[151-DP] La bataille des rois (Elyncia, Kyle, Iréa, Thémis, Soren) [Terminé]

Le printemps renaissait des ses cendres sous les pas lourds des armées, déterminées, qui avançaient en masse vers la cité des ruines. Les dirigeants s'étaient mis d'accord puis il avait fallu convaincre les différents conseils et les soldats de l'intérêt de se regrouper sous une même bannière jusqu'au jour où tous avaient compris que c'était là leur ultime espoir de survie. Le 12 Tombeneige sonnait tel le glas et tous espéraient surement que ce ne soit pas leur requiem de fin. La marche entamée vers la cité du Dieu Fou fut longue pour certains, près de deux jours mais tous arrivèrent finalement à bon port dans la soirée du 13. Les camps furent établis suffisamment loin pour en devenir invisibles des yeux d'Azael et de son impressionnante armée mais sans nul doutes savait-il déjà ce qui se tramait. Ses éclaireurs avaient du le prévenir mais peu importait, il était bien trop fier pour attaquer le premier ou alors, il était bien trop occupé à organiser sa défense. A moins que tout simplement, il ai ignoré la présence des armées grâce à quelques flèches aiguisées. Tel que cela avait été prévu, l'attaque fut lancée le 14 à l'aube, tandis que les premiers rayons du soleil pointaient à l'horizon. Une lumière rougeâtre illumina la scène tandis que tous retenaient leur souffle. Prise en étau mais pourtant stoïque, l'armée Erathienne attendait, son nombre étouffant les rires des plus malins qui pensaient remporter facilement la victoire.

On entendit de l'est à l'ouest de magnifiques discours de motivation, certains préférant remotiver une dernière fois leur troupes. La veille déjà, on avait entendu un Capitaine donner du courage aux troupes de Cydonia, une Femme à ses Sentinelles, une Autre à son armée reconstituée avec peine, un Compagnon et sa Reine aux troupes Astorgs et un Templier à ses compagnons d'armes. Tandis que le soleil baignait d'une lumière qui n'augurait rien de bon le champs de bataille, les deux armées se faisaient face. Les Erathiens étaient stoïques, attendant l'ordre d'attaquer et de tuer. Leurs lourdes armures ne semblaient pas les gêner outre mesure et pourtant, elles paraissaient peu enclines aux mouvements, peu être était-ce là leur seule faille ? Leurs armes d'ancienne époque auraient pu faire sourire si elles n'avaient pas été capables de fendre un crâne d'un coup d'un seul. L'impression de malaise, de haine et de néant qui émanait d'eux était palpable même pour un non Sensible. Leur peau blanche comme la neige de l'hiver passé, relevée par leurs barbes brune presque noir de jais donnaient une impression d'avoir à faire à des cadavres. Cette dernière bataille serait décisive et nul doutes que le sang coulerait. Ces terres arides seraient bientôt abreuvées du sang des braves et de leurs ennemis … L'herbe qui avait poussé partout dans la plaine serait bientôt noyée sous un torrent de sang. Les cours d'eau qui jonchaient la plaine de part et d'autre seraient bientôt à leur tour rassasiés par le liquide poisseux mais pour l'heure, le silence régnait. Les ennemis se faisaient face sans un mot, leurs armées bien organisées, leurs rangs bien propres. Seuls les battements de cœur incessants des soldats résonnaient à présent dans ce lugubre décor. Lorsqu'il apparut, plein de force et jaugeant d'un regard satisfait les armées adverses, tous savaient que la bataille ne tarderait pas à débuter.

Guerre, tel était son nom, tel était celui qui sonna la bataille des rois.

La charge fut sonnée après que chaque capitaine, chaque général ou chaque roi ai donné ses ordres. Dans cette lutte pour la survie même du peuple des vivants, seul l'espoir et la détermination sauveraient les âmes de tous ces soldats. Divers chants se firent entendre, divers ordres fusèrent et les belles armées bien rangées se dispersèrent parmi leurs assaillants. Désormais, seule une chose comptait, survivre, protéger ce qu'il restait du peuple des vivants de la folie d'un Dieu sans cœur.

Le front est.
Les magnifiques plaines d'herbe grasse s'étendait devant l'armée Cydienne seulement les soldats n'avaient pas vraiment le temps de voir la magnificence de la scène. Dans quelques minutes, leur Capitaine ordonnerait l'assaut et leur destin seraient liés. Le doux requiem se fit entendre et chacun partit droit devant lui pour lutter. Des idéaux, tous en avaient surement, tous se battaient pour quelque chose. Pour leurs femmes, leurs enfants, leurs religions, leurs terres, leurs cités … leurs vies. Thémis et Elyncia avaient suivis leur Princeps dans la mêlée, ils avaient joués des coudes et de leurs armes jusqu'à retrouver Kyle qui se battait déjà dans les lignes partiellement enfoncées de l'armée adverse. Encerclés et privés de vos alliés, l'aide d'Iréa, la jeune Templière de l'Aube, ne serait pas du luxe !

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[ Bon jeu ! ]

Ce jour là, le froid mordant de l'hiver n'était plus qu'un souvenir dans l'esprit des citadins et désormais, le soleil inondait de sa lumière bienveillante la belle Cydonia, réchauffant les coeurs de ceux qui avaient subit les malheurs de la saison précédente. Mais déjà l'inquiétude marquait leur trait de sa dureté insoutenable. Les cydiens ne comptaient plus les familles regroupé dans les rue, les femmes enserrant leurs maris ou leurs enfants dans leurs bras, pleurant toutes les larmes de leurs corps fébriles. Ce jour-là, la famille d'Elyncia n'y échappa pas. Nora, sa mère l'enveloppait de son étreinte, mouillant sa tunique de cuir qu'elle avait revêtue.

- Ne pleur pas maman. Mon ami Kyle sera là. Il me protègera.

Sa main caressait les cheveux grisonnant de sa pauvre mère qui ne semblait plus vouloir la lâcher. Elle ne le fit que lorsque une autre voix retentit derrière la lancière :

- Et puis nous aussi on sera là.

Le coeur d'Elyncia s'arrêta un moment dans sa poitrine tandis que sa mère la lâchait pour prendre son visage entre ses mains ridées permettant à la jeune femme de se retourner pour s'assurer qu'elle ne rêvait pas. Adrëan se tenait devant elle, accompagné de son autre frère qui s'avançait déjà à grands pas pour prendre sa soeur adorée dans ses bras. Elyncia ne perdit pas de temps et s'y jeta les larmes aux yeux.

- Et bien petite soeur... tu croyais vraiment que je louperais l'occasion d'aller botter les fesses de ces bâtards avec ma petite Elyn' ?! Surtout qu'ils ont osé défigurer le beau pays natale de ma douce Ealya. Alors je ne voudrais pas qu'ils abiment le joli minois de ma petite soeur... et puis Kashya ne nous le pardonnerait pas, ajouta Guy avant de rire.

Elyncia se joint à lui, posant son front sur l'épaule de Guy qui posa sa main sur le haut de son crâne pour la retenir contre lui. Il lui semblait qu'une éternité s'était passée depuis ce jour où elle s'était rendue chez les parents de sa fiancée pour fêter leur future union. D'ailleurs Elyncia commença à s'en inquiéter et l'interrogea :

- Ealya n'est pas venue ?

- Je ne voulais pas lui infliger un voyage à Cydonia. Elle est têtue comme une mule et une fois ici, elle aurait voulu nous suivre jusqu'à Erathia.

- Faites attention tous les trois...

Les enfants Farëa se retournèrent vers leur mère qui avait joint ses mains pour prier les Dieux de les épargner. Tous l'entourèrent en lui assurant que rien ne pourrait leur arriver sur le champs de bataille tant qu'ils resteraient ensembles. Elyncia se croyait être revenu au temps où elle jouait avec ses frères et Kashya. Elle espérait que tout pourrait se déroulé comme toutes ces fois où elle jouait à la chasse aux Astorgs avec eux. Si c'était le cas, elle ne craindrait alors pas la mort car jamais elle ne pourrait les faucher, ni elle, ni Adrëan, ni Guy et elle savait que Kyle ne comptait pas mourir non plus. Elle se demandait d'ailleurs où pouvait être le templier en ce moment. Elle supposait qu'il était avec les zélote et le Princeps.

Ils n'eurent pas le temps de s'attarder et embrassèrent rapidement leur mère avant de se rendre aux portes de la cité devant lesquels se formaient déjà les bataillons qui se préparaient à la longue marche qu'ils effectueraient jusqu'à Erathia.

*****

Les deux jours de marche s'étaient déroulés dans l'euphorie la plus totale. Elyncia et Guy, qui chevauchaient tous deux Laedy la jument du chasseur, s'amusaient à écouter les jeunes recrues se vanter de pouvoir tuer des centaines d'Erathiens. Elyncia elle aussi s'était prêté à se jeux de "celui qui a la plus grosse" en racontant la fois où elle avait combattu Maladie à Ptot-Tàh. De nombreux soldats s'étaient agglutinés autour d'eux pour entendre le récit de la belle lancière qui se tenait en équilibre sur la jument, mimant le combat contre le Cavalier. Kyle les avait rejoint et avait salué Adrëan qui l'avait accueillit par une poignée de main et une petite tape sur l'épaule, le tout accompagné d'un grand sourire. Le mercenaire lui était redevable de ce qu'il avait fait le jour où Elyncia et le templier l'avait libéré des griffes de sa folle de cousine et de Lloyd, et il comptait bien honoré la dette qu'ils avaient envers lui. Elyncia en profita alors pour lui présenter son deuxième frère qu'il n'avait encore pas eu l'occasion de le rencontrer sous les yeux ébahis des nouvelles recrues 5ème bataillon de Cydonia qui observait Kyle avec admiration.

Ce n'est que dans la soirée du 13 que les cydiens parvinrent aux abords d'Erathia, qui se dressait devant eux, menaçante. Des milliers d'hommes était là et ce de toutes origines. Nuàs, cydiens, astorgs, elfes... nulle race n'était absente. Le camps se monta très vite et bientôt les soldats se regroupaient autour des feux de camps, conscient qu'ils devraient se reposer pour la bataille qui s'annonçait. Oui demain serait une rude journée avec son lots de morts et de sang. Elyncia lisait dans les yeux des autres tous sentiments qu'ils voulaient bien montrer : peur, angoisse, excitation, le courage aussi. Là aussi la diversité était au rendez-vous.
La nuit était déjà bien avancée et la belle cydienne ne se sentait pas fatiguée mais se força à dormir ne serait-ce quelques heures pour ne pas s'effondrer au milieu de ce qu'elle imaginait être un gros foutoir. C'était sa première vraie grande bataille, et elle comptait bien y survivre. S'encourageant mentalement, elle ferma les yeux et plongea dans un sommeil sans rêves.

Elle se réveilla peu avant l'aube, son repos perturbé par l'agitation qui se fit autour d'elle. C'était leur de finir de se préparer. Les rangs se formèrent rapidement et sans aucun bruit. Seule la voix de Soren résonnait sur la plaine, criant son discours pour leur donner du courage, courage qui commençait d'ailleurs à manquer dans le coeur de certains qui avaient commencé à trembler à côté d'elle. Ce tremblement fut comme une épidémie et à présent, la lancière pouvait pratiquement palper la fébrilité de chacun de ses frères d'armes. Guy avait laissé Laedy à l'arrière puisqu'elle n'était pas habituer à guerroyer et Adrëan se tenait à droite d'Elyncia placée sur la troisième ligne, derrière la cavalerie qui serait la première à s'abattre sur les rangs Erathiens.
Que ce soit la lancière ou chacun des soldats de l'armée cydienne, tout le monde sentait venir la fin du discours de Soren qui annoncerait bientôt la charge. Et quand le moment arriva, Elyncia s'élança pour affronter la mort.
Elle courait à perdre haleine, regardant les cavaliers qui la précédait d'une centaines de mètres s'enfoncer dans la masse de soldats ennemis. Son coeur semblait vouloir éclater à l'intérieur de sa poitrine, et plus elle approchait, plus elle avait envie de libérer sa lance qu'elle se nourrisse du sang poisseux de ces monstres.
Elle n'était plus qu'à quelques mettre de ces colosses en armures et à travers les interstice de leur heaume, elle put apercevoir leurs regards sans âmes, brulants de haine au milieu de visages d'une pâleur presque cadavérique.
Elle prit une grande inspiration en voyant se lever la hache d'arme de l'Erathien le plus proche qui l'attendait.
Sans perdre de temps, elle mis la main à sa ceinture, récupérant un couteau de lancer avant de l'envoyer à la gorge de l'homme qui s'écroula impuissant, tandis que la vie l'abandonnait comme ses forces à la vue de son propre sang. Elle se rapprocha de celui qui se tenait à côté et délivra un coup d'estoc puissant qui le fit reculer quand il parra de son bouclier. Adrëan surgit alors et profita de la surprise prise pour trancher l'aine de l'Erathien qui plia, ne pouvant soutenir son propre poids. La lancière en profita pour porter une coupe qui ouvrit la gorge du pauvre homme.

Un autre adversaire avait déjà relâché son coups, et son épée se dirigeait vers la poitrine de la cydienne qui pivota pour présenter son dos, recouvert de son bouclier. Elle encaissa alors le choc du mieux qu'elle put, perdant un peu l'équilibre, mais Guy avait saisit l'occasion de planter son hallebarde dans le crâne de l'assaillant.
Elyncia ressentit un pas lourd juste derrière elle et en se retournant elle frappa à nouveau un coup d'estoc. Le fer de lance, s'enfonça dans l'oeil de sa nouvelle victime qui lâcha un cri de douleur. Forçant sur sa prise, elle fit basculer l'homme à terre et après avoir saisi un nouveau couteau de lancer, elle l'acheva avec. Relevant le regard, elle put voir un Erathien approcher Kyle sur le flanc. Sans hésité elle hurla son nom, lançant son couteau qui se figea derrière le genoux de l'Erathien.
Elle prit alors un moment pour souffler, regardant autour d'elle pour se rendre compte qu'elle était au coeur de l'action. Partout, alliés comme ennemis se battaient avec ferveur, tranchant, percutant, hurlant leur rage et leur désespoir, fauchés parfois par la mort et ce fut le cas, d'un de ses compagnons qui atterri près d'elle, défiguré par un coup de marteau de guerre.
Pestant, elle se redressa et se rua sur l'agresseur évitant un coup destiné à lui faire connaitre le même sort, puis elle joua de sa lance pour le faire reculer avant de le frapper dans une faille de sa cuirasse. Combien devrait-elle en tuer comme ça ?

Iréa lâcha un juron, guère élégant pour une jeune femme. Peu importait, personne autour d’elle ne s’en souciait. Comment s’était-elle débrouillée pour en arriver là ?

Ils étaient arrivés la veille et avaient rejoint les armées d’Azthia. C’était un spectacle impressionnant que tous ces gens allant et venant, toutes races confondues. Certains s’ignoraient superbement, la plupart se mélangeait peu aux autres peuples mais c’était déjà un quasi-miracle de les voir tous réunis ici sans que personne ne saute à la gorge de quelqu’un.
La Templière se souvenait très bien des sentiments qui l’avaient déchirée à cet instant. Il y avait une certaine satisfaction à voir se profiler ce que les Templiers espéraient depuis longtemps, à savoir une alliance entre tous les peuples, même si la durée n’était absolument pas garantie. Mais il leur avait fallu la guerre pour en arriver là, et elle était présente partout. Le campement respirait l’angoisse, l’excitation, la douleur des plaies récentes ouvertes dans le cœur des soldats.
Et puis il y avait l’impression d’être devant un gouffre insondable. Il leur fallait vaincre absolument le lendemain, sans quoi ce serait leur terre tout entière qui plongerait, et eux avec elle.

Le vent frais des matins de printemps ébouriffa un peu plus les cheveux d’Iréa, portant avec lui le signal de l’attaque.
La bataille de Cydonia avait été sa première expérience de bataille rangée et elle aurait préféré que ce soit la dernière. La jeune Almer ne se sentait pas à l’aise sur le champ de bataille, trop de monde, trop de mort, pas assez d’espace. Seulement, elle n’avait pas le choix. Comme elle l’avait dit à Jiven il y avait deux mois de cela, il n’était pas question d’attendre les bras croisés que les Erathiens et leur Dieu maléfique s’emparent d’Azthia. A son grand étonnement, elle brûlait de colère, un sentiment qu’elle n’affectionnait pourtant pas. Elle brûlait de leur faire payer tous les morts qu’ils avaient causé, toutes les vies qu’ils avaient brisé. Les images se succédèrent dans sa tête, des flashs éblouissants. Les yeux vides d’Aerin qui se remplissaient de larmes, sa petite voix d’enfant qui laissait échapper « I miss her. » Les rues désertes de Ptot Tàh, sa cité laissée pour morte, la voix chevrotante de son père qui lui annonçait que sa mère était morte. Les corps de ses compagnons d’armes au milieu des ruines de Tamawa et les larmes de ceux qui avaient survécu. La plaine verdoyante de Cydonia virant au rouge sang. Les boucles blondes et le sourire de la petite Jelenna, peu avant qu’elle parte dans le désert pour ne jamais revenir.
Une flamme dure s’alluma dans les yeux bruns, habituellement si pleins de douceur et de compassion. Comme son caractère tenait plus de l’eau que du feu, la colère se manifestait par une froide détermination qui virait à l’obstination.
Oui, ils paieraient.
La jeune femme s’élança et la lame bleue apparut dans son poing.

Iréa lâcha un juron, guère élégant pour une jeune femme. Peu importait, personne autour d’elle ne s’en souciait. La mêlée l’avait entraînée loin de Jiven et des Pilleurs. S’étant trop enfoncée dans les lignes erathiennes, elle se retrouvait coupée de l’armée alliée, même si celle-ci n’était pas bien loin. La Templière se baissa pour éviter un coup de taille, en profita pour empaler son adversaire sur sa lame, se retourna juste à temps pour parer un nouveau coup. La bataille n’avait pas commencé depuis très longtemps mais la couleur de son arme runique disparaissait déjà sous le rouge sombre du sang. Après avoir réglé leur compte aux quelques ennemis les plus proches d’elle, elle s’aperçut qu’elle n’était pas tout à fait seule : quelques autres personnes avaient poussé aussi loin qu’elle dans l’armée adverse. La plus proche d’elle était une lancière dont les longs cheveux…verts ? s’échappaient du casque, et qui fauchait les Erathiens avec une redoutable efficacité. Entre deux affrontements, Iréa la vit lever la tête et retint une exclamation surprise : la fille devait être encore plus jeune qu’elle ! L’inconnue hurla un nom et se précipita au secours d’un homme. L’Almer reconnut les cheveux et la peau sombre des Nuas – et une part d’elle-même s’étonna de sa capacité à noter tous ces détails alors qu’elle était assaillie de toutes parts ! Certains réflexes étaient vraiment étranges. Elle entreprit de remonter jusqu’à ses alliés mais avant qu’elle ne parvienne jusqu’à eux, un Erathien voulut prendre en traître la jeune lancière, déjà aux prises avec un ennemi. Trois hommes, dont celui qu’elle avait appelé Kyle, combattaient non loin d’elle mais aucun n’était assez proche pour lui venir en aide assez rapidement. Iréa rassembla son Esprit et le précipita vers la demoiselle aux cheveux verts.

**Attention ! Derrière toi !!**

La fille se baissa juste à temps, si bien que l’arme de l’Erathien qui avait voulu l’attaquer par-derrière se planta dans le corps de celui avec lequel elle se battait. Elle en profita pour achever le premier.
Lorsqu’elle se releva, son regard croisa celui d’Iréa qui les avait rejoints à présent, et elle sembla comprendre que la Templière était à l’origine de la mise en garde.

Rien ne ressemble plus à une bataille qu’une autre bataille se disait Kyle alors que les deux armées se défiaient du regard avant l’assaut imminent pendant que conformément à la tradition les différents généraux encourageaient leurs troupes. Le spectacle qu’il avait sous les yeux lui rappelait celui, pas si lointain, de la bataille de Cydonia, sa première vraie guerre, puisqu’il avait été cantonné aux lignes arrières à l’époque de l’invasion de Tamawa par les Almers. Ce souvenir en réveilla d’autres plus douloureux et le templier se reporta sur le présent. Le discours du Princeps Soren touchait à sa fin, machinalement Kyle jeta un regard sur les troupes régulières de Cydonia à côté de la leur, principalement des mercenaires et des civils. Il repéra rapidement Elyncia et son frère, tout entier à l’écoute du discours de leur général.

Puis les discours prirent fin et l’assaut fut donné, tous s’élançaient, les Templiers, les Astorgs, les Cydiens, les Amazones, même les elfes qui avaient été pourtant durement éprouvés par l’attaque récente de leur cité. Et peu après retentit le choc de la rencontre des armées, tel un puissant coup de tonnerre et ce fut le chaos …

La violence du combat était horrible, les lames tranchaient, le sang coulait et les hommes hurlaient. Kyle lui avait déjà arrêté de faire attention à ce qui l’entourait et sa rage comme libérée de ses chaînes refaisait surface comme jamais. Son épée était déjà rouge de sang et son armure, un vieux plastron d’acier qui avait connu des jours meilleurs, portait déjà la marque de nombreux impacts.

Il para un coup d’épée qui visait sa tête et attrapa le poignet de son adversaire pour le tordre. L’erathien ne lâcha pas son arme pour autant, mais Kyle réussi néanmoins à le faire chuter en le poussant en arrière sans desserrer sa prise sur son bras. Alors qu’il essayait de se relever, le templier posa la pointe de son épée dans le défaut de l’armure, au creux de l’épaule et poussa son arme tout en tirant sur le bras. Un flot de sang coula et son adversaire cessa de bouger, mais alors qu’il dégageait son arme, un avertissement retenti derrière lui.

Il se retourna juste à temps pour voir l’erathien qui le chargeait trébucher et tomber à genou, blessé par un couteau. Kyle ne prit pas le temps de réfléchir et il porta à deux mains un puissant coup ascendant qui cueillit son opposant au creux du menton, faisant voler son casque avec un grand cri de rage. Sans s’arrêter pour regarder le visage de celui-ci, le templier fit un pas de coté en brandissant son arme bien haute, avant d’abattre sa lame et de le décapiter d’un unique coup.

Il tourna la tête un bref instant vers Elyncia dont il avait senti la présence un peu plus tôt, certain que c’était sa voix qui l’avait averti. Il faudra qu’il la remercie lorsque tout ceci sera terminé, mais pour l’instant il y a encore fort à faire. Et avec un hurlement de fureur il replongea au combat.

Le cœur battant, la petite demoiselle avait longtemps hésité devant la porte qui scellerait son destin. Sans doutes une demi-heure s'était déjà écoulée lorsqu'elle osa frapper contre le lourd panneau de bois qui refermait le bureau de son père. Le Consul ne tarda pas à faire entendre sa voix, demandant d'un ton pressé et étouffé par l'épaisseur du bois au visiteur qu'elle était d'entrer. Là encore, Thémis hésita un instant avant de rentrer, sentant son cœur battre à tout rompre mais un élan étrange parcouru son corps lorsqu'elle poussa le panneau et entra. Anatoli, son père, ne semblait guère plus étonné que cela de la voir entrer, à cette heure, sans doutes ne pouvait-il y avoir qu'elle pour venir le déranger avec quelques futilités. Dans le bureau du Consul se tenait également Liam, son cousin, ce qui fit grimacer de plus belle la jeune Clari. Elle avait espéré être seule pour demander à son père ce genre de choses et la présence de son cousin ne l'enchantait guère, d'une part, parce qu'elle ne l'avait pas revu depuis leur dernière altercation, et d'autre part, parce qu'il avait une piètre opinion d'elle, de ses compétences ou encore de sa personne. Pour finir, il parvenait bien souvent à retourner Anatoli contre elle.

* Pas cette fois. * pensa la jeune femme en fermant la porte derrière elle.

Anatoli n'avait que levé les yeux vers elle, interrogateur, se demandant surement qu'elle farce elle avait pu inventer cette fois-ci pour l'énerver. Nul mensonge et nulle farce dans les pas mal assurés de la demoiselle, simplement une réalité, douloureuse et lourde de sens, qu'elle devait lui annoncer. Thémis ferma un bref instant les yeux avant de souffler. Ce combat était surement plus pénible pour elle que celui qui viendrait prochainement, le soir-même pour être plus précis. La jeune femme observa tour à tour son père et son cousin et prit le parti d'ignorer ce dernier.

« Père, je suis venue vous annoncer que j'ai trouvé ma voie, que je souhaiterai votre assentiment. Voulez-vous bien m'écouter ? »

Thémis hésitait, en général, elle tutoyait son père mais cette marque de politesse nouvelle dans sa bouche lui était venue sans qu'elle n'y pense. Il y avait bien longtemps qu'elle n'avait plus peur de son père et même ce dernier choix en était la preuve. Elle l'aimait, ni plus ni moins, mais jamais la peur ne lui permettrait d'obtenir quoi que ce soit d'elle. Anatoli le savait surement mais peu importait. Il posa sur elle un regard étonné et intrigué mais se résigna et lui fit signe de s'assoir. Il s'attendait sans doutes au pire de sa part et Thémis ne pu s'empêcher de constater à quel point ces dernières années les avaient séparés. Beaucoup plus qu'elle ne le pensait.

« Père, j'ai longtemps réfléchi à ce que je voulais devenir. Longtemps, j'ai cru que vous n'accepteriez jamais celle que j'étais à cause de ma mère, mais je me trompais. Vous n'avez cessé de m'aimer malgré mes bêtises et mon insolence. Sans doutes ne suis-je pas la meilleure de vos filles, mais je suis l'ainée et en ce nom, je me dois de protéger ma famille. »

La jeune Clari marqua une pause avant de reprendre, beaucoup moins sure d'elle mais n'osant détourner pour autant son regard de son père.

« Je pensais venir en conquérante dans ce bureau mais finalement, c'est une faveur que je vous demande. Celle de me faire une nouvelle, une ultime fois, confiance en me laissant accompagner vos troupes. »

Anatoli n'eut pas le temps de répondre mais son visage s'était fermé à l'annonce de la demande de sa fille ainée. Ce fut Liam qui le premier réagit et, comme le craignait Thémis, dans un sens tout à fait opposé à ce qu'elle attendait.

« Toi ? Sur le champs de bataille ? Que serais-tu sinon un boulet pour ceux qui devront te protéger ? »

Thémis grimaça mais elle se dit que sans doutes les menaces de son cousin étaient fondées et sans doutes également son père les partageaient-elles. La demoiselle réfléchit un instant avant de reprendre, calmement, le cours de ses pensées. Elle avait prévu ce genre de réaction de la part du Consul et la présence de son cousin n'était pas un mal puisqu'il n'hésitait pas à lui dire ce qu'il pensait là où elle aurait surement du décrypter les impressions de son père et ses paroles.

« Je ne serai pas un poids. Ton inquiétude me va droit au cœur mon cousin, mais ne crains rien, je ne suis pas venue comme l'enfant que j'étais encore hier mais en la personne de l'adulte que je souhaite devenir. J'ai compris que ma vie, aussi chaotique que j'avais bien voulu la rendre, était scellée bien solidement autour d'une chose qui m'empêcherait toujours de sombrer. Vous. Père, et toi aussi Liam, vous êtes ma famille et sans vous, que serai devenue ma vie ? Si je souhaite aller aux côtés de vos soldats, c'est pour maintenir en vie cette cité que vous aimez tant mais c'est également pour vous, pour ne pas risquer de vous perdre comme bon nombre de ces femmes de soldats. Je ne veux pas être comme elles à regarder leur maris, leur pères et les fils partir sans rien dire d'autre que des mots doux et encourageants. Je veux être à vos côtés quitte à mourir plutôt que de vous pleurer. »

La jeune femme qui se tenait à présent devant son père semblait métamorphosée, bien loin de la petite peste qu'elle avait su être ces dernières années. Pourtant, Thémis savait que seuls les actes comptaient, que les paroles, aussi belles et douces soient-elles, ne pouvaient sauver qui que ce soit. Intimant le silence à Liam qui allait protester une nouvelle fois, elle se contenta de lui répondre, se doutant de ce qu'il dirait :

« Mon cher cousin, je ne suis pas venue te demander ton avis, il m'importe peu. Je parle à mon père et tu n'as rien à dire. Si j'ai pris cette décision, c'est également pour éviter à Alizée et à ta fille de se retrouver seules. Si je peux l'empêcher en donnant ma vie pour sauver la tienne, je le ferais alors cesse de m'importuner. Tu n'es pas en position de parler. »

Thémis passa sa main sur la joue qu'il avait il y avait peu de temps de cela, meurtrie. Son cousin poussa un juron mais n'opposa plus aucune résistance verbale bien que tout son corps trahisse son envie de la tuer, ou encore, de se moquer d'elle et de ses caprices. Une fois ce problème réglé, Thémis plongea son regard dans celui de son père et ajouta simplement :

« Je me suis entrainée avec les meilleurs de tes soldats, je ne risquerai rien, je sais me défendre et ma place ne peut demeurer plus longtemps ici si le sang doit couler. Je ne souhaite plus perdre, je veux protéger. »

Anatoli la fixa de longues minutes en silence avant d'ajouter simplement, d'une voix lourde des sacrifices qu'il s'apprêtait à faire.

« Mon ange, je ne pense pas avoir les moyens de te détourner de cette idée absurde néanmoins je te fais suffisamment confiance pour savoir que les mauvaises graines ne meurt pas facilement seulement si je ne peux t'empêcher d'y aller, je te demanderai de rester sous la protection de ton cousin et celle du Capitaine Henrick. »

Le cœur de Thémis fit un raté mais elle resta impassible.

« Père, je resterai en vie et je te promets que tu seras fier de moi ! »

Un sourire timide naquit sur les lèvres de la demoiselle et elle remarqua un certain apaisement sur les traits de son père tandis que Liam, visiblement en colère, prétendit devoir préparer ses affaires et sortit en claquant la porte. Thémis attendit que le bruit de ses pas se soient éloignés et que le silence retombe dans la pièce avant d'ajouter :

« Je dois préparer mes affaires également, puis-je prendre congés ? »

Le Consul observa sa fille, ne comprenant visiblement pas le changement de comportement de cette dernière mais peu importait, désormais, si elle se savait encore une enfant prête à faire des bêtises, et elle en faisait encore beaucoup, la jeune Clari savait également qu'elle était en bonne voie de devenir une adulte. Elle sortit du bureau et soupira, heureuse mais également profondément anxieuse du résultat de cette victoire. Sans le savoir, son père venait de lui offrir un beau présent, à savoir celui de combattre aux côtés de Soren sans devoir s'expliquer. Combattre … sur l'instant, Thémis frissonna. Elle avait choisi, mais son cœur lui hurlait qu'elle n'était pas encore prête. Se refusant de l'écouter, la demoiselle fila en direction de sa chambre prendre ses affaires.

~

Le chemin avait été long et Thémis avait souvent du calmer Lune pour qu'il n'agresse pas ses congénères. Elle avait pris la peine de le sceller et de l'apaiser à chaque fois que l'étalon avait tenté de se rebiffer. Lune n'était pas commode et Thémis était une des rares privilégiées à pouvoir s'en approcher. De plus, il serait surement son seul ami maintenant qu'elle avait du laisser le chaton à Cydonia. Personne n'osait lui parler et ce n'était pas plus mal car au fond, la jeune Clari avait envie de solitude. La bataille qui se profilait la terrorisait bien qu'elle tente de ne pas le montrer.

Devrait-elle tuer ? Bien évidemment … depuis longtemps elle le savait. Devrait-elle mourir pour sa cité ? Thémis savait qu'elle ne pourrait pas se sacrifier pour quelque chose qui la dépassait, si elle devait mourir, ce serait pour protéger ceux à quoi elle tenait et pour rien d'autre. Cydonia était sa patrie mais son cœur était libre de ne pas lui appartenir.

Alors que Lune avait enfin trouvé le repos du juste, Thémis décida de prendre sa forme de souris et s'infiltra dans la tente du Capitaine. Demain serait peut-être le dernier jour, elle ne voulait pas gâcher sa dernière nuit. Il était tard lorsqu'elle se glissa dans le lit de son amant déjà endormi. La jeune femme n'osait pas le réveiller mais elle avait besoin de le sentir une dernière fois contre elle. Si demain devait être le dernier, elle ne tenait pas à perdre cet instant de calme et de partage. Combien de temps lui fallut-il pour s'endormir ? Thémis l'ignora même au réveil, bien avant l'aube, mais peu importait. Si la peur gagnait ses entrailles aussi surement qu'une vie s'y développait déjà, elle était prête. Sans un mot, elle se glissa en dehors de la tente alors qu'il se préparait avant de se raviser. Elle attendit qu'il ai fini et se moqua gentiment de lui lorsqu'il observa tour à tour sa compagne et son armure.

« Veux-tu que je sorte ou dois-je t'aider à mettre ton armure ? » murmura-t-elle, consciente que si quelqu'un passait par là, ils étaient dans de beaux draps.

La conscience du danger la prit aux tripes mais elle réprima l'envie de le laisser et de répondre à sa pique. Insensible qu'il était, elle avait l'habitude de ses remarques et se contenta de l'aider à enfiler sa lourde armure en silence. A chaque fois, elle ne pouvait s'empêcher qu'elle l'aidait à aller au devant de la mort. Qu'elle allait au devant de la mort. Ce fut toujours en silence, un pâle sourire sur les lèvres, qu'elle quitta la pièce sous sa forme de souris pour rejoindre sa tente. Là, elle s'habilla rapidement, enfilant un pantalon de toile serré qui lui permettrai de se mouvoir correctement aux couleurs marron foncé. Pour le haut, Thémis avait opté pour quelque chose de provocateur, comme un dernier sourire à la vie au cas où quelque chose lui arriverait. Deux lanières transversales, de cuir tressé et de couleur marron, encadraient sa poitrine tandis que deux autres, verticales, jouaient sur ses épaules. Sa peau d'opaline ressortait particulièrement sous le cuir foncé mais elle n'en avait cure. Finalement, la demoiselle enfila des protections en cuir de même couleur sur ses avant bras, qu'elle avait préalablement emprunté à Flynn, resté à Cydonia. Enfin, elle déposa Equilibrium, sa chère épée gravée, le long de sa hanche gauche. Son poignard quant à lui fut fixé sur la partie supérieure de son avant bras gauche. Lorsqu'elle fut prête, elle sortit en silence et alla chercher Lune dans les écuries. Ce dernier piaffait d'impatience, visiblement impatient de se rendre sur le champs de bataille, ce qui n'était pas le cas de sa propriétaire. Toujours en silence, elle scella le cheval noir de geai et le monta pour se diriger ensuite vers l'imposante stature du Princeps.

Le discours que son compagnon prononça ne parvint pas à dépasser sa conscience. Thémis observait loin derrière le Capitaine les armées ennemies. Imposantes. Les Erathiens étaient terrifiants et leur vue avait suffit à faire voler en éclats les belles intentions de la jeune Clari. A présent, elle regrettait de s'être montrée si téméraire. Son cœur battait à tout rompre et sa tête lui hurlait de déserter mais Lune n'était pas de cet avis. Lorsque le clairon sonna, le bel étalon couleur de nuit suivit celui du Princeps et Thémis se souvint alors qu'elle était là non pas par envie mais par conviction. Parce qu'elle se refusait à perdre, parce qu'elle voulait seulement protéger.

La bataille commença moins d'un souffle après que le Capitaine eut cessé de parler et qu'elle se soit lancée à sa suite. Lune piaffait et Thémis sentait le poids de sa responsabilité se refermer avec fermeté sur son esprit. A présent, même si la peur la tenaillait, elle se souvenait de ce que Soren lui avait dit. La peur menait seulement à sa propre perte, si elle voulait gagner, elle devait l'éloigner de ses pensées et se battre avec autre chose. D'un geste ample, elle commença à lever une petite vague qui percutait avec la violence de la course de l'étalon tout ceux qui s'approchaient d'elle. Seulement, le destin avait décidé de la rappeler à l'ordre et de lui montrer qu'il ne lui suffirait pas d'être gentille et protectrice pour rester en vie, qu'il faudrait qu'elle se batte, pour de vrai. Qu'elle affronte jusqu'à les tuer ces hommes qui n'hésiteraient pas à lui prendre sa vie parce qu'elle était l'ennemie.

La flèche fila dans sa direction du moins, ce fut ce que Thémis pensait lorsqu'elle commença à lever devant elle, en signe de désespoir plus qu'autre chose, un rideau d'eau. Mais ce ne fut pas sa chair qui fut meurtri, du moins pas par la flèche. Lorsqu'elle se releva, moins d'une poignée de secondes après l'impact, elle se rendit compte qu'elle était à terre. Heureusement, ses protections de cuir avaient amorties le choc et elle s'en tirait avec tout au plus une égratignure. Liam se trouvait non loin et la protégeait de ses puissants coups d'épée. Reprenant ses esprits, la jeune Clari comprit alors qu'elle était tombée de cheval, que Lune avait été arrêté en pleine course par ..

« Lune ! » cria-t-elle, se moquant pertinemment de ce qui pourrait advenir de sa vie, oubliant même jusqu'à l'existence du champs de bataille sous ses pieds.

La jeune femme courut vers son étalon dont la poitrine se soulevait avec peine. Couché sur le côté, il avait reçu le trait qu'elle pensait lui être destiné. Les larmes se mirent à couler sans qu'elle ne sache quoi faire. Si, elle était médecin, du moins, elle voulait le devenir ! La jeune femme posa ses mains sur la plaie béante après avoir retiré la flèche dans un immonde gargouillis et un flot de sang. Ses mains s'étaient vite teintées de pourpre tandis qu'elle tentait de soigner l'animal dont la vie ne tenait qu'à un fil.

« T'en fais pas mon beau, je suis là ! Je vais te sauver ! Ne meurs pas ! »

« Abrutie, lève-toi ! » hurla Liam non loin.

La réalité était cruelle. La réalité était brutale. Thémis était venue pour protéger mais finalement, la question était plutôt de savoir ce qu'elle pourrait protéger si elle n'était pas prête à accepter de perdre. Que faisait-elle là ? Liam avait eut raison de la prévenir, sa place n'était pas ici. Il était cependant trop tard pour s'en rendre compte.

La perspective d'une bataille ne l'excitait pourtant pas.
Que nous content les chansons de ces moments de calme avant la tempête? La bravoure des soldats, le bruit strident des lames qu'on affute, les rires de camarades prêts à donner leurs vies pour vous. Une seule chanson a-t-elle essayé de rapporter la réalité de ce camps d'avant-guerre? Le silence du repas, les yeux qui ne se croisent pas, les feux du soir crépitant jusqu'à s'éteindre, étouffés, dans un souffle maladif. Alors que le froid de l'Hiver s'en allait jusqu'à l'année prochaine, les corps étaient encore glacés, raidis par des frissons, un vent gelé venant de ... L'intérieur. D'eux-mêmes.

Les armées... L'armée d'Azthia... Campait à quelques lieux d'Erathia et de la grande plaine sud. Les Grands avaient certainement conclu qu'à trop s'approcher, ils risquaient de se faire engager de nuit comme les soldats d'Azael l'avaient déjà si bien fait. Apprendre du terrain, réunir ses forces, tirer par le placement le meilleur de leurs hommes et de leurs femmes... Voilà la méthode de bataille rangée que Soren appréciait, et voilà comment ils allaient procéder demain. Plutôt que d'attendre, aléatoirement, que les Erathiens frappent encore, ils allaient toquer à leur porte avec épées et boucliers. De sombres superstitions racontaient qu'Azael pouvait, avec le temps, devenir encore plus puissant. Soren n'avait que faire des peurs de la religion: son véritable adverse était le bras qui tenait l'arme, pas la présence invisible au-dessus de tout. Serait-ce là leur seule et unique chance? Peut-être bien que oui, se disait-il tout en regardant un général de Cydonia bougeant des pions de bois sur la carte. Si toute l'armée d'Azthia ne pouvait rien ce coup-ci, que leur resterait-il? Mais il était difficile de faire des pronostiques, ne sachant pas comment les Erathiens allaient réagir à leur présence devant leurs murs: allaient-ils risquer un face à face, ou rester replier sur eux-mêmes tout en bombardant depuis leurs positions? Soren était intimement convaincu de la première hypothèse: la cité n'allait pas pouvoir tenir un siège, entourée d'ennemis sans un endroit pour se replier. A moins d'un nouveau tour de magie qui les téléporteraient à l'autre bout du continent, ils allaient devoir affronter l'alliance des cités contre eux.

Et si Azthia n'en sortait pas vainqueur... Alors il serait temps de penser aux dieux; mais pas maintenant.
Dernier debout à faire correspondre les effectifs au placement sur le terrain devant la table d'opération en plein air, il ne ressentait pas le besoin de dormir alors que la nuit était tombée. Cependant, il se doutait que l'aube signerait son réveil, et capitaliser du sommeil ce soir était ce qu'il avait de mieux à faire; certes, quelques heures de repos lui suffisaient par jour, mais il ne savait pas quand serai la prochaine opportunité de dormir qu'il aurait.

Mémorisant visuellement longuement les cartes, il les replia pour éviter tout espion et toute fuite pendant que l'état-major était dans leurs tentes respectives. Dénouant sa veste en cuir puis ôtant sa chemise blanche à manches longues, il se glissa sous les draps, sa hache à portée de main sur sa droite. Il observa d'abord longuement le toit de sa tente, puis se tourna sur le côté, face à son arme. Il n'était pas stressé; il savait que demain serait son devoir, que c'était son travail et sa destinée de soldat. Tout autre chose le détournerait de sa route, entraverait son bras. C'est ainsi qu'il s'endormit, c'est ainsi qu'il se réveilla.

Thémis était pire qu'un chat: elle se faufilait partout comme une ombre, un vent silencieux. Il n'avait dormi que trop lourdement, il n'avait même pas été capable de remarquer sa présence: était-il trop peu sur ses gardes, ou sentait-il sa présence au point d'être serein quand elle approchait?
Sans bruits, autant qu'il put avec son corps de guerrier, il s'extirpa du matelas . Dans un premier mouvement, il remplit ses mains d'eau froide qu'il se passa sur le visage, le bout de ses cheveux légèrement bouclés et roux sombre s'humidifiant. Relavant la tête, il s'essuya la barbe: celle-ci, datant que de quelques jours, ne le grattait pas encore. Il pouvait donc se permettre de la porter encore un peu avait de demander à la tailler.

L'attitude de Thémis lui parut étrange aux premiers abords: il lui gratifia d'un bonjour avant qu'elle ne sorte de la tente sous les premières lueurs du jour. Sentant son appréhension, il ne put lui refuser de faire office d'Écuyer: elle n'avait certainement jamais fait cela de sa vie, mais Soren ne pouvait revêtir son armure seul. Son second n'était certainement pas réveillé à cette heure -avait-il seulement dormi de la nuit?- et la douceur de son amante ne serait que bienvenue. Fidèle à son caractère, il bougonnait lorsqu'elle se moquait de lui ou serait trop fort.

Quand elle fut sortie, il accrocha Requiem dans son dos et ficela son arc sur sa monture. Il l'arnacha la bête solidement, puis entreprit sa tournée d'inspection, pressant les plus lents, levant le ton contre les retardateurs. La Mort est capricieuse et être en retard ne le rendait pas plus sympathique.
Quand hallebardiers, lanciers, archers, arbalétriers, piquiers et épéistes furent équipés, Soren ordonna la mise en rang. Très vite, il reçut un message écrit d'un état-major relatant la sortie des Erathiens hors de leur cité. La Mort était tellement capricieuse qu'elle voulait abréger cette histoire au plus vite. Diffusant ses ordres de rangées, déplacements, tactiques et mouvements, ils laissèrent le camp sur place et avancèrent dans une discipline impeccable.

Alors qu'ils firent face, aux côtés d'alliés ou d'ennemis héréditaires, à une armée de soldats sans âmes, Soren prit comme à son habitude la parole, levant le bras, haranguant la foule. Il ne parlait pas d'honneur, il parlait de justice. Il ne parlait pas de fatalité, il parlait de devoir. Il ne parlait pas de peur, il parlait de protection. Ces mots qu'il dit à Thémis dans leurs entrainements clandestins furent connus de ses Hommes à leur tour.
Thémis, où était-elle? Près de lui, il le gagerait, veillant sur lui comme elle l'avait déjà fait aux portes de Cydonia.
Et c'est ainsi que débuta le plus grand chapitre de leur temps.
Ce ne furent pas que des flèches qui fusèrent, mais aussi des éléments magiques: des mages ennemis étaient aux prises avec les élémentaires de toutes les cités, bataillant sur chaque centimètre carré d'eau, sur chaque flamme. Une secousse sismique le fit tomber de son cheval mais, roulant sur le côté, il amortit la chute. Seulement, il lâcha son arc dans le mouvement et détacha Requiem, sa hache à deux mains meurtrières.
Assez étrangement, ce ne fut pas le sang d'un Erathien dont elle s'habilla en premier: alors qu'il s'apprêtait à rejoindre le coeur même du combat, il remarqua la présence de Thémis assez près de lui. Là, au sol, elle s'acharnait à arrêter l'hémorragie de son cheval. Par les dieux et plus encore, elle mettait sa vie en péril pour un animal déjà mort!
Ni une, ni deux, il empoigna sa hache et, sans crier gare, il l'abattit froidement sur le cou du cheval. Mort, maintenant.

"Il n'y a pas de place pour les états-d'âme et pour l'apitoiement ici. Ta vie vaut plus que la sienne."

Le sang de la jugulaire tranchée de l'animal avait éclaboussé ses jambes, tandis qu'il pouvait admirer le magnifique tranchant de cette lame capable de décapiter un cheval en un mouvement. Il n'avait plus le temps, maintenant, d'enseigner à son amante: elle devrait à présent apprendre sur le tas.

De nombreux corps commençaient déjà à joncher le sol, que ce soit ceux des Erathiens ou ceux de ses alliés, et il allait en avoir de plus en plus jusqu'à la fin. Durant le combat, la lancière avait été séparée de ses frères qui s'étaient enfoncés avec un groupe d'alliés dans les rangs Erathiens, et un mur d'ennemis se dressait entre eux. En observant mieux la scène, elle remarqua qu'elle était même séparée du gros du groupe de l'armée cydienne. Heureusement, elle n'était pas toute seule car Kyle n'était plus très loin d'elle. Seulement, elle n'avait pas le temps de paniquer, non. Il fallait surtout qu'elle évite le coup de hache de l'adversaire qui était venu lui faire face.
Celui-là était plus rapide que ceux qu'elle avait tués juste avant et elle avait du mal à trouver une faille pour lui assener un coup mortel. L'Erathien tenta de lui enfoncer son arme dans le crâne mais la jeune femme dévia le coup avec sa lance. La hache se planta dans le sol et elle comptait bien profiter de cette erreur pour se débarrasser de cet enquiquineur. Mais une voix dans sa tête l'en empêchant, la prévenant d'un danger qu'elle n'avait pas remarqué. Instinctivement, elle se baissa, voyant filer une lance qui se planta dans le corps de l'autre Erathien. Sans perdre de temps, elle se retourna et frappa la lâche qui l'avait attaqué par derrière, regardant autour d'elle. Si elle avait reconnu le pouvoir de l'Esprit, ce n'était pas Kyle qui l'avait averti, mais une voix féminine sur laquelle elle ne tarda pas de mettre un visage.
Epée runique à la main, une almer un peu plus âgée qu'elle se tenait à quelques mètres. La lancière la fixa d'un regard plein de gratitude et elle se jura de lui rendre la pareille. Elle ne tarda d’ailleurs pas à le faire, voyant un groupe de trois colosses en train de s’approcher de la jeune femme par le flanc. Elle se mit à courir pour la rejoindre et la soutenir. D’un geste, elle bloqua l’avancé d’un Erathien avec sa lance, le repoussant vers l’arrière, le faisant trébucher quand son camarade de derrière le heurta, tandis qu’elle laissait à la templière le soin d’éliminer celui qui se dressait face à elle. D’un geste rapide et précis, la lancière attrapa un nouveau couteau avant de lancer sur l’Erathien encore debout qui s’en protégea en opposant son bras devant sa gorge. Elyncia étouffa un juron quand elle vit son arme rebondir sur l’acier des brassières de l’ennemi qui en profita pour frapper de sa hache. La lancière évita le coup en faisant un bond en arrière puis rapidement, elle frappa l’homme à l’épaule. Seulement, ce dernier retint la lance enfoncée pour qu’elle ne puisse s’en servir à nouveau alors que son ami qui s’était relevé, s’avançait vers elle. Ne voyant pas d’autre solution, elle lâcha sa lance, attrapant le bouclier dans son dos avec lequel elle para le coup qui lui fit néanmoins plier les jambes sous sa violence. Mais ne se laissant pas perturbé, elle prit en main son dernier couteau de lancer, le plantant dans l’entrejambe de l’Erathien qui, même s’il hurla de douleur ne parvint pas à couvrir la voix de la cydienne qui s’adressa à Iréa :

- Je te le laisse celui-là !!!

Se concentrant sur son combat pour récupérer son arme, Elyncia évita un nouveau coup de hache en plongeant avec une agilité féline. Roulant sur le sol, elle ramassa le couteau qu’elle avait lancé quelques secondes auparavant, puis en se relevant, elle l’enfonça dans l’abdomen de son adversaire qui fut néanmoins assez vif pour planter superficiellement sa hache dans l’épaule droite d’Elyncia qui senti sa clavicule se casser avant de reculer sacrément sonnée. Elle sentit son sang se faufiler à l’intérieur de sa tunique de cuir lui arrachant un rire nerveux, prise soudain de panique.

Elle pensa d’abord mourir, mais elle se souvint alors qu’elle ne pouvait s’y résoudre. Elle avait deux frères sur le champs de bataille, une meilleure amie qui devait surement se faire un sang d’encre, une mère qui ne supporterait pas sa mort, un père qui lui en voudrait de renoncer aussi facilement, mais surtout, il y avait Gabrielle. Elle ne pouvait pas mourir sans avoir sentit une nouvelle fois l’étreinte et les douces caresses de son amante. Retrouvant ses esprits, elle saisit sa lance avant de la tourner dans l’épaule de l’Erathien qui s’agenouilla, lâchant par la-même son arme. Puis elle la retira avant de l’enfoncer avec rage dans la visière du heaume qui émit un bruit sourd quand le fer de la lance transperça l’arrière du crâne du soldat.
Elle se dégagea ensuite, à bout de souffle, son visage crispé par un élancement de douleur. Elle se colla au dos de la templière, regardant un peu ce qu’il se passait autour d’elles. Kyle n’était plus très loin et tous les trois avaient été rejoints par le Princeps et une femme aux cheveux blonds. En temps normal, Elyncia aurait reconnu Thémis Clari qu’elle avait aperçue une fois quand elle avait accompagné son capitaine jusqu’au bureau d’Anatoli. Mais son corps et ses sens étaient mis à rude épreuve, et il lui était difficile de réfléchir ni de se souvenir normalement surtout que maintenant, elle avait une belle entaille qu’il fallait qu’elle soigne si elle ne voulait pas se vider de son sang en combattant.

[HRP : j'anticipe un peu les mouvements de vos personnages mais si ça vous gêne, je peux éditer sans problèmes]

Le temps de croiser le regard de la lancière, trois Erathiens l’attaquèrent sur le flanc. Elle érigea rapidement un bouclier qui lui évita d’être empalée sur la lourde épée à deux mains que maniait le premier de ses adversaires. Du coin de l’œil, elle vit la jeune fille courir vers elle avant que l’Erathien ne monopolise son attention. Avec son épée longue, il avait juste un peu plus de portée qu’ elle et la jeune femme avait du mal à passer sous sa garde. Au terme d’un long échange de coups, Iréa parvint enfin à se plaquer contre la cuirasse de son ennemi et lui planta son épée en travers de la gorge avant qu’il ait eu le temps d’esquisser un geste. Ces tas de ferraille étaient forts et résistants mais question rapidité, c’étaient de vraies limaces. Pas étonnant quand on songeait au poids que devait peser leur équipement !
La Templière retira son arme dans un geyser de sang et une rapide inspection des alentours lui apprit que la lancière avait pris soin des deux Erathiens restants. A vrai dire, l’inconnue lui laissait le soin d’en achever un, préalablement neutralisé par un couteau de lancer en plein dans l’entrejambe, tandis qu’elle en finissait avec le dernier adversaire, qui maniait la hache.
La jeune Almer acheva d’un rapide coup d’épée l’Erathien qui se tordait de douleur au sol, estimant que ce serait moins dangereux et même plus charitable.
Leurs adversaires ne leur laissant aucun répit, elle fut immédiatement attaquée par un autre ennemi, dont elle bloqua la première attaque en grimaçant. Ses bras étaient douloureux d’avoir encaissés les chocs répétés de l’épée à deux mains. Heureusement, sa propre arme ne pesait presque rien.
Elle esquiva la plupart des coups plutôt que de les parer, réussit à planter sa lame dans le genou de son ennemi qu’elle acheva en lui tranchant la gorge.
La jeune femme sentit la lancière se plaquer contre son dos, le souffle haletant. Elle avait perçu sa panique quelques instants plus tôt. Avait-elle eu une simple frayeur ou était-elle blessée ?

*Si elle est blessée, ça craint, songea la Templière en essuyant le mélange de sueur et de sang qui menaçait de couler dans ses yeux et de l’aveugler.*

Elles s’étaient enfoncées dans les lignes ennemies, bien loin des soigneurs, et Iréa n’avait aucune compétence en matière de soin. Enfin, elle savait faire un bandage mais elle n’avait pas grand-chose sous la main pour le faire, sans compter que les Erathiens n’allaient pas attendre gentiment qu’elle ait fini son pansement pour les attaquer.

« Hé, tu tiens le coup ? lança-t-elle à la guerrière inconnue. Tu es blessée ? »

Lune perdait de son sang et bientôt, il cessa de gigoter pour ne laisser passer que de faibles soubresauts de temps à autre. Thémis paniquait totalement, si son père avait été là, sans doutes lui aurait-il dit qu'elle n'avait pas l'étoffe d'un guerrier, qu'elle aurait été plus utile en retrait à soigner les blessés plutôt qu'à risquer la vie des autres qui tentaient de la protéger de sa bêtise. Seulement, la jeune Clari aimait ce cheval pour l'avoir dressé avec amour, pour avoir attendu qu'il l'accepte en tant qu'être humain et qu'il lui offre son dos pour le chevaucher. Le poulain l'avait accepté et Thémis s'en était sentie si heureuse qu'elle ne pouvait se résoudre à le perdre. Son don pourtant n'était pas assez rapide ou puissant malgré la présence sur le champs de bataille de catalyseurs, pour aider à cautériser la plaie et faire cesser le flot continu de sang qu'épongeaient le sol et son pantalon.

« Lune, tout va aller bien, je vais te sauver, ne t'en fais pas ! » criait-elle à l'animal comme si elle avait été en transe.

Ses mains pleines du sang de l'équidé allait et venait sur la plaie, cherchant désespérément à la fermer tandis qu'en fond sonore, son cousin Liam tentait de la faire se relever avant de se faire tuer. La bataille et son bruit assourdissant avait disparu des oreilles de la jeune femme qui ne pensait qu'à sauver ce qu'elle considérait comme son ami. Des larmes roulaient sur ses joues salies par la chute tandis que l'impuissance s'insinuait en elle. Ce fut à cet instant précis que Soren apparut. Thémis allait l'implorer de l'aider car elle se doutait par avance que le Zélote l'obligerait à abandonner le cheval. Toutefois, la demoiselle ne s'attendait pas à ce que son amant s'apprêtait à faire. Elle l'implora du regard de l'aider mais constata comme dans un état second la hache se dresser devant elle et s'abattre sur le cou encore sanguinolent de Lune. Froid et méthodique, le Princeps venait d'ôter la vie à ce que Thémis tentait de sauver depuis plusieurs minutes déjà. Le sang gicla et ne manqua pas d'asperger la petite Clari qui vit le corps sans vie retomber à la poussière à jamais. Une poignée de secondes passa avant qu'elle ne se rende compte de ce que Soren avait fait. Sans crier gare, il venait de tuer son cheval et de reprendre le combat comme si de rien n'était. Sa vie ne valait pas celle de Thémis, tel était son requiem. Une douleur sourde inonda la poitrine de la jeune femme tandis qu'elle reprenait petit à petit conscience de ce qui l'entourait.

« Lu...ne ? » appela-t-elle avec peine, sa main se posant sur le pelage de son compagnon.

Aucun pouls, rien. L'animal était bel et bien mort et Thémis sentit la colère monter en elle. Mêlée à la douleur et à d'autres sentiments tels que la culpabilité. C'était de sa faute, si elle n'avait pas tant insisté pour venir sur ce fichu champs de bataille, Lune serait encore en vie. Soren. Il était coupable, il avait tué l'animal alors qu'elle pouvait encore le sauver. Thémis était persuadée de sa responsabilité mais elle se sentait trahie par son amant qui n'avait pas su comprendre son attachement pour la bête à présent sans vie. Elle s'attarda sur son entourage et remarqua la silhouette tant aimée qui se battait plus loin. Dans un état second, l'héritière des Clari se concentra et de l'eau jaillit devant ses poings serrés. Sans un réel effort de concentration, surement du au fait que des catalyseurs se battaient à leur côtés, Thémis allait attaquer son propre amour jusqu'à qu'une aide improbable ne l'en empêche.

« Mais qu'est-ce-que tu fous cousine ? »

La voix essoufflée de Liam ainsi que sa main tremblante posée sur son bras aidèrent la jeune fille à retrouver ses esprits. Le regard dur de Liam paraissait anxieux et ce fut à cet instant que Thémis comprit pourquoi, lorsque son regard se posa sur le bras de son cousin. Si sa propre figure était parsemée de gouttes de sang, le bras de son cousin était dans un piètre état. Un mauvais coup d'épée devait surement être à l'origine de ce carnage qui faillit faire vomir Thémis à sa vue. Toute colère vaine, toute douleur disparue, remplacées par un seul et unique sentiment, l'inquiétude.

« Liam, comment t'es-tu fais ça ? » demanda-t-elle, à présent redevenue elle-même.

« D'après toi ? »lâcha son cousin avec une certaine froideur.

La culpabilité saisit le cœur de Thémis lorsqu'elle comprit qu'il l'avait protégé au péril de sa vie. Son cousin l'effrayait tout autant qu'il l'agaçait mais il était franc et droit. Il l'aimait surement à sa façon, tout comme Soren. Ce dernier avait tenté de lui prouver que sa vie avait plus de valeur que celle des autres, qu'elle devait en d'autres termes tout faire pour la protéger. La jeune Clari ne s'excusa pas auprès de son cousin, saisissant son bras déchiré avec sa main gauche, elle posa sur la plaie sa main droite. Il fallait faire vite, Thémis n'en était à présent que trop consciente. Kyle, Soren ainsi que deux jeunes femmes dont elle ignorait le nom, faisaient tout autour d'eux une danse macabre pour les épargner. La jeune fille se concentra et l'eau jaillit de sa main droite directement sur la plaie. Telle une couturière, elle fit renaitre sous ses doigts fins et blancs comme neige l'épaisseur de muscle, heureusement peu épaisse, qui avait été touchée par l'attaque puis, telle une magicienne, la jeune Clari fit se recoudre la peau. Deux minutes avaient suffit pour que la plaie disparaisse définitivement. Liam la remercia à sa façon avant d'ajouter :

« Fais gaffe à toi cousine, j'aimerai pas avoir à expliquer à ton père comment ta bêtise t'as tuée. »

Il s'éloigna de quelques pas, reprenant sa danse contre les Erathiens, en le voyant agir, Thémis se souvint de son engagement. Elle n'était pas venue par contrainte sur ce fichu champs de bataille, elle était venue simplement pour protéger les siens, ceux qu'elle aimait. Lune en faisait partie certes mais elle n'avait pas le droit de mourir à cause de lui. Elle ne pourrait le pleurer qu'après la bataille, pour le moment, elle devait sauver sa vie et protéger Soren et Liam, comme elle se l'était promis.

« Pardonne-moi Lune » souffla-t-elle en délaissant du regard le cadavre encore frais.

Thémis n'était pas très douée au combat à l'épée, elle s'était certes entrainée d'arrache-pied, mais elle savait encore avoir bien des lacunes aussi, elle laissa sa lame de belle facture là où elle était, le long de sa hanche, pour préférer observer son entourage. Nul doutes que son cousin était un redoutable combattant, il la protégeait des soldats adverses et heureusement pour elle, aucun trait ne pouvait les atteindre pour le moment. Sur sa droite, à quelques pas, Soren était en proie à l'ennemi, en face d'elle se tenait son frère et sur sa gauche, les deux jeunes filles. Kyle bougeait trop vite pour qu'elle parvienne à suivre avec attention ses mouvements. Il ne fallut pas longtemps à la jeune fille pour voir arriver un premier ennemi, non pas dans sa direction mais dans celle des deux inconnues. Sans réfléchir, Thémis se dirigea vers elles et usa de son don naturel pour créer un fouet d'eau suffisant pour déstabiliser son adversaire en pleine course. Quelqu'un l'acheva sans doutes mais elle fut incapable de dire qui. La jeune Clari avait couru dans sa direction sans le vouloir et se retrouvait maintenant face aux deux jeunes filles, sans doutes étonnée de la voir agir ainsi alors que quelques minutes plus tôt, elle se lamentait pour Lune. Thémis mit de côté le chagrin qui l'étreignait chaque fois qu'elle pensait à son cheval et tenta de se justifier lorsqu'elle remarqua l'entaille sur l'épaule de la soldate. Hésitant sur le comportement à adopter, la jeune Clari préféra se présenter rapidement :

« Je m'appelle Thémis, je suis guérisseur ! »

Elle parlait rapidement de peur qu'un nouvel ennemi ne se présente. Désormais, la jeune femme était capable de savoir où était sa place. Parmi les quatre combattants qui l'entouraient, il lui fallait les soigner, les aider car elle ne pouvait rien faire d'autre. Tel était son destin et la jeune femme l'acceptait sans rechigner. Désormais, elle avait parfaitement compris quel était son rôle ainsi que la réaction de son compagnon comme de son cousin qui n'avaient tenté que de la protéger d'elle-même et des assaillants. La jeune Clari osa un geste en direction de la jeune femme qui refusa catégoriquement son soin. Nul doutes que cette soldate, en plus d'être une redoutable combattante, était une Cydienne fière. Thémis l'admira en secret avant d'insister du mieux qu'elle le pouvait :

« Pardonnez-moi d'insister, mais votre plaie risque de s'infecter ! »

La jeune inconnue se laissa convaincre, ce qui ne manqua pas de soulager Thémis. Elle n'osa pas toucher la jeune femme de peur de la froisser mais cela n'était guère un problème pour la jeune soigneuse en effet, elle avait pris l'habitude de s'entrainer à soigner les gens même de loin et en mouvement. Il ne lui fallut guère longtemps pour soigner la blessure de la jeune femme. Lorsque ce fut finit, elle se servit de l'eau pour faire tomber à la renverse un soldat qui s'approchait un peu trop d'elles à son goût. Son cousin ne manqua pas de l'achever une fois qu'il fut tombé au sol.

« Je ne peux que vous aider et vous soigner ! » annonça-t-elle en recréant un fouet d'eau qu'elle agita autour d'elle avant de le lancer en direction des Erathiens qui avançaient. Se prenant les pieds dans son fouet, l'un d'entre eux tomba lourdement sur le sol. Thémis était incapable de les achever, se sachant pertinemment pas assez forte pour planter sa lame de façon mortelle au travers de leur lourde armure. Elle laissait donc le soin à ses compagnons d'infortune de le faire. Si elles ne le faisaient pas, d'autres le feraient aussi, Thémis entama à son tour le combat de cette façon, allant de droite à gauche, faisant tantôt trébucher un Erathien devant Soren, devant Liam et devant les deux jeunes femmes.

[ Si quelque chose ne va pas, j'éditerai ! ]

Une lame de hache frôla l’oreille du nùa alors qu’il se jetait sur son adversaire l’épée brandie au-dessus de sa tête. D’une main il saisit celui-ci au col de l’armure avant d’abattre le pommeau de son arme contre le heaume de l’erathien. Il le matraqua une fois, deux fois, une troisième et continua encore, le sonnant sans qu’il puisse échapper à sa poigne. Après l’avoir désorienté, Kyle le renversa au sol, puis tout en le plaquant avec son pied, enfonça d’un coup sec la pointe de son arme dans l’entrebâillement du heaume. Un flot de sang jailli et parti rejoindre celui qui tachait déjà l’arme du templier. Celui-ci fit tourner son arme dans la plaie avant de l’extirper du cadavre, mieux valait ne rien laisser au hasard.

En relevant la tête, Kyle aperçu brièvement le capitaine Soren non loin, a quelques mètres derrière Thémis suivait Elyncia et une jeune templière dont il ignorait le nom. Il s’était un petit éloigné de ses alliés, mais alors qu’il se faisait cette réflexion il perçu du coin de l’œil un mouvement dans sa direction. Instinctivement il se mit en garde, bloquant le puissant coup au dernier moment. Jurant tout bas, le templier repoussa son adversaire avec une série de coups très agressifs sur son bouclier.

Pour un combattant comme lui, habitué à sentir les attaques grâce à l’esprit, les erathiens était particulièrement gênant à combattre. Il ne ressentait rien venant d’eux, comme s’ils n’étaient que de vulgaires pantins, c’était particulièrement handicapant pour lui qui avait presque cessé de surveiller ses arrières.

Alors que l’autre s’était réfugié derrière son bouclier, Kyle rompit soudain son assaut pour porter à deux mains une violente attaque sur sa jambe. Le coup porta et déséquilibra l’erathien, profitant de l’ouverture le nùa plongea son arme sous l’épaulière, infligeant une blessure sérieuse, mais … pas suffisamment pour être fatale. Aussitôt son adversaire saisi la lame pour l’empêcher de la retirer, laissant Kyle immobilisé et vulnérable. Refusant de lâcher son arme, il força sur la lame pour la dégager, agrandissant la blessure au passage. Tout aussi tenace, l’autre força à son tour et sous l’action des deux forces la lame se mit à plier … avant de rompre dans un grand éclat d’acier. Affaibli, l’erathien tomba à la renverse, un bon tiers de l’épée toujours dans le corps. Aussitôt Kyle fut sur lui et ne lui laissa pas l’occasion de se relever, d’un coup de pied il heurta l’extrémité du fragment et l’enfonça jusqu’au bout, mettant un terme à la vie de son adversaire.

Kyle aurait voulu souffler, ne serais ce qu’une seconde avant de ramasser une autre arme et de repartir au combat, mais il n’eut même pas le temps de prendre une inspiration.

« DEGAGE ! »

Tout à coup quelqu’un venait de le heurter en hurlant et sans ménagement, l’envoyant rouler au sol. Surpris, car il n’avait pourtant senti aucune pensée agressive contre lui, il le fut encore plus lorsqu’il releva la tête pour voir Soren le visage grimaçant de douleur tandis que sa main tentait d’arrêter le flot de sang qui s’échappait d’une profonde entaille sur son ventre. Tout troublé qu’il fut le premier réflexe de Kyle fut de se relever et de porter sa main au sabre runique dissimulé sous ses vêtements. Il devait faire quelque chose rapidement, mais quoi ?

[Je me suis arrangé avec Soren pour ce post. Pour l'arme runique est sortie, mais pas encore activée je le ferais au prochain post a moins que quelqu'un n'attaque Kyle pendant ce temps là =p ]

Hé, tu tiens le coup ? Tu es blessée ?

La templière semblait avoir aperçu la panique de la lancière qui tremblait à cause de la douleur, un peu sonnée. Elle avait échappée à la mort uniquement parce qu'elle avait planté son couteau au bon endroit pour que l'Erathien meure rapidement, sinon, elle aurait pu y rester. Mais pour ne pas inquiéter d'avantage sa compagne d'infortune, elle tenta de lui annoncer avec une voix sans hésitation qu'il n'y avait pas à s'inquiéter :

- Ce n'est qu'une éraflure, lui mentit-elle. Je devrais pouvoir continuer à me battre.

Mais déjà, sa vision se brouillait, la blessure provoquant chez elle un effet placébo déclenché par la panique. La lancière avait besoin de se rassurer, et elle commença, pour la première fois de sa vie à prier silencieusement sur le champs de bataille.

*Zéphyr, que t'as grâce me soit accordée et que ton courroux guide mon bras et ma lance. Que ta colère submerge notre ennemi de par mon corps et veille sur ceux qui méritent ta miséricorde.*

Cette prière adressé à son dieu lui redonnait courage et quand un nouvel Erathien commença à les charger toutes deux, Elyncia n'hésita pas un seul instant et le coup parti de lui même, tout aussi rapide qu'il l'avait toujours été pour renverser l'Erathien qui fut surpris par l'assaut de la cydienne, qui en profita pour renouvelle son geste, visant cette fois les failles de l'armure, le tuant efficacement en serrant les dents de douleur.
En effet, sa blessure continuait à la faire souffrir et apparemment, la troisième jeune femme de ce groupe d'irréductibles azthiens l'avait elle aussi remarqué.
Maintenant qu'elle se tenait à côté d'elle, Elyncia la reconnut, et lorsqu'elle se présenta, Elyncia pensa pour elle-même qu'elle n'aurait eu besoin de le faire, son visage étant relativement célèbre pour lui éviter ce genre de choses. La guérisseuse approchait sa main de la blessure de la cydienne qui s'esquiva rapidement lui annonçant :

- Vous ne devez pas vous inquiéter pour cette broutille. Je peux très bien en faire abstraction.

Seulement l'élémentaire ne partageait pas cet avis et insista pour qu'Elyncia se laisse soigner correctement. La jeune femme était sans doute aussi entêtée qu'elle, ma la sirène du 5ème n'avait pas l'intention de lui céder quoi que ce soit. Elle tenta un pas pour se dégager, mais la tête lui tourna sans crier-gare et ses jambes fléchir en un soubresaut qui en disait long sur son état. Soupirant, elle abdiqua, laissant Thémis soigner son épaule, et telle ne fut pas sa surprise quand elle remarqua que cette dernière n'avait pas besoin d'entrer en contact avec sa peau. Elle avait souvent vu des guérisseurs à l'oeuvre, mais jamais aucun n'avait montré une telle efficacité. Sa peau retrouva son aspect originel en peu de temps qu'il n'en fallait pour adresser une nouvelle prière à Zéphyr, ce qu'elle fit d'ailleurs, répétant sans cesse les mêmes paroles. Et le dieu était clément, car il laissa le temps à l'élémentaire de voir arriver un autre Erathien, qu'elle fit glisser avec le pouvoir de l'eau, ce qui lui fit penser immédiatement à sa bien aimée zélote, poussant à son maximum la détermination de la belle, surtout que maintenant, elle avait des allié sur qui compter, et ce n'était pas seulement Thémis et la templière, mais elle put aussi compter sur un autre homme qu'elle ne connaissait pas, et qui venait d'achever le soldat tombé à la renverse dans un geste expert.
Elle lança un regard approbateur à la demi-cydienne, lui confirmant que son aide était la bienvenue et qu'il était temps pour eux d'aller massacrer du damné. Thémis dansait presque, faisant virevolter son fouet aqueux qui faisait tomber leurs ennemis devant eux. Elyncia pensa même que c'était vraiment trop facile, achevant sans pitié ceux qui se présentait devant elle, mais un cri non loin d'elle lui fit tourner la tête.
Elle vit Kyle, à terre, maintenant sont arme runique désactivée dans sa main, le Capitaine Henrick débout à côté de lui, faisant face à l'Erathien qui l'avait tailladé au ventre. Thémis avait sans doute vu ce qu'il se passait, car Elyncia lui lança un regard, tandis qu'elle semblait lui faire un signe de tête.
Comprenant instinctivement ce qu'elle devait faire, elle se tourna vers la templière en criant pour se faire entendre :

- J'vais avoir besoin d'aide pour escorter la demoiselle.

C'est alors qu'elle sentit une présence dans son dos et se retourna en brandissant sa lance. Seulement elle arrêta son coup quand elle reconnut le visage d'Adrëan, le visage maculer de sang. Le siens ou celui de ses adversaire, elle n'aurait su le dire mais le jeune homme était haletant et commençait à être éprouver par la bataille. Si son frère était d'une agilité et d'une efficacité féroce, la jeune femme savait qu'il n'était pas aussi endurant qu'ils ne l'étaient elle et Guy. Néanmoins il parvint à articuler :

- C'est qu'ils sont coriaces ces bâtards ! J'ai réussi à revenir mais Guy est coincé avec une petite poignée d'hommes. Faut qu'on aille le chercher.

- Très bien mais on va d'abord soutenir ceux-là. T'as intérêt à ne pas te perdre.

Adrëan acquiesça silencieusement et la suivit. Un petit groupe d'Erathiens venait à leur rencontre et Elyncia se tint prête à intervenir pour que Thémis se fraye un passage pour rejoindre le capitaine cydien. Elle porta une estoc au premier venu qui para sans grande difficulté. Mais Adrëan longea rapidement le bois de la lance et son coup d'épée trancha le bras de l'Erathien qui se prit le bouclier de la lancière en pleine tête, avant de se retrouver au sol. Elyncia le laissa alors là, vulnérable alors qu'elle dévia le coup d'épée qui lui était destiné avec son arme. Adrëan en profita pour lui trancher la tête d'un coup puissant tandis que la templière inconnue se joignait au jeu. Ils continuèrent ainsi jusqu'à ce qu'il soit arrivé auprès du Princeps, et les deux Farëa comptaient bien les protéger le temps que Thémis fasse ce qu'elle avait affaire.
Cela prit un certain temps, et une fois que ce fut fini, après qu'Elyncia eut fini d'aider à tuer les Erathiens qui approchaient, son regard sembla se perdre sur un détail qui n'en était pas un pour elle. A une quarantaine de mètres à peine, un groupe de cydiens tentait de repousser les assauts des chiens d'Azael. Et parmi les combattants, elle reconnu cet homme à la chevelure blonde qui brandissait fièrement une hallebarde. Elle sourit alors naïvement, mais ce sourire allait bientôt disparaitre de son visage éclaboussé du sang de ceux qu'elle avait tués.

La Templière almer et la lancière cydienne furent rejointes par une troisième jeune femme qui se présenta sous le nom de Thémis mais, plus intéressant, comme guérisseur !

*Avoir un guérisseur avec nous ne sera pas de trop, songea Iréa en se baissant pour éviter un coup destiné à la faire rapetisser d’une tête.*

Ladite Thémis s’affairait d’ailleurs déjà à soigner la lancière qui était visiblement en plus mauvais état qu’elle ne le pensait, et ce malgré ses protestations. Quelques minutes plus tard, un Erathien trébucha sur un fouet d’eau visiblement commandé par la demoiselle blonde et fut rapidement achevé.

« Je ne peux que vous aider et vous soigner ! s’écria l’élémentaire. »

Elle portait une épée à la taille mais ne semblait pas décidée à la dégainer ni à s’en servir. En revanche, son fouet d’eau était une arme redoutable qui faisait tomber la plupart des Erathiens, lesquels étaient mis à mort avant de pouvoir se relever.

« Ça suffira amplement, ne t’en fais pas ! s’exclama l’Almer à l’intention de Thémis. »

La jeune femme n’était pas vraiment une combattante et Iréa trouvait sa présence sur le champ de bataille un peu surprenante mais au fond, peu importait car son aide leur était précieuse.
Elle planta l’épée turquoise dans la nuque de l’adversaire à ses pieds, la ressortit luisante de sang rouge sombre, contourna prestement le cadavre pour éviter de trébucher dessus, plongea à nouveau sa lame dans une gorge offerte, encore et encore.
La voix de la lancière cydienne perça sa concentration.

« J’vais avoir besoin d’aide pour escorter la demoiselle. »

La Templière leva les yeux et comprit la situation en une seconde, apercevant non loin d’elles deux autres Azthiens dont l’un semblait sérieusement blessé.

**Compris, souffla-t-elle dans l’esprit de la guerrière dont elle ignorait le nom.**

Rejointes par un homme que la lancière semblait connaître, elles protégèrent l’élémentaire le temps de rejoindre leurs alliés et de soigner le blessé.

*Ça n’en finit pas, se dit Iréa entre deux esquives. Nous avons de la chance d’être encore en vie.*

D’un geste précis, elle ouvrit la gorge de l’Erathien tombé à genoux devant elle après qu’elle lui ait porté un coup au genou et fut aspergée de liquide rouge, tiède et visqueux. A vrai dire, la jeune femme était déjà couverte de la tête aux pieds de sang plus ou moins séché, celui de nombre d’ennemis et le sien qui s’échappait par une multitude de coupures, estafilades et autres entailles. Elles étaient sans gravité mais l’Almer demanderait à Thémis de soigner les plus sérieuses d’entre elles dès qu’elle aurait un moment, car à force, la quantité de sang perdu risquait de lui faire tourner la tête et de l’affaiblir.

*Si je tiens jusqu’au bout, la première chose que je fais, c’est prendre un bain ! pensa la Templière en essuyant de son front la sueur qui plaquait ses cheveux sur son crâne, avant de repartir à l’attaque.*

Il avait encore une fois eu raison dans ses décisions, il avait placé ses meilleurs pions: combien de vie venait de sauver Thémis derrière lui? Quel intérêt de garder un atout dans sa main sans l'utiliser avant la fin de la partie? Perdre la guerre sur des futilités?
Le poids de Requiem était presque un fardeau à présent, ses muscles brûlaient. Il n'était pourtant pas bien maigre, mais cette arme demandait plus, toujours plus. Il lui semblait, à présent, qu'il ne pouvait plus lever le moindre morceau de métal. Ne s'était-il pas pourtant entrainés à la porter?

Ils venaient, toujours plus nombreux. Plantant la lame dans le sol, se faisant dépasser par quelques guerriers, Soren soulagea ses membres. Après une poignée de secondes, il ramassa son arme et rattrapa son retard. Dans un premier affrontement, il balaya devant lui avec Requiem, laissant place nette à des zélotes pour finir le travail. Soren se fichait pas mal du compte final, de qui tuait qui, tant que le boulot était fait. Et bien fait.
Lorsqu'une nouvelle vague d'adversaire s'approcha, Soren lâcha sa hache et concentra tout son art entre ses mains. Puissamment, il effectua des gestes larges et déversa un torrent de flamme dans leur direction: les entraver, les arrêter quelques secondes pouvait suffire à d'autres guerriers pour les arrêter. Soren ne savait combien de personne il avait vu mourir face à lui, mais ils semblaient avancer vers la citadelle. Un signe de victoire?

Il promena son regard, prêt à enfoncer une ligne trop avancée. Il croisa une grosse chevelure, un torse bombé, une belle bête. Ce type, il l'avait côtoyé à Cydonia: il avait été en première, il avait donné son sang pour la cité du sud. S'ils survivaient tous les deux, Soren avait toujours une proposition pour lui. Il ramassa son arme et se dirigea vers lui, excité par la perspective de pouvoir échanger des passes d'armes à côté de ce bretteur d'exception.
Il n'eut cependant pas le temps de prendre ce plaisir: lorsque qu'une épée, ou un cimeterre, se leva contre Kyle, Soren agit véritablement sans réfléchir. Pourtant ce type n'était pas de la XIIIe, mais il méritait de vivre.
Le bousculant de l'épaule, Soren hurla quelque chose, mais n'en rappelait plus déjà. Une chaleur inexplicable se déversa sur son corps, brûlant à la base de son torse. C'était comme si les dieux avaient éteints toute lumière pour les rallumer d'un seul coup, éblouissant et flouant toutes les formes et les couleurs. Sans trop savoir pourquoi, ni comment, Soren sentit ses genoux heurter le sol. Ses mains se plaquèrent contre sa blessure, rajoutant du feu sur son corps. Merde, quelle connerie de mourir comme ça. Deux minutes plus tôt, il voyait presque la victoire. Et là, bientôt, il ne verrait plus rien.

Il repensa à Thémis, certainement en train de sauver une vie quelque part loin de lui. S'en voudrait-elle parce que son zèle l'avait amené loin d'elle, loin de ses talents? Il l'avait pris pour lui, mais n'était-ce pas mieux qu'elle exerce son talent sur ceux qui le méritent? Ces hommes et ces femmes, ces enfants qui ont suivi les ordres de ce fou de capitaine, rencontrant la mort comme si lui sourire suffisait à lui échapper.
De sa main s'échappa du sang, beaucoup de sang.

Spoiler:

Le chant des morts s'insinuait partout malgré leurs efforts, ils étaient tous plus nombreux à tomber. Les uns après les autres, leurs alliés mordaient la poussière sans que la jeune élémentaire ne sache plus où donner de la tête. Elle avait soigné après quelques protestations la jeune soldate qui se battait dans les rangs Cydiens. Sans vraiment s'en rendre compte, Thémis avait de la chance dans son malheur car si elle se retrouvait à côtoyer la mort, ce qu'elle redoutait le plus en venant sur le champs de bataille, son travail de soigneuse et d'élémentaire l'empêchait de se concentrer sur ce qui se passait autour d'elle ainsi, la bataille avançait sans qu'elle ne s'en aperçoive vraiment, seuls les blessés lui rappelaient à quel point elle se trouvait en milieu hostile.

La jeune Clari releva la tête un instant, alors qu'elle aidait toujours les deux jeunes femmes à faire tomber leurs ennemis sur le sol pour qu'elles les achèvent, ce qui avait tendance à l'exténuer rapidement au fil de sa concentration, elle remarqua qu'un allié était tombé à terre. Ni une ni deux, la jeune métisse fit cesser le contact qu'elle entretenait avec son art et se dirigea à la hâte vers le jeune blessé. A le détailler, il avait surement le même âge qu'elle, peut-être quelques années de plus mais pas énormément visiblement. Thémis regarda la plaie, il fallait faire vite car leur position n'était pas simple, en le soignant, elle devenait une proie facile pour tout Erathien qui s'approchait d'eux cependant, la jeune femme était prête à s'exposer au danger si c'était pour sauver une vie ! Dans le cas présent, le jeune homme avait une vilaine entaille au niveau de la jambe dont il fallait faire cesser le flot de sang sous peine de devoir l'amputer ou de devoir l'enterrer. La jeune élémentaire ferma les yeux et se concentra, louant le ciel d'avoir mis sur son chemin des catalyseurs qui lui permettaient d'user de ses pouvoirs plus longtemps qu'à l'accoutumée. D'un geste, elle intima l'ordre silencieux au soldat Zélote de ne pas bouger cependant, ce dernier semblait bien décider à se lever pour reprendre le combat, ce qui n'arrangeait en rien la fille du Consul.

« Ecoute, tu es blessé, si tu te lèves, je devrais amputer alors reste allongé le temps que je te soignes d'accord ? »

Le ton de la jeune femme était certes doux mais emprunt de force tout à la fois. Elle ne tenait pas à gaspiller inutilement son énergie là où très peu lui suffirait s'il voulait bien ne pas tenter de se relever ! Le Zélote obéit, visiblement peu enclin à se faire amputer quand un simple soin suffisait. Thémis œuvra alors en silence, tandis qu'autour d'eux, la bataille faisait rage. C'était une chance quelque part qu'elle soit autour d'eux deux et non sur eux songea la métisse. Sous l'impulsion de Thémis, la plaie commençait déjà à se refermer comme par magie, comme si quelqu'un cousait un fil invisible sur la jambe du blessé. Ce dernier était tellement sous le charme de la magie qui opérait sous ses yeux qu'il ne disait plus rien et n'osait même plus esquisser un mouvement. Thémis avait commencé par nettoyer rapidement la plaie avec de l'eau glacée puis elle avait rehaussé la température de l'eau pour le soigner. Trois minutes plus tard, la plaie n'était plus et seul restait la sensation de fatigue dans la tête de Thémis ainsi que celle de la douleur qu'elle venait de soigner. Le jeune soldat se leva à ses côtés, stupéfait de pouvoir se tenir debout sans ressentir le moindre mal, il ne la remercia que par un signe de tête et repartit aussitôt au combat, ce qui ne manqua pas de faire grimacer la jeune femme. De toute façon, il était inutile de le rappeler et déjà, quelqu'un attendait son aide un peu plus loin, non loin de la Templière et de la Cydienne. La mi-Astorg mi-Cydienne se dirigea vers la femme d'âge mur et observa la plaie. Un vilain coup d'épée ou de hache lui avait entaillé le bras et elle saignait abondamment. La jeune Clari réfléchit au quart de tour, la soigner lui coûterait plus d'énergie qu'il ne lui en avait fallu pour le dernier blessé et elle serait incapable de faire quoi que ce soit après pendant quelques minutes. Elle ne pouvait mettre ainsi sa vie en danger aussi longtemps ainsi que celle des autres aussi, l'élémentaire héla deux jeunes gens autour d'elle et leur ordonna d'approcher. Lorsqu'il s'agissait de soins, Thémis avait toujours une sorte d'aura charismatique autour d'elle qui forçait au respect.

« Veuillez emmener cette jeune femme à l'abri à l'arrière pour qu'elle y soit soignée ! »

Le ton pressant comme le regard menaçant de Thémis ne donnaient pas envie de lui désobéir, à contre coeur certes, les deux soldats prirent avec précaution le corps de la jeune femme et l'aidèrent à se relever. Tandis qu'ils la couvraient avec leurs armes et leurs corps, la demoiselle les vit s'éloigner tranquillement mais surement en direction des soigneurs à l'arrière. Tout irait bien pour la blessée, à n'en pas douter avec de tels gardes du corps !
Alors que la jeune femme allait reprendre son balais, contente d'utiliser son art pour sauver des vies bien qu'elle trouve déplorable de devoir se battre pour conserver sa liberté et qu'elle se sente affreusement inutile en dehors des soins qu'elle prodiguait, elle entendit une voix qu'elle connaissait particulièrement bien pousser un cri. Surprise, elle tourna la tête dans la direction de la voix et ne put qu'observer, avec effroi et impuissante, la scène.
Une épée s'était levée et allait abattre son châtiment sur son maitre d'épée, Kyle, et c'était à cet instant précis que Soren avait pris la place du défunt. La lame avait meurtri les chairs aussi surement que le cœur de Thémis venait de s'arrêter. Paniquée, la jeune femme était restée figée face à la scène et n'avait du son salut qu'à l'intervention de la Cydienne à ses côtés. Tout le monde ignorait leur relation et pour la soldate, il était certainement logique que la seule soigneuse aux alentours aillent soigner le Princeps mais pour Thémis, le souffle lui manquait, et si … et si elle arrivait trop tard encore une fois ? Cette perspective terrorisa la jeune femme tandis que la templière et la Cydienne lui faisaient place nette, la forçant malgré elle à se diriger vers Soren. Il ne fallut surement pas longtemps pour les trois femmes et l'homme qui les avaient rejoint sans que Thémis n'y prenne gare pour rejoindre le corps de Soren mais cela sembla une éternité pour Thémis.

Le choc fut de voir la plaie. Les genoux de Thémis heurtèrent avec violence le sol et le choc lui permit de reprendre un instant ses esprits. Ses yeux commençaient déjà à être embués de larmes en constatant les dégâts. La poitrine de son amant se soulevait avec difficulté et la blessure, béante, poisseuse de sang et large de plusieurs pouces, n'était pas belle à voir. A la base du torse de son amant qu'elle avait caressé tant de fois il y avait encore peu, la jeune Clari pouvait voir la peau arrachée sous l'impact. Elle ne put retenir un haut le cœur et vomit bruyamment, le tout mêlé de larmes. Tout cela n'avait pris qu'une minute mais dans le cas de Soren, chaque minute était primordiale, vitale même et Thémis sembla enfin s'en souvenir ou plutôt, quelqu'un l'y aide, une fois encore.
Anatoli Clari avait confié la vie de sa fille ainée au cousin de cette dernière et au Princeps. Si Liam détestait quelqu'un tout particulièrement, il ne pouvait s'agir que de Soren aussi, si ce dernier venait à mourir, cela arrangeait bien son affaire seulement sur un champs de bataille, il ne pouvait protéger seul aussi facilement qu'il l'avait cru sa cousine, la vie de Soren lui était donc nécessaire.

« Thémis ! » hurla-t-il dans son dos.

« Thémis ! Qu'est-ce-que tu attends bon sang ! Il va crever ! »

Les termes étaient durs, le ton acerbe, c'était exactement ce qu'il fallait à la jeune femme. La minute qu'elle venait de perdre était peut-être cruciale. D'un revers de main, elle essuya les larmes qui lui brouillait la vue et sans se préoccuper de ce qui l'entourait, elle se concentra sur sa tâche. Elle apposa ses mains sur la plaie et de l'eau s'en échappa instantanément. Une eau glacée pour purifier les chairs à vif et éviter ainsi qu'elles s'infectent. Lorsque ce fut fait et qu'elle eut nettoyé toute la plaie, la jeune femme se força à rester concentrer. Elle pria en silence Callista pour qu'elle lui accorde son aide et son don de guérison et poursuivit son œuvre.
Arrêter l'hémorragie ne fut pas une mince affaire. Thémis avait beau avoir l'habitude de soigner, elle avait toujours tendance à ressentir la douleur surtout lorsque le patient n'était autre que le potentiel père de son enfant. La jeune Clari se força à rester concentrer et petit à petit, elle parvint à réparer les vaisseaux sanguins qui avaient succombés au choc de la lame. Lorsque ce fut fait, l'hémorragie fut enfin contrôlée et elle put nettoyer à nouveau la plaie à grande eau. Le sang rougissait le sol sous ses pieds ainsi que ses quelques vêtements et ses jambes, Thémis n'y fit pas attention, maintenant qu'elle exerçait son art, tout cela n'était que détail sans importance. Elle visualisa la plaie et sentit à nouveau le malaise l'envahir, il ne lui fallut qu'un regard vers la poitrine de son amant pour comprendre que sa vie tenait entre ses mains et qu'elle ne pouvait échouer.

* Je suis venue pour protéger, le protéger, pas pour perdre ! * songea-t-elle avec ferveur.

« La XIIIè ne meurt jamais Soren ! On abandonne pas la XIIIè ! » hurla-t-elle presque comme une démente au Princeps tandis qu'elle reprenait son labeur.

Telle une magicienne, l'eau sous ses doigts remettait en place les muscles, recollait les morceaux et remettait de l'ordre dans ce qui avait été dérangé. Dans son esprit, elle revoyait la blessure, il était délicat d'expliquer ce qu'il se passait dans sa tête mais en quelque sorte, elle avait l'impression de recoudre une chemise abimée par le temps. Ainsi, les organes reprenaient leur forme originelle tandis que le flot de souffrance qu'elle percevait diminuait progressivement, signe que son don fonctionnait et que son compagnon était encore en vie. Lorsque les organes et les muscles touchés par la lame se furent remis en place, la jeune femme s'attaqua à la peau. Petit à petit, centimètre par centimètre, les pans de cette dernière finirent par se rencontrer et ne faire plus qu'un. Au bout d'une vingtaine de minutes, tout avait disparu, comme si l'attaque n'avait jamais eut lieu. Thémis était à bout de force mais lorsque Kyle approcha du Princeps, une colère insondable, aussi froide que le diamant, saisi la demoiselle. Bien qu'elle fut incapable de se relever, elle leva un bras en direction de son maitre d'escrime et un fouet d'eau apparu. Elle l'enroula autour du cou de sa victime et serra en pensée.

La colère faisait parfois faire des choses étranges et stupides, tout comme l'amour. Thémis n'aurait jamais du se trouver là mais sans elle, Soren serait mort avant même d'avoir atteint les soigneurs en arrière ligne. Sans Kyle, il n'aurait pas été blessé de la sorte certes, mais qui pouvait lui prouver qu'il s'en serait sorti indemne ? La jeune Clari se rendit compte de cela au moment de sombrer dans l'inconscience, à bout de forces. Il lui faudrait surement quelques minutes avant de pouvoir se relever. Avant de pouvoir constater si elle avait réussi ou non à remettre sur pied son Princeps ou encore, pour remercier les deux jeunes femmes d'avoir risqué leur vie … puis il lui faudrait s'excuser auprès de Kyle. Tout cela attendrait, pendant quelques minutes, elle serait le poids mort qu'elle avait tant redouté d'être depuis qu'elle avait foulé les terres de la Lumineuse.

[ Merci Soren, j'espère m'en être sortie ! Veuillez m'excuser en tout cas pour le retard et si la fin de mon post vous dérange, j'éditerai sans soucis, je souhaitais simplement faire réaliste vu la dose d'énergie qu'elle a dépensé. Embarassed

Je n'ai pas été très explicite mais Thémis est momentanément étendue près de Soren, le temps qu'elle reprenne conscience en d'autres termes, ça ne dure que quelques minutes, je ne voulais pas vous pénaliser ! ]

Kyle n’était pas homme à s’émouvoir facilement, pourtant en ce moment il se sentait troublé. L’homme qui lui avait sauvé la vie était à présent en train d’agoniser au sol et Kyle pouvait sentir ses regrets alors que son esprit se faisait plus faible. Quel idiot, il s’était fait avoir comme un bleu ! Depuis quand était il devenu un imbécile qui comptait sur son don pour survivre ? Et le pire c’est qu’un autre avait payé pour son erreur …

Furieux contre lui-même, le templier laissa ses alliés éloigner les erathiens du blessé, hésitant sur ce qu’il devait faire. Faute de trouver une réponse il se contenta de rester a côté de Soren alors que Thémis faisait tout ce qu’elle pouvait pour le sauver. Il pouvait ressentir sans difficulté la peine et la douleur que ressentait la jeune fille, ce qui le troubla encore plus. Faute de pouvoir l’aider il jeta un œil sur les combats qui se déroulaient juste devant eux, tous se battaient pour protéger la soigneuse pendant cette opération délicate.

Et lui que pouvait-il faire ? Dès l’instant où il utiliserait son arme runique, il n’aurait plus d’allié et lorsque la bataille serait terminée il devrait leur rendre des comptes, mais il ne pouvait pas non plus rester là à rien faire …

Une vague de colère inattendu le tira de ses pensées, d’autant plus inattendue qu’elle venait de Thémis qui avait terminée avec succès son opération. Un serpent d’eau s’enroula autour du cou du templier pour tenter de l’étrangler. D’instinct Kyle réagi avec vigueur en essayant d’attraper la corde d’eau, mais celle-ci se désintégra presque aussitôt alors que la jeune fille s’effondrait inconsciente…

Bien sûr où avait il la tête … c’était un champ de bataille, rester inactif ne pouvait conduire qu’à la mort. L’attaque de Thémis lui avait au moins rappelé où il était et ce qu’il devait faire.

Kyle se retourna en avançant d’un pas résolu vers l’erathien le plus proche, serrant toujours dans sa main son arme runique inactive. Lorsque celui-ci l’aperçu il se jeta sur lui en brandissant son arme. Le templier attendit le dernier moment pour brandir à son tour son arme, l’activant dans un éclair de lumière pour bloquer l’attaque en l’air. L’épée d’émeraude détourna celle d’acier, tandis qu’avec un moulinet expert Kyle frappa d’un grand coup de lame le heaume au niveau de la mâchoire, étourdissant le guerrier. Saisissant aussitôt l’arrière de la tête de celui-ci, le nùa enfonça la pointe de son arme dans la jointure du casque.

Alors que le corps de l’erathien s’écroulait, Kyle se retourna pour faire face à son prochain adversaire. Pendant qu’il combattait au moins il n’avait pas à se poser de question.

L'ordre 66, deuxième acte.
Quand il avait donné l'instruction de tuer tous les templiers, ils n'étaient à l'époque qu'une petite centaine, et encore en comptant double après une soirée de beuverie de ses chiens de gardes. Aujourd'hui, après l'échec de sa consigne, ils s'étaient reproduits comme des lapins, des bâtards canins en chaleur. Incroyable de devoir se faire loi soi-même quand on était le Prince régent d'Erathia. Quand tout cela sera terminé, il ferait fouetter les incapables qui avaient failli. Certes, les dieux les avaient exilés le jour de l'exécution du plan d'éradication des Sensibles à l'Esprit et de la conquête de Silmarie mais Pâle Platine en avait, poliment, rien à foutre.
IL ÉTAIT LE PRINCE SACREBLEU! Alors quand il décidait que quelqu'un était en tord, il se faisait fouetter et puis c'est tout.

Le premier qu'il avait voulu voir sourire la tête sur une pique était son ancien maitre. Enfin, un mot bien étrange puisqu'il n'avait nul maître, IL ÉTAIT LE PRINCE!! Repenser à cela le mettait dans une rage folle, alors il décapita la personne à sa droite.
Bref, il voulait voir la tête de son ancien... Tuteur... Décorer les remparts d'Erathia. Aub'Hiwaan lui avait appris à manipuler l'Esprit jusqu'à ce qu'il disparaisse dans le désert, qu'il se rebelle contre lui et qu'il participe à l'exil de sa royale beauté de personne dans l'Outre-Monde, sans savon et sans garde-robe. Cet homme ne méritait-il pas la décapitation par Azael??? Aucune douleur qu'il n'aurait pu lui infliger ne serait assez forte pour illustrer son dégout et son impérial rancœur. Mais Azael l'avait fait tuer par sa chienne, et jamais il ne pourrait admirer la décomposition de sa face de traitre et les corbeaux lui béqueter les yeux. Platine l'avait pourtant demandé, exigé, ordonné, il voulait lui faire voler sa tête lui-même. Mais Azael l'avait snobé. IL ÉTAIT LE PRINCE BORDEL !!!!

(Surtout ne pas penser trop fort, si Azael l'entendait il lui mettrait encore une taloche).

Quoiqu'il en soit, grâce aux enseignements d'Au'Hiwaan, le pâle Platine pouvait à présent repérer les gens pseudos-comme lui sur le champs de bataille. Ainsi, il avait repérer un gros gaillard, noir comme ses excréments qui partageait le même pouvoir, en moins bien. Et il tirait le gros lot puisque non loin de lui, une femme possédait aussi le même don. Belote, rebelote et dix de der puisqu'il se paierait aussi la lancière sur le chemin! Il chargea la fille templière en premier, visant la décapitation directement.

Pâle Platine était le Prince d'Erathia, et il allait le graver sur le cul de ses adversaires.

[151-DP] La bataille des rois (Elyncia, Kyle, Iréa, Thémis, Soren) [Terminé] 638-3910

[Compétences: Force augmentée, esprit,Combat à mains nues (École Haut Couteau), vol de compétence, acrobatie (petit et teigneux), maîtrise de l'épée Décapiteuse]
[Bon, j'ai un peu délirer quoi... Mais c'est un bigboss quand même!]

Il chargeait la templière et Elyncia allait l'en empêcher. Non pas parce qu'elle voulait sauver la vie de cette dernière, du moins pas dans cette situation là. Elle le faisait en criant vengeance.

***Quelques instants plus tôt...***

La tête de l'homme qu'il venait tout juste de décapité tomba lourdement sur le sol et fut bientôt rejointe par son corps sans vie. le hallebardier qui venait de tomber était sans doute pour lui insignifiant, mais le yeux d'une soeur terrorisée par ce quelle venait de voir prouvait que cet être ne l'était pas.
Il allait avoir 25 ans, il allait se marier et sa soeur devait être la demoiselle d'honneur de sa futur épouse. Comme sa tête roulait au pied du prince Erathien, des larmes roulèrent sur le visage de la cydienne qui regardait avec effroi et incompréhension le corps de son frère, puis elle murmura son nom en étouffant un sanglot lui ravageant le coeur :

- Guy...

Déjà, Adrëan hurlait de rage, en transperçant un Erathien de sa lame, tandis qu'elle restait là, au milieu du fracas des armes et des boucliers, abasourdie par ce qu'il venait de se passer. Guy était tombé. Pale Platine l'avait balayé comme un vulgaire moucheron, lui qui était si fort. Si bref, si rapide. Sa vie s'était éteinte comme ça, d'un coups, sans la possibilité de faire quelque chose. Elle ne pouvait l'accepter, c'était impossible. Il ne pouvait pas mourir ainsi, pas de cette façon. Et pourtant c'était le cas et son cadavre étendu sur le sol en était la preuve. Un douleur comme elle n'en avait jamais ressenti envahissait son coeur. Elle l'avait perdu, son frère qu'elle aimait tant. Sa voix s'était muée, déchirante, hurlant son désespoir dans un simple prénom :

- GUYYYYYYYYYYYYYYYYYYYYYY !!!

Il chargeait la templière et Elyncia allait l'en empêcher. Non pas parce qu'elle voulait sauver la vie de cette dernière, du moins pas dans cette situation là. Elle le faisait en criant vengeance. Alors qu'il armait son coups pour que l'inconnue subisse le même sort que son frère, Elyncia le frappa avec son bouclier pour le repousser.
Deux Erathiens étaient venus au secours de leur Prince, bloquant le coups de lance qui lui était destiné. L'un des deux vit sa vie abrégée par Adrëan qui lui avait enfoncé sa lame en pleine gorge tandis que l'autre tenta de frapper Elyncia que la rage habitait. Elle laissait sa haine contrôler son corps, si bien qu'elle para le coup d'épée de son bouclier, et d'une estocade puissante, elle envoya le colosse au sol, continua de le frapper en hurlant. Même l'armure du damnée ne parvient à éviter la sentence et elle céda, laissant la hampe pénétrer le ventre du soldat.
Son regard brûlait de folie ; une folie meurtrière. Se redressant elle s'adressa à Pale Platine sans retenue :

- Sale fils de garce ! Je vais te crever bâtard ! Nul ne verse le sang de ma famille impunément et ton agonie sera si lente et si douloureuse que tu me supplieras en pleurant de t'achever. J'te ferais couiner enfoiré !

Elle s'élança, suivie de son frère. Tous deux avaient envie de le voir mort et de venger leur frère tombé au combat. Elyncia tenta de frapper directement au genoux, tandis qu'Adrëan tenterai de l'invalider d'un bras. Il faudrait que l'Erathien soit rapide et bourré de talent pour éviter une telle attaque synchronisée.

Le champs de bataille hurlait autour de la jeune femme sans pour autant parvenir à la réveiller. Ce ne fut que lorsqu'elle eut recouvert quelque peu ses forces que Thémis parvint à ouvrir les yeux sur le monde chaotique qui l'entourait. Les mêmes bruits que d'ordinaire lui parvenait aux oreilles, le tintement des lames qui s'entrechoquent ou encore, les éclats d'un bouclier brisé quelque part non loin d'elle pourtant rien de tout cela n'attira réellement son attention. A peine réveillée, la jeune Clari porta toute son attention à Soren dont la poitrine se soulevait en rythme. Visiblement, ses soins avaient portés leur fruits même si l'homme était encore incapable de se mouvoir ou d'ouvrir les yeux. Thémis restait persuadée qu'il ne tarderait pas à reprendre connaissance et le connaissant, à vouloir replonger dans le flot de la bataille.
La jeune demoiselle à présent rassurée de savoir son amant sain et sauf se souvint soudain qu'elle se trouvait non pas sur un terrain d'entrainement mais bel et bien sur un champs de bataille ! La jeune métisse se releva péniblement, ses muscles endoloris lui tirant une grimace à chacun de ses mouvements mais elle se força à se relever pour protéger le Princeps le temps qu'il émerge de nouveau et reprenne ses esprits. Saisissant son épée, elle s'attaqua sans hésiter, malgré la sueur qui perlait sur son front et les tremblements qui agitaient son corps affaibli, au premier adversaire qui se présenta à elle. Nul doutes que la jeune lancière, la templière ou même Kyle et son cousin Liam faisaient de leur mieux pour les protéger car personne n'était parvenu à filtrer jusque là, preuve en était qu'elle était encore en vie.

Thémis leva son épée droit devant elle, tel que le lui avait appris si justement Kyle. Ses bras comme ses épaules la meurtrissaient à ce simple geste mais elle resta en garde, allant même jusqu'à parer le coup que son jeune adversaire, un Elfe de toute évidence, tentait de lui asséner. La jeune femme était une guérisseuse dans l'âme pourtant, lorsqu'elle dut enfoncer son épée dans les entrailles du jeune homme à peine plus âgé qu'elle pour sauver sa vie, ce ne fut pas de la peine qu'elle éprouva mais de la pitié. En silence, elle prit le temps de prier une seconde pour son âme. Peu lui importait les dieux qui l'entendraient mais ôter la vie lui était intenable. Elle se sentit particulièrement coupable d'avoir agi de la sorte en comprenant que son adversaire ne se relèverait pas sans soin et que, dans son état, elle était incapable de lui prodiguer de tels soins. Laissant le corps agonisant du jeune derrière elle, réprimant un haut le cœur, la jeune femme fila en direction du Princeps. Son cousin avait resserré sa protection de sorte qu'il se tenait à un mètre d'elle. Lorsqu'il en eut terminé avec son adversaire, il s'approcha d'elle, couvert de sang mais visiblement toujours en forme. Thémis l'inspecta brièvement du regard tandis qu'il lui conseillait d'un ton abrupte :

« Essuie ton épée sans quoi le sang va sécher. »

La jeune femme s'exécuta non sans un dégout apparent. Lorsque ce fut fait, Liam lui demanda à la hâte, sans vraiment prendre le temps de la laisser réfléchir :

« Il est en état ? »

Thémis hésita l'espace d'un instant sur la manière de lui répondre mais opta pour quelque chose de simple. Liam était un fin politicien, un fin stratège à n'en pas douter et également un excellent combattant mais un piètre médecin. Ces sciences ne l'intéressait que peu et il n'avait fait appel à elle que pour sauver son enfant et soigner la santé fragile de sa femme durant sa grossesse. Depuis certains évènements récents, le cousin évitait Thémis et cela ne gênait en rien la jeune femme. Le retrouver sur le champs de bataille n'était en rien de son fait.

« Il ne tardera pas à se réveiller. »

« Il est en état ou pas ? » s'impatienta le jeune homme, résistant visiblement à l'envie de retourner dans la mêlée.

Ce fut cet instant précis que choisis un nouveau protagoniste pour faire son entrée. Le jeune homme portait des traits juvéniles et une épée aux dimensions disproportionnées par rapport à sa taille songea la demoiselle bien malgré elle. Thémis allait rétorquer à son cousin mais ce dernier avait suivi son regard et s'était comme perdu sur des chemins qu'elle ne pouvait emprunter. Intrigué, il esquissa un mouvement en direction de leur nouvel assaillant alors que Thémis s'était décidée à rester près du Princeps jusqu'à son réveil. La présence d'un guérisseur aux côtés d'un blessé n'éveillait en rien les soupçons. Liam trottinait en direction du jeune aux cheveux de neige tandis que la demoiselle poussait un cri d'effroi. Son cousin s'arrêta net avant de reprendre ses esprits et de continuer son chemin en route vers son destin tandis que Thémis ne put se retenir de vomir. La jeune Clari venait d'assister à une décapitation et visiblement, le spectacle n'était pas aussi plaisant à ses yeux qu'à ceux de l'assassin.

* Je dois partir ! * songea-t-elle tandis que la jeune Cydienne qu'elle avait soigné précédemment se jetait déjà contre le nouvel assaillant.

Thémis l'observa un instant, remarquant non loin la présence de la templière, sans compter Kyle et Liam. Elle hésita une seconde, se sentant particulièrement lâche d'avoir ce genre de pensée. On lui offrait quelques secondes de réflexion, autant en profiter ! La jeune Clari se mit à cogiter le plus rapidement possible, cherchant un moyen de s'éviter une mort certaine ainsi qu'à son compagnon, toujours inconscient et allongé sur le sol devant elle.
Thémis savait qu'ils constituaient une proie facile et que les combattants seraient trop occupés par l'assassin qui venait de se montrer pour continuer de les protéger vaillamment. La jeune femme savait également qu'elle ne serait d'aucune utilité dans l'état actuel d'épuisement dans lequel elle se trouvait tout au plus se changerait-elle en une gêne certaine pour ceux qui auraient à la protéger. Soren était inconscient et ne serait pas en mesure de combattre une fois éveillé. Le plus judicieux pour ne pas gêner les autres comme pour ne pas mourir était certainement de rapatrier Soren à l'arrière, même si ce dernier aurait refusé s'il était conscient. Thémis y réfléchit une seconde encore, culpabilisant de laisser seuls les alliés qui l'avaient si gentiment protégée pour qu'elle puisse sauver la vie du Princeps. Elle n'avait pas le choix, sauver sa misérable vie ne comptait pas mais celle du Princeps bien au contraire, pas uniquement pour elle, mais pour les troupes entières qui se battaient à ses côtés et pour qui il représentait un symbole. Les larmes aux yeux, la jeune femme prit la terrible décision d'abandonner le reste de leur petit groupe aux mains de l'étrange jeune homme aux cheveux immaculés.

Il fallut à Thémis toute sa volonté pour s'accroupir, autant parce que la douleur physique qui faisait hurler chacun de ses muscles la faisait grimacer au point d'en souffrir le martyre autant parce que la jeune femme se sentait terriblement coupable de la décision qu'elle venait de prendre. Sans elle, ils risquaient tous d'être blessés voire tuer mais à bien y réfléchir, vu l'état dans lequel elle se trouvait, Thémis se savait incapable de soigner qui que ce soit, pas même si sa propre vie en dépendait. Des yeux, elle chercha la hache de son amant, sachant pertinemment qu'il n'accepterait pas sa décision et encore moins celle d'avoir laissé son arme sur le champs de bataille. Toutefois, Requiem lui était invisible. Il lui fallut quelques secondes avant de poser son regard anxieux sur le métal scintillant et de s'en saisir. L'arme était bien trop lourde pour qu'elle la soulève aussi dut-elle la trainer de toutes ses forces, brisant ainsi les dernières barrières qui empêchaient ses larmes de rouler le long de ses joues poussiéreuses et perlées de sang. Avec un soupir, elle finit par attirer l'arme suffisamment près du corps du Princeps pour lui permettre de la glisser dans la ceinture qui jusque là servait à l'épée d'apparat de ce dernier. Visiblement, Soren s'était délesté de l'épée avant de venir combattre, ce que la jeune femme n'avait jusque là pas remarqué. Une fois la hache solidement glissée entre le torse et la ceinture de l'homme, Thémis puisa dans ses dernières forces pour se muer en tigre. Elle savait que se transformer en animal lui permettrait de trainer le corps de son amant jusqu'à la Reine Amazone et ses soigneurs tout comme elle se doutait qu'elle serait en mesure de le défendre le temps de parcourir le chemin sous sa forme féline. Cependant, tandis qu'elle débutait la transformation, Soren choisit de s'éveiller. Thémis ne s'en soucia guère, sachant pertinemment qu'elle n'avait pas assez de forces pour faire cesser le processus. Une fois sous forme féline, elle saisit le col de l'armure de cuir de son amant encore trop vaseux pour comprendre ce qu'il se passait et tira sur ses pattes pour le trainer jusqu'à l'arrière. Si son corps l'avait fait souffrir le martyre, elle appréciait celui du félin dont il émanait tant de forces même si la jeune femme savait que cela ne durerait pas. Seule sa concentration et sa volonté farouche de le mettre à l'abri lui permettaient de tenir encore sur ses pattes.

« Lâche-moi, ma place est là-bas » beugla Soren pour couvrir le son de la bataille.

Thémis n'était pas d'humeur à entrer dans ce petit jeu avec son compagnon car à chaque seconde qui passait, ses dernières forces s'évanouissaient, manquant de lui faire atteindre son but avant de sombrer de nouveau dans l'inconscience. Le peu de forces qu'elle possédait encore ne lui permettrait pas de faire grand chose. Sans hésiter, elle lâcha le corps de Soren pour sauter à la gorge d'un ennemi déjà tombé à terre mais qui semblait bien décidé à leur ôter la vie. Ce fut la jeune Clari qui s'en chargea la première. La gueule couverte de sang frais, dont elle avait malgré elle but une partie en plongeant ses crocs dans sa chair, la tigresse revint près de son amant qui continuait à grogner. Ce fut sans hésiter qu'elle plongea ses crocs dans son épaule jusqu'au sang pour lui faire comprendre à quel point il était vulnérable et à quel point elle s'échinait de le maintenir en vie. Fort heureusement, l'arrière n'était pas loin et les alliés, comprenant ce qu'elle faisait, lui offrait un chemin quasi-sur vers les soigneurs. Thémis grogna pour faire taire le Princeps et reprit son dur labeur.

La jeune femme ignorait le temps qu'il lui avait fallu pour rejoindre son but mais une chose était certaine, elle sentait ses muscles la bruler au point qu'elle en aurai perdu la tête si elle n'était pas solidement vissée sur ses épaules. La belle demoiselle fut surprise de se heurter à un mur tandis que ses yeux pouvaient parfaitement voir les Templiers et les soigneurs amassaient à seulement quelques mètres derrière cette étrange protection. Thémis comprit alors dans un éclair de lucidité que la Reine Amazone avait tenté de reproduire la même stratégie qu'à Cydonia aussi, elle savait pertinemment que la Cydienne ne la laisserait passer que si elle la connaissait et il y avait fort peu de chance pour que ce soit le cas sous cette forme.
Thémis savait que dans son état, il lui serait difficile de faire apparaître le moindre vêtements en redevenant humaine mais peu lui importait la honte si ce sacrifice était nécessaire à sauver sa vie ainsi que celle de Soren. Sans attendre de peur de sombrer dans les limbes de l'inconscience, la jeune femme reprit forme humaine, forçant son esprit embrouillé par la douleur que lui procurait l'exercice comme ce qu'elle avait fait auparavant. Thémis parvint miraculeusement à faire apparaître quelques vestiges de ce qu'elle portait jusque là, à savoir son bas de sous-vêtement et sa précieuse épée. Fort heureusement, la jeune femme bénéficiait d'une chevelure suffisamment longue pour cacher sa poitrine. Son corps était couvert d'ecchymoses, de sang qui lui appartenait comme il avait pu appartenir à son cheval ou à ses ennemis. Ses yeux étaient bouffis de fatigue tandis que son teint, d'ordinaire pâle, était livide. Quelques entailles ici et là témoignaient de son statut de combattante et la fatigue faisait trembler chacun de ses membres. Son visage était éclaboussé de sang tandis que de sa bouche et le long de son cou coulait une rivière de sang frais ayant appartenu à son dernier adversaire. La barrière s'abaissa et un homme vint à sa rencontre. Si Thémis n'avait pas été dans un tel état de fatigue, elle aurait surement reconnu son propre père qui la prit dans ses bras pour la protéger des regards indiscrets comme de la chute. Thémis avait déjà sombré dans l'inconscience.

[ Je profite d'avoir pu emprunter une connexion internet pour poster, je suis désolée de devoir me désengager ... Ce post nous désengage Soren et moi. Merci Iréa de m'avoir permis de répondre ! ]

Soudain, tout s’emballa.
Alors qu’un Erathien aux cheveux blancs, mince, presque frêle, s’avançait sur le champ de bataille, encadré par des soldats en armes et décapitant tout Azthien qui lui tombait sous la main, Iréa vit, du coin de l’œil, Thémis rapatrier l’homme qu’elle avait précédemment soigné vers l’arrière.
La Templière ne lui en voulait pas ; l’homme en question mettrait du temps à se remettre, sa blessure était grave, et Thémis elle-même ne semblait plus en état de faire grand-chose. Il valait mieux qu’ils aillent se mettre en sécurité tous les deux.
Elle leur aurait volontiers donné un coup de main pour rejoindre les soigneurs mais d’autres en décidèrent autrement.
A ses côtés, la jeune lancière fondit soudain en larmes en hurlant un nom. L’Almer fit de son mieux pour repousser les émotions qui l’envahissaient mais la tristesse et la colère de son équipière étaient si fortes qu’elle avait du mal à les tenir à distance.
Et leur nouvel ennemi choisit cet instant pour charger Iréa, sa lame brandie vers sa tête.
Elle n’eut même pas le temps de le contrer par réflexe. La Cydienne s’était jetée entre eux et le coup destiné à emporter la tête de la Templière s’écrasa sur son bouclier.
Deux Erathiens se portèrent au secours de l’avorton aux cheveux blancs mais ils furent rapidement abattus par la lancière et son allié. Cette dernière invectiva le nouveau venu.

« Sale fils de garce ! Je vais te crever bâtard ! Nul ne verse le sang de ma famille impunément et ton agonie sera si lente et si douloureuse que tu me supplieras en pleurant de t'achever. J'te ferais couiner enfoiré ! »

Elle avait l’air mignonne mais visiblement, mieux valait ne pas trop la chercher ! Ainsi donc, quelqu’un de sa famille venait de mourir sous les coups de cet Erathien. La jeune femme irradiait de haine, Iréa pouvait le sentir ; elle avait d’ailleurs toujours autant de mal à s’isoler de ces émotions si fortes. C’est sans doute pour cela qu’elle ne le remarquait que maintenant.
Leur nouvel ennemi était un Sensible.
Mais la jeune Almer n’eut pas le temps de décrocher un mot ou une pensée que déjà ses alliés partaient à l’attaque, l’un visant les bras, l’autre les genoux.
Il ne restait à ses côtés que le Nùa qui, si elle avait bien compris, s’appelait Kyle. Sensible, lui aussi, comme elle avait mis un peu de temps à le remarquer, et même Templier, à en croire la lame émeraude qui brillait à présent dans sa main.
Pendant une fraction de seconde, leurs regards se croisèrent, avant qu’ils ne se lancent à leur tour sur l’Erathien aux cheveux blancs, manifestement leur ennemi le plus dangereux à quelques centaines de mètres à la ronde. Sans compter que les soldats les laissaient plus ou moins tranquilles à présent qu’un de leurs officiers semblaient vouloir leurs vies. Ils avaient sans doute peur de le contrarier.
Leur adversaire portait quelques protections légères mais solides, mais pas une armure complète. Contrairement à ses sbires, il devait préférer pouvoir conserver une certaine liberté de mouvement, mais il était du même coup plus facile à blesser. Iréa choisit de s’attaquer au bras armé de l’Erathien, déjà aux prises avec les deux Cydiens.

L’épée de lumière s’abattit avec fracas sur le poignet cuirassé d’un erathien, fracturant celui-ci malgré la protection. La douleur fit lâcher son arme au soldat qui saisit son bras meurtri par réflexe tandis qu’un second coup du Nùa en diagonale le frappa à la base du cou trouva la chair par le défaut de l’armure provoquant une blessure fatale.

Le templier se sentait mieux maintenant, combattre lui vidait l’esprit de tous ses doutes alors qu’il pouvait laisser libre court à toute sa colère. Colère qui faisait des ravages maintenant qu’il tenait dans sa main son arme de prédilection, plusieurs cadavres pouvaient déjà en témoigner, mais rien ne semblait pouvoir atténuer sa rage. Cependant, il n’était pas le seul et alors qu’il saisissait son arme par la lame pour l’enfoncer verticalement dans le col d’un adversaire qu’il venait de sonner, Kyle senti un esprit familier hurler sa détresse.

Il reconnut l’esprit d’Elyncia, taché de haine et de chagrin alors qu’elle chargeait un erathien aux cheveux d’argents. Le templier ignorait ce qui pouvait bien l’avoir mise dans cet état, mais instinctivement il se dirigeait déjà dans sa direction pour lui prêter main forte. Comme si la colère de la jeune femme résonnait avec la sienne il poussa un rugissement terrifiant alors qu’il chargeait, projetant par l’esprit toute sa fureur contre ses adversaires.

Un erathien tenta de lui barrer la route, mais la vision du guerrier enragé qui lui fonçait droit dessus sans ralentir fit vaciller son courage et c’est à peine s’il tenta un timide coup d’épée promptement balayé par l’arme runique avant que Kyle ne l’écarte brutalement de son chemin d’un coup d’épaule.

Alors que le soldat heurtait durement le sol, le templier arrivait derrière le prince d’erathia, celui-ci était déjà occupé avec trois adversaires, mais Kyle pouvait sentir qu’il restait dangereux. Même s’il arrivait dans son dos, son esprit irradiait tant de violence que l’erathien ne pouvait ignorer son arrivée. La lame d’émeraude s’éleva avant de s’abattre sans hésitation vers la tête de sa cible avec une force formidable capable de fendre un bouclier en deux.

Ce qui était le plus insupportables avec les insectes, c'est qu'ils attaquaient toujours à plusieurs.
Pâle Platine grimaça, il avait horreur des affrontements contre plusieurs ennemis. Bon, il avait développé une technique de combat à un contre dix avec des chapelets de saucisses et des fenouilles, mais il était déjà fatigué d'avance.
La première attaque était esthétiquement très sympa, il fallait l'avouer. Alors qu'il était en route pour faire tomber la tête de la jeune templière, il fut contraint à une esquive acrobatique sur le côté pour ne pas se faire trancher comme un jambon. Cependant, il calcula mal son coup, forçait qu'il fut d'abandonner son épée au passage pour ne pas perdre sa main au passage. Atterrissant un genou à terre, il propulsa sa force en avant, frappant Adreän avec dextérité. Réunissant son index et son majeur de chaque main, il ajusta son adversaire qu'il frappa en de multiples points avec des cris aigus. Adreän fut projeté en arrière, ravagé.

"Tire-bouchon saignant et couteau..."

Lorsque la lance d'Elyncia vint à son encontre, d'un mouvement ample, il la passa sous son aisselle et la coinça dans sa cape qu'il enleva, déchirée par la pointe. Remontant le long de l'arme, il assigna un coup de coude puis du tranchant de la main à Elyncia. Dans un dernier "Ata!", il l'expédia sur les fesses en le frappant avec ses doigts.
Contemplant son œuvre, il les gratifia d'une annonce sur son attaque:

"Couteau de cuisine, couteau de salle à manger! Maintenant vous connaissez la douleur des blessures!"

Vif et alerte, il utilisa la technique "Planche à pain" pour éviter le coup de massue de Kyle, alignant son corps à l'horizontal. Il balaya ensuite son adversaire, profitant de son déséquilibre suite à son coup d'épée.

"Décidément, les temps comme les oeufs sont durs... et la bêtise n'a pas de limites."

Narguant son adversaire Nùa, il oublia cependant totalement sa première cible. Iréa arrive, silencieuse comme un chat, et lui porta un coup d'estoc dévastateur. Platine se retourna derechef, cherchant à coincé la lame, mais elle lui déchira le côté gauche. Sous l'adrénaline, il insensibilisa à la douleur pour envoyer une mandale à l'almer. Pressant sa plaie saignante, il tituba en déclarant:

"Vengeance par la botte secrète du Couteau de Cusine!"

Il recula cependant, le sang dégoulinant de son côté gauche.

[Si vous n'avez pas le temps de faire une réponse, je vous désengagerai en éditant]

Le prince Erathien venait d'esquiver leur attaque et avant qu'ils ne puisse jurer pour cet échec, il avait contre-attaqué férocement après avoir perdu son épée. Mais ses poings avait envoyé Adrëan au tapis, et tandis qu'il geignait, Elyncia tenta d'empaler son agresseur. Nouvel echec. Sans trop comprendre ce qu'il venait de se passer, elle finit elle aussi à terre.
Pâle Platine était d'une rapidité redoutable et sa force surhumaine les balaya tous, comme des feuilles mortes l'auraient été par le vent. Même Kyle subit ce châtiment. Et cela les mettait dans une situation bien inconfortable car un Erathien qui avait vu la scène se dirigeait vers eux pour les achever. Sans hésité, Elyncia se sépara de son bouclier et le lança avant qu'il ne percute le homme de leur ennemi alors qu'il tentait d'achever Adrëan, qui en profita pour lui trancher une jambe au niveau du genou, le laissant s'écraser au sol. Pendant ce temps là, la templière avait chargé l'autre monstre, et son arme avait transpercer son flanc. Malheureusement, il l'envoya valser plus loin en tentant de s'enfuir.

C'était à elle de jouer désormais. Arrondissant le dos, elle bascula en arrière, gardant l'élan par l'appui de ses épaules, puis elle poussa pour exercer une pression contraire lui permettant de se relever sur ses deux pieds avant de charger, saisissant sa lance avec ses deux main. Mais si elle armait son bras, elle feintait une estocade et quand elle fut suffisamment proche de Pâle Platine, elle la planta dans le sol et sauta par-dessus lui, se retrouvant ainsi dans son dos avant de se placer un peu plus sur sa gauche. Étant blessé de ce côté, il ne pourrait prendre un appuis efficace sans tituber.
Elle repensa alors à ses échecs et sa rage d'avoir perdu des personnes qui aurait mérité de vivre. Elle repensa au parents biologiques de Kashya, tué dans un raid de pirate sur son village. Elle repensa à son oncle, sa tante et son cousin, assassinés par cette chienne de Kaïlla. Elle repensa à Lloyd, l'ami de son père qu'ils avaient dû tuer avec Kyle. Elle repensa à Niyam, le fils de son capitaine tué lors d'une embuscade. Elle repensa à cette amazone qui était morte sous ses yeux à Ptot-Tàh. Puis elle repensa à son frère que cet homme avait sauvagement tué. Point de pardon pour lui et elle souhaitait ardemment sa mort.
Alors, dans un cris de désespoir et de rage, elle relâcha son coup gauche dévastateur et pria Zéphyr pour que son arme transperce son ennemi.

[Edit Jacen= Si Iréa veut poster à ta suite, partez du principe que ton attaque a fonctionné]

Kevada entre tous était son meilleur frère. Il était très attentionné pour lui: il lui donnait tout ce qu'il voulait, Il voulait son ballon il lui donnait, il voulait ses quilles il lui donnait...
Alors Pâle Platine connaissait bien l'importance d'un frère et la fureur qui saisissait Elyncia!
Lorsque la lancière s'envola, Platine chercha à lever le bras pour saisir et fracasser son adversaire sur le sol.

"Haut Couteau, poing marteau, picodo!"

Le problème étant que le Picodo lui arracha un énorme cri de douleur, son flanc transpirant le sang. Quelqu'un, il ne savait qui, s'approcha de son côté droit. Par pur réflexe, il lança son attaque la plus rapide pour mettre à terre son agresseur avant que la lancière n'ait eu le temps d'enchainer.

"Attaque aux petits couteaux rapides et sinueux...."

Et lorsqu'il toucha sa cible, la pointe de la lance sortit par son torse. Oui, Pâle Platine n'avait jamais développé de technique à trois contre un, et il était peut-être un peu rouillé. Ou pas assez doué. Enfin, il avait presque réussi son coup.
Son corps heurta le sol, un geste obscène à la main. Bientôt, il retrouverai son âme et le paradis. Et il allait, depuis l'au-delà, tout faire pour emmerder ses bourreaux. Il avait planté un graine, quelque part. Héritier du Nanto de Fourrure, Héritier du Couteau à Viande... L'heure viendra.

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[151-DP] La bataille des rois (Elyncia, Kyle, Iréa, Thémis, Soren) [Terminé]

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