Azthia

Ô, petite flamme qui guide chaque cité d'Azthia, surtout ne vacille pas. Car les temps sont bien embrumés et un vent d'inquiétude souffle... Laissez vous tenter par un univers poétique et fantastique, créez un personnage haut en couleurs...
 
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 [DP] Lorsque des réminiscences du passé refont surface ... (pv Ashrand) (terminé)

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Faelin
Faelin
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[DP] Lorsque des réminiscences du passé refont surface ... (pv Ashrand) (terminé)
   [DP] Lorsque des réminiscences du passé refont surface ... (pv Ashrand) (terminé) EmptyJeu 3 Nov - 15:21


« Ah, pardon, excusez-moi ! »

Pour la énième fois, un passant me bouscula, trop pressé d'échapper à la cohue ou bien voulant se ruer sur un vêtement qu'il trouvait à son goût. En effet, aujourd'hui étaient étonnamment bondées les rues marchandes de Cydonia. Il était rare de voir un tel attroupement de curieux, venant sous-peser les fruits proposés ici, guetter les bonnes affaires là, changer leur tunique rapiécée ça et là. Des visages heureux, indignés, subjugués, horrifiés, las, inquiets, peuplaient cette marée humaine ; compactés, les gens se frayaient avec difficulté un passage dans l'agitation régnante, omniprésente quelque soit le recoin où l'on se trouvait en ce jour.
Les tenanciers durent avoir un sixième sens bien aiguisé ce jour-là, pour prédire la venue de tant de gens ; aucun volet n'était fermé, aucun étalage n'était sagement rangé, aucun cageot n'avait vu son contenu rester sagement entreposé, aucun commerçant ne se gardait d'afficher un franc sourire. Tous étaient ouverts, et tentaient par des moyens divers et variés d'attirer le regard des badauds sur les marchandises qu'ils proposaient. Tous durent se frotter les mains en regardant leurs comptes ce jour-là ; jamais je n'avais vu autant de ventes et échanges effectués en l'espace de quelques maigres heures.

Quant à moi, je tentais inlassablement de me frayer un chemin étriqué entre les passants qui se pressaient vers tel ou tel étalage, sans prendre garde aux gens les entourant ; ainsi, mes pieds subirent un nombre incalculable d'écrasements impitoyables et non ménagés ; je dus jouer des coudes et marteler quelque côtes afin de m'extirper de la masse envahissante, et arriver dans un coin de l'agora quelque peu plus « aéré ».


*Je ne pensais pas tomber sur autant de monde en venant aujourd'hui …*

Aujourd'hui avais-je enfin écoulé le cuir qu'il me restait auprès de mes habitués ; après mon retour du territoire Jinmen, j'étais repartie chasser du petit gibier en forêt. L'hiver était rude, et je ne pensais guère trouver beaucoup d'animaux ; pourtant, j'eux la surprise de découvrir plusieurs lapins et renards au pelage immaculé, en plus des éternels cervidés qui peuplaient habituellement les sous-bois. Je n'avais évidemment pas hésité, leur fourrure étant appréciée car très douce et soyeuse, ainsi que chaude. Possédant déjà un manteau d'hiver, je n'avais pas tergiversé longtemps sur leur sort, leur vente m'ayant ainsi permis d'arrondir ma bourse.

Ayant repris mon souffle, je me décidai enfin à réaffronter la cohue pour rentrer chez moi ; ce ne serait certes pas chose facile, au vu de l'attroupement qui se massait dans l'agora. Cependant, le soleil était déjà à son zénith et il fallait absolument que je rentre. Fermement, je me glissai entre deux hommes aux muscles saillants et qui s'affrontait du regard, esquivai quelques enfants qui couraient par là, évitai de justesse un charriot qui traversait la foule sans ménagement. Pendant les exploits d'agilité que je déployais pour traverser tant bien que mal la place, je ne pouvais m'empêcher de regarder les visages des passants dont je croisais la route ; c'était un passe-temps certes bien singulier et quelque peu étrange, mais cette manie me suivait depuis ma plus tendre enfance.


*Enfin sortie de cet enfer !*

L'air libre ! Enfin je respirais, loin de toute cette agitation écrasante et tumultueuse. Je repartis d'un pas léger sur les pavés de ma cité, pressée de retrouver mon chez-moi. Je n'étais qu'à quelques minutes de marche, et mon oisiveté me criait de tout cœur d'aller déambuler dans les rues, prendre l'air, sortir pour une fois, au lieu de me confiner chez moi. Le soleil était déjà haut dans le ciel malgré l'heure des plus matinales à laquelle j'avais quitté mon lit. L'affrontement avec l'attroupement de passants m'avait apparemment grignoté la moitié de ma journée sans que je m'en rendis compte …
Qu'importe ! Aujourd'hui, un soudain désir de flâner me poussait à arpenter sans but les rues de Cydonia, cette ville que j'aimais tant malgré les souvenirs plus tragiques qu'heureux qu'elle renfermait.
Mes pas m'amenèrent à faire le tour de la cité, et je réalisai que déjà, la courte aiguille des horloges avait déjà effectué deux tours à son cadran. Malgré, je n'étais pas pressée par le temps ; sans réfléchir, mes pas m'avaient ramenée vers l'Agora, qui semblait s'être vidée depuis la mi-journée. Peu de gens restaient encore, les étalages vidés n'attirant désormais plus personne. Je m'apprêtais à tourner les talons quand mon regard sur un visage qui me semblait familier. Etrangement familier. Beaucoup trop familier.


*Non … Non … NON …*

Ca ne pouvait pas. Ca ne pouvait pas être … lui ! Un goût amer s'insinua dans ma bouche, tel un poison au lourd nom de « souvenir ».
Je pensais en avoir terminé avec cet épisode de ma vie ; jusqu'à présent jamais je n'avais eu quelque témoin de la survie de cet homme.
Je pensais ne plus jamais avoir affaire à un quelconque élément qui ramènerait son existence à la surface.
Je pensais pouvoir oublier définitivement cet évènement sans en être affectée, me permettant ainsi de tirer un trait sur mon passé, mon erreur et les lourdes pertes qu'elle avait entraînées.
Je pensais enfin recommencer ma vie sur une route dépourvue des embûches de mon passé.


*Je pensais l'avoir sauvagement assassiné …*

Ce n'était pas possible ! Je l'avais pourtant … Un flot de souvenirs remonta des méandres embrumés de ma mémoire, ravivant des plaies que je croyais pourtant refermées, pansées, cicatrisées. Ces vagues de réminiscences prenaient de plus en plus de profondeur, de forme et de goût à mesurer qu'elles venaient s'échouer dans mon esprit. J'avais pourtant oublié jusqu'à présent ; je ne voulais en aucun cas passer mes nuits tourmentée à ressasser le passé, rongée par la culpabilité de ce meurtre. Cet épisode appartenait à une époque révolue, dont le simple souvenir me faisait trembler. J'avais donc préféré m'abandonner à l'oubli le plus total, ne gardant en mémoire que ma famille, et ce pourquoi j'en étais arrivée là aujourd'hui.

*Comment est-ce possible …*

Ainsi donc, je ne l'aurais pas tué, cette fameuse nuit ? Ainsi donc, je n'avais rien fait qui méritait mon exil ? Cette folle pensée traversa fugacement mon esprit, avant de s'effriter jusqu'à n'être que de la poussière dispersée par le vent.
Ils étaient déjà tous morts ; c'était déjà trop tard.

Pétrifiée, il me semblait n'avoir esquissé le moindre mouvement depuis des décennies. Le monde n'existait plus autour de moi ; les allées, les pavés, les commerçants, les passants, le ciel, le soleil, tout avait disparu, pour ne laisser devant moi que cet homme. Cet homme que je redoutais tant, ce fantôme de mon passé que je pensais avoir exorcisé, et qui revenait pourtant me hanter.
Ces cheveux de jais, cette carrure énergique aux muscles saillants, cette démarche légère, tout me rappelait cet individu. Seules les prunelles semblaient refléter une bienveillance inexistante chez Lui. Mais le reste de son physique coïncidait parfaitement avec lui, ne me laissant aucun doute possible.

Le démon de mon passé était bel et bien de retour.


[J'espère que t'aimeras .__.]


Dernière édition par Faelin le Dim 20 Nov - 11:58, édité 2 fois
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Ashrand
Ashrand
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   [DP] Lorsque des réminiscences du passé refont surface ... (pv Ashrand) (terminé) EmptyJeu 3 Nov - 19:06

Un bel après-midi se profilait si on en jugeait au ciel dégagé qu’il y avait au-dessus du Joyau. Dégagé, il promettait d’agréables températures tandis qu’à contrario, les rues étaient si pleines qu’il aurait été difficile de s’y frayer un chemin. Ce jour-ci, les échoppes ameutaient un nombre incroyable de gens, venus achetés diverses marchandises. Ashrand préférait pour sa part éviter d'affronter une foule pareille, n’ayant pas le courage d’affronter une telle troupe et de jouer perpétuellement des coudes juste pour aller acheter les deux-trois bricoles qui lui manquaient, attendre quelques heures que les rues et les places se soient vidées étaient de loin préférable que de combattre une telle marée de quidams.
Il était revenu depuis la veille à Cydonia, dans l’intention non seulement de rendre une petite visite à sa vieille mère mais aussi pour venir chercher ce dont il avait besoin chez cette dernière.. Il avait fait toute la route depuis Silmarie afin de prendre à sa génitrice diverses choses dont il avait besoins : Outils, ustensiles de cuisine, bref l'indispensable et tout ce qu'il pouvait emprunter à longue durée et qu'il ne devrait pas acheter de ce fait. Le problème était qu'il ne pouvait se permettre de dépenser trop dans ce genre de chose pour la simple et bonne raison que son salaire ne lui autorisait pas d'extravagances. Après avoir passé six longues années dans l'enceinte de Muria, il avait recouvré la liberté et avait redémarré à zéro. Seulement voilà, la place et la réputation acquise dans l'arène Amazone avaient elles aussi été effacées et à présent, il combattait pour le même salaire qu'un débutant. Oh, ce n'était qu'une question de temps, pour sûr, mais en attendant il ne gagnait pas autant d'argent qu'il l'aurait souhaité.

Or ce jour-là, Ashrand fit une bien intéressante découverte : les vieux livres que lui lisaient ses parents lorsqu'il était enfant et d'autres ouvrages appartenant à ceux-ci. A vrai dire il n’avait jamais prêté attention au sort qui avait été réservé à ces petits bouquins pour la plupart des contes pour enfants ou autres nouvelles relativement faciles à lire pour les bambins. Il se trouvait que Claire Cahen les avait conservés sur une étagère poussiéreuse du sous-sol, les gardant jalousement comme s’il s’agissait là d’un souvenir de son fils qui, rappelons-le, avait disparu de la circulation lors de sa Soumission. Le gladiateur se dit qu'il pourrait bien en emporter quelques-uns aussi, puisqu'il doutait qu'ils soient encore très utilisés, à en juger par la couche de poussière. Cela lui ferait des économies car les bouquins étaient un vrai gouffre à Talents. Ashrand lui-même n’achetait que rarement des volumes, même destinées à son propre usage. Il préférait de loin se rendre jusqu’à la magnifique bibliothèque de Tamawa où il avait toujours trouvé de quoi le combler – bonheur en papier ou, il en fut une fois, en chair bien qu'il finit par regretter cette rencontre. Ainsi, il avait opté pour prendre les ouvrages chez sa mère, ce qui lui épargnerait de dépenser une fortune à aller se les procurer dans diverses papèteries de la Cité des Brumes.

Ce jour-là le gladiateur passa une bonne partie de la matinée à trier les livres qu’il emporterait avec lui. Après tout ce n’était pas une mule et il ne pourrait jamais tout emporter en un voyage tout autant qu’il y avait des bouquins ne valant pas toujours la peine d’être transportés, mais peu à peu, le jeune homme se prit au jeu de relire certaines des œuvres qui avaient façonnés son enfance et auxquelles il n’avait plus du tout prêté attention en vieillissant. Il retrouva par exemple le conte « Les trois Astorgs et le Cydien rusé » qui relatait une l’histoire d’un frêle Cydien malmené par une bande de trois Astorgs et qui, grâce à un esprit vif, put se servir de la propre bêtise des habitants du Nord contre eux-mêmes pour les faire tourner au ridicule. Derrière ces phrases simplistes destinées aux plus petits se trouvait en réalité un moyen de faire passer le cliché de l’Astorg brutal et idiot chez les jeunes et à leur montrer combien les Cydiens valaient soi-disant mieux que les Astorgs. Inintéressant et la morale était très douteuse. Une fois posé sur la pile de ceux qu’il laisserait ici, Ashrand tendit la main vers l’ouvrage suivant , un recueil de courtes fables dont la première, intitulée « Le garçon qui criait au Murloc » racontait une tranche de la vie d’un garçon qui, chargé de surveiller le troupeau de son père, prenait un malin plaisir à appeler les villageois au secours, hurlant qu’un Murloc venait dévorer son bétail jusqu’au jour où il y eut bien un vrai Murloc qui vint et que, lorsque le garçon appela à l’aide, personne ne vint l’aider car les villageois étaient las de ces plaisanteries. La bête dévora une bonne partie du troupeau sans que l’enfant ne puisse réagir. Le récit se terminait sur une phrase que le Cydien jugea on ne peut plus vraie : « Qui une fois ment, personne ne croit, bien qu’il dise vrai parfois ». Adjugé, celui-ci serait emporté ! Ashrand se délecta tout de même du reste du livre qui faisait remonter en lui un flot de souvenirs agréable du temps où il n’avait à se préoccuper de rien. Elles étaient loin derrière, ces années-là !
Il retrouva ainsi un mont d’autres histoires qui le faisaient sourire juste à cause de ce que le titre ravivait en lui. Il continuait de les trier, bien sûr, mais il s’arrêtait pour relire ceux dont il se souvenait avoir apprécié la lecture ou l’écoute plus jeune jusqu’à ce que sa mère l’interrompe pour lui dire que le déjeuner était servi. Il passa ensuite encore une petite heure à la lecture avant qu’il ne se décide d’aller faire les courses pour le repas du soir puisque, visiblement, il n’était pas prêt de repartir pour la ville des Elfes aujourd’hui tant il avait encore beaucoup à lire. Sa mère ne manqua d’ailleurs pas de souligner qu’il donnait l’impression de retomber en enfance.

L’ancien Soumis sortit au-dehors, où les rues s’étaient faites énormément plus calme et déserte que le matin et le midi même. De la cohue du matin, ce véritable raz-de-marée humain, ne subsistait que quelques badauds qui, comme lui, préféraient faire leurs achats au calme, quitte à être confronté à un choix plus restreint. Il s’arrêta d’abord chez le vieux Sloan où il acheta du poisson pour le dîner puis passa chez le primeur qui par ailleurs lui était totalement inconnu et s’y procura une laitue ainsi que plusieurs pommes au cas où il aurait un petit creux durant l’après-midi. Il se décida ensuite à retourner chez sa mère pour y déposer ses provisions et finir ce qu’il avait commencé le matin. Une journée banale, se dit-il. Oui, il n’avait rien fait de très extraordinaire, bougeant à peine de chez lui – il appelait encore la maison de Claire ainsi bien qu’il n’y habitait plus – et se doutait que la journée se terminerait sur tout autant de banalité pour qu'enfin il se mette en route pour Silmarie le lendemain. Seulement c’était sans compter ce qui n’allait pas tarder à se dérouler…

Par le plus grand des hasards, le jeune homme posa les yeux sur une femme qui le dévisageait bizarrement. A première vue, elle semblait … effrayée ? Il n’aurait su déterminer qu’elle sentiment exact prenait vie dans la tête de la demoiselle mais le Cydien devina que quelque chose n’allait pas dans l’expression qu’elle arborait et avec laquelle et le fixait, comme guettant quelque chose qui ne venait pas. Ils restèrent ainsi une bonne dizaine de seconde, à se scruter l’un l’autre, les yeux dans les yeux avant qu’Ashrand n’utilise ce fameux sixième sens dont l’avait pourvu Mère Nature. Il déroula lentement son Esprit qui rampa et s’enroula autour de la conscience de cette douce inconnue qui ne devait pas se douter un seul instant de l’intrusion dont elle était victime. Sans difficulté, le filet invisible se mit à révéler ce que ressentait la demoiselle aux cheveux d’ébènes. Habituellement, il n’aimait pas vraiment s’introduire de manière aussi perverse dans l’esprit des gens mais aujourd’hui c’était justifié, quelque chose ne tournait pas rond en ce moment, avec elle qui avait l’air terrorisée par… par quoi, au juste ? Son empathie lui révéla bien que la jeune femme était horrifiée mais la cause lui restait inconnue, aussi se décida-t-il à lui proposer son aide. Il ne pouvait pas laisser quelqu’un – même s'il ne la connaissait pas le moins du monde – en proie à une émotion pareille qui pouvait, par extension, peut-être signifier qu’elle courait un danger. Il s’approcha de cet individu apeuré avant de prendre la parole, d’une voix qui se voulait douce :


« Mademoiselle, vous êtes sûre que tout va bien ? »

Maintenant qu’il était face à elle, il ressentait encore mieux la terreur qui l’assaillait, ou peut-être que c’était justement parce qu’il s’était approché que ce sentiment avait pris de l’ampleur, qui sait ? Soupçonnant que la brune n’ait de graves problèmes, Ashrand voulait se porter à son secours bien qu’elle soit une illustre étrangère pour lui car il craignait que quelque chose de bien plus dramatique ne guettait la jeune femme si déjà elle était effrayée sans qu’il n’y ait rien ni personne de qui se méfier.




Dernière édition par Ashrand le Ven 2 Mar - 21:07, édité 1 fois
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Faelin
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   [DP] Lorsque des réminiscences du passé refont surface ... (pv Ashrand) (terminé) EmptyMer 9 Nov - 15:44

Mon regard dut être plus pesant sous le coup de la stupeur qui m'étreignit et de l'épouvante qui m'envahit à cet instant que ce que je ne l'aurais imaginé ; Il tourna la tête dans ma direction et me dévisagea. Il plongea ses prunelles azur dans mon regard, et j'eus l'impression d'être soudain mise totalement à nue devant Lui. Il ne devait sûrement pas s'attendre à retrouver celle qui l'avait amené au bord extrême du gouffre qu'est la Mort. Je ne lisais cependant aucune trace d'aversion dans son regard ; il me regardait comme il l'aurait fait avec une banale inconnue en train de le dévisager. Ne se rappelait-il pas de moi ? Avait-il osé m'oublier après ce qu'il m'avait fait subir ? Non, il n'aurait pu, je l'avais laissé le corps bardé de cicatrices multiples.
Soudain, il se détourna de ce qu'il faisait, et fit un pas dans ma direction. De sa démarche assurée, il se dirigea vers moi, lentement, inexorablement. Ses semelles résonnaient sur les pavés, et leur bruit brisait le silence qui s'était imposé à mes oreilles malgré le brouhaha ambiant ; plus il s'approchait et plus la peur m'empoignait violemment, me hurlant de fuir malgré mes jambes tremblantes. Je sentis mes muscles se nouer douloureusement, et une boule se logea dans mon ventre ; je n'osais esquisser le moindre mouvement, et quand bien même j'essaierais la peur me figeait, m'empêchant de me mouvoir. Des larmes amères envahirent mes yeux, et instinctivement je fermai promptement les yeux, réflexe inutile de protection.
Je pensais avoir surmonté tout ça ; je pensais avoir enfin vaincu mes démons, et tiré un trait sur ce passé qui me hantait, me faisait me retourner dans mes draps la nuit ; je croyais pouvoir enfin vivre sans, pendant mes moments de solitude, me rappeler cette nuit qui causa ma perte avec horreur. Je pensais mes cauchemars évanouis, évaporés ; je pensais m'être convaincue que ma conscience ne méritait pas de se torturer pour un être aussi abject, aussi sanglante sa mort fût-elle.

Seconde par seconde, j'entendais ses pieds fouler les pavés, et se rapprocher inévitablement de moi. La hardiesse et l'aplomb me manquèrent ; je n'avais ni le courage de faire face à mon passé, ni l'énergie de fuir mon cauchemar.
Soudain, j'entendis une voix douce bien qu'au timbre grave me dire :


« Mademoiselle, vous êtes sûre que tout va bien ? »

De stupeur, je rouvris les yeux, et le contemplai. Cette voix lui appartenait-elle vraiment ?
Cette courte phrase suffit à me ravir tous mes mots, et je restai ainsi interdite, figée de surprise. Jamais, au grand jamais, je ne me serais attendue à entendre une telle voix de sa part … Et ce qu'il m'avait dit … Impensable ! Etais-je au beau milieu d'un rêve ?


« Je … »

Avais-je bien entendu ? Mon ouïe me jouait-elle un tour sous l'effet de l'angoisse ? Que se passait-il ?
La surprise à laquelle je me heurtai de plein fouet fit disparaître instantanément une majeure partie de mon effroi. N'était-il pas … ? Mais cet air innocent et cette manière de parler ne lui ressemblaient en rien … Mais cette apparence … La même personne au moindre détail près …


*Je n'y comprends plus rien …*

N'étais-je pas en face de Lui ? Pourtant, Il n'aurait agi ou parlé de cette façon.
J'aurais commis une monumentale erreur ?
J'eus beau réfléchir à toute vitesse, je ne voyais guère comment expliquer tout ce qui était en train d'arriver d'une quelque autre manière. A moins que je ne lui aie causé une amnésie totale, rien ne pouvait expliquer un changement de personnalité si soudain. Rien dans les yeux du jeune homme qui se tenait face à moi ne me révélait un quelconque soupçon de mensonge ; nulle pointe de moquerie ne teintait sa voix, ne cachant ainsi aucune mauvaise intention.
J'avais beau tenter de rester impassible extérieurement, une confusion extrême régnait en moi. Une part de moi me hurlait que ce comportement n'était qu'une mascarade destinée à me faire perdre pied et à me troubler ; mon instinct m'exhortait de fuir, mon corps me suppliait de partir aussi vite que je le pouvais, de ne pas me faire prendre. Revivre une telle expérience m'aurait achevée, mon équilibre psychique ne tenant déjà qu'à un fil. Cependant, une autre voix me conseillait de faire confiance à ce jeune homme, qu'il n'était pas celui pour qui je l'avais pris au premier abord. Elle m'assurait qu'il était impossible de contrefaire aussi parfaitement un tel comportement avec la haine qui devait habiter le premier. Elle me rappelait ce pourquoi je dépéris depuis plusieurs années déjà, la mort atroce que j'avais osé lui donner sous le coup de la folie.

Entre instinct et raison, je ne savais qui écouter.

Je balançais entre fuir et rester, ne pouvant choisir entre ces deux vérités qu'on me martelait. Si je faisais le mauvais choix, il était possible que je fuie un innocent, mais également que je meurs.
Soudain, je pris conscience que j'étais restée de longues secondes à cogiter sans prononcer une parole ; l'inconnu, s'il était bien un quelconque passant, devait être au comble de la perplexité. Précipitamment, j'émergeai de ma torpeur et balbutiai quelques pauvres mots que le jeune homme ne dut pas tout à fait comprendre :


« Euh … Je … Ce n'est rien … Je vous … ai confondu avec quelqu'un d'autre … »

Je tentai faiblement d'afficher un sourire qui se voulait rassurant, mais mon trouble ne m'accorda qu'un rictus étrange frappé d'incertitude. Le rouge me monta aux joues ; gênée, je baissai la tête et me mis à contempler mes bottes. La raison avait finalement pris le dessus sur mon instinct, mais le doute persistait dans mon esprit, ancré profondément par la peur et la méfiance.
S'il était bien celui pour qui je l'avais pris, et que son petit jeu avait réussi à me berner, je pouvais faire mes adieux au monde qui m'entourait. Ce serait l'ultime fois où je pourrais revoir le ciel azur parsemé de nuages cotonneux ; je terminerais ma vie dans la souffrance, regrettant à jamais de n'avoir pu accomplir ce pourquoi je vivais encore. En revanche, si ce jeune homme qui Lui ressemblait comme son reflet dans un miroir n'était qu'un badaud interpellé par mon regard, je priais pour qu'il ne me prît pas pour une folle.

Tout ce que je pouvais faire était attendre sa réaction.


[Applaudis-moi, j'ai réussi à décrire 15 secondes sur une page et demie ! xD Sinon, c'est totalement moisi comme réponse, j'suis vraiment désolée T_T]


Dernière édition par Faelin le Dim 20 Nov - 11:42, édité 1 fois
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Ashrand
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Une fois sa question posée, le Cydien attendit quelques secondes, qui lui parurent cependant durer une éternité à un point tel qu'il finit par se demander s'il avait bien formulé sa question, si le son avait franchi la barrière de ses lèvres. Non, il n'était pas idiot au point d'halluciner avoir parlé ou non, il savait bien qu'il l'avait fait alors pourquoi restait-elle muette ? Cette douce inconnue avait fermé les yeux quand il s'était approché mais les avait rouverts sitôt qu'il l'eût questionnée sur son état, preuve absolue qu'elle l'avait bien entendu.
Malgré tout, quelque chose lui échappait dans toute cette histoire... Son Esprit le lui avait révélé , mais pourquoi cet air horrifié ? Pourquoi cette attitude qui signifiait que le danger venait du jeune homme, alors même qu'il aurait juré ne l'avoir jamais croisée ? Ce ne pouvaient être ses armes qui la terrifiaient puisqu'il ne portait aucune de ses deux épées sur lui, alors quoi ? Peut-être s'étaient-ils déjà rencontré quelque part et qu'Ashrand aurait oublié son visage à la demoiselle... Quand bien même, cela ne justifiait pas une telle attitude étant donné qu'il se comportait toujours en personne civilisée où qu'il aille et qu'il n'était pas du tout le genre de personne à se laisser aller sur la bouteille au point d'oublier ce qu'il faisait, lui qui buvait à peine un verre de temps à autre. Le doute envahit l'esprit du gladiateur qui finalement ne savait pas trop si c'était lui qui était la source de son trouble ou si elle courait un quelconque danger suffisamment grand pour la pousser à de telles réactions.
Il ouvrit la bouche pour reprendre la parole au moment même ou la dame se décida à répondre et autant dire que ce qu'elle lui donna comme excuse le laissa sceptique. Néanmoins, cela lui confirma que l'hypothèse qu'ils aient pu se croiser ailleurs n'était pas à exclure totalement, à moins qu'il ne s'agisse juste de la première chose qui lui était passée par la tête afin de ne pas avoir le Cydien dans les pattes. Ce dernier plissa les yeux, affichant un air perplexe et peu convaincu : mettons qu'elle l'ait confondu avec un autre, ça ne justifiait toujours pas les sentiments présents dans sa tête, de sa peur bleue qui s'était mue en grande anxiété.

« Quelqu'un qui n'a pas l'air de vous inspirer une grande confiance... » dit-il, curieux de savoir qui pouvait la terroriser ainsi.

Si elle avait dit la vérité, alors le Cydien était davantage inquiet de ce qui pouvait être à l'origine d'une peur semblable chez elle et qui de surcroît semblait encore pouvoir lui faire du mal, sans quoi elle n'aurait pas été aussi perturbée.
Telle qu'elle était actuellement, Ashrand pouvait lire en elle comme dans un livre ouvert. Il ne faisait pas cela consciemment, enfin pas vraiment, juste que son envie d'en savoir plus, de porter secours à la jouvencelle aux cheveux d'ébène si effectivement elle était aussi menacée qu'elle le croyait,tout cela avait fait en sorte qu'il se servit de son sixième et plus fabuleux sens pour scruter la conscience de la brune. Restait à espérer que cette intrusion, il ne la regretterait pas ensuite mais plutôt que pour une fois elle lui permette de venir en aide à quelqu'un... Jiven lui avait montré que l'Esprit avait de possibilités énormes et que toutes les facettes de ce Don rare n'avaient pas encore été exploitées. Certaines choses restaient à approfondir à propos de l'Esprit, Ashrand le savait. Le garçon était doté d'une affinité particulière avec l'empathie, ce qui lui permettait de transmettre et de capter les émotions environnantes avec parfois trop de facilité à son goût. De même, il avait très tôt été capable de carrément lire les pensées lorsque certaines conditions préalables étaient remplies. Il était vrai que ce pouvoir l'avait tantôt fasciné, tantôt effrayé : même l'apparence ne trompait plus puisqu'il pouvait s'il le voulait percer les véritables émotions des gens, avec quoi ceux-ci pouvaient-ils se prémunir d'un sens qu'ils ne possédaient pas ? L'Ancien Soumis avait par plusieurs fois ressenti la désagréable impression de n'être qu'un voyeur impuni pour son entrée dans ce qu'il considérait comme le jardin secret de chacun : leur tête, leurs sentiments, leurs émotions... Encore qu'il n'utilisait pas ses facultés dans le but de commettre quelque mauvaise intention que ce soit, il y avait à vrai dire moyen de faire bien pire pour qui le souhaitait.

Le gladiateur reporta son attention sur cette femme qui ne soutenait plus son regard, gênée par il ne savait quoi. Mais que pouvait-il donc bien se passer dans sa tête pour qu'elle adopte toutes ces attitudes que le Cydien jugeait inappropriée face à quelqu'un comme lui ? Ce n'était pas non plus comme s'il avait faire quelque chose pour l’embarrasser ni même l'horrifier !


« Êtes-vous certaines que nous ne nous serions pas déjà rencontrés par le passé ? »

Il doutait lui-même qu'une réponse affirmative lui parvienne, il ne pouvait certes pas se souvenir de tout le monde mais s'il avait fait quoi que ce soit qui puisse mettre quelqu'un dans un tel état, il ne l'aurait pas oublié voire aurait tenté de réparer son erreur à ce moment-là ! Seulement, il préférait n'exclure aucune possibilités et celle-ci lui paraissait la plus probable, à moins qu'effectivement elle l'ait simplement prit pour quelqu'un d'autre et il se poserait encore davantage de questions sur qui pouvait lui faire ressentir une peur pareille. Qu'il en soit éventuellement l'origine était une chose – ce n'était bien entendu nullement volontaire – mais qu'un autre la fasse se sentir aussi menacée poussait Ashrand à se demander s'il ne devait pas tenter de lui tirer les vers du nez afin de voir s'il lui était possible de l'aider.
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Faelin
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Re: [DP] Lorsque des réminiscences du passé refont surface ... (pv Ashrand) (terminé)
   [DP] Lorsque des réminiscences du passé refont surface ... (pv Ashrand) (terminé) EmptyDim 20 Nov - 8:49

Ma voix bredouillante et bégayante ne sembla pas le convaincre ; elle parut même attiser encore plus son intérêt et sa curiosité. J'aurais voulu qu'il ne s'intéressât guère plus à moi et se détournât, repartant s'occuper de ses activités. Mais malheureusement, une curiosité sans pareil animait son regard, ainsi qu'un intérêt grandissant que je sentais sincère ; jamais encore je n'avais vu quiconque sembler s'intéresser à mon passé. Réflexion faite, ça n'était guère étonnant ; la plupart du temps, j'entretenais avec les autres des conversations de politesse ou bien d'ordre professionnel. Les amis ne se bousculaient pas ; pourtant, il m'arrivait parfois de laisser glisser un léger indice dans mes paroles lorsque mon impassible apparence s'effritait. Personne n'y prêtait pourtant attention, personne ne relevait la pointe de tristesse que je laissais filtrer malgré moi, personne ne découvrait l'existence de mon masque souriant ; et je me renfermais toujours plus dans ma solitude au fil des années.
Et en ce jour, sous le zénith flamboyant, je rencontrai pour la première fois quelqu'un qui eût un semblant d'intérêt quant à ce que je cachais. Cependant, c'était un inconnu ; quelqu'un que je ne connaissais pas, avec qui je n'avais échangé que quelques mots. Peut-être sa curiosité était-elle feinte, peut-être voulait-il savoir dans l'intérêt seul de savoir. Pourtant, une curieuse lueur d'innocence et de compassion brillait dans ses yeux, et je sentais que je pouvais lui faire confiance. N'importe quelle personne saine d'esprit me prendrait pour une irresponsable imprudente, et pourtant …


« Méfie-toi comme tu le fais toujours, au lieu de lui faire confiance aveuglément ! » me diraient-ils tous, probablement.

Mais peu importait.

Malgré quelques bribes de sérénité qui commençaient à se réinstaller, mon cœur s'agitait toujours dans ma poitrine, cognant jusqu'à l'extrême, sans que je puisse en calmer ses battements saccadés et incessants. Mon souffle haché trahissait le paroxysme de mon angoisse, toujours présente, malgré mes vaines tentatives pour me ramener au calme ; rien ne semblait pouvoir me rasséréner devant lui. Il avait beau être quelqu'un de tout à fait normal à l'apparence identique à la Sienne, je ne pouvais persuader mes réflexes qu'Il était bel et bien mort.


« Quelqu'un qui n'a pas l'air de vous inspirer une grande confiance... » dit-il avec une curiosité apparente.

Comment quelqu'un pourrait-il confiance à celui qui ruinât votre vie quelques années auparavant.
Comment continuer à marcher sans vaciller avec de tels souvenirs ?
Comment passer outre tout ceci et se relever comme si rien ne se fût jamais passé ?
Je ne le pouvais. Et tout mon comportement le trahissait. Quelqu'un qui lui ressemblait me troublait jusqu'à l'extrême, et ma vue s'altérait jusqu'à occulter chaque différence qui pouvait m'empêcher de croire à sa résurrection. Pourtant, en regardant bien, plusieurs détails différant s'imposaient à mes yeux. Ses cheveux d'ébène ne portaient pas de reflets noirauds ; ses prunelles étaient d'un bel azur qui captivait le regard, contrairement à Ses lucifériens et flamboyants iris. Ses gestes étaient pleins de douceur et de retenue, je le voyais, alors que les Siens …


« Certes … »

Plus je le parlais, et plus mes phrases évasives semblaient attiser sa sollicitude. Je le sentais, je ne pourrais guère longtemps continuer à éluder ses questions implicites. Bien qu'il ne les formulât pas intelligiblement, je les entendais : « Que vous est-il arrivé ? » « Qui est cet individu ? » « Pourquoi avez-vous si peur ? ». Sans que des mots franchissent ses lèvres, je les devinais aisément à travers l'inquiétude filtrant son regard. Il ne me connaissait pas, ne m'avait jamais rencontrée auparavant, et pourtant mon état ne l'indifférait pas ; cet intérêt qu'il me portait à moi, parfaite inconnue, me touchait énormément. Sa candeur inspirait la confiance, et donnait l'envie irrépressible de tout lui avouer.

« Êtes-vous certaines que nous ne nous serions pas déjà rencontrés par le passé ? » me demanda-t-il soudain, intrigué.

Lui, non … Si seulement cela avait pu être lui à Sa place ... L'Histoire eut certainement pris un tournant différent si rien n'était arrivé. J'aurais ainsi pu connaître les joies et la sécurité d'une vie normale … Mais au fond, n'aimais-je cette vie trépidante remplie de voyage dont je jouissais ? Elle m'avait certes été octroyée suite à un rapt, un viol, un meurtre, mais elle m'avait permis de rencontrer tant de gens à qui je n'aurais probablement jamais parlé si j'étais restée chez nous …

Il ne servait à rien de ressasser un passé que je voudrais pourtant changer, ni un futur auquel je n'aurais jamais accès et que je ne pourrai vivre auprès de ceux que j'aimais, qui reposaient désormais sous un champ immaculé de marguerites ; en cette saison, ces demoiselles montraient doucement leurs pétales d'albâtre, et bientôt j'irai à nouveau ponctuer la pierre gelée de chaleureuses chrysanthèmes, symbole de l'éternité. Chaque année, à l'anniversaire de leur mort, je revenais, les bras chargés de six bouquets aux couleurs chatoyantes ; souvent, une jacinthe pourpre, symbole de mort, rejoignaient les premières, innocemment. Toujours, je gardais les mêmes pensées en tête.
« Bientôt, je vous rejoindrai. ».

Reportant mon regard sur le visage régulier du jeune homme qui me faisait face, je vis sa curiosité grandissante devant mon mutisme. A la fois, je voulais tout lui révéler, lui qui semblait me comprendre ; à la fois, je ne pouvais me résoudre à me mettre à nu devant un inconnu. Ma réponse, cette fois, se fit légèrement plus précise.


« Il ne me semble pas … Vous … Vous ressemblez tellement à quelqu'un d'autre … »

De nouveau, je marquai une légère pause. Pourquoi ne pouvais-je enchaîner plus de deux phrases devant lui ? Son apparence me troublait-elle autant ? Pourtant, j'étais désormais persuadée que ce n'était pas lui ; ce ne pouvait être lui. Focalisée sur les divergences qui les différenciaient, j'avais à présent réussi à calmer mon rythme cardiaque, désormais revenu à une cadence normale ; le carmin ne semblait toutefois pas vouloir quitter mes joues, qui crépitaient sous ma gêne.
Soudain, il me vint une idée. Une simple pensée, qui traversa fugacement mon esprit. Peut-être mon étrange comportement lui avait-il fait se poser des questions ? Peut-être pensait-il avoir quelque chose à se reprocher à mon propos, bien qu'il ne m'ait jamais rencontrée ? Prise de doute, j'ajoutai précipitamment, détournant les yeux :


« Mais vous n'y êtes pour rien ! Je veux dire … Ce n'est que pure coïncidence s'Il vous ressemble … Vous n'avez rien à voir avec lui … Vous êtes totalement différent … Vous n'êtes ni … violent, ni … haineux, ni … rien de tout cela … »

[J'ai une de ces tendances à dériver quand j'écris ... xD]
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Ashrand
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   [DP] Lorsque des réminiscences du passé refont surface ... (pv Ashrand) (terminé) EmptySam 26 Nov - 7:01

Ce que lui répondit la demoiselle ne fit qu'aider Ashrand à se poser davantage de questions. C'était déjà mieux que les phrases plutôt vagues qu'elle lui avait offertes depuis le début mais ce n'était pas clair à souhait pour autant et le jeune homme se conforta dans son idée que quelque chose n'allait vraiment pas pour elle. Traquée, menacée, inquiétée ou quoi que ce soit d'autre, la seule chose dont il était certain c'était qu'elle se sentait menacée, mais il ne savait pas quelle était la source de ce sentiment. Dans tout les cas, ce n'était pas lui, il l'avait deviné grâce à son sixième sens, captant les diverses émotions par lesquelles passait cette inconnue. Ainsi, cette angoisse émanant d'elle diminua un peu lorsqu'elle lui affirma que jamais ils ne s'étaient croisés auparavant, ce dont le Cydien se doutait en fait. Le gladiateur n'était après tout pas le genre d'homme qui irait traumatiser quelqu'un de la sorte et quand bien même cela se passerait, il n'oublierait pas l'affront qu'il aurait fait de sitôt !
Pas encore totalement rassuré pour la sécurité de sa jeune interlocutrice, le brun s'alarma plus encore quand elle termina sa phrase. Si lui n'était pas de nature violente dans sa vie quotidienne – son métier l'obligeait parfois à l'être – et si la haine était un sentiment qu'il connaissait à peine pour ne l'avoir ressenti qu'à quelques très rares occasions, si lointaines qu'il ne s'en souvenait même pas, la réponse de la dame lui indiquait qu'elle avait rencontré une personne agressive et malveillante qui, accessoirement, devait présenter quelques similitudes physiques avec l'Ancien Soumis. Beaucoup ne se seraient probablement pas inquiétés de la savoir dans une telle situation mais pas lui. En tant que potentiel futur Templier ou même en tant qu'être humain, il ne pouvait tout simplement pas faire comme s'il n'avait rien vu, rien entendu et rien perçu de sa silencieuse détresse .
Au risque de passer pour quelqu'un se mêlant de ce qui ne le regarde pas, Ashrand posa une main sur l'épaule de la jeune femme aux cheveux d'ébène et lui posa la question qu'il avait en tête, son geste se voulant aussi sécurisant que possible.


« Quelqu'un vous veut du mal ? » demanda-t-il avec une intention des plus louables.

Et c'est précisément à ce moment là que se produisit quelque chose d'inattendu dans la tête du garçon. L'espace d'une seconde, l'image peu nette d'une scène qui lui était inconnue lui apparut. Cela n'avait duré que le temps d'un battement de paupières mais ça s'était suffisamment imprimé dans sa tête avant qu'il ne sursaute et recule que pour se souvenir des plus gros détails.


« Oh... »

Ce fut le seul bruit qui s'échappa de ses lèvres, consterné par ce qu'il avait cru voir mais ne comprenait pas. Sa très brève vision lui avait révélé un homme ressemblant très fortement à Ashrand et ce à tel point que ce dernier n'aurait pas été étonné qu'il s'agisse bien de lui-même, et cet homme commettait un acte que le Cydien parvint à associer avec l'angoisse de la jeune femme. Encore un peu secoué par cette image, il comprit la raison de sa vision, ce pourquoi une chose qui aurait pu n'être qu'une hallucination ou ses propres pensées qui s'égaraient lui était apparue mais surtout, il apprit qu'il n'avait pas rêvé, que tout ceci était bien réel.
En posant une main qui pourtant se voulait bienveillante sur son épaule, le gladiateur avait finalisé ce qui s'était déjà mis en marche en lui. Plus encore qu'il ne le soupçonnait, il s'inquiétait pour cette jeune femme et sans doutes était à cause de cela qu'il s'était introduit dans la conscience de la demoiselle, geste malgré tout involontaire. Il avait déjà fait l'expérience de cette facette de l'Esprit à Ankdor et une fois à Muria. Certains appelleraient ça lire dans les pensées mais la vérité était bien loin. En fait, le Sensible pouvait parvenir à se saisir de la plus forte pensée d'autrui lorsqu'un contact physique s'établissait, ceci se produisait généralement quand l'autre était consentant et souvent elle se concentrait afin d'améliorer la netteté de la vision mais cette fois-ci, il semblait que ce soit un traumatisme si profond chez cette douce inconnue pour qu'Ashrand le perçoive ainsi. Peut-être était-ce aussi sa précédente question qui l'avait amenée à se remémorer cette scène, que lorsqu'il lui avait demandé si quelqu'un cherchait à lui nuire, elle ait visualisé cela, qui sait ? Enfin, quelle qu'en soit la raison, le Cydien avait distingué ce qu'elle cachait, malgré une précision très discutable. Il aurait préféré éviter cette vision mais il désirait tellement lui venir en aide qu'inconsciemment il s'était introduit dans le sanctuaire de ses pensées...

Plus encore, il se posait davantage de questions depuis : elle avait plus que certainement été violentée par un homme mais pourquoi avoir songé à Ashrand, en admettant que ce soit lui, à moins qu'ils soient réellement deux personnes distinctes mais se ressemblant très fortement comme elle l'avait dit ? Après tout, l'image était trop brouillée pour remarquer les différences entre ces deux sosies. L'Esprit se trouvait être une arme puissante, preuve absolue était ce qui venait de se dérouler ; il aurait tout intérêt à maîtriser davantage ses émotions à l'avenir, sans quoi elles prendraient une nouvelle fois le dessus sur sa raison...
L'ex-captif ne comprenait pas, quelque chose lui échappait dans tout ça. Serait-ce elle qui ne tournait pas rond dans sa tête à tout hasard ? Ashrand était déboussolé par ce qu'il avait vu, il ne savait que croire, aussi se risqua-t-il à demander directement à l'intéressée


« Je.... » commença-t-il le ton empreint d'hésitation, « Que s'est-il passé ce jour-là ? En avez-vous parlé à quelqu'un, au moins ? »

Le brun préférait que la demoiselle ignore ce qu'il avait vu, ne souhaitant pas être pris pour un voyeur, mais ses paroles venaient de trahir le fait qu'il en savait plus qu'il ne l'avait dit. Toutefois, il était tout sauf sûr de détenir la vérité alors il préférait tenter de tirer cette affaire au clair mais il ne semblait cependant pas se rendre compte qu'il était probablement difficile pour quiconque de parler de ces choses là, qui plus est à un inconnu. Il souhaitait bien entendu faire la lumière sur cet événement qui le troublait beaucoup – qui ne le serait pas après avoir vu ça ? – mais cette envie était insignifiante comparée à sa volonté de venir en aider à cette jeune femme
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Faelin
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   [DP] Lorsque des réminiscences du passé refont surface ... (pv Ashrand) (terminé) EmptyLun 26 Déc - 18:25

« … »

Mon sang se figea dans mes veines. Mon cœur s'arrêta de battre. Des gouttes de sueur froide coulèrent le long de mes tempes. Ma main droite qui serrait nerveusement mon autre bras se contracta brusquement. Mes yeux s'écarquillèrent de stupeur, mais mon regard toujours baissé n'osait regarder le jeune homme en face, et s'obstinait à fixer les pavés. Mes traits jusqu'alors détendus malgré mon agitation se crispèrent en un sourire sans joie. Aucun mot ne pourrait décrire l'effroi qui me saisit à cet instant ; un effroi glacé et brûlant, qui me mordit le corps, pervers et cuisant. Frissonnante, j'avais vu les couleurs abandonner mon visage ; une pâleur sans nom s'était installée sur mon teint, guère différent de celui qu'un corps sans vie arborerait.
Qui était-il ?
Comment savait-il ? Par quel miracle, ou devrais-je dire malédiction, savait-il ? Comment avait-il pu savoir ce détail ? Ses mots ne mentaient pas ; ils trahissaient clairement qu'il savait quelque chose. Quelque chose qu'il n'était pas censé savoir. Il venait de se vendre, et de révéler qu'il savait. Mais comment ?... Perspicacité ? Je ne pouvais le croire. Le faible
« Oh … » qu'il avait émis en me touchant m'indiquait de manière sûr qu'à cet instant précis, qu'à ce contact dérisoire, quelque chose avait réagi. Avait-il réussi à lire en moi ? Avait-il perçu quelque réminiscence à laquelle je m'étais mise à repenser trop ardemment ? Les souvenirs prennent si facilement le contrôle d'un esprit …

« Vous … »

Ce jeune homme possédait un pouvoir ; le pouvoir puissant de lire dans les pensées et les sentiments d'autrui, d'en déchiffrer leur complexité. J'eux un rire nerveux ; c'était un pouvoir ô combien connu en ces terres, admiré et redouté, si dur à maîtriser. Comment n'avais-je pu y penser ? Le brun était un détenteur de l'Esprit, cela ne faisait aucun doute. Cette révélation n'agrandit néanmoins pas ma confiance en lui, bien au contraire …
Je me dégageai brusquement, soudain prise d'un besoin violent de distance. Le fait qu'il pût lire dans mes pensées n'était guère pour me rassurer, et je ne pouvais m'empêcher de me sentir mal à l'aise. Son don lui octroyait le pouvoir de déchiffrer ce que je portais en moi, de retrouver la clé perdue qui ouvrirait mes secrets farouchement gardés depuis tant d'années, et lui ouvrirait ainsi toutes les portes qui pouvaient lui permettre de me contrôler par le biais de mes émotions. Les plus puissants étaient ceux qui comprenaient la psychologie des autres dans ses moindres détails, et s'en servaient pour manipuler, j'en étais parfaitement consciente.
Entre peur et confiance, j'hésitais. Mon cœur et ma raison se disputaient à nouveau violemment ma décision, et aucun d'eux ne s'abandonnait à la défaite. Mon cœur cognait dans ma poitrine, hachant mon souffle rauque, apportant le carmin à mes joues. Détenteur de l'Esprit, il serait encore plus apte à comprendre les mécanismes de ce poison sinueux, qui me brûlait de l'intérieur, tel les flammes de l'Enfer léchant et tourmentant éternellement ses suppliciés. Mais peut-être cette conciliation ne cachait-elle qu'une envie d'étudier mon cas plus rare et plus complexe ? Comment pouvais-je en être sûre ? Pouvais-je lui faire confiance ?

Un énième silence s'installa entre nous. Autour de nos deux corps, la vie continuait son cours tranquille, amenant quelque badaud sur les pavés environnants, faisant chanter quelque merle égaré, soufflant les feuilles orphelines dormant paisiblement sur les parvis. Cependant, à mes yeux, le temps avait suspendu son cours intarissable. Les passants n'étaient plus que de sombres silhouettes indistinctes, se mouvant sinueusement le long des murs salis par le temps. La vie s'était parée d'un mutisme silencieux, noyé dans le flot de souvenirs qui revenaient pourrir mes pensées.
Ma confiance aveugle me perdrait.
Je repris la main du jeune homme, qui dut à n'en pas douter être dérouté par mon geste, et la reposai sur mon épaule. Puisqu'il semblait soucieux et enclin à savoir, j'allais lui donner des réponses à ses questions. Je n'attendais pas de pitié ni de compassion, juste qu'il m'écoutât jusqu'à la toute fin de cette misérable histoire. Je n'espérais plus pouvoir me libérer de tout ce venin de quelque manière que ce soit, mais je portais tout ceci depuis bien trop longtemps.


*Je suis désolée que cela soit tombé sur toi … Tu vas devoir subir les dires d'une pauvre folle rongée par le désespoir …*

Je le plaignais, sincèrement.
Cette histoire improbable serait bien longue à raconter ; seuls des mots bien choisis pourraient retranscrire avec justesse mon exact sentiment. Mais les visions et les sensations sont plus poignantes que de simples mots, ne croyez-vous pas ?


Une jeune femme. Un jeune homme. De la peur ; une envie malsain et perverse. Un esprit malade et fou, un esprit clairvoyant bien qu'impuissant. Un lieu sombre, qui semble si enclin à être le théâtre d'évènements sordides. Une forêt profonde de conifères touffus, à l'image de celui qui y habite : hostile, menaçante. Effrayante. Des liens. Des supplications. Des pleurs. Un sourire carnassier. Des pas. Un mouvement de recul, entravé par des chaînes. Un rire moqueur. Du tissu arraché. De la violence.
Une douleur vive. Saillante. Profonde.
Des cris de douleur. De la satisfaction. Des appels à l'aide. Des menaces. De la torture.
Un accès de colère.
Puis le noir.


Du verre brisé. Une voix rocailleuse, tonnante. Une voix claire, effacée. Quelques voix graves, consignées dans leurs chambres. Des larmes amères. Une voix cristalline, mourante. Un corps meurtri. Des yeux implorants. Des prunelles dures, implacables. Un ton ferme, presque violent.
Un abandon.
Un poing qui frappe le battant d'une porte. Une fuite. Des sabots qui s'en vont au loin.
Des pleurs intarissables. Une vie brisée.
Puis le noir.


Je ne pus retenir mes larmes. Voilà bien longtemps que je ne m'étais remémoré l'intégralité de Ҫa. La tête me tournait. J'avais atteint la limite de mes nerfs et de mes forces.

« Maintenant, oui. »

[Rappel : Ecrit à 5h du mat', so ne pas tenir compte du style plus qu'improbable xD]
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Ashrand
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Re: [DP] Lorsque des réminiscences du passé refont surface ... (pv Ashrand) (terminé)
   [DP] Lorsque des réminiscences du passé refont surface ... (pv Ashrand) (terminé) EmptySam 31 Déc - 1:04

Les secondes passèrent sans qu'aucun des deux n'ose briser ce silence, ce mutisme gêné qui s'était installé entre eux. Lui venait de poser une question dont la discrétion était très discutable et à présent, la chasseresse subissait les conséquences d'un couteau remué dans la plaie. Ce même couteau qui avait creusé une profonde lacération dans le cœur de la jeune femme et que le gladiateur venait à l'instant d'enfoncer un peu plus en demandant de lui conter sa mésaventures. Il venait inopinément de s'introduire et d'extirper de sa tête un souvenir qu'elle aurait assurément voulu oublier. Pire, sa seule présence ouvrait de nouveau les blessures que lui avaient laissé cet homme odieux qui lui ressemblait tant, à un point qu'on eusse cru qu'il s'agisse là de jumeaux mais non, Ashrand ne connaissait ce criminel ni d'Adam ni d’Ève. Il comprenait cependant la réaction de son interlocutrice, maintenant qu'il avait constaté la ressemblance existant entre eux deux et il en voulait au destin de torturer ainsi une pauvre femme qui n'avait rien demandé à personne en la confrontant à cette triste ironie du sort...

Il aurait probablement mieux fait de ne jamais poser sa main sur son épaule, cette main qui avait établi le lien qu'avait inconsciemment utilisé Ashrand afin de ses promener parmi les pensées de la demoiselle.
Ses doigts féminins se posèrent sur les siens, puis elle guida sa main là où lui l'avait posée quelques secondes auparavant. Que souhaitait-elle ? Était-elle seulement au courant de ce qu'avait fait le jeune homme juste avant ? Il semblait, oui, elle paraissait savoir ce qu'elle faisait. Il était même possible qu'elle ait percé à jour son petit secret, qu'il possèdait l'Esprit et que depuis le début de leur rencontre, il n'arrêtait pas de sonder ses sentiments à son insu. Mais il ne s'était pas arrêté là, il avait même osé entrer dans le jardin secret de la chasseresse, chose dont il aurait voulu être puni tant sa propre curiosité le dégoûtait parfois. Sauf qu'elle ne semblait pas l'entendre de cette oreille, elle voulait... l'inciter à continuer ?
Ce n'est qu'au moment où il comprit que la brune allait lui livrer ce qu'elle gardait au plus profond d'elle-même que le garçon referma doucement ses doigts sur l'épaule de la demoiselle, signe qu'il avait compris le message. Ils n'avaient eu besoin de se parler pour se comprendre, tout s'était joué par le biais d'un regard, d'un geste, ... D'un autre côté, l'Ancien Soumis craignait d'user à nouveau de son don : il n'en avait vu que très peu durant sa première vision mais maintenant qu'elle allait lui donner les clés de son passé, qui sait quelles atrocités il découvrirait ? Un sourire mal assuré et il ferma les yeux pour plonger dans un passé torturé.

Aucun mot n'existait pour décrire exactement ce qu'il vivait à l'instant. Une succession de scènes, d'images mais aussi d'émotions car oui, l'empathie lui faisait ressentir la même chose que la jeune femme à mesure qu'elle se remémorait les événements, et tout cela lui faisait ressentir un malaise indescriptible, mélange de dégoût et de terreur. L’Enfer, ça ne pouvait porter d'autre nom que celui-ci. Ashrand la plaignait vraiment d'avoir eu à vivre tout ça, il n'en ressentait probablement qu'une moindre partie, cela avait dû être bien pire pour elle à ce moment, mais il en vit suffisamment pour comprendre la réaction qu'elle avait eue lors de leur rencontre.
Et comme si cela n'avait pas suffit, comme si elle n'avait pas déjà enduré suffisamment de souffrances, la chasseresse n'avait reçu aucun soutien de la part de sa famille. Cet épisode de sa vie n'était pas clair mais le garçon avait distingué cela en plus de sa fuite.
D'une part, le Cydien souhaitait mettre fin à la vision, couper le contact empathique car il estimait en avoir vu beaucoup trop mais d'un autre côté, la satisfaction malsaine d'une curiosité assouvie l'incitait à continuer, de même qu'en vivant toute la scène, il trouverait peut-être un moyen de lui venir en aide. Ainsi, le gladiateur laissa son être s'abreuver du pus suintant hors de la blessure laissée par le tortionnaire, jusqu'à ce que la belle ait montré l'étendue de sa cicatrice.

Ses paupières s'ouvrirent lentement et Ashrand retira sa main tremblante de l'épaule de la jeune femme. Son cœur lui paraissait battre trop vite ; il avait beau se dire que ce n'était qu'une vision, le fait était que cette expérience l'avait marqué. Cette incursion dans ses pensées, avoir perçut l'horrible scène comme s'il la vivait lui-même, ... tout ça laissait une sensation vraiment désagréable, un malaise qui s'était ancré en lui. En attendant, les larmes souillaient le visage de son interlocutrice.
Il ne savait pas quoi lui dire, quelles paroles formuler afin de la rassurer. Bien entendu, le brun désirait lui venir en aide, de quelque façon que ce soit mais rien ne venait. Il était affligé par ce qu'elle avait eu à subir et ça se voyait. La consoler ne serait pas chose aisée, surtout pour quelqu'un comme lui qui utilisait les mots de façon bien trop maladroite que pour être réconfortants. Sans doute sa seule disparition constituerait un soulagement pour elle, qui arrêterait de se torturer par la même occasion.

Doucement, ses bras se refermèrent autour de la silhouette en pleurs. Elle semblait tellement fragile à présent... Cette étreinte qui se voulait aussi chaleureuse que possible ne servirait sans doutes pas à grand chose mais au moins marquait-elle le soutien du jeune homme, soutien qui lui avait cruellement fait défaut après le drame. Sa famille l'avait obligé à s'enfuir loin de chez elle dans ce moment où c'était ce dont elle avait le plus besoin. De plus, puisqu'elle semblait n'en avoir jamais parlé à quiconque jusqu'à cette après-midi, Ashrand était-il donc le premier à montrer de la compassion pour ce petit bout de femmes qui n'en avait pas vu que de belles durant sa jeunesse ?


« C'est fini, il ne reviendra plus ; vous avez fait ce qui s'imposait »


Lui et sa nature calme ne cautionnaient pas le meurtre, ce n'était que l'ultime recours, le dernier moyen en notre possession pour défendre notre vie ou ceux qu'on aimait et justement, là, il s'agissait d'une situation grave. La façon dont elle avait agi était justifiée et même Ashrand aurait juré ne pas avoir agi différemment s'il s'était alors trouvé à sa place. Il haïssait cet homme pour ce qu'il avait fait mais surtout pour avoir détruit cette jeune femme.
Le gladiateur la laissa pleurer dans ses bras afin qu'elle se soulage de tout ce qu'elle avait gardé pour elle. Elle devait évacuer ce surplus d'émotions et il la laissa faire, avant de proposer :


« Marchons un peu, d'accord ? »

Il savait à quel point pleurer pouvait aider à soigner les blessures mais il savait aussi que demeurer dans le cercle des larmes empêchait les gens de réagir, qui s'enfonçaient et se torturaient alors davantage qu'il ne le fallait. Aussi voulait-il que la chasseresse se change un peu les idées maintenant...


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