[ Ce RP est réservé en priorité à Danäe, en revanche, je ne suis pas contre un joueur de plus une fois que la miss aura répondu ^^ ]

Le temps s'était adouci et pourtant, l'humeur d'Aerin n'avait pas évolué en conséquence. D'ordinaire, il se moquait du temps qu'il pouvait faire dehors mais depuis quelques temps, ce dernier influait de plus en plus sur ses sens et sur ses envies tant et si bien qu'il avait passé l'hiver à se morfondre plus qu'autre chose là où, enfant, il s'extasiait de voir les flocons tomber du ciel. L'année avait été particulièrement éprouvante, surtout concernant les derniers mois qui venaient de s'écouler de sorte qu'au final, le gamin n'avait pas spécialement envie de faire des efforts et encore moins de se montrer sous son meilleur quand ce n'était pas le cas. Sans doutes sa professeur s'en était-elle rendue compte car elle lui proposa de se reposer toute la journée « pour prendre des forces ». Le sourire doux et délicat de la belle métisse trahissait son inquiétude tant et si bien que l'adolescent finit par céder et accepta la proposition.
Voilà où en était son histoire ce matin là.
L'été ne tarderait pas à pointer le bout de son nez, en attendant, les oiseaux revenus du froid de la saison hivernale gazouillaient tranquillement sous ses fenêtres sous les yeux ébahis de la petite fille de la demeure. Aux côtés d'Erys dormait l'imposante louve à la fourrure crème que le destin lui avait offert. A la simple entente de ses pas dans les escaliers puis dans la cuisine qui menait au jardin, Nyméria redressa les oreilles avant de lever sa large tête et de japper pour l'accueillir tandis que la petite rouquine se tournait dans sa direction.

« Aerin ! » cria-t-elle presque en se jetant dans ses bras.

Ce fut en la soulevant que le jeune homme se rendit compte à quel point elle avait grandi. Ces derniers temps, perdu dans ses pensées à broyer du noir qu'il était, à se demander de quoi serait fait demain et quel avenir lui tendait les bras, Aerin n'avait pas pris le temps de s'occuper d'elle. Aussi, il n'avait pas remarqué que l'enfant avait bien grandi et surtout, qu'elle n'avait pas oublié d'être intelligente et vive ! Il sourit tendrement en la reposant par terre après avoir déposé un baiser sur son front mais il n'eut pas le temps d'en placer une ou d'esquisser un pas vers Nyméria que la demoiselle lui parlait déjà. Les oiseaux l'émerveillaient, elle voulait bien entendu en devenir un, elle était jalouse de la façon dont il pouvait voler, elle avait faim, elle voulait qu'il lui montre un tour avec l'eau de la fontaine … Son pépiement lui rappelait vaguement les oiseaux justement ! Le sourire en plus bien entendu. Fort heureusement, Thémis Clari se dépêcha d'appeler sa fille pour lui demander de se préparer et, à contre cœur, la petite s'éclipsa. Le petit Elfe la regarda disparaître derrière la porte de la cuisine avec une pointe de regrets. Il aimait cette gamine, tout comme il adorait son frère et sa mère. Soren était bien entendu à part, froid, distant, il ne plaisait que peu au jeune homme de se trouver en sa compagnie et encore moins s'il était seul avec lui ! Quoi qu'il en soit, chaque matin à se lever parmi eux lui rappelait au combien il était heureux à leur côtés et au combien également cette vie lui aurait suffit auprès de ses propres parents. Si Celyween lui manquait toujours cruellement, Jade lui faisait également défaut, sans parler de son père qu'il ne voyait que peu …
Le museau de la louve se fourra dans son manteau ce qui ne manqua pas de le tirer de ses pensées. Elle pinça sans violence son torse du bout des crocs pour lui faire comprendre qu'elle aimerait qu'il arrête de broyer du noir et attendit la caresse qui s'en suivit. Immanquablement.

« Aujourd'hui, nous sommes tous les deux ma belle ! » murmura-t-il à l'oreille de l'animal tout en la caressant.

Nyméria lui répondit par un jappement et, après avoir englouti un petit déjeuner copieux, pris deux trois trucs à manger pour le repas du milieu de journée, le jeune Almer quitta la maison.
Toujours cette pointe de regret et de culpabilité quand il passait la porte d'entrée.
Toujours cette envie de vérifier qu'ils ne partiraient pas sans lui.
Aujourd'hui encore, il se contenterait de ne pas se retourner. D'aller de l'avant.

« Tu exagères Nym ! »

La louve fit un pas de côté et lécha le visage du gamin tombé sur les fesses par sa faute. Aerin s'entrainait à maitriser l'Esprit lorsqu'elle avait disparu de son champs de « vision » pour réapparaitre juste à côté de lui et le pousser. S'il parvenait à savoir où étaient les gens qui bougeaient lentement grâce à ce don, l'adolescent était encore incapable de percevoir la louve lorsqu'elle décidait de passer à l'action … Visiblement, le petit jeu l'avait agacée et elle avait faim. Assis en tailleur après cette cuisante défaite face à son amie, l'enfant sortit néanmoins de la viande séchée de son sac et la lui tendit.

« Tu l'as bien mérité voleuse va ! » lui lança-t-il d'un ton taquin.

Nyméria passa derrière lui en le poussant de son arrière train avant de s'assoir à ses côtés et de saisir le plus délicatement du monde la viande entre ses crocs. En la regardant manger, l'Almer se surprit à avoir la même pensée que pour la petite Erys : la louve avait bien grandi depuis l'époque où, louveteau tout juste née, on la lui avait confiée. Sans le savoir, l'animal lui avait sauvé la vie, mieux, elle l'avait empêché de faire des bêtises et de commettre l'irréparable. Mieux encore, elle lui avait permis de rencontrer Jelenna.
Elle n'avait plus rien du louveteau mais tout de la bête féroce. Protectrice, jalouse, elle le défendait bec et ongles lorsque cela était nécessaire. Elle l'aimait autant qu'il l'aimait et il n'aurait échangé pour rien au monde ce lien étrange qui coexistait entre eux. Savoir qu'elle serait toujours là pour lui le rassurait.

« T'es une vraie mère poule en fait ! » la taquina-t-il à nouveau.

La louve montra des dents pour marquer son mécontentement et, Aerin en était certain, si elle avait pu parler, sur qu'elle aurait ri !

[ Je t'ai volontairement laissé le champs libre pour intervenir, s'il y a un souci, envoie moi un mp ^^ ]

Danaë jubilait. Elle avait enfin réussi à séduire entièrement une proie ! Pas trop, tôt, direz-vous. Mais de son côté, la belle était plutôt étonnée que cela eut été aussi rapide. Mais le Cydien en question était réellement crédule et stupide, se laissant mener par le bout du nez. Il était venu une fois à la boutique, pour acheter des fleurs à sa mère, et depuis, venait presque toutes les semaines. A chaque fois, il achetait des fleurs, tantôt pour sa soeur, tantôt pour son frère, tantôt pour sa tante... Plus de la moitié de son arbre généalogique avait dû y passer. Et à chaque fois, il restait, pour papoter avec la belle chasseuse, il la regardait de façon si béate et si peu cachée que n'importe qui l'aurait pris pour un malade mental, mais Danaë en avait vu plus d'un prendre cet état face à ses charmes. La veille, elle avait décidé de faire le premier pas pour cet abruti, vu que lui ne semblait pas près de le faire, et l'avait invité à rentrer directement dans le manoir, son chez elle, et de prendre une tasse de thé (même si ses desseins étaient un peu plus intimes qu'une tasse de thé...). La tête du gars... On aurait dit un chien à qui on a promis un bon gros nonos. La bave en moins. Et il avait accepté. Le rendez-vous était ce soir. Même si il était timide, l'imbécile se laisserait sûrement dériver de la case « Tasse de thé et ragots » à « Invitation à voir la nouvelle déco de la chambre... ». Bref, soirée... Fructueuse en perspective.
Bref, pour répéter, elle jubilait. Mais, ayant du temps devant elle, et ne sachant trop que faire, elle décida de faire une petite balade, à cheval, dans la campagne. Au passage, elle pourrait faire une petite cueillette. L'Elfe se promenait donc dans le campagne quand elle avisa une jeune garçon, assis en tailleur auprès d'une louve crème, avec qui il semblait discuter. Bizarre de papoter avec un animal... Le gamin espérait-il une réponse ? Si oui, il était encore plu siphonné que le gars avec qui elle avait rendez-vous le soir même. Mais bon, par soucis de plaire, et pour assoir sa popularité, elle s'approcha de lui tandis qu'il riait avec sa bestiole.

Tu as une louve magnifique.

C'était vrai, quand on voyait la prestance de l'animal, on ne pouvait que l'admirer.

[Désolée, c'est nul...]

Le jeune Almer regardait sa louve d'un air amusé et l'animal le lui rendait bien. Ses yeux de porcelaine scrutait le jeune homme d'un air entendu. Ils étaient liés l'un à l'autre et rien ni personne ne pourraient les séparer, voilà ce que Nyméria semblait vouloir transmettre comme émotion à son jeune compagnon. Lorsqu'il l'avait adopté et pris dans ses bras pour la première fois, il y avait maintenant presque quatre ans de cela, Aerin s'était accroché à elle comme la petite boule de poils s'était accroché à lui. Ils avaient besoin l'un de l'autre, elle pour survivre et lui pour vivre, tout simplement. Seulement avec le temps, l'adolescent avait pensé que la louve finirait par l'abandonner et revenir à l'état sauvage, à cette nature qui semblait la réclamer et l'appeler de tout son être mais les années passant, si Nyméria avait de temps à autre disparu une journée ou deux pour se repaître de chair et de sang, elle était toujours revenu.
Toujours.
Nyméria était une amie fidèle, une sœur, une mère … Aerin aurait tout donné pour la protéger, sa vie, son corps, son cœur, son âme, son esprit, tout. La louve était son rayon de soleil, elle l'avait sauvé des méandres de la mort des années durant, lui était restée fidèle et aujourd'hui encore, veillait sur lui comme une mère veillerait sur son nourrisson. Si beaucoup aurait été agacé par cette comparaison, le jeune Elfe s'estimait chanceux d'avoir une amie si fidèle à ses côtés. Telle la réincarnation de Celyween, la louve veillait au grain, n'acceptant que peu de monde et n'hésitant jamais à montrer les dents et plus si affinité lorsque le besoin s'en faisait sentir. Seule Thémis et ses enfants avaient grâce aux yeux de l'animal et si la jeune femme n'élevait que rarement la voix envers la petite pupille qu'il était, Nyméria ne le défendait jamais contre elle, comme si elle comprenait que Thémis avait raison et qu'il n'était pas nécessaire d'intervenir. De toutes les personnes que côtoyait Aerin, Thémis, ses enfants, Jelenna et Eloween étaient les seules à pouvoir l'approcher, le taquiner et l'engueuler sans risque.

Le gamin s'était attaché à la boule de poils devenue aujourd'hui aussi grande qu'un mâle malgré son sexe. De couleur crème, son pelage n'agressait pas le regard mais cela en était tout autre de ses yeux d'un bleu profond qui ne vous quittait jamais. Sur ses gardes ... la louve était clairement sur ses gardes dès qu'on approchait son lié.
Aerin passa sa main sur la tête de la bête tandis qu'elle se rapprochait de lui jusqu'à poser cette dernière sur les genoux du gamin. Le petit métisse aurait donné n'importe quoi pour que cet instant dure éternellement. Il se sentait bien, en paix et totalement libéré de ses démons intérieurs comme si la présence de l'animal était un baume qui soignait en permanence son âme malade et son cœur meurtri.

« Il va falloir bientôt rentrer » souffla-t-il à l'oreille de la belle.

Les oreilles du canidé remuèrent vers l'arrière comme pour lui signifier qu'elle n'avait pas encore envie de rentrer. Pourtant, il le faudrait bien, à nouveau, il faudrait affronter cette vie qui, si elle n'était pas des plus difficiles, n'était pas celle qu'il aurait voulu avoir. Cydonia était une cité magnifique mais sa position de prisonnier ou plutôt de pupille pour calmer les tensions entre Zélotes et Templiers ne l'aidait pas à se faire des amis. Thémis était une maman exemplaire, attentionnée et délicate même s'il l'adorait, elle n'était pas pour autant sa vraie mère. Celyween lui manquait beaucoup qu'avant certes mais lui manquait cruellement tout de même. Beaucoup de choses lui manquait en réalité. Son père, qu'il ne voyait presque jamais et avec qui il aurait tant aimé nouer plus de liens. La Grande Prêtresse de Silmarie, qu'il adorait également, était à des lieues de lui et si l'Esprit lui permettait de la taquiner de temps à autre, elle était beaucoup trop occupée par ses obligations pour qu'il se permette de l'embêter à longueur de journées. Jelenna … elle lui manquait particulièrement. Jamais le gamin n'aurait pensé aimer plus que sa déesse et pourtant, il aimait Jelenna comme un fou. Chaque fois que l'Esprit de la demoiselle frôlait le sien, il se sentait heureux, tout simplement. Chaque fois qu'elle lui parlait, il sentait son cœur battre la chamade ..
Bref, il était amoureux.
Tout cela lui manquait. En réalité, il se sentait terriblement seul.
Incapable de se faire des amis aussi fidèles que Eloween ou Jelenna, Aerin souffrait de sa position sociale privilégiée et tout à la fois exclue. Son statut de pupille lui attirait moqueries, compassion, pitié mais en aucun cas ou trop peu, l'amitié. Alors dans cette vaste cité où sa seule amie était une louve, le jeune métisse se rendait compte plus que quiconque de ce qu'il lui manquait ou plus particulièrement de « ceux » qui lui manquait.

Nyméria émit un grognement de mécontentement lorsqu'il arrêta de lui gratter les oreilles ce qui ne manqua pas de le faire sourire. Il n'eut cependant pas le temps de réagir que déjà, les oreilles de la bête se dressait en direction du nord. Sa tête suivit ainsi que le haut de son corps si bien qu'elle fut assise, les pattes avant devant lui, alors même qu'il se rendait compte de la présence de quelqu'un qui venait de lui parler. Il ne l'avait pas vu venir, pas senti non plus puisque son Esprit était fermé mais ce fut la réaction de la louve qui le surprit plus que la présence de la femme.
Le jeune homme se leva le plus rapidement possible, d'une part pour ne pas être malpoli et d'autre part, pour ne pas se mettre en danger. « La prudence est mère de survie » lui avait toujours répété sa mère à longueur de journées et la leçon était ancrée désormais dans ses gênes tant et si bien qu'il agissait toujours de façon à se mettre le moins en danger possible.

« Merci » se contenta-t-il de donner pour toute réponse, ne sachant pas trop quoi ajouter.

Le compliment était surprenant, d'autant qu'en général, les gens fuyaient l'animal de peur qu'elle ne les morde ou autre. Cette jeune femme, à qui il donnait au grand maximum la trentaine, ne semblait pas effrayée. C'était peut être un signe non ?
Nyméria se leva totalement, se plaçant d'instinct entre son maître et son interlocutrice sans pour autant adopter une attitude agressive. Passive, elle attendait de voir comment allaient évoluer les choses. Aerin quant à lui se permet d'observer la jeune femme sans indiscrétion pour autant. Belle, à n'en point douter, jeune, elle avait un petit air sauvage qui trottait dans ses traits. Avenante, elle semblait pour autant timide ou peut-être qu'au fond, la louve ne lui donnait pas envie de s'avancer et d'engager la conversation. D'ordinaire, Aerin se serait demandé pourquoi elle lui avait parlé mais sa solitude le poussait en général à ne pas se poser ce genre de questions et à engager la conversation tant bien que mal mais étrangement, cette femme le mettait mal à l'aise, peut être parce qu'elle ne parlait pas.

« Ne craignez rien, elle ne vous fera pas de mal »

Il se revoyait encore, chaque fois qu'il avait rencontré quelqu'un en présence de Nyméria, répéter cette phrase à tord et à travers. Comme si la louve allait les attaquer parce qu'ils lui parlaient … Ne sachant que dire de plus, il se creusa la tête, peu à l'aise avec ce genre de situations tandis que de son côté, la louve s'était assis à ses pieds.

« Vous venez souvent par ici ? » finit-il par demander timidement.

Oui, il n'était pas très doué pour engager la conversation, encore plus avec des inconnus !

« Merci. Ne craignez rien, elle ne vous fera pas de mal »

Il semblait quelque peu gêné, peu à l'aise. Etait-ce à cause de Danaë ? Ne tombait-elle pas au bon moment ?
La belle regarda plus profondément la louve et sourit. Il était vrai que cette bête était réellement magnifique. Elle dégage le genre puissant des animaux sauvages, bien qu'elle ne donnât nullement l'air de vouloir attaquer. L'Elfe admirait cette pointe de sauvagerie, la finesse de ses traits, son magnifique pelage, ses yeux qui brillait d'intelligence... On savait rien qu'à ses prunelles que ce n'est pas la bestioles bête, le genre bourrin qui ne comprend rien. En réalité, elle admirait plus cette magnifique bête qu'elle n'en n'avait peur.

« Je n'en doute pas, répondit-elle. Aucun adulte censé ne laisserait un enfant errer avec un loup sauvage qui serait capable de le croquer d'un seul coup de dents. Une louve qui ne vous attaque pas sur le champ ne doit pas avoir un mauvais fond...Enfin, pour ce que j'en sais !

Un petit rire cristallin sortit de sa gorge, sincère.

« Vous venez souvent par ici ?

Pour être honnête, pas vraiment non. Je tiens une boutique, et j'avoue qu'elle me prend tout mon temps. Mais c'est un lieu charmant.

La belle marqua une courte pause, le temps de jauger le garçon, avant de reprendre :

[b]Je m'appelle Danaë Candel. Et toi, qui es-tu ?

[i]Eh oui, la belle était certes intelligente, mais ne connaissait en rien la vie de cet enfant, ni de sa position dans la cité, le prenant pour un simple gamin de Cydonia, ou ailleurs. Avait-elle eu réellement le temps de s'intéresser à cela . Pas vraiment. Elle faisait plus attention aux clients beaux et fringants et bien bâti plutôt qu'aux enfants, qu'ils soient importants ou pas.
Danaë ne connaissait rien de cet enfant, mais elle trouvait intéressant de pouvoir discuter enfin avec quelqu'un d'autres que des adultes. Elle faisait toujours attention à ses mots, à ses gestes. Avec un enfant, elle pourrait peut-être être plus tranquille. Ca lui ferait une petite détente...

Le gamin n'était pas à l'aise, il ne l'était jamais en réalité lorsqu'il s'agissait de parler à quelqu'un d'autre que les personnes qu'il connaissait. La louve quant à elle semblait calme ce qui avait tendance à l'aider à ne pas prendre ses jambes à son cou. L'animal avait toujours tendance à embrouiller ses pensées ou plus précisément, à induire chez lui des sentiments tout particulier. En général, lorsqu'elle était nerveuse, Aerin se sentait de plus en plus mal mais lorsqu'elle avait tendance à se calmer, il avait tendance à faire plus ou moins confiance à la personne avec laquelle il parlait. Le sourire de la jeune femme ne lui échappa pas mais il se parvint pas à lui répondre pour autant. Ce genre de choses n'étaient pas aisées pour lui, il avait au contraire tendance à éviter les gens et cela lui portait préjudice. Difficile de se faire des amis quand on du mal avec le contact humain …

Il avait prononcé ces quelques mots pour la rassurer mais en réalité, il n'était pas convaincu que cela suffirait à calmer les angoisses de son interlocutrice quoi qu'au final, cette dernière n'avait pas l'air si perturbée que ça par la présence de la louve. Au contraire, elle souriait à l'animal et semblait presque attirée par cette dernière. A croire que l'attitude de cette jeune femme était totalement incompréhensible aux yeux du jeune homme. Aussi étrange que celle de sa compagne à quatre pattes d'ailleurs qui ne bronchait pas et se contentait de surveiller le bon déroulement des choses. La jeune femme prit enfin la parole, faisant taire une bonne fois pour toute ses pensées, qu'elles quelles soient. Ce ne fut pas le ton qui le surprit ni même le rire cristallin qui s'éleva dans les airs mais ce furent surtout ses propos …
« Aucun adulte censé » … on ne pouvait pas dire que les Templiers étaient censés dans ce cas, car celle qui lui avait confié Nyméria n'était autre que l'une d'entre elle, ni même d'ailleurs Thémis qui n'avait pas eut son mot à dire finalement dans cette histoire. Quoi qu'il en soit, la réplique l'atteint plus que de raison mais il fit mine de la laisser couler sur lui. Il se rendit compte que la jeune femme devait se sentir mal à l'aise en sa présence s'il ne lui répondait pas aussi se décida-t-il à répondre aussi bien qu'il le put.

« Nym' n'attaquera personne tant que je ne serais pas en danger, elle fonctionne ainsi depuis qu'elle est toute petite ! A moins que vous soyez un animal bien entendu, vous ne craigniez rien ! »

La jeune femme, à qui il ne parvenait pas à donner un âge particulier tout aussi amusant que cela puisse paraître, reprit la parole et lui avoua qu'elle tenait une boutique. Curieux, comme tout enfant de son âge, Aerin faillit lui demander du tac au tac où elle travaillait mais il se retint. Il aurait tout le temps de lui poser ce genre de questions, enfin, si elle souhaitait seulement lui parler car il n'allait bien entendu pas la forcer à répondre. Il écouta la jeune femme lui donner son prénom et son nom avant de réfléchir à ce qu'il allait lui répondre.
Devait-il seulement lui dire qui il était ? Il fut un temps où sa mère lui avait appris à ne jamais donner son vrai nom ou à dévoiler une quelconque information le concernant mais ce temps n'était-il pas pour autant révolu depuis longtemps ?

Il réfléchit l'ombre d'une seconde encore, se demandant ce qui était le mieux à faire mais il fut incapable de se décider aussi se fia-t-il à son jugement. Cydonia n'était pas grand chose pour lui mais il aimait tout de même ce qui y faisait sa vie. Jiven avait décidé de le placer là parce qu'il savait qu'il ne risquait absolument rien. Placé chez la fille du Consul, chez le Général des armées et ancien Princeps, son fils ne risquait rien. Ni les Zélotes, ni qui que ce soit d'autres pourraient lui faire du mal sans être puni en retour. De plus, ce que Jiven n'avait pas pris en compte dans ses calculs était l'amour inconditionné que semblait lui porter son maître ce qui amplifiait ses chances d'être mis à l'abri de tout danger.
Nyméria s'ébroua non sans que son regard ne se repose instantanément sur son interlocutrice ce qui rappela à Aerin combien il était mal poli de ne pas répondre aux questions. Le jeune homme reprit illico la parole :

« Je m'appelle Aerin Estal, je vis actuellement à Cydonia chez mes tuteurs. »

Le gamin n'avait pas menti, c'était déjà ça. Son nom de famille ne devait pas dire grand chose à la jeune femme et quand bien même, que pouvait-elle lui faire ? Nyméria à ses côtés, il ne risquait rien et puis … ce n'était qu'une femme ! Quoi que, connaissant sa mère, cet argument ne pesait pas grand chose … surtout quand on voyait comment Celyween maniait les armes et les mots ! Quoi qu'il en soit, pour éviter de se poser trop de questions, il entreprit de reprendre la parole :

« Vous cherchiez quelque chose en particulier ? » demanda-t-il avant de se rendre compte qu'il était sans doutes impoli de demander ce genre de choses, « Je veux dire, vous m'avez dit ne pas sortir souvent à cause de votre boutique alors j'ai supposé que ... enfin, vous n'êtes pas obligée de répondre. »

Il se sentait un peu bête d'avoir posé cette question aussi reprit-il de plus belle :

« Euh, vous aimez les animaux ? » demanda-t-il, conscient certes que la question devait paraître saugrenue.

Faute de mieux, il se contentait d'arpenter les chemins et les pistes qu'elle lui donnait. En l'occurrence, il avait remarqué l'attirance qu'elle semblait avoir envers Nyméria du coup, il tentait péniblement d'engager la conversation.

Nyméria profita du silence pour bailler bruyamment, comme pour signifier qu'elle n'avait rien à faire de la jeune inconnue, à moins que ce ne soit un avertissement à l'attention de l'interlocutrice de son maître ? Quoi qu'il en soit, peu importait. L'animal n'attaquerait que si besoin était et uniquement si l'on attentait ostensiblement à la vie de son compagnon. Personne n'était toléré aux côtés du jeune homme s'il avait de mauvaise intention à son égard. Pour l'heure, la louve ne semblait pas convaincue que la jeune femme veuille faire du mal à son petit protégé et s'il lui en prenait l'envie, elle agirait de la même façon qu'envers cet humain qui avait osé menacer son petit métisse. Elle grognerait, gronderait et au besoin, n'hésiterait jamais à mordre.

Au fond de lui, le gamin ne pouvait s'empêcher de se demander ce qu'une jeune femme aussi jolie, car si elle ne l'était pas autant que la petite princesse Amazone qui hantait ses rêves, elle l'était tout de même grandement, faisait seule en pleine campagne. Sans doutes avait-elle de la famille dans le coin de sorte qu'elle était aller les voir ? La curiosité enfantine qui l'habitait n'osait se réveiller, il se sentait déjà honteux de lui avoir demandé ce qu'elle faisait là aussi se contentait-il d'attendre désormais qu'elle reprenne la parole, sa main gauche caressant nerveusement le dos de la louve dont le poil était totalement détendu, preuve qu'elle ne se souciait guère de la situation. Son museau en revanche se frottait régulièrement contre le corps du gamin de sorte qu'il n'était pas difficile de comprendre que l'animal tentait de le calmer à sa manière.
Enfin, la demoiselle reprit la parole, ce qui n'était pas sans rassurer Aerin, d’autant que visiblement, elle ne semblait pas gênée par ses questions. Tant mieux. Le sourire qu'elle arborait rassura instantanément le jeune Almer et il ne put s'empêcher d'y répondre.

La réponse de son interlocutrice ne le convint pas mais pour autant, il ne répliqua rien. Après tout, ce n'était pas parce que la plupart des adultes mentaient aux enfants et s'inventaient de fausses excuses à longueur de journées qu'il fallait forcément tous les mettre dans le même sac … Sans doutes existait-il encore des adultes incapables de cacher quelque chose et profondément naïfs à l'image de Thémis. D'ailleurs, même Soren pouvait entrer dans cette catégorie, mais à sa façon. Il était tout simplement trop brute de décoffrage pour savoir mentir à un enfant, ce que lui reprochait souvent sa femme au passage. Peu importait, sa méfiance maladive depuis quelque temps se devait de se taire. Après tout, n'était-il pas venu ici pour chercher repos et calme lui aussi ? Pourquoi cette femme ne pourrait pas en faire de même ?

« Cet endroit est tellement calme, comment ne pas résister à son appel ? » se contenta-t-il de répondre avec un certain calme.

La réponse de la jeune femme concernant sa deuxième question ne manqua pas de le faire sourire. Certes la question était un peu étrange mais il n'avait pas mieux sous la main … Quant à elle, elle ne semblait visiblement pas à l'aise avec sa question et sa réponse n'en fut que plus brumeuse. Un silence s'ensuivit, Aerin n'osant pas ouvrir la bouche de peur de dire à nouveau une bêtise. Pesant, le silence se fit de plus en plus long jusqu'à ce que la voix de Danaë ne le brise. Une question simple mais pourtant si évidente … Comment l'avait-il rencontrée ? Elle qui avait sauvé sa misérable existence …
Même en fouillant sa mémoire, Aerin ne se souvenait pas d'avoir déjà répondu à une telle question. En réalité, personne ne la lui avait posé, les premiers bien trop occupés par son état se dégradant de jour en jour, les autres, bien trop occupés à satisfaire leurs intérêts égoïstes et à éviter le genre de questions dont ils n'ont rien à faire. Le gamin ne répondit pas tout de suite, perturbé bien plus qu'il ne laissait paraître par la simple question de la jeune femme. La seule grande personne qui s'était intéressée à son histoire, outre sa famille et ses amis, était une femme extravagante, bourrue mais plus attentionnée que n'importe qui d'autre au Temple. Jillian Torrez, Meneuse de la célèbre Troupe de saltimbanques … elle était la seule à s'être inquiétée de son état et s'être intéressée à la louve sincèrement. Visiblement, cette femme en faisait de même. Alors sans savoir pourquoi, le gamin se mit à répondre soudainement, à parler sans pouvoir s'arrêter bien que la prudence lui eut ordonné de se taire :

« Peu après la mort de ma mère, j'ai quitté Silmarie et mon père m'a recueilli au Temple. C'est là que j'ai rencontré Nyméria. Elle avait été retrouvé seule, sa mère avait été tuée par des chasseurs. La templière voulait la tuer. Elle était si petite, si frêle … je ne sais pas, j'ai senti au plus profond de moi que je devais l'aider, que je pouvais l'aider. Alors je l'ai prise et j'ai senti son corps chaud contre mon cœur, à cet instant, j'ai su qu'elle ... »

Il se tut, conscient qu'il s'était emballé. D'un revers de main, il essuya la larme qui avait roulé le long de sa joue à l'évocation de ces souvenirs. Il aimait sa louve, voilà pourquoi il en parlait avec autant de ferveur. Nyméria l'avait sauvé de la mort, avait été la mère qui lui manquait tant, l'amie qui murmurait des mots doux à son oreille pour le réconforter, la protectrice qui, en grandissant, le sauvait jour après jour du monde extérieur. La louve était tout pour lui et jamais il ne pourrait s'en séparer.

« Désolé » souffla-t-il avant de tourner la tête.

Il lui fallu quelques secondes encore pour évacuer tout cela avant qu'il ne reprenne, quelque peu honteux :

« Vous venez de Cydonia ? »

C'était la seule question qui lui était venue à l'esprit, l'image de sa mère ayant pris l'espace d'une seconde la place de la jeune femme. Lorsqu'il fut en mesure d'être à nouveau lui même, alors que Nyméria avait passé sa langue sur sa joue pour le réveiller, il sourit à la jeune femme pour finalement lui demander :

« Vous travaillez là-bas ? »

On ne pouvait pas se refaire, même adolescent, un gamin reste un gamin et sa curiosité est sans égale.

[ Désolée, je n'avais pas vu que tu avais répondu Oo ]

Aerin avait un peu de mal à cerner la jeune femme. S'il se refusait à utiliser l'Esprit à l'égard des gens, il était bien souvent capable de comprendre ce qu'ils ressentaient sans avoir besoin de les sonder sauf qu'en présence de la jeune femme, le gamin se sentait comme déboussolé, bien incapable de déterminer ce qu'elle pensait ou plus simplement, ce qu'elle ressentait. Il avait déjà ressenti cela face à Eléa ou encore Jelenna mais sans doutes le fait de côtoyer Thémis qui était quelqu'un de très nature bien loin des intrigues de sa cité malgré son rang l'avait-il habitué aux gens submergés par leurs émotions. Et puis pour tout avouer, il manquait sûrement d’entraînement aussi …
Les larmes se tarirent enfin, non sans soulager le jeune adolescent.

Nyméria était sa sœur de cœur, certes les liens du sang ne les unissaient pas, mais les liens de l'esprit étaient parfois beaucoup plus forts que n'importe quel sang coulant dans les veines. Le monde l'avait abandonné à la mort de sa mère, pas la louve. Jamais. L'animal avait toujours été là pour lui, dans chacune des étapes cruciales de son existence. De son entrée à Cydonia en tant que prisonnier à son retour au Temple chaque mois, de sa rencontre avec les Clari-Henrick à celle avec Jelenna et Eloween. Nyméria avait accompagné chacun de ses pas, elle avait suivi chacun de ses gestes et surtout, l'avait protégée. Même louveteau, elle avait toujours su comprendre les besoins qu'il avait, elle avait toujours su montrer des crocs face à ceux qui ne le comprenaient pas. Nyméria était tout. Si aujourd'hui l'enfant aimait éperdument l'animal, elle le lui rendait bien.
Le contact le fit frissonner.
Simple. Court. Il n'était juste pas habitué mais il sourit, quelque part rassuré qu'elle ne l'ai pas pris pour un fou et cherche à le consoler. Si par le passé il aurait détesté un tel geste, il appréciait grandement aujourd'hui ce genre d'attentions. Il ne sut que dire et se contenta donc d'essuyer d'un geste maladroit les dernières larmes qui avaient laissés des sillons plus sombres sur sa peau.

La jeune femme changea de sujet, répondant à ses questions, ce qui permit au petit Almer de se remettre totalement de ses émotions. A ses pieds, la louve au pelage clair claqua sa langue contre son palet comme pour le taquiner mais il n'y prêta pas attention. Mieux valait éviter d'entrer dans le jeu de Nyméria sans quoi, elle ne manquerait pas de le taquiner encore et encore à sa manière et pour sur … son interlocutrice le prendrait pour un illuminé.

Elle lui apprit qu'elle était fleuriste et cela le mena aussitôt à Jelenna. Sa petite princesse lui manquait tant … Eléa, sa sœur aînée, était fleuriste, enfin, sur le papier, car Aerin ne l'avait jamais vraiment vu exercer. En même temps, son rôle d'héritière ne lui laissait que peu l'occasion de faire ce qu'elle voulait voire même plus, ce qu'elle aimait. A penser à Jelenna, l'Elfe perdit le fil de la conversation et mit un certain temps à réagir à ce qu'elle venait de lui dire.

« Cydonia est une belle ville, j'espère que vous vous y plairez. Avec Eloween et Jelenna, nous achetons chaque année des fleurs pour ma mère, je viendrais chez vous ! » lança-t-il timidement, inconscient du fait que d'avouer qu'il était ami avec ces deux filles en question pouvait lui causer du tord.

S'il pensait toujours à les protéger quoi qu'en pensa Ilith même s'il craignait parfois de la fâcher, il en oubliait parfois de prendre ses précautions les concernant. Pour lui, elles étaient ses meilleures amies et même plus concernant la jeune princesse, aussi en oubliait-il parfois le protocole ou encore, le côté étonnant qu'un gamin tel que lui puisse s'entendre avec des jeunes femmes telles qu'elles !
Il s'en rendit compte après avoir parlé mais plutôt que de revenir sur le sujet, il préféra se taire et répondre à la question de la jeune femme :

« Mon père est Templier oui »

Une nouvelle fois, il sembla hésiter l'ombre d'un instant avant d'avouer le nom de son père. Craignait-il quelque chose ? Il savait d'expérience que les femmes peuvent être dangereuses sous leurs airs angéliques mais il avait Nyméria et sa mort ou sa disparition causerait tellement de problèmes que pour le moment, le Joyau comme le Temple n'avaient pas besoin de cela. De ce fait, il ne craignait pas grand chose à parler.

« Mon père est Jiven Estal. » se contenta-t-il de répondre.

Peu conscient de ce que la conversation semblait beaucoup tourner autour de lui, il se prêta à penser à cette jeune femme et à se demander d'où elle venait. Sans hésiter, il demanda :

« Vous venez d'où ? Pourquoi être venue à Cydonia ? Vous avez beaucoup voyagé avant ? »

Oui, les enfants ont ce sens particulier que de vous mettre dans l'embarras sans même s'en rendre compte … Aerin était de ce genre là et sans doutes les gens qui le connaissaient auraient-ils été agréablement surpris que de retrouver en lui ce côté enjoué et éveillé qui lui manquait tant depuis la disparition de Celyween …

« Cydonia est une belle ville, j'espère que vous vous y plairez. Avec Eloween et Jelenna, nous achetons chaque année des fleurs pour ma mère, je viendrais chez vous ! »

Danaë lui rendit un grand sourire, tandis que son cerveau réfléchissait à toutes vitesses : Eloween, elle connaissait, évidemment. N’était-elle pas une Elfe ? N’était-elle pas née à Silmarie, n’y avait-elle pas passé son enfance (entre deux voyages de sa mère) ? Comment ne pas connaître au moins de nom, la Grand Prêtresse de Silmaria ? Même la ravissante « jeune » femme, qui ne vouait pas un culte envers cette déesse connaissait la petite fille. Certes, pas énormément, à peine pour être honnête. Mais au moins comprenait-elle les propos d’Aerin. Sur ce point. Jelenna, en tous cas, c’était plus sombre. Elle savait que c’était quelqu’un d’important, pas une simple jeune fille banale… N’avait-elle pas un rapport avec les mystérieuses Amazones ? Oui, un truc dans le genre…
Comme le garçonnet connaissait-il ces deux… personnalités ?! Intimement, apparemment, il en parlait avec tant de légèreté… Mais qui était réellement Aerin, pour être ami avec ces filles ? Il était apparemment plus étonnant encore que ne le pensait l’Elfe. Il se trimballait une louve, et était ami avec la Grand Prêtresse et une personnalité importante de la cité des Amazones…
Comprenant qu’elle devrait essayer de répondre, elle lui hocha la tête, approbatrice :

“Oui, je m’en suis en effet rendue compte. Je serais heureuse de t’y revoir, et c’est vraiment gentil pour ta mère. »

N’importe qui aurait pu croire qu’elle s’adressait à un bébé en répondant cela. Mais la belle était on ne peut plus sérieuse. Elle avait toujours adoré sa chère génitrice, et elles étaient très proches. Elena pareil, Mme Candel avait de suite adopté cette deuxième, et l’avait élevée comme si elle l’avait elle-même enfantée. Même les voyages étaient amusants, et les deux jeunes avaient grandi sans l’ombre d’une haine envers leur mère. En y repensant, c’était seulement avec elle que Danaë ne jouait pas la comédie… Comme elle l’aimait… Ne se rendait-on compte de la valeur de quelque chose que lorsqu’on le perd ? Mme Candel n’était pas morte, mais Elena comme sa sœur désespéraient toutes deux à trouver un remède à sa maladie. Quand leur mère reviendrait-elle ? Quand pourraient-elles dire les mêmes choses qu’Aerin ? Danaë cligna des paupières pour chasser les émotions qui voulaient l’envahir. Non. Pas question d’abandonner le masque qui s’adaptait si parfaitement à son physique d’ange. Pas question de quitter son rôle d’actrice. Entraînée, elle cacha très bien ce qu’elle ressentait tandis qu’une lueur de gentillesse illuminait ses yeux ( fausse ou pas ? Sûrement !).

« Mon père est Templier oui. Mon père est Jiven Estal. »

Encore un nom qui lui disait vaguement quelque chose. Mais, vu l’hésitation du garçon, Jiven devait être connu… Danaë chercha au fond de sa mémoire. Bien sûr ! Le directeur des Templiers de l’Aube ! Elle n’avait pas énormément entendu parler de lui, mais elle aurait du s’en douter.

“ Je vois. »

Elle n’avait pas envie de s’étendre sur le sujet, de plus, le garçonnet avait l’air gêné de parler de lui, comme si il ne devait pas trop en révéler. D’ordinaire, s’amuser avec ses proies l’amuser, mais un gamin de douze ne méritant pas ce post, inutile d’insister.

« Vous venez d'où ? Pourquoi être venue à Cydonia ? Vous avez beaucoup voyagé avant ? »

“ Je viens de Silmarie, et je suis venue à Cydonia pour changer d’air. La cité pacifique c’est bien, mais depuis toute petite j’ai voyagé un peu partout, donc, j’ai eu envie de m’établir avec ma mère et ma soeur ailleurs. Ma mère avant moi était fleuriste, et je l’ai accompagnée dans la plupart de ces voyages pour trouver de nouvelles fleurs, donc, on peut dire que j’ai vu du pays. Toi aussi ? »

Manque d’idées, question peu originale... Danaë grimaça intérieurement. Ou était passé son sens de la parole ?

[On devrait penser à clore, ça tourne un peu autour du pot...]

Le gamin était quelqu'un de bien placé. Il ne s'en rendait pas encore compte car le jeu du pouvoir ne l'intéressait que peu, mais il était l'un des enfants les plus chanceux que la terre ait portée. Fils du Directeur du Temple, élève de la fille du Consul de Cydonia, meilleur ami de la princesse Amazone et de la Grande Prêtresse, voilà qui était plutôt atypique non ? L'enfant n'en avait nullement conscience mais sans doutes attisait-il la jalousie des plus grands à agir de la sorte. Inconscient de tout cela et bien loin de se douter de l'impact de ses propos, le gamin attendait la réponse de son interlocutrice patiemment.
Il ne remarqua pas l'ombre d'une seconde que la demoiselle s'étonnait qu'il connaisse autant de mon malgré son jeune âge ou plus exactement, autant de beau monde car là était le problème. Pour lui, Jelenna et Eloween étaient des amies très proches et s'il respectait le protocole en leur présence, il savait que tout cela n'était que farces et foutaises. Thémis était une confidente, une grande sœur qui avait tendance à veiller sur lui telle une mère, ce qu'il avait tendance lui-même à apprécier bien que Celyween lui manqua toujours autant. L'enfant avait le don de s'attirer les amis qui eux-même, attisaient les ennemis !

Surpris de la remarque de son interlocutrice, l'adolescent lâcha un timide sourire. Gentil pour sa mère … pouvait-on vraiment parler de gentillesse ? Les morts ne revenaient pas pour autant, même avec toute la gentillesse du monde. Les adultes avaient parfois des phrases étranges que les enfants ne pouvaient comprendre. Pour autant, même s'il trouvait la remarque totalement déplacée et sortie du contexte, il répondit d'un ton qu'il voulait neutre :

« Maman n'aurait pas aimé être seule. »

Celyween n'avait vécu que pour le protéger mais avait toujours vécu seule en dehors de son fils et de son apprentie. Alors ne pas lui rendre cet hommage aurait été comme un abandon aux yeux de l'enfant.
Le jeune homme écouta avec attention ce que la belle avait à lui dire. Curieux, il se demandait ce qui avait pu pousser cette jeune femme à venir vivre à Cydonia car, de part son physique, elle ne ressemblait pas vraiment aux Cydiennes de la cité. Ainsi, la jeune femme était-elle originaire de sa propre cité natale même s'il n'avait jamais entendu parler de la boutique de sa mère …

« Ma mère était une fugitive alors j'ai du parfois voyager oui ... »

Il avait répondu du tac au tac et ce ne fut que lorsqu'il comprit ce qu'il venait de dire qu'il se rendit compte de sa bêtise. Aussitôt, il réfléchit à comment faire pour rattraper son erreur et ce fut piteusement qu'il enchaina :

« Excusez-moi, mais il se fait tard et ma tutrice risque de s'inquiéter si je ne rentre pas maintenant »

On avait vu mieux en effet comme sortie mais le jeune Almer n'avait rien de mieux sous la main. Il salua poliment la belle, ne lui laissant pas l'occasion de répliquer, s'excusa une nouvelle fois et lui dit au revoir. Quelque part, il espérait qu'elle ne le rappellerait pas mais fort heureusement, ce ne fut pas le cas.

« Tu es en retard, je m'inquiétais » lui dit Thémis en le serrant dans ses bras dès son retour à la maison.

« La maison » … oui, c'était ici que se faisait sa vie désormais.

[ Désengagé ]
[ En fait, je pensais que tu rebondirais sur les informations que je te donnais sur lui, enfin brefle xD Merci pour le RP ! ]