Description physique:
Lorsque sa capuche couvre son visage, Reyan n’a rien pour impressionner. Il a hérité de la finesse des Cydiens, mais reste plus petit que la plupart de ses pairs. Souvent vêtu d’habits aux couleurs sombres et froides, sa préférence allant du marron aux tons de bleus les plus foncés typiques de son Dieu, il passe souvent inaperçu au milieu d’une foule, d’autant que sa démarche légère rend ses déplacements presque aériens. Ce n’est qu’une fois sa capuche baissée que le jeune Cydien attire l’attention. Son visage aux traits fins semble luire en permanence d’un léger halo dû à la couleur claire de sa peau. Le plus souvent, Reyan ne laisse transparaître aucun sentiment, et garde une expression des plus…inexpressives. Cela pourrait lui donner comme un air permanent de sévérité si la régularité de ses traits et l’inexplicable douceur en émanant ne transformaient pas cette dureté apparente en un genre de calme olympien. Ses cheveux bruns, aussi fins que son visage, retombe élégamment sur sa nuque et atteignent presque ses épaules. Enfin, ce qui marque particulièrement le physique de Reyan, ce sont ses yeux marrons, foncés et pourtant lumineux. « Les yeux sont le miroir de l’âme », jamais proverbe n’avait aussi bien trouvé son illustration. Si Reyan ne montre que peu de changements d’expressions, ce sont surtout ses regards qui sont révélateurs de ce qu’il ressent, allant du plus transperçant à la plus sincère des douceurs. Cela ne signifie pas que notre prêtre Cydien est incapable d’exprimer la moindre émotion avec son visage, mais simplement qu’il sait tout à fait rester neutre même face à la pire des menaces. Lorsqu’il doit faire intervenir ses talents d’orateur, il peut choisir de se donner un air des plus menaçants, tout en gardant cependant cette aura de tranquillité naturelle qui se dégage de lui. Etant au fait des rudiments du combat à mains nues, Reyan conserve un physique athlétique propre à sa jeunesse, bien qu’il ne puisse effrayer même le moins entraîné des guerriers. Il porte toujours autour du cou un pendentif en forme d’ancre, symbole de son Dieu.

Caractère, qualités et défauts:
A cause de son manque d’expression, Reyan est très difficile à cerner. Quelqu’un qui ne le connaît pas le prendra à tort pour quelqu’un de froid, distant, et surtout fermé au dialogue. S’il est vrai que le jeune prêtre est très introverti et peu enclin à faire le premier pas pour engager une conversation, ce n’est pas par désintérêt, mais au contraire par respect et crainte de déranger. Cachant sa timidité derrière un masque de marbre, Reyan est en réalité très généreux et attentionné, très à l’écoute de son prochain et doué d’une grande compréhension. S’il ne maîtrise pas l’Esprit, le Cydien est tout de même doté d’une certaine intuition qui lui permet au moins de deviner les véritables sentiments de son interlocuteur. Prônant pour la transparence et friand de franchise, Reyan n’y va pas par quatre chemins pour dire les choses, ce qui le rend parfois un peu brutal verbalement. Susceptible, il n’hésitera pas à remettre à sa place une personne trop taquine à son goût, même s’il ne perdra jamais son calme si caractéristique. D’ailleurs, s’il est pratiquement impossible de le faire sortir de ses gonds, les colères de Reyan sont légendaires. Peut-être à cause de son côté artiste, il accorde une grande importance aux mots et a tendance à tout prendre au pied de la lettre, passant parfois à côté d’un second degré possible. Pour cette importance presque excessive accordée à ce qui est dit, le jeune prêtre ne supporte pas les menteurs et les hypocrites, trouvant qu’ils décrédibilisent le langage lui-même. C’est pourquoi il accorde difficilement sa confiance, mais peut être apprivoisé facilement : s’il paraît glacial, Reyan est pourtant très réceptif aux marques d’affection tant qu’il sent qu’elles sont sincères. La solitude ne le dérange pas, mais son côté philanthrope le rattrape toujours. En résumé, celui qui passera outre la barrière de sévérité dressée plus ou moins volontairement par Reyan trouvera un compagnon attentif et aimant, doublé d’un ami fidèle lorsqu’il se sent en confiance.


Biographie:
On peut considérer l’histoire de Reyan comme des plus banales, ou encore comme exceptionnelle. Tout dépend de la valeur que l’on accorde au fait que le jeune Cydien est né dans la cité des Amazones, Muria. Son père, un Cydien du doux nom de Naël Aïdher, était un voyageur itinérant aux objectifs mystérieux. Il eut un jour la bonne idée de pénétrer dans la forêt des Hêtres, ignorant le bon sens commun qui interdisait à tout homme de violer le territoire des Amazones. Et ce qui devait arriver arriva : sitôt qu’il croisa une troupe de Sentinelles, s’étant sans le savoir approché trop près de Muria, Naël se fit capturer. Conscient que toute résistance était inutile, il ne mit même pas à contribution ses aptitudes martiales pourtant développées par des années de voyage. Curieusement, celui qui allait devenir le père de Reyan n’eut aucun regret quant à sa capture lorsqu’il passa les portes de la Cité en compagnie des Sentinelles qui l’avait attrapé : finalement cela ne faisait qu’ajouter un lieu supplémentaire à ceux déjà nombreux qu’il avait pu visiter ! Mais il comprit vite que, en tant que Soumis, son séjour ne ressemblerait pas à une visite de courtoisie… Très vite parqué dans le quartier de ses semblables, Naël dut s’habituer à ce nouveau rapport entre hommes et femmes, unique au monde, et à ne plus considérer la gente féminine comme un éventuel sexe faible. Les conditions de vie n’étaient pas faciles, mais loin d’être insupportables, d’autant moins que le Cydien n’était pas un criminel, mais juste un « imprudent » comme se plaisaient à le dire certains de ses camarades. Pour autant, le voyageur commença au fil des semaines à se sentir mal. Habitué qu’il était à ne jamais rester très longtemps au même endroit, Naël se sentait prendre racine, et c’était une impression qu’il n’aimait pas du tout. Un événement vint cependant modifier considérablement son quotidien : il semblait qu’une Amazone le réclamait. Etant un peu au fait des coutumes de la cité des femmes, notre voyageur ne s’inquiéta pas plus que ça de cette étrange requête, et lorsqu’il se retrouva devant l’une des Sentinelles qui l’avait capturé, il ne put s’empêcher de sourire en imaginant la suite des événements.

Quelques temps plus tard, au mois de Souffleneige, Reyan naissait sans que Naël ne le voie vraiment venir. Le voyageur prit conscience que ce qu’il considérait comme « un peu de bon temps » allait finalement avoir de lourdes conséquences en termes de responsabilité, parentale notamment…
L’enfance et l’adolescence de Reyan se passèrent sans trop d’encombres. Timide, le jeune garçon avait un peu de mal à s’intégrer au milieu des autres enfants. Il faut dire que ses centres d’intérêt divergeaient fortement de ceux de ses petits camarades : pendant que les autres partaient jouer dans les rues, lui se plaisait à plonger une plume dans un encrier et écrire, en vers ou prose.

« Quand j’écris, mes mots font des choses dans un monde invisible, expliqua-t-il un jour à son père. C’est comme si j’avais des pouvoirs magiques ! »

Le jeune Cydien ne croyait pas si bien dire : ses mots avaient bel et bien un impact, mais sur le monde tangible. Très vite ses facultés magiques se firent évidentes. Si Naël fut quelque peu déconcerté, après tout il n’avait que rarement eu affaire au surnaturel, la mère de Reyan, Yella, sut plus ou moins comment réagir. Côtoyant régulièrement des Élémentaires, la Sentinelle était en plus Sensible, et donc beaucoup plus au fait des arcanes magiques. Suivant les conseils de ses camarades et son propre instinct, elle tenta de guider son fils dans son apprentissage de la magie, et avec le temps Reyan parvint à mieux maîtriser ses pouvoirs. Il semblait être capable de cristalliser sa magie dans les mots qu’il écrivait, puis de la relâcher sitôt qu’il prononçait les mots tracés sur le parchemin. Mais ses dons ne se limitaient pas à la maîtrise de la Calligraphie, et le véritable talent de Reyan prit la forme d’un don de guérison. Ce fut encore une fois sa mère qui s’en aperçut, alors qu’elle revenait d’une patrouille la jambe écorchée. Si l’enfant d’Amazone avait éprouvé quelques difficultés à maîtriser ses dons pour l’écriture magique, il semblait au contraire manier la magie curative avec un grand naturel. La première fois, il poussa un cri lorsqu'il ressentit la douleur de sa mère alors que sa blessure se refermait. C'était plus un cri de surprise que de douleur, après tout il ne s'agissait que d'une écorchure, mais Reyan dut apprendre à ne plus se faire prendre de court par ce contrecoup du sort. S'il arrivait toujours à trouver les bons gestes pour guérir, il lui était nécessaire de faire abstraction de cette douleur, un exercice ô combien difficile qui hélas ne fut jamais réussi. En grandissant, l'apprenti guérisseur fit tout pour cacher le fait qu'il avait mal, se concentrant plutôt sur le sentiment de soulagement que devait ressentir sa cible. Mais il serrait les dents, toujours.

Le temps passa. Naël, qui était resté après les six ans que devait durer son emprisonnement afin de s’occuper de son fils, partageait avec ce dernier ses récits de voyage, et surtout sa fascination pour la mer et les océans. Même s’il avait pu sortir de la ville en compagnie de sa mère, la plus grande étendue d’eau que Reyan avait eu l’occasion de voir était un lac de la forêt. Au fait du panthéon des Cydiens que son père lui avait appris, le jeune magicien trouva naturellement une préférence pour Abyss, qui choisit visiblement de le lui rendre puisque Reyan fit preuve de nouvelles capacités toutes liées avec l’eau. Sa mère crut s’évanouir lorsqu’elle vit son propre fils marcher sans aucun problème à la surface d’une rivière. Muria n'offrait pas de lieu de culte: les Amazones venant toutes d'horizons divers et variés, avec leur propres croyances, il semblait impossible d'offrir un temple à chaque Dieu. Cela n'empêchait pas les fidèles de se regrouper, et dans les quartiers des hommes, un petit groupe d'adorateurs d'Abyss s'était formé. L'un des Soumis était justement un prêtre d'Abyss, qui comme Naël avait eu le malheur de trop s'approcher de la cité des femmes libres. Le Père Kidan n'était reconnu qu'au sein du groupe, et Reyan regrettait que les autres jeunes ne soient pas plus sensibles à ses enseignements! Vouant une véritable admiration pour le vieil homme, le Cydien finit par lui demander de le prendre sous son aile, voulant lui aussi apporter un peu de baume au cœur des hommes qui en avaient besoin. Ému de cet intérêt peu commun, le Prêtre passa plusieurs années à enseigner à Reyan tout ce qu'il savait de la prêtrise, et bien plus encore! Naël voyait d'un bon œil cette nouvelle relation, car il sentait son fils pleinement épanoui, comme quelqu'un qui a trouvé sa voie. Kidan dit un jour à son jeune élève que, si d'aventure il devait passer par Cydonia dans sa vie d'adulte, le temps d'Abyss l'accueillerait à bras ouverts: les nouveaux prêtres se faisaient plus rares.

Il est peut-être deux événements qu’il faut souligner dans l’adolescence de Reyan. Le premier est en rapport avec Pâris, un autre fils d’Amazone avec qui Reyan s’était lié d’amitié vers l’âge de quinze ans. Pour résumer, Pâris ne manquait pas de marques d’affection envers le Cydien, celui-ci y était très sensible et faisait de son mieux pour être le meilleur ami possible. Mais il s’avérait que le soi-disant ami ne faisait que manipuler les sentiments du favori d’Abyss, puisqu’en réalité cette affection feinte n’avait pour seul but que d’éviter la solitude, tout en profitant au passage des avantages naturels procurés par une amitié avec un lanceur de sorts. Reyan mit deux ans à s’en apercevoir, le coup de grâce ayant été donné lorsque Pâris choisit de quitter la ville à l’âge de 18 ans (il avait un an de plus que Reyan) et ce sans dire au revoir au jeune Cydien. Il eut beaucoup de mal à se remettre de cette blessure, d’autant qu’il commençait à se demander sérieusement s’il n’éprouvait pas des sentiments pour le beau jeune homme. Depuis ce jour, le fils de Naël éprouva les plus grandes difficultés à accorder sa confiance à quiconque. Le second événement fut le départ précipité de son père. Un soir, Reyan entendit son père et sa mère se disputer violemment. Respectueux, il n’essaya pas d’écouter ce qui était dit, mais le lendemain, son père partait sans donner d’explication. Il vécut cet abandon comme une trahison, mais Yella lui expliqua qu’il ne devait pas essayer de le retrouver, qu’il avait de mauvaises intentions mais qu’elle préférait ne pas les révéler. Etrange… Toujours était-il qu’il ne restait que peu de choses qui rattachaient Reyan à sa ville natale. Après avoir fait ses adieux aux quelques amis qu’il avait pu se faire et fait part de sa décision à sa mère qui n’essaya pas de le retenir, il se présenta avec ses affaires aux portes de la cité. Nous sommes en 150, Reyan a 18 ans et a la ferme intention de mettre ses pouvoirs au service des gens en devenant prêtre. Ce ne fut pas sa mère, mais une autre Amazone qui le laissa sur un cheval à l’orée de la forêt, non sans lui avoir indiqué l’itinéraire pour se rendre à la cité la plus proche : Silmarie.

Sans hésitation, le Cydien s’y rendit. Il fut plutôt bien accepté par les elfes, et passa deux ans dans la cité. Il parvint à s’y faire une place, s’attacha beaucoup au peuple elfique, mais se sentait tout de même très étouffé au niveau de sa foi : Silmarie vouait en toute logique une adoration aveugle à Silmaria, et Reyan trouvait presque disconvenant de mettre en évidence ses croyances différentes. Au début, le magicien tenta de prendre sur lui car il avait pour ferme objectif de retrouver sa cité d’origine, coûte que coûte. S’il n’avait pas encore conscience de tous les enjeux politiques, il sentait qu’il était essentiel, primordial, de pouvoir retourner d’où il venait en paix, sans se faire capturer. Ses illusions ne suffirent cependant pas à effacer son sentiment d’inconfort spirituel : il finit par partir pour Cydonia, cité d’origine de son père. Pas qu’il cherche à le retrouver, mais parce qu’il savait que là-bas, il trouverait des gens à aider sous la bannière d’Abyss, comme le lui avait dit son ancien mentor.

Et tout se passa très simplement : grâce à la mention du nom du Père Kidan, Reyan fut accueilli à bras ouverts et très vite confirmé Prêtre d’Abyss. Il exerça ses talents de guérisseur sur qui en avait besoin, bénissant et confessant quand il le fallait. Il n’arrêta jamais d’écrire, aussi son pouvoir de Calligraphie ne disparut pas bien qu’il n’ait plus eu souvent l’occasion d’y faire appel. Mais dans un monde en plein chamboulement, Reyan pouvait-il se permettre une existence monotone ?