Jelenna appréciait sincèrement de vivre à Muria, pour autant qu'elle s'en souvienne, la cité lui avait énormément manqué pendant son enlèvement et même si elle ne pouvait pas y rester autant qu'elle le souhaitait, du fait de ses entrainements au Temple de la cité neutre auprès de son père et des autres élèves de son âge, elle profitait des rares moments de répit dont elle jouissait dans la cité des femmes libres pour visiter et revisiter les moindres recoins de cette dernière. En quatre longues années ou presque, Jelenna avait fini par connaître tous les secrets de sa cité natale, du moindre ruisseau bordant Muria au plus petit chemin dans les quartiers Soumis. La petite princesse bis jouissait de la tranquillité qu'offrait l'anonymat ou le quasi anonymat dans son cas. Enfant, elle n'était que peu sortie du palais et nombreuses étaient les Amazones à ne pas connaître son visage, depuis son retour, si elle avait fait quelques apparitions en public, Jelenna préférait rester au calme et ne pas faire valoir son titre de princesse. D'autant qu'elle n'était pas héritière et que le fait de devenir une réincarnation n'avait en rien arrangé son envie de calme. Au moins avait-elle la chance que les Soumis ne la connaissent pas du tout et la prenne pour une gamine de la cité sans chercher à en apprendre plus sur elle.
Ce jour-là, lorsque la Sentinelle était venue la chercher, la petite princesse bis se trouvait dans sa chambre. La veille, la Chef des Sentinelles, Kiera, avait eut tendance à forcer un peu l'entrainement par rapport à d'habitude et les articulations de la jeune fille la faisaient cruellement souffrir. Pour autant, Jelenna ne s'en plaignait pas, habituée à voyager, ayant vécu dans des conditions parfois précaires et déplorables dans le palais d'Azael, sachant pertinemment la réputation qu'elle avait auprès des soldates de la cité … bref, Jelenna ne se plaignait que rarement et aujourd'hui ne faisait pas exception à la règle. La gamine s'était allongée sur son lit non sans prendre auparavant un livre concernant les religions Astorgs. Si Jelenna s'y connaissait en religion Amazone et Cydienne, elle ignorait encore beaucoup de choses sur celle des nordistes Azthiens et sur celles des Elfes. Cependant, la petite fille ne s'en faisait pas, elle avait toute la vie pour apprendre et sa soif de connaissance était quelque chose sur laquelle elle pouvait compter.

Lorsque la Sentinelle frappa à la porte, Jelenna se leva aussitôt, tirée de ses pensées par ce retour un peu brutal à la réalité. Elle sourit à la jeune femme qui lui rapportait un message de sa mère et lui fit signe d'attendre quelques minutes, le temps d'enfiler quelque chose de décent. Philéa était quelqu'un d'autoritaire certes, mais elle n'avait pas l'habitude de demander à sa fille de venir dans la salle du trône sans raison aussi Jelenna préférait-elle ne pas lui faire honte pour le cas où quelqu'un d'important se serait présenté et qu'elle n'est pas été mise au courant. La petite fille enfila en vitesse une robe simple mais très finement taillée de couleur beige et enfila ses chausses toutes aussi finement taillées avant de filer.

Une fois entrée dans la pièce et présentée par Philéa, la petite fille comprit à quel point elle avait eut raison de ne pas se montrer habillée d'une simple chemise de nuit. Certes la journée était déjà bien avancée mais pour lire, quoi de mieux qu'un simple morceau de tissu et une couverture en plumes ? La jeune amazone sourit à la fillette, qui semblait avoir à peu près son âge et qui se trouvait être la Grande Prêtresse. La princesse bis accepta et fit signe à la demoiselle Elfe de la suivre. Une fois la porte de la salle close derrière elles, Jelenna se tourna en direction de la jeune fille et se présenta :

« Je suis enchantée de faire ta connaissance en de meilleures circonstances », car oui, la guerre n'était pas propice pour papoter, « Je m'appelle Jelenna Ryran, deuxième fille de Philéa. Je suis désolée, je ne suis pas sans savoir que tu es la nouvelle Grande Prêtresse, en revanche, j'ignore encore ton prénom. »

La petite fille sourit timidement.
Il était vrai qu'elle ignorait sincèrement le prénom de la nouvelle Grande Prêtresse et ce, même si elle l'avait croisé sur le champs de bataille. L'accouchement de sa mère comme la liesse générale due à la victoire n'avaient pas aidé à faire connaissance avec qui que ce soit et de toute façon à cette époque, Jelenna était bien trop contente d'avoir retrouvé sa famille pour se préoccuper du reste, quel qu'il soit. La jeune fille, pas encore tout à fait adolescente, attendit que la demoiselle réponde, ensuite, elles auraient tout le temps de voir ce qu'elles feraient. Discuter, visiter, les deux peut-être, visiblement, ce ne serait pas le temps qui leur manquerait !

Je me sentais minuscule dans cette salle gigantesque. Et très intimidée. La belle dame, la Reine Amazone était douce, je l’aimais bien d’ailleurs, mais ce trône, ces dames autour d’elle, tout cela m’impressionnait vraiment et instinctivement, je m’étais rapprochée de Thingol et avais serré sa main encore plus fort dans la mienne.

Je suis pas une peureuse. J’étais juste pas rassurée…

Elles étaient toutes armées, et certainement qu’elles savaient très bien s’en servir. J’avais été étonnée de voir que beaucoup avaient un arc et des flèches. Je croyais que seuls les Elfes étaient doués dans ce domaine et que les meilleurs archers se trouvaient parmi les miens, Thingol n’étant qu’une exception. Je n’avais pu m’empêcher de lui en demander plus sur le sujet, avant d’entrer dans la salle de la Reine. Visiblement les Amazones aussi se démarquaient dans le maniement de l’arc et les sentinelles et leurs flèches redoutables faisaient parler d’elles dans toutes les villes d’Azthia. Je n’allais jamais dans les villes. C’est pour ça que je savais pas.

La Reine eut l’air heureuse de me revoir. Moi aussi je l’étais. Je la trouvais très belle et j’espérais pouvoir un jour lui ressembler. Elle représentait mieux son peuple que moi le mien. Je n’ouvris pas la bouche, bien collée à mon protecteur, et lorsqu’elle fit quérir sa fille, elle m’obligea à la suivre. Je jetai un regard apeuré à Thingol, qui me sourit et se baissa à mon niveau. Il m’encourageait ! Lui aussi voulait que je sorte…

« Pour… pourquoi je dois partir ? lui murmurai-je à l’oreille. »

Il me conseilla d’obéir, me promettant qu’il me rejoindrait bientôt. Je dévisageai la fille de la Reine, la princesse. Je fus émerveillée par la belle robe qu’elle portait et soudain je me sentis ridicule dans mon pantalon de toile et mon chemisier blanc, pratiques pour voyager, mais pas très élégants. Thingol avait eu la présence d’esprit de faire une halte dans une rivière avant notre arrivée à Muria, mais il n’avait pas pensé à m’enfiler une robe, une fois la douche prise. Et ce n’est pas moi qui en aurait eu l’idée… La princesse aussi m’encourageait du regard pour que je la suive. Décidément, je n’avais pas choix. C’était pas juste. En traînant les pieds je rejoignis la petite fille et sortit de la salle du trône. Non sans lancer un dernier regard, lourd de reproches à mon tuteur.

Nous voilà dans le couloir. Et maintenant ? Ma curiosité s’était envolée en même temps que j’avais lâché la main de Thingol. Visiter le palais me sembla soudain insurmontable, sans lui. Je réalisai que cela faisait une éternité que nous n’avions pas été séparés tous les deux. C’était très bien comme ça, d’ailleurs. Alors que j’allais faire demi-tour, renoncer à mon obéissance et me blottir contre mon bourru de guide, la princesse engagea la conversation. Je me renfrognai tandis qu’elle évoquait mon titre de Grande Prêtresse. Je n’avais rien d’une Grande Prêtresse. Nalween était belle, grande et bien vivante, je n’arrivais toujours pas à comprendre pourquoi Silmaria aurait quitté un si beau logis pour quelqu’un comme moi. Et puis cette fille semblait dire qu’on se connaissait. Moi, je n’en avais aucun souvenir.

« Je te connais pas, marmonnai-je, sur la défensive. »

Je n’avais pas envie de rester avec elle, qu’elle soit princesse ou non n’y changeait rien. Je reculai d’un pas, boudeuse.

Je suis pas une peureuse. J’étais juste pas rassurée…

[Tu connais mieux Elo que moi, si tu trouves un passage de mon texte incohérent, n’hésite pas à me le dire !]

[ J'adore ta façon de la jouer XD ]

Jelenna n'était pas une enfant très ordinaire.
Sa sœur ainée, son père ou encore sa propre mère ne cessaient de le lui dire à longueur de journée et pourtant, elle se sentait comme la plus ordinaire des petites filles. Certes son passé était quelque peu tumultueux, sans parler de son avenir maintenant qu'elle abritait l'âme de Diane, la déesse sylvestre Amazone toutefois, la petite princesse ne s'en sentait pas particulièrement spéciale pour autant ou tout du moins, changée. Pourtant, Eléa comme Jacen lui avaient dit qu'elle avait un don, celui de l'Esprit et qu'outre ce don, elle était extrêmement mature et sage pour son âge. Philéa voyait d'ailleurs en ces qualités qu'elle lui concédait elle aussi un moyen de faire revenir à la raison Eléa si un jour elle montait sur le trône et qu'elle ne parvienne pas à prendre les bonnes décisions. Jelenna quant à elle estimait n'avoir aucune de ces qualités. Elle voyait en Philéa une reine indomptable que même les plus grands craignaient et savait pertinemment que jamais elle ne lui ressemblerait. Son caractère bien trop paisible et calme l'empêchait de mettre ne serait-ce qu'un pas dans la politique et une bras dans l'armée. Pourtant, la petite savait qu'elle serait la successeur de Kiera à la tête de l'armée le moment venu. Diane vivait désormais en elle et ses dons particulièrement développés pour le tir à l'arc semblaient faire des merveilles chez elle. La petite fille savait également qu'elle n'était pas aussi mature que sa famille se prêtait à le dire, bien loin de là, elle se contentait tout simplement de cacher ses faiblesses derrière un masque de maturité qui ne lui appartenait pas. Alors en se retrouvant face à la petite Grande Prêtresse, qui avait sensiblement le même âge qu'elle, en la voyant si effrayée en l'absence de son compagnon que Jelenna avait déjà rencontré et qu'elle appréciait fortement, notamment parce que son mulet lui avait sauvé la vie par le passé, la petite amazone ne put s'empêcher de compatir. Ouvrant son Esprit à la jeune Elfe, elle lui envoya des pensées apaisantes avant de s'étonner de constater que la jeune fille était à son tour Sensible. Sans doutes n'en avait-elle pas conscience, à moins qu'en réalité, elle ne cherche pas à le montrer tout simplement mais pour quelqu'un qui avait l'Esprit, les pensées de la Grande Prêtresse étaient palpables facilement et le capharnaüm qui régnait dans ses sentiments lui poserait quelques problèmes. Cependant, Jelenna n'eut pas le temps d'émettre la moindre pensée, la petite la prit de court en lui répondant sur la défensive.

S'il y avait bien quelque chose à laquelle la petite amazone n'était pas habituée était de se faire repousser. Sa gentillesse maladive avait toujours tendance à la rapprocher des gens malgré elle sans parler qu'en général, les autres avaient tendance à l'approcher sans mal alors se sentir ainsi rejetée lui fit l'effet d'une claque. Pour autant, elle ferma son Esprit pour réfléchir au calme sans partager les pensées affolées de la petite fille et sourit. La princesse bis esquissa un mouvement vers l'Elfe avant de se raviser, si la demoiselle n'était pas rassurée, ce n'était pas le moment de la traumatiser un peu plus. Visiblement, elle ne se souvenait pas de l'avoir déjà rencontrée, peut-être fallait-il commencer par là même si l'idée de reparler des évènements passés, et surtout de ceux là, n'enchantait pas vraiment la deuxième fille de Philéa.

« Tu ne dois pas t'en souvenir, mais on s'est rencontré il y a longtemps, sur un champs de bataille … ma mère était là elle aussi, tout comme Dame Nalween ! Je me souviens t'y avoir vu mais c'est tellement loin … »

La voix de Jelenna se perdit, n'osant pas aller plus loin. Si la gamine faisait la morale à Aerin quant à son passé, elle n'était pourtant pas encore prête à assumer totalement le sien et ce dernier la faisait encore souffrir ou cauchemarder la nuit. La petite fille se tut, cherchant tant ses mots qu'à faire taire ses vieilles angoisses comme à chaque fois qu'elle reparlait de cette période de sa vie.

« Tu n'as rien à craindre de moi où même de qui que ce soit d'autre ici tu sais … Tu dois être perdue loin de ta maison, tout autant que je l'étais quand j'ai été faite prisonnière. »

Aïe, les larmes montaient et ne manqueraient pas de bientôt couler si elle continuait sur cette voie là mais Jelenna sentait qu'elle devait y passer pour permettre à la Grande Prêtresse de se sentir en sécurité. Elle connaissait ce sentiment d'être seule, loin de ceux qu'on aimait et surtout, d'être terriblement perdue.

« Tu ne voudrais pas qu'on parle un peu ? Maman risque d'en avoir pour longtemps avec Thingol tu sais … Elle n'est pas méchante, juste un peu tatillonne sur les lois de la cité je crois. »

Jelenna sourit à nouveau timidement, et, esquissant un pas vers la jeune fille en lui tendant la main, elle ajouta de nouveau, sur un ton amical bien que peu sure d'elle :

« Je m'appelle Jelenna, et toi ? »

[ C'est la première fois je crois que je joue Jelenna comme une vraie "enfant" quand elle parle O.o ]

« Un champ de bataille ». Un frisson me parcourut de la tête aux pieds, incontrôlable. La princesse voulait dire « LE champ de bataille ». La vue des plaines d’Erathia me revint à l’esprit, ravagée par la magie des élémentaires et la rage des hommes. C’était très loin tout ça, pourtant, je n’arrivais pas à oublier cette image infernale où le sang et la boue recouvraient amis et ennemis indifféremment. Seulement, c’était à peu près le seul souvenir que j’en gardais. Dames Philéa et Nalween étaient à mes côtés, ça je le savais, mais pas la moindre idée de qui d’autre m’accompagnait. Soupçonneuse, je fus tentée de la traiter de menteuse, de lui dire qu’elle inventait ce souvenir pour m’amadouer. En plus, en voulant vérifier dans ses pensées ce qu’il en était, je me rendis compte qu’elle avait fermé son esprit, ce qui finit de la désigner coupable. Si elle croyait m’avoir en me parlant de Silmarie, de son emprisonnement je sais pas où, par je sais pas qui, elle se mettait le doigt dans l’œil ! Je retournerais rejoindre Thingol dans peu de temps, que ça lui plaise ou non !

J’allais répliquer quand je remarquai ses yeux embués. Le sentiment de solitude me submergea, une vague de froid et d’angoisse qui m’étouffa sans que je ne puisse riposter. Contre ma volonté, les larmes affluèrent et en me demandant bien pourquoi je me mettais dans un état pareil, l’explication me vint, toute faite. Empathie. Ces sentiments n’étaient pas les miens, mais ceux de la princesse. L’écho qu’ils eurent en moi était si poignant que je la vis soudain d’un autre œil. Jelenna.

« Eloween, m’entendis-je répondre, comme si une autre que moi avait parlé. »

Car moi je dévisageais la princesse. Le blond de ses cheveux m’éblouit soudain. A moins que ce ne fût le souvenir qui surgissait de ma mémoire… Un souvenir où l’or de cette même chevelure se teintait de rouge. De sang. Avec un hoquet d’horreur, je revis la lame zébrer le cou innocent d’un trait mortel. Je fermai les yeux, aussi fort que je pus, pour effacer cette image macabre, pour oublier son sourire satisfait à lui. Instinctivement, je m’accrochai à la main que Jelenna me tendait, comme si elle avait été une bouée dans une mer déchaînée. Qu’elle vienne à mon secours.

Le contact m’apaisa, petit à petit le cheval ensanglanté et sa jeune chevalière disparurent, alors je rouvris les yeux.

« Allons promener, dis-je d’une petite voix, ma main toujours collée dans celle de l’Amazone. »

Et tandis qu’elle me regardait avec curiosité, je lui annonçai :

« Je… je me rappelle de… de notre rencontre… Et… et j’imagine ce que tu as… ce qui t’es arrivé. »

Nous fîmes quelques pas en silence. Je n’avais pas envie de revenir sur cet épisode sombre du passé de Jelenna, il fallait qu’on parle d’autre chose. Une Amazone, un arc en bandoulière nous dépassa et m’offrit ainsi un échappatoire.

« Les femmes ici ont toute un arc. Tu sais en faire, toi ? »

J’ignorais tout d’elle et commencer à la connaître comme ça me semblait être une bonne idée. Et peut-être pourrions nous jouer à tirer à l’arc ensemble. Oui, ça me semblait être une bonne idée.

La petite fille se décida finalement à reprendre la parole plus doucement en révélant son prénom. « Eloween » … le prénom résonna dans la tête de la princesse sans que cette dernière ne soit capable de dire si elle l'avait déjà entendu ou non. Honteuse de ne pas avoir retenu un si joli prénom et qui plus est, celui de la nouvelle Grande Prêtresse, Jelenna se promit de faire tout ce qu'il était en son pouvoir pour ne jamais plus l'oublier. Elle sourit timidement à la demoiselle pour lui signifier une nouvelle fois qu'elle ne lui voulait aucun mal avant d'ajouter :

« C'est un très joli prénom »

Jelenna se sentait un peu stupide à lui dire ce genre de choses mais peu importait, elle n'avait pas l'intention de paraître des plus intelligentes et seul comptait le fait qu'elle avait envie de s'en faire une amie ou tout du moins, de faire en sorte qu'elle se sente un minimum chez elle au palais. A vrai dire, la petite princesse bis savait très bien ce que cela faisait d'être arrachée à sa terre natale et elle se doutait que la petite fille devait souffrir autant qu'elle même avait pu souffrir loin de Muria. Si la terre faisait peu de chose, les origines hurlaient toujours au retour des enfants prodigues.

La petite princesse Amazone fut surprise de la réaction de l'Elfe. Elle qui semblait vouloir à tout prix la rejeter venait de s'accrocher à sa main comme si son monde en dépendait. Jelenna connaissait ce genre de comportement pour savoir qu'Eloween était en proie à quelque chose qui la terrifiait. Enfant, et même encore aujourd'hui puisqu'elle s'estimait toujours être une petite fille, Jelenna agissait souvent de la sorte, prenant dans sa main celle de son ainée. Pour sa rassurer, pour se sentir protégée et surtout, pour fuir ses démons intérieurs. Sans oser lui demander ce qui la perturbait, incapable de plonger dans son Esprit pour l'aider, Jelenna attendit que la petite Elfe reprenne le dessus sur ses émotions. Sans ajouter un mot, la petite fille attendit qu'enfin l'autre se remette à parler. Lorsque ce fut le cas, et qu'Eloween demanda à se promener, la princesse la mena dans l'enceinte du jardin royal.

Jelenna avait choisi le lieu en sachant pertinemment qu'il était le plus paisible et le plus calme de la cité, sans parler du fait qu'il était l'un des mieux gardés. Dans son jardin secret comme elle se plaisait à l'appeler, rien ne pouvait l'atteindre. Du moins, c'est ce qu'elle pensait. Avec patience, Jelenna lui montra les coins les plus agréables, se refusant à lâcher sa main, sans pour autant cesser de l'observer avec une certaine curiosité. Lorsque la petite Elfe reprit la parole, Jelenna en fut tellement surprise qu'elle manqua presque de sursauter, se retenant au dernier moment, elle tourna son regard calme vers son interlocutrice avant d'ajouter :

« C'est du passé, désormais, tout ira pour le mieux » murmura-t-elle pour la rassurer.

Quelque part, la petite princesse bis tentait de se rassurer également par ses propos mais peu importait. Seul comptait le résultat. La remarqua de la Grande Prêtresse permit à Jelenna de faire fi du passé pour se focaliser sur autre chose.

« Oui ! » répondit-elle avec un sourire et avec entrain.

Jelenna avait toujours aimé le tir à l'arc, depuis ses cinq ans où elle avait commencé pour la première fois à gouter à cet art. Depuis, elle avait toujours cherché à se perfectionner tant et si bien que beaucoup la considérait comme la digne héritière de Kiera contrairement à son ainée, Eléa, qui ne savait pas viser. Depuis que Diane avait trouvé refuge dans son corps, la petite fille était d'autant plus considérée comme une experte en tir à l'arc, ce qu'elle n'aimait pas spécialement. Comme l'Elfe semblait intriguée par cette arme, la petite fille lui proposa simplement :

« Tu veux que je t'apprennes ? »

Pour sur, quelque chose était en train de se nouer entre elles. Au delà de la politique, au delà des mots se tissait une amitié.

[ Je suis déçue de n'avoir pu te répondre qu'aujourd'hui, désengagées ]