[HRP = ce qui se passe dans le début du post a été fait avec l'accord de Gabrielle]

Un temps à l'image de son humeur : maussade. Jamais elle n'aurait dû revenir à Cydonia. Elle aurait dû continuer à traquer ses enfants de catins jusqu'au dernier avant de revenir. Mais elle n'avait plus de pistes maintenant, sauf celle que Jarod et Joshua suivaient. Au final, elle aurait peut-être mieux fait de partir avec eux car maintenant qu'elle était rentré pour un court temps, elle regrettait de ne pas l'avoir fait et de devoir faire face à une situation tout droit sortie de ses pires cauchemars.
Elle n'avait pas voulu croire les rumeurs qu'on racontait sur Gabrielle mais lorsqu'elle avait sentie que la Zélote n'était pas vraiment à l'aise face à elle, elle avait compris que ce qui se disait était vrai. La gifle partit d'un coup, tout comme les mots prononcé sous une colère bien justifiée.
Elle avait beau lui dire que c'était elle qu'elle aimait, elle n'en avait cure désormais, même si elle savait qu'il s'agissait de la vérité. Elyncia se sentait trahie, humiliée et surtout affreusement malheureuse, elle qui avait en elle une confiance aveugle, elle qui n'avait jamais céder à ce que la demi-elfe avait fait. Elle se sentait souillée, salie, et son coeur s'effritait au fur et à mesure que de lourdes larmes emplies de rancœur et de déceptions roulaient sur ses joues. Elle lui avait laissé l'appartement sans même chercher à savoir s'il s'agissait du lieu de son forfait ; elle ne voulait de toute manière plus y mettre les pieds, et tirer un trait expéditif et définitif à ça. Elle récupéra ses affaires et repartit à la "Belette affamée".

Ce qu'elle avait besoin maintenant, c'était de se noyer dans le travail pour éviter de penser à elle. Ca tombait bien car puisqu'elle était à Cydonia, son Capitaine en avait du boulot pour elle. La garde de nuit était toujours une "corvée" dont elle héritait, un moment qu'elle avait apprise à détester en sachant que son ex-compagne l'attendait bien sagement sous le couvert des draps. Mains les choses avaient changées et elle allait réapprendre à aimer la garde de nuit.
Elle avait passé le début de la soirée à donner ses directives, plaçant soigneusement ses hommes sur les murailles, organisant les circuits de rue et observant du haut de la tour sud-est le moindre de leur déplacements. Elle adorait cet emplacement. Il était près de la mer et quand le vent soufflait, elle aimait regarder les vagues s'échouer sur la côte. Parfois même, la brise lui apportait quelques gouttelettes d'eau iodée, rafraichissant son visage l'été, lui refilant un bon rhume l'hiver... mais elle aimait ça, le contact de l'eau sur sa peau délicate malgré le rude entrainement quotidien qu'elle s'obligeait à subir pour être la meilleure.
Malheureusement, elle savait qu'elle devrait tôt ou tard quitter "sa place forte" et faire le tour de la ville avec ceux qu'elles avaient désignés pour l'aider à la tâche qu'était l'inspection des gardes de nuit. Elle marchait, seule dans le vent, sa chevelure Azure flottant anarchiquement devant son visage à la moue boudeuse, et ce, malgré sa cape coupe-vent qu'elle mettait les jours de tempête. Ca c'était la belle vie finalement.
Elle avait déjà contrôler presque la totalité de son secteur maintenant, n'hésitant pas à parler gentiment avec ses hommes, pour leur donner un peu d'entrain ; leur gueuler dessus quoi ! Heureusement, le dernier groupe était un groupe modèle. Il s'agissait de celui de Mathieu, un petit jeune qui était encore à l'école militaire. Il était l'un de ses meilleurs éléments, et sans doute celui qu'elle aimait le plus car il lui ressemblait.
En l'apercevant, elle le héla et c'est tout sourire qu'il accouru vers elle, suivit de près par ses trois compères :

- Lieutenant, ça fait plaisir de vous revoir sur le circuit. Guilosh est un véritable tyran. Ca fait plaisir d'avoir un visage amical quand on est de nuit.

- Si je ne te connaissais pas Mathieu, je penserai que tu chercherais à obtenir une promotion.

- Pas du tout... mais puisque je vous tiens, je voulais vous demander qui était cette jolie lancière qui a déposé sa demande auprès de Tanurin ? Il parait qu'elle vous connais ?

- Qui ça ? Rose ? Oh, disons que nos routes se sont croisé il y a quelques années alors qu'elle était la prisonnière de bandits. Je l'ai sortit de ce guêpier et elle a décidé de s'entrainer à la lance. On s'est rencontrée à nouveau à Erathia et elle a pensé s'engager. Evidemment, j'ai déjà poser mes condition avec ma recommandation. Tanurin va bien m'accorder ça.

- Vous voulez-dire qu'elle sera sous vos ordres ?

- Dis-moi, t'aurais pas un faible pour elle mon petit Matty ? C'est vrai qu'elle est à croquer.

Oui elle était vraiment à croquer cette mercenaire. Maintenant qu'Elyncia n'était plus avec Gabrielle, elle voyait les choses différemment, comme si elle avait mis des oeillères pendant toutes ces années, s'empêchant de penser qu'il existait d'autres femmes que Gabrielle. Maintenant qu'elle n'avait plus le voile omniprésent de sa romance, elle commençait à se demander si Rose n'était pas une femme qui pourrait lui convenir. Après tout, elles partageaient beaucoup de passions communes : la maitrise de la lance, les jinmens... elles avaient à peu près le même caractère. En fait, elles s'entendaient à merveille. Mais il y avait une faille dans son plan : Zihark. Elle voyait bien qu'entre eux il existait un début de complicité qui pouvait aller au delà de la simple amitié.

- Pas de chance Matty. Je crois que tu as un trop gros concurrent sur l'affaire. Bon vous m'avez l'air sobres et pas trop dispersés. Continuez comme ça soldat !

- Oui Lieutenant ! répondirent-ils en choeur, doux son aux oreilles de la lancière qui n'était plus habituée à autant de discipline.

La jeune femme se mit à sourire en repartant d'une démarche fière mais féminine, satisfaite de retrouver sa bonne vieille routine et les plaisirs de sa belle cité. Mais elle se sentit tout à coup bizarre. C'était comme si elle était observée. Par qui ? Elle se tourna, se retourna mais rien. Il n'y avait pas un chat dans la rue.
Pourtant, elle ne s'en sentit pas mal à l'aise, au contraire. Elle se sentait bien, comme revigorée. Et ce vent, ce vent qui sifflait :

- C'est toi, c'est toi.

La première fois, elle secoua la tête, en croyant avoir rêver mais quand le phénomène se reproduisit, elle était certaines que quelqu'un parlait. Mais il n'y avait toujours personne dans la rue quand elle se retourna. C'est alors que son coeur se mit à battre comme jamais. C'était comme ce jour dans le cimetière. Elle pouvait le sentir, sa présence. Il était là, tout près d'elle mais nulle part.

- Je t'ai confié mon pouvoir, celui de la furie des vents, celui de la douceur de la pluie. J'ai veillé sur toi, je t'ai protégé, je t'ai enseigné. L'heure est venue pour toi de récompenser ton Dieu, Elyncia.

La jeune femme n'avait même pas besoin qu'on le lui dise. Immédiatement, elle tomba à genoux, joignant ses mains, et déjà, des larmes coulaient sur ses joues tandis qu'elle prononçait son nom :

- Zéphyr... Zéphyr, mon seigneur.

Elle n'était donc pas folle. C'était bel et bien lui qui lui avait confier ce pouvoir qu'elle détenait depuis le lendemain de l'inhumation de son tendre frère, c'était lui qui était venu lui porter cette caresse qui l'avait apaisée, réconfortée comme jamais un seul geste ne l'avait fait auparavant. Et aujourd'hui, il était de nouveau là, mais cette fois-ci, c'était lui qui demandait quelque chose.

- Ordonnes-moi et j'obéirai, pour l'amour que tu m'as porté et pour celui que je te porte.

A ces derniers mots la poussière s'effondra une nouvelle fois pour faire apparaitre les traits d'une jeune femme aux yeux masqués. Ce n'était pas évident de reconnaitre une personne peinte ainsi, et Elyncia n'y remarqua aucun visage connu. Etait-elle son prochain objectif ? Comment trouver une aiguille dans une botte de foin ?

"Elle. Elle", soufflait le vent. "Elle essaie de prendre le pouvoir du monde d'en dessous. Mais tu n'es pas encore de taille, et nous avons un adversaire plus urgent."

Sur une bourrasque, le visage disparu, tourbillonna et se recomposa pour finir en ville, encore une. Un rempart, des quartiers bien dessinés, une structure en son centre aux tours élevées. Tamawa, reconnaissable entre mille ! Sa première étape se trouvait donc dans la cité neutre, le repaire des Templiers. Quels adversaires la lancière aurait-elle à combattre ? Des morts ramenés à la vie par le visage aux yeux bandés ? Des adversaires de son dieu ? Des personnes innocentes, des barbares sanguinaires ou des combattants de valeur ?

La réponse ne lui vient pas directement, elle allait devoir trouver par elle même son adversaire. Mais elle sentait qu'en le voyant, elle saurait. Elle n'avait pour cela qu'une seule indication soufflée par le vent, qui emporta bien vite la poussière dans son sillage :

"Esra".


[Désolé d'aller si vite à l'essentiel, j'ai beaucoup de retard ! Sauf si tu as une grande inspiration malgré ce court post, on peut conclure au prochain]

Les questions de la lancière finirent par trouver une réponse. La poussière dessinait maintenant une jeune femme. Une beauté fragile, les yeux bandé, stoïque comme si elle avait été sculpté dans le marbre. Etait-elle aveugle ? De quelle origine était-elle ? Qui était-elle ?

- Elle. Elle. Elle essaie de prendre le pouvoir du monde d'en dessous. Mais tu n'es pas encore de taille, et nous avons un adversaire plus urgent.

Pas de taille ? Elyncia réprima un frisson lorsqu'il lui affirma qu'elle n'était pas encore prête à la combattre. Elle n'avait pas l'air puissante pourtant, mais la lancière était la première à ne pas juger un adversaire sur son apparence, comme l'avait souvent fait ses adversaires... et puis Rei en était le parfait exemple. Cette enfant avait été une véritable plaie pour les habitants d'Erathia. Elle se concentra à nouveau sur ce que dessinait le vent. Tamawa apparut devant elle. Elle comprit alors que c'était là qu'elle devrait se rendre pour rencontrer son destin et ses adversaires. Mais quels adversaires allait-elle y trouver ?
Plus elle réfléchissait à ça, et plus elle avait peur de cette réponse qu'elle ne trouverait qu'en s'y rendant. Et elle s'y rendrait, le jour où elle repartirait combattre Sombre Présage, elle passerait pas la cité neutre, en espérant ne pas y faire couler le sang de personnes qui souhaite la paix tout comme elle. C'est alors que Zéphyr lui souffla sa dernière indication. Esra, la soeur de Silmaria.
Pourquoi devait-elle s'en prendre à la déesse d'un peuple pacifique ? Leyla et elle avait souvent partagé sur le thème de la religion et son ex-belle-mère avait juré que les elfes et leurs Dieux ne servaient qu'un idéal de paix. Et son Dieu à elle venait de lui dire qu'Esra était leur ennemi, la déesse à abattre avant de pouvoir vaincre la femme au bandeau. Elle avait du mal à y croire, mais Zéphyr ne l'avait jamais trahit, tout comme elle ne l'avait jamais trahis non plus.

Elle n'avait pas le choix. Elle s'y rendrait, et elle verra bien le moment donné. Après-tout la guerre n'était pas le seul moyen de vaincre. Son Dieu était une grande part d'elle-même : elle ne pouvait refuser.

[Edit Mj : Ok, terminé !]