[DP] (flashback FH) Eléa-toute-puissante [mission pour Fifille](fini)

Il y avait, près de Tamawa, une ville dont la gestion incombait à une famille de Comte.
Il y avait, dans cette ville, une légende qui datait d'à peine quelques mois.
Il y avait, à Vinyll, un comte cruel qui traitait ses serfs comme des esclaves et qui avait capturé une jeune et jolie elfe dans le but de l'épouser.
Et il y avait eu, enfin, une amazone qui libéra le peuple.

Voilà la légende racontée par le peuple depuis presque un an: elle s'était faite passée pour une Templière afin de rencontrer le Baron et le tuer avec son coup fatal, "la mort à dix pas". Seulement, elle fut trahie au dernier moment. Réussissant à s'enfuir, elle libéra la jeune elfe et enflamma le peuple qui, ressentant naitre en eux le courage et la gout de la liberté, se surpassa pour punir à jamais celui qui les avait maltraité.

Une nouvelle ère devait commencer pour Vinyll.
Seulement, la libératrice était partie humblement. Et les villageois ne purent se mettre d'accord sur un chef, chacun voulant sa part du gâteau. Profitant de cette aphasie, le petit frère du baron, Taric, prit sa place. Il était jeune, on fonda des espoirs en lui, et les villageois, encore une fois, se laissèrent dominer. Taric, qui se surnomma "le Chevalier de l'Amour", voulait toujours plus de conquêtes dans la population. Et qui pouvait se refuser à lui, sans risquer de voir sa tête sur une pique?

Alors, le peuple se mit de nouveau à penser à un héros. Et pour être précis, ils connaissaient à présent une héroïne.
Ils firent afficher dans toutes les cités libres une demande d'aide adressée à la Princesse Eléa, suppliant leur sauveuse de revenir à nouveau et de les guider vers la liberté. Bien sûr, quand une Amazone rapporta la nouvelle, Philéa sauta sur cette trop belle double occasion: punir un homme qui abusait des femmes, et gagner stratégiquement du crédit auprès des populations libres. Quelques larbins de plus ne faisaient pas de mal !

Ainsi, Princesse, en route à nouveau vers Vinyll. Et n'ait pas de craintes, on saura te guider dès ton arrivée....

« C'est quoi cette histoire ? »

Je ne pouvais même pas croire ce que Philéa venait de m'annoncer. De quoi ? Des affiches dans les cités libres qui quémandaient de l'aide ? Attendez, je ne comprenais pas tout là. Il fallait m'expliquer parce que sinon, autant dire que je n'allais pas me déplacer à Vinyll pour rien. Déjà la première fois j'avais galéré pour y aller, sans parler de pétasse blonde qui ne m'avait pas aidé et qui avait bousillé ma vie avec ses révélations débiles alors aucun risque pour que j'y remette les pieds à moins d'y être forcée !
Et c'était plus ou moins le cas visiblement.
Philéa m'avait fait convoquer, le sourire aux lèvres. Je n'aimais pas cette expression, elle voulait dire autant beaucoup de choses … trop de choses qui ne me plaisaient pas ! J'avais écouté son bref récit, rapporté par l'une de nos Sentinelles. Paraissait-il qu'à Tamawa, une affiche avait été posée un peu partout pour quémander mon aide, je cite, « pour guider le peuple une nouvelle fois vers la liberté ». De quoi ? Je ne me souvenais pas avoir fait une telle chose dans ma vie, surtout à l'égard d'étrangers.

Non franchement, j'avais beau y réfléchir, je me souvenais simplement, et très vaguement en prime, preuve que ça ne m'avait pas passionné du tout, que la population nous avait aidé à fuir, l'elfe que j'étais venue chercher sous le coude. Arwen, sœur cadette d'Erendar, était rentrée chez elle sans encombres tandis que je croyais me souvenir que les villageois avaient pendu le comte alors que nous quittions la ville. Où avais-je joué un rôle aussi important ?

Quoi qu'il en soit, l'affaire plaisait bien à ma mère et sans doutes voyait-elle en elle une façon fortuite de se mettre sous la main des populations entières. En cas de guerre ou autre, ça pouvait servir. Personnellement, je n'en voyais pas l'intérêt mais bon. Des gens affamés pouvaient certes faire de grandes choses mais et alors ? Nous avions une armée bien plus efficace ! Sans parler que je ne voyais même pas en quoi la situation nous concernait. J'en avais rien à faire de leur problèmes, s'ils n'étaient pas capables de s'auto gérer, c'était leur souci, pas le mien ! Philéa en décida autrement. Que faire d'autre à part obéir à sa mère ?
Se rebeller.
J'eus beau tenter de le faire, ça ne servi à rien, la décision était prise et je n'avais pas le choix. Je devais me rendre là-bas et seule avait précisé la reine amazone dans un demi-sourire. On ne pouvait pas se permettre de gâcher quelques Sentinelles pour de si basses tâches … sympa. Quoi qu'il en soit, ce fut à contre-coeur que je me mis en route pour Vinyll. Ils avaient intérêt à être gentils parce que sinon, j'en faisais de la charpie, quoi qu'il arrive !

Arrivée dans la cité, je me demandais pourquoi ils m'avaient fait venir.
Déjà que je trouvais l'idée des pancartes débiles … ma présence dans la cité m'apparaissait encore plus idiote à vrai dire... bon, c'était quoi le problème qu'on en finisse !

Et à quel point tu n'allais pas regretter d'être venue!
A peine allais-tu poser un pied dans Vinyll que tu sentais déjà te faire épier. Progressivement, les enfants s'arrêtèrent de jouer, les femmes de parler, les hommes de travailler. Tous écarquillèrent des yeux ronds comme des soleils. Un murmure s'éleva, puis deux, puis trois, puis des centaines.

"C'est la princesse?"
" Elle est belle!"
"Quelle belle femme, aussi belle qu'on le dit"
"C'est elle, elle vient nous sauver"
"Elle revient pour nous, l'attente est finie!"
" Nos prières sont exhaussées!"

Soudainement, un homme te murmura après une cinquante de politesse de le suivre. A l'arrière d'une maison de couturière, une petite cabane. Une vingtaine de personne s'agenouillèrent devant toi.

"Nous vous avons si longtemps attendu votre venue. Nous ne remercierons aucun dieu, car vous êtes la seule dont nous avons besoin".

What the fuck? C'était pas un dessin de toi sur le mur? Et là, une idole d'Eléa en bronze? Et dehors, ne venais-tu pas d'entendre un enfant crier en jouant "Tu peux pas me tuer, je suis Princesse Eléa!"... Ces villageois avaient en effet un problème... Un grave problème mental !

"Nous avons besoin de vous pour nous libérer à nouveau. Taric, le frère de notre ancien esclavagiste, viole nos femmes et nous traite comme des moins que rien. Nous avons besoin de vous pour nous libérer pour de bon, et mettre la bonne personne à la tête de cette cité."

Je ne me souvenais carrément pas de la ville en fait. Vaguement de la place centrale et encore. C'était dingue de voir comme ça m'avait si peu marqué enfin, de toute façon, je n'étais pas là pour longtemps pas vrai ? Si Philéa m'y avait envoyée, c'était qu'il y avait une bonne raison et étant donné que je ne la voyais pas du premier coup, autant repartir non ? C'est ce que mon instinct me disait de faire. C'est aussi ce qu'il me hurla lorsque, à peine poser le pied à terre dans Vinyll, je sentis tous les regards se poser sur moi. Pas un, pas deux, tous.
Je failli rebrousser chemin tant leur yeux posés de façon indécente sur moi me donnaient la chair de poule. Je n'avais qu'une peur, qu'ils me sautent dessus. Dans quel traquenard ma mère m'avait-elle encore envoyé ? Il me fut inutile de demander de l'aide pour savoir ce qu'il se passait, bientôt, une centaine de personnes se massa autour de moi. De quoi vous vacciner toute votre vie contre les bains de foule, je peux vous l'assurer ! Je regrettais amèrement de ne pas être remontée sur ma jument et avoir filé aussi sec !

Je ne comprenais pas vraiment leur charabia. De quoi ?
J'étais belle ? Oui ça merci, pas besoin de venir m'enterrer dans le fin fond de la campagne pour le savoir ! Je pouvais le deviner toute seule en regardant ma frimousse dans un miroir !
Les sauver ? De quoi ?
Je revenais pour eux ? Parce que j'étais déjà venue pour les sauver avant ? Je me rappelais de la gamine que nous avions ramenée avec l'autre folle jusqu'à Silmarie mais en aucun cas je me souvenais avoir fait quoi que ce soit pour eux. Quoi que ces gens fument, ça devait être rudement bon pour en arriver à délirer à ce point !

J'entendis vaguement quelqu'un me murmurer de le suivre. Tout pourvu que j'échappe à ces tarés qui voyaient en moi une espèce de déesse ou je ne sais quoi. Ils me filaient des frissons qui courraient tout le long de mon échine. Je suivais l'homme, tenant fermement la jument par la bride. Il nous mena derrière une maisonnette sans charme particulier de la dimension d'une cabane.

« Je suis ravie de constater qu'il existe encore des gens censées ici, qu'ont donc toutes ces pers... »

Okay … ils me faisaient quoi là ? Même en étant la princesse amazone, jamais personne ne s'était prosterné devant moi mis à part une ou deux exceptions près, et encore, parce que j'allais les renvoyer dans l'autre monde et qu'ils espéraient m'attendrir. Ils me faisaient quoi là ?

Ils ne remerciaient aucun dieux … okay … pourquoi pas. C'était leur choix mais euh … là euh je captais pas trop. Ils m'attendaient ? Moi ? Mais que croyaient-ils que j'allais faire pour eux, je ne me souvenais même pas avoir déjà fait quelque chose d'ailleurs pour leur misérables vies !
Je ne comprenais rien si ce n'était une chose. Le sourire de Philéa quand elle m'avait annoncé qu'elle m'y envoyait. La peste ! Je lui ferais regretter de m'avoir menée ici, dans ce village de fous, au beau milieu de ces tarés qui voyaient en moi une dée....

« Oh mon dieu... » laissais-je échapper tel un quasi juron.

Mon corps émit de lui même un mouvement de recul tandis que mes yeux se posaient tour à tour sur le mur avec une espèce de peinture de moi, sur la statue de bronze à mon effigie, ces gamins qui disaient jouer à la princesse Eléa … c'était quoi leur problème ?
L'homme me parla avant que j'ai pu esquisser le moindre geste pour me barrer de là en vitesse. A c'était donc ça ? Le mec qu'ils avaient pendu sur la place avait un frère qui les esclavageaient tout autant et ils avaient besoin de moi ? Oh mon dieu, je préférais partir.
Je m'en foutais de leur problème, ce n'était pas moi l'esclave et puis au moins, ils étaient vivants et semblaient en bonne santé. Ah et merde, c'était vrai qu'il y avait Philéa et sa demande de régler tout ça. Mais pourquoi moi ? Je n'avais rien fait pour eux !

« C'est quoi votre problème dans cette ville ? » soufflais-je.

Raaah et merde.

« Euh et en quoi je vais vous être utile ? Vous avez vaincu son frère, pourquoi ne pas le mettre à la porte lui aussi ? Je ne suis qu'une femme et une femme seule ne pourra pas plus que vous. »

Sans parler que la femme en question n'avait nullement envie de les aider. Ils étaient tous à moitié tarés, très peu pour moi merci ! Plus mes yeux allaient de murs en murs et plus je voyais mon image, je préférais encore regarder les malades qui se prosternaient à mes pieds.
Les libérer à nouveau, ils en avaient de bonnes … parce que je ne me souvenais même pas les avoir aidés tout court ! Ni même en avoir eut envie d'ailleurs … Et puis, ils ne donnaient pas envie non plus quoi ... sans parler que je ne voyais pas pourquoi ils n'étaient pas capables de s'aider eux-mêmes. Venant du fier peuple amazone qui avait su se dresser contre les hommes cruels qui l'exploitait, ce comportement de soumission me paraissait totalement ... impensable.

Je devais vraiment les aider ?

Rien, absolument aucun mot ne semblait atteindre leurs foi envers... Bin toi.
Cette pièce puait la Déesse Eléa: effigies, peintures, limite une gamme de parfum à ton nom.
Ne se relevant plus, comme collés au sol dans une prosternation sans fin, jusqu'à ce que tu acceptes leur offre, les gens ne te regardaient même pas. Il était hors de question que de simples mortels posent leurs regards sur une créature aussi parfaite et héroïne immortel de tout un peuple.

« Notre problème, votre Altesse, est que nous souffrons de voir nos filles, nos femmes, nos soeurs, semaine après semaine servir de plat de résistance au Comte Taric. Votre amour du peuple et de la liberté de tous nous a libéré une fois, il nous a ouvert les yeux, il a guidé nos fourches et nos bâtons, il nous a fait punir les coupables dans un élan commun. Mais il n'y a que votre présence qui nous inspire, qui nous donne du courage. Je vous en prie, montrez au peuple que vous êtes avec lui. Rencontrez Taric, le chevalier du Déshonneur, montrez-lui qu'il doit craindre notre colère car vous êtes avec nous. »

Le leader choisit enfin de lever sa tête vers toi, les yeux implorant:

« Non vous n'êtes pas qu'une femme, vous êtes l'Altesse Eléa, la Toute-Protectrice. Votre marche guide le peuple, votre voix le transforme. Votre nom affole les coupables, votre sentence écrase les traitres. Montrez-vous à lui, montrez-lui le visage de la justice pour nos femmes. Même-lui ne pourra vous regarder en face. »

Mes yeux avaient beau chercher un semblant de sérénité, un semblant de ... comment dire, de saineté d'esprit ? Il n'y en avait pas. Ils étaient tous tarés dans ce village et ça n'allait pas en s'arrangeant. Des effigies, des statues, des peintures ... limites ils n'allaient pas mettre en place une ligne de vêtements avec ma tête dessus ! C'était flippant et je comprenais de plus en plus le petit sourire en coin de ma mère lorsqu'elle m'avait demandé de venir ici. La garce ! Je ne risquais pas d'oublier ça ! Et puis qu'est-ce-qu'ils avaient à se prosterner comme ça devant moi ? Même à Muria, et pourtant j'en étais la princesse héritière, personne ne se prosternait de la sorte ! Ils cherchaient un trésor planqué sous le tapis ou bien ?
Cette situation m'énervait, j'avais envie de les attraper par le col et de leur coller une bonne claque pour les réveiller. Non, j'avais envie de quitter cet endroit le plus vite possible et de les laisser se débrouiller tous seuls comme des grands mais cela m'était impossible ... Si Philéa l'apprenait, elle me demanderait de revenir et autant dire que je n'en avais pas du tout envie. Autant que ce soit fini et surtout, que ça finisse vite ! Que je puisse m'éloigner de ces tarés ...

« Rah putain mais arrêtez vos « altesse » et montrez-moi ce Taric qu'on en finisse ! »

Voilà ce que j'aurais aimé répondre mais je m'abstenais de le faire. Inutile de dire que ce langage châtier allait surement les choquer et ce n'était pas mon but non plus. Je n'aimais pas leur culte débile de ma personne mais ils ne faisaient de mal à personne et je ne pouvais rien faire d'autre que d'obéir. S'il fallait que je rencontre ce dénommé Taric, j'allais le faire et ensuite, je rentrerais. L'histoire serait réglée et on en parlerait plus. Ils continueraient leur culte débile loin de moi et plus jamais je ne remettrais les pieds dans ce village. L'histoire se finirait ainsi.
Je soupirais bruyamment.

« Vous vous faites une image de moi bien loin de ma réalité. Peu importe, finissons-en au plus vite, je n'ai pas que ça à faire à la fin. Emmenez-moi voir ce Taric. »

Je n'avais pas l'intention d'être polie, cette mission me saoulait avant même d'arriver dans la ville et maintenant que j'y étais, elle me donnait encore plus envie de détester ma mère. Quand à l'abruti qui les terrorisait, si ça ne tenait qu'à moi, je l'aurais laissé continuer de le faire. Quoi que, je n'aimais pas le personnage tel qu'on me le décrivait. Ce n'était pas l'envie qui me manquait que de lui coller ma rapière sous le nez et de l'éventrer sur place finalement, ne serait-ce que pour avoir permis à ces idiots d'élever un culte à ma personne. Pourquoi pas l'émasculer aussi vu qu'il prenait un peu trop de plaisir à se faire des femmes non consentantes. Brefle, pour l'instant, mieux valait attendre de le rencontrer.

« Toi là, au lieu de lécher le sol, emmène-moi auprès de lui. » demandais-je d'un ton sec, qui n'admettait pas une autre réponse que oui.

Le visage de la justice ... Et ben autant dire que la justice avait une sale gueule !

Aussitôt ordonné, aussitôt en route: comme d'un seul homme, tout le village s'arrêta brusquement de travailler lorsqu'ils virent les gardiens du culte, accompagnés de leur Déesse, se diriger vers le château de Taric. Ils se mirent tous à abandonner leurs outils et à se mettre en rang derrière cette foule qui grossissait. Puis, devant l'entrée du grand manoir, ils s'arrêtèrent et attendirent. Pas très longtemps cependant, et tant mieux connaissant Eléa.
Lugubrement, les portes s'ouvrirent, grinçant, criant. Plus un bruit, si ce n'était des pas lourds s'approchant de l'ouverture depuis l'intérieur. Des hommes en armure de cuir lourde encadrèrent la porte puis posèrent leur regard sur la "déesse".

"le Seigneur Taric sait qui vous êtes, Dame, et il souhaite vous recevoir... Seule".

Il en fallait plus pour intimider la princesse Amazone, qui n'avait besoin de nulle escorte de protection, malgré les vives protestations du peuple. Puis ils acceptèrent de laisser partir Eléa, non sans menacer de repeindre le manoir avec le sang de tous les gardes si du mal venait à être fait à leur déesse.
L'amazone entra. Dès le premier pas, on lui indiqua des petits chaussons à mettre pour ne pas salir le sol et la moquette, et laisser des traces de pas sur le parquet. Les soldats eux-mêmes en mirent, non sans préciser qu'il ne fallait toucher à RIEN... Le ridicule ne tue pas.
Une fois dans la salle, une présence rose au centre mobilisait l'attention. Un homme en armure aux reflets roses, au sourire rose, aux lèvres roses.
Taric, le chevalier de l'Amour.

[DP] (flashback FH) Eléa-toute-puissante [mission pour Fifille](fini) Taric_10

"C'est un honneeeeur que de recevoir pareille beauté dans mon humble demeure. Je suis bien aise de n'avoir plus de miroir dans cette pièce, votre reflet aurait terminé de nous faire tous mourir de peine d'amour. Dites-moi, très chèèèèère, que puis-je pour vous?"

Son ton mielleux était comme un fruit trop mûr et trop sucré, dégoulinant de préciosité.

Ils étaient vraiment gonflants, franchement, qu'est-ce-que j'en avais à foutre de leurs histoires ? Ces hommes … tous les mêmes ! Même pas foutus de quérir leur liberté tout seul, il fallait en plus qu'ils viennent me demander de l'aide comme si moi, princesse de Muria, j'avais envie de les aider, eux, paysans du coin. C'était cruel de dire ça, et encore plus de la part de Philéa de m'avoir envoyé ici. Je lui dirais ma façon de penser une fois rentrée !
Ces crétins commencèrent à m'emmener vers le château de celui qui les terrorisait. Ma rapière sur le côté, j'étais prête à le tuer sur place plutôt que de les entendre râler et me flatter sans cesse et ce, même si ce Taric en question était le meilleur des seigneurs ! Tant que les autres la fermaient, j'étais prête à le sacrifier ! Ils s'arrêtèrent tous de travailler, ne manquant pas de rajouter à l'atmosphère déjà glauque des lieux. Putain en plus fallait que tout le village nous suive quoi ! Genre c'était déjà pas assez chiant comme ça, fallait en plus qu'ils me fassent une suite royale … Je passais sur ce détail et me contentais de suivre le gros du lot et ce qui semblait être leur chef. Vivement que tout ça se termine, j'en pouvais plus.

L'entrée se dressa devant nous et ils s'arrêtèrent. Ils croyaient quoi ? Que le méchant pas beau allait sortir version contes pour enfants et les tabasser ? Non mais quels crétins … Un des hommes ouvrit la porte qui grinça comme dans les fameux contes pour enfants. C'était risible. Des hommes en armure de cuir firent leur apparition … euh là j'y comprenais rien, ce n'étaient pas les femmes qui portaient des armures en cuir d'habitude ? Il valait mieux passer sur ce détail … encore ! Au moins ils savaient parler eux et ils venaient de m'offrir le plus beau des cadeaux. Seule ! Seule ! SEULE ! Ah mais il n'y avait aucun problème ! No soucy comme dirait l'autre !

« J'vous suis, qu'on en finisse. »

Les autres se mirent à brailler mais je m'en foutais. Je n'avais pas besoin d'une escorte et encore moins d'un peuple braillard et agaçant. Ils étaient prêt à menacer les gardes si on me faisait du mal mais par contre, ils n'étaient pas capables de se défendre seuls et d'attaquer seuls leur Taric … No comment hein !

Le garde m'indiqua des chaussons pour « pas salir ».

« Tu te fous de ma gueule là ? »

Ah ben non. Même en enfilaient. Euh … ok. Soit le Mj était devenu taré (on en doutes pas !) soit ils étaient tous complètement malades dans cette ville et j'aurais tout aussi vite fait de tous les bruler. En poussant un soupir de découragement, j'enfilais les trucs immondes par dessus mes chaussures sans m'empêcher de penser que j'étais tombée chez les tarés du coin. Pas toucher à quoi que ce soit ? Comme si j'avais envie tiens ! Combien il fallut pour trouver cette foutue salle ? Des plombes à mes yeux mais le pire était encore à venir. Non parce que les statues à mon effigie, les prières, les graffitis, les chaussons … tout ça c'était rien à côté du machin rose qui trônait au milieu de la salle. Je ne pouvais retenir un sourire en voyant ce qui affolait les gens de dehors. Un truc rose qui ressemblait plus à un homosexuel asexué qu'autre chose. A putain mais qu'il se taise le machin rose là, il me filait mal au crâne !
Finalement, l'idée de direct le transpercer de ma rapière revenait me hanter.

« C'que vous pouvez faire pour moi ? Attendez que je réfléchisse. »

La liste était fichtrement longue !

« Déjà arrêter de parler comme un abruti et ensuite, me libérer de cette foutue mission en laissant votre peuple tranquille. »

Purée comment un truc aussi dégoulinant pouvait terroriser à ce point toute une population, il y avait forcément un truc, un bug comme on dit !

« Ils disent que vous êtes un monstre et chez moi, les monstres, on les exécute, sauf que j'ai du mal à les croire en vous voyant ... »

Ouiiiiiiii enfin!
Elle ne le prenait pas pour un monstre, elle-même l'avait dit! Cette fille voyait clair dans ses yeux, son aura rose, ses cheveux soyeux. Elle le comprenait, elle le jugeait à sa juste valeur!
Ah comme il l'aimait... Déjà!

"Ragots, sornettes, baliveeernes que ces accusations! J'aime les femmes, je les adore et les admire. Malheureusement pour moi, elle m'adore aussi à la folie. De ce fait, par jalousie, les maris ou leurs rivales inventent de terribles mensonges pour les écarter de moi. Parait-il même, je m'en gausse, que certains hommes ne seraient pas insensibles à mes charmes... Ohohohoh!!"

Il servit du vin rosé dans des coupelles roses qu'il offrit à Eléa. Puis il reprit:

"Ce sont les agents de mon jeune frère qui font ces coups montés, il cherche à prendre ma place! Il a essayé de me renverser! Tenez, allons lui demander!"

Dans un nuage de couleur il se déplaça, invitant la princesse à le suivre. Avec sa garde personnelle à sa suite (les Agents de la Rose), il descendit dans ces mêmes geôles où Eléa fut retenues une année auparavant, et où elle fut sauvée par Asora (il est important de le rappeler). Au fond de la cellule noire, couché sur le lit, un homme les fixait:

"Tellement de rose que je vais en chier des Arc-en-Ciel" prononça-t-il ténébreusement.

Spoiler:

"North, mon frère, le chevalier... heu.. Ténébreux".

"A votre service, souligna-t-il à l'intention d'Eléa. Les agissements de Taric causent quelques problèmes j'imagine? Il était temps qu'on vienne me tirer de là pour reprendre en main cette ville qu'il a démonté pierre par pierre. Qu'en dites-vous mademoiselle, vous me libérez et je vous débarasse de cette fleur efféminée!"

Putain … entre les tarés de la cité et leur soit disant chef j'hésitais encore à dire qui était les plus fous. La balance pencha finalement pour Taric, l'espèce de truc asexué qui s'approchait de moi avec son aura à en dégueuler partout. Bon, il fallait que je reste calme car un coup de rapière était si vite arrivé que je me voyais déjà la lui enfoncer dans la gorge jusqu'à l'estomac pour le faire taire et faire taire avec lui sa saloperie d'aura rose ! Mais non, j'avais promis à Philéa que j'allais remplir cette mission avec brio et je le ferais, même si je devais devenir folle à écouter les dires des uns et des autres et à démêler le tout dans cette histoire ! Ils me fatiguaient à un point que j'avais hâte que tout cela se termine au plus vite pour rentrer chez moi et les laisser à leur sort, quel qu'il soit je m'en foutais tant que je n'entendais plus parler d'eux !

L'espèce de chose rose me parla d'un ton dégoulinant de je ne savais même plus quoi tandis que je le regardais avec dégout. Il irradiais d'un truc que je ne supportais pas : le bonheur à l'état brut. Franchement, je ne sais pas ce qui prend au Mj de me mettre un mec aussi débile sur mon chemin alors que je peux n'en faire qu'une bouchée, sans parler du fait aussi que je déteste les trucs transgéniques dont le sexe reste à déterminer … pourquoi moi ? Pourquoi tant de haine ? Brefle, je me perds quelque peu et j'en suis désolée mais sa présence me mettais hors de moi alors autant dire que quand il parlait, c'était pire. Faisant comme si de rien n'était, j'étais quand même une princesse en mission et je devais me tenir, je l'écoutais me déblatérer son charabia qui ne m'intéressais guère. En fait, je crois que j'avais déjà plus ou moins fais mon choix en décidant de le rencontrer.
Le tuer.
Ni plus ni moins.
Si je le tuais, plus de problèmes, les gens seraient contents, ils pourraient gérer leur village comme ils l'entendaient et moi je pourrais me barrer loin de là sans demander mon reste ! Oui mais bon quand même, l'éducation qu'on m'avait donné voulait que je ne tue pas n'importe qui sous prétexte qu'il était soit disant un tyran qui volait les femmes de ses sujets. Je pouvais le tuer, mais après procès ou un truc du genre ou en tout cas, en ayant des preuves et pour le moment, je n'en avais pas alors pas le choix … il me fallait entendre les deux points de vue.

Il aimait les jolies femmes ? Les femmes tout court ? Même les hommes ? Et ben je devais appartenir au troisième sexe alors pour ne pas avoir envie du tout de succomber à son charme. D'ailleurs il aurait fallu qu'il en est un minimum de charme pour y succomber or je ne voyais qu'une moitié de chose dégoulinant de sa bave de bienveillance et de rose. Beurk, c'était à en vomir ! Bon il disait quoi ? Que c'était pas sa faute et tout le tralala habituelle du grand méchant des livres pour enfants ? Non en fait même pas, il se prenait juste pour un dieu vivant qui attirait autant les hommes que les femmes, rien que ça.
Du vin.
La boisson des hommes qui enivrait ouais non sans moi merci. Déjà que j'aimais pas l'alcool mais en plus si le sommelier était louche sans façon ! Très peu pour moi !
Bon alors il disait quoi ensuite lui ? Ah ouais. Il avait un frère ? Ravie de le savoir, qu'il se tienne loin de moi. Ah merde, on allait le rencontrer, et ben … s'il était aussi taré que son frère, ça promettait ! Je suivais malgré moi le truc bizarre qui me servait d'hôte et de guide et qui se déplaçait dans un élan de couleur. C'était horrible, j'avais l'impression que j'allais vomir de dégout à chaque pas que je faisais derrière lui mais malheureusement, ses deux abrutis de gardes qui nous suivaient ne me permettaient pas de filer en douce et de les laisser se débrouiller tout seuls !

C'était marrant parce que le Chevalier rose dont j'avais complètement zappé le prénom d'ailleurs, preuve que j'en avais vraiment rien à faire de lui, me menait vers les cachots où j'avais eu la joie de rencontrer Asora, cette chère Asora qui n'était autre que celle qui avait pourri ma vie en me révélant l'identité de mon père ! Il ne nous fallut pas bien longtemps fort heureusement pour rejoindre le cachot de euh …. euh truc chose enfin le frère quoi de celui dont j'avais oublié le nom.

Et ben la moindre des choses qu'on pouvait dire c'était que l'accueil était différent ici bas ! Je partageais son avis et sa remarque me fit sourire. Au moins un qui n'était pas assez taré pour trouver le Chevalier rose attirant. Au moins un qui partageait suffisamment mon avis pour l'envoyer bouler ce que pour ma part, je rêvais de faire depuis au moins euh …. à bien y réfléchir, avant même de l'avoir croisé ! Bon par contre la remarque laissait à désirer, à croire qu'en fait, même être à peu près normal parmi les tarés ne l'aidait pas à cacher sa folie. Il ne pouvait qu'être fou pour être resté enfermé aussi longtemps auprès de ces malades qui me vénéraient et n'osaient pas bouger le petit doigt pour se libérer tout seul. Comme si j'avais que ça à faire que de les aider !

North.
Ouais, j'essayerais de m'en souvenir mais pas sur, l'autre là je l'avais déjà oublié. Pis pourquoi le chevalier ténébreux, c'étaient quoi ces noms à la con ? Tu m'étonnes après que je sois incapable de retenir leur noms s'ils me filent des surnoms aussi cons toute les dix secondes ! Le frère me tira de mes pensées, s'adressant directement à moi. Au moins quand il parlait lui, je n'avais pas envie de le taper, du moins pas encore !
Taric, ah ouais c'est vrai, ils me l'avaient dit le vieux papi avant de rentrer. Ou alors c'était lui-même ah c'était un détail ça ! Quelques problèmes ? Il se foutaient de ma gueule ou quoi tous les deux ? Ils avaient fini de ce renvoyer la baballe oui ? La situation m'énervait, et ça, croyez-moi, ce n'était pas bon signe !

« Me débarrasser de cette chose ? » reprenais-je avec froideur.

Il me fallut moins d'une seconde pour sortir ma rapière. Le premier garde mourut avant même de comprendre ce qu'il se passait, la lame de ma plus fidèle amie plantée dans la gorge. Je ressortais l'acier de là sans même un mot, évitant le jet de sang et ne regardant même pas le corps tomber sur le sol. Le second suivit dans un même élan, mais au moins lui avait-il eu le temps de réagir et de se tourner bêtement vers moi. Même pas foutu de prendre son arme, c'était n'importe quoi sérieux ! Et ça terrorisait le peuple ?
Me retournant vers North et Taric, je répétais en articulant, prête à exploser de colère tant tout cela m'insupportai et tant ils se foutaient de ma gueule :

« Me débarrasser de lui hein ? »

D'un geste, je me tournais vers Taric et ajoutais :

« Vous m'énervez. »

Sa main tomba sur le sol dans un bruit sourd et, pendant que j'essuyais le sang de ma lame, je me tournais vers le prisonnier en ajoutant avec froideur :

« Tu as intérêt à me dire ce qui se passe ici. Des tarés me vénèrent et veulent que je tue cette espèce d'efféminé sans cervelle qui me dit que la cause de leur malheur est ta petite personne tandis que toi tu me dis que c'est de sa faute à lui. Alors sois tu parles et je le soigne soit tu la fermes et vous crevez tous les deux. C'est assez clair ou je lui coupe un autre morceau pour te convaincre ? »

North, toujours allongé sur le lit, ne bougea pas de sa position durant la boucherie. Sourcils levés avec un demi-sourire, il regarda le sang couler puis reporta son regard sur Eléa. Avec une petite mou dédaigneuse, il essaya de faire abstraction des hurlements de Taric.
Écoutant sa déclaration pleine de passion, le jeune homme ténébreux et charismatique encastrait au fur et à mesure les pièces du puzzle: elle avait été appelée par les villageois, des fanatiques, la considérant comme une déesse. C'était trop facile: voici Eléa, libératrice du peuple, celle qui avait tué son père. Enfin, qui avait soulevé le peuple qui avait tué son père. North n'était pas idiot comme son frère, il avait compris ce qui avait poussé le peuple à la boucherie: pas une quelconque princesse Amazone mais un raz-le-bol d'être exploité. Et voilà que Taric avait fait la même erreur, pitoyable.

"On va discuter. Non pas que je souhaite la survie de cet énergumène, mais l'entendre brailler me casse les oreilles."

Il se releva, les yeux rouges. Il s'approcha des barreaux et conta posément:

"Je pense que vous tenez toutes les clés: Taric a repris la ville après la mort de notre père, mais n'a pas l'intelligence suffisante pour comprendre pourquoi notre paternel s'est fait saigner par le peuple: ils étaient exaspérés et vous êtes arrivée comme un symbole. Voilà ce que je vous propose: vous me libérez, on montre au peuple notre entente amicale histoire de les rassurer et vous gagnez un soutien indéfectible pour Muria. Une cité neutre de votre côté, capable d'envoyer des paysans se battre pour vous et disons une petite contribution financière, cela a un certain charme non? Et si vous estimez que je ne respecte pas nos engagements, vous n'aurez qu'à venir en déesse et me destituer devant le peuple."

Et ben, essayez d'intimider un mort tiens ! C'était à peu près l'effet que j'avais eut en prélevant la main sur le bras de Taric et je regrettais de l'avoir fait vu comment il braillait. J'aurais mieux fait de le buter dès le début le truc transgénique au moins maintenant, je ne l'entendrais pas gueuler ! Bref, quoi qu'il en soit, il beuglait comme un porc qu'on viendrait de saigner – dommage que ce ne soit pas vraiment le cas au passage – mais cela ne tira qu'une moue de gamin dégouté sur le visage de son frère. Dire que je pensais que ma famille était bizarre, pas tant que ça en fait à côté des deux frangins ! Au moins, le truc ténébreux et charismatique parlait, c'était déjà pas mal mais les cris de Taric m'empêchaient de me concentrer :

« Tu vas la fermer oui ou j'te coupe ce qu'il te reste de masculinité même si je ne suis pas sur equ'il te reste quoi que ce soit ! »

Il m'énervait.
Tentant de faire abstraction de sa beuglerie, je reportais mon attention sur celui qui s'appelait euh ... North. Y'avait quand même mieux comme nom non ? Enfin bref, je m'en moquais hein, moi j'étais là par hasard, parce que Philéa avait reçu une requête et pour le reste, je tenais essentiellement à partir au plus vite. L'histoire s'arrêtait là.

« On est deux. » ajoutais-je à la remarque de North.

Et beh, on allait bien s'entendre en fait !
Le captif se releva et s'approcha des barreaux. Il faisait quand même peur à voir. Les yeux rougis – par le manque de sommeil ? -, la mine affinée, il avait l'air d'avoir été obligé de rester enfermé là depuis un moment. Quel crétin de Taric, quels crétins d'hommes ! Même pas fichu de ne pas réitérer les mêmes erreurs que leur pères .... c'était pitoyable ! Bon est-ce-qu'il avait mieux à proposer l'autre là au moins ?
A l'écouter, j'étais bien obligé de constater qu'il avait raison. Son état de santé prouvait qu'il était resté longtemps derrière ces barreaux par conséquent, seul Taric avait pu mettre la population dans un tel état. Doooonc ce crétin m'avait prise pour une abrutie ... c'était clair, j'aurais du lui arracher autre chose que la main ! Le reste de sa proposition, je m'en foutais. En fait, je me foutais carrément de leur situation, je n'aimais juste pas que l'on me prenne pour une idiote, Philéa avait su jouer sur mon arrogance naturelle pour que j'accepte la mission et l'autre truc rose avait joué sur ... sur ma gentillesse pour me duper ! Raaah qu'ils aillent tous au diable ! Ouais sauf que je ne pouvais pas laisser tomber ... c'était bien ça le problème d'ailleurs depuis le début de cette mission débile. Soupirant, je posais les yeux sur le sol ... Saloperies de chaussons, mes bottes étaient complétement tâchée de sang avec une telle éponge dessus ! J'enlevais ce truc et le jetais avec un certain énervement aux pieds du chevalier rose.

« Vous avez passé votre temps à me mentir mon petit Taric ... ce n'est pas bien vous savez, je n'aime pas que l'on se moque de moi. Je suis venue vous rencontrer pour aider les autres dehors et vous avez eut le culot de me mentir ... »

Je relevais la tête en direction du machin transgénique et ajoutais, un sourire sadique sur les lèvres :

« Ce n'est pas bien, on ne prend pas une princesse pour une idiote. »

Ignorant son espèce de gloussement de peur, je reportais mon attention sur North et ajoutais :

« Il paraît évident que ton frère est un piètre dirigeant et que les troubles au dehors sont de sa faute puisque tu étais enfermé ici et me semble-t-il, depuis un petit moment déjà. Admettons que j'accepte ta proposition, je pose certaines conditions en plus, après tout, je tiens ta vie et la sienne entre mes mains pas vrai ? »

Je faisais mine de réfléchir tout en le détaillant d'un air satisfait.

« Le peuple n'a pas l'air très motivé à le laisser vivant tu sais alors pourquoi ne pas nouer un pacte dans son sang ? En te débarrassant de ton frère, je te débarrasse d'un fardeau non ? Le peuple sera content et il te reconnaitra comme légitime. Ta gueule ! » ajoutais-je à l'attention de Taric qui couinait, « Je vais te soigner, si tu te montres comme ça, ils ne t'accepteront pas. Je vais également le tuer et pour finir, je veux que tu leur dise d'arrêter de me vénérer, je sais pas, il y a quelque chose de malsain dans tout ça. Si ça te va, j'accepte de te laisser sortir. »

Je m'arrêtais un instant, puis, réalisant qu'il était plutôt beau gosse, que j'étais seule depuis des semaines, que Feanaro ne tenait plus tant que ça à moi – qui le pourrait en même temps ? - et que je m'ennuyais, j'ajoutais avec un sourire amusé :

« Sa vie n'est pas négociable, il braille trop pour ça, et à bien y réfléchir, je pense qu'il faudra mettre un peu plus de ta personne pour que j'accepte de te libérer. »

Bah quoi ? J'allais pas cracher dessus quand même tout homme qu'il soit !

La justice du peuple fut rapide et sans pitié: un tribunal de volontaires, choisis selon différents âges et sexes, statuèrent en un temps record sur le sort de l'ancien Chevalier de l'Amour. Peine capitale, pendaison, vengeance pour Josie, on frôla même l'émasculation à vif. Finalement, les habitants votèrent pour lui laisser la vie sauve, mais à sa main coupée ils lui rajoutèrent la crevaison des yeux afin que plus jamais il ne puisse contempler une belle femme. La justice, par les hommes, étaient parfois plus cruelle que la mort.

Livrant ainsi l'accusé au bras de leur déesse, North s'acquit très rapidement le soutien du peuple. Il déclara que la petite ville devait retrouver ses valeurs, repartir à la base, mettre en avant les récoltes et la famille dans des temps difficiles, que plus aucune femme ne sera abusée dans l'enceinte du Sauf-Itel ou Sauf-Autel, un truc du genre, etc etc....

Enfin, il remercia la Princesse Eléa de son soutien et invita toutes les personnes présentes à défendre les intérêts de Muria s'ils en avaient l'occasion.
Puis, devant tout le monde, pour sceller l'alliance, il invita personnellement la princesse pour une entrevue... Privée...

J'en avais marre de l'entendre beugler qu'il avait mal. Marre de le voir avec son aura débile. Marre de sentir son odeur. Marre de voir se truc transgénique asexué vivre. J'avais libéré North parce que j'estimais qu'il ne pouvait pas être pire que son frère et que de toute façon, vu l'état dans lequel il se trouvait, il ne serait pas difficile de le tuer. D'ailleurs, j'avais pas promis de le soigner ? Ah ouais si j'avais du le dire quelque part ça je crois.
C'est que le monsieur ressemblait à un mort vivant quand même ! J'avais pitié de lui, je me demandais depuis combien de temps il était enfermé là mais je n'avais pas l'intention de lui poser la question. S'il me donnait la réponse, j'étais sure de tuer l'autre chevalier de la connerie avant de l'avoir rendu au peuple. Mieux valait s'abstenir donc de poser les questions qui fâchent. J'avais aidé North à sortir de sa prison, c'était dingue de voir à quel point on pouvait affaiblir quelqu'un en le privant de lumière et de liberté ! Peut-être de bonne nourriture aussi … Il ne m'avait pas fallu longtemps pour le remettre à peu près sur pied, pour les kilos perdus et la fatigue, je ne pouvais rien faire, il devrait se débrouiller tout seul.

J'avais demandé la mort de Ta-chose mais finalement, la justice du peuple n'en décida pas. J'entendis parler de castration – et je doutais de ce qu'il y avait à castrer – ou encore, de pendaison. Rien de tout cela, on se contenta de lui crever les yeux. J'avais observé la scène avec amusement. Pour moi, la vie de ce crétin importait peu, à bien y réfléchir, d'ici quelques heures, je serais loin de ce village d'ahuris et je n'entendrais plus jamais parler de la chose rose ou de son frère ou encore, d'un quelconque culte débile rendu à ma petite personne. Je retournerais à ma vie d'antan et j'oublierai tout ça, non sans engueuler ma mère au passage pour ses idées tordues !

J'avais envie de me barrer au plus vite mais la proposition d'une entrevue privée me donna bien envie de rester quelques heures encore. Je me demandais surtout ce que l'autre me voulait. Peut-être avait-il changé d'avis sur la vie de son frère et me laisserait-il le tuer ? Ouais non, peu probable. Déjà, il était étonnant qu'il ai pu faire preuve d'autant de bon sens en laissant le peuple décider de lui-même du sort de son tortionnaire. North serait un meilleur chef de village que son frère ou son père, là dessus, il n'y avait aucun doutes mais de là à dire qu'il serait le meilleur … fallait pas pousser non plus ! Ce qu'il se passa durant cette entrevue ?
Un baiser volé, pas vraiment en fait. J'avais cruellement besoin d'affection. Ce simple baiser venait de me le faire comprendre et si je réclamais plus, je me devais de me montrer sage. J'étais engagée, même si l'homme que j'aimais, ou croyais aimer je ne savais même plus où j'en étais, me repoussait. Ok c'était de ma faute mais avais-je le droit de le trahir ?

Oui.
D'après nos lois et mon éducation oui mais je n'en avais pas envie. Je n'avais jamais connu ce sentiment avant tout comme je ne m'étais jamais sentie délaissée auparavant. Du coup, North ferait un bon passe-temps c'était sur, mais je n'avais pas l'intention de m'en vouloir après. Pas tant que les choses ne seraient pas claires avec Feanaro. Un seul baiser, là était ma limite avant de ne plus pouvoir me regarder dans le miroir. Mais bon, je n'allais pas non plus dire que je n'avais pas envie d'aller plus loin hein surtout vu la bête !
Le remerciant vaguement, je lui précisais cependant avec froideur que je devais rentrer. Tout cela était un jeu, autant pour lui que pour moi puisqu'il accepta sans rechigner mon départ. Tant mieux, ça me ferait une chose de moins à penser. De toute façon, je n'avais qu'une envie, mettre le plus de distance possible entre ce village de tarés et moi.

[ Désengagée ]

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