Le soleil pointait à peine le bout de son nez lorsque la Louve sortit de chez elle. La journée ne faisait que commencer et pourtant, la demoiselle débordait déjà d’une énergie presque contagieuse. Pour être en forme, oui, elle l’était ? Preuve était l’heure à laquelle elle s’activait déjà, comme si elle était déjà en pleine après-midi.
Il fallait dire qu’aujourd’hui, elle laissait son tablier de Chargée des Soumis au placard et cela n’était pas pour lui déplaire. Non pas qu’elle n’aimait pas ce qu’elle faisait, loin de la là, elle appréciait beaucoup gérer les hommes de la Cité Forestière et était gonflée d’orgueil que ce soit elle et non une autre femme qui fut choisie pour occuper ce poste. Seulement, Méléane était humaine elle aussi, et elle aimait prendre un jour de congé de temps à autre, comme tout le monde.
Lana, son assistante dans son principal boulot, restait néanmoins au bureau et viendrait prévenir la Cydienne si jamais une affaire requérait son attention voire son intervention. Sinon, tout le reste attendrait le lendemain, se dit-elle, à moins que Lana ne s’en charge en plus de ce qu’elle avait déjà à faire, auquel cas la brune vérifierait tout de même son travail, juste pour être sûre que son assistante n’avait pas fait d’erreur.
Bref, elle était pour ainsi dire tranquille, du moins aujourd’hui. Oh, que personne n’aille s’imaginer que la lancière allait paresser et se prélasser toute la journée, ce serait bien mal la connaître ! Méléane comptait plutôt profiter pleinement de ce jour de congé et pour elle, « profiter » ne se trouvait pas être un synonyme de « se reposer », mais alors pas du tout ! Au contraire, la Louve s’était éveillée aux aurores pour s’apprêter à faire tout ce qu’elle désirait aujourd’hui. Elle avait d’ailleurs hésité sur ces activités-là…
Elle y avait réfléchi et la solution finit par s’imposer d’elle-même dans l’esprit de la brune : voilà déjà quelques temps que Méléane s’affairait à former Kalane afin d’en faire un cheval de guerre, un fidèle destrier qui rendrait sa propriétaire encore plus efficace une fois en selle. Voilà sans aucun doute ce qu’elle ferait encore aujourd’hui, à la différence près que cette fois-ci, ce serait toute la journée et non une heure de temps en temps.
Bien entendu, c’était une décision mûrement réfléchie, de vouloir dresser sa monture. La chargée des Soumis en était arrivée à cette conclusion après une mûre réflexion mais ce qui l’avait surtout décidée, c’était le souvenir de son ancien cheval, qu’elle n’avait jamais pris la peine de former à la guerre ? Difficile de batailler correctement dans ces conditions, n’est-ce pas ? Elle s’en amèrement rendue compte lors de la dernière bataille contre les Erathiens, qui s’était déroulée devant leur bastion, la Cité Lumineuse.
Ce jour-là, son destrier de l’époque avait paniqué devant les effusions de sang dus à la violence des affrontements que causait la guerre, et la bête affolée avait fini par se cabrer, désarçonner sa cavalière et la faire chuter. Elle ne devait son salut qu’à la présence miraculeuse d’une autre Louve qui avait bloqué un coup meurtrier destiné à Méléane le temps qu’elle se relève. La pauvre bête, elle, avait nourri la terre de ses entrailles…
« Tu l’as préparée ? »
Elle venait d’arriver aux écuries et Méléane n’avait pas attendu plus d’une seconde avant d’aborder la palefrenière, une femme blonde aux cheveux coupés courts, larges d’épaules et dont les muscles saillant étaient visibles sur ses bras laissés nus.
« Bien sûr, ai-je déjà oublié de le faire ? Ta jument est toute excitée depuis que je l’ai sellée, elle sait qu’elle va bientôt sortir »
C’est vrai que Kalane était encore jeune et aimait gambader dès qu’elle le pouvait, sa propriétaire savait pertinemment qu’elle détestait rester cloîtrée dans son box, véritable entrave à sa liberté. Obligée de rester enfermée alors qu’elle préfèrerait être dehors, sur ce point, la jument et Méléane se ressemblaient beaucoup. Puisque c’était jour de sortie pour la Louve, et bien il en serait de même pour son destrier !
Lorsqu’elle entra dans le bâtiment à proprement parler, Kalane piaffait nerveusement, visiblement pressée de quitter son box. La Cydienne tapota l’encolure de l’alezan et lui passa la bride avant de grimper sur la selle et de quitter l’écurie
Rapidement, Muria fut laissée derrière, la durée nécessaire pour sortir de la ville ayant été écourtée après un petit trot dans les rues de la ville, ces dernières étaient désertes alors elle pouvait bien se le permettre. C’est sûr qu’en pleine journée et avec toute une foule dans les rues, elle aurait maintenu sa monture à une allure de marche mais puisqu’elle était seule ou presque, elle n’allait pas se gêner.
Méléane maintenant son destrier à une bonne allure, le guidant çà et là selon ses envies, le guidant à travers des itinéraires difficiles et qui demandaient une certaine dextérité de cavalier. Au fil du temps, Kalane répondait de mieux en mieux, preuve que les séances de dressage portaient leurs fruits et cela satisfaisait beaucoup la Cydienne. Son cheval était régulièrement maintenu en forme par une des palefrenières, ce qui lui assurait une excellente condition physique, de quoi promettre une solide monture à la lancière. Elle était loin, l’époque où faire sauter le cheval voir même simplement le guider.
Toute la journée où presque se passa sur le dos de l’alezan, conduit à travers bois et sous-bois sans trop de distinction. Voilà bien des semaines qu’elle entraînait sa bête, et elle devait bien se rendre compte qu’elle était déjà fort docile et répondait immédiatement aux ordres et aux gestes de sa propriétaire. Contente, Méléane l’était devant ces progrès-ci, oui.
Finalement, lorsque le soleil commença à décliner, la Louve se décida à prendre le chemin du retour et à retrouver la ville Amazone. Flattant l’encolure de Kalane une dernière fois, elle savait qu’elle avait une partenaire sur qui compter et lui promit de la ressortir le plus tôt possible.
[Désengagée]
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