Voyez-vous, dans l'obscurité de la forêt, ces yeux qui vous regardent ? Non, vraiment ? Alors imaginez. Vous êtes en forêt, et donc, entourés des divers bruits qui peuvent s'y entendre naturellement. Le bruit du vent dans les feuilles des arbres, les bêtes qui courent ici et là, sans que vous ne les voyiez, une vague impression d'être observé, mais pourtant, vous ne remarquez rien autour de vous. Pourtant, elle est là. Le son que peuvent faire ses vêtements en frottant sur le sol irrégulier, ou sur les branches auxquelles elle est accrochée se confond facilement avec les bruits que vous entendez depuis le début. Accrochée à une branche, elle vous observe de loin, dans la pénombre des arbres. Élancée ? Elle aurait pu l'être, si elle n'était pas si souvent recroquevillée, plantée sur ses jambes pliées. Mais alors que vous continuez votre chemin, sans le savoir en sa direction, elle finit par tomber devant vous. Pour vous faire peur, oui. Et vous pouvez enfin l'admirer tout votre saoul. Non pas qu'elle soit particulièrement jolie, non, mais cette soudaine apparition a de quoi surprendre. D'abord, s'arrêter sur son visage, se perdre dans ses yeux marrons-verts, remarquer ses sourcils naturellement froncés, ou presque, et apercevoir derrière le léger voile transparent son nez. Discret, sa respiration soulève parfois le tissu. Continuant votre observation, vous vous attardez sur les lèvres de la jeune femme, fines, pincées, rien de très engageant, et vous décidez de continuer à faire descendre votre regard.

Ce dernier s'attardant sur le bijou qu'elle porte dérive rapidement sur sa poitrine, qui, admettez le, n'est pas si petite que ça. Rien de complexant pour cette jeune femme qui n'en a rien à faire. Avant qu'elle ne décide à vous arracher les yeux pour oser la reluquer ainsi, votre focale continue à descendre, son ventre ? oh, elle n'est pas si maigre que ça. Musclée, certainement par contre, et hop, la chute de votre regard continue pour remarquer ses jambes, tout en muscle, eux aussi, ils restent discrets, bien que leur présence ne fasse aucun doute. Ses pieds ? Une véritable horreur, griffés, sales, mais elle n'a pas l'air de s'en plaindre. Peu sensibles, ils se sont habitués depuis longtemps au traitement que leur réservait Saku. Gêné de voir ces pieds dans un tel état, vous remontez rapidement pour vous attarder sur les mains. Vous remarquez d'abord que ses les doigts de sa main droite ne sont pas vraiment en bon état, eux non plus, et la palette -protection de cuir pour la main étirant la corde-, retenu au majeur par un anneau de fer doré est bien usée, elle aussi. Décidant de ne pas rester sur cette vision, vous tournez votre tête pour observer la main gauche, mais là, pas de vision de peau. Un long gant protège la main, jusqu'à l'épaule. Un renforcement de cuir à l'avant bras peut être aussi remarqué. Mais avant que vous ne puissiez vous extasier de ce portrait, un coup derrière la nuque vient vous faire perdre connaissance. Une dernière vision de ce visage entouré par de longs cheveux bruns, et c'est fini, il n'y a plus rien.

Caractère, qualités et défauts :

Puis, vous êtes emmené, loin. Où ? Vous ne savez pas. Ou plutôt, vous auriez préféré ne pas savoir. Si dans votre voyage jusqu'à cette cité perdue, vous vous êtes réveillé, vous avez pu sentir que les liens que la jeune Amazone vous a passé sont bien serrés. Plus que nécessaire. Si vous essayez de parler, le bâillon étouffera la moindre de vos paroles, et la baffe qu'elle risque de vous mettre vous fera comprendre qu'en effet, c'était une erreur de vous aventurer dans cette forêt. Alors, vous réfléchirez. Et vous comprendrez que Saku a un mépris immense concernant les hommes. Bons qu'à enfantés, et à faire du travail manuel. Pour le reste, selon elle, ils se pensent supérieur alors qu'ils ne font que guerroyer ici et là. Stupides hommes. Stupides mâles. Puis vous arrivez dans cette ville. Imaginer une telle chose perdu entre les arbres, n'est-ce pas magnifique ? D'ailleurs son souffle s'accélère un peu, apparemment, la jeune femme est bien contente de rentrer chez elle. Patriote, à coup sûr. Jusqu'où ? Même si elle ne le dit sûrement jamais, c'est jusqu'au bout. Elle a une admiration sans borne pour la Reine Philéa, et ses décisions sont pour elle absolues. Cette admiration est aussi reportée sur Kiera, capitaine des sentinelles. Enfin, pour cette dernière, cela ressemblerait presque à de la vénération, tellement elle l'idéalise.

Mais passez ces détails sortant de l'esprit de Saku. Au "diable" ses coups de cœurs, et reprenez votre concentration pour tenter de comprendre comment est la jeune Amazone. Face à ses paires, vous la voyez sourire, saluer telle et telle personne alors que dans votre inconscience vous êtes plus ou moins traîné vers un endroit qui sera pour au moins six mois votre maison. Oh, rassurez-vous, vous serez bien traité. Après tout, les amazones ne sont pas des monstres, elles -contrairement aux hommes, dans l'esprit de la cydienne. Mais vous pouvez enfin la voir sous son vrai jour. Elle ne parle que peu, apparemment, n'aimant pas trop s'attarder sur le beau temps qu'il fait, ou la prise qu'elle a trouvée en forêt. Par contre, quand on lui pose une question, elle répond en détail, un vrai moulin à parole jusqu'à ce qu'elle se rende compte qu'elle parle trop, et après un silence gêné, elle tente de reprendre brièvement pour se rattraper. Vous sentez le dévouement qu'elle a pour sa cité, vous pensez que c'est une femme prête à tout pour la protéger, elle et ses occupants ? Eh bien, vous ne vous trompez pas. C'est le genre de femme qui irait, s'il le faut, se mettre sur le chemin d'une flèche visant Kiera ou Philéa. Oh, sa vie importe, bien sûr. Mais dans le sens de ses priorités, elle ne vient qu'après. Concernant les préjugés qu'elle peut avoir, ceux-ci ne concerne que les hommes, mais ça, vous l'avez sûrement compris. Cependant au fur et à mesure qu'elle a salué diverses personnes de la même façon, vous comprendrez que pour elle, être Cydien, Almer, Astorg ou autre, cela n'importe pas. Peut-être aurez vous le temps d’entendre quelques railleries sur la façon de marchander de la jeune amazone. Mais votre heure de liberté touche à sa fin, et votre lueur d'espoir disparaît quand vous vous voyez confié à quelqu'un d'autre, qui s'occupera de vous, de vous mettre au parfum sur votre nouvelle condition. Quant à Saku, elle n'a pas un regard pour vous, déjà, elle fait demi-tour, ses pas légers la menant de nouveau en forêt.

Puis vous chercherez à savoir qui est celle qui vous a capturé. Naturellement, la chasse aux informations ne sera pas facile, mais entre les autres mâles -alias Soumis- de la geôle, et les gardes, vous pourrez apprendre quelques détails au sujet de la vie de cette amazone.

Née en l'an 131, sous le règne de Jeena -à quelques années près elle serait née sous l'affreuse Nessa ! -, d'une mère d'origine Cydienne, et d'un père, dont elle se moque éperdument, sûrement de la même origine, Saku a été élevée dans le mépris total des Mâles, quels qu'ils soient, ou presque. Sa mère, cydienne de son état, n'était pas vraiment mal tombée, avec son mari de l'époque. Mais quand certaines de ses amies, en 127 partirent de Cydonnia pour aller rejoindre Muria, elle n'hésita pas. La volonté de liberté était plus forte que le pseudo amour qu'elle avait pour son mari. Ce dernier, comprit au moment même où Iza -la mère de Saku- mis un pied dehors qu'elle ne reviendrait pas, et devenu fou de rage par cette compréhension soudaine, il l'a battit pour la première, et la dernière fois. "Ou comment effacer des années de bons souvenirs en un geste." C'était ce que son ex-mari avait fait, et il avait drôlement bien réussi son coup, la haine d'Iza pour les hommes était née, et allait être transmise à sa future fille.

Le mépris des mâles, donc était présent souvent. Vous savez, jeune, on vous dit que si vous ne vous couchez pas, Azaël ira vous mordre, et bien dans les lèvres d'Iza, Azaël devenait, les mâles. Jour après jour, mois après moi et années après années, l'esprit de la jeune amazone était formaté dans cette haine. Mais, si ce n'était pas réellement un tel sentiment, puisqu'elle ne les connaissait pas vraiment, à part en Soumis, se devant d'obéir aux femmes, elle remplaça haine par mépris. Trouvant presque peu normal qu'un Soumis soit libéré au bout d'un certain temps. Mais passons ces détails peu intéressant finalement. Le nouvel arrivant dans ces geôles spacieuses pourra aussi en apprendre plus sur la jeunesse de l'Amazone qui l'avait capturé.

A un moment, grandissant dans avec Iza qui lui vantait les bonnes décisions de la reine Philéa tout autant qu'elle rabaissait les hommes, la jeune fille dû aller à l'école. C'était une véritable joie. Dans le maniement de l'arme, c'est à l'arc qu'elle se révéla la plus forte. Et directement, c'est sur cette arme qu'elle porta toute son attention, dédaignant le maniement des autres. Les quelques reproches qui lui avaient été fait à l'époque, comme quoi si un ennemi venait au corps à corps, elle ne pourrait se défendre, ne la firent pas changer d'avis pour autant. Et elle s'entraînait tant et si bien que très rapidement, une protection en cuir, pour ses pauvres doigts martyrisés lui fut donné. C'était certes un petit arc à l'époque, mais à force de le manipuler sans cesse lors de son temps libre, quelques problèmes peuvent survenir. Sa mère, même lui interdit l'usage de son jouet favori à partir d'une certaine heure. Mais bon, depuis quand les enfants écoutent-ils leur parent ? Pour eux, une interdiction n'est présente que pour être bravée. Et celle-ci ne fit pas exception.

A partir de là, et durant les années qui suivirent se créa une sorte de jeu entre la mère et la fille. L'enjeu ? Il était simple. Pour la mère, éviter que sa fille se bousille les doigts à s'entraîner avec son arc et voit un peu autre chose du monde, et pour la fille, s'enfuir sans se faire remarquer de la maison pour aller jouer avec sa petite arme derrière les buissons, juste dehors. (Car tout le monde sait qu'il y a toujours des buissons pour se cacher quand on en a besoin.) Comme dit plus tôt, ce jeu continua durant des années, et peu à peu, entre ça, les cours de l'école, et ses sorties en forêt, la jeune femme développa sa capacité à se mouvoir silencieusement. Si au départ, la mère gagnait le plus souvent à ce jeu, quand l'adolescence vint, la tendance s'inversa lentement pour finir sur une victoire parfaite de Saku.

Et enfin vint son arrivée chez les Sentinelles. Chargée de participer à la protection de sa chère cité, pour Saku, il n'y avait pas de plus grand honneur. Elle n'avait jamais vu le monde extérieur, jusqu'alors, et elle n'en éprouvait toujours pas l'envie. Alors, passer son temps dans sa forêt, c'était un plaisir. C'est d'ailleurs peu après qu'elle développa une admiration sans borne pour celle qui serait plus tard la capitaine des Sentinelles : Kiera. Oh, elle a pu lui parler, mais tout restait de manière protocolaire. Par contre, l'observer discrètement, et ouvrir ses oreilles à chacune de ses paroles, ça, oui, elle l'a fait. Après la Reine, Kiera était celle qui avait le droit à la dévotion de la jeune femme. Et même si Saku s'absentait pendant des semaines, pour vadrouiller dans la forêt, empêchant les imprudents de mettre Muria sur une carte, à chaque fois qu'elle rentrait, c'était avec joie qu'elle dévorait son idole des yeux, avant de continuer son chemin jusqu'aux geôles pour mettre l'homme qu'elle venait de capturer en cage.

Et même si elle résista durant toutes ces années à la tentation de sortir de Muria, elle participa à la Grande Guerre. Durant cette grande guerre, l'amazone combattit des Erathiens réveillés. Décochant flèche sur flèche, elle put mettre fin à la "vie" de nombreux Erathiens, en début de bataille. Après, lorsque le corps à corps s'engagea, elle resta en retrait, vidant les quelques carquois qu'elle avait amené sur ceux qu'elle voyait clairement. Après tout, il n'était pas question de tuer des alliés d'une flèche perdue, fussent-ils des hommes. C'est d'ailleurs la seule fois qu'elle sortit de Muria. Cependant, voir les Cydiens, Astorgs ou Silmariens se battre sous une même bannière, ne lui donna pas plus envie qu'avant de mettre son nez en dehors de la pénombre des arbres bien connus.

Quand la guerre prit fin, elle revint "chez elle". Sa curiosité avait peut-être été un peu aiguisée par ce qu'elle avait pu voir, ou, disons le clairement, elle avait regardé les divers paysages avec des yeux brillants de curiosité, mais elle restait trop fière de son poste de Sentinelle pour se l'admettre elle-même. C'est aussi pourquoi, quand la nouvelle de la découverte d'un nouveau peuple se répandit sur le continent d'Azthia, elle résista à la tentation d'aller voir ailleurs pour découvrir tout ce Monde qu'elle n'avait jamais vu, ou si peu. Mais qui sait. Peut-être, la tendance allait-elle peu à peu changer.