la lance d'un grand Général... et il s'est aussi plaint de son coup d'entretien qui parait-il est en dehors des moyens d'un simple soldat. Mais étant de très bonne facture, elle ne s'abîme quasiment pas, enfin c'est ce qu'on m'a dit. Qu'en penses-tu ?

Le temps passe et jamais ne s'arrête.

Le changement de saison s'annonce et bientôt, le blanc manteau de l'hiver qui recouvrait ce monde laissera place à l'herbe grasse et aux timides rayons du soleil. Le silence cédera sa place au chant des oiseaux et le monde s'éveillera petit à petit, sortant lentement de son cocon de glace. Dans ce décor que le temps semblait avoir figé, le moment est venu de s'éclipser, de laisser la nature reprendre ses droits et le cours des choses se faire.

[ Désengagés : Raven, Elyncia ]
[ Elyncia, tu obtiens l'arme demandée. ]

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