Azthia

Ô, petite flamme qui guide chaque cité d'Azthia, surtout ne vacille pas. Car les temps sont bien embrumés et un vent d'inquiétude souffle... Laissez vous tenter par un univers poétique et fantastique, créez un personnage haut en couleurs...
 
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 [DH 154] Saveur exotique (pv Narcisse) (fini)

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Aerin
Aerin
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[DH 154] Saveur exotique (pv Narcisse) (fini)
   [DH 154] Saveur exotique (pv Narcisse) (fini) EmptyMar 6 Sep - 11:52

** Je pense sincèrement que tu devrais te libérer pour y aller. **

Jelenna insistait toujours à cette période de l'année pour que le jeune homme se rende sur la tombe de sa mère et, malgré la distance qui les séparait, la petite princesse amazone semblait tout à fait à même de percevoir son trouble à moins qu'en réalité, ce ne soit lui qui était incapable de le cacher même à travers ses pensées. Si le temps avait panser beaucoup de ses vieilles blessures, certaines et plus particulièrement à cette période de l'année, ne tenaient pas à être réouvertes.

** Désolé Jelenna, je ne peux pas quitter Cydonia. Tu sais très bien que Thémis a failli être enlevée il y a quelques semaines de cela, je ne peux pas les quitter maintenant, pas même pour elle. Je suis sure qu'elle comprendrait. **

** Elle comprendrait, je n'en doutes pas, mais je ne parlais pas pour ta mère, je parlais pour toi. Aerin, chaque année tu évites le problème, tu le contournes au lieu de l'affronter ! Il y a deux ans déjà tu avais promis d'y aller et tu as mis presque trois mois à te décider ! L'année dernière, tu as prétexté un entrainement. Cette date est importante ! **

** Je suis d'accord avec elle Aerin ! Que je rende hommage à ta mère en ton nom n'a aucun sens. **

Le gamin s'assit, fatigué par la discussion qu'ils menaient tous les trois depuis maintenant une bonne demie-heure. La première fois que Jelenna était venu lui parler ainsi, il avait sursauté, se situant hors de la portée normalement nécessaire pour parler par l'Esprit. Certes Aerin était capable de discuter avec son père même si ce dernier ce trouvait à Tamawa, mais c'était uniquement parce que le directeur du Temple et lui avaient noué un lien filial important ! Certes il était amoureux de la belle Amazone et avait promis de veiller sur la Grande Prêtresse pour honorer la mémoire de sa mère, Celyween, mais il était incapable de comprendre pourquoi les filles arrivaient à lui parler ! Et comment il pouvait leur répondre, même si la télépathie était plus son fort que l'empathie … en réalité, il existait un lien très fort entre eux, il s'en était rendu compte au fil des années pour la princesse amazone et au fil des mois pour la Grande Prêtresse. Dans les premiers temps, ce lien si étrange, mêlé d'amour et d'amitié, qui s'était tissé entre eux l'avait effrayé .. Que dirait-il à sa déesse ? Comment le prendrait-elle lui qui vouait un amour sans faille mais interdit à une autre déesse réincarnée et qui avait juré en son for intérieur d'en défendre une autre encore … Aerin s'était posé de nombreuses questions mais en l'absence de représailles, quelles qu'elles soient, de la belle Ilith, il s'était convaincu petit à petit que ses choix étaient bénis par la déesse Almer.

** Je ne peux pas y aller. Vous m'avez dit vous-même de laisser le passé où il était et de me préoccuper des vivants, Thémis est vivante, tout autant que ses enfants ou que vous deux. Ma mère comprendrait, je suis désolé. **

** Promets-moi au moins que tu n'attendras pas trois mois pour aller la voir. Si l'important reste ceux qui t'entourent, tu ne dois pas pour autant oublier d'où tu viens. **

Le reproche de Jelenna lui fit mal au cœur. Il savait que la jeune fille avait raison et qu'elle ne cherchait qu'à l'aider mais Aerin était incapable de le reconnaître. Il avait besoin de paix et les deux filles ne l'aidaient pas à se concentrer sur sa tache. Sans être en colère contre elles, il n'était pas capable de leur faire entendre raison tout comme elles n'étaient pas capables de le faire à leur tour.

** J'irai, je te le promets. Mais pas demain. Certaines personnes ont besoin de moi ici. **

** D'accord. **

** Je t'attendrai. **


Eloween dut ensuite les laisser tous les deux, certains papiers importants requérant son attention selon Arwen. La petite fille les salua avec respect et amitié, ajoutant avant de se déconnecter de leur étrange réseau une petite pique à sa sauce. Aerin appréciait sincèrement la petite demoiselle Elfe et espérait qu'il en serait toujours ainsi. Jelenna poursuivit donc seule, d'un ton plus doux et plus maternel que jamais :

** Je m'inquiète tu sais Aerin … Je suis si loin de toi. **

Cette déclaration à demie-avouée fit chavirer le cœur du gamin qui ne manqua pas de mettre quelques minutes avant de s'en remettre. Il tenta de se calmer avant de finalement lui répondre, le plus calmement du monde :

** Je te rendrais bientôt visite au Temple, je te le promets ! **

Il crut percevoir un espèce de sourire dans la voix de la belle lorsqu'elle ajouta :

** Prends soin de toi, je t'attendrai. **

Le silence se fit entre les deux êtres bien que l'Almer soit conscient que la princesse amazone n'avait pas rompu le lien entre eux. C'était sans doutes idiot, mais il adorait sentir sa « présence » à ses côtés et louait Ilith de lui avoir donné ce don si précieux qu'était l'Esprit pour pouvoir être en contact avec elle !

** Aerin, je me demande tout de même si … ** la petite demoiselle laissa sa phrase en suspens, sans doutes de peur de le froisser.

** J'achète toujours ses fleurs préférées ce jour-là tu sais, je ne manquerai pas à cette tradition, aussi futile puisse-t-elle paraître. **

La jeune fille parut apaisée et dut à son tour prendre congés. Aerin se demandait combien de temps il avait ainsi parlé aux deux demoiselles sans pour autant être capable de répondre à cette question. Il se leva et partit se coucher, la soirée étant pourtant à peine entamée. En réalité, il dormait toujours aussi mal malgré les années passées à l'approche de la date anniversaire de la mort de sa mère. Il ne faisait plus de cauchemars mais avait néanmoins du mal à fermer l'œil de la nuit. Certains souvenirs le hantaient plus particulièrement durant cette période et il ne pouvait s'empêcher de s'en vouloir. Qui l'aurait reproché au gamin qu'il était ?
Nyméria sauta sur le lit et se coucha à ses côtés, la tête posée dans le creux de son épaule. Le souffle chaud du canidé le chatouilla tant et si bien que cela lui tira un sourire. La louve était toujours si prévenante avec lui ces derniers temps qu'il avait l'impression que les rôles s'étaient inversés entre eux …

« Nym' » murmura-t-il en tournant la tête pour poser son regard dans celui de la louve, « Merci d'être là pour moi ».

Le lendemain matin, le jeune métisse se décida enfin à se rendre chez le fleuriste. Cela faisait tout juste quatre longues années que sa mère l'avait quitté un matin d'hiver. Quatre années qu'il vivait seul … Le jour anniversaire était toujours le pire car si le temps avait cautérisé ses plaies, il ne pouvait lutter contre le chagrin de se souvenir de tout ce qu'il avait perdu ce jour-là. L'Elfe laissa sa louve chez lui pour se rendre dans l'agora marchande. Il fouina une bonne heure avant de trouver la boutique qu'il cherchait et enfin, le cœur serré, il se décida à entrer. La clochette semblait venir d'outre monde dans l'esprit du gamin et ce fut comme s'il était ailleurs qu'il demanda :

« Bonjour … il y a quelqu'un ? »

Comme si une boutique pouvait être vide alors que la porte était ouverte !
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Narcisse
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Re: [DH 154] Saveur exotique (pv Narcisse) (fini)
   [DH 154] Saveur exotique (pv Narcisse) (fini) EmptyMar 6 Sep - 16:02

Plus que toute autre chose, Narcisse détestait le Printemps aveugle. Il n'y avait pas un seul centimètre carré vierge de ce pot pourri d'odeurs omniprésent et, dans une moindre mesure, étouffant. Le rouquin ne comprenait pas comment tous ses clients parvenaient à supporter ce cocktail de parfums capiteux qui saisissait le nez et faisait pleurer les yeux.

Visuellement parlant, le Printemps aveugle était ce qu'on pouvait qualifier de relativement potable. Quoique la proximité des bouquets offrait aux clients une explosion de couleurs disgracieuse, Narcisse pouvait se vanter d'avoir sauvé les meubles en jouant sur les petits détails : ainsi le lierre courrait sur chaque mur, chaque poutre, tels des serpents, ne laissant aucun répit à la pierre de l'établissement. De lourdes chaînes tombaient du plafond, supportant en guide de plafoniers d'élégants pots de fleurs colorées. Le comptoir et le sol disparaîssaient sous un lit de pétales blancs qui adoucissait la saturation bien trop vive des bouquets en vente.

Oui, Narcisse était parvenu à faire de ce capharnaüm, cette insulte au bon goût et aux sens, un semblant de supportable. Cependant, pour les odeurs, le fleuriste n'avait rien pu faire.

Mais les affaires marchaient. Étonnamment d'ailleurs. Chaque jour des dizaines de clients à l'odorat certainement limité s'engouffraient dans cette jungle puante, ne laissant à Narcisse aucune minute de répit pour respirer l'air frais et sain dans la cour, derrière sa boutique.

Mais aujourd'hui était à marquer d'une pierre blanche. Car à l'heure d'ouverture, Narcisse n'avait pas besoin de jouer des coudes entre des clients matinaux pour accéder à la boutique. À neuf heures, Mme Samovar, qui devait certainement n'avoir rien à faire de sa matinée, passa en coup de vent, sans rien acheter.

À dix heures, Narcisse se fit une raison : s'il devait se retirer dans son havre de paix, c'était le moment ou jamais.

Les yeux noisette du rouquin ne quittèrent pas la fenêtre tandis que sa main furetait sous le comptoir pour y dénicher quelque chose, chose qu'il dissimula sous sa veste satinée. Il attendit trente nouvelles secondes, au cas où un enquiquineur décide d'entrer au Printemps aveugle mais le timbre de la porte ne tinta pas, aussi Narcisse se glissa furtivement jusqu'à la porte de la cour qu'il ouvrit précautionneusement, son butin toujours caché.

C'était un petit patio, cerné de toutes parts par de grandes maisons désaffectée. Ni le soleil, ni le vent, ni le bruit de la rue ne venaient troubler le silence reposant de ce petit paradis. De petits bourgeons poussaient entre les lourdes dalles du sol, diffusant dans la cour un parfum léger et subtil mais ô combien agréable comparé à la puanteur de la boutique.

Narcisse s'assit sur le pavé, dos au mur de sa boutique, respira un moment l'air désaturé de toute puanteur et finalement, découvrit son butin.

C'était une bouteille de verre, tout ce qu'il y a de plus simple et de plus banale, remplit d'un liquide teinté d'un bleu-violet. Aucune étiquette sur le récipient n'indiquait la nature de son contenu ; en réalité, seul Narcisse le savait réellement et pour cause, c'était lui qui l'avait fait macérer.

De la liqueur de chéliodor, le péché mignon du rouquin. Le chéliodor était presque aussi répandu dans les campagnes de Cydonia que le chiendent mais son allure fragile et anodine n'attirait guère le regard et, de ce fait, l'odorat. Seul Narcisse y avait trouvé un intérêt olfactif il y a quelques temps déjà. Il avait finalement créé sa propre liqueur à base de rhum, de citron et d'une quantité monstrueuse de chéliodors.

Narcisse déboucha la bouteille et aussitôt le parfum sucré et puissant de la liqueur le saisit au narines, presque aussi violemment que si on l'avait frappé. Dieu sait s'il avait fortement chargé la boisson. Le rouquin porta timidement la bouteille à ses lèvres et but avec pudeur quelques gouttes et savoura alors le capiteux alcool avec une délectation non feinte. Que c'était bon. Il ferma les yeux un instant, après quoi il se permit une nouvelle gorgée plus franche, laquelle précéda une nouvelle, puis une autre, laquelle se suivit par une dernière rasade mais pas la moindre.

Narcisse comprit rapidement avoir atteint, si ce n'est déjà dépassé, sa limite lorsque sa tête se fit lourde. Il la laissa tomber en arrière, contre le mur, et cette fois ce fut le sol qui sembla se dérober sous ses fesses, par petits mais violents accoups.

Il sentait sa conscience lui échapper, s'attacher à des détails futiles, et finalement, il eut un haut-le-coeur qui le projeta en avant. Ce n'est qu'alors qu'il se maudit mille fois de s'être accordé cet écart.

Son coeur qui battait alors la chamade s'arrêta un instant lorsque le timbre de la sonnette résonna jusqu'à ses oreilles. Là, prostré, la tête entre les genoux, le front moite, il supplia un dieu providentiel de lui venir en aide, de faire que le client, ne voyant personne, quitte rapidement la boutique. Mais aussitôt, comme si ce dieu qu'il venait de s'inventer se rebiffait contre lui, Narcisse entendit une voix intimidée :


« Bonjour... Il y a quelqu'un ? »

Narcisse émit un bref sanglot, se redressa brusquement avant de se donner une paire de claques histoire de se remettre les idées en place. En vain bien sûr. Il se leva en prenant tant bien que mal appui là où il pouvait et eut un bref temps d'arrêt lorsque son pied butta contre la bouteille, laquelle tomba à plat, déversant son contenu sur le pavé et ses bourgeons. Finalement mais avec une once de regret, Narcisse détourna le regard en s'engouffra à nouveau dans la jungle malodorante, laquelle lui arracha un nouveau mais Dieu merci discret haut-le-coeur avant de lancer d'une voix qui se voulait la plus neutre possible :

« Bonjour, que puis-je pour vous ? »

« Le jardin de ce monde ne fleurit que pour un temps. »
Gandhi
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Aerin
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Re: [DH 154] Saveur exotique (pv Narcisse) (fini)
   [DH 154] Saveur exotique (pv Narcisse) (fini) EmptyDim 11 Sep - 11:02

Il était vrai que le jeune Aerin n'avait pas vraiment fait attention au lieu en particulier dans lequel il venait de pénétrer. En réalité, il était venu essentiellement par obligation et n'avait que peu fait attention au reste … cela faisait combien de temps aujourd'hui ?
La réalité se rappelait à lui tandis que la réponse lui venait à l'esprit.
Quatre ans.
Quatre longues années.
L'odeur étrange qui émanait de la boutique n'était pas vraiment dérangeante, juste un peu étonnante pour quelqu'un comme Aerin qui ne vivait pas spécialement parmi les fleurs. Il remarqua à cet instant, lorsque la voix retentit en réalité si on voulait rester logique question chronologie, que la pièce était particulièrement étrange. Du lierre courrait sur les murs non sans rappeler l'image d'un serpent tandis qu'à bien observer la scène, on pouvait voir partout des plantes, des fleurs, des compositions, bref, pas un seul centimètre de libre. Aerin commencé sincèrement à douter … quelqu'un pouvait-il vraiment vivre dans ce dédale de plantes ?

Le gamin n'osa pas esquisser le moindre mouvement, à vrai dire, toute son attention était retenue par l'étrangeté des lieux. Il avait beau essayer de focaliser son attention sur l'homme qui venait de lui parler, il en était incapable. Les plantes qui pendaient du plafond comme les pétales immaculés qui parsemaient le plan de travail et le comptoir l'empêchaient de se concentrer. Sans doutes était-ce en réalité le bazar ambulant qui semblait régner dans la pièce tout en étant presque rangé qui perturbait l'enfant. Comment quelque chose d'aussi imparfait pouvait-il paraître si parfait ? Curieuse énigme que voilà.
La scène n'avait duré certainement que quelques secondes durant lesquelles Aerin s'était laissé allé à la découverte des lieux mais il eut tôt fait de reporter son attention sur son interlocuteur. En réalité, il était amusant de voir à quel point l'interlocuteur en question semblait tout aussi étrange que sa boutique. Son teint pâle attira l'attention du jeune métisse tandis qu'il se contentait en silence de le détailler. Etait-il malade ? Quand bien même cela aurait été le cas, ce n'étaient peut-être pas les affaires de l'Elfe que de demander des nouvelles à cet inconnu.

Le gamin réfléchit encore l'ombre d'un instant avant de finalement se décider à prendre la parole. Qu'attendait-il en réalité ? Il était le client, c'était à lui d'engager la conversation et non au propriétaire de la boutique … Le gamin observa un instant encore ledit propriétaire avant de s'excuser timidement :


« Veuillez m'excuser, il y a longtemps que je n'ai pas pris la peine de réaliser cette démarche. »

L'excuse était un peu pataude et le gamin en était bien conscient mais ce qu'il avançait était pourtant la stricte vérité. S'il avait assuré à la petite princesse amazone qu'il achetait des fleurs chaque année à sa mère pour l'anniversaire de sa mort, il n'avait pas pris la peine de préciser que la plupart du temps, c'était son père, pour la première année du moins, et ensuite Thémis, qui les achetaient pour lui. Jusque là, il avait été incapable d'entreprendre le challenge seul.
S'il se sentait encore un peu hésitant, s'il savait également que malgré les années passées depuis la disparition de sa mère, son absence lui pesait toujours autant, le gamin était néanmoins conscient d'une chose, à savoir qu'il avait beaucoup avancé. Le chemin était périlleux et encore semé d'embuches mais les souvenirs se faisaient plus doux avec le temps et la perte, moins présente. Sauf peut-être aujourd'hui.


« Auriez-vous par hasard des Amaryllis Lemon line ? »

Autant sa mère n'aimait que peu les fleurs ou du moins ni prêtait-elle pas vraiment attention autant le gamin savait qu'elle affectionnait tout particulièrement certaines d'entre elles et notamment, les Amaryllis de couleur blanc-vert. Chaque année, le petit garçon parvenait à en trouver aussi espérait-il qu'il en soit de même cette année encore car pour un enfant comme lui qui mettait derrière chaque acte un symbole divin, il était évident que cela le ferait réfléchir.
Aerin reporta ensuite son attention sur l'homme à qui il parlait. Dans un premiers temps, ses traits fins et sa longue chevelure lui avait fait pensé à une femme mais sa voix ne trompait pas. Cependant, plus le jeune adolescent le détaillait et plus il avait l'impression que le propriétaire du magasin était en piteux état aussi, il ne put s'empêcher de lui demander :


« Vous allez bien ? »
d'un air sincèrement inquiet.

[ Réponse pitoyable, désolée >.<' ]
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Narcisse
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Re: [DH 154] Saveur exotique (pv Narcisse) (fini)
   [DH 154] Saveur exotique (pv Narcisse) (fini) EmptyLun 19 Sep - 14:10

C’est d’un pas traînant que le fleuriste atteignit son comptoir derrière lequel il se permit de dévisager ce client qui l’avait tiré de ses élucubrations solitaires.

C’était un jeune garçon au visage doux et juvénile ponctué par des iris sombres, eux-mêmes disparaissant sous des paupières tombantes de par une fatigue à peine dissimulée. Son regard de carbone allait d’un bouquet à l’autre, nullement embarrassé par ce mélange disparate d’odeurs, avec un intérêt candide mais dépourvu de la curiosité mutine d’un enfant de cet âge. C’est ainsi que même avec l’esprit embrumé par la liqueur, Narcisse découvrit dans ce visage placide un désespoir désabusé.

Sans doute le frêle client avait-il percé à jour le malaise du rouquin car il semblait de même embarrassé de se retrouver seul face à lui. Narcisse le soupçonnait même de vouloir partir en courant de cette boutique de dingues. Mais finalement il n’en fit rien, préférant souffler ces quelques mots effacés qui arrachèrent un pincement au cœur au fleuriste :


« Veuillez m’excuser, il y a longtemps que je n’ai pas pris la peine de réaliser cette démarche. »

Narcisse fut frappé par sa douceur et l’espace d’une seconde se vit ébouriffer tendrement la chevelure brune du garçon. Ce qui ne lui ressemblait pas le moins du monde. Le rouquin ouvrit la bouche, la referma, avant de l’ouvrir à nouveau, ne sachant que dire, que faire. Il craignait que le moindre mot de travers ne vienne briser ce fragile enfant. Il allait finalement opter pour un « mais je vous en prie » mais déjà, le garçon dit de la même voix posée :

« Auriez-vous par hasard des Amaryllis Lemon Lime ? »

Narcisse posa ses yeux noisette dans ceux du garçon qui se détournèrent rapidement. En cet instant, le rouquin n’aspirait plus qu’à une chose : tirer cet enfant loin de ce concentré de puanteur, dans un endroit où rien ne ternirait l’essence du garçon et enfin découvrir le parfum de sa peau et de ses cheveux. Car en ces lieux, Narcisse ne parvenait guère à capter le moindre effluve de son client, chaque note aromatique de son être disparaissant sous le poids étouffant de la lourde atmosphère ambiante.

Mais ce désir fou, nul ne pouvait le lire dans le visage pâle mais impassible du fleuriste. Narcisse, après une seconde de réflexion, lança d’une voix faussement laconique :


« Bien entendu, je vous prépare immédiatement un bouquet, si vous me permettez. Après quoi vous me donnerez vos impressions et nous conviendrons alors du tarif. »

Le rouquin tourn maladroitement le dos au garçon, faisant alors face à son établi de travail. L’alcool le frappa alors à nouveau, sous la forme violente d’un nouvel haut-le-cœur qui manqua de le faire s’écrouler sur la planche puante. Narcisse se passa brièvement la main sur le front, essuyant par là-même les perles de sueurs qui brillaient sous la lumière terne des bougies et saisit d’une main qui se voulait ferme six amaryllis et trois jonquilles. Il commença à s’apprêter avec tout le savoir-faire que Dieu ait voulu lui donner à sa naissance mais avec l’esprit ailleurs, ses pensées allant du visage juvénile du garçon à son cœur qui menaçait de percer sa cage thoracique de par ses battements incessants. Et puis :

« Vous allez bien ? »

Narcisse stoppa son geste. Il sentait derrière lui le regard sincèrement inquiet de son client mais il ne voulait pour rien au monde croiser son regard en cet instant. Il se permit une courte seconde de réflexion avant de lâcher d’une voix professionnelle :

« Mais certainement. Je vous demande une petite minute, Monsieur. »

De nouveau, ses doigts s’arrêtèrent sur les fleurs. Il respirait avec peine, soufflant de silencieux râles entre ses lèvres sèches. Il ne fallait pas le décevoir. Monsieur Sans Odeur ne devait pas être déçu. Et Narcisse se mettait un point d’honneur à respecter la volonté de son client.

S’il n’eut fallu qu’un seul mais divin bouquet, faites que ça soit celui-là.

Alors la mécanique de ses doigts reprit, se glissant sur la poignée de son sécateur dont les lames se refermèrent prestement sur les tiges humides des fleurs, lesquelles furent tassées harmonieusement, amaryllis et jonquilles, dans un léger papier froissé, lui-même couvert par une feuille rigide transparente. Narcisse redressa le bouquet et enfonça rapidement mais délicatement ses doigts dans l’amas floral, arrangeant la composition d’une main de maître, avec une prestance pieuse.

Il n’avait pas choisi ces fleurs par hasard. Il en avait sélectionnées en tout pour tout neuf, car il savait bien entendu qu’il fallait un nombre impair de fleurs pour rendre un bouquet harmonieux. Quant aux jonquilles, c’étaient, pour lui, celles qui se mariaient le plus avec les amaryllis, leur vivacité saturée contrastant avec la douceur de ces dernières.

Enfin, Narcisse saisit un fin ruban rouge sur lequel on pouvait lire en inscription dorée
Le Printemps aveugle – Narcisse Ventraterre et le noua à la base de son bouquet, achevant ainsi sa composition qu’il jugea fort satisfaisante.

D’abord étourdi par cet effort, il fit face à nouveau à son client et tendit par-dessus le comptoir son œuvre, sans la moindre expression sur le visage :


« Voilà Monsieur. Nous partons sur une base de neuf talents. Tout rajout sera majoré d’un talent. »

Et puis, alors que ses doigts allaient frôler ceux du garçon, Narcisse se ravisa, ramenant contre lui le bouquet.

Le temps semblait s’être arrêté dans la boutique. Un pétale chut lentement des plafonniers. Un passant toussa en passant devant l’échoppe.

D’un geste cette fois plus doux et fraternel, Narcisse tendit à nouveau le bouquet et souffla :


« Je vous l’offre. J’ai le sentiment que ces fleurs sont très importantes pour vous. »

Maudit alcool !

« Un enfant qui sourit, c'est une fleur qui s'ouvre. »
Dimitri Vallat
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Aerin
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Re: [DH 154] Saveur exotique (pv Narcisse) (fini)
   [DH 154] Saveur exotique (pv Narcisse) (fini) EmptyLun 3 Oct - 11:39

Aerin était un enfant complexe et compliqué.
Petit déjà, sa mère ne cessait de lui souffler par l'Esprit qu'il était un drôle de petit garnement, toujours souriant, toujours prêt à rendre service mais incapable d'agir réellement pour lui-même. Galopin dans l'âme, il passait son temps à flâner et à découvrir le monde et ce, même quand sa mère le lui interdisait. Il n'était pas désobéissant, seulement aventurier et son irrésistible envie de connaître tout sur tout le poussait parfois à aller au-delà de ce que Celyween lui demandait. Ainsi, il avait fait de nombreuses promesses à l'Elfe du temps de son vivant. Ne plus grimper, ne pas s'approcher des Zélotes, éviter les Cydiens autant que possible, ne pas faire confiance trop facilement … qu'en restait-il aujourd'hui ? Autant de souvenirs emportés par la brise.

Celyween était partie, emportant avec elle les bribes de souvenirs, les instants de bonheur comme de doutes, les moments de joie pure comme de peine profonde. Elle n'avait laissé qu'une plaie béante qui cicatrisait tant bien que mal au fil du temps, au rythme des saisons. Aerin n'en était pas sorti indemne, il ne serait jamais plus le même, cependant, il restait un enfant, plus exactement celui qu'il était du temps de son enfance, mais pas exactement celui qu'il aurait pu être pour autant du fait de cet événement tragique. Son caractère s'était modelé au fil des rencontres avec Jelenna et Eloween tout comme il s'était adouci au contact prolongé aux côtés de Thémis. Jiven lui avait donné le calme et la paix dont il avait besoin, la belle métisse s'était contentée pour sa part de combler le vide affectif et maternel dont il souffrait.
Thémis, Jelenna, Eloween, Jiven.
Tous avaient joué un rôle dans sa guérison. Et tous lui manquaient cruellement en ce jour bien qu'il se sache incapable d'aller à leur rencontre.

Seul.
Finalement, Celyween l'avait laissé cruellement seul et pourtant si bien entouré. Malgré les saisons, malgré les années, le petit Elfe se sentait toujours aussi perplexe, aussi perturbé par l'absence de sa génitrice. Il avait aimé sa mère, l'avait haï du plus profond de son âme de l'avoir abandonné et lui avait pardonné. Tout. A jamais. Il l'aimait autant voire plus qu'il n'aimait la petite princesse bis. Alors oui, dans la tête de cet enfant, cette journée avait quelque chose de désagréable. Comme si le destin se plaisait à lui rappeler à quel point, malgré ses efforts pour avancer, il en restait toujours au même point, toujours à la même date. Celle où la Crépusculaire s'était éteinte.

L'enfant s'obligea à oublier tout cela, à oublier pourquoi il avait poussé la porte de cette boutique des plus étonnantes. Et surtout, à oublier pourquoi il avait commandé ses fleurs préférées … Plein d'espoir malgré toutes les sombres pensées qui traversaient son esprit, l'Almer fit face à son interlocuteur timidement, attendant qu'il lui réponde. Il était incapable de penser très clairement au comportement à adopter dans de telles circonstances. Toute son enfance, il l'avait passé à s'en sortir, à fuir le regard compatissant de ces adultes qui pensaient tout savoir de lui et désormais, il se demandait quelle réaction était la plus logique dans telle ou telle situation. Pour l'heure, son visage reflétait surtout ses doutes tout en laissant planer une ombre de calme.
Fort heureusement, le fleuriste prit la parole et tout aussi fortuitement, il lui précisa qu'il avait les fleurs recherchées. En réalité, Aerin ne put s'empêcher de penser qu'il était fort probable que l'homme ai de tout dans sa boutique, de la fleur la plus simple à la plus rare, le tout dépendant du prix que l'on souhaitait mettre dans la composition. Il s'abstint de commentaire, heureux de ne pas avoir à chercher ailleurs. Pour tout avouer, il n'aurait pas trouvé le courage de rebrousser chemin et de partir en quête des précieuses Amaryllis dans une autre boutique.

Le gamin observa la scène avec appréhension. Il se demandait d'une part combien allait lui couter un tel bouquet, s'inquiétant plus d'avoir pris la somme exacte que du prix en question. Il lui avait fallu beaucoup de courage pour venir ici, comme chaque année, et il doutait d'en avoir à revendre si jamais la somme n'était pas dans ses moyens. La seconde chose qui le perturbait était l'état du fleuriste. Pâle à en faire peur, tout portait à croire qu'il était malade.
L'artiste, à voir comment il maniait avec une dextérité déconcertante les plantes, lui assura aller très bien et si Aerin ne se permit pas d'insister, il doutait sérieusement en revanche de la véracité de ces propos. Il se borna à observer le jeune homme faire son œuvre sans un mot, n'osant esquisser le moindre geste de peur de troubler sa concentration. Sans s'en rendre compte, le petit Elfe suivait chacun des mouvements de l'homme avec une attention toute particulière, comme si un ballet se déroulait sous ses yeux. Incapable d'en détacher le regard, il suivait chaque étape avec délectation et surtout, avec admiration.
Aerin n'avait que peu de talents mais force était de constater que cet homme était un maitre dans son art. Sans l'envier pour un sou, se sachant doué dans son propre domaine qu'était le tir à l'arc, le jeune apprenti élémentaire ne tarissait pas d'éloges mentales au sujet du gérant de la boutique. Le destin l'avait poussé chez le meilleur artisan de la cité, à n'en pas douter, songeait-il ! Le petit garçon avait du se déplacer pour suivre le concerto du propriétaire et il fut donc surpris de se retrouver là où il se tenait, n'ayant nullement eut conscience de se déplacer. Se sentant quelque peu idiot d'avoir agi de la sorte, il repris sa place originelle, un sourire gêné sur les lèvres.

L'homme lui tendit le bouquet et Aerin eut presque peur de le saisir. A vrai dire, c'était comme si quelque chose de magique se dégageait du bouquet tant il était harmonieux à tel point que le gamin n'était pas certain d'avoir le droit de s'en saisir. Comme un écho à ses pensées, l'homme attira brusquement le bouquet vers lui, laissant le gamin quelque peu pantois, avant de le lui tendre de nouveau.


« Ah euh ... »

Aerin en restait muet.
Il ne savait pas comment réagir dans ce genre de situations. D'autant qu'il avait l'impression de voler le marchand en respectant sa demande. A la lumière de la bougie, Aerin remarqua d'ailleurs que ce dernier transpirait beaucoup, sans doutes du fait de l'effort qu'il venait de fournir songea-t-il.


« Je vous remercie, mais ma mère n'accepterait pas un tel geste je pense. C'est même sur d'ailleurs ... elle se serait fâchée. »

L'enfant avait répondu avec calme malgré un pincement au cœur. Chaque fois qu'il parlait d'elle, il avait l'impression qu'elle allait entrer dans la pièce, l'air de rien, et reprendre le cours de sa vie. Chaque fois qu'il repensait à cela, il se sentait d'autant plus stupide qu'il savait pertinemment que Celyween ne pouvait pas revenir.

« Vous êtes vraiment doué ! » souffla-t-il, admiratif, avant de se raviser.

Ce n'était sans doutes pas très poli de se permettre ce genre de compliments. Il reprit donc d'un ton plus hésitant certes, mais plus adulte, cherchant visiblement à changer de sujet et faire oublier sa maladresse :


« Neuf Talents c'est bien cela ? »

Mais, tout en fouillant dans sa poche de cuir contenant la précieuse monnaie, il ne put s'empêcher d'ajouter :

« Je suis sure qu'elle les trouveraient magnifiques, merci ! Je me demande comment vous avez fait pour savoir quelle fleur irait le mieux avec celles-là mais le résultat est superbe ! »
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Narcisse
Narcisse
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   [DH 154] Saveur exotique (pv Narcisse) (fini) EmptyDim 23 Oct - 16:00

Le temps semblait s'être suspendu alors que Narcisse tendait à cet étrange client son oeuvre. Le client en question resta interdit un instant, scrutant les fleurs avec un respect pieux et le fleuriste se prit à croire qu'il allait accepter son offre et sortir de la boutique, emportant avec lui son absence de parfum, le laissant par là-même se noyer dans ce pot-pourri de fragrances.

Mais le client afficha alors un sourire gêné :


« Ah heu... Je vous remercie, mais ma mère n'accepterait pas un tel geste je pense. C'est même sûr d'ailleurs... Elle se serait fâchée. »

Face à ce refus cinglant, Narcisse ramena à lui le bouquet avec le visage aussi figé que si l'élue de son coeur repoussait ses avances. Il ne réalisa pas tout de suite la portée des révélations du jeune homme, fixant simplement ces yeux angéliques d'une lueur froide. Il n'aimait guère l'attitude de l'individu, ce n'était pas tous les jours qu'il faisait étalage de bonté comme cela et qu'on se ferme à son rare élan de générosité lui laissait un goût amer dans la bouche, l'alcool aidant. Finalement, plus que tout autre client, plus encore que Mme Samovar, ce garçon était le chaland le plus méprisable qu'il lui eu été donné de rencontrer.

« Vous êtes vraiment doué ! »

Les mots du jeune homme résonnèrent dans la tête embrumée du fleuriste, ne flattant guère son orgueil vexé. Bien sûr qu'il était doué, il était le meilleur. Qui était ce garçon pour parler ainsi de son talent, insinuant un doute possible dans l'estimation de ses goûts, de son pouvoir ? Alors qu'il avait lui-même le parfum le plus discret, le plus futile qu'il soit ? Rien, évidemment.

« Neuf talents c'est bien cela ? Je suis sûr qu'elle les trouverait magnifiques, merci ! Je me demande comment vous avez fait pour savoir quelle fleur irait le mieux avec celles-là mais le résultat est superbe ! »

Puis le déclic, la révélation.

Ce garçon était orphelin. Comme un oiseau tombé du nid et receuilli par des mains étrangères, le jeune homme avait perdu son essence, son identité, sans l'amour de sa mère. Il ne dégageait désormais plus qu'une vague sueur de désespoir et de disgrâce. Il s'était vraisemblablement vidé de sa personne, abandonné de ses pairs et de ses dieux, trimballé d'un bras à l'autre, tous se voulant protecteurs, mais finalement aucun ne semblait avoir comblé le manque affectif de ce garçon.

Son parfum l'avait trahi.

Narcisse ne savait plus s'il devait être fâché ou attristé par la créature. Nul doute qu'il le plongeait dans un désarroi qu'il n'avait jamais affronté auparavant mais cela ne lui expliquait aucunement par quels moyens il devait l'affronter.

La seule alternative possible qui lui apparut sur le coup était la fuite.


« Nous sommes fermés. »

Il avait prononcé ces mots d'une voix qui semblait lui provenir d'à des kilomètres. Fiévreux, il ouvrit la bouche, la referma, la rouvrit à nouveau, dans l'espoir de donner davantage de consistance et de crédibilité à ce mensonge gros comme une maison mais rien ne sortit. Alors, le visage enfievré, il contourna le comptoir pour rejoindre le client, toujours interdit, le toisant de toute sa hauteur. Il hésita une dernière seconde sur la démarche à suivre, se retint de l'enlacer avec tendresse en lui promettant qu'il ne serait plus jamais seul désormais, et finalement le saisit délicatement par l'épaule pour le guider vers la porte d'entrée.

Alors que le timbre de la clochette résonnait dans la boutique, Narcisse s'arrêta dans l'embrasure mais poussa avec douceur le client dans le froid de Cydonia. Le vent glacé de l'hiver le giffla au visage, lui rappelant par là-même que l'alcool ne lui réussit pas. Serrant les dents pour ne pas succomber au malaise qui le guettait, il posa le bouquet à terre, sur le pas de la porte, et dit d'une voix faussement professionnelle :


« Je ne vais pas vous forcer à accepter ce cadeau. Ainsi, je vous le pose ici. Libre à vous de le prendre ; si ce n'est pas vous, ça sera un inconnu ou alors le givre. Je ne vous mets pas le couteau sous la gorge. »

Il se tint le plus droit possible tandis que le vent s'engouffrait dans sa chevelure flamboyante.

« Au revoir et merci de votre visite. »

Narcisse ferma d'un air faussement laconique la porte, tourna l'écriteau sur "FERMÉ" et baissa les stores sans vérifier si son client l'attendait ; il ne voulait pas à avoir à affronter son regard. Plus jamais.

Il était à peine dix heures trente et Narcisse avait fini sa journée.

Le rouquin s'adossa au montant et porta les doigts sous son nez. Là, parmi l'odieux mélange de pestilences de la boutique, il perçut, comme sorti tout droit d'un rêve, le parfum du garçon. La quintessence même de la candeur, de l'innocence.

De nouveau pris par un haut-le-coeur, le jeune homme couvrit ses lèvres tremblantes de ses mains et se précipita dans la cour arrière pour purger son corps du nectar qui plaisait tant à son coeur désolé.


« L'enfant est à l'adulte ce que la fleur est au fruit. La fleur n'est pas certitude du fruit. »
Christian Bobin

[Je te laisse conclure si tu le désires ; pour ma part, je me désengage. Ce fut un plaisir de jouer avec toi, à continuer sans faute !]
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Aerin
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Re: [DH 154] Saveur exotique (pv Narcisse) (fini)
   [DH 154] Saveur exotique (pv Narcisse) (fini) EmptyDim 30 Oct - 11:41

Aerin constata non sans honte à quel point il venait de vexer le fleuriste en refusant son offre. Une lueur froide se posa sur lui tandis que le gamin commençait à se sentir de plus en plus mal à l'aise. Finalement, les filles avaient peut-être raison, il était encore loin d'avoir franchi le cap de l'insouciance. Il espérait simplement que le commerçant ne ferait pas durer le silence plus longtemps au risque de se sentir vraiment mal … Aerin avait parlé rapidement suite à son refus, conscient que son interlocuteur était vexé par son refus. Voilà pourquoi il s'était également empressé d'ajouter qu'il comptait payer. Le ton presque pressant qu'il avait employé en prononçant sa dernière réplique avait tendance à indiquer son stress et son trouble. Depuis que l'Almer goutait à la vie « normale » entre guillemets, il avait eut de nombreuses fois tendance à se retrouver confronter aux sentiments des autres qu'il ignorait jusque là. L'Esprit n'aidant en rien l'enfant à trouver le calme parmi ses propres pensées et sentiments quand se mêlaient ceux des autres, il avait appris non sans mal à le fermer maladroitement au monde et de ce fait, il n'avait que plus de mal à comprendre les sentiments animant l'âme humaine.

Nul doutes que la réponse de l'homme le désarçonna au plus haut point. Fermés ? Il était sérieux ? Aerin cru un instant que l'homme se moquait de lui pour détendre l'atmosphère bien que cette pensée soit des plus idiotes. Il cru ensuite que quelqu'un venait d'entrer mais l'absence de clochette et surtout, de présence humaine en dehors d'eux deux lui firent comprendre que son interlocuteur était réellement sérieux. L'elfe posa sur lui un regard inquiet où se mêlait l'appréhension. Il observa le jeu muet du fleuriste sans oser répondre quoi que ce soit, ignorant si ce dernier voulait lui signifier par là que la boutique lui était close ou s'il cherchait à lui faire comprendre qu'il devait déguerpir au plus vite sous peine de l'énerver d'avantage.

Aerin sentit le besoin irrésistible de quitter les lieux mais une force invisible l'en empêchait. Le gamin regarda donc l'homme faire le tour du comptoir, incapable d'autre chose que de rester figer telle une statue de glace. Lorsque l'homme le guida vers la porte, il fallait bien l'avouer, le métisse était complètement paumé. Il le poussa au dehors sans le brusquer mais sans rien dire puis déposa le bouquet au sol avant d'ajouter des propos qui sonnèrent faux aux oreilles d'Aerin. A n'y rien comprendre, l'homme referma la porte sans un mot de plus et oublia la présence du gamin sur le pas de cette dernière. Quelques secondes encore, l'enfant resta interdit avant d'éclater d'un rire nerveux et de se saisir du bouquet. Il remercia intérieurement le fleuriste pour son cadeau et s'en alla sans demander son reste, sachant seulement qu'il reviendrait.

Arrivé chez lui, Aerin riait encore nerveusement de cette étrange rencontre. Il n'avait pas compris les tenants et les aboutissants mais savait une chose, cet homme avait un grand cœur. En silence, l'enfant se recueillit et adressa une prière à sa mère tandis que la louve au pelage clair posait sa tête sur ses genoux. En elfique, le gamin se prit au jeu de réciter les rares poèmes que Celyween lui avait appris et, plus tard, bien plus tard dans la soirée, lorsque les larmes se seraient taries, il raconterait tout ça à la petite princesse …

[ Désengagé, marshi pour ce RP Wink ]
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