*Le Soleil s'est couché,
Ainsi que les Pléiades.
L'heure a passé.
Et moi je hurle, seule, à la Lune.

Ma mère me racontait ce poème quand j'étais petite. Elle me le disait lorsque je m'endormais. Je l'ai gardé en moi, comme un talisman. Aujourd’hui, je le vie, comme une prophétie.
La Pleine lune me fait face. elle me regarde de son œil rond et semble vouloir me parler. Et je la sent. Elle me parle. Elle me dicte que faire. En ce jour je suis sa servante.
Cette idée aurait horrifié la femme que je suis. Celle qui a juré de ne jamais être au service d'un être vivant. Mais je suis Louve et j'obéis à ma déesse.

Je sens la Chasse monter en moi. Je ne m'appartient plus.
L'odeur d'un animal agresse mes narines.
Je le sens qui est là.
Pas trop loin.
un animal à sang chaud.
un cerf.
Dangereux, mais une proie qu'il va me falloir chasser.
Je file comme une flèche dans sa direction et la Chasse commence.
Lui faire peur.
Sentir sa peur monter, emplir l'air et l'étouffer.
Sentir son sang qui bat à son cou.
et au moment opportun,
Bondir.
Mordre.
Déchiqueter chaire et os.
hurler à la Lune son sacrifice.*

Le soleil se lève et trouve Sophia, allongée dans l'herbe. Son visage est couvert de traces de sang, ces cheveux dans le plus complet désordre et ses yeux sont cerclés de cernes. Cela fait deux jours qu'elle ne dors pas. Deux nuits qu'elle doit chasser, poussé par un instinct qu'elle ne peut refréner.
"Être humaine c'est vivre sa vie. Être Louve c'est vivre celle d'un autre."
Ainsi lui avait dit le chaman qui l'avait formé. Lui qui lui avait donné ce surnom de Louve.
Se levant, la jeune femme chercha où elle se trouvait. Elle commençait à vraiment bien connaitre la foret à force d'errer sous une forme ou une autre. Elle s'orienta, et marcha, pieds nus dans les bois jusqu'à sa cabane où elle pourrait nettoyer les traces de sa nuit tumultueuse. Elle ne se souvenait jamais vraiment de la Chasse. Les seuls souvenirs étaient ceux de sang et de courbature d'avoir couru toute la nuit.

Alors qu'elle arrivait devant sa cabane, une simple maisonnette de bois qu'elle avait arranger, elle vit qu'elle avait de la visite.

Le soleil pointait timidement le bout de son nez lorsque Jelenna ouvrit les yeux ce matin-là. La petite demoiselle avait passé la nuit à trembloter, secouée par d'étranges rêves dont elle ne parvenait pas à saisir la signification. Tout avait pourtant bien commencé, comme chaque soir, ses pieds nus avaient foulé le sol imaginaire de ses songes et comme chaque nuit, Imala, l'esprit de l'animal-loup qui veillait jadis sur Diane, la belle déesse sylvestre des Amazones, l'attendait au pied de l'unique arbre trônant au beau milieu du paysage. Jelenna se dirigeait vers elle d'un pas lent, le regard de braise de la louve ne la quittant pas. Quelque part, une sorte de jeu s'était installé entre elles, la petite princesse prenant tout son temps pour avancer tandis que la louve, amusée, attendait son arrivée sans daigner pour autant se lever.

« Petite princesse des arbres » murmurait-elle toujours à son attention.

Dans un sourire, Jelenna s'assit à ses côtés, plongeant son corps dans la fourrure épaisse et immaculée de la belle louve tandis que cette dernière posait son énorme tête sur celle de la petite princesse pour y déposer sa truffe humide en signe d'affection. Roulée en boule contre le flanc de la belle, Jelenna attendait ce qu'elle avait à lui dire car Imala ne se déplaçait jamais pour rien.

« Il est du monde qui souhaite te voir enfant » annonça la protectrice de Diane dans un souffle, le regard amusé.

Jelenna n'aimait pas ce genre de choses, en général, les « rencontres » dont parlait Imala n'étaient jamais de bonne augure et si elles n'étaient pas méchantes, sans quoi la louve mettait un terme à leur entrevue, elles lui donnaient parfois la chair de poule et des informations dont la jeune adolescente se serait volontiers passée. Pour l'heure, la demoiselle se contenta de garder le silence, attendant de voir ce que lui avait réservé l'esprit ancestral.
Elle n'eut fort heureusement pas longtemps à attendre et sentit son cœur s'accélérer lorsqu'elle devina qui avançait vers elle. Des larmes montèrent et ne tardèrent pas à rouler le long de ses joues …

Lika avançait vers elle.
Belle, redoutablement belle même, elle semblait si différente et pourtant si proche de celle que la petite princesse avait toujours connu. Cela faisait quelques mois maintenant que la petite et la Chef des Sentinelles en personnes avaient tuées une seconde fois la belle et c'était l'Amazone elle-même qui avait donné le coup de grâce à son ancienne tutrice. De la honte comme une certaine gêne emprisonnèrent le cœur de la petite tandis que la belle albinos avançait toujours en sa direction. Un sourire franc et simple flottait sur ses lèvres de sorte que Jelenna en fut quelque peu rassurée mais malgré tout, elle ne pouvait s'empêcher de vouloir quitter les lieux. Pourquoi diable Imala souhaitait-elle qu'elle rencontre celle à qui elle avait volontairement ôte « la vie » ? Inquiète mais incapable d'esquisser le moindre geste, elle attendit que la forme soit à sa portée et lorsque ce fut le cas, ce fut Lika qui parla la première :

« Ma princesse, quelle joie de vous savoir saine et sauve »

Le ton était sincère, l'attitude aussi. Son visage n'exprimait aucune haine, aucune peur, aucune rancœur, seulement de la gratitude, aussi étrange que cela puisse paraître. Dans son esprit, tout s'embrouillait. N'aurait-elle pas du la haïr ? Pire que tout, vouloir qu'elle disparaisse ? Jelenna lui avait finalement ôté la seconde chance qu'on lui avait donné de fouler la terre ici bas …

« Petite princesse, tu n'as pas à t'en faire, tu m'as rendu la liberté »

Lika lisait ses pensées, bien que cela soit totalement inconcevable, ce fut à l'instant précis où elle prononça ces mots que l'idée lui traversa l'esprit. Rassurée pour autant, la petite sourit et les larmes finirent de rouler le long de ses joues.

« Sèche tes larmes petite, tu auras bientôt toute l'occasion de pleurer »

Cette voix n'était pas celle de Lika, ni celle d'Imala et pourtant, la petite fille la connaissait par cœur. Une voix d'Outre tombe, bercée par le regret, la mélancolie et la colère. Une voix qui s'était sacrifiée pour la sauver, elle et pour sauver sa sœur, sa fiancée …

« Il faut être un homme pour sortir de telles conneries. La mort t'aurait-elle rendu plus sot que tu ne l'étais déjà ? »

Si la situation était risible, la colère perlait franchement dans le ton de l'ancienne Sentinelle tant et si bien que le Capitaine des Elfes eut un mouvement de recul avant de répondre d'un ton acerbe :

« Il vaut mieux qu'elle le sache non ? Tu penses qu'ils vont les laisser en paix ? Tu crois qu'elle va pas crever cette fois ? »

Ce fut sur ces mots que la petite ouvrit les yeux. Imala, Feanaro et Lika avaient disparu et seule demeurait dans la chambre dans laquelle elle s'éveillait Eléa qui était déjà en train de s'habiller. Surprise de voir la petite se réveiller dans un sursaut, l'héritière s'approcha d'elle, Korosu et Oni sur les talons, visiblement excités par la séance d'entrainement à venir. Son ainée lui demanda si elle allait bien et comme toujours, Jelenna ne put s'empêcher de se confier à elle. Eléa n'était pas toujours à même de répondre à ses questions, pour ainsi dire jamais en fait, mais elle était cependant de bon conseil.

« Je n'en sais rien, tu ne devrais pas écouter cet abruti de toute façon »

La rancœur perlait dans la voix d'Eléa, pour sur, lui parler de Feanaro au réveil n'était pas forcément agréable mais pour autant, ce fut en douceur, non sans un soupir, qu'elle reprit :

« Je ne sais pas ce qu'il a voulu te dire mais une chose est sure, si ton rêve était une vision, ce dont je doutes, il ne se serait pas déplacé par hasard. Père est absent, la seule ritualiste que je connaisse en dehors de nos Sentinelles vit à l'orée de la forêt, prends Haiiro et va la voir si tu veux vraiment en avoir le cœur net. »

Voilà comment la petite s'était retrouvée devant cette cabane, Haiiro sur les talons. La maisonnette en bois ne payait pas de mine mais Jelenna faisait suffisamment confiance à son ainée pour savoir qu'elle ne l'avait pas envoyé là par hasard. Peut-être cette chamane aurait-elle les réponses tant escomptées ! La petite fille avait attendu près de deux heures quand elle se décida à quitter les lieux, la louve au pelage cendré ouvrait la voie lorsqu'une silhouette se fit entrevoir. La petite princesse ignorait tout de la personne qu'elle cherchait, aussi lança-t-elle :

« Excusez-moi, je cherche une chamane, sauriez-vous où je peux la trouver ? »

La petite regretta aussitôt sa question lorsqu'elle remarqua le sang. Un pas en arrière qu'elle ne put réprimer acheva le tableau tandis qu'Haiiro, par pure précaution, se plaça devant elle.

Sophia se trouvait face à une enfant. Une simple enfant que protégeait une louve. Un spectacle peu commun... mais qui pouvait dire ce qui était commun de nos jours?
La chaman avança, ne prêtant que peu attention à la louve qui ne savait comment prendre la nouvelle venue.

Ce n'est pas une bonne journée pour qu'une enfant vienne ici. Dit-elle à l'intention de son invitée. Une enfant ne devrait pas voir ce que la Chasse nous fait faire. Mais il serait impolie de refuser l'aide d'une personne, alors entre mais ne regarde pas trop le bazar... Louve a été quelque peu... agitée cette nuit.

elle fit entre Jelenna dans la cabane où régnait un joyeux désordre. Sans y prêter attention, Sophia commença à redonner vie au feu avant de poser une grande marmite au dessus de l’âtre afin d'y faire bouillir de l'eau.

Veux-tu bien surveiller ça tandis que je fais un brin de ménage et de toilette. Je dois te faire peur. La Chasse m'a épuisée. tu as juste à t'assoir et à éviter que ça ne déborde

Puis sans attendre de réponse, elle dégagea un fauteuil, le posta devant le feu et s'en fus, laissant Jelenna seule avec sa louve dans la pièce principale de la cabane.

Après une dizaine, de minutes, Sophia revint. elle s'était débarbouillée la tête et le corps, avait quelque peut coiffer ses cheveux qui lui retombaient sur les épaules et avait passé une robe blanche qui lui couvrait presque tous le corps.

tu cherches une chaman? dit-elle tout en observant la marmite où bouillonnait déjà l'eau. elle préleva quelques feuilles dans un vase, pris une racine dans un autre, quelques noix dans un troisième et lança le tous dans l'eau bouillante. après quelques secondes, et sans vraiment regarder la jeune fille, elle pris deux gobelet de bois et les plongea dans la marmite. Elle en tendis un à Jelenna et continua :

Puisque tu es venu chez moi que puis-je pour toi? ce disant, elle plongea une assiette à haut bord et posa la mixture près de la louve.

Haiiro n'émettait aucun son et ses muscles, s'ils étaient certes prêt à bondir, ne trahissaient pas sa volonté d'agir, ce qui rassura quelque peu la petite princesse qui avait toujours tendance à faire confiance à l'animal. Son instinct était beaucoup plus développé que ses propres sens et vu que la louve au pelage cendré était censé la protéger, Jelenna se disait que si cette dernière ne bougeait pas, c'était qu'il n'y avait pas à s'en faire … Quoi que la vue du sang ne la rassurait pas vraiment. La jeune femme avança dans sa direction et la petite demoiselle se força à ne pas bouger, à ne pas prendre ses jambes à son cou pour filer le plus loin possible de cette étrange jeune femme. L'animal à ses pieds ne broncha pas, attendant, observant. Tant qu'elle gardait ses distances et qu'elle ne s'en prenait pas à Jelenna, tout allait bien. A nouveau, son attitude rassura la princesse bien qu'elle eut préféré être loin d'ici à cet instant.

La jeune femme se mit à parler et Jelenna ne comprit pas tout de suite de quoi elle parlait. Chasse ? Nous ? Elle mit un certain temps à comprendre que la chaman parlait d'elle à la troisième personne et si cela ne la choqua pas, cela ne l'a mit pas à l'aise pour autant. Malgré tout, elle suivit son interlocutrice dans sa demeure, Haiiro à ses côtés. Elle ne pouvait d'ailleurs pas s'empêcher de garder sa main droite posée sur la tête de l'animal qui lui arrivait à au milieu du ventre à peu de choses près.
Il régnait dans la cabane un bazar sans nom qui ne choqua pas le moins du monde la petite. Il n'y avait qu'à faire un tour dans les chambres de ses sœurs pour voir à quel point un enfant pouvait être désordonné … De ce fait, l'Amazone n'avait pas vraiment de commentaires à faire sur le sujet et son éducation l'aurait de toute façon empêché de soulever ce point.

La jeune adolescente observa son hôte poser la marmite sur le feu qu'elle venait de ranimer sans dire un mot. Elle ne dit rien non plus lorsque cette dernière quitta la pièce centrale. Apeurée pour ainsi dire par cette étrange femme couverte de boue et de sang, Jelenna préféra obéir en attendant son retour. Elle avait finalement bien envie de quitter les lieux mais cela aurait été fortement impoli et Eléa n'aurait jamais prit le risque de la mener dans un guet à pan …
Eviter que ça ne déborde ? Il était évident que cette jeune femme ne connaissait pas Jelenna car si cela avait été le cas, elle aurait su que la petite demoiselle, de part son rang, n'avait jamais vu une marmite d'aussi près … Elle essaya tant bien que mal de surveiller la marmite sans s'en approcher de trop de peur de se brûler, ne sachant pas du tout quoi faire dans le cas où elle déborderait. Se sentant totalement stupide dans cette situation, elle finit par se demander si sa sœur aînée n'avait pas cherché à lui jouer un mauvais tour. Non, vu les dernières années et les derniers événements, c'était impossible.
Une dizaine de minutes, les plus longues de sa vie, s'écoulèrent avant que la jeune femme ne revint dans la pièce centrale. Une robe blanche, un visage immaculé … elle aurait presque pu paraître un ange sans cet air quelque peu sauvage qui habitait tant ses traits que ses pas. La question la surprit bêtement. Elle ne s'attendait pas à ce qu'elle lui parle et se contenta donc de répondre piteusement :

« Oui »

Jelenna la regarda faire, mélangeant toutes sortes d'ingrédients dans la marmite. Elle n'osait plus parler, ni bouger. Haiiro quant à elle reniflait l'air histoire de passer le temps et seule son devoir l'empêchait de satisfaire sa curiosité. La petite saisit le récipient sans vraiment savoir quoi faire et regarda la jeune femme déposer à ses pieds l'étrange mixture que la louve, après l'avoir reniflé, ne se fit pas prier pour avaler.
L'espace d'un instant, Jelenna hésita, se disant qu'elle ferait mieux de partir mais sa curiosité la poussa à rester à et poser les questions qui la tenaillaient :

« Ma sœur aînée affirme que vous êtes ritualiste, si tel est le cas, je souhaiterais vous poser des questions concernant les rêves qui troublent mon sommeil. Acceptez-vous de m'aider ? »

Jelenna observa la chamane d'un air dubitatif malgré elle. La petite ne jugeait jamais personne mais force était de constater qu'elle craignait un peu son interlocutrice et que cela ne l'aidait pas à entamer la conversation et à lui accorder sa confiance. Trop souvent trahie par le passé, la princesse avait désormais tendance à se rassurer avant de faire confiance aux gens qu'elle ne connaissait pas. En l'observant, elle finit par se demander si elle avait bien fait de venir et la question qui lui brûlait le gosier depuis son arrivée finit par sortir bien malgré elle :

« Vous … vous avez dit avoir chassé … » elle hésita, de peur de la froisser, mais ne put s'en empêcher, « vous avez chassé … toute seule ? »

La question sous entendait tant d'autres questions mais Jelenna n'osait pas les poser. Comment avait-elle chassé ? Pourquoi ce sang ? Tout cela restait en travers de sa gorge, de peur sans doutes d'en obtenir la réponse.

[ Disoulée, je manque d'inspiration ce soir >.< ]

Sophia regarda la Jelenna d'un œil circonspect.

tu es protégée par une louve et tu ne sais rien d'elle? Oui j'ai chassé. Seule ou en meute je ne sais plus trop. C'est ma déesse qui me cache ce que j'ai put faire dans la nuit. comme toi je vénère une déesse d'humain, mais comme elle, dit-elle en pointant Haiiro, je vénère Yllia, la Lune. Cette nuit, était la dernière nuit de Chasse. Alors nous courrons, chassons et régalons notre divinité de sang. Pour elle nous trouvons des proies et nous les tuons. Jamais par contre nous ne touchons à ces sacrifices.

Voyant le regard de son invitée, Sophia sourit.

Que croyez-vous que votre louve fait de ses nuits? elle court chasser et assouvir ses instincts. Elle chasse et vénère Yllia comme chacune d'entre nous.

sophia vida son verre et le posa à coté du feu.

Mais je ne crois pas que vous soyez venu pour que nous parlions Chasse. Vous avez parlé de ritualiste. je ne sais pas trop de quoi vous parlez. Je vois les rêves des gens et je les aide à les comprendre. Parfois il suffit d'en parler pour que bien des choses s’arrangent. Parfois il faut les vivre pour les comprendre.

Sophia se leva de son siège et se planta devant Jelenna la fixant dans les yeux. Ses yeux étincelèrent et virèrent à l'or. devant le mouvement de recul de Jelenna, elle lui pris le bras, doucement, mais fermement.

De quoi rêvez-vous?

[ben tu vois moi j'avais pas trop d'inspiration... et un chat qui m’empêche d'écrire car il trouve plus sympa de me courtiser...]

Jelenna la trouvait étrange et encore, elle pesait ses pensées car le mot était faible vu les réactions de la jeune femme. Louve ? C'était bien comme ça qu'elle avait dit s'appeler non ? La petite princesse trouvait cela d'autant plus étrange sans parler du fait que son interlocutrice s'exprimait de façon très étrange. Elle parlait à la troisième personne, comme si ce n'était pas vraiment d'elle dont elle parlait … L'Amazone se sentait mal à l'aise en présence de la jeune femme … Quelque part, son corps lui criait de filer à l'Astorg sans demander son reste mais ses pieds restaient ancrés au sol comme si rien ne pourraient plus jamais les faire bouger. A ses pieds, Haiiro mangeait tranquillement sans se soucier du mal être de sa compagne à deux pattes pour un sou. Si la louve ne disait rien, sans doutes que cela était de bonne augure …

La jeune femme reprit la parole et une fois encore, sa façon de parler interpella la petite demoiselle sans qu'elle n'ose esquisser le moindre mouvement, la moindre émotion. Neutre, il fallait rester neutre tentait-elle de s'obliger à penser pour ne pas paraître plus peureuse qu'elle ne l'était. Elle écouta en silence les dires étranges de la jeune femme sans pour autant parvenir à tout saisir.

« Haiiro n'est pas ma louve … » répondit-elle, quelque part un peu vexée.

Haiiro suivait ses pas depuis près de cinq ans et entendre ce genre de choses blessa étrangement Jelenna bien plus qu'elle ne l'aurait pensé de prime abord. Ce fut sans doutes pour cela qu'elle ajouta, quelque peu sur la défensive :

« Haiiro dort avec nous la nuit, elle ne chasse qu'avec Eléa. Et puis … sans vouloir vous vexer, les animaux ne croient pas aux dieux, ils se sont affranchis des dieux depuis bien longtemps. »

Le ton était posé sur la fin de sorte que Jelenna retrouva quelque peu son calme. Après mure réflexion, la petite princesse soupira, se sentant quelque peu gamine d'avoir réagi de la sorte. Sans doutes que si Mère la voyait, elle se moquerait d'elle et lui dirait de grandir un peu en la taquinant. Elle aurait bien raison d'ailleurs !

« Qu'est-ce-qui vous fait dire que je vénère les dieux des hommes ? » demanda-t-elle, cette fois sincèrement curieuse.

Etrange mais attirante. Voilà qui pouvait résumer la chamane … dont elle ignorait le nom. Quoi qu'elle l'appellerait Louve puisque tel était son désir. Etrange prénom mais qui, tout aussi bizarrement, permettait de se sentir proche d'elle sans savoir pourquoi. Jelenna capta le sourire de la jeune femme et ne put s'empêcher de le lui rendre, timidement. Qui était cette Ylia ? La question lui brûlait la langue mais l'adolescente préféra la taire. L'heure n'était pas aux questions, elle ne cherchait que des réponses pour peu que cette étrange énergumène puisse y répondre …
La jeune femme lui saisit le bras, augmentant le besoin d'espace de Jelenna. A ses pieds, la louve gronda pour signifier qu'elle ne tolérait pas que l'on touche à sa protégée et la petite princesse quant à elle se détacha avec douceur de l'étreinte forcée. Massant instinctivement son bras, l'Amazone chercha ses mots, hésitant désormais sur ce qu'elle devait dire ou pas et puis, après quelques hésitations, elle finit par répondre sur un ton calme mais témoignant pourtant de son trouble :

« De morts »

Comme si elle tentait de se persuader de ce qu'elle voyait, Jelenna reprit :

« J'ai rêvé de mon beau-fr... » elle marqua une nouvelle hésitation, « J'ai rêvé de Feanaro Gälathil, Capitaine de la Garde tombé au combat en 151 et de Lika Nagaza, Amazone assassinée à Ptot Tàh en 150 … »

Elle parlait sans comprendre quoi que ce soit, sans comprendre réellement ce qu'elle disait, comme si quelqu'un parlait à sa place … En réalité, Jelenna se demandait pourquoi elle lui avouait tout ça car plus elle y pensait, plus ces rêves ne voulaient surement rien dire et au pire … que risquait-elle bien à l'abri entre les murs de Muria ?

« Le Capitaine est venu m'annoncer ma mort ... »

Voilà ce qui la perturbait en réalité. Outre mourir, elle craignait pour sa cité et sa famille si elle venait à disparaître. Et surtout, elle craignait qu'une nouvelle guerre ne déchire le monde des hommes sous peu ce qui ne pouvait pas être pire, les blessures de la dernière étant à peine panser.

« Pensez-vous qu'il me faille le voir comme un présage ? »

[ La réponse est rapide disoulée >.<
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Sophia sourie. Décidément cette petit l'amusait.

Croire que les animaux ne vivent qu'auprès des hommes était d'un comique. Elle savait, pour en avoir fait l'expérience, qu'un animal pouvait disparaitre aussi silencieusement qu'une ombre et revenir avant même qu'on ne remarque sa disparition. Elle avait vécu l'appel de Bast et celle d'Ylllia. Elle avait senti la Chasse monter en elle comme un appel qu'elle ne pouvait ignorer.
Elle avait ressenti en elle le plaisir de chasser pour sa déesse.
Elle avait senti le gout du sang de sa proie.
Elle avait senti la joie d’offrir un sacrifice à celle qui lui était supérieur.
Entendre que la louve de Jelenna ne quittait jamais sa maitresse la fit rire aux éclats, mais elle se retint, ne voulant pas vexer son hôte. Elle ne fit que sourire tendrement devant la jeunesse et la naïveté. Cette même jeunesse qu'elle avait perdue à jamais.

Lorsque la jeune fille commença à parler de son rêve, les yeux de la chaman devinrent étranges. Ils se teintèrent d'un éclat dur, comme si elle perçait de son regard l'âme même de celle qui était venu réclamer son aide. Toutefois, c'était comme si Sophia n'était plus là, comme si plus rien n'existait en ce monde: ni la louve qui grognait, ni même la jeune fille qui parlait, ni même la nature environnante, ni le feu qui brulait doucement dans l'âtre.

Nous mourrons tous un jour dit la Chaman lorsqu'elle redevint elle-même. C'est dans l'ordre des choses. le tout est de savoir si, quand le moment sera venu, nous seront prêtes. La mort n'est rien d'autre que de laisser son corps sur cette terre et de voyager auprès des esprits.

Elle se releva et s'assied sur une chaise qu'elle apporta en face de Jelenna.

C'est un présage... D'un point de vue que je ne peut définir. Aucune créature ne peut s'y soustraire. mais nous pouvons y échapper par bien des moyens. Après tout, tu es maitresse de ton destin et les choix que nous faisons régissent notre vie à tous. La question que tu devrais poser est la suivante: Que faire pour aller dans le sens de cette prophétie et que faire pour lui faire prendre un tour différent?

La chaman tendit le bras pour reprendre le bol qu'elle avait posé et se resservit une tasse de son breuvage.

Encore un bol? Dit-elle d'un ton plus léger

Sans attendre la réponse de son invitée, elle continua, redevenue sérieuse.

Les rêves nous apprennent parfois plus que nous ne voudrions. Et nous les oublions bien vite. Tu me parles de personnes que je ne connais pas, d'actes qui se sont passés sans que je les connaissent. Il y a deux moyens pour moi de t'aider : où tu me dis tout ce que tu sais, même ce que tu te caches...

Sophia se leva sans finir ses explication. Son attitude avait grandement changée. De sérieuse et inquiétante, elle se comportait comme une gamine pressée de sortir faire des bêtises, sautillante et désinvolte. On eut dit qu'une autre personne avait pris possession du corps de la Chaman.

Allons nous balader! A notre retour tu me diras ce que tu veux que je fasse.dit-elle avec un sourire énigmatique.Mais pour le moment ne penses pas à ces tracas. le soleil est encore jeune et nous avons la journée pour te changer les idées.

Haiiro avait fini de manger et, comme pour signifier qu'il n'y avait pas le moindre problème, elle se frotta contre les jambes de sa compagne à deux pattes. Voilà bien longtemps que la louve ne vivait plus parmi les siens, elle avait choisi depuis longtemps les hommes et plus précisément, la famille royale. Dès sa rencontre avec l'héritière, la louve au pelage cendré avait ressenti un lien profond et sincère l'unissant à elle et pour rien au monde elle n'aurait souhaité le partager et revenir dessus. Protéger Jelenna était devenu pour elle une conviction, une façon de vivre et la vie de la forêt ne lui manquait que peu contrairement à Korosu et Onii.

Jelenna ne quittait pas la jeune femme des yeux, se demandant ce qu'elle pouvait penser, craignant d'entendre quelque part ce qui la terrifiait par avance. Et si jamais Feanaro avait raison et qu'elle doive mourir ? Serait-ce au moins pour protéger les siens ou mettrait-elle à nouveau leur vie en danger pour préserver la sienne ? Là était la vérité, la petite princesse Amazone n'avait pas spécialement peur de mourir, elle avait même attendu cela comme une sorte de délivrance il fut un temps, non, elle craignait simplement que le funeste destin que lui promettait son ancien beau frère n'entraine la mort de ses proches, prêt à tout pour la préserver. Alors fébrilement, elle attendait la réponse de son hôte.
La Chaman ne semblait pas comprendre, aussi Jelenna précisa-t-elle aussitôt, tandis que cette dernière s'asseyait sur sa chaise :

« Je n'ai pas peur de mourir, je crains simplement d'entrainer les miens avec moi ... »

Muria ne pouvait tomber pour elle, il n'en était pas question. Elle aimait sa cité, elle aimait les siens, plus que tout. Sur son sang, jamais elle ne permettrait que d'autres meurent pour elle. « Je suis désolée … » voilà tout ce qu'elle avait pu dire aux rescapées et aux enfants de celles qui avaient donné leur vie pour elle. Philéa avait sacrifié sans hésiter les âmes pour la sauver d'Azael et s'il était vrai que sa propre mort aurait signé la perte de tous, elle ne supportait pas l'idée de revivre cela.
Un tour différent … oui, sans doutes devait-elle désormais réfléchir à cela plutôt que de craindre des fantômes. La princesse déclina poliment l'offre, incapable d'avaler quoi que ce soit … Elle réfléchissait à ce que disait la jeune femme sans pour autant trouver la solution.

Jelenna réfléchit à ce qu'elle pourrait dire mais visiblement, elle avait tout dit ou presque. La jeune femme passa du coq à l'âne, déstabilisant la petite qui se contenta de suivre le mouvement. Intriguée par cette jeune femme, elle en oublia un instant ses tracas et ne put s'empêcher de se poser des questions sur elle. A bien l'observer, la demoiselle se rendit compte à quel point « Louve » était étrange et pourtant attirante. Alors ce fut sans hésiter qu'elle la suivit au dehors et qu'elle lui demanda de but en blanc :

« Ça fait quoi d'être une louve ? »

Jelenna enviait ceux qui avaient ce don étrange que de ne pas être des hommes entiers. Être animal, vivre libre. Voilà ce qu'elle voyait dans ce pouvoir étrange. La jeune fille, inspirée et ayant sincèrement envie d'en savoir plus, finit par poser des tas de questions à son interlocutrice :

« Tu vis ici depuis longtemps ? J'aurais aimé voyagé, mais je n'en ai eu que peu l'occasion … Parfois, je me dis qu'il me serait plus simple d'être née enfant et non princesse. »

La petite soupira avant de reprendre :

" Ne te trompe pas, j'aime ma cité, juste que parfois, j'aimerai avoir le pouvoir de m'évader, un peu comme toi en somme. "

Un petit sourire éclaira timidement son visage.

[ Désolée j'ai pas d'inspiration, j'arrive pas à lancer un sujet de discussion ç___ç ]

Sophia regarda la jeune fille avec un regard tendre. "quel effet cela fait d'être Louve" elle sourit à ces mots et se perdit un instant dans ses pensées.

alors que les deux femmes sortirent dans la foret, Sophia parlait plus librement.

Je suis arrivé ici voici un an. J'ai longtemps cherché ce lieu et j'avoue avoir eut un peu de mal à le trouver. Mais depuis que je suis ci, ma vie semble avoir pris une nouvelle tournure. Tu sais, vivre une vie normale n'est pas à la portée du premier venu. Regardes-moi, j'ai été esclave toute ma vie. J'ai jamais eut de liberté, jamais eut le droit à une parole douce. Et regarde moi, je suis une sauvage qui vit recluse car elle a peur du Monde. Toi tu es née avec des privilèges. tu es née avec l'assurance d'avoir un toit, de pouvoir partir où tu veux, quand tu veux... Mais tu restes ici. Tu es toi aussi enchainée à ta condition.

La Chaman s’arrêtait ponctuellement pour ramasser ici une brindille, ici une feuille, là une racine.

Être Louve c'est vivre dans un corps qui n'est pas le sien. au début c'est gênant. Marcher à quatre pattes est difficile et nous sommes tous maladroit. Mais c'est vivre à travers les sens d'un autres. Nous percevons le monde différemment. Nos sens sont décuplés et nous vivons différemment. Mais là aussi nous avons nos limites. Nous devons manger pour nous nourrir. Moi qui suis végétarienne, je me dois de manger de la viande, de tuer un animal pour vivre. Et puis il y a Yllia. Elle m'a guidé, m'a offert son savoir et m'a ouvert les yeux. Je ne suis pas une personne qui voue sa vie aux dieux, mais je me dois de les respecter, de vivre selon les rites inscrits dans nos coutumes. Être Louve c'est vivre comme une humaine quelque part.

Sophia s’arrêta dans une clairière où siégeait un grand arbre.

Ici nous serons bien. dit-elle en s'asseyant au pied de ce qui devrait être l'un des plus vieux arbres de ces lieux. Tu voulais savoir ce que je pouvais faire pour toi? Dit-elle soudain très sérieuse. Voici que deux chemins 'offrent à toi: celui de la vérité et celui du voyage. Si tu va sur le chemin de la vérité, tu devra oublier tes peurs et avancer quoi qu'il arrive, en ne cachant rien de ce que tu es. Si tu prend le chemin du voyage, je serai à tes cotés, mais tu affrontera ta peur. Je serai là pour te guider, mais tu sera seule maitresse de ce qui se passera... et parfois tu montrera des choses que tu ne veux pas garder...

Sophia marqua un temps, laissant la jeune femme réfléchir à ces propos.

Dans les deux cas, je te soutiendrai, mais dans les deux cas, tu risque de m'en vouloir. Au final, je saurait sur toi, peut-être plus e choses que bien des personnes dan ce monde... peut-être même plus que tes proches, peut-être même plus qu'elle, dit-elle en désignant la louve qui s'était assise. Mais une chose est certaine, tu apprendras.


[dsl pour le retard de post, mais j'ai un planning très chargé en ce moment. ]

La forêt leur tendit bientôt les bras.
Jelenna hésita, ne souhaitant pas spécialement se balader en compagnie de la jeune chaman dans la forêt, et ce, même si Haiiro les accompagnaient. « Louve » si tel était vraiment son prénom, avait quelque chose d'étrange, de dérangeant mais paradoxalement de terriblement attirant. Quoi qu'il en soit, la petite princesse émettait quelques réserves à son égard et ne tenait pas tant que ça rester en sa compagnie seule à seule. Pas dans la forêt du moins, la maison lui semblant soudain plus chaleureuse, plus douce … La demoiselle oublia ces sombres pensées lorsque son interlocutrice reprit la parole. La petite fille l'écouta sans broncher, n'osant nullement l'interrompre.

Jelenna allait répliquer, lui dire qu'elle ne savait pas ce qu'elle disait, que naître Amazone, ou même princesse n'était pas si facile qu'on pouvait le penser. Mais au final, la jeune fille se rendit compte que la chaman avait raison. Certes, elle était protégée par sa mère, par son aînée, peut-être même par toute la cité, certes elle avait un toit, et l'avenir lui tendait les bras … Certes, elle restait ici. Mais Muria était sa mère patrie, sa cité, le cœur de son âme … ce n'était pas par obligation qu'elle restait mais par choix ! Elle avait envie de lui répondre mais la jeune femme avait déjà repris la parole. Une colère sourde mêlée d'une certaine gêne inexplicable montait en elle bien qu'elle parvienne à les refouler.

La jeune femme reprit son discours, répondant à sa première question, du moins pensait-elle qu'il s'agissait de sa première question, car elle n'en était plus très sure désormais. La jeune femme l'écouta parler de son destin de louve, totalement sous le charme de son récit bien qu'elle ne puisse pas en partager ne serait-ce qu'un bout. Une seule chose la chagrina, pourquoi parlait-elle toujours de « nous » ? Et Yllia ?

« Qui est Yllia ? »

Jelenna se demandait si la jeune femme parlait d'une louve qu'elle aurait rencontré la guidant dans la forêt. Peut-être était-ce en réalité un autre nom d'Imala ? La petite Amazone en doutait quoi qu'elle eut envie de poser la question. Elle s'abstint au dernier moment, se disant que la jeune femme aurait toute l'occasion de lui répondre et qu'à partir de là, elle pourrait la questionner. Elle avait d'ailleurs énormément de questions en tête et notamment sur son passé mais pour l'heure, Jelenna jeta un coup d’œil sur le monde qui l'entourait, gardant ses interrogations pour elle.
Une clairière s'offrait à elles et le soleil baignait cette dernière de ses rayons doux. Son interlocutrice s'assit au pied de l'arbre, enjoignant ainsi à la fille de la reine Amazone que le voyage était terminé.

La petite demoiselle écouta en silence ce qu'avait à lui dire la chaman. Incapable de savoir et de comprendre ce qu'elle lui disait, Jelenna fit un gros effort pour se concentrer sur son discours. Il lui était difficile de comprendre en quoi elle pourrait lui en vouloir et surtout, difficile de savoir comment elle allait en apprendre plus sur elle que ses proches …

« Je crains que tu ne puisses apprendre plus sur moi que ma propre sœur mais je suppose que là n'est pas la question. Je choisis la vérité et je choisis de ne pas t'en vouloir. »

Jelenna se tut une seconde, hésitant, avant de finalement se lancer :

« La vérité sur toi. Je veux la vérité sur ton passé comme sur ces chaînes qui t'entravent. »

Soudainement sérieuse, la petite princesse se rappela tout ce qu'avait pu lui dire la chaman dans la forêt, et se décida enfin à reprendre :

« Je veux la vérité sur mes propres chaînes. »

La petite fille se rendit compte à quel point elle avait besoin de réponses. A quel point elle avait des questions demeurées sans réponse, encore et encore. Alors, le plus sérieusement du monde, Jelenna plongea ses prunelles dans celle de la demoiselle en s'asseyant en face d'elle, Haiiro se couchant à ses côtés, la tête posée sur ses jambes repliées. La main de l'Amazone se posa sur sa tête et elle prononça enfin :

« Je choisis la vérité dans le voyage. M'accompagneras-tu ? »

Il y avait bien longtemps que la petite princesse n'avait plus peur ni de ce que son esprit pouvait cacher, ni de ce qu'on pouvait y découvrir. Ses plus cruels souvenirs n'étaient rien de plus que des souvenirs, lointains, douloureux mais lointain. Alors, elle était prête à suivre son destin.

« Que dois-je faire ? »

Incapable de se retenir plus longtemps, elle ajouta :

« Répondras-tu à mes questions sur toi avant d'entamer notre voyage ? »

[ Si ce n'est pas ce que tu attendais, n'hésite pas à me le dire ^^ ]

Sophia resta muette quelques instants. C'était la première fois qu'une personne voulait savoir son histoire. Elle qui n'était rien, elle qui faisait tout pour éviter de dévoiler son passé. Elle qui avait fuit son histoire pour recommencer une nouvelle vie.

Elle rit un instant à cette idée saugrenue.

Voici une jeune personne bien étrange et pleine de surprise. tu veux savoir qui je suis? Tu veux connaitre mon histoire? Après tout pourquoi pas. il y a une sorte d'équilibre dans la Nature et je te demande de me dévoiler quelques uns de tes secrets, alors il faudrait que j'en fasse autant.

Elle leva les yeux au ciel et contempla les nuages.

Je suis né sur une petite ile très loin d'ici. Je n'ai quasi pas de souvenirs de cette vie. Juste des impressions sur ma mère qui me fredonnait quelques poèmes ou des voyages vers le temple de Deliah, la déesse des artistes. Mais mes souvenirs s’arrêtent avec le sac de notre village par des esclavagistes. j'ai vécu les dix années suivantes comme esclave. Une vie de misère où le mot liberté t'es enlevé de l''esprit. Étrangement c'est un chat qui m'a réappris cette notion. Lorsque j'étais enfant, une vieille femme me racontait des histoires incroyable sur des personnes qui pouvaient se changer en oiseau, en poissons. J'en rêvais la nuit. Je m'imaginais en chat, dévalant les escaliers de notre mansarde pour aller gambader dans les prés. Je ressentais ces rêves intensément. Puis un jour, je me suis réveillé dans un champs. Je ne savais pas pourquoi j'étais là. Comment j'aurai put franchir la porte fermée?
J'ai essayé de comprendre ce qu'il m'arrivais. J'ai réfléchis de tout mon jeune esprit et la seule conclusion était que j'étais devenu un chat. Alors j'ai exploité ce don. J'ai retrouvé un semblant de liberté. J'étais bien sous cette forme. Puis, j'ai essayé de changer de forme. Depuis toute petite j'avais peur des loups. Cette forme m'était aussi effrayante qu'un cauchemars. Alors pour accomplir le dessein que j'avais, il me fallait devenir forte et faire peur à ceux qui me croiserai. Alors j'ai pris l'apparence de ce grand loup qui terrorisa toute la région. je tuais les bêtes dans les enclos, je fondais sur les chiens à mes trousses, mais toujours je revenais chez mon maitre.
Un jour, je décidai de fuir une bonne fois pour toute. J'ai tué celui qui était mon propriétaire. Je lui ai arraché la gorge et je l'ai regardé se vider de son sang. J'étais assise, là, sous ma forme humaine afin qu'il sache qui avait mis fin à ces jours. Il a mis longtemps à mourir, et moi je le fixais d'un regard glacé. Aucune émotions ne transparait de mon visage, rien qu'un désir de vengeance.

Sophia marqua un arrêt, consciente qu'elle venait de dévoiler un aspect de sa personne que nombre d'humains aurait qualifié de psychotique. Oui elle avait une part d'ombre en elle. Oui elle avait fait des chose que a morale réprouverait. Et elle y avait pris un certain plaisir. Mais son regard restait celui d'une femme qui essaye de faire le bien autour d'elle. Alors elle continua de son ton le plus amical.

J'ai fuis des semaines durant. Jamais je n'ai lâché la forme de loups que j'avais prise. Un jour, je suis arrivé dans une clairière, un peu comme celle où nous sommes. Là j'y ai fait une rencontre qui a changé ma vie. Un vieux chaman y vivait. Jamais il ne m'a posé de questions sur mon passé. Jamais il n'a essayé de savoir qui j'étais, ni d'où je venais. Pour lui j'étais Louve et cela suffisait. C'est lui qui m'a baptisé une seconde fois. Une nouvelle naissance dans un nouveau monde. Il m'a raconté bien des choses, il m'a appris ce qu'il me fallait pour pouvoir vivre normalement auprès des humains et ce que je sais pour pouvoir les aider. Il m'a appris ma nature et m'a ouvert les yeux sur mes dons. Si je suis celle que tu vois aujourd'hui, c'est grâce à lui. C'est lui qui m'a appris l’existence de ces Dieux qui sont propres aux animaux. Sous ma forme animale, je me dois de respecter certaines de leurs règles. Yllia est celle que je vénère en tant que Louve et Bast me guide lorsque je suis Chatte. Cela fait parti de la Nature et il est de mon devoir de respecter ces coutumes lorsque je change de forme.

Sophia soupira. Jamais elle n'avait autant parlé d'un coups. Jamais elle n'en avait dit autant. elle tourna son visage vers Jelenna et lui souris tendrement.

Je te fais peur, je le sens. Tu as devant toi une meurtrière, une femme qui appris du plaisir à ôter la vie. mais tu as devant toi un chaman, donc une personne qui voyage entre les monde, une personne qui peut t'aider. Aujourd'hui, je voyage pour pouvoir aider les gens. mais je garde cette vie en moi. Je reste une personne qui tue lorsque je suis Louve. Je tue pour me nourrir lorsque ma condition me l'impose. Mais j'essaye toujours d'être honnête et si je peut apporter du bien à mes semblables, je le ferai.
tu veux voyager pour découvrir ce qui te fais peur? alors je te serai un bâton de marche. Je t'épaulerai quand tu auras besoin d'aide, je me battrai à tes coté lorsque tu le devras et je resterai dans un coin une vois le voyage fini.

[c'est pas du tout ce que j'imaginais, mais j'aime voyager de surprise en surprise. Mais le voyage que j'ai en tête risque d'être mouvementer... j'ai encore du Lewis Caroll en tête alors prépares-toi à du délire]

Jamais Jelenna ne s'était montrée aussi curieuse ou encore, aussi obstinée. Elle avait toujours prit en compte les sentiments des gens, toujours cherché à préserver leur intimité et à ne surtout pas attiser leur faiblesses mais aujourd'hui, la jeune femme avait fini par craquer. Devant cette chamane si étrange, aux paroles si énigmatiques, la petite princesse s'était sentie déroutée, en proie avec elle-même si bien que les questions étaient sorties toutes seules, sans que son éternelle bienveillance ne leur fasse obstacle. La petite fille se tut, se demandant si elle n'avait pas été trop loin sans pour autant réellement regretter son comportement. En réalité, elle ne regrettait pas du tout ses multiples questions mais se demandait simplement si elle n'avait pas mise mal à l'aise son interlocutrice. Oh et puis après tout … n'était-elle pas mal à l'aise depuis le début de leur entretien ?
A charge de revanche.

A nouveau, la petite princesse bis ne comprit pas ce que la jeune femme venait de dire mais peu importait, elle avait saisi le principal à savoir que la demoiselle allait lui compter son histoire. Comme toutes les amazones, Louve devait avoir une histoire singulière, teintée de violence et de souffrance mais peu importait, Jelenna s'y était préparée en posant la question et question violence, elle avait elle-même un passé bien rempli à ce niveau là. Sans doutes même que la jeune femme ne se doutait pas à quel point ce qu'elle découvrirait de la petite princesse serait peut-être traumatisant. Peu de gens prenaient la peine de connaître Jelenna et sans doutes en effet la chamane finirait-elle par en savoir plus sur elle que n'importe qui d'autre mais peu importait. Elle verrait ce qu'elle voudrait voir, l'apprentie Templier n'avait rien à cacher. Elle avait depuis longtemps tout accepté de son passé, de ses zones d'ombre ou plus encore, de ses défauts. Ses responsabilités, ses souffrances, ses peurs, tout était désormais ancré en elle si bien que la demoiselle ne craignait pas ce qu'elle allait découvrir. Elle vaincrait ses démons si tel était son destin ou sombrerait.

Sans un mot, Jelenna écouta son interlocutrice raconter son histoire. La référence à une île fit comprendre à la petite que la chamane était née dans les îles Nùa-Ti. Elle était donc Nùa, oui, pas faux, elle aurait du pouvoir le deviner et cela expliquait son inextricable goût pour la nature et ses paroles étranges au sujet des loups. Quelque part, cette information permettait à Jelenna de mieux comprendre la relation que Louve avait avec ces dieux que l'amazone ne connaissait pas et avec ces animaux qui échappaient à son entendement.
Des esclavagistes, des Almers donc. Logique. Les nùas ne vivaient en paix que depuis la chute tragique de Tutnesi et de son régime sanguinaire. Jelenna, qui n'avait que peu rencontré l'homme mais suffisamment pour s'en faire une idée, s'était vite rendue compte que ce dernier ne voyait dans cette race qu'un moyen de parvenir à ses fins plus rapidement. Elle le trouva horrible à l'instant même où il lui parla mais n'en dit pas un mot. La petite manqua de sourire à l'évocation du chat mais le malheur décrit jusqu'alors par la jeune femme l'en dissuada.

Jelenna se rendit compte que la demoiselle lui ressemblait. Si elle comprenait bien ce qu'elle venait de lui dire, Louve avait utilisé pour la première fois la porte du rêve offerte par le ritualisme pour voguer dans l'esprit d'un chat, ce qui n'était pas sans lui rappeler ses premières nuits de rêves dans l'esprit d'Haiiro.
L'évocation de la mort de son maitre ne fit pas tressaillir la petite princesse, elle s'y attendait. Les choses finissaient toujours ainsi entre ces deux peuples, dans le sang et la douleur. Cependant, l'évocation de cette froideur chez la jeune femme eut tendance à pousser la petite Sentinelle à ne pas lui faire confiance trop rapidement. Certes elle n'avait rien fait pour attiser sa colère ou sa vengeance mais peu importait, prudence était mère de survie. Mais après tout, qui était-elle pour juger ? N'avait-elle pas le sang de dizaines de personnes sur les mains ? Celles qu'elle avait tué de ses flèches, celles qui étaient mortes pour la sauver ou encore pire, celles qu'elle avait demandé de tuer. Jelenna ne jugerait personne sur ce point, bien au contraire, elle était mal placée pour cela.

La petite fille remarqua le changement de ton et se demanda pourquoi Louve agissait ainsi. Elle n'avait pas peur d'elle, ne la craignait pas spécialement bien qu'elle s'en méfie inconsciemment. Il était inutile de croire qu'elles seraient amies car trop de choses les séparaient mais pour autant, elle ne comptait pas devenir son ennemi ou la blâmer pour ses actions passées.

L'adolescente n'eut pas vraiment de mal à comprendre le passage sur les dieux, finalement, il était logique, voire même prévisible et maintenant qu'elle en savait plus sur son passé, elle comprenait mieux ses croyances si divergentes de celles de Muria ou des autres cités qu'elle avait pu traverser. Les dieux Nùas étaient les dieux du vivant, de la nature et des plantes, voilà pourquoi elle n'avait pas compris de quoi parlait la jeune femme !
Jelenna ne put s'empêcher de répondre à son sourire, instinctivement, comme pour la rassurer.

Non. Elle n'avait pas peur.
Si, peut-être un peu. Mais pas de la jeune femme. Pas tout à fait du moins. Elle attendit que la jeune femme eut terminé pour mettre de l'ordre dans ses idées et, lorsqu'elle fut certaine que tout était en place, elle affirma d'un ton ferme mais doux :

« J'ai peur, je l'admets mais pas de toi. J'ai tué des gens tout comme j'en ai envoyé à la mort, dans le futur, il est fort probable que je sois obligée de faire des choix cruels qui iront dans ce sens car tel est le fardeau des princesses de Muria. Qui serais-je pour te juger ? »

Jelenna parlait d'un ton calme, posé, ferme certes mais très enfantin pour autant. Elle était tout autant fautive et savait parfaitement que personne en ce monde n'était parfait alors elle poursuivit sur le même ton :

« Des gens sont morts pour me sauver, et si je n'ai pas pris plaisir à leur ôter la vie, je suis sans doutes toute aussi fautive que de les avoir laissés donner leur existence pour sauver la mienne. Chacun fait des choix dans ce monde, peu importe qu'ils soient bons ou non. Survivre a toujours impliqué des sacrifices, j'en suis la preuve vivante alors crois-moi, je ne serais pas celle qui te jugera. »

Elle se tut un instant, incapable de continuer, se demandant à quoi rimer au fond un tel discours puis se reprit et finit par ajouter :

« J'ai peur de ce que je vais découvrir mais peu importe, vivre dans la peur ou mourir dans la vérité, si tel est le choix qui s'offre à moi, alors je choisis la vérité. Tout ce chemin, toutes ces épreuves n'étaient peut-être qu'un prélude de ce qui va suivre et si tel est le cas, je l'accepte. J'ai toujours accepté mon destin. »

Ce n'était pas vrai, pas totalement. Longtemps, Jelenna avait refusé ce destin funeste tout comme elle avait refusé de devenir l'enfant miracle de Muria. La Sentinelle que toutes attendaient. Celle que Diane avait choisi ... Toute ça, Jelenna ne l'avait que peu accepté au fond ... L'enfant hésita une nouvelle fois mais fini par ajouter :

« Je suis prête »

Rien n'était moins sure car au fond, malgré ces beaux discours, Jelenna craignait de ce qu'elle découvrirait là bas mais peu importait, elle avait posé des questions, attendait des réponses et si c'était le seul moyen pour les obtenir alors, qu'à cela ne tienne. Tendant la main à sa compagne, elle sourit timidement, se demandant sincèrement ce qu'elle allait découvrir.

[ Je ne suis peut-être pas allée assez loin, en fait, j'ignore totalement ce que tu me réserves du coup, j'ai hésité sur où m'arrêter XD ]

Sophia sourit, visiblement impressionnée par la jeune fille.

Tu es bien plus sage alors que je ne le croyais. Si tu as déjà tué, alors tu sais ce que le gout du sang veux dire. Alors tu connais l'odeur de la mort. Mais y prendre plaisir ne devrait jamais être un sentiment qui nous viens lorsque nous sommes les bouchers.

Elle respira un moment l'air frais et les odeur de la forêt emplirent son corps. C'est dans cette nature qu’elle se sentait vraiment vivante. Ici elle pouvait être ce qu'elle était, sans que quiconque ne l’interrompe.
Ici elle savait qui elle était, une goutte d'eau dans la mer, un esprit dans le vaste Monde.

Elle fixa Jelenna une seconde. Elle y vit bien des choses, mais le sentiments d'une nature complexe restait à elle. Comme souvent, une couleur s'imposa à elle, traduisant en sensations ce qu'elle lisait en la jeune fille.

Doucement elle se mit à fredonner un air simple. Un air dont les paroles incompréhensibles la berçait.
Elle se mit à chanceler sur le tronc d'arbre où elle était assise. En cadence, lentement. les yeux fermés. Toute à son chant.
Sans qu'elle s'en rende compte, elle frappait de la main sur l'arbre mort et le son sourd et puissant s'accordait à son chant.
Sa voix se fit de plus en plus forte. Véritable ode qui enflait avec la puissance que la Chaman dégageait.

Car c'est son chant qui lui permettait de donner corps aux peur de ceux qui réclamaient son aide. Chaque chaman avait son propre don, et chacun avait sa méthode pour projeter les âme dans le flux du temps et de l'esprit.
Sa chanson était unique. Elle s'inspirait de Jelenna, se nourrissait de ce qu'elle avait apprise de la jeune fille et traduisait les mots en un tableau qui prenait vie autour d'elles.

Un visiteur qui serait survenu n'airait rien vu d'autre qu'une jeune fille assoupie sur les genoux d'une femme, elle-même endormie. Une louve semblait veiller sur les deux personnes, les yeux clos. Mais personne n'aurait su ce dont rêvaient les deux femmes.



Jelenna ouvrit les yeux dans un lieu qu'elle connaissait. Elle avait déjà parcourut cet endroit, elle avait déjà vécu cette situation. C'était il y a un bon moment. Mais une chose différait cette fois, une présence à ces cotés. Elle baissa les yeux et vit une grande louve blanche dont la tête s'ornait d'un croissant de lune noir.

N'ai pas peur, dit la louve avec une voix qui lui semblait familière. Ce n'est que mon apparence astrale. Si je t'effraie, je peut en changer, mais j'avoue que cette forme me plait.
Nous sommes dans ton esprit, cette scène est celle que tu as vécu, c'est toi qui l'a fait venir et c'est toi qui en choisi les mouvements. Tu es maitre de ce monde, mais ne le crois pas paisible. Tu es venu ici avec tes peurs et tes douleurs. Avec tes rêves et tes cauchemars. Ici apparaitront ce qui te terrifie et ce qui t'as construite. Nous explorerons ce monde pour découvrir ce qui t'as fais peur dan ce rêve et pour répondre à tes questions.

Elle laissa à Jelenna le temps de digérer cette nouvelle situation et enchaina.

Explique moi donc. où sommes nous et pourquoi avoir choisi cet endroit.

[dézsolé je fais un post un peu court, mais là c'est toi qui as la main... à toi de me dire ce que l'on fait... bon courage pour tes examens]

Oui, elle savait ce que le goût du sang voulait dire. Elle revoyait encore ce jeu stupide qu'elle s'était persuadée jouer sur les remparts du Temple. Ce même jeu morbide auquel elle avait eut à participer bien malgré elle à la sortie de la tour d'Erathia. Prise au piège de sa tour d'ivoire, la petite fille avait prié pour que les choses se passent bien mais les choses avaient dérapé, la guerre l'avait attrapée et pire que tout, elle avait du prendre la vie de certains pour sauver la sienne. Certes les Erathiens étaient dépourvus d'âme et de cœur, mais peu importait, elle avait du les priver à jamais de leur liberté de mouvement et de vie, et cela, la petite fille n'était pas encore prête à se le pardonner. « Les choix que tu fais aujourd'hui influenceront la vie de demain » lui avait confié Jiven à son arrivée au Temple, il y avait maintenant si longtemps mais ce n'était que plus tard, bien plus tard, qu'elle avait compris le sens de la portée de cette poignée de mots. Ces choix, elle les avait fait en son âme et conscience et si les circonstances ne l'avaient pas aidé à faire le bon, peu importait, elle ne pouvait pas revenir en arrière, ne pouvait pas non plus oublier le passé alors il lui fallait avancer. Et se pardonner.

L'odeur de la mort … Il y avait bien longtemps qu'elle n'avait pas senti cette vieille amie prêt d'elle mais ce n'était pas pour lui déplaire. La mort la terrifiait, plus que tout, elle craignait de la rencontrer prématurément. Pire encore, elle craignait que cette dernière ne lui vole ses amis, sa famille ou plus simplement les personnes auxquelles elle tenait. Alors la petite demoiselle préféra garder le silence. La mort, le goût de tuer, tout ça, elle préférait l'oublier, elle avait mis trop de temps à se pardonner pour tout mettre en l'air maintenant. Au début, la petite princesse ne fit pas attention à l'air que fredonnait Louve mais petit à petit, cette chanson se fit plus insistante, la demoiselle chantant de plus en plus fort. En cadence, elle frappait du plat de la main contre l'arbre mort, ce qui rendait l'ensemble harmonieux et tout en même temps inquiétant aux oreilles de la petite Amazone.

Jelenna ne s'était pas rendue compte de s'être endormie, bercée par le chant mélodieux de Louve, elle avait depuis un moment déjà quitté le monde des hommes pour entrer dans celui des songes du monde astral. Elle ne se rendit compte de l'endroit où elle était qu'au moment où ses doigts ne se refermèrent que sur le vide alors que jusque là, la douce fourrure d'Haiiro frémissait sous chacun de ses passages. L'enfant ouvrit alors les yeux et se rendit compte qu'elle était allongée sur un sol herbeux séché. Au dessus de sa tête, le soleil venait tout juste de se lever si bien qu'il était évident qu'elle n'était plus dans son monde. Il ne fallut pas longtemps à la demoiselle pour se remettre sur pied mais lorsqu'elle se retourna pour chercher Louve, ce ne fut pas l'étrange chaman que son regard croisa mais une immense tour.

Erathia.
Que faisait-elle à Erathia ? Et pourquoi tout autour d'elle tout lui semblait si noir et si désolé ? Aucun rire, rien. Les remparts de la cité n'existaient plus, pas plus que la cité elle-même, seule demeurait la tour. Droite. Fière. Terrifiante. La petite chercha des yeux Imala, gardienne de ses rêves et dernière amie de Diane mais la louve n'était pas là. Elle chercha alors Louve mais la demoiselle l'avait également délaissée. Lentement, Jelenna tenta de reprendre son calme, tout aussi lentement, elle essaya de se persuader que ce n'était qu'un rêve mais la voix perçante de la louve-esprit se rappela à elle. « Rien n'est hasard enfant, tout est destinée ». Imala avait raison, si le destin l'avait conduit ici, c'est qu'une réponse s'y trouvait. Ce qui ne manquait pas de la terrifier.

Sentant un contact contre sa jambe, l'apprentie Sentinelle frémit et baissa les yeux pour croiser ceux d'une louve à la fourrure immaculée, plus petite que la compagne de la déesse, avec un croissant de lune noir sur le crâne. Sans savoir pourquoi, Jelenna aurait parié qu'il s'agissait de Louve et lorsque cette dernière parla, elle n'en fut pas étonnée le moins du monde. C'était ainsi dans le monde des rêves, les animaux prenaient vie, parlaient et tout était possible pour peu qu'on en ai envie.

La voix de l'animal la rappela cruellement à la réalité. Ce qui la terrifiait, nul besoin d'être maligne pour savoir qu'ici se trouvait celle qui l'avait torturée pendant des mois. Celle à qui elle avait essayé d'échapper par l'Esprit, qui l'avait rattrapé et pour finir, qu'elle avait su fuir dans le monde des rêves. Nessa. Mort. Peu importait son nom. Sang de son sang, elle avait trahi, elle était devenue un Cavalier et n'avait pas hésité à torturer sa descendance pour son maître.
Jelenna n'était maître de rien ici. Et surtout pas de ses sentiments.
Elle pensait avoir surmonté tout ça mais visiblement non. Et puis … quel rapport avec Feanaro et Lika ? Quel rapport avec son rêve ?

« Rien n'est hasard enfant, tout est destinée »

Rien n'est hasard. D'accord. Tout est destinée. D'accord. Dans ce cas, que faisaient-elles ici ? Pourquoi son esprit l'avait mené ici ?

La petite tenta de se calmer. Après plusieurs inspirations, elle y parvint et alors que ses yeux se posaient sur l'unique bâtiment du rêve, à savoir la tour d'Azael telle qu'elle l’avait vu la dernière fois en quittant les lieux aux côtés de sa sœur et de … Feanaro. D'accord, le lien était peut-être là. Que faisait Lika dans l'affaire dans ce cas ? D'accord, elle comprendrait le moment voulu. Bien. Dans ce cas, il était peut-être temps de répondre à Louve et de lui expliquer ce qui les attendaient bien qu'elle n'en ai aucune idée.

« Je n'ai pas choisi cet endroit, je ne pensais d'ailleurs jamais le revoir »

Si Jelenna se rendait souvent à Erathia pour voir sa sœur aînée et, selon sa mère, se former au métier de politicien aux côtés des plus grands, ce qu'elle ne faisait absolument pas, elle n'avait plus jamais revu la tour telle qu'elle. Le Tribunat avait entrepris de la modifier et depuis, elle demeurait imposante mais totalement invisible dans la masse de la cité en général.
Il fallu encore quelques minutes à Jelenna pour parvenir à s'expliquer et lorsqu'elle fut enfin prête, elle expliqua d'une voix hésitante :

« Nous sommes dans l'ancienne Erathia et voici la tour d'Azael …. celle où j'ai été prisonnière des mois durant. Sous la bienveillance de Nessa »

Elle avait prononcé la dernière phrase avec une telle intonation qu'il était évident que c'était ironique. Mais si elle tentait de refouler les sentiments qu'elle pensait avoir vaincu, elle poursuivit :

« Il n'y a rien de bon ici », court silence, « J'ai été torturée dans cette tour »

Toute la réponse était là. Elle n'avait aucune envie d'y retourner, aucune envie de revoir Nessa car si la tour était là, cette folle y serait aussi. Et plus elle y pensait, plus ça allait se réaliser. Sortant de la tour, la silhouette d'une femme se découpa nettement et Jelenna ne put s'empêcher de retenir son souffle.

[ J'ai essayé de bien avancer après j'ai du mal … J'espère que ça ira quand même sinon tu me dis, j'édite. ]

Sophia mis quelques instants à s'habituer au rêve de la jeune fille.
Comme d'habitude, les rêves étaient dérangeant, différents. Mais il se dégageait cde celui-i une aura sombre et déplaisante. Jelenna devait haïr ce lieu.

Lorsque la jeune femme expliqua où elles se trouvaient, la louve eut un frisson de dégout. Elle n'aimais pas les villes et sa nature de change forme n'était pas pour aider.

Elle renifla l'air et elle y trouva une odeur de mort, de douleur et d'obscure magies. Elle en eut un second frisson, mais elle ne pouvait montrer à celle qu’elle aidait sa peur. Si elle montrait la moindre faiblesse, elle perdrait le peu de confiance que Jelenna avait en elle. Alors elle s’assit, attendant d'autres explications.

C'est ici que tu as souffert le martyr, dit-elle après que la fillette eut abordé la torture. Ces moments laissent des marques en chacun de nous. Certains 's effondrent, d'autres en sortent plus forts, mais aucun ne reste celui qu'il était.

Tu as été torturée par cette femme, mais qui est-elle pour toi? Je sens comme un lien entre vous. était-elle proche de toi? Je sens que cette Nessa a laissé sa marque en toi.

La louve regardait Jelenna avec insistance, sans cligner des yeux, comme si elle cherchait les réponses au sein même de l'âme de la jeune amazone.

Je t'ai promis de t'aider, mais il va falloir que tu m'aide aussi. Je ne peut défaire la marque que l'on a posé en toi si tu ne m'aides pas.

Toutefois Sophia savait qu'elle ne disais pas tout à Jelenna. Elle lui cachait certaines vérités que les chaman ne peuvent divulguer sans perdre le fil d'un rêve. Plus tard, elle lui dirai, mais pas en ce moment. Il ne fallait pas qu'elle apporte ces propres démons dans ce rêve.

[pas beaucoup avancé, mais je manque d'inspiration... désolé c'est pauvre...]

Il n'y avait rien de bon en ces lieux. Ni amour, ni paix, juste la douleur du passé qui ressurgissait, violente, cruelle, telle un coup de poignard enfoncé dans sa tendre peau de jouvencelle. Il n'y avait en ces lieux qu'un passé que Jelenna avait tenté de fuir inconsciemment des années durant. Rien ne bon, non, n'importe qui aurait pu le pressentir rien qu'à l'ambiance lourde qui régnait dans le rêve de la belle petite princesse. Pourtant, forte de la présence de la louve à ses côtés, l'Amazone se sentait presque bien, comme protégée, aussi futile cela puisse paraître. Le monde des rêves l'avait protégée durant ces longs mois, Imala avait veillé sur elle et aujourd'hui, Louve était à ses côtés, prête, elle n'en doutait pas, à l'aider quoi qu'il arrive.

Elle devait affronter son destin. Oui mais encore fallait-il être consciente de ce qu'elle devait affronter ? Nessa ? Le passé en général ? Ses peurs ? Quelles étaient-elles dans ce cas ? Jelenna avait peur de le découvrir, si la présence de son « amie » la rassurait grandement, son cœur lui soufflait que même en songe, elle allait souffrir. Fallait-il nécessairement souffrir pour se sentir plus forte ? Fallait-il nécessairement revivre ça ? La voix de son interlocutrice la ramena à la situation présente tandis qu'elle s'obligeait à ne pas croiser du regard la tour, de peur d'en voir surgir ses démons si durement enterrés.

« Certains s'effondrent, d'autres en sortent plus forts mais aucun ne reste celui qu'il était » … elle le savait. Plus que toute personne en ce monde, la jeune fille était consciente de cela et se rendait compte à travers le regard des autres à quel point elle avait pu changer. Oh en apparence elle était restée la même, l'enfant fragile et discrète de la grande reine Amazone, mais les siens savaient ce qu'il en était. Quelque chose avait été brisé et l'innocence s'était envolée, doucement, lentement, mais assurément. Jelenna était devenue une adulte bien trop tôt et si pour rassurer sa famille et ses proches elle tentait d'atténuer cela, tous avaient conscience que son enfance lui avait été volée. Ces heures sombres qu'elle avait tenté d'oublier avaient su briser en elle le peu de choses qu'il restait de ses jeunes années et d'un coup d'un seul, elle avait été forcée de grandir. En était-elle devenue pour autant quelqu'un de faible ? Qui fuit ses responsabilités ? La petite princesse espérait que non mais ne pouvait en être sure.
Nessa avait laissé une marque indélébile en son cœur. Si Jelenna avait appris à pardonner et avait préféré le chemin de la rédemption plutôt que celui de la colère et de la vengeance, l'adolescente savait cependant que son pardon était en partie faussé par sa peur. Preuve en était désormais car elle sentait SA présence, savait qu'elle ne tarderait pas à venir à leur rencontre …

« Elle ... »

Il était si difficile de dire que Nessa, bien qu'elle soit liée à elle par le sang, n'avait pas hésité une seule seconde à la torturer, à jurer la mort d'Eléa ou encore, à menacer leur vies à toutes les deux. Chair de sa chair, sang de son sang, elle était prête à les sacrifier pour plus de pouvoir, pour parvenir à ses fins, chose que l'enfant avait eut du mal à comprendre et qu'elle ne parvenait toujours pas à comprendre en tant qu'adulte ou presque. Péniblement, les mots sortirent enfin de sa bouche tandis qu'elle plongeait son regard dans celui de l'animal qui n'en était pas vraiment un :

« Je suis le sang de son sang, la chair de sa chair. Elle est mon ancêtre »

L'aider, Jelenna aimerait tant … Ne plus jamais voir Nessa, ne plus jamais voir sa silhouette se rapprocher et bientôt, être à leur portée. Car la jeune femme postée devant la tour avait parcouru le chemin qui la séparait des deux interlocutrices et se trouvait désormais devant elles. Droite, le regard posé sur la princesse bis, elle ne parlait pas, son sourire carnassier se suffisant à lui même. De son côté, terrorisée plus qu'autre chose, Jelenna n'osait croiser son regard et ce fut d'un ton suppliant qu'elle ajouta :

« J'ai besoin d'aide »

Savoir avouer ses faiblesses était un premier pas vers la pureté du cœur mais en l'occurrence, la petite demoiselle retenait difficilement ses tremblements. C'était son rêve, l'avait-elle oublié ? Sans doutes, Nessa la hantait beaucoup trop pour se souvenir de ce simple détail.

[ J'espère que ça te permettras de répondre, sinon, envoie moi un MP, j'éditerai ^^ ]

Sophia resta muette quelques instants. Elle s'était attendu à bien des choses, mais la folie humaine ne cesserai décidément de l'étonnée.
toutefois, elle se devait de garder son calme, non pour elle, mais pour jelenna.

Je comprend bien des choses. Dit-elle après un lourd instant de silence. Lorsque l'on fait du mal à une personne, on laisse une marque sur elle, tout comme lorsque l'on aide une personne. Si celle qui t'a torturé était de ta famille, alors la marque qu'elle t'a laissé est d'autant plus importante.

Elle s'assied et posa son museau sur la poitrine de la jeune fille.

Ici réside ton malheur, ici est la marque qu'elle t'a faite. Nous devons donc trouver comment la changer, comment détruire le mal que cette femme a laissé en toi. Je ne te promet pas que cela se fera sans douleur, et encore moins que le souvenir de ces instants s'effacera, mais tu auras un poids en moins.

Pour extirper cette marque, nous devons nous enfoncer dans cette tour, retrouver ce qui s'est briser et ce que tu as oublié. Nous devons avancer plus loin dans ce que tu cache au fond de toi. Mais pour ça il va te falloir trouver tes armes.

Sophia ricana doucement. Non que ce qu'elle venait de dire soit particulièrement drôle, mais elle savait que les prochains instants seraient amusant... de son point de vue. D'expérience, elle savait que peu de personnes étaient capable de matérialiser leur arme dans leurs rêves. Elle connaissait ces moments pour les avoir vécu de nombreuses fois.
Certes il était rare qu'une personne ai besoin de se défendre lorsqu'elle était présente dans ses rêves, mais lorsque cela arrivait, il fallait vitre trouver des solutions. Projeter une arme en était une.

La Chaman dodelina de la tête tout en réfléchissant. Quelle arme choisirait la jeune fille? Un arc? une épée fantaisiste? un bâton tel qu'elle même pouvait en matérialiser?

Soudain, la louve bondit sur ses pattes, comme si elle venait une nouvelle fois de changer d'idée brusquement.

Trouvons déjà un endroit sûr où nous nous entrainerons. Guide moi vers ce refuge, après tout nous sommes ici chez toi...

Jelenna était terrorisée, sans doutes était-ce cela qu'elle n'osait pas avouer. Les yeux de Nessa lui glaçaient le sang et l'idée ne serait-ce que de croiser à nouveau ce regard froid et cruel lui donnait envie de hurler et de prendre ses jambes à son cou si bien que si Sophia n'avait pas été là, l'enfant n'aurait pas hésité une seule seconde à quitter ce rêve morbide si tant est qu'elle en eu la possibilité et l'occasion. Le calme de cette dernière aida quelque peu Jelenna à faire face et à ne pas forcer son réveil. A quoi tout cela aurait-il servi si elle s'était arrêtée maintenant ? Si elle avait, une fois de plus, nié ses plus profonds sentiments ? Car au fond, c'était la peur de mourir qui l'avait fait venir ici, qui lui avait permis d'accepter cette étrange proposition de la chamane. Si elle était là, c'était uniquement parce qu'elle avait décidé de donner du sens à des rêves qui n'étaient sans doutes rien de plus que des songes.

« Nessa n'est rien pour moi »

Si le ton était tranchant malgré elle, Jelenna en pensait chacun des mots. Nessa n'existait qu'en tant que Mort, le Cavalier le plus puissant d'Azael qui avait tenté de détrôner le dieu lui même. Si les preuves avaient su démontrer qu'elles étaient reliées par le sang, rien de tout cela n'avait de sens aux yeux de la petite princesse ou tout du moins ne voulait-elle pas lui donner du sens. Il valait mieux ignorer tout cela, il fallait ignorer tout cela pas vrai ? Oui, parce que sinon, la petite princesse finirait par devenir totalement folle. L'idée même que son ancêtre ai voulu la tuer, elle, le sang de son sang, lui était insupportable, mieux valait partir du principe qu'elle n'était rien pour elle. C'était mieux ainsi pas vrai ?
Il y avait pourtant une trace. Une ombre qui planait sans cesse au dessus d'elle. Une ombre qui mangeait sa vie, pas à pas, doucement, mais surement et cette ombre était celle laissée par la Mort en personne, celle que la Dame s'était plu à laisser en elle, ancrée dans son cœur jusqu'à son retour. Son dernier retour.

« Tu veux aller dans cette tour ? Alors qu'elle est là ? Qu'elle nous attend devant ? Tu es folle ! »

Elle avait parlé sans réfléchir et regrettait déjà ce qu'elle venait de dire car jamais la petite demoiselle n'avait voulu insulté celle qui tentait de l'aider. Toutefois, la peur avait parlé si bien qu'elle ne pouvait plus faire marche arrière. Voilà qu'elle montrait ses pires travers mais tant pis, il fallait qu'elle l'accepte, elle n'était pas parfaite, elle avait des sentiments et il était peut-être temps de les accepter mais de là à aller au devant du danger en s'approchant de Nessa … Jelenna frissonna à cette seule perspective.

La chamane voulait qu'elle matérialise une arme. Sans vraiment comprendre de quoi elle parlait, Jelenna se demandait surtout si la louve avait toute sa tête ! Peu importait, elle se devait de la suivre et de lui faire confiance et pour l'heure, Mort n'avait pas bougé de la tour aussi l'idée de s'en éloigner pour la conduire vers le refuge avait deux avantages. Le premier, lui permettre de gagner du temps pour comprendre ce qu'entendait Louve par « matérialiser une arme » et le second, de l'éloigner de son pire cauchemar, de cette chose qui hantait son âme.
Sur le chemin, la petite adolescente se mit à sérieusement se pencher sur l'idée de ce qu'elle comptait prendre comme arme. Un arc était le choix le plus logique certes, parce qu'elle était une excellente archère mais pour autant, ce choix lui paraissait trop évident. Une rapière ? Pour symboliser la force et le courage que lui avaient toujours inspiré Eléa ? Elle serait incapable de la manier correctement. Le fouet pour matérialiser la force de caractère de sa mère ? Là encore, elle se sentait incapable de manier une telle arme. C'est alors qu'elle se souvint.

Elle se rappela comme si elle le vivait de l'extérieur la scène où, d'une seule et unique flèche, Diane les avait sauvé en abattant Mort. Précise, froide, mortelle. Le trait s'était figé dans son cœur aussi surement et facilement que si elle avait été poupée. Jelenna était celle que toutes se prêtaient à voir comme la digne successeur de Kiera et si elle n'en croyait pas un mot, il était peut-être temps cependant de faire le premier pas en ce sens. Depuis toute petite, elle avait été attirée par l'art du tir à l'arc. Depuis toute petite, elle s'était perfectionnée dans cet art, comme Diane avant elle, comme toutes ces générations de Sentinelles avant elle. Elle était une Sentinelle de Muria et si elle n'en partageait pas les principes, elle en partageait le cœur.

« Je suis l'héritière de Diane, je suis une Sentinelle de Muria » déclara-t-elle avec force de conviction.

La seconde suivante, un arc de bois blanc se matérialisait entre ses doigts fins ainsi que quelques flèches taillées dans le même bois. Finement taillé, avec divers symboles parcourant l'arme, la petite montrait par là que son choix était murement réfléchi et que les symboles, s'ils semblaient anodins, avaient une signification particulière à ses yeux. Les uns représentaient la force que lui inspirait sa mère et les autres, le courage que lui insufflait sa sœur. Forte de cette arme, l'enfant finit par demander, une fois le refuge atteint :

« Que vas-tu m'apprendre ? Il n'existe rien qui puisse venir à bout de Mort … il a fallu une déesse pour la tuer et nous ne sommes que des femmes ... »

Sophia ricana un instant. Elle savait bien ce qu'il se passait ici. Elle avait trop vu e rêve pour savoir que bien des êtres se refusaient à admettre leur vérité. Ils avaient peur, souffraient et leur rêve leur réveillaient toutes ces choses. Les rêves étaient des miroirs qui ne sauraient mentir.
Jelenna n'échappait pas à cette règle. La ville qu'il traversèrent n’existait plus. elle était quasi transparente et seul cette tour était présente. Une tour qui suintait la mort, la peur et la souffrance. Cette tour avait plus de signification que bien des discours. Ici elle avait souffert, ici elle était morte. C'était ici qu'elle pourrait renaitre.

Jelenna conduisit Sophia vers une foret. Après s'être assurer que personne ne les suivait ni ne les dérangerait, la louve s'assied et regarda Jelenna.

Elle n'eut pas longtemps à lui expliquer comment matérialiser une arme. Elle vit l'amazone réfléchir un instant, puis un arc apparut entre ses mains.

*Un arc, la réponse était évidente, mais quelle arme! ses formes sont improbables et à la fois si simples et si complexes.*

Mais ce qui surprit Sophia fut sans aucun doute l'âme qui irradiait de cet arc.

*Cette petite est douée. Elle ne le sais pas encore, elle ne le voit probablement pas, mais elle peut devenir une personne importante dans ces mondes.*

Une idée germa dans l'esprit de la chaman qui revint à elle lorsque Jelenna lui demanda ce qu'elle comptait lui apprendre.
Presque vexée qu'on lui parle comme à une idiote, Sophia fixa la jeune fille d'un air sévère. la forme de Louve était agréable, mais pour ce qu'elle avait à enseigner, une forme humaine serait plus pratique. Lentement, la louve se transforma. La fourrure blanche fit bientôt place à une robe légère, quasi transparente, qui laissait entrevoir le corps de Sophia. Elle portait une lourde cape bleu nuit qui lui cachait le dos. son visage rétrécit et redevint celui de la jeune femme de la cabane.


Oui nous sommes des femmes, dit-elle d'un ton sévère et un instant durant, Sophia n’était plus la personne lunatique et frivole qu'elle avait parut: elle se dressait d'un ton sévère et austère, une froide résolution dans les yeux. Ici tu es dans un monde à part, alors il te faudra te défendre. Vise ce piquet au loin.

Jelenna banda son arc et ficha une flèche dans un piquet qui se dressait à quelques dizaines de mètres. Un passant n'aurait sut dire si la cible venait d'apparaitre où si elle avait toujours été là.

Encore. ordonna Sophia.

Une seconde flèche vint se ficher dans le même piquet, puis une troisième

Je vois que tu sais te servir d'un arc. C'est bien, mais cela ne suffira as pour vaincre cette femme que tu appelle Mort. Elle est bien plus puissante que toi et tu ne saura rien faire pour l’empêcher d'agir. Tu mourra indéfiniment lorsque tu la verra fondre sur toi. A ce moment rien ni personne ne te sauvera, ni moi ni ta précieuse déesse!

Sophia se planta devant Jelenna, les mains sur les hanche.

Oui je suis une femme, une mortelle qui obéit à des lois édictées par des puissances supérieures. Mais toi qui es-tu réellement?

Ce disant, elle fit un geste brusque et posa une main sur le visage de l'amazone qui sembla de raidir. Une douleur sourde lui vrilla la tête et semblait se mouvoir pour finir sa course sur les yeux de la jeune fille.

Maintenant vise cette cible Sophia pointa du doigt un nouveau piquet, mais Jelenna était aveugle...

[désolé, j'avais une belle réponse, mais je l'ai perdu... On va continuer à jouer... ^^]

Jelenna se demandait sincèrement là où voulait en venir la jeune chaman, si jusque là elle l'avait suivi sans mot dire, respectant ses talents, ses pouvoirs comme sa connaissance, elle commençait désormais à douter de tout et surtout, de sa capacité à l'aider. Pourquoi être venue s'entraîner là alors que le danger était derrière elles ? Que Nessa risquait à tout moment de poindre vers elles et de les menacer voir pire. Si on ne pouvait pas mourir dans les rêves, la petite princesse savait d'expérience qu'on pouvait y souffrir de façon aussi réaliste qu'une fois éveillée et quelque part, elle ne se sentait pas prête à souffrir une nouvelle fois. Pas encore. Inconsciente de l'impact de sa question sur son interlocutrice, la petite fille regarda la jeune femme se transformer et reprendre forme humaine. Il était presque effrayant d'assister à une telle capacité mais la demoiselle s'abstint de tout commentaire. Louve était quelqu'un de patient jusque là mais sans doutes ne valait-il mieux pas l'enquiquiner et mieux valait éviter au contraire de la chercher …

Sans s'en rendre compte, la petite Jelenna observait avec insistance sa compagne d'infortune. De sa mutation, elle n'en avait point perdu une miette et désormais, elle guettait ses mouvements, elle attendait ses mots tel un oisillon attendant la becquée. Sans un mot, la petite princesse bis observait la jeune femme, son regard passant rapidement sur sa tenue, peu adaptée à l'environnement hostile qui les entouraient. Une robe légère, quasi transparente, recouvrait les formes exotiques de la belle tandis qu'une cape bleu nuit lui couvrait les épaules et cachait son dos.
La voix de la jeune Nùa se fit soudainement plus sévère si bien que l'Amazone se demandait ce qu'elle avait pu faire ou dire pour la contrarier à ce point. D'expérience, elle avait appris que le silence valait mieux que des paroles maladroites ou déplacées et qu'il valait mieux attendre qu'on vous invite à parler plutôt que de forcer les choses aussi, elle se tut, écoutant ce qu'avait à lui dire la jeune femme. La situation semblait clairement échapper à la jeune fille si bien qu'elle ne comprenait pas pourquoi son interlocutrice se faisait tout à coup si dure et si sévère mais, plutôt que d'ajouter de l'huile sur le feu comme aurait certainement pu le faire Eléa, Jelenna se contenta de comprendre ce qui la poussait à lui parler ainsi.

Certes, elles n'étaient que des femmes et là semblait résider le problème. Jelenna n'avait fait que soulever un point évident et qui l'angoissait au plus haut point, pourquoi cela gênait-il la chaman ? Elle ne parvenait pas à le comprendre et se contenta de l'écouter. Elle voulait qu'elle vise ce piquet ? Jelenna avait toujours été douée pour une chose : le tir à l'arc. Depuis toute petite, la première fois qu'elle avait eu cette arme en main à l'âge de six ans à peine, peut-être moins d'ailleurs car ses souvenirs n'étaient pas très frais, elle avait apprécié le contact avec ce bijou. Rapidement, elle s'était révélée l'une des meilleures tireuses de sa tranche d'âge et toutes les Amazones s'étaient vite accordées à dire qu'elle serait bientôt aussi douée que Kiera. Ce dernier point était discutable, la princesse se sentant bien loin du niveau de la Chef des Sentinelles mais malgré tout, elle appréciait les compliments, autant qu'ils pouvaient la mettre mal à l'aise.

Lorsqu'elle banda son arc, la petite fille se sentit soudainement mieux, comme si cet acte, si banal dans sa cité natale, était devenu pour elle un réconfort. Il était vrai que les séances d’entraînements avec Kiera faisaient partie de ses rares privilèges et, toute sa concentration portée sur ce qu'elle faisait, la petite princesse en oubliait tout de ses responsabilités, ses problèmes et du monde en général. C'était tellement agréable qu'elle se demandait presque comment elle pourrait faire pour s'en passer …
La première flèche fila en direction du piquet et, comme on pouvait s'y attendre dans un rêve, se ficha dedans comme demandé mais l'instructrice n'en avait visiblement cure et ordonna d'un ton sans réplique qu'elle continue. Jelenna commençait sincèrement à douter de l'utilité de cet « entraînement ». Pourquoi le faire quand, dans la réalité déjà, elle était naturellement douée pour cet art, d'autant plus depuis qu'elle était devenue la réincarnation de Diane ?

Une seconde flèche rejoignit bientôt sa sœur, à son tour, fichée dans le piquet puis une troisième jusqu'à ce que la jeune femme reprenne la parole, rassurant ainsi la princesse qui, sincèrement, commençait à douter de l'intérêt de tout cela. Ce que lui répondit la jeune Nùa la vexa tout particulièrement … Bien sur qu'elle savait se servir d'un arc, comme toutes les femmes de son peuple digne de ce nom ! Bien sur qu'elle ne pouvait rien contre Nessa ! Elle n'avait jamais rien pu faire contre elle et ce n'était pas en tirant de stupides flèches sur un piquet qu'elle le pourrait !

« N'insulte pas Diane ! » répondit la petite avec colère.

Aussi surprenant soit-il, Jelenna était capable de colère et surtout, capable de répondre avec violence à ce qu'elle estimait une attaque envers celle à qui elle devait la vie. Car Diane s'était sacrifiée pour réparer son erreur d'avoir réveillé le Cavalier de la Mort certes, mais surtout pour sauver leur vie, à Eléa, à Asora, à Ilian, à elle, mais plus généralement, à tous. En sauvant Ankhas, la Clé, elle sauvait l'humanité là où les règles du monde divin l'interdisait. Diane avait bravé la mort des dieux pour eux, simples mortels.

« Tu n'es ici que par sa volonté, que par son sacrifice ! » hurla-t-elle à demi.

Peu de choses étaient capables de mettre l'enfant en colère mais force était de constater que de s'attaquer à celle qui les avaient toutes et tous sauver n'était pas une bonne idée, sans parler du fait qu'elle était agacée par la situation, qu'elle ne parvenait pas à obtenir les tenants et les aboutissants de tout cela et que très clairement, elle en avait marre. Que Mort hante ses pensées pour toujours si tel était son désir, elle n'en avait plus rien à faire. Elle avait été détruite et sa tentative de pardon, toute aussi fausse fut-elle au final, n'avait pas permis d'effacer ce mal qui résidait en elle alors tant pis, rien de tout cela ne la sauverait et, de toute façon, elle n'était pas là pour ça. Tout ce qu'elle avait voulu, c'était connaître la signification de son rêve, savoir si cette mort imminente servirait sa cité ou au contraire, la perdrait et au lieu de cela, voilà qu'elle devait affronter ses vieux démons …

« Je suis Jelenna, fille de Philéa Ryran, princesse de Muria » répondit-elle avec force de conviction.

Elle n'avait rien du talent de sa mère, de son père ou de sa sœur mais peu importait, elle était elle. Princesse d'une cité florissante qu'elle aimait par dessus tout, fille et sœur aimée et aimante, elle n'avait cure du reste.

« Je suis Jelenna ! »

Cette fois-ci, la petite avait parlé avec un aplomb qui ne lui ressemblait guère d'ordinaire. Sa voix tremblait de colère et les mots semblaient sortir tous seuls, sans qu'elle ne parvienne à les arrêter. « Ankhas », tel était son nom dans un passé révolu et maintenant qu'elle s'en souvenait, les pièces du puzzle semblaient se remettre en place.
La petite sentit la douleur sans parvenir à comprendre ce qu'il se passait. Instinctivement, elle chercha à repousser la main de la jeune femme mais sans y parvenir et, lorsque le contact se rompit et que la voix de la demoiselle lui ordonna de viser la cible, Jelenna prit peur.

Le noir. Le vide. Elle avait beau ouvrir les yeux, rien ne filtrait. Ténèbres et noirceur étaient ses seules compagnes si bien qu'elle cracha violemment à la figure de son interlocutrice :

« Que m'as-tu fait folle ? »

A nouveau, la voix vibrait de colère mais l'enfant, déstabilisée par cette cécité, ne parvenait pas à trouver son interlocutrice. La voix d'Imala résonna dans sa tête, « Rien n'est hasard enfant » et alors, elle se calma un peu. La colère était un sentiment rare et plutôt nouveau chez elle mais plus que tout, la peur la paralysait. Les ténèbres lui rappelaient à merveille ce monde infâme dans lequel Nessa l'avait plongée par le passé aussi, elle se sentait suffoquer et s'accrochait du mieux qu'elle le pouvait aux paroles de la louve immaculée. Jamais Diane ne la laisserait tomber, elle avait offert son immortalité pour elle aussi, Jelenna se savait protégée. Mort n'avait rien à voir là-dedans, tout n'était que l’œuvre de Louve et rien n'était hasard.

Fermant les yeux bien que ce ne soit pas plus utile qu'autre chose, Jelenna se concentra, cherchant la cible désirée. Elle ouvrit son Esprit au monde et, sans mal, se rendit compte de la présence de l'aura de la demoiselle dans sa tête. Capable de savoir où elle était, la petite fit comme si elle n'existait, trop en colère contre elle pour agir. Elle ne comprenait rien à ce que voulait Louve mais si cette dernière voulait qu'elle tire une flèche, elle le ferait. La petite Amazone se concentra, cherchant le piquet qu'elle était incapable de voir. Les minutes filèrent sans qu'elle ne s'en rende compte. Il était totalement impossible d'agir privée de ses sens. Kiera avait déjà eu recours à ce genre de méthode mais devant la peur panique du noir de l'enfant, elle avait abandonné l'idée de la faire tirer les yeux bandés aussi cette situation était-elle inconfortable. Aucun repère ne subsistait, rien qui puisse l'aider si bien qu'elle avait l'impression de sombrer dans la folie.

Petit à petit, l'instinct reprit ses droits chez l'enfant et, sans vraiment comprendre pourquoi ni comment, Jelenna leva son arc, le banda. Elle visait la direction du piquet sans le savoir, consciente que l'instinct faisait tout et qu'elle ne contrôlait pas grand chose. Une chose était sure, elle ne comprenait rien à ce qu'il se passait ni l'enjeu de tout cela. C'était comme si une force, quelqu'un ou quelque chose la poussait à agir et ce sentiment, cette sensation, elle l'avait déjà vécu. Dans la tour précisément. Quand tout n'était plus que ténèbres, elle avait senti la présence de Diane, avait senti son énergie prendre possession de son corps et s'était vu, spectatrice, tirer sur Mort pour sauver les siens. Cette même sensation l'habitait et commençait à dissiper doucement les ténèbres si bien qu'un instant, Jelenna cru voir Imala qui lui répétait « rien n'est hasard enfant » de sa voix douce et posée.
Instinctivement, Jelenna ouvrit un peu plus encore son Esprit et sentit les êtres vivants, la faune et la flore qui grouillaient autour des deux protagonistes. Elle se rendit compte que, si ses yeux étaient aveugles, elle demeurait malgré tout vivante et, plus que tout, elle demeurait consciente de son environnement. Elle visait instinctivement le piquet mais au dernier moment, luttant contre cet instinct qui la terrorisait, elle détourna la flèche de sa cible initiale.

« Rien n'est hasard enfant », tel était le secret. Louve n'avait agi ainsi que pour lui faire comprendre quelque chose et si pour l'heure, elle n'avait qu'une mince conscience de ce qu'elle cherchait à lui faire comprendre, elle savait en revanche ce qu'il fallait faire. Du moins le pensait-elle. Le piquet n'était qu'une excuse n'est-ce-pas ? Tout ceci n'était pas réel mais tout ceci avait un but, la confronter à la réalité. A ses peurs, la première étant celle du noir et de la solitude symbolisée par ces ténèbres. La seconde était de vaincre Mort, qui symbolisait tant de contradictions pour l'enfant. Alors la conclusion logique était que tout ceci devait prendre fin pour continuer. Sans hésiter une seconde, Jelenna relâcha la corde et s'entendit prononcer d'une voix posée :

« Rien n'est hasard n'est-ce-pas ? »

La flèche se ficha dans la cible qui n'était autre que Louve. Car rien n'était hasard et la logique voulait que les choses en arrivent là. Pourquoi la chaman avait-elle fait en sorte que la petite en vienne à lui tirer dessus, tout cela était un mystère. Comme si elle avait agi en tant que spectatrice, Jelenna demanda d'une voix sereine :

« Je suis Jelenna, Ankha ou Diane, peu importe le nom qu'on me donne, immortelle dans un corps de mortel, je suis la Clé de ce monde. J'ai répondu à tes questions Louve, je t'ai obéis, désormais, je veux des réponses. Pourquoi ? »

Elle ne pleurerait pas, elle ne demanderait pas pardon, la logique avait ses lois et les lois avaient mené à cette conclusion. Tel était le jeu et désormais, Jelenna, sereine, attendait les réponses. Les ténèbres ne la terrorisaient plus, elle avait l'Esprit, elle avait le monde à ses côtés, pourquoi avoir peur ?

[ C'est totalement freestyle XD
Désolée du temps de réponse mais j'espère avoir relancé un peu les évènements et t'avoir surpris ! ]

[... ... ... ... ]

Sophia s'effondra sans un cris, sans un bruit. Le monde semblait vaciller, tourner au ralentis. Elle avait eut une conscience parfaite de chaque choses, mais le choc l'avait fait perdre pied. Il lui semblait qu'un coup venait de lui être donné.
Puis la douleur. Fulgurante comme la foudre, elle irradiait d'un point précis de son ventre pour se propager comme un arc électrique dans tous son corps.

La petite lui avait tiré dessus!

Cette vérité ne pouvait avoir que deux sens: ou elle était si maladroite qu'elle n'avait pas compris, ou elle l'avait visé sciemment.
Lorsque Jelenna repris la parole, Sophia eut conscience d'une troisième option qui ne pouvait être que la vérité: elle avais compris son pouvoir réel, mais elle n'imaginait pas l'étendu de celui-ci.

Regarde autour de toi. Ne comprends-tu donc pas que nous sommes ici chez toi? Tu es Jelenna, tu es cette Ankha, Diane même si tu le souhaite. Mais ici tu n'est plus toutes ces personnes.

Elle gémis un instant sous la douleur qui commençait à devenir insupportable.

Cette flèche n'est pas faite pour blesser, elle tue car telle est la volonté que tu y a mis. Tu as trouvé ta cible car telle était ta volonté. Tu as créé cette tour et Nessa car telle était ta volonté. Ici toutes choses t'obéissent, tout à deux exception près, moi qui suis une intruse et toi qui refusait encore de voire le plus important.

Elle ferma les yeux et sentit son corps se refroidir lentement.

Il suffit que tu le dise et une chose devient possible. Retrouves ta vue et tu verra. Laisse Nessa te retrouver et elle fera de toi cette créature pitoyable que tu t'imagine être. Il te suffis d'être forte pour le devenir. Il te suffis de voir le motif que l'on t'a tatoué sur le cœur pour le faire apparaitre.

à ces mots une lueur sombre brilla devant Jelenna. Elle devint de plus en plus vive et se figea en un mandala d'horreur d'une complexité innouie.

Tu l'ignorait encore jusqu'alors, mais elle t'a marqué plus profondément que de simples cicatrices et quelques peurs. Tu vas devoir retourner dans cette tour où tu as souffert et trouver comment changer cette marque. Je serai avec toi si u le veux... sinon je mourrai de façon irrémédiable.

Elle toussa et un jet de sang vint maculer sa robe.

Mais cela ne dépend plus de moi, mais de toi, déesse en ce lieu...

[ Désolée, mon idée n'a pas l'air de t'avoir plu, je préfère me désengager pour le coup car on s'éloigne un peu trop de l'idée de base et Jelenna a déjà vaincu cette peur par le passé, du coup, il m'est trop difficile de la jouer comme si ce n'était pas le cas … >.< ]

La petite fille se sentait vidée. Étrangement, irrémédiablement, elle se sentait comme vidée de ses émotions et, quelque part, vidée d'elle-même. Jelenna avait l'impression qu'au fond, elle n'était plus ni Jelenna ni rien, simplement une enfant perdue au milieu d'un rêve qui la dépassait. Son corps, son âme comme son cœur semblaient totalement absents si bien que l'espace d'un instant, elle se sentit spectatrice de la situation. Rien n'était elle et en même tout l'était. Dans ce monde étrange et sans queue ni tête, la jeune Amazone ne comprenait pas où voulait en venir Louve. Elle avait accepté de la suivre uniquement pour comprendre ce songe qu'elle avait eu la nuit précédente et qui lui annonçait sa mort à venir. Un songe qui la terrifiait, non qu'elle eu plus que ça peur de mourir, mais parce qu'elle ignorait dans quelles circonstances son macabre destin prendrait fin. Et si sa mort conduisait sa cité à sa perte ? Telle était la peur sourde et profonde qui animait l'enfant si bien qu'au final, elle n'était pas sure du tout de ce qu'il fallait faire. Ce rêve semblait aller de travers et la logique y semblait totalement perturbée.

« Ai confiance en toi mon enfant » lui susurra une voix douce à l'oreille. L'image de la louve immaculée lui apparu en tête. Imala. Depuis sa rencontre avec Esra et Diane, la louve, symbole même de la déesse sylvestre, ne l'avait jamais quittée et toujours l'avait-elle guidée. Vers la sortie du labyrinthe mental de mort, vers Aerin, vers sa sœur aînée et son père … Imala avait toujours guidé ses pas de façon juste et propice si bien que l'enfant lui aurait confié sa vie sans même songer qu'elle ne puisse la trahir. Alors en entendant cette voix, si claire et si paisible, elle se prit à croire qu'elle pouvait comprendre, qu'elle pouvait tout faire et que Louve ne l'avait pas conduit ici par hasard. La voix de la jeune femme refit surface, effaçant l'image de l'animal aussi blanc que neige. Louve parlait d'un ton saccadé et Jelenna comprit aussitôt que sa flèche avait atteint sa cible. La logique lui avait dicté ses actes et l'enfant ne regrettait rien. Elle n'était pas capable de regretter un acte que toute logique rendait nécessaire et ce sentiment lui était fortement désagréable.

« Que suis-je alors ? » répondit-elle agacée.

Ni Jelenna, ni Ankhà, ni même Diane, dans ce cas, que restait-il d'elle ? Elle avait toujours été tout cela, à la fois elle-même et ces autres, qu'était-elle d'autres sans cela ? Tandis que la jeune chaman reprenait la parole, l'esprit de la petite était bien loin de tout ce qu'elle pouvait lui dire. Que pouvait signifier tout cela si la logique elle-même se prêtait à la tromper ? L'enfant se mit à réfléchir, cherchant la signification de ce rêve tandis qu'en fond sonore, Louve parlait de volonté et de choses qui échappaient à son bon sens. La petite n'écouta pas, cherchant la solution à son problème. Que faisait-elle ici si elle contrôlait tout mais que tout lui échappait ?

Nessa, Nessa était la clé. Elle avait imaginé ces lieux avec elle, pour elle et contre elle. Fermant les yeux, Jelenna repoussa la peur de la solitude et des ténèbres et, une fois ceci fait, elle les ouvrit. La lumière se fit violente mais elle fut soulagée de retrouver les lueurs du jour. Louve avait raison, il lui suffisait de penser pour exécuter car le songe était le sien. Dans ce cas, pourquoi se torturer en faisant apparaître Nessa dans ses propres rêves quand, durant quatre longues années, elle avait chassé de sa mémoire ce vieux fantôme ? Jelenna avait vaincu Nessa, au début avec son labyrinthe, ensuite, physiquement, lui enfonçant une flèche dans le cœur.

Jelenna comprit en revoyant la scène. Son rêve, qui ne semblait pas avoir de lien avec sa question première quand elle était allée voir la chaman, était tout sauf déconnecté de tout cela ! Ce n'était pas Nessa qu'elle craignait non, ce n'était pas du tout la Cavalier que l'enfant craignait mais plutôt son héritage. Cette tour symbolisait cet héritage, ce lourd tribu que la dame lui avait génétiquement laissé car Mort était son ascendante et voilà en réalité ce qui terrifiait la princesse Amazone. L'héritage que lui avait laissé cette folle. C'était la clé, la réponse et la solution.

Jelenna se vit saisir la main de Louve avec douceur, un sourire apaisé flottant sur ses lèvre, comme si elle n'était une fois encore que spectatrice. Elle se sentit fermer les yeux à nouveau, cherchant le lien qui l'unissait à son corps et, lorsqu'elle les rouvrit, outre les réponses qui flottaient dans sa tête, la jeune fille sentait son cœur s'apaiser. Se tournant vers la chaman, la petite prit la parole avec calme, se sentant totalement soulagée. Les réponses étaient terrifiantes certes mais elles étaient là et c'était le principal.

« Je n'étais ni Jelenna, ni Diane, ni Ankhà, tu avais raison, ce qui m'a conduit dans ce rêve était celle que je redoutais, Nessa. J'avais peur non du Cavalier mais de l'ancêtre, peur de devenir comme elle, d'être son héritage et aujourd'hui, je sais que ce ne sera jamais le cas car tu m'as donné les armes. »

Un sourire sincère et calme se dessina sur le visage de l'adolescente tandis que, dans un souffle, elle reprenait :

« Je ne voulais pas entendre les réponses, je ne voulais pas comprendre. Aujourd'hui, je suis prête. Nessa est et sera toujours une partie de moi. Cette blessure qui saigne mon cœur continuera de couler à flot tant que je n'aurais peur. Merci Louve … sans toi, je crois que jamais je n'aurais compris cela. Tu m'as donné la force d'aller au devant de mes craintes les plus enfouies et aujourd'hui, je sais que j'aurais les armes pour me battre contre elle. Elles étaient là, depuis le début » dit-elle en pointant du doigt son cœur.

L'enfant se leva avec souplesse et resta une longue minute le dos tourné par rapport à son interlocutrice. Il restait une question en suspend mais, si elle en avait la réponse, elle ne pouvait l'avouer à sa compagne d'infortune. Ce genre de choses devaient être tuent autant que possible, aussi longtemps que possible. Car ce rêve lui avait révélé beaucoup d'informations et si la mort l'attendait réellement, si la mise en garde de Lika et Feanaro se trouvait être vérité et qu'elle l'avait enfin acceptée, Jelenna savait désormais ce qu'il en était.

« Je te remercie Louve, tu m'as sauvée, jamais je ne pourrais t'exprimer ma gratitude autrement que par des mots mais sache que j'ai une dette envers toi. Nos âmes sont liées désormais, soit certaine que je serais là pour toi quand tu en auras besoin. »

Il était inutile d'en dire plus, la jeune femme devait certainement comprendre. Les mots seuls ne suffiraient pas pour exprimer la gratitude de la petite envers la chaman qui avait su lui ouvrir les yeux. Certes, elle lui avait tiré dessus, mais cela était du passé. Jamais Jelenna ne s'excuserait de ce geste car c'était le destin lui-même qui avait armé son bras et non sa propre volonté. Elle allait mourir certes, mais pas tout de suite, il lui restait des choses à faire, et surtout, de vieux démons à combattre. Grâce à Louve, elle avait enfin les clés pour se faire …

Diane avait été son salut, elle avait fondé en elle tous ses espoirs et, aujourd'hui, elle savait que l'ancienne déesse serait sa perte.

[ Désengagées
Merci pour ce rp ! On recommence quand tu veux xD Tu peux répondre pour te désengager si tu veux, sinon, mon post suffit à le faire. ]

[désolé de l’incompréhension... une prochaine fois il faudra que l'on cause un peu plus avant de commencer ou du moins quand on commence à avoir une petite idée du fil conducteur. Par contre faudra que je voit avec vous pour la suite en fonction de ce que je vous ai expliqué la dernière fois qu'on s'est vu]

Lorsque Sophia ouvrit les yeux, elle trouva Jelenna assoupie sur ses genoux. Machinalement elle releva une mèche de cheveux qui tombait sur le visage enfantin de l'amazone.

* Cette petite est parfois surprenante. Elle peut faire preuve d'une grande force, mais aussi d'une grande naïveté. Il ne faut pas qu’elle se perde à vouloir être trop forte, ce n'est qu'une enfant.*

Lorsque Jelenna ouvrit les yeux, Sophia lui sourit, mais lorsque la jeune fille vit la tache rouge qui maculait la robe de la chamane, cette dernière haussa les épaules.

Les risques du métier. dit-elle avec un sourire qui cachait mal sa douleur.Lorsque l'on vit un rêve, il fat savoir trancher le réel et le faux. L'arc que tu a trouvé est réel et les blessures, bien que rarement mortelles, sont souvent difficiles à cacher une fois revenu dans le monde réel.

Sophia stoppa net Jelenna lorsqu’elle voulu l'aider à soigner cette blessure.

Ce n'est pas ton rôle que de soigner, tu es faite pour d'autres choses, jeune Louve. Tu as beaucoup de noms, mais je garderai celui ce dernier si ça ne te gène pas. Sophia rit d'un petit rire cristallin.

La chaman se releva et chancela quelques instants avant de se rassoir. La blessure n'était pas si grave, mais elle allait mètre du temps à l'oublier. Une fois revenu avec l'aide de Jelenna à la cabane qu’elle habitait, Sophia lui demanda de rester encore un instant.

J'ai encore une chose à te dire. Je n'ai pas été tout à fait honnête avec toi. Je t'ai dit que je t'aiderai à changer et à expliquer ton rêve, mais j'ai fait un peu plus que ça. Lorsqu'un chaman aide des gens, ces personnes sont liées de façon que tu ne peut saisir. Regardes:

Elle posa sa main sur la tête de l'amazone qui se tendit un instant, se rappelant la cécité que lui avait causé la chaman. Mais il n'en fut rien. Les yeux de Sophia se voilèrent d'un ton doré et l'amazone vit un instant avec les yeux de la chaman. Jelenna était entourée d'une aura calme et reposante. Sur son torse se développait une sorte de mandala noir qui tranchait avec l'aspect calme et apaisant de l'amazone.

Tu vois par les yeux d'un chaman. Nous voyageons à travers les monde pour aider, et voici ce qui t'as causé du tors. Cet héritage que tu refusait parfois d’admettre, celui que tu as découvert et qui t'as causé tant de soucis.

Le mandala se modifia légèrement et sa couleur passa d'un noir intense à un vert émeraude.

Et voici ce que j'ai fait. La blessure est toujours là, mais je l'ai changé. Mais comme Nessa t'avais marqué de son sceau, je t'ai marqué du mien. Nous ne supprimons pas les douleurs, nous en modifions les aspects. Il est impossible de détruire une marque aussi puissante, mais nous pouvons la modifier pour que le autres puissent en tirer le meilleur.

Sophia trouva une étincelle dans le regard de Jelenna qu'elle n'aurait sut interpréter comme de la colère ou de la reconnaissance. Elle lui devait d'avoir dévoiler la vérité, mais le prix en était toujours dur. Peu de personnes avaient eut connaissance de cet aspect de son travail, mais la jeune fille devait savoir. Libre à elle de dévoiler au monde l'aspect le plus horrible du travail des Chaman. Chacun laissaient une marque dans l'esprit des gens. Ce n'était jamais néfaste, sauf dans de rares cas, et cela passait souvent inaperçu.

Je ne te demande rien car je vais partir d'ici sous peu. ton rêve m'a ouvert les yeux sur un passé dont j'ignorais tout et je vais devoir repartir sur les routes pour comprendre d'autres choses.

Avant que Jelenna ne puisse dire quoi que ce fut, Sophia se transforma en chatte et pris la fuite, en boitant légèrement... la blessure ne disparaissant pas sous quelque forme qu'elle soit.

[désengagée]