[Ce sujet est libre une fois que tous les Compagnons auront posté.]

Tu vois ce moment entre le sommeil et le réveil, ce moment où l'on se souvient avoir rêvé...
Hook

Victorieux.
Libres.
Vivants.

Et ensemble. Comme promis.

Ensemble ils avaient tenu puis mis à l'échec le Azael. Ces intrigues entre Dieux, le rôle de Silmaria ou encore les desseins réels du tyran d'Erathia, dépassaient un peu Joris. En revanche il avait vu des hommes tomber face à la Lumineuse, au nom de valeurs auxquelles ils croyaient dur comme fer. Il avait vu le visage de la Guerre en personne avant que sa tête n'aille rouler au sol. Il avait vu enfin, tous les peuples d'Azthia, non, tout un peuple se relever, se réveiller et hurler sa joie, son soulagement. Sa victoire. C'était tout de même plus concret que l'apaisement d'un Dieu suite à l'intervention d'une autre Déesse, non ?

Et maintenant Joris voyait rassemblé dans un même lieu tout Azthia. C'était cet instant étrange entre le sommeil et le réveil, où l'on se souvient avoir rêvé. La guerre qu'ils avaient menée ensemble était ce rêve, tandis qu'avec le réveil douloureux reviendraient les animosités et les tensions entre les peuples. En attendant ils allaient vivre cet instant étrange et profiter du fait que le rêve ne ce soit pas tout à fait estompé et les rancoeurs pas encore revenues...

La fameuse Troupe de Saltimbanques avait pris possession de la scène et régalait l'assemblée de ses pitreries et de sa bonne humeur. Mais Joris ne leur prêtait qu'un semblant d'attention. Ses yeux violets allaient et venaient au grès des envies de la robe azur de sa bien-aimée. Discrètement, il gardait un oeil sur Kriisten, au bras de l'autre pourriture de Meliant, qui enchaînait les discussions avec les uns et les autres, s'attardant avec sa fidèle amie, la Reine Amazone. Joris soupira en repensant à leur entretien après la bataille finale. En privé. Elle l'avait félicité de sa bravoure et de sa victoire contre Guerre, lui confia qu'elle savait ce qu'elle faisait en lui donnant cette mission... Il n'avait jamais eu autant envie de la serrer dans ses bras, de lui dire à quel point il était soulagé de la voir saine et sauve. Il ne regretta pas un instant d'être resté un gentleman. Pourtant qu'est-ce qu'il aurait voulu goûter la saveur de sa fierté sur ses lèvres...

« Joris... »

Le Capitaine sursauta et Ian eut un petit rire discret. Personne ne releva l'inattention de Joris qui lança néanmoins un regard noir à son frère. Ce dernier lui rendit une grimace tout à fait ridicule qui finit par dérider le maître d'arme. La fête battait son plein... autant en profiter, non ? Le Capitaine leva son verre et lança à la petite assemblée qui l'entourait :

« J'aimerais porter un toast ! A vous, Compagnons, qui avaient tenus bon à Erathia. A ceux qui n'ont pas eu notre chance. Et enfin à Azthia, libérée d'Azael et ses Cavaliers de la Mort ! »

Autour de lui, il ne vit que des sourires. Chiko papotait avec Keziah, tandis qu'Annabeth riait avec Vlad. Hannah semblait un peu absente aux côtés de quelques autres Compagnons. Ils étaient si peu.

Si peu...

Annabeth éclata de rire et leva son verre à son tour et s'écria :

A la paix !Et à notre victoire !

L'Elfe porta son verre à ses lèvres et but quelques petites gorgées avant de se retourner vers Vlad, avec qui elle discutait avant que Joris ne propose un toast. Ses paroles réveillèrent en elle la sensation de...Comment dire... La sensation étrange de ne pas avoir pleuré assez les morts. Etait-ce respectueux de faire la fête sans même penser à ceux qui ont donné leurs vies pour eux ?Etait-ce respectueux de rire alors que d'autres pleurent des parents défunts ?Certes, on portait des toasts, mais était-ce assez ? Leur mémoire était-elle assez honnorée ? Annabeth se disait que la réponse à toutes ces questions étaient NON. Et cela la gênait.

.....Qu'en dis-tu Annabeth ?lui demanda soudain Vlad.

Annabeth secoua la tête pour se sortir de ses pensées et répondit :

Désolée, j'avais la tête ailleurs, je ne t'ai pas écouté. Désolée.

Vlad ne parut nullement contrarié, ou irrité d'être ignoré, au contraire. Il sembla comprendre immédiatement ce que ressentait Annabeth et il la rassura :

Ne t'en fais pas, je suis sûr que tu n'es pas la seule à penser que nous oublions les morts en ce temps de fête, ceux qui ont donné leurs vies pour qu'on soit là se soir, à festoyer. Mais nous les avons pleuré hier, comme nous les pleurerons demain. Aujourd'hui jusqu'à demain, est un jour de liesse et de fête. Profite du moment présent. On aura bien assez de temps pour pleurer les nôtres.

Annabeth, digéra les paroles de Vlad. Il avait tout juste. Beaucoup avaient des proches morts au combat, certes. Mais ce n'était pas une raison pour ne pas rire avec ceux qui étaient en vie, de fêter le fait d'être vivant. La mort n'est que la fin du voyage de la vie, et ce n'était pas le moment de pleurer ceux qui avait terminé leur odyssée. Et elle savait même que Flowène était en vie et qu'elle était heureuse (la Prêtresse de Silmaria lui avait envoyé une vision du futur où Annabeth avait vu sa soeur). Alors, pourquoi tant de mélancolie ?!
Retrouvant le sourire, elle répondit à Vlad :

Tu as tout à fait raison, merci.

De rien. Sache que j'ai toujours raison de toute façon !plaisanta-t-il.

Annabeth éclata de rire, suivie de près par Vlad. Elle but une autre gorgée de bière et contempla le ciel étoilé au-dessus d'elle avec un murmure admiratif. Les chants des saltimbanques, les guirlandes, la musique, tout cela formait un tout si merveilleux qu'elle aurait aimé qu'il dure toute la vie. Tous riaient, buvaient, dansaient, tous étaient d'humeur à faire la fête. Les anciennes rivalités oubliées le temps d'une journée et d'une soirée de bonheur parfait. Cydiens dansaient avec Astorgs, Amazones rigolaient avec les Elfes (pas les hommes, faut pas trop pousser quand même !). Et même si Annabeth se doutait qu'elle ne verrait pas Flowène, peut lui importait. Elle jeta un oeil vers Keziah, qui papotait avec Chiko. Toutes avaient combattu ensemble, côté à côté (LITERRALEMENT !) contre les Erathiens. C'était si bon de festoyer à côté maintenant !
Vlad lui sortit une autre blague à laquelle elle émis un petit sourire.

* Si c'est un rêve, que personne ne me réveille...*pensa-t-elle.

C'est avec des pas pressés sous l'effet d' un certain énervement que Kez avait traversé la foule pour rejoindre ses pairs. Quelques temps plus tôt, elle avait rencontré un almer et, malgré ses réticences , elle devait l'admettre, cette rencontre c'était merveilleusement bien passé. Un peu trop bien peut-être. En y repensant elle s'était laisser surprendre, et certes, même si elle avait apprécié ce moment, elle avait tout de même eut l'impression de s'être faite avoir. Y avait pas idée aussi de donner autant , et de tout reprendre aussi sec. Arrivée près de l'endroit où étaient ses frères d'armes , elle s'approcha d'abord d'une table et se servit un peu de vin. Elle n'en était pas friande, mais on lui avait qu'il était plutôt bon et ça lui semblait une magnifique occasion d'en boire. Elle en avala une petite gorgée avant de reporter son attention sur ceux qui l'entouraient..

Auprès des Compagnons, l'ambiance était plus joyeuse qu'elle ne l'aurait cru. Comme elle, nombreux étaient ceux qui avaient perdu un proche dans la bataille, mais les sourires sur les visage, étaient bien plus nombreux que les larmes. La magie de la Troupe semblait avoir soulagé beaucoup de coeur...qu'elle soit bénie pour ça. Keziah regardait avec plus d'attention le numéro des saltimbanques qui se déroulait à présent, lorsque Chiko lui adressa la parole. Elle allait lui répondre quand Joris prit la parole à son tour. Il avait levé son verre et portait un toast à la victoire. En réponse , la forgeronne leva son verre à l'intention de son Capitaine, avant de trinquer véritablement avec chacun des membres de l'ordre. En y repensant, ils avaient été si près de la catastrophe et à tant de reprise qu'ils avaient bien mérité cette petite pause. Tant d'évènement en si peu de temps , s'étaient passés...Combien de temps leur restait-il avant le prochain orage ? Nul ne le savait...à part les dieux peut-être et encore ! Vu comment ils avaient agis pendant la guerre , mieux valait ne pas trop compter sur eux.

C'est sur cette pensée que Kez se tourna vers Chiko. Il voulait visiblement dire quelque chose mais cela ne venait pas. La jeune femme fronça les sourcils et eut un sourire amusé devant l'embarras du prêtre-ours. S'il cherchait l'inspiration chez son interlocutrice, il était mal parti pour la trouver. Elle non plus d'ailleurs ne la trouvait pas forcément et elle compatit bientôt activement à sa propre détresse. La situation était risible.

Quelqu'un ou quelque chose, allait-il les sortir de leur mutisme? Keziah n'en savait rien mais elle l'espérait sans doute autant que son prêtre-ours de collègue...

[Désolée c'est court et pas top!!! ça ira mieux au prochain!!! ><]

Ce toast ne fut pas le premier. Un Saltimbanque passait, levait son verre, et voilà que les Compagnons, comme un seul homme, portait l'alcool à leurs lèvres – ils n'allaient quand même pas manquer de respect aux organisateurs de la soirée, si ? Au bout du quatrième, Chiko, légèrement pâle s'excusa auprès de ses frères d'arme et prétendant une migraine soudaine, partit se coucher. Et alors que la tête de Joris commençait à lui tourner un peu, il comprit le malaise d'Annabeth quelques instants plus tôt. Il avait trouvé la réponse de son frère si juste, que lui-même avait presque été convaincu. Décidément Vlad comprenait les gens mieux que quiconque et parfois, Joris se demandait s'il n'avait pas ce même don qu'ont les Templiers pour ressentir les sentiments des uns et des autres. Néanmoins le Capitaine ne pouvait s'empêcher de se sentir coupable, le verre à la main, ses frères à ses côtés, à profiter de la fête alors que grand nombre des siens était tombé, alors que grand nombre d'invités ici présents n'avait pas la chance de jouir de la compagnie de sa famille. A la fois pour ceux qui étaient partis et ceux qui étaient là, dans cette salle, Joris avait l'impression de leur porter outrage. A exhiber là, ses frères bien vivants auprès de lui... Il posa soudain son verre comme s'il lui avait brûlé la main et recula d'un pas ou deux, désireux de se faire plus discret, voire de prendre congés de ses Compagnons.

La main massive de Ian le retint par l'épaule tandis que Vlad lui filait l'accolade, tout sourire.

« Eh Compagnons ! Et si nous enseignions comment à Storghein, on fait la fête ? »

Craignant le pire, Joris lança un regard sévère à son frère. Pas perturbé pour le moins du monde, ce dernier annonça, visiblement content de l'idée qu'il venait d'avoir :

« Un Cul-de-Chouette, ça vous dit ?! »

Voilà qui dérida le maître d'arme. Le fameux jeu dont il était ressorti vainqueur – et bourré – chez Makdau. Vlad ne l'ignorait pas, d'où le clin d'oeil qu'il offrit au Capitaine, plus taquin que jamais. Mais il ne s'en tint pas là.

« D'ailleurs, vous ai-je déjà raconté comment Joris avait gagné à ce jeu, lors d'une mission, très... spéciale ? »

Il venait de capter l'intention générale, et après avoir vérifié le sourire résigné qu'arborait son frère, il continua :

« Alors qu'ils devaient en apprendre plus sur les agissements étranges de Haldern, le Capitaine et Chiko se rendent à la taverne de Makdau, dans le dessein de mieux connaître l'autochtone. On leur propose une partie de Cul-de-Chouette et un grand nombre de bières... Joris a remporté la partie, mais je ne suis pas sûr que ce soit pour ça que cette soirée est restée légendaire à Haldern ! »

Les Compagnons rirent de bon coeur, leur Capitaine le premier. Certaines mauvaises langues diraient qu'un chef n'a pas à se faire ridiculiser face à ses hommes. Mais il ne s'agissait pas simplement de ses hommes. Ils étaient ses frères d'arme.

« Tu me le paieras, menaça-t-il le pointant d'un doigt accusateur mais toujours riant. »

La diversion de Vlad avait fonctionné : Joris avait oublié qu'il envisageait d'aller se coucher. Il interpela un Saltimbanque qui heureusement parlait astorg, et lui demanda des dés pour jouer. Ils s'installèrent à une table vide et le maître d'arme en distribua trois à chacun.

« Compagnons ! Je remets mon titre en jeu ! Un peu voir si vous avez mon talent au Cul-de-Chouette ! »

[Rendez-vous ici pour jouer. On pourra reprendre le RP dans ce sujet une fois le jeu terminé.]

[Après le Cul de Chouette...]

Annabeth eut un sourire amusé et éclata de rire. Une Cydienne qui gagnait contre des Astorgs, on aura tout vu... L'Elfe s'en fichait royalement en faîte, qu'elle soit Cydienne, Astorg ou autre chose. Elle qui était une Elfe, elle n'avait pas trop à commenter. Mais elle était heureuse que cela se fut passé pendant le bal, et espérait que les autres Compagnons n'en tiendraient pas rigueur à Jillian. Après tout, c'était tout de même elle qui avait fait un spectacle, qui avait animé la soirée.
La Compagnon vida une chope de bière d'un trait et tapa l'épaule de la Saltimbanque, amicale.

Bravo, superbe victoire !

L'Elfe tendit une chope à la gagnante et lui adressa un clin d'oeil avant de lui poser sous le nez. Annabeth se retourna ensuite vers Vlad, avec qui elle discuta un petit moment.
Cette soirée resterait probablement dans les mémoires. Aucune tension, aucune agressivité. Annabeth avait savouré le plaisir de rire avec Vlad, mais aussi avec tous ses Compagnons d'armes, et Jillian, et l'Almer, qui avait également joué le rôle de traductrice pour la Saltimbanque. Autour d'eux, la musique ricochait entre valse, ou tango ou bien d'autres styles encore. Un air de fête résonnait dans tous les coins, et pratiquement personne ne restait seul. Se laissant aller au plaisir, Annabeth avait complétement oublié Flowène, qui aurait pu être ici. Fallait dire que l'alcool réduisait aussi un peu son jugement, et le Cul de Chouette endiablé ne l'avait pas aidée, ainsi que les autres.
La soirée avançait, inexorablement, et plus elle avançait, plus les chopes vides s'entassaient à la table. Annabeth ne se souvenait plus, elle n'avait pas compté, et à présent, elle avait du mal à suivre la conversation. Les cris la faisaient grimacer, et les bourrades sursauter. Même les blagues que lançaient Ian, ou Vlad perdait de leurs sens à ses oreilles.

* La soirée est bien avancée, et je ne suis pas capable de tenir, je devrais aller me coucher...*

Néanmoins, quand on lui proposa une nouvelle bière, elle ne dit pas non, et rit à gorge déployée. Mais celle-ci vidée, elle se sentit vraiment mal. Des petites étoiles commençaient à danser devant ses yeux, et les couleurs, plus vives, lui donner le vertige. D'ailleurs, elle voyait beaucoup de gens autour d'elle s'excuser et aller se coucher. Et elle pressentait que si elle ne rejoignait pas vite un lit, l'Elfe allait défaillir. Aussi, elle se leva, s'appuyant sur la table et déclara :

Merci pour cette fantastique soirée, les amis, je vais aller me coucher. Je crois que le surplus d'alcool ne me réussis pas ! Bonne nuit à tous !

Ce qui était une façon de parler, vu que la nuit était bien avancée. Elle reprit son arc (qu'elle avait laissée dans un coin) et marcha d'un pas titubant vers la sortie.
Quelques minutes plus tard, elle était à l'Auberge de l'Or Bleu, dans un lit bien douillet. Repensa un peu à cette soirée fantastique, de joie et d'ivresse (au sens propre du terme), avant de s'endormir, bercée par la musique des Saltimbanques, qui restait dans sa tête...

[Désengagée, merci pour ce RP les gens !]

Joris n’en revenait pas ! Vaincu au Cul-de-Chouette ! Par une Cydienne ! Il ne fallait pas que cette mésaventure arrive aux oreilles de Makdau à Haldern sinon sa réputation allait en prendre un sacré coup. A la dernière annonce de Jillian – celle qui allait faire basculer la partie – il était d’abord resté interdit. Alors qu’Iréa qui les avait rejoints pour participer riait de bon cœur, Annabeth et Vlad avec elle, Joris, lui dut mettre plusieurs secondes à encaisser le choc. Ce n’était qu’un jeu, d’accord. Mais un jeu astorg. Il n’était pas prévu que ce soit une Cydienne qui gagne. Non, il n’était pas prévu qu’il perde, tout simplement. Ce n’était qu’un jeu, d’accord. Mais nul n’ignore les excès de colère du Capitaine, que ceux qui en doutent encore demandent à Chris. Il tenta de prendre sur lui néanmoins. On fêtait la victoire d’Azthia, l’unification des peuples. Ne serait-ce pas déclarer une nouvelle guerre que d’envoyer voler la table et ces maudits dés ? Ce n’était qu’un jeu, point barre.

Profitant de la diversion que lui offrait Annabeth en offrant à boire à Jillian, Ian se pencha vers son frère et murmura :

« Merde quoi. Une Cydienne. »

On oublie pas les mauvaises habitudes. Même le temps d’une soirée. Cependant la remarque choqua Joris. Prononcée comme ça à voix haute, elle prenait une nouvelle ampleur et tout à coup il se sentit ridicule d’avoir oublié ses principes concernant la tolérance, aveuglé par sa déception d’avoir perdu. Ce n’était qu’un jeu, putain ! Ian n’avait pas la même ouverture d’esprit que lui sur le chapitre cydien, il ne pouvait pas lui en vouloir d’être influencé par des années de préjugés, mais en aucun cas il ne devait partager ces idées.

« Ouais. Et tu l’as entendue la Cydienne, toute à l’heure ? »

Vlad avait suivi l’échange silencieux entre ses deux frères et avait accompagné sa remarque du petit sourire tranquille qui ne le quittait jamais. Et s’il n’avait réussi qu’à faire maugréer Ian, Joris fut parfaitement convaincu. Le spectacle de Jillian avait été poignant. L’engagement qu’elle avait pris était risqué, pourtant, elle n’était pas moins parvenue à faire applaudir tout un peuple en prônant la tolérance. Un peuple. Il avait été si sensible à ce terme quelques heures plutôt, et voilà qu’il avait failli tout gâcher pour un stupide jeu. Fierté astorg…

Joris s’avança vers la Saltimbanque et parvenant enfin à sourire, il lança :

« Bravo ! Voilà que vous venez de me prendre mon titre ! Si on m’avait dit qu’une Cydienne gagnerait au Cul-de-Chouette… La chance du débutant dira-t-on ! »

Il ne pouvait pas s’en empêcher. Le grand maître d’arme, Capitaine des Compagnons de la Reine était aussi un très mauvais perdant. Iréa, qui se tenait aux côtés de Jillian, traduisit en Cydien. Elles se connaissaient ? Visiblement. Remarque, il n’y avait rien d’étonnant à rencontrer et à se lier d’amitiés avec des étrangers lorsque l’on est sur les routes sans cesse. Cloîtrer à Storghein depuis sa tendre enfance, Joris n’avait encore jamais eu parmi ses proches des Cydiens ou des Almers. Depuis la bataille. Décidément, elle avait changé sa vision sur bien des sujets.

« Si vous passez à Storghein, je serais ravi de faire une revanche. Pas vrai, Compagnons ? »

Ses hommes approuvèrent. Presque tous. Ian était parti se coucher. Aucune importance. Ses prunelles violettes tombèrent sur Iréa.

« Alors ? C’était une première pour toi ? Que dis-tu des coutumes astorgs ? »

Annabeth l’interrompit pour souhaiter une bonne nuit à tous et partit rejoindre l’auberge. Il n’allait pas tarder non plus.

[Je désengagerai Joris dans mon post avec Jillian.]

Impossible d'ignorer la tension déclenchée par son « A la Volette ! ». Déclarée vainqueur qu'après un bref silence gêné que l'Elfe, Annabeth d'après ce qu'elle avait compris, rompit en la félicitant. Elle se saisit avec plaisir du verre et trinqua avec le Compagnon en portant un toast.

« Merci bien ! A cette soirée riche en surprises ! »

Inutile de relever les messes basses entre le Capitaine et deux de ses hommes. Le rouquin – Vlad c'est ça ? - ressemblait à s'y méprendre à Joris, elle l'avait remarqué durant la partie. Et si l'autre aux cheveux blonds – celui qui faisait la gueule – n'avait qu'un vague air de famille avec les deux, elle savait qu'il s'agissait aussi d'un de leurs frères d'après les échanges durant le jeu. Certainement qu'ils réussirent à se mettre d'accord car Joris finit par s'adresser à elle avec un sourire figé. Tout comme son expression à elle, car elle ne comprit le sens de ses mots qu'un moment après qu'ils les ait prononcés, et ce, grâce à la traduction d'Iréa.

« Car marche, Compagnons ! reprit Jillian, reprenant les termes de Joris avec un sourire ironique. Au prochain passage de la Troupe à Storghein, vous me verrez débarquer et on verra si en effet, c'était qu'une question de chance. »

A nouveau l'Almer traduisit et le Capitaine approuva d'un hochement de tête. Il semblait sincère et bien tolérant pour un Astorg, mais s'il s'enlevait son bâton des fesses, peut-être réussirait-elle à le trouver sympathique. Elle ne pouvait s'empêcher de le trouver pas très naturel et son échange avec Iréa lui parut d'une superficialité qui la confortait dans cette idée. Son charisme et ses yeux violets certain ne parvinrent pas à la charmer.

L'heure avancée et la quantité d'alcool ingurgitée se fit bientôt ressentir et Annabeth ouvrit les hostilités en annonçant qu'elle rentrait se coucher. La prénommée Keziah suivit son exemple, puis Joris et les autres jusqu'à ce que Jillian se retrouve seule avec Iréa. La Meneuse lui proposa alors de faire un bout de chemin du retour avec elle.

« Encore une fois, toi et ton pouvoir, vous m'avez tirée d'une drôle de situation ! lança-t-elle tandis qu'elles s'éloignaient du bal et des derniers fêtards. »

Car il n'y avait pas de doute pour la Saltimbanque, les dons de l'Almer avaient apaisé le courroux des Compagnons comme ils avaient su la calmer elle lors de sa rencontre avec Aerin.

« D'ailleurs j'ai revu Aerin toute à l'heure. J'ai l'impression qu'il est sur la bonne voie, il a lâché son foutu carnet et a parlé Cydien de manière très correcte. Enfin bon, encore merci ! A très bientôt j'espère ! »

Et, Sam sur les talons, elle délaissa les couloirs du Temple pour rejoindre les baraquements de la Troupe.

« Peuple d'Azthia, murmura-t-elle. »

Pourvu que le souvenir de cette soirée ne s'éteigne pas.
Pourvu que l'on oublie pas ce rêve.
Et quel rêve !

[Désengagés : Joris, Keziah, Jillian]