Azthia

Ô, petite flamme qui guide chaque cité d'Azthia, surtout ne vacille pas. Car les temps sont bien embrumés et un vent d'inquiétude souffle... Laissez vous tenter par un univers poétique et fantastique, créez un personnage haut en couleurs...
 
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 [DP] Prince et princesses (pv Jelenna) (fini)

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Reine Amazone
Eléa
Eléa
Féminin Nombre de messages : 5382
Âge : 34
Race et âge : Cydienne - 31 ans
Cité : Muria
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Compétences bonus: Manipulation du feu, dressage d'une bête, Spécialisation (rapière)
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[DP] Prince et princesses (pv Jelenna) (fini)
   [DP] Prince et princesses (pv Jelenna) (fini) EmptyMer 9 Nov - 12:12

Je n'avais jamais cru au destin.
Pour moi, le destin c'était surtout un mot pour les pleurnichards qui se cherchent des excuses à longueur de journées. Dans la vie, il y avait ceux qui faisaient tout pour s'en sortir, et ceux qui cherchaient à rejeter la faute sur le voisin sous prétexte qu'eux étaient trop parfaits pour que ce soit la leur ! Je détestais ce genre de personnes, pire que tout, je les avais en horreur. Tous pensaient sans doutes qu'être princesse était super sympa, petits plats, belles godasses et compagnie, mais que savaient-ils au fond de notre vie ?

Jelenna avait été enlevée et torturée.
Mère et moi avions du mener une bataille pour la sauver. Elle en bafouant à jamais son honneur pour s'allier aux Cydiens et moi, en tuant alors que je m'étais juré de ne le faire qu'en dernier recours. Sentir la mort s'insinuer dans un corps de son propre fait était la pire chose qu'un être humain pouvait ressentir selon moi. Je ne prenais aucun plaisir à tuer, aucun et pourtant, combien d'Erathiens avaient péri sous ma lame ? Qui avait du lancer l'assaut en sachant que certaines ne reviendraient pas ? Qu'elles ne pourraient pas serrer les corps tant aimés pour avoir obéi à leur reine, à leur princesse … pour sauver une petite fille de la mort, combien avaient péri sous nos ordres ?
Tiens, si on parlait du fait que ma mère avait du me marier à un Capitaine Elfique dont la bâtarde jouissait désormais des soit disant privilèges de princesses elle aussi ? Hors de cette cité, que serait devenue ma fille mise à part une bâtarde justement !
Etre princesse n'est pas comme dans les contes. Peut-être dans d'autres cités, mais pas ici, pas dans celle des femmes libres. Cela incombe des devoirs, des responsabilités, un protocole à la con à apprendre, des ordres difficiles à donner, des décisions délicates à prendre, une politique à gérer, une cité à faire vivre … une famille à aimer. Tous semblaient oublier qui ils avaient vraiment en face d'eux, non pas une princesse, mais une femme. Politicienne pour deux sous, guerrière, prête à tout pour les siens et sa cité, voilà ce que j'étais. Prête à tout pour les miens.

Pour Lùkha.
Car on oubliait souvent ce détail. Qui allait payer pour ce qu'on lui avait fait ? La vengeance des petits peuples ne suffit pas. Avoir vu ces hommes mourir pour avoir touché à mon petit frère ne suffisait pas à lui rendre ses jambes. A lui rendre sa liberté.
Alors ils sont où les avantages d'être une reine ? D'être une princesse ? Ils vont fermer leur gueule un peu oui ?
Je suis prête à tout pour lui. Mon royaume pour lui. J'aurais brulé Muria pour Jelenna, j'offrirais jusqu'à mon propre corps pour sauver Lùkha du funeste destin qui l'attend. Qui veillera sur lui une fois le baiser de la mort venu nous prendre ? Les Amazones ? Ses sœurs ? Alors, ils sont où vos putains de privilèges ? Parce que moi aussi j'aimerai les avoir …

J'étais sortie de la chambre en retenant mes larmes difficilement.
Plus je passais du temps avec lui, plus je comprenais à quel point il était malheureux. J'avais beau fermer mon Esprit chaque fois que j'entrais pour sa séance quotidienne, la tristesse se lisait dans ses yeux, transpirait dans chacune de ses paroles, dans chacun de ses gestes. Ils avaient brisé le petit prince.
J'en ferais un roi coûte que coûte.
Le roi de ce qu'il voulait, le prince de tout, tant qu'un sourire animait ses traits …
Chaque jour était une histoire sans fin pour lui, si la douleur s'était apaisée au fil des mois, les sensations n'étaient pas revenues et nulle médecin de Muria n'avait su le soigner, pas même Jacen y était parvenu … Alors Lùkha vivait certes, mais prisonnier d'un corps d'enfant qui ne demandait qu'à courir, à vivre. J'avais décidé de soulager ma mère de son poids, pour le bien de la cité ? Non, juste parce que je me sentais responsable et plus que tout, parce que je m'étais rendue compte à l'idée de le perdre que je l'aimais. C'était stupide mais ce petit bout de chose, seul garçon de la famille, était la chose la plus précieuse que j'avais avec Jelenna et ma fille. J'aurais tout donné pour eux. Chaque jour, je le forçais à bouger ses jambes, si l'exercice le faisait souffrir, je parvenais de mieux en mieux à comprendre la douleur et à la soigner en continu même si j'étais encore incapable de le soigner totalement et de lui rendre sa liberté.


« Dors bien » avais-je murmuré ce jour-là en le quittant tandis que le sommeil faisait retomber ses paupières.

Incapable de penser à autre chose qu'à lui, qu'à ces crevards qui l'avaient mis dans cet état, je décidais de ne pas tout de suite rentrer et de faire un tour. Étrangement, ce fut la petite bibliothèque de ma mère qui m'attira et, en fermant la porte derrière moi, je m'affalais littéralement dans un des fauteuils de la pièce. Accablée par mes pensées négatives, je n'avais même pas entendu Jelenna entrer.


Dernière édition par Eléa le Jeu 15 Mar - 12:18, édité 1 fois
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Réincar Diane
Jelenna
Jelenna
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Re: [DP] Prince et princesses (pv Jelenna) (fini)
   [DP] Prince et princesses (pv Jelenna) (fini) EmptyDim 13 Nov - 14:50

Eléa souffrait.
Les derniers mois avait vu son état psychique empirer chaque fois qu'elle entrait et sortait de la chambre de leur petit frère. La jeune femme se montrait forte pour tout le monde, assurant à elle seule la majeure partie de la rééducation de l'enfant bien que cette dernière soit totalement vaine jusque là. Tout au plus la princesse Amazone avait-elle pu éviter que les os ne se décalcifient ou encore, que les muscles s'atrophient. Le reste demeurait au même stade, Lùkha ne pourrait plus marcher, plus jamais.

Jamais.
Ce mot était si douloureux dans ses propres oreilles qu'elle imaginait à peine ce que cela devait être dans celle de son jeune frère. Il n'aurait jamais vraiment connu la liberté de courir et de voguer de son propre chef vers d'autres horizons … Si Eléa n'était pas le meilleur médecin en soit à Muria, elle était l'une des plus douée, sans parler de Jacen en qui toute la famille avait placée ses espoirs mais le poison avait détruit les liaisons nerveuses de la jambe du petit et personne n'était jusque là capable de le soigner …
Alors petit à petit, malgré ses sourires encourageant, malgré sa bonne humeur et sa bonne figure chaque fois que Philéa demandait de ses nouvelles ou qu'une Amazone cherchant à se montrer sincèrement compatissante le faisait, Eléa souriait, mentait en disant que le traitement et les efforts du petit garçon amenaient des progrès discrets mais existant …

Eléa souffrait en silence pour le bien de tous, parce que le petit avait besoin d'espoir.
Mais elle, qui lui donnerait l'espoir ?


« Eléa ? » souffla à demi-mot la petite fille en refermant silencieusement la porte de la petite bibliothèque.

Eléa était si perturbée qu'elle n'avait pas pris la peine de fermer son Esprit au monde extérieur dans cette petite pièce et si seule la petite Jelenna et son père avaient le don de lire ses sentiments à Muria, et que le père en question était absent, cela ne changeait rien, la princesse héritière était triste … Personne ne pouvait s'en rendre compte, d'autant qu'Eléa fermait toute la journée son Esprit et lorsqu'elle l'oubliait en présence des autres, elle était passée maîtresse dans l'art du camouflage … Ses pensées comme ses sentiments étaient scellés si souvent qu'elle parvenait à les mettre de côté, seul sa fatigue avait du jouer en faveur de Jelenna qui, cette fois, avait une preuve du mal-être de son aînée. Et dire qu'elle allait en rajouter une couche …
Eléa était la fierté incarnée, lui dire qu'elle savait tout de son état n'allait pas lui plaire. D'autant qu'à la base, Jelenna la cherchait pour une tout autre chose … Maintenant qu'elle avait passé un pe de temps au Temple, la jeune pré-adolescente avait choisi de demander à Jiven de la confier à Asora car le directeur du Temple lui avait donné la possibilité de choisir qui, de son père ou de la demoiselle, serait le plus apte à la former. Jelenna aimait profondément son père mais savait qu'Asora était celle que le destin avait mis sur son chemin pour la former, aussi, elle souhaitait l'avis de son aînée sur la question quant à son choix bien qu'il soit arrêté et qu'elle doutes de l'objectivité d'Eléa au sujet de l'Astorg et pour finir, elle cherchait la réponse à sa question … comment ne pas vexer son père ? Comment lui faire comprendre qu'elle ne lui préférait pas sa jeune apprentie ?


« Eléa ? »
répéta-t-elle un peu plus fort, ne voyant aucune réaction chez la jeune femme.

La petite fille vint s’asseoir à côté d'elle et, comme lorsqu'elle était une toute petite donzelle de quatre ou cinq ans, elle posa sa tête avec douceur sur les genoux de sa sœur. La main de cette dernière ne tarda pas à machinalement caresser ses cheveux tandis que la petite reprenait dans un souffle :


« Eléa, tu n'es pas seule », elle hésita à poursuivre mais s'y contraint, « Je suis aussi sa sœur, je peux comprendre, ne porte pas ce fardeau seule. »

Jelenna hésitait sur chacun des mots qu'elle employait et se sentit misérable lorsqu'elle sentit la main de sa sœur aînée se crisper l'espace d'une seconde et son Esprit se fermer totalement, hermétique à la moindre pensée, au moindre sentiment. « Fardeau », le mot était mal choisi, la petite fille s'en serait mordu les doigts si elle l'avait pu d'avoir osé prononcer un tel mot en parlant de son jeune frère ! Mais avant qu'elle ai pu dire quoi que ce soit, Eléa avait déjà réagi au quart de tour d'un ton détaché et froid qu'elle ne l'avait jamais entendu prononcer à son égard :

« Fardeau ? Tu considères Lùkha comme un fardeau ? »

Jelenna s'en voulut aussitôt, prête à tout pour revenir dans le passé pour rattraper son erreur.

« Non »
s'entendit-elle répondre abruptement.

La petite fille avait relevé la tête machinalement et, plongeant son regard dans celui de la princesse héritière, elle répéta d'un ton clair et détaché :


« Non, Lùkha ne sera jamais un fardeau, il est notre frère. Simplement, tu supportes seule sa maladie, que fais-tu de moi ? Me prends-tu toi aussi pour un fardeau ? »


Le ton s'était fait blessant sans qu'elle ne sache vraiment pourquoi. Peut-être qu'au fond, Eléa cherchait à la protéger, comme toujours, mais qui la protégeait elle ? Qui veillait sur elle, sur sa santé, sur son bonheur ?

« Pourquoi devrions-nous être heureux sans toi ? »

L'accusation était lourde de sens aussi la petite fille reprit-elle plus calmement :

« Eléa, tu ne fais pas illusion. Partage ta peine, je suis ta sœur et je t'aime, je pourrais toujours tout te pardonner. Cela a toujours fonctionné comme ça entre nous, tu te souviens ? »

Elle sourit timidement.
Elle était le calme dans la tempête qu'était Eléa.
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Re: [DP] Prince et princesses (pv Jelenna) (fini)
   [DP] Prince et princesses (pv Jelenna) (fini) EmptyMar 15 Nov - 12:01

La petite était entrée sans que je ne m'en aperçoive. En réalité, j'étais tellement préoccupée par mes pensées que le monde extérieur m'importait peu. De plus, je savais que j'aurais la paix dans la petite bibliothèque, chose peut-être qui m'avait fait oublier de vider mon Esprit ou tout du moins, d'en interdire l'accès à quiconque. Mes sombres pensées avaient du faire écho dans l'Esprit de Jelenna avec une telle force qu'elle n'avait sans doutes pas eut de mal à me trouver … Je n'avais pas entendu la petite entrer, en revanche, j'avais clairement entendu sa douce voix prononcer mon prénom sans pour autant réagir.
Je n'avais pas envie de lui répondre.
Aussi égoïste que cela puisse paraître vu la teneur de notre lien fraternel, je n'avais pas envie de parler à Jelenna à la minute même. J'avais avant tout besoin de me calmer, de recouvrer ce masque qui m'allait si bien et que je ne parvenais pas encore à revêtir là maintenant tout de suite. La seconde fois où elle m'appela fut suivi du même manque de réaction de ma part.

Je savais qu'elle était là parce qu'elle avait senti ma peine et plus ou moins mon trouble. Peu importait. Si elle était à même de comprendre, je n'avais en aucun cas envie de partager ma douleur avec elle. Pas encore.
Elle était trop petite, à peine un pied hors de l'enfance que je devrais l'accabler de problèmes d'adultes ? A peine poussée vers l'adolescence et sortie de sa peur de la solitude du fait de son enlèvement que je devrais la faire souffrir avec l'état inquiétant de notre frère ? Quelle pitoyable ainée je ferais en ce cas …

J'avais décidé de décharger Philéa du cas de notre frère, sachant pertinemment qu'elle ne demandait qu'à voir les progrès plutôt qu'à concevoir l'état de son fils unique comme étant potentiellement perdu. Plus les mois filaient et plus je savais qu'il serait un fardeau pour cette cité mais je taisais mes doutes, je taisais mes peurs et je continuais à faire semblant. Chaque jour je cherchais un moyen pour le sauver, pour faire de lui le petit prince de la cité des femmes libres. En vain. Mes efforts comme les siens n'apportaient rien de plus que de la déception sur ses traits et de la peine dissimulée tant bien que mal sur les miens. Les sourires encourageants avaient laissés leur place à la concentration mais toujours, chaque foutu jour qui passait, je voyais naitre cette même déception sur sa petite bouille de gamin …

Jelenna vint s'assoir à côté de moi et, comme lorsqu'elle était enfant et écoutait en silence les histoires de conquête et de liberté que je lui contais pour l'endormir ou que mère chantait, elle posa avec une douceur digne d'une princesse sa tête sur mes genoux. Cette sensation fit monter les larmes à mes yeux sans que je ne comprenne pourquoi. Etais-je devenue si sensible qu'un geste affectueux pourtant ordinaire me fasse chialer ? Machinalement, ma main se posa sur la chevelure d'or de la petite fille et la caressa.
Comme quand nous étions enfants …
Jelenna, de part sa seule présence, avait toujours tendance à toujours tout compliquer comme à toujours apaiser les gens. Sa personnalité, aux antipodes de la mienne, était douceur et complexité. La petite princesse bis n'était pas aussi simple à comprendre que les apparences le laissaient à penser … Sans parler de son don ! Sa maitrise de l'Esprit aurait sans doutes rendu jaloux les plus talentueux gamins de son âge voire même ses maitres … et le tir à l'arc … La gamine avait des dons que tous lui auraient volontiers enviés si elle n'avait pas été princesse et si douce et profondément gentille …

Sa voix ne manqua pas de me faire tressaillir, je savais ce qu'elle allait dire, mais je n'étais pas prête à l'entendre. Pas encore.
Jamais.
Pas même venant d'elle …

Elle était ma sœur. La petite chose innocente que je protégeais depuis tant d'années aujourd'hui … Le mot fardeau me fit l'effet d'un coup de poing.
Lùkha ? Un fardeau ? Elle parlait sérieusement ?


« Fardeau ? Tu considères Lùkha comme un fardeau ? »

Mes mots avaient traversés mes lèvres sans que je n'y prenne gare et j'avais machinalement fermé mon Esprit en réaction. Je regrettais presque instantanément ce que je venais de dire, surtout en entendant ma petite sœur s'excuser à sa façon et tenter de trouver les mots justes.

Un fardeau … Lùkha en était-il devenu un par la force des évènements ? Etait-il devenu un fardeau à cause de notre manque de vigilance ? De notre manque de pouvoir ? Etait-ce notre faute ? Celle du destin ? Celle des ces crevards qui goutaient aux joies de la terre froide des montagnes comme dernier tombeau ? Un fardeau …
En était-il devenu un par ma faute ?
Je ne pouvais m'empêcher de penser que Jelenna, aussi cruel soit le mot qu'elle eut choisi malgré elle, avait eut raison de l'employer. Voilà pourquoi je m'énervais, voilà pourquoi je réagissais si violemment … Parce qu'elle venait de dire tout haut ce que je pensais en mon for intérieur. Misérablement.

Le regard de la petite princesse bis se fit plus dur, plus sur de lui également, comme si elle cherchait à travers mes yeux à capter mon âme …

Le petit était notre frère … Elle était également ma petite sœur …
Ne comprenait-elle donc pas que certaines responsabilités incombait seulement aux adultes ? Qu'elle était trop jeune ? Que je la protégeais en agissant comme ça ? Elle croyait quoi ? Que c'était agréable de se sentir inutile ? Que c'était drôle de voir ce petit ange dépérir sans rien pouvoir faire d'autre que de l'encourager vainement dans une vie qui ne lui réservera que solitude et assistance ? Voulait-elle se sentir aussi misérable que moi à penser qu'il en devenait un fardeau ?


« Tu crois tout savoir ? » lâchais-je d'un ton abrupt.

« Tu n'es qu'une enfant, tu ne peux pas comprendre ! Pour toi, ce ne sont que des mots, des sensations que ton foutu don te permet de capter mais qu'en est-il de ceux qui le vivent ? »

Je n'avais pas envie de la blesser.
Je n'avais pas envie de m'énerver. Pas contre elle.
Alors qu'étais-je en train de faire ?


« Pourrais-tu seulement me pardonner de lui donner de faux espoirs ? D'avoir abandonné depuis longtemps … »

Les larmes montèrent et, une nouvelle fois, je les repoussais.
Je pris quelques secondes pour me reprendre, cherchant à évacuer la colère qu'il y avait en moi. Elle n'était dirigée vers Jelenna que parce qu'elle avait le don de mettre l'accent sur mes faiblesses malgré elle. Celle à qui j'en voulais n'étais autre que moi-même …


« Je suis l'adulte Jelenna, c'est à moi de vous protéger, pas l'inverse. Quelle piètre sœur ferais-je à me reposer sur toi ? J'ai failli te perdre une fois, je ne referais pas la même erreur. Si je ne fais pas illusion auprès de tes sens, tous ici pensent que tout va bien et les choses doivent en être ainsi. Papa et maman ont besoin de croire que tout va bien, Muria toute entière doit croire que le petit prince s'en remet. Pour le bien de Lùkha. Peu importe ma petite personne, c'est de son avenir dont il s'agit. Que diraient les Amazones si elles savaient qu'il sera un fardeau pour la cité, lui, un homme … Crois-tu sincèrement qu'elles accepteraient sa présence ? Lùkha a besoin qu'on le protège et ça, c'est mon rôle de sœur. Quand tu seras plus grande, tu comprendras. »

J'avais l'impression de me retrouver, quelques années plus tôt, dans la situation inverse. Mère me faisait la leçon et moi, à la place de Jelenna, je l'écoutais en silence … A l'époque, j'étais loin de me douter de tout ce qu'il se passerait dans ma foutue vie.

Face à la moue de l'enfant, force était de constater qu'elle ne lâcherait pas le morceau si facilement, pas aujourd'hui … Et je n'avais guère envie de m'énerver contre elle …


« Jel … serais-tu prête à me pardonner si je te disais que j'ai parfois songer à abréger ses souffrances ? »

Elle était le calme, la sagesse et la douceur.
J'étais l'ainée. Force, courage et responsabilités m'incombaient, y compris les plus basses. Si je n'avais jamais eut la force d'aller plus loin que cette pensée, je me sentais cependant misérable à l'idée de savoir qu'elle ai pu traverser mon esprit …

« Tu n'es qu'une enfant ... »

Je regardais ma petite sœur passait par toutes les couleurs de l'arc en ciel, visiblement choquée ou peut-être simplement attristée par ce que je venais de dire. Pourtant, ses yeux ne jugeaient pas, ses gestes ne trahissaient pas, son amour tout entier m'était dévolu, sa compassion, sa tendresse, son calme, elle m'offrait absolument tout ce qu'elle avait en sa possession … Comment avais-je pu douter un seul instant ?

« Il ne sera jamais un fardeau pour moi, il est notre sang » se contenta-t-elle de répondre en toute franchise.

Elle me sourit, prenant ma main dans la sienne.
Ce contact ne tarda pas à m'apaiser. Qui était l'ainée entre nous deux ? Je finissais par en douter …


« Tu n'as pas abandonné, tous les jours, tu es là pour lui, pour nous, tu n'as pas abandonné, mais tu refuses obstinément de partager ta douleur et c'est ta douleur qui demeure un fardeau. Ta culpabilité te ronge et c'est en cela que je te parlais de partager... »


Elle marquait un point.
Elle entaillait mes derniers bastions.


« Tu es l'héritière d'un trône, détentrice d'une responsabilité qui sera d'autant plus dur à porter que notre mère à ériger cette cité à son apogée. Peu importe que les Amazones le voient comme un fardeau ou non, c'est à nous de le protéger, pas seulement à toi. Le même sang coule dans nos veines, que l'une de nos sœurs veuillent le tuer, et je ferais couler ce sang. »

A nouveau sa douceur.
Elle brisait les dernières barrières.


« Je t'aime. Nous sommes une famille, voilà ce qui est notre force. »

Elle avait gagné.

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