Le 2 Souffleciel, treize jours avant la disparition de Kriisten.


On disait toujours "Pas de nouvelles, bonnes nouvelles". Mais lorsque ça concernait le Bastion de Haldern, c'était très mauvais signe.
Petite géographie: Haldern était à la limite, extrême limite même du Royaume de Storghein au sud. Dans le temps, elle servait de première défense contre les Erathiens. Aujourd'hui, elle était chargée de surveiller les Cydiens. Du haut de sa position privilégiée, elle était sensé avertir du moindre mouvement de troupes des "Maigres", surtout si ceux-ci manœuvrait vers l'ouest ou le Nord. C'était la première porte, le début des montagnes et l'ours blanc qui protégeait la Caverne Astorg.
Mais ces derniers temps, il n'y avait pas eu de guerres. Haldern était, mine de rien, assez éloignée de Storghein et assez isolée... Rien de mieux pour se sentir pousser des ailes de liberté et d'indépendance, et ainsi couper de plus en plus les liens avec la Capitale. Hors de questions que le royaume des Astorgs se trouve morcelé et géré par des barons incapables comme chez les Cydiens ou les villages faibles du sud-ouest. A cela la Reine se devait de réagir.

Et à peut-être pire les Compagnons devaient se préparer: on racontait qu'une secte avait vu le jour sur Azthia, et plus précisément dans le territoire de Storghein. Une menace certaine dont les dessins étaient trop mystérieux, encore inconnus malgré les maigres arrestations... Difficile de faire parler des prisonniers qui avaient préféré se suicider.
"Les Enfants de l'Oeil d'Or" formaient donc une entité secrète et très bien organisée. Tous ceux qui ont essayé d'enquêter sur eux ne sont jamais réapparus, et on leur attribuait de nombreuses disparitions..... Du côté de Haldern. Quelque chose qui ne devait pas se faire connaitre, la situation étant déjà assez explosive sur le continent.

Une visite diplomatique de l'Oblat, tandis que ses Compagnons enquêtent et appréhendent en secret les Enfants de l'Oeil d'Or laissait présager quelques jours de pure plaisir pour la petite troupe de la Cité des Neiges!


[Vous êtes quatre, vous arriverez donc à Haldern en quatre posts (sautez le tour de quelqu'un s'il met plus d'une semaine à poster où s'il vous le demande)]

Edit= grosses fautes enlevées.

Ainsi, ils allaient à Haldern... Ravi de l'apprendre ! La veille au soir, la Reine avait fait appel à Joris, afin qu'il l'accompagne lui et deux de ses camarades pour une visite diplomatique. Le Capitaine des Compagnons avait donc sans hésiter demandé à Hichino, de les accompagner. Quoi de plus normal qu'un barde accompagne sa dame durant l'un de ses déplacements ? Celui-ci s'avérait toujours utile, à l'abri sous sa couverture de musicien, il pourrait sans éveiller les soupçons garder sans cesse un oeil sur l'Oblat. Chiko, le dernier Compagnon à être du voyage s'était porté volontaire et Joris avait acquiescé sans ajouter quoi que ce soit.

Et c'est vrai qu'ils avaient fière allure, ces Compagnons en cette matinée d'été qui n'avait pas perdu la fraîcheur des montagnes Astorgs. Ils avaient attendu leur Reine en silence, près de leur monture, curieux de savoir où cette dernière allait les entraîner. Ils enfourchèrent leur cheval sans rouspéter lorsqu'elle leur annonça enfin la suite des événements. Comment aurait-il pu en être autrement... ? Ce n'est pourtant pas l'assurance dissuasive qu'elle dégageait qui déconseilla à Joris de poser la moindre interrogation. Sa fierté démesurée l'aurait poussé à répondre à un dragon enragé. Non, c'est tout simplement parce qu'il avait une confiance sans limite envers sa Reine que Joris n'ajouta rien et qu'il talonna Sirocco à sa suite. Il la suivrait jusque sur les terres de ces pourritures de Cydiens s'il le fallait !

Cela ne l'empêcha pas de s'interroger du but de leur visite là-bas. La capitale Astorg n'entretenait que de lointains rapports avec la caserne la plus reculée des terres de Storghein. Pourquoi cet intérêt soudain ? L'Oblat avait dit leur expliquer en route, toutefois, Joris ne lui en laisserait pas le loisir... Les murs de la ville passés, il était hors de question pour le Capitaine des Compagnons de se laisser distraire par n'importe quel récit, fût-il celui de la Reine. Le danger pouvait être partout et surgir à tout moment. Il n'attendit donc pas que la capitale disparaisse dans leur dos pour annoncer leur formation.

« Bien, nous allons nous montrer prudents sur la route. Nous ne courrons pas de réel danger, mais je ne lasserai rien au hasard... »

Le hasard. Il laisse sous-entendre qu'il flirte avec la chance pour mieux berner les indécis qui tombent facilement entre ses griffes de malheur...

« Chiko, tu fermes la marche, Hichino, tu restes au même niveau que la Reine. Je me charge d'éclairer la piste. Je ferai des allers et venues à intervalles réguliers afin de m'assurer qu'il n'y a rien sur notre chemin. Courage Compagnons ! Madame... »

Et son regard améthyste se posa sur la Reine Astorg. Profond. Plein de respect.

Sirocco poussa un hennissement d'excitation lorsque son maître le sollicita pour augmenter encore l'allure. C'était un animal élancé à la musculature fine. S'il ne pouvait supporter une charge trop lourde comme les chevaux de combat, il les battait à plate couture en terme de vitesse. Sa robe d'ébène et la cape écarlate de son propriétaire disparurent bientôt du champ de vision du groupe royal au détour d'une montagne.

La piste se faufilait entre les montagnes. En hiver, il n'aurait pas été envisageable de la pratiquer si aisément. Joris filait à bonne allure profitant de l'élan de liberté que lui offrait sa monture, et se réjouissant de l'euphorie de cette dernière. Il n'était pas un excellent cavalier et il se surprit à regretter de ne pas se délecter plus souvent de ce plaisir qu'il éprouvait sur la selle de son cheval lancé à pleine vitesse. Et alors que le vent frais Astorg faisait pleurer ses yeux violets, les pensées du maître d'arme volèrent quelques mètres derrière lui. Vers ce regard azuré duquel il n'aurait jamais voulu se détacher. Vers sa chevelure d'or dans laquelle il aurait aimé enfouir son visage. Vers ses lèvres roses qu'il souhaiterait tant...

[Comme on doit arriver en quatre posts, je suppose que le MJ n'a pas prévu qu'un éclaireur trouve quoi que ce soit sur la route. Si vous pouviez faire revenir Joris de temps en temps vers vous ou dire qu'il vous attend sur le bord d'une route une fois ou deux avant de repartir, ça serait cool =) ]

[Chiko, tu peux faire arriver ton équipe à destination lors de ton prochain post. Faites comme si Hichino vous accompagnait toujours. Je gêle le topic après Chiko, je dois refaire le scénario^^.]

[Okédacc n_n, s'cusez le retard x_x]

Une mission, une de ces missions que Chiko affectionnait particulièrement. Qu'il adore plus que tout. Il suffisait de la présence de sa reine pour que son cœur soit comblé. L'allégresse envahit le corps du jeune garçon au visage de marbre. Sa blondeur immaculée encadrait son visage rougissant à cause de ce froid matinal. L'été venait de faire son apparition, timidement, elle allait entrer en scène. Une pulsation régulière trottait dans sa tête, les trois chevaux ne faisaient qu'un, ils se fondaient en un galop à l'unisson. Joris avait décidé qu'il prendrait la tête du cortège, et il partait de temps en temps jusqu'à sortir du champ de vision pour revenir, quelques minutes plus tard, disant qu'il n'y avait rien à l'horizon.

Pour le moment en tout cas. L'Oblat et son cortège se dirigeaient vers Haldern, un coin retiré de Storghein, dont le jeune homme de missions avait eu connaissance de quelques rumeurs dénuées de sens à son sujet. Mais ce n'est pas pour autant que Chiko était rassuré, chaque visite de Kriisten incluait un certain risque. Il y avait tellement de personne mauvaises en ce monde. Mais elle était compensée par la beauté d'une seule : l'Oblat. Le voyage avait commencé par une douce parole de cette dernière. Elle était ravie, et lui donc ! Ce n'était pas du bonheur qui envahissait ses vaisseaux, mais un mélange de passion, ainsi que d'adrénaline. Son pouls était relativement élevé, mais le jeune homme savait parfaitement cacher ses sentiments au monde extérieur.

« Si vous êtes ravie, nous sommes comblés Ma Reine. En tout cas, ne vous inquiétez pas, nous veillons sur vous. »

Il avait pris la personne au nom du groupe de Compagnons, en y repensant, il aurait peut-être dû laisser la parole au Chef des Compagnons, qui leur avait proposé la mission la veille au soir. Cela s'était fait assez rapidement, la mission devait être urgente. Hichino, le barde de la Reine, et lui même s'étaient portés volontaires, comme à chaque fois pour Chiko. Qu'aurait-il fait s'il n'y avait pas eu cette mission ? Il serait sûrement seul avec son animal de compagnie, s'entraînant une énième fois, afin d'optimiser ses chances pour cette place de Consort qu'il faisait plus que convoiter. S'il était fatigué, il aurait plutôt prié le dieu Ours, toujours seul. On ne peut toutefois pas dire que l'ambiance était beaucoup plus euphorique où il se trouvait maintenant. Le silence partageait l'environnement avec la souffle du vent, tandis que la température montait peu à peu, le jour faisant son apparition.

Le temps passa, et trépassa, ils ne devaient plus être très loin de la destination prévue. Sur sa monture noire et blanche, Chiko, comme le lui avait ordonné son supérieur, suivait la reine, et pouvait ainsi admirer sa jolie queue de cheval voler au vent, chaque cheveux blond se laissant faire par les mouvements de l'air se réchauffant peu à peu, sans pour autant atteindre une température comme à Ptot-Tàh. Ces cheveux amplifiait d'autant l'élégance de la jeune reine, qui suivait la route d'un air concentré. Cela faisait un bon bout de temps qu'ils étaient partis, et surtout qu'ils n'avaient pas vu la moindre trace humaine, ni la moindre trace de danger quelconques. Chiko ne pensait pas que cet endroit serait aussi dépourvu de toutes choses, si seul, si mis à l'écart. Il fallait vraiment apprécier la solitude pour vivre ici ! Derrière le brouillard qui commençait à se dissuader avec l'arrivée du jour, Haldern se détacha de ce paysage monotone et sans vie.

Ce salon, ce repas, ce sourire, cette courbette. Voilà qui sonnait bien faux à côté de cette ville salle, ce peuple triste, ces mines peu accueillantes. Pas besoin d'être doté du sens aigu de l'observation de Joris pour noter que quelque chose clochait. Et la façade souriante du Général ne trompait personne.

C'est ce qui fit hésiter le Capitaine des Compagnons lorsque la Reine leur proposa de se séparer. Comment pouvait-il se résoudre à laisser l'Oblat entre les mains griffues et certainement intéressées de ce Général hypocrite ? Il se prit à regretter d'être venu avec un effectif si réduit. Avec une dizaine d'hommes en plus, il aurait pu se permettre d'en laisser quelques uns aux gardes de la Reine, tandis que d'autres auraient pu enquêter en ville. Peut-être que si...

Mais quoi ? Il délirait ! Ils n'étaient pas en territoire ennemi ! Ce bastion n'était pas celui de ce satané Général, mais de la Reine ! Si hommes armés il y avait – Joris n'avait pu que remarquer l'absence d'armures même chez les gardes de la place forte – c'était à l'Oblat qu'ils devaient obéissance ! Ce serait douter du charisme écrasant de cette femme et de son incroyable autorité que de s'inquiéter sur son sort dans son propre fort.

« Bien. C'est ce que nous allons faire. Nous essaierons de faire au plus vite. »

Elle ne risquerait rien, elle ne risquerait rien, elle ne risquerait rien...

« Toutefois je laisse Hichino à votre disposition. Un barde royal n'a sa place qu'aux côtés de sa Reine. »

Tout comme la sienne... L'améthyste de son regard s'attendrit à cette pensée. Il s'en était déjà allé et personne ne perçut cet instant de tendresse. De faiblesse, certains auraient jugé. L'amour une faiblesse ? Qu'en est-il de cet amour qui pousse à la perfection, qui insuffle le courage au soldat, devient source d'inspiration et de force pour le maître d'arme ? L'amour une faiblesse ? C'est le discours de ceux qui ont peur d'aimer. Peur de devenir esclaves de cette même passion dont d'autres puisent leur force. Joris n'étaient pas de ceux-là. Joris aimait. Éperdument.

Pourtant Joris s'éloigna de sa douce, après s'être incliné légèrement – comment pouvait-on placer autant de respect dans un simple hochement de tête – laissant le salon pour un couloir, puis un autre jusqu'à sortir de la bâtisse et déboucher dans la rue. La nuit commençait à tomber et s'il avait trouvé la ville sombre, étouffée par la fumée épaisse de ses cheminées, elle devenait lugubre. Réprimant un frisson, le maître d'arme tira sa cape sur ses épaules. Le pan de tissu écarlate obéit avec élégance et se déploya pour venir cacher subtilement la longue épée qui pendait au côté du Capitaine. Prête à l'usage.

Avant de s'engager dans la rue peu avenante qui serpentait à ses pieds, il se tourna vers l'entrée du bâtiment. Chiko l'avait suivi et arrivait sur ses talons. Joris lui adressa un sourire ironique avant de faire mine de s'effacer devant lui.

« Mon cher, allons visiter cette belle et charmante bourgade ! »

Peut-être Chiko se pinça-t-il pour vérifier qu'il ne rêvait pas. Certainement n'était-il pas habitué à le côtoyer en dehors des entraînements alors que toutes traces d'humanité semble disparaître chez le maître d'arme ne devenant qu'une machine, une incroyable machine à tuer, sans faille et surtout, sans sentiment. Le Capitaine rigide, exigent aux vociférations légendaires avait donc un semblant d'humour ?

Oui, d'ailleurs pourquoi pas. Les dragons savent certainement plaisanter. Cependant la rangée de canines démesurées rend leur sourire bien effrayant...

[Si je suis allée un peu vite, je peux éditer.]

[é__è désolée, j'avais (encore) pas vu la réponse ! Pour me faire pardonner, j'ai pas fait un truc trop court ]

Plus ils s'approchaient d'Haldern, plus le brouillard semblait s'éclipser peu à peu, mais cette ovation de la Nature ne laissait place à une ville vivante, colorée, ni du moins accueillante. Elle ne formait quasiment pas de contraste avec la paysage brumeux, la mort possédait-elle déjà les lieux ? Tout était plus sombre qu'à un quelconque endroit, une pluie de centre venait soudainement s'abattre sur ce lieux triste et sans vie. L'abondance des cheminées allumées renforça cette illusion d'enfermement, de cette ville recroquevillée, qui ne laissait pas un espoir à l'air pur d'investir les lieux. A peine quelques mètres parcourus, Chiko ne s'y sentait pas très bien, terriblement oppressé. Heureusement que la belle Kriisten se tenait face à lui, plus qu'élégante sur sa monture, majestueuse, dont un simple regard balayait les pensées obscures du jeune homme. Mais une envie irrépressible le possédait : il ne pouvait s'empêcher de regarder de part et d'autre de la ville qui le fascinait. Il n'avait jamais vu de tels paysages, malgré ses sorties avec la reine de plus en plus répétées. Son esprit à la recherche d'une touche de couleurs, d'un soupçon de bonheur, d'une once de joie de vivre ne trouva qu'un paysage monotone, et horriblement silencieuse, ses tympans ne parvinrent pas même à capter un rire d'enfant. Se redressant et tenant sa monture plus fermement, il ne se laissa pas influencer par ce spectacle désolant, et franchit, de marbre, la grande porte imposante d'Haldern.

L'intérieur de la ville ne livra rien d'autre que ce que Chiko avait auparavant remarqué, ne serrait-ce qu'une dose supplémentaire de mauvaises mines, peu accueillantes. Entourés de gardes, ils se laissèrent conduire jusqu'à la forteresse, derrière le faubourg. Quelques personnes suivaient le cortèges par simple politesse, cela semblait vraiment être de l'ordre de la corvée. Cette attitude exaspéra le jeune homme ; comment pouvaient-ils aussi insensibles face à leur reine, à cette femme des plus majestueuses, la plus élégante et téméraire sans aucun doute d'entre elles ? La colère posséda peu à peu tout son être, sa tête bouillonnait, mais il n'en fit rien paraître, à part peut-être qu'il se redressa une nouvelle fois, et que son visage se figea pour de bon. Arrivés à bon-port, ils firent la connaissance d'un prénommé Trichka, qui, contrairement aux autres citoyens, salua avec grand, très grand respect la reine. S'inclinant aussi bas qu'il pouvait sans manger la terre, de sa bouche s'échappa un court discours, mais suffisant pour saluer la reine, qui laissa cependant indifférent toute la population suivant le cortège. Cette visite commençait bien mal, il fallait remonter la barre, mais pour le moment, il valait mieux pour les quatre arrivants de se recueillir un petit peu.

Dans le salon où tous quatre étaient réunis, une voix cristalline monopolisa toutes les attentions ; la reine en effet, demanda conseil à eux, mais encore une fois, Joris, seul, allait prendre les décisions. Parler de la secte présenterait-il un quelconque danger ? Cette attitude condescendante qu'avait adoptée le général semblait bien loin de la sincérité, il en faisait bien trop, mais ses traits vieillissants, et sa maigreur repoussante ne faisait pas quelqu'un de dangereux, cependant ses gardes n'étaient vraiment pas loin de lui... Enfin, s'ils venaient à arriver la moindre chose à la reine, les deux Compagnons prendraient les mesures nécessaires (et non avec des pincettes !), et si tous venaient à se faire emprisonnés, ou encore tués dans le pire des cas, leur bourgade serait rasée sans scrupule par la puissante armée de Storghein. Dans tous les cas, personne n'osera toucher d'un cheveux la reine. Il ne fallait quand même pas oublier que cette ville était belle et bien astorg, et non cydienne Toutefois, le doute planait dans la petite salle, des craintes plus ou moins absurdes envahissaient l'esprit du jeune homme, et peut-être celui de son supérieur d'ailleurs. ! Ce dernier qui accepta la proposition de la reine sans discuter, et qui, suivit du jeune blond, allait, comme l'a demandé la reine, s'éclipser dans cette ville embrumée.

Tout deux -ils laissaient le barde avec la Reine- se courbèrent pour saluer l'Oblat, et une fois Joris retiré, il glissa rapidement à la Reine, tout en fixant ses émeraudes pétillantes :

« Prenez soin de vous, ma Reine... »

Puis, il rattrapa rapidement son chef et sortit. La fraicheur de la nuit qui commençait à régner, fouetta les joues du jeune homme, qui accentua la teinte rosée de ses joues. Bien qu'il ne craignait pas particulièrement le froid, il fit de même que son supérieur, afin de ne pas se faire remarquer. Levant les yeux aux alentours, il constata que ces quelques heures n'avaient rien changé, quoique, la ville était de plus en plus sombre, et sinistre. L'atmosphère glacial avait absorbé la moindre parole des habitants, qui se réfugièrent chez eux. Ceci marqua un contraste d'autant plus fort que Joris parla d'un ton ironique et détendu. Oui, Joris, alias celui-qui-rouspète-tout-le-temps avait sortit une blague. Chiko, à ce moment là à sa gauche, se tourna brusquement à droite, et étouffa un petit rire. Il répondit, probablement pour cacher son malêtre dans cette ville oppressante :

« Après vous mon cher, j'espère que l'on passera un de ces agréables séjours que l'on oubliera pas ! »

[Je clos pas tout de suite, on a pas encore vraiment joué... On peut essayer de faire un tour ou deux avant le 1° mai... si Chiko retrouve internet !]

Dans les rues désertes balayées par les vents froids, il fut bientôt évident que les deux Compagnons ne trouveraient rien à se mettre d'intéressant sous la dent, sauf s'ils étaient intéressés par des rats miteux... Et une fois n'est pas coutume, leur instinct les guida vers la plateforme d'échange d'informations : la taverne. L'alcool délie les langues, c'est bien connu. Une fois que leurs verres se seraient entrechoqués, que des rires tonitruants, puant l'alcool auraient éclatés, ils seraient bientôt bras dessus bras dessous avec la viande saoule d'Haldern. Et ils mettraient enfin des mots sur le comportement pour le moins étrange de ses habitants et du général aux courbettes un peu trop basses et aux sourires bien trop larges.

Loin d'être embêté d'avoir été interpelé à peine un orteil mis dans le Makdau, Joris sourit largement. Encore. Chiko qui pouvait maintenant se vanter d'avoir déjà assisté à la scène put remarquer que ce sourire n'avait rien à voir avec celui qu'il avait aperçu un peu plus tôt. Il ne correspondait pas au Capitaine des Compagnons, à son tempérament. Il était bien trop amusé. Et chaleureux !

« Non, non patron ! Non, c'est lui le marchand ! répondit aussitôt Joris, riant. C'est lui le cerveau et le baratineur du groupe ! Non, moi je suis juste là pour veiller à ce qui lui arrive rien au pauvre petit. »

Et il passa son bras musclé autour des épaules de Chiko. Epaules qu'il serra si fort qu'il manqua de les broyer, démentant ce qu'il venait d'avancer, mais attirant considérablement l'attention du pseudo-marchand. « Suis moi » aurait-il dû comprendre. Car si Joris était plus que convaincant dans le rôle du joyeux compagnon de voyage, près à passer une bonne soirée arrosée après une grosse journée, Chiko n'était certainement pas dupe : ce type-là n'avait rien à voir avec le Capitaine des Compagnons.

Pourtant, c'était en Capitaine que Joris avait agi... Il avait analysé la situation, envisagé plusieurs possibilités et était arrivé à plusieurs conclusions. D'abord ne pas sous estimer le tavernier. Il avait remarqué combien les gens étaient fermés, méfiants. Si c'était aussi le cas du gérant du Makdau, il n'aurait pas pu le berner facilement. Alors bien sûr, se faire passer pour des marchands aurait été bien confortable. Mais qui y aurait cru en voyant la carrure athlétique du maître d'arme ? Ses larges épaules, bien que cachées sous la cape criaient sa vocation d'homme d'épée. Et même pour quelqu'un qui ne sait pas regarder, on ne pouvait ignorer sa démarche fluide, souple. Résultat d'un entraînement minutieux. Pas de voyages dans des caravanes de marchands, ponctués des arrêts arrosés.

Mais si Joris ne pouvait pas sérieusement passer pour un vendeur, il ne pouvait pas non plus révéler son statut de Capitaine Astorg, venant de Storghein en quête d'informations sur le comportement récent d'Haldern qui soulevait quelque inquiétude.

La solution avait été de concilier les deux. Chiko avait beau être un homme bien bâti, voué au combat au même titre que Joris, sa musculature, plus discrète, plus fine, attirait moins l'attention. Parfait pour un jeune marchant qui fait ses débuts dans le métier...

« Vous fiez pas à son âge ! C'est le meilleur dès qu'il s'agit de négociation ! Il se laisse pas avoir facilement le petit ! »

Une main amicale sortit de sous sa cape pour ébouriffer affectueusement les cheveux blonds du Compagnon.

« On peut avoir une table et deux bières ? L'ambiance a l'air chaleureuse ici ! »

Tant d'enthousiasme attirerait peut-être l'attention... Tous avaient l'air si renfermés, inquiets... C'était un risque à prendre. Mieux valait passer pour un voyageur un peu trop joyeux que pour un Capitaine aigri. Cela invitait beaucoup plus à la conversation. Même si les deux inspiraient méfiance...

[Hum, je pense que tu aurais dû accélérer un peu plus les choses, la saison étant finie... Du coup je vais un peu vite, si je saute des étapes, je peux éditer. Pareil, j'agis un peu sur le décor, comme je sais que le MJ est pris et que ce sujet doit se clore rapidement... Si ça va pas, j'édite !]

Il n'avait beau ne plus être un gamin, Chiko venait de rentrer dans son jeu. Comment aurait-il pu en être autrement ? Joris ne lui avait guère laissé le choix et l'avait entraîné dans sa galère sans ménagement. S'ils étaient restés silencieux et indécis devant le tavernier, toute chance de récolter des informations leur serait passée sous le nez. Ils suivirent le bon vieux Ronald jusqu'à leur table. Les rires n'étaient pas encore suant d'alcool et quelques regards las et tristes faillirent décourager le Compagnon. Il leur fallait des joyeux lurons, pas des villageois blasés ! Joris imagina un bref instant, combien de litres de bière il leur faudrait pour délier ces langues de béton... Et alors que le tavernier partait chercher leur boisson, le Capitaine se pencha furtivement à l'oreille de son Compagnon.

« Chiko, tu seras mes yeux et mes oreilles. Je pense que pour comprendre ce qu'il se passe il va falloir faire couler la bière... Je compte sur toi pour garder toute ta tête quand je détournerai l'attention. »

Ainsi Chiko pensait se contenter de faire en sorte de ne pas chavirer le navire mené par son Capitaine. Mais voilà que ce dernier lui confiait la barre ! Cependant qu'entendait-il par « détourner l'attention » ? Il ne comptait tout de même pas...

C'est le moment que choisit Ronald pour arriver avec deux bonnes pintes de bière dégoulinantes. Joris en saisit une bien vite et, tout sourire, remercia le tavernier.

« A la vôtre mon cher ! Et à l'hospitalité Astorg ! »

Le Capitaine faillit éclater de rire devant sa propre hypocrisie. Les mines fermées, les rues vidées, le faubourg baigné dans la brume et la saleté... Si ça c'était de l'hospitalité ! La première bière descendit aussi vite qu'on coupe la gorge d'un Cydien, et Joris s'empressa d'en commander une autre. Après avoir ingurgité la cinquième, il estima que cela faisait une excuse suffisante pour que le tavernier ne se pose pas de question sur ce qu'il s'apprêtait à faire. il passa à l'étape supérieure... Il se tourna vers la table d'à côté où quatre hommes discutaient et lança à la cantonade :

« Messieurs ! Je vois que vos verres sont bien vides ! Tavernier ! Quatre bières pour ces messiers de ma part ! Et une pour moi aussi, je les accompagne ! »

Si ces gars-là étaient de ceux qui parlaient facilement, Joris l'ignorait. Il fallait bien commencer par quelque chose, ou plutôt par quelqu'un. Quitte à annoncer bientôt une tournée générale...

« Je me présente ! Je suis Rémi, le compagnon de route de ce monsieur-là. On fait en tour en territoire Astorg, les affaires vous savez ! Je n'était encore jamais venu ici à vrai dire... »

Ses phrases s'enchaînaient mal, malgré l'éloquence dont il faisait généralement preuve, les mots glissaient entre ses doigts, rendus maladroits et lourds par l'alcool. Il tenait plutôt bien, mais ses joues devenaient rouges et son ton un peu trop tonitruant. Le Capitaine jeta un coup d'oeil à Chiko, espérant que ce dernier ait suivi ses conseils. Peut-être qu'une plante proche dissimulait la bière qu'il se serait abstenu de boire.

Le plan que Joris s'efforçait de dérouler en gardant un maximum de contenance pouvait sembler étrange et même bancal. Pourtant le Capitaine ne douta pas une seconde de son efficacité. Et cela ne s'expliquait que par ce qui faisait toute la base, la charpente de son plan.

La confiance qu'il avait en son Compagnon d'arme.

" C'est rare qu'on voit de ces messires s'attacher dans le coin... Vous me semblez pas du même oeuf que tous ces lascars bourgeois qui vendent leurs affaires et se carapatent la queue entre les jambes. Et vous avez une sacrée descente l'ami Rémi! AHAH !"

C'était apparemment LA bande de franchouillard rigolard du coin sur qui venaient de tomber les deux Compagnons.

"C'est que c'est pas trop la bonne bourgade où ils aiment rester Frank!", appuya l'homme maigre en face de lui. " Avec toutes les histoires qui s'plantent ici, les gens ont tellement les miquettes d'être taxés de traitres juste en commerçant avec nous... Surtout depuis que La Rouquine a décidé de ramener ses miches de Reine dans le bouiboui. Enfin, z'êtes pas de ces gens là, ça se voit!" célébra-t-il en levant la coupe de bière offerte.

"Un p'tit Cul-de-Chouette vous tenterai messieurs? On aime pas trop les étrangers, mais ceux qui offrent à boire sont ici chez eux! Et puis, z'avez surement des trucs à nous raconter sur le monde de dehors...."

[Je réponds juste après le post de Chiko]

[Edit=Zut j'étais pas sur le compte MJ... Mince tout le monde va savoir que le MJ c'est les Admins!]

Edit admin= AHAHAH vous allez pleurer vos mères!

Edit Chiko : Je viens de voir ton édit ! On t'a réduit en bouillie oui ! Héhéhé bravo Jojo

La pièce s'était finalement détournée d'eux, lançant à leur tour des parties de cul-de-chouette dans leur coin et s'approvisionnant continuellement en alcool, certains plus pour voir la serveuse que pour la bière d'ailleurs.
L'œil lubrique de Karik passa sur Chiko et analysa un petit moment sa dernière phrase. Puis, il plissa ses sourcils et sembla chercher aux tréfonds de sa mémoire quelques informations qu'il voulait révéler à ses hôtes. Puis, il se gratta la tempe en disant:

"Bin... J'crois que vous devez poser une lettre au temple de la déesse Kastrick, y'a un gars de l'armée qui se charge de transmettre ça au culte. Vous mettez dedans là où ils peuvent vous joindre et les trucs que vous pouvez leurs procurer, là ils cherchent des objets assez bizarres qui sont soit-disant mystique, comme une rose ou une bague. Et faites gaffe à ce que vous direz dans cette lettre, 'sont super susceptibles."

[Je vous laisse donc, quand vous aurez du temps, décrire la lettre que vous laissez au temple à la suite de ce message. A la fin du topic en cours avec Meliant, qui va allez beaucoup plus vite que vous ne le pensez je vous rassure, vous obtiendrez la réponse.
Cette mission est donc terminée, bravo pour votre implication dans le Cul en tout cas!]