Le temps ne passerait donc jamais assez vite pour me satisfaire.
C'était une conclusion des plus logiques. J'étais insatisfaite ... depuis mon retour de mission - que je considérais comme un échec bien que Philéa semble croire et penser le contraire - je n'avais d'autres activités que m'entrainer, observer les règles de courtoisie dues à mon rang, voir Jelenna grandir sans rien pouvoir faire et cueillir des fleurs. Ce n'était pas bien glorieux et au fond, je commençais même à m'y habituer. Heureusement pour mes pauvres heures perdues à ne rien faire, ma mère me trouva bien vite une autre occupation disons plus ... "amusante". Une mission pour être exacte.

Une jeune fille, plutôt elfe, prisonnière d'une pourriture, pardon, d'un riche seigneur des environs de Tamawa. A première vue, rien de bien folichon, mais quand on ajoutait à cela le fait qu'il voulait l'épouser de force et qu'elle soit enfermée, voilà qui semblait déjà beaucoup plus intéressant non ? Du moins à mon gout. Je ne détestais pas les hommes, je les haïssais juste assez pour vouloir les punir de leur égoïsme et leur soit-disant supériorité sur nous, les femmes. Savoir qu'une fois de plus, un des leurs montrait tant de violence envers une femme me révoltait et suffisait à me faire accepter la mission. En même temps, il était clair que rien que l'idée de bouger un peu et de sortir de Muria de surcroit me suffisait à être heureuse et à me faire accepter. Quoi qu'il en soit, je partis dans l'heure qui suivit l'annonce de ma mère ... pour une fois, seule. Ni Kiera ni Jelenna n'avaient pu m'accompagner.
Non pas que j'aimais la compagnie de la première, quoi que, mais son arc m'aurait peut-être été utile, quant à la seconde, disons que j'aimais simplement sa présence. Mais notre dernière escapade s'étant révélée bien plus dangereuse que je ne l'avais escompté, inutile de dire que je ne tenais pas à reprendre le moindre risque. De toute façon, il me faudrait être discrète, hors à plusieurs, cette tâche était plus ardue, seule, elle était déjà plus à ma portée. Ainsi, seule Tsuki m'accompagnerait. Quoi, je n'allais pas me faire toute la route à pied en prime non ?

Le temps fila sans que je ne m'en rende vraiment compte.
Je dépassais déjà Tamawa, perdue dans mes pensées. A vrai dire, je ne savais que peu de choses de celle que je devais sauver. Non, en réalité, je ne savais presque rien de ma mission. Juste les grandes lignes, et même si sur le coup ça m'avait suffi, je me posais à présent bien des questions quant au succès de ma mission avec si peu de détails - merci le MJ -. Dans ma tête, tout avait semblé si simple.
Sauver la fille, enfin l'elfe, "éventuellement" - comme l'avait dit mot pour mot ma mère - punir le seigneur, le "éventuellement" étant bien évidemment à exclure, et rentrer. Voilà, c'était le schéma qui s'était dessiné dans mon esprit tandis que j'avais accepté la proposition, sauf que, maintenant, devant le fleuve et en face de la-dite cité, tout ce schéma tombait à l'eau, et c'était le cas de le dire. Si je voulais la sauver, peut-être encore fallait-il que je passe les murailles non ? Ou les gardes.

J'avais eu tord de penser que ce serait facile.
En général, j'avais tendance à foncer tête baissée avant de réfléchir à toutes les options qui s'offraient à moi. Pourtant, j'étais loin d'être sotte, enfin non, j'étais douée en stratégie sur le papier ! Ce soir n'échappait donc pas à la règle, même si, pour l'heure, je m'étais arrêtée non loin des rives du fleuve pour évaluer la situation. L'entrée de la cité devait être gardée, peut-être quelques gardes, peut-être toute une armée, même si cette dernière idée était peu réaliste. Les murailles ? Étant donné que la nuit tombait petit à petit, je pouvais essayer de l'escalader. A bien y réfléchir, c'était peut-être la meilleure alternative qui s'offrait à moi ... quoi que. Il me fallait penser aussi à ce qu'il se passerait une fois de l'autre côté. Si je me faisais prendre avant d'atteindre mon but, je ne pourrais pas trouver d'excuses ... Mieux valait donc passer "normalement" par l'entrée. En cas de problèmes, je trouverais plus facilement une excuse et au moins, Tsuki serait à mes côtés. De plus, si cette technique ne fonctionnait pas, il me suffirait juste d'attendre ou de profiter du jour suivant pour escalader les murailles. Une fois ma décision prise, je n'avais plus qu'à me diriger rapidement vers la-dite cité avant qu'elle ne ferme ses portes pour la nuit.
Enfourchant la jument taillée pour la vitesse, je traversais dans un gerbe d'eau fraiche le fleuve, bien évidemment, là où il n'y avait pas beaucoup de profondeur, pas folle la guêpe. A quelques mètres des portes, j'arrêtais la course du cheval pour mettre pied à terre. Si je tenais à me faire passer pour une habitante ou autre, il valait mieux ne pas les apeurer en arrivant au galop. Les derniers mètres qui me séparaient de mon but me permirent de fignoler ma stratégie. Le capuchon de mon manteau noir sur la tête, j'avançais à pas menu vers ce qui devaient être les gardes. Une fois à portée de voix, je murmurais à Tsuki de rester calme et m'arrêtais. Dans le meilleur des cas, on me demanderait ce que je faisais ici. Dans le pire, il me suffirait d'enfourcher Tsuki et de filer ou mieux, me battre et entrer.

Bon, les deux crétins, euh gardes, pardon, un vieux réflexe, s'approchèrent de Tsuki.
Visiblement, ils ne cherchaient qu'à voir comment ma jument réagissait face à des inconnus. Que croyaient-ils ? Qu'elle allait leur sauter dessus ou les mordre ? Pas si je ne le lui demandais pas. Il fallait être logique dans la vie messieurs. Mais bon, pendant leur petite inspection, je ne bronchais pas, au contraire, je les laissais faire. Si ça les amusaient de perdre leur temps ...

Ça ne se passera donc jamais comme je le souhaite hein ?
Oui, comme je le disais, rien ne va jamais dans le bon sens, du moins, dans celui que j'escompte en échafaudant mes plans initialement. Pendant que la brute finissait sa phrase, j'avais eu le temps d'observer le nombre, approximatif, de gardes. Déjà trois dehors, et sans doutes plus à l'intérieur, au cas où ... sans parler des remparts où se baladaient surement encore d'autres idiots du genre. Donc la meilleure solution était d'entrer "légalement". Enfin, pour le moment, c'était celle qui me paraissait le plus logique. Allez, on fait un beau sourire et on invente une belle histoire pour le monsieur. N'allez pas croire que je me moque, mais comprenez que la situation m'énervait au plus haut point.
D'un geste lent, parce que je n'avais pas l'intention de me faire en plus embrocher parce que j'avais fait un mouvement suspect, j'abaissais ma capuche. Aussitôt fait, mes cheveux d'un noir de jais s'abattirent sur mon visage, détachés, encadrant mes traits fins. Heureusement pour moi, la Nature m'avait assez bien gâtée à la naissance. En plus, avec la fin du jour qui approchait à grand pas, mes cheveux et la lumière ambiante, ma peau blanche comme la pêche ne ressortait que davantage. Une aubaine !

Alors, ne restait plus qu'à inventer une histoire.
Facile à dire. Faisant la jeune fille apeurée, ou tout du moins, impressionnée, je baissais les yeux, fixant le sol, afin de me laisser le temps de trouver ce qui allait me sauver. A voir comment ils étaient autour de la jument, il me serait difficile de l'enfourcher sans les tuer ... et maintenant que mon visage avait été vu, si j'en tuais un, il me faudrait tous les tuer. Super ! Il me fallait une excuse, allez !

" Je suis une apprentie Templier. Veuillez excusez l'heure tardive de ma visite, mais mon maitre m'a demandé de rejoindre une de mes consœurs, Asora, en ville. "

La voilà ma belle excuse.
Maintenant, il fallait espérer qu'ils me croient. Encore heureux que le nom de ces deux Templiers me soient revenus à temps. Comme quoi, ils m'étaient bien utiles ! Pendant que j'avais parlé, d'une voix d'ailleurs étrangement plus douce que d'habitude, mais pleine de conviction, j'avais relevé les yeux pour fixer l'homme auquel je m'adressais. J'avais appris d'expérience que baisser les yeux indiquait un mensonge, ou tout du moins, qu'on se sentait mal à l'aise ou encore fautif. Inutile donc d'en rajouter à ma charge. Alors ... ils me laissent passer oui ?

[ C'est super court, mais je ne savais pas quoi répondre d'autre ! >.<' ]

[Mais c'est très bien fi-fille!]

Le garde de droite te regarda soudain curieusement: tu sentis qu'il envoyait des émotions contradictoires, un peu dans tous les sens, comme s'il réfléchissait... Ou comme s'il repensait à un tas de choses!

"On vous attend depuis longtemps, on commençait à ne plus pouvoir tenir! Excusez ma franchise mademoiselle, mais cela fait déjà quatre jours qu'on vous attend avec votre équipière. Et elle n'est pas encore arrivée, vous n'êtes pas venues ensemble? Mon seigneur vous attend, la situation est critique!"

Les deux hommes s'écartèrent, le premier empoignant sa lance comme pour te guider.
Aïe aïe aïe... Dans quel pétrin, princesse, tu t'es encore embarquée?

Beuh, on ne leur apprenait donc jamais à se tenir à ses gardes ?
Voilà que mes propos avaient chez lui tendance à déclencher un flux incompréhensible de sentiments entremêlés et, chez moi, une migraine des plus horrible mais heureusement passagère. Ils se troublaient vraiment pour un rien ces crét...gardes. Est-ce-que j'avais l'air perturbée de ma situation plutôt hasardeuse moi ? Non bon ...
Réflexions faites, j'aurais mieux fait, ça m'aurait évité de me retrouver bête. Du moins, l'étais-je devant l'aplomb avec lequel il me débita sa tirade. Okaaaay bon donc si je comprenais bien euh ... j'avais eu bon de mentir là non ? Le MJ péterait-il un câble ? Hum pardon, donc je disais, quelle chance ! Ou ... non, pas vraiment, car en réalité, si la blondinette et son maitre devaient venir ici, c'était plutôt mauvais pour mon mensonge et moi. Mieux valait arrêter là et retenter ma chance plus tard. Ou pas. Non, j'avais d'autres idées en tête et mon visage, surtout mes yeux, n'ayant pas bougé d'un pouce, les gardes prirent surement mon temps de réponse pour une gêne due à la situation qu'ils m'annonçaient.

" Voilà qui est bien facheux. " déclarais-je d'une voix faussement atteinte.

Je marquais une courte pause, persuadée qu'il fallait ménager son effet et surtout assailli par cet idiot de garde qui ne savait pas garder ses pensées pour lui seul. Pfff que les hommes sont. Non, pas devant les enfants. Breeeefle, je disais donc que je reprenais la parole d'un ton affecté, comme si l'idée que ce ... Jacen et cette Asora soient en danger m'affecte réellement. En réalité ... mieux valait ne pas le dire. Seule ma mission comptait !
Donc donc donc, ma voix brisa le silence qui avait à peine eu le temps de s'installer. Calme et calculatrice, bien que cette dernière n'en trahisse pas autant, je déclarais - j'aime bien me faire attendre -

" Il se trouve que mon maitre m'a demandé il y a de ça 2 jours de rejoindre Asora ici. Lui-même avait quelque chose, dont j'ignore la teneur, à régler avant de me rejoindre. Leur absence m'inquiètent donc ... êtes-vous surs qu'ils ne se sont pas présentés avant moi ? "

Faussement inquiète, je baissais à présent les yeux, convaincue que cela suffirait à assurer mon manège. Le mal de tête n'aidait pas vraiment pour se concentrer mais, par un heureux hasard, j'avais le don de savoir mentir sans vergogne quand la situation l'exigeait.

" Me voilà bien embêtée, je ne sais pas quoi faire. Me serait-il possible de m'entretenir avec votre seigneur de la situation je vous prie ? "

Beurk, que de pompette ! Mais j'avais remarqué lors de ma rencontre avec les deux Templiers que ce Jacen parlait de façon soutenue, j'en déduisais donc que c'était chose commune parmi eux. J'espérais avoir raison, tout comme j'espérais que mon cinéma fonctionne. Si tel était le cas, j'avais intérêt à libérer la demoiselle et à assouvir ma euh sa vengeance rapidement !

Le but était atteint, ou presque.
Les gardes n'étaient finalement pas aussi intelligent qu'il m'avait semblé de prime abord. Sans se douter de quoi que ce soit, mon stratagème les conduisit à me mener à leur seigneur. Et quel seigneur ... rien que la visite rapide de sa citée me rendait malade. Personne dans les rues, des maisons détruites, certaines recouvertes de cendres encore fumantes, sans parler des soldats en grand nombre ... tout ceci ne m'inspirait rien de bon. Et le pire sans doutes fut de voir cette immense demeure se dresser parmi ce ramassis de pauvreté. Comment pouvait-on être aussi orgueilleux ? Sans doutes suffisait-il d'être né homme car jamais une femme ne se conduirait de la sorte. Pour autant, je me forçais à rester calme, à me montrer digne du corps de métier auquel je n'appartenais pas mais qui, pour le moment, m'étais bien utile.

Enfin je le vis.
Un noble puant comme tous les autres. Sur ce qui lui servait de trône, il dominait le reste de l'assemblée comme s'il s'était pris pour un roi. Il me fallu prendre beaucoup sur moi-même pour ne pas lui sauter à la gorge tout de suite. J'avais, avant de le "punir", besoin d'informations, ma mission première n'était pas de libérer ce peuple opprimée mais bel et bien de la libérer elle. Une elfe, dont j'ignorais encore tout. Allez, qu'à cela ne tienne, je le regardais droit dans les yeux, m'inclinant en sa présence comme s'il eu été mon souverain et écoutant avec une fausse sympathie ses jérémiades. Pour sur, il était le démon en personne, le diable dont on aurait coupé les cornes et la queue ... quelle horreur. Prends sur toi Eléa, prends sur toi, sourit et sois diplomatique. Ma voix s'éleva dans la pièce tandis que je le voyais s'approcher :

" Il va de soi que vos villageois ont besoin d'une petite discussion comme vous le dites si bien. Je vais de ce pas m'entretenir avec eux sur votre si bonne personne, si vous me le permettez, ainsi ce soir, nous dinerons à votre gloire. "

L'enorgueillir, c'était la meilleure solution qui m'était venue à l'esprit.
Ce genre de personnage aimait se faire mousser, aimer à être caressé dans le sens du poil et à entendre de belles choses sur sa personne. Si je le haïssais juste de parce qu'il était né, je n'en montrais rien. Mais, voilà qu'il approchait, il était si prêt que le prendre en otage aurait été si simple ... ce n'était pas les pauvres malheureux ou les gardes en présence qui m'en auraient empêchés ... mais une voix de femme s'éleva dans l'assemblée. N'était-ce pas d'ailleurs celle de la pétas..la blonde ? Peu importait, le poignard retomba dans ma manche tandis que plusieurs hommes me saisissaient.

Les crétins, les chiens, les ...
Rah, il n'y avait pas de mots ! Dire que j'étais si prêt du but, si prêt d'obtenir ce que je désirais. Lui, le gros débile du haut qui maltraitait son peuple, entre MES mains, pour la sauver ELLE. Raaaaah ! Quelle ironie stupide du sort. A croire que je n'étais pas aussi chanceuse que je l'avais estimé. Le stratagème avait pourtant bien fonctionné jusque là, qui avait pu me dénoncer ? Tandis que toutes ces questions vagabondaient dans mon esprit, je regardais le chemin que me faisaient emprunter les gardes au cas où m'échapper me serait permis. Mais mes espoirs se révélèrent bien vains lorsque je me rendis compte de ma situation.
Une cellule des plus charmantes ... chauffée bien sur, avec eau courante et voisins délicats. Pour ce qui était du chauffage, sans doutes que le nombre de personnes amassées dans la cellule voisines aurait suffi à chauffer tout un château. Je comprenais à présent l'absence de vie et de mouvements en ville, la plupart des villageois devaient être là. Crétin de bonhomme chauve ! Pour l'eau, un liquide étrange suintait des murs et roulait jusqu'au sol en petites flaques, sans parler de la pluie du dehors qui trempait déjà le-dit sol. Enfin pour les voisins, même si la cellule était séparée des autres par un épais murs, j'entendais leur jérémiades ou plutôt, je les ressentais ... merci le don trèèèès utile de papa ! Bon, mis à part ces détails, le reste relevait de la colonie de vacances. Une odeur pestilentielle s'élevait des cages voisines, comme si deux ou trois morts s'y trouvaient, et la nuit régnait ou presque sur nous. Je vous le dit, une véritable cure de jouvence.

Ah, mais comme dans toutes bonne vieille prison, il faut que le diable vienne vous rendre visite non ?
Pour moi, le diable n'était autre que la blondasse. Ainsi, c'était belle et bien SA voix que j'avais entendu me dénoncer. Comment, pourquoi ? Que faisait-elle là ? Moi aussi j'en avais des questions et moi, j'étais princesse, elle, n'était QUE templière et ... apprentie de surcroit !

" Une séance de torture ? N'est-ce-pas ce que me fais subir naturellement de par ta présence ? " demandais-je d'un ton hautain à la demoiselle.

Comme pour montrer que je n'avais pas perdu ma fierté dans le lot, je me relevais et m'approchais des barreaux. On ne sait jamais, une blonde qui passe trop prêt de ces derniers et hop, une Eléa en liberté avec son poignard. Vous voyez le genre ? Mais bon, autant ne pas rêver, si je me souvenais bien ce que m'avais dit ce Jacen, et ce que j'avais appris de moi-même maintenant que je savais manipuler "l'Esprit", certains savaient lire les pensées et d'autres, comme moi, savaient ressentir les sentiments de l'entourage proche. Si Asora était dans le premier cas, rien ne valait de lui mentir, et puis, peut-être qu'elle pourrait m'être utile non ?
Il me fallut remballer une partie de ma-dite fierté pour lui répondre, mais pour le ton poli, elle pouvait toujours courir :

" Mon nom est Eléa, fille de Philéa, qui, tu n'es pas sans l'ignorer, est reine Amazone. Peu m'importe que tu divulgues cette information, si torturée je dois être, je l'accepte, cependant, la vengeance de mes sœurs sera terrible, autant pour mes bourreaux que pour celle qui m'aura dénoncée. "

Paf, ça, c'était dit. Alors petite, ça fait quoi d'avoir une princesse en face de soi ? Une sang royal mwouah ah ah ah ! Mais bon, il ne fallait pas s'arrêter là, elle voulait savoir ? Et bien allons-y. Comme pour montrer que je passais à table sans pour autant y être forcée, je m'accoudais sur le mur de ma cellule et poursuivait :

" Avant de continuer, je te prierais à l'avenir de ne plus insinuer que je mens. Si tu ne me crois pas, use de ton don pour fouiller ma tête. Mais là n'est pas la question, ma mission passe avant tout, même avant mon irrépressible envie de te sauter dessus et t'assommer. "

Hum, mince, je m'éloignais du sujet là non ? Et oh, il fallait être sérieuse j'ai dit.

" Bon, je ne connais pas la raison de ta présence ici, mais disons que, comme tu l'as sans doutes remarqué, tu as fait rater mon plan. Mon but était de prendre le zigoto du haut en otage, ce que j'aurais fait sans ton intervention, afin qu'il libère la demoiselle elfe qu'il détient dans son donjon. Je n'ai pas plus d'informations sur elle, ma mère m'a seulement demandé de la délivrer de ce porc, pardon, cet homme. Je me suis donc fait passer pour l'une des votre, me rappelant l'impact que vous aviez dans le monde et, il se trouve que votre venue était attendue. J'ai donc profité de cette aubaine pour m'introduire de façon officielle dans la citée. Voilà pour l'histoire. "

Bon, elle était contente ? Décidément, je ne pouvais pas m'empêcher de la détester. C'était viscéral, mais tant pis, au moins, elle était au courant et, quant bien même me laisserait-elle ici, je finirais par sortir certes, peut-être remplirait-elle ma mission à ma place ? Et non mais qu'est-ce-que je raconte ! Libère-moi la blondasse, que je puisses reprendre le cours des choses à ma façon et libérer MA proie.

C'était le bordel dans la tête d'Asora.
La jeune Astorg avait beau être blonde, son cerveau fonctionnait à plein régime pour traiter toutes les informations qui entraient au marteau dans sa tête.
Elle eut soudainement envie de crier, de taper, d'exprimer extérieurement ce trop-plein d'idées et de conséquences qui se présentaient à elle.
La princesse Amazone. La fille de la Reine Philea.
La fille de son Maître.

"Non c'est pas possible" murmura-t-elle en Astorg, "cette traînée ne peut pas être...".

Les insultes qu'Eléa lui avait distilée n'étaient vraiment pas d'actualité sur la liste des sujets à traiter. C'était la princesse Amazone, l'héritière du trône de Muria. Là, dans la prison en face d'elle! Bien sûr, elle s'empressa de penser que c'était encore une ruse, un déguisement... Mais vue les manières princières de la demoiselle, couplé à des émotions sûre d'elle et de détermination ne laissaient aucun doutes possibles. Sauf si cette fille était une extraordinaire actrice (et suicidaire qui plus est), c'était une des personnes les plus recherchées d'Azthia.
Pourquoi la Princesse Amazone aurait donc attenté à la vie de ce noble minable? Une vengeance fémino-féministe?
Enfin, tout cela était secondaire. Tertiaire même. L'intrigue, l'intérêt de cette mission, s'était déportée directement dans la vie privée d'Asora. Jamais Jacen n'avait vraiment parlé de l'enlèvement de sa fille, trop dur, trop humiliant et trop frustrant d'en parler. Mais Asora connaissait bien son Maître, elle savait lire en lui comme il lisait en elle: sa vie entière n'était voué qu'à cette quête sans retour pour la retrouver et punir sa femme. Difficile de croire que Jacen se laisserait mourrir avant d'avoir accompli tout cela.
Et là, dans l'endroit le plus improbable, la fille la plus improbable se révélait la sienne.
ELLE!
C'était surnaturel. Cette brune, rencontrée au hasard d'une rue de Tamawa, au langage insultant et à l'aura si aggressive serait...
L'âge, la filiation, l'air Cydien... Tout concordait.
Et Jacen ne s'en était même pas aperçu, alors qu'il avait parlé avec elle!
S'il savait qu'il était si proche....
........................................
Il l'avait su. Oui, Asora s'en rappelait maintenant. Quelque chose l'avait changé après cette rencontre....
Comment s'appelait sa fille déjà....

"J'y crois pas... La fille de cette Philea? Eléa, la fille perdue de mon Maître...."

Je n'attendais rien de cette pétasse blonde. De toute façon, même si elle me faisait sortir de ce donjon, à quoi cela m'avancerait-il puisqu'elle avait compromis mes plans ? Il me faudrait trouver une autre ruse, perdre un temps fou pendant que ma pauvre prisonnière se mordait les doigts dans son donjon. Foutue blonde ! Sans son intervention, tout serait allé sur des roulettes, j'aurais capturer ce noble abominable, l'aurait forcé à libérer la demoiselle et je me serais ensuite occupé de son cas. L'histoire se serait achevée là mais non, il fallait qu'ELLE soit intervenue. Et voilà que maintenant, moi, la princesse Amazone, je me retrouvais à devoir lui faire des courbettes pour être libérée ? Ça jamais, plutôt mourir que de la laisser gagner, surtout que tout était de sa faute. D'ailleurs, j'étais sure qu'elle pouvait sentir, au delà de mes propos, ma haine envers elle. Si elle manipulait ce qu'ils appelaient "L'esprit" chez elle, alors la blondasse devait sentir à quel point je pouvais la détester, la maudire, et la voir disparaitre de mon champs de vision.
Comme si mes paroles l'avaient vexée ou je ne sais quoi, la jeune femme, qui au passage ressemblait aux Astorgs, semblait perdue dans ses pensées. Au passage, elle murmura quelque chose d'incompréhensible, mélange de barbarisme et de langue inconnue, ce qui revenait au même à mes oreilles. Brefle, elle se décidait là ? C'était pas que j'avais une mission mais presque ! Il fallait donc tant de temps que ça à son cerveau pour réagir et comprendre ce que je venais de lui dire ? Et bien, je plaignais son maitre avec une fille aussi lente d'esprit ! Quel jeu de mot d'ailleurs ... enfin bon, passons.

Les minutes passaient et je commençais sérieusement à douter de la capacité intellectuelle de cette blonde. A croire que le dicton était vrai, pourtant, je l'avais toujours démenti en voyant ma mère et ma sœur ... et bien disons que cette Asora était l'exception à la règle. Bon ... je perdais patience moi. Elle était du bon côté, mais du mien, ça sentait la mort et ce n'était pas ma place. Pfff, en tant que princesse, même prisonnière, j'aurais du bénéficier de tout le château pour prison ! Oui, sauf qu'avouer que j'étais l'héritière amazone n'était sans doutes pas la plus brillante de mes idées et donc, il valait mieux oublier un instant mes revendications stupides et égoïstes. Pendant ce temps, la Templière continuait de tergiverser ... il ne m'était pas nécessaire de la voir pour ça, il suffisait juste de sentir les émotions qu'elle me transmettait sans le vouloir. Une dose de doutes, une autre de haine - ah tiens, elle aussi ? - et pour finir, une dose de ... tristesse ? A moins que ce ne soit de la fureur, ce n'était pas bien clair, même dans ses sentiments. La pauvre, elle était presque à plaindre en fait ... enfin bref.
La demoiselle daigna enfin m'adresser la parole. Je me foutais totalement de ce qu'elle dirait du moment qu'elle tournerait la clé dans la porte de ma cellule et me ferait sortir. C'était à peu près tout ce que je pouvais attendre d'elle et si, par une grande malchance, la fille de Tamawa se décidait à ne pas me laisser sortir, je chercherais comment le faire seule et comment la tuer sans pour autant déroger à ma mission. Voilà où j'en étais pour mes propres pensées. A elle de me dire les siennes, ah d'ailleurs au passage, même si je sortais, il faudrait que je pense à lui faire ravaler sa suffisance, quitte à m'excuser auprès de son maitre après, pour qui j'éprouvais toujours étrangement ce sentiment de respect. Beurk, c'était un homme quoi !

Je m'en foutais ... ou presque.
Disons que je m'en serais moqué éperdument si elle n'avait pas prononcé CES mots. Certes j'avais bien dit fille de Philéa et que je me nommais Eléa, mais comment ? Quoi ? Elle n'était pas en train de me dire que j'étais la fille de son maitre là ? Elle avait fumé ou quoi la blonde ? Ce ... Jacen était mon ... ma ... non mais oh ça va pas la tête ?

" Qu'est-ce-que tu racontes ? La fille de qui ? "

Ces deux phrases m'échappèrent.
Bien malgré moi, le doutes s'installait au fur et à mesure que les paroles de la blondasse s'infiltraient dans mon esprit. Ainsi donc, si je comprenais bien, je serais la ... fille de cet homme ? Pourtant, il ne m'avait pas reconnu, moi non plus même si, de ce point de vue là, ça aurait été étrange que je puisse me souvenir de lui. Alors, pourquoi me disait-elle ça ? Une nouvelle moquerie ? Non, elle était sérieuse, je le sentais, et d'ailleurs, cette idée semblait lui déplaire. Mais ... non mais qu'est-ce-qu'elle racontait au juste ? J'y comprenais rien, pour moi c'était ...

" Fais-moi sortir de là au lieu de raconter n'importe quoi ? Pour qui te prends-tu à me tenir enfermée ici ? Et puis ... comment peux-tu savoir qui est mon père ? Moi-même je l'ignore ! Tu te crois plus intelligente parce que tu es du bon côté de la porte ? Comment peux-tu oser te moquer de moi de la sorte ? Je n'ai pas de père ... je t'interdis de ... de ... je t'interdis de te moquer de moi là-dessus !! FAIS MOI SORTIR !!! "

J'étais énervée.
Plus que ça, je commençais à croire ce qu'elle avait dit sans doutes par inadvertance. Encore pire que ça, j'étais en train de douter de mes certitudes, de ce qui faisait celle que j'étais. Ainsi j'aurais rencontré mon père et ... comment avait-il m'abandonner ? Et voilà, les vieilles questions revenaient au galop à cause de cette idiote. Mais à cela s'en rajoutait une nouvelle " Comment avait-il pu me croiser à Tamawa sans me reconnaitre ? ". Impossible, ce n'était pas vrai, elle cherchait à me perturber et ça marchait. Blondasse ! Péta...

Une question me turlupinait tout de même.
Elle semblait sure d'elle, elle avait tilté à mon nom et celui de ma mère. Était-il possible qu'elle se trompe malgré toutes mes réticences ? Si je sortais de ce cachot, l'Astorg pouvait en être sure, je n'allais pas la lâcher jusqu'à ce qu'elle avoue : soit qu'elle me trompait et se moquer de moi, auquel cas, elle passerait un mauvais quart d'heure, soit qu'elle me disait la vérité et là encore, ce serait sa fête. Énervée et frustrée, alors, qu'est-ce-que tu vas faire jolie jeune fille ? Me libérer, me mentir, me laisser là ?


[ Pardon, tu vas me tuer parce que j'ai répondu vite, mais je n'ai pas pu résister >.<" ]

Non mais pour qui elle se prenait la pétasse blonde pour me parler ainsi, à moi, une princesse !! Non mais oh, elle avait vu quoi là dans ma tête ? Que j'étais une fille facile et docile qu'on pouvait insulter comme ça, sans que je ne réponde ? Tu te mets le doigt dans l'œil ma vieille ! Ton mal de crâne, il faudrait t'y accommoder, comment je faisais moi d'après toi ? Et puis, c'était de sa faute après tout si j'avais autant de pensées en tête. D'après les bases rudimentaires que j'avais glanée sur ce pouvoir étrange que nous partagions, d'ailleurs c'était sans doutes la seule chose que nous avions en commun, je tenais à le préciser, les sentiments que je ressentais étaient ceux des personnes m'entourant, toutefois, si j'étais capable de les ressentir, c'était le cas pour chaque personne ayant ce don de l'Esprit : ressentir les sentiments des autres. En ce moment, je plaignais presque, et j'ai bien dit presque, cette Asora pour le bazar que je devais mettre dans sa tête. Mais au fond, ça m'arrangeais bien aussi de pouvoir me venger, aussi futile soit-il, de ce qu'elle venait de me faire subir. Elle hallucinait ou quoi ?
Déjà, elle me parlait mal, et en prime, voilà qu'elle me disait 'tu es la fille de mon maitre', l'air de rien. J'avais une bonne capacité d'adaptation mais il ne fallait pas pousser mamie dans les orties non plus. D'autant plus que ce qu'elle avançait était sans fondement. Je ne ressemblais pas du tout à ce personnage que j'avais croisé dans les rues de Tamawa ... et puis, s'il était mon père, il aurait du me reconnaitre. Non et puis quoi ? Il m'avait abandonné non ? Alors qu'est-ce-que j'en avais à faire au juste de savoir qui était qui. Non, ce qui m'énervais, c'était qu'elle se joue de moi, elle, l'Astorg.

Une nouvelle pique de la blondasse fusa.
C'était la goutte qui faisait déborder le vase dans ma tête. Elle croyait quoi au juste, que les Amazones faisaient mumuse toute la journée à jouer à Tarzan et Robin des bois ? Pour qui prenait-elle mes sœurs ? Pour quoi prenait-elle ma vie ? Elle allait exploser hein ? Si c'était du à l'Esprit, pour ma part, la raison de mon explosion ne serait que la colère et l'envie de la tuer. Sans la laisser continuer, je m'exclamais :

" Si tu as l'habitude de te pavaner toute la journée auprès de ton ... maitre - je n'arrivais pas à insulter ce Jacen et ce, bien malgré moi - pour ma part, sache que ma vie ne tourne pas autour de la foret et du tir à l'arc. Et sache que je n'ai pas besoin de flèches pour te tuer, ma rapière suffira. D'ailleurs, tu as bien de la chance que je ne l'ai pas sur moi ou, crois-moi, tu serais morte à l'heure qu'il est. Du reste, contrôle tes paroles, mesure le ton que tu emploies pour t'adresser à ma personne et je verrais ce que je peux faire pour toi. "

Mes yeux lançaient des éclairs.
Si un regard pouvait tuer, alors Asora était morte déjà une bonne dizaine de fois. Pourtant, ma réplique ne la fit pas broncher, à croire que les questions qu'elle m'avait fichu en tête suffisait à lui donner à elle aussi un bon mal de crâne. Juste retour des choses ! Bref, elle m'énervait à se moquer de moi, à jouir du fait qu'elle se trouvait, pour le moment, du bon côté de la barrière. J'en avais rien à foutre de ce qu'elle pourrait me dire désormais vu qu'elle n'avait pas l'air de vouloir me faire sortir alors bon sang, qu'elle dégage ! D'ailleurs, la demoiselle allait bien finir par attirer les gardes non avec tout le rafus qu'elle faisait dans ce couloir ? Tu parles d'une séance de torture ... finalement, j'aurais préféré tiens qu'ils me torturent plutôt qu'elle ne vienne !
Décidée à ne plus l'écouter, je lui lançais un " dégage " tandis que je retournais m'assoir sur mon lit douillet - tout le monde peut rêver -. J'avais failli le faire car, non contente d'ignorer avec superbe ce que je venais de dire, la Templière venait d'énoncer quelques mots qui attirèrent mon attention. " Esprit comme ton père ", " mère ... fleuriste ", " Cydonia ". Une seconde ?!?

Il me fallut une seconde pour me remettre de ce qu'elle venait de dire.
En fait, il me fallut le temps qu'elle mit à finir son monologue. A me proposer son marché. Pendant ce temps, je me relevais et retournais près des barreaux de ma cage, la fixant d'un regard éberlué et inquiet. Comment pouvait-elle connaitre tant de choses sur moi, de détails ? Les avait-elle lu dans ma tête ? Non, impossible, il y avait bien longtemps que Cydonia n'avait plus de valeur à mes yeux, si un jour ça avait été le cas, et bien plus longtemps encore que je n'avais pas évoqué le métier de fleuriste avec ma mère. Alors comment était-ce possible ? Une minute, c'était quoi ce délire ? Mon père qui me chercherait ?

" Tu délires ma pauvre ! Mon père m'a laissé tombé, il a abandonné ma mère alors à quoi bon promettre quoi que ce soit à la première idiote qui viendrait me voir, non contente d'avoir fait échoué mon plan de sauvetage, en me disant " tu es la fille de mon maitre " "

J'avais parlé d'un ton acerbe.
Pour qui se prenait cette pimbêche ? Elle en savait trop, beaucoup trop même à mes yeux pour que ce soit vrai. Et en même temps ... J'étais Cydienne, de naissance seulement, sensible à l'Esprit, fille de Philéa la fleuriste devenue reine Amazone ... et ça, comme elle le disait, ça ne courait pas les rues. Se pourrait-il que ... à bien y réfléchir, tous ces éléments concordaient et semblait logique. La réalité me frappa tellement durement que je mis encore quelques minutes avant de retrouver un semblant de calme. De nouveau, mes yeux se posèrent sur la blonde qui n'avait pas bougé, en position de force qu'elle était.
Si je comprenais bien, elle m'annonçait que j'étais la fille d'un Templier, ok, je pouvais l'assimiler, qu'elle allait m'aider à sortir, ok c'était faisable, qu'elle m'aiderait à accomplir ma mission, pourquoi pas, et qu'elle m'obligeait à rencontrer mon ... père ? Parfait. Même si trop de questions se bousculaient encore dans ma tête du fait de ses révélations, même si je crevais d'envie de la tuer de mes propres mains depuis le début de l'échange et encore maintenant, il me semblait logique et obligatoire d'accepter l'offre. Rencontrer ce Jacen me serait utile ... s'il était mon père, je le tuerais pour m'avoir abandonné, s'il ne l'était pas, je le tuerais pour m'avoir fait perdre mon temps, et éventuellement parce que j'éprouvais trop de respect à mon gout pour cet inconnu. Parfait petite blondasse, tu voulais que je rencontre ton maitre ? Bien, tu n'avais pas précisé qu'il devait rester en vie, dans ce cas, je pouvais jurer sur le sang de Jelenna. Et puis, j'avais des questions à lui poser, ça tombait bien non ?

Je restais encore quelques secondes silencieuses.
Mine de rien, j'étais choquée par la nouvelle, bouleversée par les changements qui allaient s'opérer peut-être dans ma vie, quoi que, dans tous les cas, il serait mort donc question changements ... horrifiée à l'idée de faire équipe avec la pimbêche et surtout, angoissée à l'idée d'aboutir enfin au terme de ma recherche personnelle. Un père ... ouah. Quel enfoiré ouais ! M'abandonner, il allait le regretter ... m'enfin pour le moment, il me fallait rester calme, ou plus précisément, retrouver mon calme. D'où le temps de réponse.

" Je te jure sur mon propre sang que je le rencontrerais, Jel n'a rien à voir là-dedans. Si ma parole ne te suffit pas, peut-être que le fait que je crois en tes paroles te suffira, sinon, tu peux oublier ton offre, mais du reste, je suis d'accord. Saches toutefois qu'il me faudra retourner à Muria quoi qu'il arrive avant d'honorer ma promesse, à moins que ton maitre ne te rejoignes ici avant. Mon sang te suffit-il ? "

Il fallait l'espérer. Hors de question que j'entraine Jelenna dans quoi que ce soit, même si j'étais sure de tenir ma promesse, j'y avais un sérieux intérêt mine de rien non ?

[ La réponse est chaotique XD Mais j'ai envie d'avancer un peu et je profite d'un peu de temps libre pour répondre ==" Désolée pour Asora, je la malmènes hein XD Allez, je retourne à mon cas pratique ! ]

[ Bon je fais au feeling xD ]

Asora, parce qu'il fallait que j'arrête de l'appeler la pétasse blonde, sans quoi, je finirais par le lui dire en face sans le vouloir, ce qui, de mon point de vue actuel, était peut-être un peu risqué, mais bref, Asora semblait complètement hermétique à ce que je pouvais dire. J'aurais pu lui annoncer la fin du monde qu'elle n'aurait pas réagi pour autant. Peut-être un stratagème de blonde pour paraitre intelligente ? Oups pardon, j'avais promis de ne plus dérailler ainsi. Mais bref, elle semblait réfléchir voir même, contrariée. Et moi alors ? Qu'est-ce-que je devais dire ? Elle venait, plantait ma mission, me faisait enfermer et en prime, elle m'annonçait de but en blanc que son maitre pourrait être mon père. Était mon père au vue des arguments qu'elle avançait. Alors hein, celle qui avait le plus besoin de réfléchir et de calme, c'était moi mamezelle ! Mais bon, pour l'heure, mon avenir dépendait de la jeune femme et, il fallait bien l'avouer, j'espérais qu'elle me libérerait car ... disons que j'étais mal barrée pour sortir de là sinon. Et puis, pour ce qui était des sentiments, je devais les mettre de côté aussi ! La mission avant tout, le reste pouvait bien attendre, quand bien même je devais l'avouer, j'étais perturbée par la nouvelle ...
Un père ... mouais, je n'en avais jamais eu et pour cause ! Il m'avait abandonné, avait laissé ma pauvre mère seule avec une enfant en bas-âge. Une chance que Muria nous ai ouvert ses portes sans quoi, nous serions sans doutes mortes toutes les deux ... Philéa ne serait jamais devenue la souveraine si puissante qu'elle était aujourd'hui ... l'idée me fit sourire. Mais bon, avoir un père ... encore fallait-il qu'il survive à ma colère le moment venu et à mon interrogatoire. Car ce que la blondasse ignorait, c'était que je comptais bien avoir des réponses à ces douze ans de questionnement. Et ce, par tous les moyens ... Hum hum. On verrait ça plus tard j'avais dit !

La jeune femme me tira de mes pensées quelque peu fouillis.
Une seconde là ? Elle m'aidait ? Vrai ? Ouah, j'étais épatée. Après tout ce que j'avais pu lui dire, elle était encore assez blonde pour m'aider à sortir ... de la galère dans laquelle elle m'avait mise. En même temps, à bien y réfléchir, elle ne devait sans doutes le faire que pour son maitre, pour que je le rencontre. Qu'importe, j'étais libre et elle allait m'aider à sauver l'elfe. Ou m'encombrer enfin on verrait bien, le tout était de sortir de là. Aaaah les choses allaient peut-être enfin tourner en ma faveur. Oh et puis, tu peux toujours rêver Templière, je ne compte pas partir d'ici sans avoir toucher au comte, accidentellement hein bien sur.

" Ça me va. "

Qu'est-ce-que je pouvais dire d'autre ?
Que j'allais cracher dans la soupe et faire ma demoiselle toute fière du genre : " naaan, je vais sortir toute seule ". Et oh, fallait pas rêver non plus, il fallait bien que je sorte moi pour tuer le comte. Euh pardon, pour libérer la jeune fille de son donjon, ma langue a fourché. La porte s'ouvrit et, des fois qu'elle regrette son geste, je me précipitais dehors. Pour autant, consciente que même si rien de tout cela ne serait arriver sans elle, je me décidais à dire :

" Merci. "

Ne rêve pas Asora, c'est juste de la politesse ...
Je me laissais ensuite guider vers la Consigne pour récupérer mon équipement. Un sentiment de sécurité m'envahit lorsque je sentis la rapière frôler ma hanche en douceur. Sans elle, c'était un peu comme si j'étais nue, en quelque sorte du moins ... Une fois le contact avec l'arme retrouvée, j'attendais que la demoiselle me fasse signe. Visiblement, elle ne comptait pas me laisser faire cavalier seul et, faute de pouvoir la semer sans avoir de soucis ou encore, sans être sure qu'elle ne m'empêche pas encore une fois d'accomplir ma mission, je la suivais.
Les marches filèrent sous nos pieds tandis que la jeune femme blonde avançait devant moi. Tout en marchant, je ne pouvais m'empêcher de penser à mon peut-être père ... comment avait-il pu ... NON ! Après j'ai dit bon sang !!
Quatrième étage ou pas loin ... Asora qui se plaque contre le mur ... mauvais signe, je fis de même par instinct plus que par conscience de ce qui se profilait ou de ce qu'elle avait pu voir. Et là ... mystère. La voix de la blonde dans ma tête !

Surprise, j'ouvrais de grands yeux.
Dans un premier temps du moins, me rappelant soudain qu'elle manipulait ... ah oui, l'Esprit et que ce devait être une déclinaison de ce dernier. Je n'avais pas tout à fait tord en pensant qu'elle pouvait s'introduire dans ma tête ... mwouah ah ah tant mieux, elle y verrait toute l'étendue de mon amour pour elle. Mais passons, le danger était plus important que nos querelles et la demoiselle enfermée plus importante encore. Deux gardes en somme si je comprenais bien ... et nous étions deux ... Allez, elle allait surement me prendre pour une folle ou une sanguinaire mais tant pis, nous n'avions pas le choix.

" U... "
Non à bien y réfléchir, je devais essayer de lui parler comme elle venait de le faire. Est-ce-qu'en pensant tout simplement ma phrase à haute voix dans ma tête, cela suffirait ? Si ce n'était pas le cas, elle me le ferait comprendre et, de toute manière, ignorant la proximité des gardes, je ne pouvais pas me permettre de parler à haute voix, sous peine de nous faire découvrir. Donc, système D !

** Je ... Je pense que l'une de nous devrais se montrer pour les attirer ici. Ainsi, ils suivraient celle qui se montre et l'autre attendrait en embuscade. En général, dans ces cas là, je me montre, je reviens au point de départ pour les attendre et Kiera les assomme ou les tue. Ici, nous pouvons jouer de l'escalier sous nos pieds. S'ils ne te repère pas, il te suffira de les pousser vers le bas, je t'y aiderait, et vue la hauteur et leur corpulence en général, ils devraient être assommés arrivés en bas. **

J'avais énoncé ma théorie au fur et à mesure qu'elle me venait en tête. Au fond, je ne savais même pas si Asora m'entendait ... Et ...

** Je les soignerais s'ils se blessent ... ** pensais-je aussitôt, peut-être parce que j'étais persuadée qu'elle me prenait pour une tueuse de sang froid.

Ben quoiiiii ?
Elle n'était pas contente la blondasse ? Elle me demandait de faire un effort sur moi pour éviter de lui sauter dessus ou de l'insulter et au final, quand je me pliais à ses exigences, elle me sautait dessus ! Elle était au courant la madame Asora que je ne maitrisais pas l'Esprit, et ce, parce que j'avais appris le nom de mon " don " il avait de ça quelques semaines à peine ? Non mais j'vous jure ces blondes. Pis évidemment que mon idée était bonne, puisqu'elle venait de moi. Non mais ... enfin, de toute façon, notre collaboration prendrait bientôt fin alors je n'avais pas à la supporter longtemps. Encore quelques minutes tout au plus ... faites qu'elles passent vite !
Éviter de se faire tuer ...
Elle s'imaginait quoi la Templière ? Que j'étais restée en vie par la grâce du saint Esprit ? A croire qu'elle avait une bien mauvaise opinion de moi. Un coup elle me prenait pour une meurtrière, un coup elle me prenait pour un incompétente ... fallait choisir à la fin ! Bon au moins, la blondas... ah pardon, Asora, décida de mettre mon plan en action. Il était en effet plus logique que ce soit elle qui apparaisse devant les gardes plutôt que moi, prisonnière évadée, par sa faute en prime. Non non, la logique même voulait que ce soit elle qui tire les lauriers de mon idée et moi, pauvre évadée que j'étais, je n'aurais que le second rôle. Aaaah, de temps en temps, il fallait bien partager n'est-ce-pas ?

Sur ce, j'observais la demoiselle agir.
C'est qu'elle se débrouillait bien. Une vraie pimbêche euh pardon, je voulais dire princesse ! Si si, j'vous jure ! Enfin bref, quoi qu'il en soit, elle avait tout d'une dirigeante. Le ton ferme ne laissait aucune autre option possible aux gardes et Asora avait sur se servir de son rang, de son statut. Une vraie militaire ! Une vraie Astorg en somme. Mais pour une fois, j'avais presque envie de dire qu'elle était douée, qu'elle était même plus. Elle était naturellement dotée de quelque chose que je n'avais pas : la patience et l'esprit pratique. Du coup, je l'observais, consciente qu'il serait bientôt nécessaire que j'entre en scène à mon tour. Asora descendit les premières marches ... d'un coup d'oeil, je vérifiais qu'elle ne serait pas dans ma ligne de mire. Je ne tenais pas que la jeune femme s'écrase en bas avec les autres zigotos. Bon d'ailleurs, ils faisaient quoi mes p'tits compagnons ? Aaaah ils arrivaient, ne se doutant pas de ce qui leur tomberait dessus.
Il fallait réfléchir et vite. Il était inutile de dire qu'elle n'aurait pas la force de pousser les deux au bas des escaliers. Mais il fallait également éviter que l'un d'eux puisse prévenir d'autres gardes. Raaaah pourquoi ce n'était jamais simple ? Bon sang ... c'était énervant. Dire que je faisais tout ça pour une parfaite inconnue, sur ordre de ma mère. Un vrai toutou, pas mieux que ces gardes qui ... et mais attendez. Nous avions marchés sur du bois, même mort, il restait du bois. Donc à bien y réfléchir, je pouvais peut-être .... fermant les yeux, je me concentrais le plus vite possible dans le laps de temps me restant ... ceci fait, un sourire fugace apparu sur mes lèvres tandis que la marche sur laquelle les gardes posaient leur pied se déforma. Oh je n'avais pas la capacité ou même le temps de faire mieux, de toute façon, il était peu probable qu'en d'autres circonstances, j'ai pu faire quoi que ce soit d'autre. Non, la marche ne fit que se déformer et eut la bonne idée de déstabiliser les gardes. Sortant de l'ombre, vérifiant rapidement qu'Asora était toujours en dehors de mon champs d'action et que de ce fait, elle ne risquait rien, je mettais tout mon poids pour pousser les deux zigotos. L'un d'eux bascula, percutant de plein fouet les marches et s'étalant sans plus bouger vers le bas dans un bruit sourd. L'autre ... l'autre avait décidé de ne pas se laisser faire. Stupéfait devant la forme nouvelle que venait de prendre la marche sur laquelle il était, qui manquait de le faire tomber à tout moment du fait des ondulations qu'elle produisait, il ne voulait toutefois pas s'écraser bien gentiment.

Super.
Encore un casse-pied. Mais si je n'agissais pas vite, il allait prévenir les autres. Raaah, j'en avais marre moi ! Mais voilà, pour une fois, une vie, voire deux, ainsi que la mienne dépendaient entièrement de moi, de ce que j'allais faire. Je n'avais pas le droit à l'erreur, et encore moins devant cette pimbêche qui s'était révélée si douée. Me concentrant un peu plus, la marche craqua sous le poids du garde hébété qui essayait de me saisir. Sous son poids, il fut entrainé sans rien y comprendre vers le bas des escaliers. Aaaah voilà qui était mieux. Mais c'était pas tout ça mais mieux valait que la mission ne s'éternise pas : j'étais épuisée par l'effort fourni. Travailler le bois mort, ou presque, était vraiment difficile et contraignant.
Je regardais Asora.
Ah ouais, ce détail.
Parcourant les marches, et il y en avait un certain nombre, je descendais vers les pauvres bougres assommés. Alors ... ils étaient morts ? Fausse joie. Ils respiraient. Mais bon au moins, je n'avais pas encore deux morts sur la conscience et l'autre était surement bien contente. Vérifiant qu'ils n'avaient rien de cassés, je me contentais de dire à voix basse :

" Ils n'ont rien de bien grave, tout au plus sont-ils assommés. On a intérêt à agir vite, ils seront bientôt réveillés je pense. Par contre ... on devrait sans doutes bouger les corps. Je pense que si quelqu'un les voit ici ... peut-être devrait-on remonter les corps en haut de façon à ce que personne ne puisse les voir en dehors de nous ? "

Bouarf, maintenant, il ne restait que ce détail et en avant pour délivrer la donzelle.
Elle avait intérêt à valoir le coup d'ailleurs ...

Et pour une fois, la blonde suivit mon avis.
Ainsi, les corps inanimés des gardes furent-ils remontés vite bien fait, ou presque parce que nous n'étions que deux pauvres jeunes filles devant deux gros et lourds messieurs qui ne nous aidaient pas vraiment ... de vrais hommes quoi. Une fois le forfait accompli, je regardais Asora d'un air interrogateur. Que se passerait-il pour la suite ?
Notre belle alliance venait de mettre K.O deux pauvres types, je devais libérer une elfe dont je ne connaissais ni le nom ni l'origine ... bref, ce n'était pas mon jour, sans parler que j'avais promis à la Templière de me rendre à Tamawa - pour tuer mon père d'accord, mais ça, elle ne le saurait qu'au dernier moment - Bon, maintenant que les gardes étaient hors d'état de nuire, on faisait quoi mademoiselle ? Regardant aux alentours, je vérifiais par là même qu'il n'y avait pas d'autres gardes. Ceci fait, je me retournais vers Asora pour annoncer :

" La porte est fermée, je vais essayé de la fragiliser pour que tu puisses ensuite mettre un terme à cette mission. "

En d'autres termes : je m'occupe de fragiliser la belle porte de bois et toi ma grande, tu percutes cette dernière pour la mettre en lambeaux. Bon le seul soucis c'est que ça allait faire du bruit, donc qu'il faudrait nous dépêcher pour filer en douce mais qu'en prime, si des gardes étaient à l'intérieur de la pièce, je serais momentanément trop fatiguée pour faire quoi que ce soit ... et de même pour Asora. Mais c'était un risque à prendre, de toute façon, nous n'avions pas vraiment le choix puisque les deux abrutis n'avaient pas la clé sur eux.
Fermant les yeux, je tentais de me concentrer pour sentir le bois de la porte. Lorsqu'enfin je perçus ce dernier dans mon esprit, je tentais d'user de mon don naturel pour manipuler la Nature pour fragiliser le bois. La chose n'était pas simple ... le bois en général était difficile à manipuler mais d'autant plus lorsqu'il était mort depuis longtemps. Mais bon, si j'avais réussi pour les marches, ça devrait le faire ici aussi. Le bois craqua plusieurs fois dans le sinistre silence qui nous entourait mais pour autant, personne ne monta pour vérifier ce qu'il se passait. Tant mieux mes petits enfants !

La porte céda sous les coups répétés d'Asora tandis que je reprenais petit à petit mes esprits. La manipulation m'avait quelque peu fatiguée mais les petites minutes de repos accordées par la demoiselle blonde m'avait permis de me tenir sur mes pieds et d'entrer à sa suite. Dans la chambre à peine éclairée trônait un lit somptueux et quelques meubles ici et là, pas de quoi donner envie de vivre dans cette pièce en somme. Pour autant, malgré tout notre remue-ménage, la prisonnière n'avait pas réagit. Il n'était pas bien difficile de la voir allongée dans son lit ... Elle était sourde la madame en prime ? Faisant signe à Asora, nous avançâmes prudemment vers ledit lit ... peut-être l'avait-il drogué ?
Et bah nous n'étions pas au bout de nos peines ... la petite n'avait pas bougée et pour cause ... Il n'y avait rien de pire que ça. J'avais été enfermée dans ce cachot puant à cause de l'autre idiote, j'avais été humiliée par ce baron ou comte ou je ne sais quoi qui ne tarderait pas à mourir sous ma lame et maintenant, encore mieux ! Après le voyage sous la flotte et dans la boue, voilà que la gamine qu'on m'envoyait sauver n'était autre qu'une elfe, jusque là pas de problèmes mais qu'en prime, elle était malade ! C'est vrai que vivre dans un donjon c'est difficile pour une petite fille de onze ans qui a la pneumonie mais mince ! Je suis pas baby-sitter moi !

Observant l'état critique de la gamine, il était clair qu'elle ne survivrait pas longtemps à une marche forcée, de toute façon, elle était incapable de marcher dans son état .. en d'autres termes, il me fallait la soigner ici et maintenant. Génial ! Je ne demandais pas mieux c'est vrai, j'avais de l'énergie à revendre n'est-ce-pas ? Bon, y'avait quoi dans la salle à part miss blondasse qui faisait potiche et moi ? Deux plantes sur le rebord de la fenêtre mouais ... c'était pas bien brillant tout ça, un peu comme l'état de la gamine qui allait bientôt passer de vie à trépas.

" Lèvres bleues, forte fièvre ... cette gamine a la pneumonie et elle ne survivra pas au voyage de retour si je ne la soigne pas. Le seul soucis c'est que j'ai déjà brulé pas mal de mes réserves alors je vais prendre dans les tiennes. Ne t'en fais pas, juste de quoi faire baisser sa fièvre et ensuite, je m'occuperais d'elle pendant le voyage plus sérieusement. "

N'attendant même pas la réponse de la blonde, je m'exécutais. Soigner quelqu'un n'était jamais une mince affaire mais c'était sans doutes pire lorsque la personne avait perdu connaissance et divaguer. Trouver la source du mal et la réduire de façon significative pour lui permettre de survivre le temps que je me charge totalement de sa maladie nous pris sans doutes plus d'une heure. Il était vraiment dingue de voir toute l'énergie dont disposais Asora mais sans doutes plus dingue encore de voir que personne n'était monté depuis près de deux heures dans cette fichue chambre à l'odeur nauséabonde. Mais bon, le principal était que la gamine allait plutôt mieux au vu de son précédent état et que pour le moment, personne n'entravait notre descente vers la porte de sortie.
Un bruit de vaisselle cassée et des cris s'élevèrent bientôt non loin de nous. Asora avait la gamine dans les bras, bien plus costaud que moi pour le coup, mieux valait qu'elle la porte en effet mais nos regards qui se croisaient en cet instant en disait long. Les gardes nous avait repérés ... Il nous faudrait nous battre et ... Ben en fait non. Les gardes en faisaient du bruit mais étrangement, nous avions beau avancer Asora et moi, personne ne nous barrait la route. Ce ne fut qu'en sortant de la demeure que nous comprîmes ce qu'il se passait réellement en ces murs. Les villageois affamés et maltraités investissaient petit à petit le château et là-bas, sur la place centrale du village, le comte en personne était pendu. Raaaah mince, je n'aurais pas l'occasion de le tuer de mes propres mains pour ce qu'il avait fait ici ... Raaah j'enrageais !


" Nous nous retrouverons au Temple en ce cas. " avait dit mademoiselle la Templière avant de nous quitter, la jeune inconnue et moi.

Bon fallait dire que ça faisait deux jours que nous avions quitté les murs de la demeure où elle était prisonnière et que pour autant, elle ne s'était pas encore réveillée. Mouarf, je n'avais pas encore eut le temps de la soigner, pressées que nous étions de nous éloigner de ce village de fous. Asora nous avait quitté après s'être assurée que j'étais assez en forme pour conduire la demoiselle chez elle, à Silmarie. Maintenant que nous étions toutes les deux, je filais vers la cité sans demander mon reste.
Nous n'étions plus très loin de la cité elfe lorsque je pris le temps de me poser quelque part pour la soigner. Il n'était sans doutes pas bienvenu de la ramener chez elle dans cet état, surtout que nos relations au beau fixe avec Silmarie ne méritaient pas d'être salies pour si peu. Posant le corps faible de l'enfant à terre, je fermais les yeux à la recherche du mal qui la rongeait. Il me fallut plusieurs heures de concentration pour soigner la petite de sa pneumonie et plusieurs heures encore pour pleurer en silence les plantes auxquelles j'avais ôté la vie pour elle. Lorsqu'enfin elle ouvrit les yeux, cherchant visiblement à comprendre ce qui se passait et où elle se trouvait, je ne pouvais que me réjouir d'avoir réussit à la tirer de sa maladie. La vie d'un enfant était ce qu'il y avait de plus précieux au monde et la petite me fit penser aussitôt à Jelenna. Prenant une voix douce, je tentais de la rassurer :

" Ne t'inquiète pas, tu n'es plus chez le comte, je te reconduis chez toi, à Silmarie. Je m'appelle Eléa et toi petite ? "

L'enfant mis un certain temps à reprendre ses esprits et à me répondre. Lorsqu'enfin elle ouvrit la bouche, je souris. Arwen, tel était son prénom et par la suite, elle me confia ce qu'elle avait vécu là-bas. Mais mieux encore, elle me précisa être la petite sœur d'Erendar ... QUOI ? Ce vieux crouton avait une sœur ? Aussi jeune ? Mais combien de temps vivaient les elfes pour s'accoupler aussi vieux ? Hum pardon ... petit égarement.
La fin du chemin fut calme.
Tout comme le furent les retrouvailles entre le frère et la sœur. Mais ce n'était plus mon problème, j'avais pour une fois bien agi et là se terminait ma mission. Pour une fois, j'avais été digne de mon rang de princesse, risquant ma vie pour quelqu'un d'autre que moi sans en tirer le moindre bénéfice personnel. Enfourchant la jument qui était mienne, je rentrais enfin chez moi. A Muria. Et là-bas, il y avait une petite fille qui m'attendait surement avec impatience !