[151-DP]Seul avec les étoiles comme publique... Ou presque (pv thémis) (fini)

La nuit était tombée depuis maintenant plus d'une heure, les étoiles illuminées le ciel, accompagné de la lune pleine au trois-quart. Les étoiles étaient les seules compagnes des aventuriers nocturnes et autres adeptes du camping sauvage. Les astronomes aussi, mais ils n'avaient pas grand-chose d'épique à regarder les cieux par une simple lunette. Quelle idée aussi de regarder le ciel avec autre chose que ses yeux. Talphan, lui, n'arrivait pas à s'en lasser. Les légendes allaient bon train sur l'origine des étoiles. Cela allait des larmes de Dieu devant l'injustice et la souffrance de notre bas monde, les âmes de nos proche défunt qui veille sur nous depuis l'autre monde ou encore d'immense boule de gaz brulante dans l'espace infini et froid de l'univers. Cette dernière théorie d'ailleurs est de très loin la plus tirée par les cheveux. Notre ami voleur lui ne se posait pas vraiment de question à ce sujet. S'il avait voulu réfléchir, il aurait fait philosophe, mathématicien ou alors pilier de bar. C'était là, alors il en profitait pour admirer le ciel et se servait de la lumière argenté de la lune pour ses besoins naturels qu'il exécutait loin de son feu de camp.

Les joies du voyage... Notre ami Almer n'avait guère voyagé dans sa vie. Quelques petites randonnées de temps à autre dans le désert. Pour suivre les copains. Là ça n'avait rien à voir. Déjà, il était seul dans la nuit, pas très loin de la cité de Cydonia. Deuxièmement, ce n'était pas du tout là qu'il voulait se retrouver. Troisièmement, son feu de camp fait à partir de quelques branches mortes avait une allure lugubre dans la fraicheur de la nuit. Et finalement, être tout seul au milieu d'une plaine au beau milieu de la nuit n'inspirait guère confiance. On le voyait à des kilomètres à la ronde, il était une cible facile. Cependant, Talphan avait confiance que sans ce feu, il ne supporterais pas très bien le froid de cette région auquel il ne s'était pas encore habitué. Il se demandait encore comment il pouvait avoir autant dérivé de sa route. Il voulait passer par la région de Cydonia, mais pas aussi prêt. Il n'était pas très doué côté orientation et la marche était rude. C'était surtout la solitude qui le pesait. C'était difficile déjà en ce moment ... alors n'avoir personne à qui parler ne lui permettait pas de ne pas penser au dernier événement. Ainsi, maintenant qu'il était censé dormir, son esprit s'obstinait à être en ébullition. Ainsi il ne lui restait plus grand-chose pour s'occuper l'esprit. Une seule chose en fait.

Talphan dégaina son arme secrète. Un ocarina fait en bois de cèdre. Un de ses seuls souvenir qu'il lui restait de sa vie antérieure, sa vie dans le désert. Sa vie à Ptot Tàh. Il souffla, produisant un son aigus qui vrilla le silence de la nuit. Elle n'avait rien, le voyage ne l'avait pas endommager. L'almer soupira. C'était tout ce qu'il lui restait en fait. Un simple ocarina et une multitude de souvenirs. Ceci explique sans doute pourquoi la musique qui emplit cette pleine fut une musique pleine de peine et de tristesse. Cette nuit il faisait ressortir son âme, la laissant être portée par le vent, peut être vers de meilleurs jours. Sur sa joue coulait une larme.

La nuit était tombée rapidement et la demoiselle le regrettait. Ce soir-là, elle savait que Soren ne comptait pas la rejoindre, bien trop occupé qu'il était par les préparatifs de la bataille à venir. Si elle lui en avait voulu lorsqu'il le lui avait annoncé aussi froidement que d'ordinaire, la jeune Clari s'était par la suite contenté de lui sourire d'un air entendu. Elle ne pouvait lui en vouloir bien longtemps et comprenait très bien les responsabilités qui pesaient sur ses épaules. Sans ajouter quoi que ce soit, elle avait quitté la pièce et s'était réfugiée dans sa chambre en silence avant que le petit bonhomme qui vivait en face ne l'interrompe.

«Bonsoir mademoiselle Clari !»

La jeune femme sourit au gamin avec tendresse avant de lui répondre, le sourire toujours aux lèvres mais la voix lourde de reproches qu'elle avait tenté d'intensifier pour montrer son ironie :

«Lyes, je t'ai déjà dit de m'appeler Thémis !»

Le petit garçon s'empourpra avant de tenter de se justifier et la jeune femme comprit qu'elle avait eut tord de vouloir faire de l'humour. Elle s'accroupit de façon à être à hauteur du visage de l'enfant et posa sa main gauche sur la tête de ce dernier avant d'ajouter, d'une voix maternelle :

«Allons je te taquinais, ne pleure pas va ! Tu voulais me parler de quelque chose ?»

Le jeune apprenti Zélote posa son regard sombre sur Thémis avant d'ajouter qu'il voulait des conseils sur le soin. Elle sourit de plus belle et l'invita à entrer dans sa chambre avec plaisir. Durant une heure, elle répondit à ses questions, elle assise par terre et lui, sur le lit. Il était si excité qu'elle lui réponde et fatigué par sa journée qu'il finit par s'endormir, ne manquant pas de faire sourire la jeune Clari. Doucement, elle le souleva et partit le déposer sur son lit avant de faire glisser le drap jusqu'à son cou. Après un dernier regard amusé, elle referma la porte derrière elle et se dirigea vers la fenêtre. Le ciel était particulièrement étoilé ce soir-là et la demoiselle le contempla, apaisée.

Sur un coup de tête, Thémis se décida de sortir. Il y avait bien longtemps qu'elle n'avait pas profité des ténèbres de la nuit pour s'envoler. Depuis qu'elle avait découvert son don de transformation animale, et plus particulièrement celui d'aigle, Thémis aimait prendre le temps de voler quand elle en avait l'occasion. Sentir le vent s'emmêlait dans ses plumes, voir le ciel et monter, toujours plus haut. Elle profita de n'avoir personne dans son lit pour prendre son envol. L'aigle royal vola sans relâche, poussant de temps à autre des cris de joie non retenue jusqu'à ce qu'il voit un feu au loin. Attiré, il se décida à aller dans la direction de la lumière. En réalité, Thémis craignait qu'une armée ne décide d'envahir Cydonia, aussi fou que cette idée puisse paraître. En approchant, elle entendit la douce musique qui s'élevait dans les airs. En silence, aussi furtive que l'ombre de la nuit, elle survola ce qui semblait être un camps et vit la personne à l'origine de la musique mélancolique. Sa vision ne lui permettait pas de distinguer plus que la silhouette mais au moins était-elle rassurée de voir qu'il était seul. Pourquoi Thémis se décida-t-elle à reprendre forme humaine et s'approcher de l'homme ? Elle n'aurait su le dire mais la musique, triste et mélancolique, l'attirait. Elle-même se sentait tellement seule ...

Lorsqu'elle s'approcha, timidement, elle put entendre d'autant mieux le son mélodieux de l'étrange instrument que l'homme tenait entre ses doigts fins. Thémis était heureusement vêtue de couleur sombre et ne risquait donc pas d'être vue toutefois, elle pouvait être entendue, surtout si elle marchait sur une branche. Se sentant piégée, elle préféra avancer dans la lumière des flammes dansantes et ajouta timidement :

«Désolée, ta musique était si belle ... je ne voulais pas t'espionner !»

Un oiseau passa au-dessus de Talphan, il ne le sentit pas passer, trop concentré par la musique qui vibrait à travers son corps. A travers son être. Il ne vit pas l'oiseau qui le survolait se transforma en une jeune femme. Cela lui aurait surement fait faire une crise cardiaque. Ce n'était pas vraiment courant les animaux qui se transforment en homme. Enfin, en femme dans ce cas-là. Bien sûr, il y avait toujours des légendes, rumeurs et folklore en tout genre... Une fois la surprise passée, il aurait surement cru à une sorcière. Heureusement pour Thémis, lorsqu'il entrevit à la lueur de son feu, il ne se mit pas à hurler comme un dément qu'il fallait la brûler sur un bucher. Cependant, il s'arrêta de jouer, troublé par cette nouvelle venue. Il l'observa un instant alors qu'elle avançait de quelques pas vers le feu de camp. Elle était d'une beauté indéniable, avait une silhouette fine et svelte et une longue chevelure blonde qui semblait très douce. Elle parla d'une voix douce comme un bruissement de soie, presque un murmure.

«Désolée, ta musique était si belle ... je ne voulais pas t'espionner !»

Talphan ne s'en offusqua pas, ce n'était pas la première idée qu'il avait eu en tête. On aurait pu tenter de le tuer pour le détrousser, ça, ça lui avait traversé l'esprit. L'espionner ? Comme si c'était quelqu'un à espionner. Il n'était pas vraiment d'un intérêt économique important. Ne parlons même pas d'intérêt politique... De plus, notre ami voleur de bourse comprenait que dans une plaine peu fréquenté, sa musique puisse attirer l'attention. Bien sûr, il apprécia qu'elle le complimente sur ses talents musicaux. Il hocha la tête en souriant, un sourire qu'il espérait ne pas être glauque à la lumière de la nuit et lui répondit d'un très bon Cydien :

"Merci. Je ne pensais pas rencontrer quelqu'un ici cette nuit. Encore moins quelqu'un de bien intentionné. La nuit est froide, si tu veux profiter du feu, je t'en prie."

Il doutait que la nuit soit si froide que cela en réalité. Pour lui, elle l'était, à n'en pas douter. Cependant, un hiver à Ptot Tàh est aussi froid que peut l'être le souffle d'un dragon rouge. Mais le printemps était là et la chaleur revenait avec lui dans les régions où le climat n'est pas aussi sec et désertique que son pays natale. Il était sans doute le seul à autant ressentir ce froid dans les environs, même si cela ne le dérangeait pas. Même s'il se sentait tout de même plutôt rassurer que la personne qui l'avait devant lui ne soit pas un monstrueux pillard venu le couper en deux, il tendit l'oreille à la recherche d'un bruit indiquant une autre présence. Cette jeune femme semblait être seule... Au lieu de s'interroger sur cela, Talphan interrogea directement Thémis. Parfois, les solutions les plus simples ont de bien meilleurs résultats.

"Que fait une jeune femme seule au beau milieu de la nuit dans les plaines Cydiennes ?" (ça se dit vraiment Cydienne ? j'ai un doute =/)

Les possibilités étaient nombreuses... En fait non. Il n'y en avait pas tant que ça. Même en cherchant bien, à pars une voleuse de grands chemins, il ne voyait vraiment pas ce qu'une jeune femme pouvait faire ici en pleine nuit. A une heure pareille, n'importe quel voyageur se serait arrêté une fois la nuit tombée. Alors, pourquoi était-elle là ? Talphan haussa finalement des épaules, elle seule pouvait répondre à ses questions. Aussi s'occupa t-il de raviver un peu les flammes à l'aide d'un petit bâton qu'il employait à cet effet. Il sortit le peu de viande séché qu'il avait emballer dans un tissu de lin, à peine de quoi tenir trois jours de voyage. Même si l'appétit n'était pas vraiment, il devait quand même manger pour reprendre des forces. Sans hésiter, il tendit le la viande à son interlocutrice.

"Je n'ai pas grand-chose d'autre, mais si tu as faim..."

Il mastiquait silencieusement en attendant sa réponse. Bandit ou voyageuse, cela ne changeait rien. Elle devait manger aussi.

La jeune femme était perplexe. D'ordinaire, elle ne se prêtait pas avec plaisir au jeu de l'espionnage sauf lorsqu'il s'agissait de son père auquel cas, elle aimait rapporter quelques pensées alléchantes au plus offrant juste pour l'embêter. La musique avait été si belle que la jeune Clari n'avait pas su y résister et à présent, elle le regrettait un peu. Certes elle n'était pas de ces faibles femmes apeurées par le monde extérieur et ne sachant que peu se défendre mais tout de même, elle n'était pas non plus un soldat chevronné et la simple idée qu'elle accoste un malotru ne l'avait même pas effleurée un instant. Du moins pas avant de se montrer à la lueur du feu dansant dans la nuit. Si l'homme en face d'elle avait de mauvaises intentions, nul doutes qu'elle devrait se battre pour préserver sa vie et tout autre chose, mais apparemment, ses doutes n'étaient pas fondés. La jeune femme regretta qu'il s'arrête de jouer de la musique, d'une part parce qu'elle était fort agréable à entendre, et d'autre part, parce que c'était peut-être mauvais signe de la part de l'inconnu qui pouvait estimer que sa présence l'importunait. Elle fut donc surprise de sa proposition. Thémis jeta un bref coup d'œil sur son interlocuteur avant de simplement sourire avec douceur et s'assoir à son opposé, près du feu. La nuit n'était pas particulièrement fraiche pour ce début de printemps mais il fallait dire que la jeune femme n'était pas vraiment une référence sur le sujet. D'origine Astorg, elle ignorait plus que ses concitoyens la morsure du froid elle qui était pourtant de constitution fragile surprenait toujours son entourage en sortant quasi dévêtue en plein hiver. Cette remarque intérieure la fit sourire tandis qu'elle ajoutait à l'attention du jeune homme :

« Merci ! »

En l'observant à la lumière du feu de camps, la jeune Clari put s'apercevoir le teint basané de sa peau. Elle émit donc l'hypothèse que le jeune homme soit en réalité un Almer mais se garda bien d'exprimer cette pensée tout haut. De tous les Cydiens, elle était surement l'une des premières à ne jamais juger sur la race ou la couleur de la cité d'origine d'une personne. « On ne peut juger que les actes » lui avait-on soufflé un jour et il lui apparaissait de plus en plus évident que cette phrase était censée.
La question du jeune homme l'interpella. D'ordinaire, on lui demandait ce qu'elle avait encore fait, pourquoi elle était là alors que sa place aurait du être ailleurs ou encore, on se contentait de baisser les yeux sur son passage, comme si elle était une personne importante alors que ce n'était pas du tout le cas. Une question aussi anodine et posée avec la curiosité simple du voyageur lui fit un bien fou, comme si pour une fois, on la traitait comme la première venue. Beaucoup se seraient offusqués, elle en fut pourtant ravie.

« Je regrettais simplement de ne pas pouvoir contempler le ciel en paix de ma chambre, j'ai donc décidé de sortir un peu, de prendre l'air. Il y avait bien longtemps que je n'avais pas pris la peine de voguer dans les cieux. »

Thémis avait parlé sans vraiment réfléchir à la question et à la réponse adéquate. Elle n'estimait sans doutes pas nécessaire de se torturer l'esprit à répondre ce que son interlocuteur voulait entendre. Il avait posé une question par curiosité, elle lui répondait avec simplicité, ni plus ni moins. Alors que son regard s'était perdu un instant dans les cieux, elle osa à son tour une question directe, d'un ton calme, posé mais toujours très doux comme à son habitude :

« Ta musique semblait si triste, si mélancolique que je l'ai trouvé magnifique seulement je me souviens qu'un jour, on m'a dit que les hommes exprimaient leur sentiments à travers leur musique, est-ce vrai pour toi aussi ? »

Nulle moquerie dans son ton, seulement l'inquiétude habituelle de Thémis pour son prochain, qu'elle le connaisse ou non. La jeune femme avisa la nourriture et si elle n'avait pas spécialement faim, d'une part parce qu'elle avait déjà mangé, d'autre part, parce qu'elle ne mangeait presque rien d'ordinaire, elle se força à en prendre un bout par politesse et commença à son tour à le mâchonner. La demoiselle avait l'habitude d'une nourriture plus fine mais le goût n'était pas désagréable pour autant ! Elle se mit alors à observer plus attentivement son interlocuteur avant d'ajouter d'un ton simple :

« Vous semblez venir de loin, comptez-vous vous arrêter à Cydonia ? »

[ Je crois que l'on dit Cydien donc Cydienne me parait logique Razz

]

Thémis Clari s'installa en face Talphan en le remerciant. Ce dernier avait vraiment du mal à saisir les raisons qui avaient amené une jeune femme dans un pareil lieu à une pareille heure. Les pièces du puzzle se mirent très vite en place en place et l'ordre fut rétablis dans l'esprit chaotique du voleur. En observant quelques instants une personne, on avait très vite des indices quant à la classe d'une personne. Indices que tout voleur doit connaître afin de choisir la cible à qui il dérobera sa bourse. Il y avait les riches, les dangereux et les pauvres. Il y avait aussi les riches dangereux, les pires d'entre tous... Du moins quand on tente de voler cette personne. Le moindre faux pas et on se fait attraper la main dans le sac. Se faire attraper par un guerrier ou un mage n'a rien d'amusant en tout cas. C'est même parfois douloureux. Thémis fut très vite rangé du côté des gens fortuné. Sa manière de parler et sa posture lorsqu'elle s'assit était assez révélatrice. Une sixième sens lui indiqua aussi qu'elle faisait surement parti des dangereux. Ce n'était qu'un détail sans intérêt, mais savoir à qui l'on parle ne peut pas faire de mal.

Cette jeune fille semblait être assez atypique, c'est le moins que l'on puisse dire. Aucun doute, Thémis était en pleine capacité de ses moyens. Alors, pourquoi semblait elle en mesure de "voguer dans les cieux" ? Sans s'en rendre compte, Talphan regarda attentivement le ciel en quête d'un objet volant qu'il n'aurait pas remarqué jusque là. Rien. Il reportant l'attention sur son interlocutrice. Elle ne semblait pas non plus posséder d'aile comme ça aurait été le cas avec un ange. Une conclusion lui sauta soudain au visage. Un peu comme l'aurait fait un diable à ressort dans l'une de ses boites à manivelle. Lorsqu'on n'avait pas envie d'entendre la réponse, il était inutile de poser la question. C'est pour ça qu'il se contenta d'opiner du chef, comprenant tout de même qu'une personne puisse avoir envie d'admirer le ciel et les étoiles. La voute céleste s'étendait au dessus de chaque homme, pourtant personne n'y prenait vraiment garde. Ce n'était qu'un simple élément du décor, trop souvent éludé. Cette pensée emplit Talphan d'une légère tristesse. Thémis, de sa voix douce et légère comme la brise, reparla de la mélopée qu'il jouait avant son arrivée. En tout cas, sa théorie était juste. L'almer jouait sa tristesse et la joie au gré de son cœur, il ne s'en cachait pas d'ailleurs. Aussi décida t-il d'expliquer ce qu'il évoquait à travers son ocarina.

"En effet, ma mère pensait aussi que la musique était une histoire de coeur. En cette nuit, je ne porte en moi que peine et souffrance. Je suis en deuil de toute une Nation."

Et c'était vrai. C'était un des survivant de son peuple, il portait sur ses épaules tout le patrimoine de ses ancêtres. Ce n'était pas le seul, bien entendu, mais Talphan estimait qu'il était beaucoup trop peu nombreux. Il maudissait le fléau qui avait touché les siens. Il priait pour les morts, mais aussi les vivants, que jamais une telle chose ne se reproduise. De sa main, il se massa le front. Le moment était mal choisi pour laisser la tristesse le submerger de nouveau comme ça. Il lutta donc, comme on lutte contre le courant d'une rivière et sourit faiblement à la cydienne.

"Pardon, je pensais avoir dépassé tout ça. Il semblerait que je me sois trompé."

Sans s'en rendre compte, Talphan tendis ses mains vers le feu afin de les réchauffait. La température n'avait pas chuté, pourtant un frisson traversa sa colonne vertébrale. Silencieusement il fixa les flammes. Thémis lui demanda s'il comptait s'arrêter à Cydonia.

"Non. Je compte aller plus loin au nord."

La cité n'était pourtant guère loin. A la lumière du jour, Cydonia était visible de là où il se trouvait. A moins d'une journée de marche. Il sentait cependant que cela serait plus simple pour lui s'il allait encore plus loin de son pays. Réflexion idiote, il n'avait pas la Mort à ses trousses. Cette dernière allait de toute façon beaucoup plus vite que lui, elle le rattraperait quoi qu'il fasse.

"Combien de temps crois-tu qu'il mettront avant de se rendre compte que tu t'es envolé pendant la nuit ?" Demanda-t-il en émettant un petit rire.

Talphan n'imagina pas à quel point il était proche de la vérité.

La première réplique de son interlocuteur fit regretter à Thémis d'avoir posé une question aussi personnelle que stupide. Il était évident qu'un bon musicien faisait passer à travers le flots de ses notes les sentiments qui l'animaient sur l'instant et si elle avait trouvé la mélopée triste et emplit de douleur, il était inutile maintenant qu'elle y réfléchissait de tourner le couteau dans la plaie. Seulement les mots avaient été prononcés et ce qu'elle pourrait faire ou dire n'y changerait rien. Ce fut donc dans un silence forcé que la jeune Clari écouta son interlocuteur lui répondre avec un certain calme. Sa réponse acheva la pensée de la jeune femme tandis qu'elle se remémorait les premières impressions qu'elle avait eut de lui. En l'observant à la lumière des flammes, Thémis avait cru remarquer une certaine peau mate et s'était fait la réflexion qu'il devait être un Almer mais rien n'avait pu réellement confirmer ses dires, à présent qu'il parlait de veiller sur le deuil de toute une Nation, elle comprenait un peu mieux de quoi il en retournait. Soit le jeune homme était un Elfe et à n'en pas douter, ce n'était pas le cas, soit il était un Almer pour pleurer ainsi sa Nation disparue. Les Almers … Thémis pensa un instant au pauvre peuple du désert avec émotion. Si elle n'avait que rarement eut l'occasion de se rendre à Ptot Tàh ou dans ses environs dans son enfance, elle se souvenait de plusieurs choses. La chaleur, étouffante, les esclaves au regard triste, hommes, femmes ou enfants, résignés face à leur destin, le P'yra, qu'elle n'avait jamais eut l'occasion de rencontrer mais avait souvent vu dans des gravures ou sur certaines toiles et enfin, les gens. Les Almers, s'ils paraissaient aussi rudes que les Astorgs de prime abord, étaient dans ses souvenirs des gens chaleureux à l'image de la chaleur régnant dans leur cité.

« Je suis désolée. » se contenta-t-elle de répondre, son regard bleu océan tourné résolument vers le sol.

La suite ne l'enchanta guère. Visiblement, comme elle le pensait, la jeune héritière du Consul avait eut tendance à raviver la flamme de la douleur dans le cœur de son interlocuteur et si elle n'avait pas eut l'intelligence de se taire quelques minutes plus tôt en posant sa fameuse question, elle se contenta de poser son regard sur les flammes sans oser ajouter un mot de plus.

Le jeune homme ne sembla pas enclin à poursuivre sur le sujet de Ptot Tàh et pour sa part, Thémis n'était pas non plus très tentée par l'idée. Elle fut donc soulagée de voir qu'il se contentait de répondre à sa question suivante sans vraiment se soucier du reste. Ainsi, la jeune femme appris que son interlocuteur se rendait plus au Nord. Sa connaissance de la géographie dépassait de loin celle de la plupart des Cydiens et elle se demanda un instant s'il comptait se rendre à Storghein ou à Tamawa. Elle pesa le pour et le contre avant de se rendre compte que son comportement était ridicule. A quoi bon être venue à sa rencontre si c'était pour être aussi mal à l'aise et hésiter à chaque fois qu'elle devait ouvrir la bouche ?

« Où comptes-tu te rendre ? » finit-elle par simplement demander, le sourire aux lèvres.

La dernière remarque de son interlocuteur ne manqua pas de la faire rire. Il était vrai que de la façon dont elle avait présenté les choses précédemment, on aurait pu croire à une princesse en quête de liberté, ce qu'elle n'était pas du tout, ni du côté princesse, ni du côté liberté. Il y avait bien longtemps de cela qu'elle était libre après tout ! Elle réfléchit un instant de plus à cette image et rit encore un peu avant de finalement se décider à répondre, sur le ton de la plaisanterie :

« Surement un moment ! »

Elle se tut, se calmant, avant de reprendre :

« Je ne suis rien de plus qu'une citoyenne, peu importe mes escapades nocturnes et puis, il ne me sera pas difficile de rentrer avant l'aube à vol d'oiseau. De toute façon, rien n'aurait pu m'empêcher de venir contempler le ciel, ni une loi ni un père trop protecteur ! »

Un sourire espiègle se dessina sur ses lèvres à nouveau. Ses yeux quant à eux observèrent le ciel avant de se reposer sur son interlocuteur.

« Tu n'as pas l'air d'avoir beaucoup de vivres, en auras-tu suffisamment jusqu'à la fin de ton périple ? »

Son inquiétude n'était pas feinte, Thémis était ainsi. Passant du coq à l'âne, elle était naturellement altruiste et partageait bien trop souvent les sentiments de ses amis comme de ceux dont elle ignorait tout. Elle n'aimait pas imaginer quelqu'un dans le besoin sans essayer de l'aider un tant soit peu.

« J'y pense, désolée, je ne me suis pas présentée, je m'appelle Thémis, et toi ? »

Il était vrai qu'elle n'avait pas pris la peine de se présenter, ce qui en soit, était un manque cruel à l'éducation que son père avait tenté de lui donner certes mais aussi à sa conduite générale.

Thémis Clari était un personnage atypique, c'était du moins ce que pensait Talphan. Bien sûr, l'Almer se fiait à sa fausse idée qu'il avait de la noblesse et des personnes du même acabit. Pour lui, la fortune rendait l'homme encore plus cupide qu'il ne l'est déjà, sans coeur et sans aucune considération pour l'être humain. Son interlocutrice semblait quant à elle s'intéresser à autrui, elle semblait vraiment s'intéresser à lui. Talphan ne s'était jamais vraiment intéressé à la politique, plutôt au politicien et leur argent. Il se fit tout de même la réflection qu'une personne ayant une tel part d'humanité qui occupait une place importante dans la société apporterait beaucoup au peuple. L'empathie dont faisait preuve cette jeune femme était remarquable. Thémis était réellement peiné de la mésaventure qu'avait vécu Talphan et son peuple. Elle comprenait donc l'immensité de sa souffrance, cette peine qu'il avait au fond de lui.

Elle le questionna, avec un intérêt sincère, sur sa prochaine destination. Il réfléchit quelque instant. Certes, il savait où il allait. Il voulait s'arrêter à la cité de Storghein. Découvrir la région et saisir de nouvelles opportunitées de carrière. La suite des événements n'était pas encore très bien ordonné dans sa tête, cependant il était bien résigné à tourner la page maintenant.

"Je pensais aller à Storghein. On dit que même en cette saison la région est couverte de neige. Cela me changera du sable et j'ai bien besoin d'un changement de décor." Déclara-t-il.
Talphan eut au moins le mérite de la faire rire. Cela faisait un moment qu'il n'avait pas entendu pareil son. Un son clair comme le cristal, il le reçut en pleine figure et en profita jusqu'à ce qu'il s'éteigne. L'almer l'écouta dire qu'elle était libre et que personne n'avait à entravé cette même liberté, pas même son père qu'elle considérait comme un empêcheur de tourner en rond de première. Non pas que cela gêne vraiment Talphan que Thémis n'apprécie guère son père, cependant il estimait que le rôle de père était un bien lourd fardeau et qu'il n'était pas toujours évident de bien s'en acquitter.

"Un père fera toujours son possible pour protéger ses enfants, même s'il ne le fait pas toujours de la meilleure manière qui soit. Fit-il solennellement

Ce qui pouvait sembler étrange c'est que si on savait que son père était parti sans laisser de trace depuis maintenant huit ans, sa réaction serait à l'inverse total de ce qu'il avait vécu. Cependant, tout au fond de lui, Talphan savait que son père avait fuit pour le protéger, lui et sa mère de quelqu'un, ou de quelque chose. Il n'en avait jamais eu confirmation et n'en aurait surement jamais. Pourtant, il continuait à croire son instinct. Bien sûr, il n'en voulait pas à Thémis d'en vouloir à son père trop protecteur, elle était encore jeune, le temps lui fera peut-être pardonner les faux pas de son géniteur. Et bien sûr, Talphan éluda une nouvelle fois cette histoire de vol d'oiseau. Concrètement il ne voyait pas comment elle ferait pour rentrer chez elle à vol d'oiseau. Si elle pensait pouvoir le faire, ce n'est pas lui qui allait la contredire. Elle le questionna maintenant sur ses réserves de nourriture, demandant s'il en aura assez pour finir son voyage.

"Je pense pouvoir quelques jours. Entre temps j'aurais surement trouvé un village ou une ferme où je pourrais me procurer de quoi manger." Dit-il après un petit temps de réflexion sur ce qu'il lui restait

Talphan sourit en réalisant que ce problème était sans le cadet de ses soucis. Il ne s'imaginait pas un instant mourir de faim sur la route. Après tout, le désert était loin derrière lui. La région proche de Cydonia possédait beaucoup de petits villages et de fermes isolées. Trouver des vivres ne devrait pas être si compliqué que cela après tout. Il se soucierait vraiment de cela si la famine pointe le bout de son nez, ce qui n'était pas le cas pour l'instant après tout. Finalement, les présentations se firent, en retard certes, mais mieux vaut tard que jamais.

"Mon nom est Talphan. Je suis ravi de faire ta connaissance, Thémis."

Il se dit à ce moment-là qu'il se souviendrait de ce nom. Sans en avoir la certitude, il se dit que cela pourrait être utile.

Thémis avait beaucoup parlé, elle avait même l'impression d'avoir quelque peu monopolisé l'attention et c'était sans doutes pour cela qu'elle s'était tut pour laisser le temps à son interlocuteur d'ingérer ses multiples questions et d'y répondre tranquillement. Sa curiosité avait souvent eut le don de lui attirer des ennuis, des réflexions ou encore, des inimitiés même si ces dernières étaient plus rares. D'ordinaire Thémis ne se faisait que rarement des ennemis mais elle espérait surtout que le jeune homme derrière le feu ne lui en voudrait pas d'être aussi bavarde et curieuse. Elle osa un regard dans sa direction et remarqua que ce dernier semblait réfléchir aux réponses à lui apporter. Le silence se fit sentir entre les deux jeunes gens mais Thémis s'inquiétait beaucoup moins qu'au début. Il était simplement en train de réfléchir à ce qu'il pouvait dire ou non, du moins le pensait-elle et l'espérait-elle aussi quelque part.

La première réponse de son interlocuteur eut le don de la mettre mal à l'aise. Elle se souvenait de sa réponse évasive quant à son origine Almer. S'il tenait tant que ça à changer de décor, sans doutes était-ce parce qu'il avait du vivre le malheur de Ptot Tàh. La Maladie. Le mot fit frémir la jeune Clari sans qu'elle ne s'en rende compte. Elle ne pouvait qu'imaginer ce que cela pouvait être que de perdre tout ce qui avait fait jusque là votre vie et elle préféra garder le silence suite à l'annonce de la destination du jeune homme. Storghein était une belle ville et Thémis appréciait y aller même si les Cydiens n'aimaient pas en général. Dans la cité des neiges, la jeune Clari se sentait bien, comme si la moitié qu'elle étouffait à Cydonia pouvait renaitre sans se soucier du reste, d'autant plus que son physique était plus Astorg que Cydien, ce qui lui permettait de se mouvoir sans se soucier dans la cité de l'Oblat alors que sa cité natale semblait la rejeter bien souvent … Sa deuxième réplique fit sourire la jeune femme. « Un père fera toujours son possible pour protéger ses enfants » … si la jeune Clari n'était pas étonnée et partageait cette opinion, elle ne pouvait toutefois s'empêcher de penser qu'elle était en partie erronée. La fin de la phrase acheva de convaincre Thémis que son interlocuteur n'avait pas du avoir une enfance facile, sans doutes pas à son image, mais quelque chose du même genre.

« Oui, je suis bien d'accord, mais comme tu le dis, ils ne s'y prennent pas toujours de la meilleure façon qu'il soit ! » ajouta-t-elle avec le sourire.

Il était agréable de discuter avec le jeune homme, même si elle ignorait encore son prénom et qu'au fond, elle savait que ce ne serait qu'une rencontre passagère, telle une brise d'automne sur un champs d'herbe encore grasse.
Le jeune homme répondit à ses inquiétudes en lui assurant qu'il pourrait tenir jusqu'au prochain village ou la prochaine ferme avant de se ravitailler, Thémis fut quelque peu étonnée par son assurance mais elle se contenta de sourire et d'ajouter :

« Storghein doit être magnifique à la sortie de l'hiver, il y a un petit moment que je ne m'y suis pas rendue, tu me donnes l'eau à la bouche et l'envie d'y retourner ! »

La jeune femme rit un instant avant d'ajouter plus sérieusement :

« J'espère que tu connais bien la route et que tu ne tomberas pas sur des brigands en chemin ... »

La jeune Clari sourit à nouveau en entendant le prénom atypique à ses oreilles du jeune homme. Talphan, c'était un prénom qui avait des sonorités quelque peu Astorg pour elle mais elle s'abstint de le lui faire remarquer. Elle savait par expérience que ce genre de commentaires n'étaient pas forcément bienvenue.

« Enchantée de faire ta connaissance ! »

Thémis se tut ensuite, consciente qu'une fois encore, elle n'avait que trop parlé.

Thémis était une personne avec qui il était très agréable de parler. Elle parlait beaucoup, ne montrait aucun signe d'arrogance ni de méchanceté et l'on pouvait voir dans ses multiples questions une curiosité et un intérêt sincère. Certes, c'est la curiosité qui a tué le chat, mais pour Talphan, si on ne s'intéresse pas un peu à ce qu'il y a autour de nous, on rate des choses importantes. De plus, c'est une caractéristique commune à n'importe quel voleur. Qui plus qu'un brigand n'a envi de savoir ce qui se cache dans un gros coffre bien garder ? Un instant, le jeune voleur de bourse se dit que Thémis aurait sans doute fait une voleuse doué. Elle était d'une certaine beauté, de nature curieuse et sa silhouette svelte convenait parfaitement à l'emploi. Une simple idée en l'air, se dit-il, elle n'était pas née sans argent et n'avait nul besoin de s'en procurer de manière frauduleuse et illégale. Peut être dans une autre vie. Qui sait ?

Son interlocutrice connaissait Storghein, la destination de Talphan. Cela ne l'étonna pas vraiment, cette jeune demoiselle avait sans doute plus voyagé que lui. Cependant, lui entamait un périple difficile, traverser tout un continent à pied, rien à voir avec une balade en cheval ou en chariot, entouré de garde. Cela ne l'inquiétait même pas, après avoir survécu au fléau de Ptot Tàh, il savait que ce n'était qu'une épreuve de plus. Une marche de plus dans l'escalier de la vie, qu'il gravirait sans courber l'échine. En tout cas, le souvenir qu'avait laissé la cité du nord sur la jeune femme semblait être assez plaisant. Cela le rassura un peu, même s'il allait voir, en plus de la beauté du paysage, la dure vie de la rue, la cité ne pouvait pas être un véritable enfer. En plus de le rassurer, cela le motiva à avancer. Il sourit, devant l'humeur joviale de Thémis, prenant conscience que sa présence lui redonnait un peu de baume au coeur. Parler à quelqu'un lui semblait être un luxe après tant de solitude sur les routes.

«Peut-être nous verrons-nous là-bas si tu cèdes à ton désir de revoir cette cité. » Lui dit-il.

La prochaine réplique de la Cydienne lui fit réprimer un rire avant qu'il ne sorte de sa bouche. Il aurait pu dire que lui aussi était un brigand, alors ses congénères ne l'inquiète pas. Talphan savait très bien comment eux se comportaient, ainsi lui savait comment s'éviter leur attention ou leur foudres. Cependant, il ne pouvait se permettre une telle franchise, il avait beau savoir ne pas être mauvais, les voleurs et consort étaient très vite catalogués. Aussi décida-t-il de s'inviter une identité, en espérant qu'elle n'ai pas vu sa réaction plus qu'inhabituelle.

« Les bandits ne m'inquiète pas, je n'ai de rien valeur sur moi. Il n'y a aucun profit à détrousser un simple agriculteur qui a tout perdu. Me capturer ne servirait à rien, je n'ai plus de famille qui payerait une rançon pour ma tête. Si un brigand décide de m'occire, ce ne sera pas par cupidité, mais par simple cruauté. Et rien ne pourrait me protéger de la cruauté humaine de toute façon. Alors j'ai décidé de suivre ma route, espérant encore jouir de la chance qui m'a déjà sauvé la vie. »

Bien qu'incomplète, son analogie était vraie. Il ne s'inquiéterait qu'à partir du moment où il sentira un couteau contre sa gorge. Il s'étira, se sentant las. La marche était éprouvante, devoir dormir dehors comme ça, à même le sol et en proie aux intempéries, n'arrangeait rien. Ses jambes le faisaient souffrir comme jamais et ses pieds étaient meurtris. Il aurait tout donné pour avoir la possibilité de voyager avec autant de simplicité qu'un oiseau, comme le faisait Thémis. Il soupira.

« Il se fait tard, commença-t-il, tu devrais rentrer te coucher. Je crains que les cernes sous des yeux gâche la beauté de ton visage. Et cela éveillerait des questions je pense. »

Il lui offrit un maigre sourire. Encore une fois, Talphan savait qu'il avait raison. Ils allaient devoir se quittaient, même s'il aurait voulu encore lui parler. Mais il savait qu'il devait lui aussi dormir. Sinon jamais il ne pourrait tenir demain.

La remarque de son interlocuteur ne manqua pas de faire sourire la demoiselle. S'il n'en tenait qu'à Thémis, elle serait allée revoir bien plus souvent les belles montagnes enneigées ceignant Storghein ainsi que la cité des neiges éternelles. Pourtant, son statut, son nom et son rang l'empêchait de le faire tout comme son origine Cydienne paternelle. Elle s'abstint de faire part de ce genre de détails à son compagnon et se contenta de sourire. La jeune femme avait beau observer son interlocuteur, elle ignorait totalement qui il était et se sentait incapable de déterminer s'il était quelqu'un de gentil ou quelqu'un dont il fallait se méfier. Sans doutes était-il un mélange des deux à sa manière et Thémis n'avait pas l'intention de le juger hâtivement ou encore, de lui poser de plus amples questions qui auraient certainement le don de l'agacer.
La jeune Clari écouta l'explication de son interlocuteur avec attention, craignant sincèrement que quelques bandits ne se décident à le détrousser pendant la nuit. Force était de constater que ce qu'il énonçait était désolant mais tellement vrai. Seule la cruauté pousserait quelques misérables à le priver du peu qu'il lui restait et à lui ôter la vie après ce qu'il venait de subir. Si la jeune femme comprenait son assurance, elle ne put s'empêcher toutefois d'ajouter :

« Soit tout de même prudent, les rencontres ne sont pas toujours bonnes. »

Thémis était quelqu'un qui avait tendance à se préoccuper du bien-être des autres avant le sien, même si elle était également et paradoxalement quelqu'un d'égoïste sur les bords. La jeune femme ne feignait pas son inquiétude et ne tentait pas de se montrer simplement polie. Elle était tout bonnement naturelle sans se douter une seconde de la nature exacte de son interlocuteur. Quand bien même l'aurait-elle su, il aurait été fort à parier que la jeune femme n'aurait pas pour autant décidé de ne pas entamer la discussion avec lui. A ses yeux, un homme capable d'émettre une telle musique était forcément un homme bon.
La réplique du jeune homme ne manqua pas de rosir ses joues. Thémis n'avait pas l'habitude de compliments ou tout du moins, sans qu'aucune arrière pensée n'anime leur propriétaire aussi elle profita l'espace d'une seconde de l'effet que pouvaient faire de tels compliments pour une jeune femme. Force était de constater que le jeune agriculteur avait raison et qu'il allait falloir se séparer. La jeune Clari le regrettait quelque peu mais pour autant, elle se doutait qu'il avait raison. Les cernes n'éveilleraient pas les soupçons de qui que ce soit, ils étaient habituels pour la jeune femme en revanche, son absence au petit matin inquiéterait surement quelques gens de sorte qu'elle préférait rentrer.

« Je regrette de devoir partir mais je dois te donner raison, il se fait tard et mon absence causerait du soucis, aussi vais-je devoir te laisser. Je te souhaite de trouver la paix à Storghein et j'espère que nos routes se croiseront à nouveau. Cette discussion fut fort agréable ! »

La jeune femme sourit et se redressa. Une pointe d'amertume lui saisit le cœur tandis qu'elle laissait le jeune homme et son feu derrière elle. L'héritière du Consul ne se retourna que pour adresser à son interlocuteur un dernier signe de la main accompagné d'un sourire et d'une prière silencieuse à qui voudrait bien l'entendre pour que sa route soit sans encombre. Lorsqu'elle fut à couvert sous les arbres, la jeune femme se mua en oiseau et se dirigea vers sa chambre, heureuse d'avoir fait cette rencontre. Au dessus de sa cité, seules les étoiles avaient pu être témoins de son aventure d'un soir et Thémis savait que ces dernières resteraient muettes pour quiconque les questionneraient à ce sujet.

[ Je n'ai vu ta réponse que ce soir et je ne suis pas chez moi de sorte que je me suis permis de me désengager, j'espère que tu excuseras la piètre qualité de ce RP mais je n'avais pas le temps de faire mieux et je crains de ne pas avoir de nouveau internet avant la fin de mes vacances ici. Merci pour ce RP ! ]

Contenu sponsorisé

» [ DP] Seul, seul ... ? ( Searan ) [Fini]
» [DP 152] L'amour ne voit pas avec les yeux, mais avec l'âme. (fini)
» [DE 151] Jusqu'à ce que la mort nous sépare (Soren, Tutnesi, Thémis, Jelenna) (fini)
» [F-A] 'flashback) La rencontre des titans (pv Anatoli, Thémis, Jacen) (fini)
» [152][FE] Les mailles d'un filet trop serré (mission Agranos, Thémis) (fini)

[151-DP]Seul avec les étoiles comme publique... Ou presque (pv thémis) (fini)

[151-DP]Seul avec les étoiles comme publique... Ou presque (pv thémis) (fini)

Sujets similaires

Sujets similaires