[DP] Chiko run! (Mission partie Une terminée)

Jeudi, midi.

"Chiko, tu es la personne qu'il nous faut!"

Joris, capitaine des Compagnons, s'élança vers toi d'un pas rapide. Il évita les longues tables du réfectoire de ton Ordre d'un mouvement de hanche agile avant de se planter devant toi, la main sur ton bras. Il a toujours été ainsi, ton supérieur hiérarchique: gentil, polie, très proche des gens. Mais généralement, lorsqu'il faisait ça, c'est qu'il avait quelque chose de très spécial à demander.... Ou une mauvaise nouvelle.

"Désolé, on a vraiment personne d'autre sur ce coup vu que l'Oblat est en déplacement. Faut que tu nous aides! La Reine veut son plat préféré à son arrivée, une poule au pot... Mais nous n'avons plus de poules!"

Chiko, en ce jeudi midi d'une banalité déconcertante, mangeait sans même prêter attention aux conversations des personnes de sa table. Elles déblatéraient un tel amalgame de paroles sans importance, que le jeune homme restait le regard perdu dans son assiette remplie d'aliments en tout genre. Des pensées les plus réalistes, aux plus farfelues, toutes trouvèrent une place dans sa petite tête. Le jeune homme resta bien quelques minutes en imitant les légumes devant lui, jusqu'à ce que ses collègues le fassent réapparaître à la surface terrestre, en riant :

« Bah alors, t'as pas dormi de la nuit ? Qu'est ce que tu as encore fait ? T'avais un bon coup ? »

Le jeune homme sursauta légèrement quand on lui tapota l'épaule, et en esquissant un petit sourire, répondit :

« Tss, n'importe quoi ! »

Personne à part sa petite poule qui était sur ses genoux n'était au courant de ce que pouvait ressentir le jeune homme face à l'Oblat. C'est, entre autres, pour cette raison qu'il prenait cette remarque avec autant de légèreté, il ne fallait pas que cet amour vienne à se savoir. La moindre erreur serait fatale, il pourrait être désengagé, et interdit de voir sa chimère. Tout pourrait s'écrouler d'une seconde à l'autre, y comprit sa propre vie. Il ne se voyait absolument pas prier le Dieu Ours pendant des mille et des cents, séparé de l'Oblat. Sa vie ne ressemblerait à rien sans elle, tous ses repères acquis avec tant de mal seraient envolés à jamais.
Pas la moindre erreur, il ne pouvait rien se permettre, même pas le moindre relâchement, qui pourrait conduire à une tragédie. La petite tête blonde continua alors son repas, tout en se demandant maintenant quand il reverrait sa chimère. Ses calculs n'étaient pas très satisfaisants : il faudrait attendre encore un petit bout de temps. Elle était en ce moment en ce moment en déplacement, mais ce n'était pas lui qui était chargé de sa protection.
Un air mélancolique se répandit alors à cette idée peu réconfortante. Mais c'était un homme, un astorg, un pur, un dur ! Il allait bien tenir le temps de cette séparation, et ne pas agir comme une fillette ! C'est alors que le destin décida autrement, Joris se dirigea rapidement vers sa table. Il était de dos, alors fut encore une fois pris d'un léger sursaut lorsqu'il sentit le contact des mains chaude sur son bras frêle.
Que lui voulait-il ? Pourquoi lui ? C'était probablement une mauvaise nouvelle, le chef des compagnons était toujours dans cette posture lorsqu'il s'agissait d'annoncer de telles nouvelles. Chiko, en se demandant bien ce qui pourrait lui arriver, regarda alors Joris d'un air étonné, et celui ci n'attendit pas que sa bouche soit vide pour lui annoncer la nouvelle. Le jeune homme se raidit lorsque le mot « poule » raisonna dans ces tympans. Instinctivement, le volatile sur ses genou bougea, avant qu'un « cot » s'échappe de son petit bec. Bredouillant par la surprise, Chiko répondit au tac-au-tac :

« Une poule ? On.. On trouve ça... où ? »

Il n'avait jamais penser un jour faire ça, mais peut-être devra-t-il choisir entre un amour non réciproque, qui n'éclatera jamais, et sa plus fidèle compagne, sa petite confidente à lui. Chiko n'avait plus qu'à espérer qu'il lui demande de s'exiler à travers le pays pour trouver un volatile semblable à la poulette qu'il caressait sur ses genoux.
En tout cas, il trouvait amusant que l'Oblat aime les poules, lui aussi les aimait, pas à la même façon certes, mais les aimait tout de même.

"Cot? Comment ça Cot? Tu trouves que la situation est amusante Chiko! On a pas le temps de faire des blagues, l'heure tourne!"

Ouf, poulette est sauvée... Joris n'a pas vraiment fait attention à la provenance du bruit en somme, espérons seulement qu'elle ne ponde pas un oeuf au milieu de la salle...

"Ecoute, on a peut-être une piste. Les Cydiens ne veulent plus nous en vendre, on fera sans eux!"

Il s'assit à côté de toi, poussant la nourriture de la table pour y étaler une carte et un parchemin avec un tas de nom et d'instructions.

"Un de nos fermier à une fille à Tamawa, Asora. Elle est Templière. Elle te servira d'intermédiaire et de guide dans la ville, en plus d'inspecter les animaux. Il n'a pas voulu y aller lui-même, cette poule mouillée! Tamawa est à plusieurs heures d'ici, tu dois être revenu avec tout un poulailler avant dimanche midi et le retour de la Reine! Tu as tout compris, tu as des questions?"

Des miettes de pains tombèrent sous les mouvements des cartes par terre... Des miettes bien appétissantes, bien tendres... Comme une poule en raffole... Qu'il était dur de cacher un clandestin entre ses genoux!

"Cot? Comment ça Cot? Tu trouves que la situation est amusante Chiko! On a pas le temps de faire des blagues, l'heure tourne!"

Se faire réprimander par son supérieur, et de cette façon était pour le moins humiliant. Et accessoirement absurde. Cot ? Mais il n'avait absolument rien dit ! Et cela faisait bien longtemps qu'il avait arrêter de faire des plaisanteries sans intérêt. Mais visiblement ses voisins n'étaient pas aussi sérieux, ils retenaient difficilement leur rire. Joris, quant à lui ne semblait pas y prêter attention, et s'installa sans tarder à côté de lui, tout en continuant son baratin. Les ricanements en provenance de ses collègues s'estompèrent peu à peu, pour laisser l'entière place à la voix grave de son supérieur. Tout en écoutant attentivement ce dernier, il le fixa avec un regard assez froid. Il lui en voulait, se faire humilier de cette façon...
Il restait pourtant attentif aux paroles de Joris, qui poussa sans se faire prier la nourriture à l'origine devant le jeune homme, pour disposer une carte d'une taille gargantuesque, avec des couleurs disposées tout au long de cette dernière. Il fallait se rapprocher, et sortir son cerveau du mode « végétatif » pour comprendre les moindres légendes de cette dernière. Chiko, toujours vexé, essaya tant bien que mal à se concentrer sur cette dernière.
Encore fallait-il que sa petite poule daigne rester tranquille, parce que pour gigoter, elle gigotait ! Elle se tortillait comme un spaghettis dans une casserole remplit d'eau, frétillait comme un papillon, se trémoussait comme une luciole dans la nuit.
Tout en écoutant le discours de Joris, qui n'était pas du plus court, le jeune homme regarda discrètement aux alentours, et son regard s'arrêta quelques courtes secondes à ses pieds ! C'était malin ! Chiko se félicitait intérieurement ! Voilà qu'il avait oublié de nourrir son volatile, et maintenant, ce dernier se rebellait. Et c'était vraiment le moment pour faire ça hein ! Le chef était là, et si il se plantait pour le poulailler, il aurait de moins en moins de mission, et donc perdrait de l'estime auprès de sa bien-aimée. Qui dire perdre l'estime de sa bien aimée, se traduit forcement par un échec à l'épreuve des consorts, autant dire prier le dieu ours pendant toute une vie. En réfléchissant à cette hiérarchie, il imprimait les informations données par Joris, jusqu'à ce qu'il se prenne un coup de bec non ménagé dans … L'entre-jambes.

« Aaaah, désolé, elle pique sa crise la petiote, avec toutes ses miettes qui jonchent sur le sol.. Donc faut que j'aille à Tawana, c'est bien ça ? »

Il lacha sa poulette presque immédiatement sur le sol, qui se précipita sur les miettes de pain. C'est fou ce que c'est mal élevé ces bestioles ! Chiko se mordit légèrement la lèvre inférieure pour faire passer sa douleur, et laissa échapper un léger gémissement. Le jeune homme espérait que Joris n'allait pas mettre sa poule dans un pot. Enfin, si c'était le cas, le jeune homme ne dirait absolument rien, pour contredire son chef. Si ce geste pouvait faire plaisir à l'Oblat, c'était le principal. Lui ne comptait pas.
Mine de rien, il était tout de même attaché à sa volaille...

Ainsi donc, l'ennemi se cachait même dans sa propre demeure... Ainsi, son ami, son frère d'arme, son élève, son compagnon l'avait trahi! Félon! Cacher ainsi la résistance poulienne entre ses jambes! Ton supplice entrejambier sera ta punition!

"Chiko, c'est quoi ça! Si ça se trouve, c'était la reproductrice que nous avions besoin!"

On se calme, on récupère ses nerfs... Surtout ne pas décapiter ce blondinet...

"Bon, tu as du travail et tu laisses cette poule ici en otage! Si tu ne reviens pas à temps de Tamawa avec le poulailler, on servira ta jeune amie à l'Oblat. Et tu n'as pas le choix! Je te laisse cinq minutes pour lui dire au revoir.... Et arrête de te tenir les co....!"

La présence de la volaille avait pour le moins étonné Joris. Il en était même resté bouche-bée, comme impatient qu'une mouche visite sa cavité buccale ! Diverses expressions s'enchainèrent sur son visage, de l'incompréhension à la colère, en se détournant par l'amusement. C'était avec un mélange de toutes ces réactions que le jeune homme se mit à parler, pour le moins d'une manière totalement étrange, et encore inconnue aux oreilles de Chiko, et même dans l'univers tout entier, à quelques galaxies près.
Le propriétaire de la poule, quant à lui, avait fait une totale abstraction de ses autres collègues. Il écoutait son chef, sans trop l'écouter, en tentant en vain d'oublier sa vive douleur. Ce dernier déblatèrerait des propos encore plus étonnants, frisant l'absurdité, et pour le moins farfelus. Une prise d'otage, d'une poule ! Mais qu'est ce qui était en train de lui passer par la tête ? Chiko tenta d'élucider ce mystère, en regardant si une bosse n'avait pas fait une apparition sur les cheveux brins de son supérieur, chercha la présence d'un alcool fort, d'un hypnotiseur aux environs, d'une sorcière qui lui aurait jeté un sort à son insu, mais rien, rien de rien. Pas même une raison totalement irrationnelles ne pouvait expliquer ces idées farfelues.
Chiko fixa alors son supérieur d'un air encore plus ahuri que ce dernier le regardait, et lui répondit :

« Bah si j'arrive pas à l'heure, l'Oblat, elle va s'étouffer avec une petite poule comme ma petiote ! Je te souhaite bonne chance en tout cas, elle pourrait bien te réserver le même sort qu'à mes co... »

Chiko esquiva un sourire et se leva. Il déposa ses mains dans ses poches, en laissant ressortir ses pouces. On lui avait dit que ça faisait comme s'il était sûr de lui, ce qui était probablement le cas pour le moment. Il continua son monologue d'un air plus serein, en regardant son chef de haut, sans pour autant être insolent :

« Et si je peux te dire que ça fait pas réellement du bien ! C'est pas rare qu'elle pique sa crise ! Si tu lui donnes pas sa nourriture à heure fixe, si tu la dorlotes pas assez, crois moi qu'elle te le fais savoir ! Et surtout avec les étrangers ! Bonne chance en tout cas, Et t'as pas intérêt d'en faire des brochettes avant mon retour hein ! »

Il se baissa alors pour saisir sa petite poule et lui fit un petit câlin affectif. Après lui avoir glissé un petit « A plus » dans l'oreille, il la tendit vers Joris, tout en la pinçant. Chiko n'espérait qu'une chose, que la volaille se défoule sur son chef, et qu'elle le prenne pour un bon morceau de pain bien frais, comme elle aime. Il ne souhaitait pas le mal pour son supérieur (enfin un petit peu), mais voulait qu'il le supplie de reprendre sa poule, inverser les rôles en somme. Il reprit la parole après une courte respiration :

« Donc en résumé, je me rends à Tawana, voir Asora, la templière, et ensuite je prends le poulailler, et le ramène ici ! Et non, j'ai pas de question... »

Il regardait Joris en souriant, et attendait une quelconque réaction, plus ou moins étrange, plutôt plus que moins d'ailleurs !

Joris croisa les mains devant lui et te regarda avec des yeux ronds comme jamais. Très franchement, il se demanda pendant quelques secondes si tu pouvais être capable de sortir de Storghein sans te perdre... Puis se rappela finalement qu'il n'avait pas le choix.

"C'est TaMAWA, tu ferais bien de le retenir si tu ne veux pas te perdre. Va chercher tes affaires, tu as du pain sur la planche!"

Et sur ce, poule dessus-dessous il emporta son otage en tentant d'éviter ses coups de becs.

[Un dernier post pour décrire les objets que tu prends avec toi, et je t'ouvre un nouveau topic à Tamawa]

[quel post pourri XD]

Échec cuisant.
Joris n'avait simplement pas bronché face aux attaques du volatile surexcité, qui pourtant se tortillait de son mieux. Elle se débattait dans tous les sens, tentait d'éviter l'étreinte du supérieur de Chiko, en vain. Il semblait pourvu d'une force mystique pour éviter les coup de bec des poules, c'était plutôt impressionnant ! Mais ce talent n'était malencontreusement pas accompagné d'une compassion plus haute que la moyenne, ni d'une forte sensibilité : le jeune homme semblait indifférent face aux yeux de cocker de Chiko. Comment ce dernier avait-il pu croire que sa stratégie marcherait ? Naïf, qu'il était naïf pour certaine chose, mais pas pour toute. Il savait très bien qu'elle ne l'aimerait jamais, jamais, jamais, jamais, cette syrène inaccessible.
Tandis que ces mots résonnèrent dans son fort intérieur, lui provoquant un pincement au coeur, il n'allait pas se remettre à se tordre le cerveau, à commencer des réflexions interminables sur la question, son attention devait toute entière revenir à la mission. Le but était clair, et bien défini : se rendre à Tamawa, Tawama, ou une autre ville d'une prononciation similaire. Ensuite, il devait rencontrer la templière Asora, sur qui il n'avait aucune information. Il pouvait très bien s'agir d'une jeune fille, ou d'une vieille toute ridée, d'une sourde, d'une muette, d'une blonde, d'une brune, d'une rousse, d'une petite, d'une grande. Autant dire chercher une aiguille dans une botte de foin ! Après avoir rencontré cette Asora, elle lui montrerait la ville, et inspecterait les animaux qu'il doit raccompagné à l'Oblat. Dimanche midi, et c'était Jeudi, reste donc deux jours complets pour accomplir cette mission. Si échec il y a, (mais on peut être sûr qu'il n'y en aura pas), l'Oblat devra se contenter d'une petite poule, qui était l'animal de compagnie de notre jeune amoureux.
Chiko esquissa une petite grimace aux paroles de Joris, et murmura des sons quasi-inaudibles :

« Ahah, quel joli jeu de mot... »

Le jeune homme avait perdu dans sa voix tout ton de distraction, d'amusement, de bonheur, lorsqu'il usa de sa voix grave, à faire trembler les murs :

« A dimanche matin, alors. »

Il ne se fit pas prier pour partir. D'un pas décidé, et toujours aussi droit, il ne s'inquiéta même pas de finir son repas, et se dirigea vers la sortie du réfectoire. Chiko avait maintenant une lourde tâche à accomplir, mais avant tout, il devait bien décider des accessoires qu'ils emmènerait. La liste serait courte : son épée, des provisions, du pain, une cordelette, de l'eau... La routine en somme. Mais il manquait les deux pattes de la petite poule qui se posaient habituellement sur son épaule gauche. Ses marques faisaient quasiment parti de son corps ; et Chiko avait l'impression d'avoir oublié quelque chose, une sensation bien désagréable.
Il tâcha de ne pas se remémorer la scène qui s'était déroulée peu de temps avant, et alla chercher sa monture. Tout en dépliant sa carte, il mémorisa l'itinéraire qu'il devait emprunté. Il en avait probablement pour quelques longues heures.
Il monta ensuite son jeune étalon, et non, aucun poulailler ne lui résistera !

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